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Pourquoi nous souvenons-nous de certains rêves et pas d’autres ?

 

Pourquoi nous souvenons-nous de certains rêves et pas d’autres ? Parce que cela implique un mécanisme du cerveau qui contrôle si nous devons nous rappeler ou oublier des choses quand nous sommes éveillés.

C’est ce que déclarent Luigi De Gennaro de l’Université de Rome et son équipe, qui ont eu recours à l’électroencéphalogramme (EEG) pour enregistrer l’activité cérébrale d’étudiants pendant qu’ils dormaient. L’équipe a enregistré 65 étudiants : 30 qui se réveillaient habituellement tout en ayant des mouvements oculaires rapides (REM) pendant leur sommeil, et 35 qui s’éveillaient à l’étape 2 d’un sommeil sans REM. Environ les deux tiers des deux groupes se sont souvenus de leurs rêves pendant l’étude.

Ceux qui se réveillaient durant un sommeil REM et qui se rappelaient bien de leurs rêves étaient plus susceptibles d’afficher un mode d’oscillation de l’électroencéphalogramme appelé "ondes thêta" dans les régions du cortex frontal et préfrontal – les régions du cerveau où la plupart de nos pensées avancées apparaissent. "Le type d’oscillation de l’EEG et la région corticale impliquée sont les mêmes que celles qui comptent pour se remémorer les souvenirs chez les sujets éveillés" dit De Gennaro.

Chez les sujets qui sont éveillés sans mouvements oculaires rapides, ceux qui se souvenaient de leurs rêves avaient des modèles d’activité des ondes alpha dans le lobe temporal droit, qui est impliqué dans la reconnaissance des événements émotionnels, et qui rassemble l’activité connue comme étant majeure pour les souvenirs pendant la période d’éveil [1].

Le résultat est que même quand nous sommes endormis, les mêmes régions de nos cerveaux sont en alerte pour se souvenir de certaines choses. Il y a souvent des événements qui sont émotionnellement chargés et que le cerveau considère comme importants, que nous soyons éveillés ou non.

De Gennero déclare que ses résultats constituent les premières preuves que la physiologie par lesquels les souvenirs sont stockés est la même que nous soyons éveillés ou endormis. "Ces résultats sont similaires aux modèles d’EEG connus dans la recollection des souvenirs éveillés, ce qui suppose un continuum des processus à travers le cycle éveil-sommeil" dit Michael Czisch, qui a étudié le sommeil à l’Institut Max Planck de Munich.

 

http://www.insoliscience.fr/

 

Comment se forment les souvenirs ?

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On a longtemps considéré qu’un souvenir personnel était monolithique et qu’il était entreposé dans un emplacement précis ducerveau. L’image la plus souvent utilisée était celle d’un livre stocké dans une bibliothèque. Facile à comprendre, banalisée à l’extrême, cette métaphore s’est révélée incorrecte au fil du temps puisqu’elle ne permettait pas de comprendre un certain nombre de points tels que la simplification ou la modification d’un souvenir. En effet, de nombreuses anecdotes, parfois cruelles, ont montré que nos souvenirs pouvaient se modifier spontanément, voire qu’ils étaient volontairement ou involontairement transformables lors d’interventions extérieures telles qu’un interrogatoire judiciaire. Des lors, comment concilier la métaphore d’un souvenir comparé à un livre stocké en un seul endroit et celle de souvenirs sensibles à l’écoulement du temps ou aux modifications artificielles ? 

La Guerre des Fantômes : le temps efface, modifie, remodèle… 

En 1932, dans son livre Remembering (1932), le psychologue britannique Frederic Bartlett (1886-1969) a demandé à des étudiants de Cambridge d’apprendre une histoire tirée d’une légende amérindienne puis de la rappeler régulièrement. Au fil du temps, Bartlett a noté que l’histoire finale différait sensiblement de l’histoire initiale : les transcriptions devenaient moins précises, elles comportaient des oublis, ou bien des éléments nouveaux étaient introduits, ou alors des détails mineurs acquéraient une importance démesurée. Très nettement, des connaissances antérieures des étudiants, liées à leur culture anglaise, comblaient des passages ambigus ou oubliés du récit amérindien initial. Par exemple, le mot canoë était remplacé par le mot bateau. Bartlett en conclut qu’un souvenir n’était pas rappelé par cœur mais reconstruit lors de chaque évocation, cette reconstitution subissant l’influence de notre culture, de nos schémas de pensée, de nos opinions du moment, de nos attentes. 

Ces constatations s’accordaient parfaitement à ce que le psychologue canadien Donald Hebb (1904-1985) découvrit par la suite du fonctionnement cérébral reposant sur l’activation simultanée ou séquentielle de neurones réunis au sein de réseaux. Cette distribution du fonctionnement neuronal protège les informations en dispersant leurs traits constitutifs. 

En pratique 

Lorsque nous vivons un épisode de notre vie, la scène vécue envoie à notre cerveau une quantité d’informations de toute nature : bien sûr des informations sensorielles (les traits visuels, auditifs, tactiles, gustatifs et olfactifs du souvenir), mais aussi des informations temporelles (c’est à tel moment) et spatiales (c’est en tel lieu). Plusieurs régions du cerveausont activées afin de reconnaitre les différents traits de la scène, puis ces informations convergent vers les hippocampes (les régions du cerveau qui retiennent les informations sensorielles du monde extérieur) ou les amygdales temporales (les régions ducerveau qui analysent et retiennent les informations du monde intérieur – émotions et sentiments). De là partent deux circuits de mémorisation qui comparent, organisent et classent les informations, puis elles enregistrent cette activation synchrone. 

Les traces des différents traits de la scène vécue sont ensuite stockées dans les régions cérébrales initialement activées. Les hippocampes garderont la trace de la carte neuronale spatio-temporelle, c’est-à-dire le souvenir du lien entre les différents motifs d’activités neuronales correspondant au souvenir vécu. Quelques années plus tard, c’est le lobe frontal qui conservera le lien entre les informations. 

Toutes les informations constitutives du souvenir, qu’elles soient sensorielles ou autres, sont ainsi synchronisées au niveau des hippocampes puis des lobes frontaux. Un souvenir est donc une sorte de toile d’araignée (appelée carte neuronale par les chercheurs) reliant les réseaux neuronaux activés de manière synchrone lorsque l’épisode a été vécu. Bien évidemment, la composante émotionnelle du souvenir est intégrée dans cette carte au moyen d’autres régions cérébrales. 

Se rappeler un souvenir, ce n’est donc pas retrouver un livre, ce n’est pas sortir le livre de son rayonnage et le parcourir pour « lire » le souvenir, c’est en fait le reconstituer en récupérant le maximum de pages. La carte neuronale sera réactivée chaque fois qu’on évoquera ce souvenir, c’est-à-dire que le plus grand nombre possible de circuits neuronaux disséminés dans le cerveau sera réactivé pour reconstruire un souvenir temporaire. Selon le moment, ce souvenir reconstruit comportera ou pas certains éléments, car sa reconstitution est influencée par la personnalité de la personne, ses objectifs au présent et ses perspectives futures 

Quelles conséquences ? 

La dispersion des éléments constitutifs d’un souvenir explique un certain nombre de points :

La robustesse des souvenirs : comme les traits du souvenirs sont dispersés, ils ne peuvent pas disparaître simultanément. Même si des éléments s’effacent, il en restera toujours assez pour reconstituer un souvenir correct ;

La sélectivité et la variabilité des souvenirs, d’une personne à une autre et d’un moment à un autre ;

Les modifications des souvenirs, aboutissant à des distorsions par altération de certains de leurs éléments ;

La création de faux souvenirs, un individu pouvant être authentiquement persuadé d’être allé dans un lieu ou d’avoir vécu tel épisode.
 

Pour résumer : 

On ne stocke pas un livre, on stocke des pages ;

Les souvenirs ne sont pas des livres rangés dans une bibliothèque, mais des pages dispersées dans la bibliothèque ;

Se rappeler un souvenir, ce n’est pas retrouver le livre mais le reconstituer en récupérant le maximum de pages !

Au lieu de les stocker dans un emplacement précis, le cerveau protège les informations constitutives du souvenir en les dispersant ;

De ce fait, les souvenirs sont à la fois robustes et malléables, sensibles aux oublis et aux infidélités.

Source : Bernard Croisile. Tout sur la mémoire. Éditions Odile Jacob (2009).

  

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