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Dieu a-t-il un trône?

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Si les concepts de l'existence et de l'unicité de Dieu sont entièrement et facilement accessibles à la raison humaine, en revanche comprendre comment est Dieu est au-dessus de tout ce que cette raison humaine peut imaginer. En effet, Dieu ne ressemble à rien de ce qu'elle connaît et appréhende, et elle tourne donc à vide. C'est pourquoi le Prophète a dit : "Réfléchissez à propos de la création de Dieu, et ne réfléchissez pas à propos de (comment est) Dieu" (Sahîh ul-jâmi' is-saghîr, n° 2975, 2976). D'un autre côté, ne rien dire des qualités de Dieu sinon qu'Il existe et qu'Il est unique présentait le risque de ne pas permettre aux hommes de développer une relation profonde et directe avec Lui. Il fallait donc bien que Dieu décrive aux hommes Ses Attributs. Mais pour communiquer aux humains des concepts relatifs au divin, il fallait bien utiliser des mots que les hommes emploient eux aussi dans leur quotidien. Un autre risque est alors apparu : c'est que ces hommes, entendant ces termes – qui décrivent cette fois des réalités qui ne sont ni d'ordre humain ni d'ordre terrestre –, en comprennent la même réalité que celle que ces termes veulent signifier lorsqu'ils sont utilisés pour décrire des réalités humaines et terrestres. Pour parer à ce risque, Dieu a, parallèlement à l'utilisation des termes évoqués ci-dessus, rappelé qu' "il n'y a rien qui Lui ressemble" (Coran 42/11).

Shâh Waliyyullâh écrit : "Sache que la foi en les Attributs de Dieu et la croyance en le fait que Dieu a ces Attributs relèvent des plus grandes formes du bien. En effet, cela ouvre une porte entre le serviteur et entre Lui, Pureté à Lui, et l'apprête à prendre conscience de ce qui existe là de Gloire et de Grandeur. Sache [également] que Dieu est trop élevé pour être comparé à un concept rationnel ou à quelque chose d'accessible aux sens, pour que les Attributs prennent place en Lui comme les accidents prennent place en leurs lieux, ou pour que les raisons Le traitent ou que les mots de l'usage humain L'atteignent. [D'un autre côté, Il voulait Se] faire connaître aux hommes, afin qu'ils atteignent ce qui leur est possible de perfection. Il était donc nécessaire que soient employés des (termes désignant) des qualités (...), et que soient empruntés des mots (...) et que soient utilisées des comparaisons, à la condition que celles-ci ne soient pas prises comme des finalités mais comme décrivant des réalités convenables dans l'usage (...), et à la condition qu'elles n'évoquent pas de façon explicite, pour celui qui les entend, les taches de l'animalité (...) : il fut donc dit : "Dieu voit et entend", et il ne fut pas dire : "Il goûte et touche" (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 p. 189).

Il s'agit donc d'utiliser ces termes employés par le Coran et la Sunna avec l'objectif sus-cité, l'objectif étant qu'ils produisent dans notre esprit l'effet escompté. Parallèlement à cela, il faut rappeler et se rappeler que "Il n'y a rien qui Lui ressemble".

Je vous conseille, arrivé à ce point, de faire une pause dans la lecture de cet article-ci et, avant d'y revenir, de lire notre autre article à propos des Attributs de Dieu tels que "la Main de Dieu", "la Face de Dieu".

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Qu'est-ce les textes de nos sources disent au sujet de la question traitée ici ?

Comme l'a écrit Shâh Waliyyullâh, les sources musulmanes ont employé des termes pour donner aux hommes un aperçu de la Grandeur de Dieu. Et ces sources disent de Dieu qu'Il "est en haut".

– Le Prophète a ainsi demandé à une femme esclave : "Où est Dieu ?" Elle fit signe de son doigt vers le ciel. "Qui suis-je ?" demanda encore le Prophète. La femme fit signe de son doigt vers le Prophète puis vers le ciel, voulant dire : "Tu es le Messager de Dieu". Le Prophète dit alors qu'elle était croyante (cette version est rapportée par Abû Dâoûd, n° 2857, le contenu de ce Hadîth est également rapporté par Muslim, an-Nassâ'ï, etc.).

– De même, lors du Pèlerinage d'Adieu, le Prophète avait dit à ses Compagnons lors d'un discours : "Vous serez questionnés (par Dieu) à mon sujet (le jour du jugement). Que direz-vous donc ? – Nous témoignerons que tu as transmis le message et nous a conseillé sincèrement" répondirent les Compagnons. Le Prophète leva alors son doigt vers le ciel, l'inclina vers l'assemblée des gens et dit en trois fois : "O Dieu, sois-en témoin" (rapporté par Muslim, n° 1218, par Abû Dâoûd, par Ibn Mâja).

– Zaynab bint Jahsh, épouse du Prophète, disait aux autres épouses de ce dernier : "Ce sont vos familles qui vous ont mariées (au Prophète). Et c'est Dieu qui, du dessus de sept cieux, m'a mariée (au Prophète)" (rapporté par al-Bukhârî, n° 7420).

– Par ailleurs, de nombreux versets coraniques disent de Dieu : "Il S'est établi (istawâ) sur le Trône" (Coran).

– Le Trône est quelque chose de réel, comme le prouve le hadîth où le Prophète a dit : "Le jour du jugement, les hommes s'évanouiront. Je serai le premier à être relevé, et voilà que (je verrai) Moïse tenant une qâ'ïma parmi les qawâ'ïm du Trône" (rapporté par al-Bukhârî, n° 6991).

Quant aux versets qui disent : "Dieu est avec vous où que vous soyez", "Dieu est plus proche de lui [= le mourant] que vous", "Dieu est plus proche de lui que sa veine jugulaire", et hadîths du même genre, les commentateurs les interprètent comme désignant l'omnipotence et l'omniscience de Dieu. Ainsi, commentant le hadîth "Dieu est entre vous et le sommet de vos palanquins", at-Tirmidhî précise que "c'est Sa Connaissance et Sa Puissance" qui sont omniprésentes (Sunan ut-Tirmidhî, commentaire du Hadîth n° 3461). At-Tirmidhî écrit également : "[Ce sont] la Connaissance et la Puissance de Dieu [qui] sont omniprésentes. [Cependant, par Son Etre,] Dieu est sur Son Trône, comme Il l'a dit dans Son Livre (le Coran)" (Sunan ut-Tirmidhî, commentaire du Hadîth n° 3298).

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Cependant, au sein des musulmans trois grandes tendances sont apparues par rapport à l'appréhension de ce genre de termes :

– A) La tendance mujassimite :

Les hommes de cette tendance prennent les expressions "Dieu est en haut", "Dieu S'est établi sur le Trône", en leur sens humain, et affirment donc qu'elles s'appliquent à propos de Dieu de la même chose qu'elle s'applique à des hommes. Pour cette tendance, dire "Dieu est en haut" cela revient à dire "Dieu est confiné physiquement à un espace donné" (mah'sûr) ; pour cette tendance, dire "Dieu est sur Son Trône", cela revient à dire "Le Trône porte Dieu comme un trône de ce monde porte le roi". D'où un anthropomorphisme évident.

– B) La tendance jahmite :

Les jahmites, eux, tombent dans l'autre extrême : "Dieu est partout de par Son Etre", disent-ils. Pour eux, les termes "en haut" et "sur son trône" ne désignent aucune réalité en ce qui concerne Dieu, et sont à prendre dans un sens purement figuré.

– C) L'orthodoxie sunnite :

A l'intérieur de l'orthodoxie sunnite, les savants des premiers siècles (salaf) employaient les formules : "Dieu est au-dessus des sept cieux" et "Dieu S'est établi sur le Trône", tout en rappelant : "Rien ne ressemble à Dieu". Ils disaient donc en substance : "Ceci ne signifie donc ni que Dieu serait confiné à un espace restreint ni qu'Il serait soutenu par le Trône comme les rois humains sont portés par leur trône".
Cependant, d'un autre côté, certains savants postérieurs (khalaf) ont écrit pour leur part : "Dieu est partout présent". Au sein de l'ensemble de ceux qui se réclament du sunnisme, il existe donc aujourd'hui, à propos de cette question, deux tendances : celle qui suit la posture des "salafs", et celle qui suit ce que ces certains "khalafs" ont dit. Les premiers disent "Dieu est sur Son trône", les seconds "Dieu est partout". Et le problème c'est qu'aujourd'hui, certains frères qui partagent la position des salafs sur ce point accusent les frères qui partagent quant à eux la position de ces certains khalafs d'être de tendance jahmite, ce à quoi certains des seconds rétorquent que les premiers sont quant à eux de tendance mujassimite. Les débats sont souvent passionnés, les disputes fréquentes : on s'accuse mutuellement de ne pas être de l'orthodoxie sunnite. Que faire ?

A y regarder de plus près, on s'aperçoit que la posture originelle est celle des salafs, qui peut se résumer aux trois points suivants :
1) ne pas faire la négation de ces termes à propos de Dieu (donc ne pas tomber dans la ta'tîl en disant "Dieu ne S'est pas établi sur le Trône") ;
2) ne pas utiliser ces termes à propos de Dieu en affirmant que le sens qu'ils ont alors est différent de leur sens premier littéral (donc pas ne pas tomber dans la ta'wîl là où les Salafs ne l'ont pas faite, car pareille ta'wîl reviendrait en fait à une tahrîf : ne pas dire : "Le Trône n'est rien d'autre que la Connaissance") ;
3) employer ces termes au sujet de Dieu comme ils sont ("tumarru kamâ jâ'at"), mais tout en reconnaissant ne pas connaître la réalité (haqîqa) que ces termes désignent à propos de Dieu ; par là même, ne pas chercher le "comment" ces termes s'appliquent à Dieu (pas de takyîf), reconnaître que "Rien n'est comme Dieu" (donc pas de tamthîl), et remettre à Dieu (taf'wîdh) la connaissance de cette réalité.

Commentant le propos de at-Tahâwî disant : "Les six directions ne Le contiennent pas, comme elles le font de toutes les créatures" (Al-'Aqîdat ut-tahâwiyya), Cheikh Ben Bâz écrit : "Il veut parler des six directions créées ; il ne veut pas nier que Dieu soit en haut et établi sur Son Trône, car cela n'entre pas dans les six directions [c'est-à-dire ne contredit pas le fait que ces six directions créées par Lui ne peuvent pas Le contenir] ; Il est au-dessus du monde, cernant celui-ci". Et commentant le propos de at-Tahâwî : "Il est au-dessus des hudûd, des ghâyât (...)" (Al-'Aqîdat ut-tahâwiyya), il écrit : "Il veut parler des hudûd que les humains connaissent, car ne connaît Ses hudûd que Lui-même, les créatures ne pouvant pas Le cerner de leur connaissance (...). [Par contre] ceux qui parmi les Salafs ont dit qu'il existe une hadd, par rapport au istiwâ' et autre que cela, eux veulent parler d'une hadd que Dieu connaît et que les créatures ne connaissent pas" (fin de citation). Quelqu'un demanda à Abdullâh ibn ul-Mubârak : "Bima na'rifu rabbanâ ?" Il a répondu : "Bi annahû 'ala-l-'arsh, bâ'ïnun min khalqihî". On lui a dit : "Bi haddin ?" Il a dit : "Bi haddin" (cité dans Al-Asmâ' wa-s-Sifât, al-Bayhaqî, p. 580 ; rapporté par ad-Dârimî etc.).

'Imâd ud-dîn al-Wâsitî écrit quant à lui : "Ce que ceux qui font la ta'wîl veulent éviter, nous l'évitons aussi en disant que Dieu est élevé par rapport à une limite matérielle qui l'enfermerait. Car il n'y a pas une limite qui l'enfermerait mais une démarcation par laquelle la Grandeur de Son Etre se différencie de Ses créatures" (An-Nassîha, al-Wâsitî).

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Que dire alors de l'interprétation au sens allégorique (ta'wîl) que certains ulémas parmi les Khalafs ont faite de ces formules : ces ulémas se réclamant du sunnisme ont-ils adopté la position jahmite ?

Cheikh Thânwî écrit à propos de la question de "istawâ' 'ala-l-'arsh" : "Mein is 'aqîdé mein hadharât-é Salaf ké maslak par hôn, ké nussûs apnî haqîqat par hein, magar kun'h us kî ma'lûm nahîn" (Bawâdir un-nawâdir, p. 384). Il écrit se démarquer de la position des Jahmites et des Mu'tazilites sur le sujet (pp. 606-607).

Pourquoi certains savants postérieurs se réclamant du sunnisme ont-il alors fait ce genre de ta'wîl ?

Cheikh Thânwî en voit l'explication dans le fait suivant : alors que le grand public musulman (al-'awâmm) des premiers temps jouissait de la simplicité originelle et naturelle du raisonnement, celui des siècles suivants subit l'influence de certains concepts d'origine étrangère, car ceux-ci avaient, au cours du temps, hélas fini par imprégner de nombreuses catégories des populations. Ce grand public n'était donc hélas plus capable d'allier l'emploi des termes "Il s'est établi sur Son Trône" et la négation de l'anthropomorphisme ("l'établissement de Dieu sur Son Trône n'est pas comme celui d'un humain sur le sien"). Pour ce grand public musulman des siècles postérieurs, dire "Il s'est établi sur Son Trône" revenait forcément à dire : "établissement semblable à celui que connaît l'homme". C'est pourquoi, en tant que solution temporaire et destinée à ce grand public, certains savants de ces temps postérieurs (khalaf) expliquèrent l'expression "Il s'est établi sur Son Trône" par "Il domine le Trône" ("istawlâ"). Mais ces savants n'entendirent jamais dire que "istawâ" signifie réellement "istawlâ" (comme l'ont dit les jahmites) ; tout au contraire, ils dirent clairement, se différenciant de la tendance jahmite, que ce terme "istawâ" désignait bien une réalité différente de celle que désigne "istawlâ", qu'ils ne le traduisaient ainsi que pour faciliter la compréhension à l'égard du grand public, et ce uniquement à cause de l'influence de concepts d'origine étrangère que celui-ci avait subie (cf. Bawâdir un-nawâdir, pp. 601-617).

Le problème c'est que d'autres ulémas se réclamant eux aussi du sunnisme, venus après, n'ont pas compris la démarche de ces certains ulémas sunnites parmi les Khalafs, et la nuance qui accompagnait cette démarche, et ils se sont mis à croire que faire la ta'wîl de ces termes même là où les Salafs ne l'ont pas faite, cela constitue la posture sunnite.

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Un second point concerne l'objet de la taf'widh : Tous les sunnites sont d'accord pour dire qu'on ne connaît pas la réalité ("kun'h" / "haqîqa khârija") que ces termes désignent à propos de Dieu ; mais connaît-on le sens (ma'nâ) que ces termes ont lorsqu'ils sont employés à propos de Dieu ? De quoi fait-on la taf'wîdh à Dieu : de la connaissance de la haqîqa seulement, ou de la connaissance de la haqîqa comme du ma'nâ ?

Ibn Taymiyya rappelle que, de ces termes que Dieu, ou bien Son Messager, a employés à propos de Dieu, on ne connaît pas la réalité (haqîqa) (MF 3/167, 13/312) ; par contre il soutient fermement qu'on en connaît le sens (ma'nâ) (voir MF 13/308-310) ; c'est donc seulement le "comment" ("kayf") ce sens s'applique à Dieu qui n'est pas connu.

Par contre Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî relate deux explications à propos de ce qui fait l'objet de taf'wîdh de la part des Salafs :
– l'une est celle que nous venons de voir, qui est celle, relate Cheikh Thânwî, de ulémas "parmi lesquels Ibn Taymiyya" ;
– l'autre est celle d'autres ulémas, qui disent qu'on en confie le sens même à Dieu (Bawâdir un-nawâdir, p. 756).

Ces deux postures constituent en fait deux interprétations différentes du célèbre propos de Mâlik ibn Anas qui, questionné sur le sujet, a dit : "L'istiwâ est connu, et le kayf n'est pas connu".
– D'après Ibn Taymiyya, ce que Mâlik voulait dire est : "Le sens du terme istiwâ', employé à propos de Dieu, est connu de nous ; le kayf, c'est-à-dire comment ce sens s'applique à Dieu, cela n'est pas connu de nous".
– D'après les ulémas de l'autre posture, ce que Mâlik voulait dire est : "L'emploi du terme istiwâ' à propos de Dieu est connu de nous ; le kayf, c'est-à-dire le sens de ce terme lorsque employé à propos de Dieu, cela n'est pas connu de nous" (cf. MF 13/309-310).

Personnellement je penche vers l'explication de Ibn Taymiyya. Ce dernier explique qu'il existe trois choses :
- d'un côté il y a le terme (lafz) que Dieu, ou bien Son Messager a employé à propos de Dieu ;
- de l'autre côté il y a la réalité (haqîqa) que ce terme cherche à désigner par rapport à l'Etre ou les Attributs de Dieu ;
- entre les deux se trouve le sens (ma'nâ) que ce terme revêt dans l'esprit humain.

Cependant, si les musulmans emploient ces termes et formules à propos de Dieu, ne leur attribuent pas un sens différent de leur sens premier littéral et que les Salafs n'ont pas proposé, et gardent à l'esprit que rien ne ressemble à Dieu, alors quelle différence y a-t-il entre ceux qui disent que c'est la réalité que ces termes désignent qu'on ne connaît pas, et ceux qui disent que c'est le sens que ces termes désignent qu'on ne connaît pas ? En fait tout dépend de ce qu'ils entendent par "ne pas connaître le sens d'un terme" :
- veulent-ils dire qu'on peut lui attribuer un sens quelconque, complètement différent de son sens premier et littéral, un sens que les Salafs ne lui ont pas attribué (et veulent-ils dire qu'on affirme donc que la formule "Il S'est établi sur le Trône" signifie : "Il domine le Trône") ?
- ou bien veulent-ils dire qu'on ne connaît pas le sens complet du terme ?
Celui qui est dans le premier cas est dans l'erreur, comme nous l'avons vu. Cependant, celui qui dit que l'on ne connaît pas le sens de ce terme en voulant signifier qu'on ne connaît pas le sens complet de ce terme ne peut être ramené au même niveau que le premier ; le fait est qu'il n'est pas faux de dire que connaître le sens complet d'un terme demande qu'on ait une représentation mentale de la réalité de la chose que ce terme désigne ; or on ne connaît pas la réalité de l'Etre ni des Attributs de Dieu ; donc on ne connaît pas la réalité de la Main de Dieu et de Son Etablissement sur le Trône. Est-il alors systématiquement faux de dire que l'on ne connaît pas le sens complet de la formule "Il S'est établi sur le Trône" ?

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A ceux de mes coreligionnaires qui...

A ceux de mes coreligionnaires qui se permettent de dénigrer leurs frères qui disent "Dieu est sur Son Trône mais Il ne ressemble pas aux humains", à ceux qui se permettent donc de dénigrer leurs frères pour cela et de dire d'eux qu'ils sont anthropomorphistes (mujassimites), qu'ils ont subi l'influence des traditions isrâ'îliyyât ou encore qu'ils ne suivent pas Abû Hanîfa, je dirai simplement ceci : Pourtant c'est bien là l'avis de Abû Hanîfa et de Abû Yûssuf. Découvrez l'avis de ces deux grands savants, rapporté par le savant hanafite Ibn Abi-l-'izz dans Shar'h ul-'aqîda at-tahâwiyya (tome 2 p. 387). De même, lisez ce que Cheikh Thanwî, qui est indien et hanafite, a écrit sur la question dans Bawâdir un-nawâdir (p. 384), Bayân ul-qur'ân et Furû' ul-îmân.

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Un écrit supplémentaire de Ibn Taymiyya sur le sujet :

En un passage présent dans Majmû' ul-fatâwâ (19/140-141), Ibn Taymiyya, parlant du propos "Dieu est dans le ciel", distingue 4 catégories de personnes...

Il y a bien sûr les 2 catégories suivantes :
– a) ceux qui emploient la formule extraite du Coran et des Hadîths ("Dieu est dans le ciel"), et ont la bonne croyance, celle des Salafs, à savoir que cela veut dire "Dieu est au-dessus des sept cieux, sur Son Trône, distinct de la création" ;
– b) et ceux qui disent "Dieu n'est pas dans le ciel" en voulant dire "Dieu n'est pas au-dessus du Trône" et "au-dessus des cieux il n'y a absolument rien" ; ces gens sont les Jahmites. [Selon Ibn Taymiyya la croyance jahmite est une croyance de kufr akbar : il l'a dit en quelques endroits de ses écrits.]

Ibn Taymiyya met cependant en évidence l'existence d'encore 2 catégories de personnes :
– c) ceux qui emploient la formule extraite du Coran et des Hadîths ("Dieu est dans le ciel"), mais en ont déduit une croyance erronée, à savoir : "Le ciel contient Dieu", ou "cerne Dieu", ou "porte Dieu", ou "recouvre Dieu" ; eux emploient la bonne formule, mais ont faux dans le sens ;
– d) enfin, ceux qui disent "Dieu n'est pas dans le ciel" mais veulent dire par là que "Le ciel ne contient pas Dieu, ne Le cerne pas, ne Le porte pas" : eux, dit Ibn Taymiyya, ont raison dans le sens, mais ont tort en faisant la négation du terme présent dans le Coran et la Sunna, et en pensant que l'application de ce terme présent dans le Coran et la Sunna indique ce mauvais sens ; Ibn Taymiyya ajoute : "Certains d'entre eux sont parfois excusables par le fait d'avoir vu qui affirme de façon inconditionnelle ce terme et veut (réellement) dire par là que le ciel porte Dieu ou Le recouvre : s'ils veulent montrer l'erreur de qui veut dire ce (mauvais) sens, ils ont raison. Quant aux premiers, ils ont raison dans les termes, puisqu'affirmant de façon inconditionnelle ce que le texte a apporté, ainsi que dans le sens – qui est celui déjà évoqué –, puisqu'il s'agit du sens correct que le texte indique. Mais certains d'entre eux ont parfois tort en faisant la takfîr de ceux qui disent la seconde chose lorsque leur objectif est de dire le sens correct (...)" (MF 19/141). Attention aux excès...

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Synthèse de la réponse :

Quelle est la différence entre ceux qui font la négation des formules présentes dans les textes des sources (et disent : "Dieu n'est pas au-dessus des cieux") avec l'intention de nier leur sens anthropomorphique ("Dieu n'est pas porté par les cieux") , et ceux qui utilisent ces formules tout en reconnaissant ne pas connaître la réalité qu'elles désignent à propos de Dieu ("Dieu est au-dessus des cieux, mais aucune direction créée ne le contient ; Dieu S'est établi sur Son Trône, mais Il ne l'a pas fait à la manière des rois humains") ?

Et quelle est la différence entre ceux qui utilisent ces formules et affirment ne pas connaître la réalité de ce qu'elles désignent, mais aussi ne rien connaître du sens qu'elles ont (et disent : "Nous ne connaissons pas du tout le sens de ces formules employées à propos de Dieu") et ceux qui utilisent ces formules et affirment ne pas connaître la réalité de ce qu'elles désignent, mais connaître par contre le sens littéral que ces formules ont ?

La différence est la suivante : dans chacun de ces deux cas de figure, c'est la seconde posture, celle des Salafs, qui permet d'obtenir l'effet visé par l'emploi de ces termes (idha-s'tu'mila fi-l-Qur'ân aw is-Sunna lafzun yu'abbaru 'an sifatin wa yusta'malu fi haqq il-Khâliqi wa fî haqq-il-makhlûqi, afâda hâdhâ anna bayna haqîqati hâdhihi-s-sifati fi-l-Khâliqi wa haqîqatihâ fi-l-makhlûqi : qad'ran mushtarakan, wa in kânat haqîqatuhâ fi-l-makhlûq ka mâ yalîqu bih, wa na'rifuhâ, baynamâ takûnu haqîqatuhâ fi-l-Khâliqi ka mâ yalîqu bihî - wa lâ na'rifuhâ aslan -).

Il s'agit donc d'employer ces termes comme ils ont été employés dans le Coran ou la Sunna (tumarru ka mâ jâ'at), ce qui nous préservera de tomber dans l'extrême qui consiste à vider les passages du Coran ou de la Sunna contenant ces termes de leur sens, et ce par le fait de nier ces termes par rapport à Dieu (lâ naqûlu : "Layssa lillâhi Yadan"), de les appréhender dans un sens allégorique ("lâ naqûlu : "Yadullâh : Qud'ratuh"), ou de prétendre qu'on ne connaît rien de leur sens (lâ naqûlu : la na'lamu ma'nâhu aslan). Parallèllement à cela, rappelons-nous qu'"il n'y a rien qui ressemble à Dieu" et que la réalité de l'Etre et des Attributs de Dieu est donc au-dessus de notrs perception. Ceci nous préservera de tomber dans l'autre extrême qui consiste à donner à ces termes un sens anthropomorphique (lâ nujassim wa lâ nushabbih).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

 

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e6un7

 

 

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