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L’âme, l’esprit et le corps entre l'Islam et la pensée occidentale

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Le terme Nafs (pl. anfus ou nufus) possède comme signification terminologique: l'âme, la psyché, l'égo, moi, vie, personne, cœur ou esprit. (mu'jam, kassis). Bien que certains savants aient classé la nafs à hauteur de sept stations, tous sont unanimes pour affirmer qu'Allah a décrit, dans le Coran, au moins trois principaux types de nafs. Et elles sont classées par ordre de la pire à la meilleure: nafs al-Ammara bissu’ (nafs instigatrice du mal) nafs al-lawwama (nafs réprobatrice) et nafs al-mutma`inna (nafs apaisée). (chapitre 12 v.53 dans le tafsir de at-Tabari: Jami’ al-bayan fi tafsir al-Coran, 30 vols., Bulaq 1323 et aussi dans le tafsir de l'Imam Baghawi: Lubab al-ta’wil fi ma’alam at-tanzil, 8 vols. Caire, 1308)

Un résumé de ces stations de l'âme est donné par l'Imam Tabari dans son tafsir du verset 53 de la sourate Yusuf:

- Nafs al-ammara bissu’ (la nafs instigatrice): Elle est la nafs qui se mène au châtiment. Par sa nature même, elle oriente son hôte vers toute action blâmable et nul ne peut se débarrasser de son mal sans le secours d'Allah. Aussi, Allah évoque cette nafs dans l'histoire de la femme de al-Aziz (Zulaykhâ) et du Prophète Yusuf, que la paix soit sur lui: « L'âme (humaine) est très instigatrice au mal » (Coran 12:53) Allah dit également: «Et n'eût été la grâce d'Allah envers vous et Sa Miséricorde aucun d'entre vous n'aurait jamais été pur. Mais Allah purifie qui Il veut et Allah entend et sait tout. » (Coran 24:21). Dominée par les plaisirs terrestres (shahwat) et les passions, cette nafs réside dans le monde des sens … Le mal se tient caché dans la nafs et c'est ce qui l'incite à commettre le blâmable. Si Allah abandonnait le serviteur seul avec son égo, celui-ci serait anéanti entre son mal et le mal qu'il (égo) désire. Cependant, si Allah lui accorde la réussite et le secours, alors il survivra. Nous cherchons refuge auprès d'Allah, le Tout Puissant, contre le mal qui réside en nous et le mal de nos actions.

- Nafs al-lawwama (la nafs réprobatrice): Allah fait référence à cette nafs « Et Je jure par la nafs qui ne cesse de se blâmer » (Coran 75:2). Cette nafs est consciente de ses propres imperfections. Hasan al Basri a dit «Tu vois constamment le croyant se blâmer et dire des choses comme « Est-ce que je veux cela ? Pourquoi ai-je fais cela ? Est-ce mieux que cela ? » ..

- Nafs al-mutma`inna (l'âme apaisée): Allah fait référence à cette nafs, “O toi, âme apaisée !” (Coran 89:27). Cette nafs est sereine car elle se repose sur la certitude d'Allah. Ibn Abbas, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit «Elle est l'âme sereine et croyante » al Qatada, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit « elle est l'âme du croyant, tranquillisée par ce qu'Allah a promis. Son propriétaire est apaisé et satisfait de sa connaissance des Noms et des Attributs d'Allah, de ce qu'Il a dit de Lui et de Son Messager, et de ce qu'Il a dit à propos de ce qui attend l'âme après la mort: concernant le départ de l'âme, la vie dans le Barzakh ainsi que les événements qui suivront lors du Jour de Qiyama. A tel point qu'un croyant tel que celui-ci peut presque les voir avec ses yeux. Ainsi il se soumet à la volonté d'Allah et s'abandonne à Lui avec plaisir, sans jamais être mécontent ou insatisfait, et avec une foi jamais hésitante (ou avec aucune incertitude dans sa foi). Il ne se réjouit pas de sa subsistance (ou ses rétributions) et ses afflictions ne le font pas perdre espoir – car il sait qu'elles furent décrétées bien avant qu'elles lui arrivent et même avant qu'il fusse crée ... » (Al-Tabari: Jami’ al-bayan fi tafsir al-Coran, vol. 13, Bulaq 132

Imam Baghawi a dit «  La nafs al mutama'inna a un ange qui l'aide, l'assiste et la guide. L'ange projette le bien à l'intérieur du nafs afin qu'elle aspire à ce qui est bon et qu'elle prenne conscience de l'excellence des bonnes actions. L'ange éloigne également l'égo des actions blâmables et lui montre la laideur des mauvais actes. Globalement, tout ce qui est pour Allah et par lui, provient toujours de l'âme qui est en paix. La nafs al-ammara bissu possède shaytan comme allié. Il lui promet de grandes récompenses et rétributions, mais projette le mensonge en elle. Il la tente et attire l'âme à commettre le mal. Il l'encourage, espoir après espoir, et présente à l'âme le mensonge sous une forme qu'elle acceptera et appréciera. »

Ibn al Qayyim mentionne également les degrés du nafs « La nafs est une entité unique bien que ses états puissent évoluer du nafs al-ammara, au nafs al-lawwama et au nafs al-mutma`inna qui est le but final de perfection … Il a été dit que la nafs al-lawwama est la seule qui ne peut demeurer dans un seul état. Elle change souvent, elle se souvient et oublie, se soumet et esquive, aime et déteste, se réjouit et s'attriste, accepte et rejette, obéit et se rebelle. La nafs al-lawwama est aussi la nafs du croyant … Il a aussi été rapporté que la nafs se blâme elle-même au Jour de Qiyama – elle se blâme pour chacune de ses actions, que cela soit pour ses mauvaises actions, s'il fut une personne qui accomplit de nombreuses actions répréhensibles, soit pour ses faiblesses, s'il fut une personne qui pratiqua les bonnes actions. Tout cela est juste. (Madarij as-Salikin fi Manazili Iyyaka Na’budu wa Iyyaka Nasta’in, vol. 1 p.308)

Sa'id Hawwa a dit concernant ses nafs « Selon sa condition, la nafs existe de façon multidimensionnelle. Lorsque la nafs est tranquille en raison de l'obéissance à Allah et que l'âme s'oppose à ses tentations, cette âme est connue sous le nom de nafs al-mutma'inna. A propos de cela, Allah a parlé d'elle dans le Coran (89:27-28). Mais si l'âme n'accéde pas à la paix avec elle-même, en étant plutôt exposée à ses désirs, alors une telle âme est connue sous le nom de nafs al-lawwama car cette âme blâme son propriétaire à cause de la négligence de celui-ci dans l'accomplissement de ce que veut Allah – Coran 75:2. Plus encore, si l'âme se soumet aux tentations et se laisse séduire par shaytan, une telle âme est connue sous le nom de nafs al ammara bissu'. Allah parle de l'aventure concernant de la femme de al-aziz (Zulaykha) dans le Coran (12:53).(Tarbiyatun nar ruhiyah, p. 32, Caire: Dar al-Salam, 1408)

Islam-Sunit 

Par le Sheikh Muhammad ‘Afifi al-’Akiti

 
 

L’âme, l’esprit et le corps

    Descartes a profondément marqué la pensée occidentale avec un mode de pensée reposant sur le dualisme corps/esprit. Sa postérité immédiate a dû affronter un problème resté sans solution claire, celui de la relation corps-esprit. Spinoza reprochera à Descartes de ne pas respecter le principe des idées claires et distinctes et trouvera très obscure l’hypothèse de la glande pinéale, comme jonction de l’esprit et du corps. Cependant, la séduction spontanée de la pensée duelle est telle que nous avons tendance à l’emprunter de manière systématique, sans pouvoir y échapper, ni parvenir à la dépasser, ce qui nous met en butte avec des oppositions artificielles et une manière toute aussi artificielle de vouloir les surmonter.

    Il est intéressant de noter que très souvent la pensée traditionnelle, pour penser l’être de l’homme,  préférait à la dyade corps/esprit, la triade âme-esprit-corps. La logique du trois-en-un est bien plus souple que celle de la dualité. Nous avons vu qu’elle se rencontre partout dans le domaine le plus subtil de la relation. Dans le domaine des relations sublimes, rien de ce qui existe n’a de contraire, ce qui est se donne dans une manifestation où l’intériorité vient s’exprimer dans l’extériorité dans une solution de continuité. Comment comprendre la relation entre l’âme, l’esprit et le corps ? En quoi l’âme se distingue-t-elle de l’esprit ? En quoi l’esprit constitue le lien entre l’âme et le corps ?  *  **

A. De l’extériorité physique à l’intériorité consciente

    L’approche objective de la science moderne nous a habitué à la démarche consistant à partir de l’extériorité physique pour appréhender la nature de l’intériorité. Cependant, il est douteux qu’une approche objective puisse jamais ressaisir la subjectivité, qui est justement un plan non-physique. Ce n’est que dans une ontologie qu’il est possible de définir le corps, de donner toute sa mesure à la dimension consciente du sujet et enfin à envisager la pure donation à soi de l’âme. Si on peut définir l’homme, comme La Mettrie, comme une machine, c’est qu’alors on le résume à son corps. Descartes, lui, regarde l’homme comme à la fois un corps et un esprit, mais, conformément à son dualisme, il confond l’esprit avec l’intellect et semble ne trouver dans l’âme que l’activité de la pensée. Comment peut-on, sans réduction, tout à la fois distinguer et relier le corps, l’esprit et l’âme ? (texte)

    1) Dans l’attitude naturelle le corps est nommé justement le physique. Dans les Méditations métaphysiques, Descartes définit tout d’abord le mot corps par la physique en disant qu’un corps est une chose qui occupe un certain lieu et qui possède des dimensions pouvant faire l’objet d’une mesure. Un corps est un objet dont il est possible de déterminer les propriétés géométriques. Il suffit de ne retenir de son appréhension que ses qualités premières et d’évacuer tout ce qui relève de notre expérience subjective, les qualités secondes, pour donner à la physique son champ d’action et son empire sur que l’on nomme la matièreMon corps à ce titre est fait de la même texture que le morceau de cire. Il peut être analysé de la même manière dans sa forme, ses dimensions, son poids etc. Dans l’analyse de la physique classique, on dira qu’il est composé de molécules, d'atomes, qu’il est d’un point de vue chimique composé d’eau, de carbone, de minéraux etc. Dans la physique contemporaine, poussant plus loin l’analyse de la matière, on admettra que la texture du corps est soutenue par la structure dynamique d’un champ d’énergie pure que nous percevons à notre échelle comme un objet solide. Cette énergie en apparence gelée dans une forme, n’est en définitive qu’une fonction d’onde macroscopique dans le réseau de l’univers. La solidité de mon corps est alors en réalité appuyée sur une vacuité fondamentale dont le dynamisme infini tient en équilibre une superstructure qui va de l’atome, vers les molécules complexes, la totalité systémique auto-référente des tissus, des organes et du corps tout entier. Je ne peux pas traiter mon corps, comme un corps en général, objet de la physique. En restant dans le cadre de l’approche objective, je dois d’abord admettre que c’est un corps vivant. Il partage avec tous les vivants une échelle de complexité supérieure qui le range parmi les objets de la biologie. Les caractères spécifiques du vivant suffisent à émanciper la biologie par rapport à la physique. De fait, les biologistes se contentent le plus souvent d’une version de la physique qui se limite à la physique classique et ne prend pas en compte les avancées de la théorie quantique. Le Corps quantique, selon le titre du livre de Deepak Chopra est bien plus proche de la conscience que le corps-objet défini à partir de la physique classique. Il permet de mieux comprendre la relation corps-esprit en nous débarrassant d’une conception trop rigide du dualisme, le corps/esprit légué par la modernité. Nous n’allons pas reprendre tout ce qui a été montré précédemment sur cette question. (texte)

    Mon corps n’est pas un corps en général, ou un corps vivant, mais un corps sujet-objet et précisément le lieu de mon incarnation. La problématique de l'incarnation n’appartient pas à la science, car elle pose la question de la relation entre le plan physique de l’existence et le plan non-physique. Comme l’a si bien montré Raymond Ruyer, (texte) la science en restant dans le champ de l’observable, occulte le participable. Elle prend pour argent comptant le caractère surfaciel de la perception, incline de manière décidée la pensée vers le matériel, le dehors, en négligeant la dimension spirituelle, le dedans. (texte)

    « Nous croyons que les choses et les êtres sont comme nous les voyons, tout en peau, extérieure ou faussement intérieure, surface réfléchissant la lumière. Un homme de notre connaissance, nous savons que son corps a un envers, ou plutôt un endroit : sa propre vie et sa propre conscience, parce qu’il nous parle. Un chien aussi atteste son endroit, en protestant quand on lui marche sur la patte. Un arbre que l’on émonde, ou une herbe que l’on foule, ou un cristal que l’on comprime ne protesteront jamais. Aussi nous les considérons comme sans ‘endroit’ comme étant ‘tout corps’… Le matérialisme consiste à croire que ‘tout est objet’, ‘tout est extérieur’, ‘tout est chose’. Il prend pour argent comptant le caractère ‘surfaciel’ de la perception visuelle et de la connaissance scientifique. Il prend pour endroit (right side) l’envers (wrong side) des êtres ». L’endroit est la conscience et le corps est cet envers de la conscience qui n’existe que dans la représentation d’une autre conscience.

    La psychologie matérialiste qui étudie l’homme seulement à partir de son envers s’appelle psychologie du comportement. Le béhaviourisme étend l’étude du comportement animal à l’homme en éliminant la dimension de la conscience, pour ne retenir que les réactions observables et mesurables du corps. Une blague traduit ce point de vue : un behaviouriste fait l’amour avec une femme et lui demande ensuite : « C’était bien pour toi, ... mais comment était-ce pour moi » ? Ce qui revient à nier l’esprit en tant que sujet conscient alors même que c’est seulement pour lui qu’il peut y avoir de l’observable et du mesurable.

    2) L’esprit est appelé le non-physique. L’usage de la définition n’est aisé que sur le plan physique, car la définition n’est précise qu’en rapport avec une forme déterminée, dans le domaine de l’extériorité. En-deçà de toute forme, dans l’intériorité, il devient très malaisé de définir quoi que ce soit. Ce serait prendre le sujet qui définit pour l’objet d’une définition et du même coup s’échapper du site originel de la conscience. Comme le dit Stephen Jourdain : « L’esprit… Il en est de ce mot-clé comme des quelques autres mots-clé : si transparent, si évident que soit son sens pour notre intuition, il se montre absolument rebelle à la définition. On ne peut le définir que négativement. Dire ce qu’est l’esprit, non ; dire ce qu’il n’est pas, oui ». Négativement, l’esprit n’est pas matière, n’est pas une forme étendue dans l’espace. « L’esprit n’est pas matière. L’esprit est irréductible à tout phénomène matériel, quel que soit son degré de fluidité ». « L’esprit est irréductible à tout phénomène spatial. L’esprit est fondamentalement immatériel et inétendu ». (texte)
    Mais positivement alors ? La réponse de Stephen Jourdain est volontairement elliptique : « L’esprit commence au moment où l’esprit s’éprouve comme esprit. Le sens du mot sujet peut être abordé directement dans les même termes : le sujet commence d’exister au moment où il s’éprouve lui-même comme sujet. C’est ce qu’on peut dire de moins bête sur l’esprit et le sujet ». A l’esprit correspond trait pour trait l’expérience consciente. Cela veut dire que l’esprit est d’abord ce que nous appelons le conscient et qu’il n’est pas séparable du sens du moi et du mental. « L’esprit est moi ». L’esprit est la pensée dans son mouvement, son aptitude à élaborer des constructions mentales dans l’immanence première et définitive du maintenant vivant. La source de la pensée est aussi appelée l’Esprit, principe spirituel ou encore l’âme. Il serait souhaitable, pour la clarté de ne pas confondre la Source et l’eau qui s’en écoule. Dans le texte précédemment cité :

    « Il faut ajouter que l’esprit existe sous deux états : un état A s’imposant nécessaire et absolument premier, qui correspond à ce qu’on entend couramment par ‘esprit pur’ et ‘âme’ ; et un état B s’imposant, lui à l’intelligence comme complexe, contingent et second, qui correspond à ce qu’on entend couramment par ‘mon esprit’ pouvant être évoqué plus poétiquement comme celle qui unit la source et l’eau qui jaillit d’elle… Une autre manière plus décisive d’évoquer cette même relation est de dire que ‘mon esprit’ est la pure imagination de l’esprit 'pur’ ou ‘âme’ ». L’eau qui vient de la Source n’est pas différente d’elle. Toute pensée dans son essence est spirituelle et porte en elle la puissance et la potentialité de l’Esprit. Si le Je pur désigne l’esprit, toute pensée enveloppe aussi un je qui la désigne comme appartenant à un sujet et ne saurait exister sans lui. Sous la forme d’une question simple :
    « Que trouve-t-on dans ‘mon esprit’, dans ‘un esprit’ ?
On y trouve un sujet, qu’on doit qualifier de second relativement à ce sujet premier qu’est l’esprit pur, ou âme et qu’on peut utilement se représenter comme la résurgence du sujet premier.
    Ce sujet accomplit un certain nombre d’actes qui lui sont propres, et qui correspondent, en gros, aux différentes facultés intérieures que nous nous reconnaissons. L’acte de la pensée, bien sûr, vient en bonne place, parmi ces actes et, à mon avis, intervient une seconde fois dans cette activité interne en la sous-tendant entièrement
 ».

    Une grande part des difficultés d’interprétation des textes traitant de l’esprit tient à ce que suivant les auteurs, le terme est utilisé au sens de l’état A tandis que chez d’autres, il est utilisé au sens de l’état B. Parfois, on identifie même l’esprit à une seule de ses opération. Par souci de clarté, il est nécessaire, autant de distinguer sans opposer, que d’unir sans pour autant confondre. La pensée recoupe à la fois a)l’activité mentale, considérée en tant que phénomène psychologique, état ou vécu de conscience. b) et l’idéation, qui elle relève de la connaissance et de la logique. L’esprit est un terme générique enveloppant l’acte intentionnel de perception à travers les cinq sens, l’acte de discriminer et de calculer de l’intellect, l’acte d’imaginer de l’imagination, l’acte de se souvenir de la mémoire, l’acte de concevoir de l’entendement, le travail de synthèse, d’organisation, de hiérarchisation de la raison
    La réceptivité intuitive de l’intelligence est la potentialité créative de l’esprit qui va au-delà de la pensée construite de l’intellect. La sphère intentionnelle de la conscience est la sphère de l’esprit. La pensée ordinaire de l’intellect va du connu au connu dans une réplication constante de la mémoire. L’esprit ré-agit par rapport aux situations d’expérience en filtrant ce qui est à l’aune de ce qui a déjà été. La réactionest ce que nous avons déjà accompli, de sorte que notre propension est de répliquer la même expérience comme modèle. La vie selon la pensée (texte) habituelle est un travail de l’esprit, non une création de l’âme, car pour qu’elle devienne une pure création, il faudrait pouvoir coïncider avec chaque instant dans sa pure nouveauté et ne pas rejouer ce qui a déjà été. 

    3) L’âme ne saurait être confondue avec la structure physique du corps, pas plus qu’elle ne peut être identifiée avec le défilé intérieur de nos pensées que l’on appelle couramment l’esprit. Si le corps est le physique, l’esprit le non-physique, le terme qui convient à l’âme est le métaphysique. Pas plus que l’esprit et pour la même raison, l’âme ne peut être identifiée à une forme, localisée en un lieu, ou assimilée à un quelconque objet. Bref, appartenir au domaine de la représentation. La représentation appartient à l’esprit. Il est plus aisé et plus pertinent de dire ce que l’âme n’est pas, que de définir ce qu’elle est. Traditionnellement, la voie négative, en sanskrit neti, neti, enlève tout support d’objectivation afin d’amener le sujet dans cet état de suspension sans objet – de Vacuité- où la Présence est pure présence à Soi sans objet. Le royaume de l’âme précède toute intentionnalité consciente, il relève non du subconscient, ou du conscient mais plutôt du supraconscient. Là où le Sujet est pure coïncidence avec Soi, il n’y a pas de second. Là s’étend le royaume de l’âme. Le Vedânta, très économe dans ce registre, emploie le terme Soi, âtman, en ayant soin de le distinguer de l’ego, ahamkara, qui est lui inséparable de la pensée. Mais encore une fois, le péril de la majuscule est toujours le même, celui de se donner le concept d’une sorte de super Objet, ce qui serait l’ultime trahison de l’âme. Il est impropre de dire « j’ai une âme », ce qui reviendrait à la placer sur le même plan que le couteau que j’ai dans la poche et poserait immédiatement la question : qui possède l’âme ? Ce qui est absurde car tout objet pointe vers l’ultime Sujet qui est l’âme. Mais la formule « je suis une âme », n’est pas pour autant plus claire, car elle ne désigne aucune limite identifiable. L’âme coïncide dans l’Être avec soi et le Soi n’est rien d’autre qu’un mot pour désigner l'intériorité absolue dont l’Être est la Manifestation relative. Pas plus qu’il ne saurait y avoir de limite de l’Être, il ne peut y avoir de limite de l’âme. Il n’est de limite que par l’esprit s’identifiant avec l’ordre de l’objet, et de manière prioritaire, l’objet pré-donné du corps. L’entité qui s’identifie avec le corps, s’éprouve, se connaît à travers lui est l’individualité vivante, en sanskrit jiva.

    De même qu’il est des désirs qui relèvent du corps et des désirs qui relèvent de l’esprit, il existe aussi des désirs qui relèvent de l’âme. De la même manière, il y a un ordre d’expérience qui relève du corps, un ordre d’expérience différent qui relève de l’esprit et il est aussi un ordre d’expérience qui appartient à l’âme. Parce que l’âme n’est pas enclose dans l’ordre de l’objet, elle ne saurait être rencontrée que dans une pure subjectivité sans objet. Dans l’état de veille, le point d’appui de l’expérience est le corps-physique et donc le lieu de l’incarnation. Dans cet état prédomine la dualité sujet/objet et l’accent propre à la réalité est placé dans l’objet. Dans l’état de rêve, le point d’appui de l’expérience est le corps-subil où l’esprit est seul avec le jeu de ses propres constructions oniriques. Dans cet état, le mental règne en maître, mais la dualité sujet/objet est toujours présente. Le caractère hallucinatoire de l’expérience, la forme affaiblie de conscience qui caractérise le rêve, maintiennent l’empire de l’objet. Dans le sommeil profond la conscience est vide d’objet et non-duelle, l’intentionnalité est abolie, le Soi demeure seul et sans ego, mais le sommeil est enveloppé de torpeur. (texte) Cela explique l’importance considérable que leVedânta accorde à turiya, le quatrième état, appelé aussi samadhi, enstase. Samadhi est un état de pure lucidité où la conscience demeure éveillée sans objet. Le texte des Yoga-sutra de Patanjali précise de manière très nette que la réalisation de samadhi est le but de toutes les pratiques spirituelles, car c’est alors seulement que le Soi est connu dans sa nature essentielle. Comme pure Conscience. Quand samadhi est stabilisé au sein de la vie quotidienne, l’âme n’est plus éclipsée par l’ordre de l’objet et la Présence s’épanouit, régénérant de l’intérieur la relation à l’objet. L’âme retrouve la place qui est la sienne dans laquelle elle préside à toute création authentique. Il appartient à l’âme de créer de manière intemporelle. (texte) De la même manière, l’esprit a son propre temps, le temps psychologique, le corps, lui, suit le temps de la Nature.

    Résumons sous forme d’un tableau ces perspectives que nous devrons expliciter ensuite :

Le corps

L’esprit

L’âme

agit

pense

crée

physique

non-physique

métaphysique

vital

mental surmental

subconscient

conscient

surconscient

matière

Mon esprit

L’Esprit pur

Homme-vital

Homme-mental

Homme-spirituel

expérience corporelle

expérience de l’esprit

expérience de l’âme

désirs du corps

désirs de l’esprit

désirs de l’âme

temps de la Nature

temps psychologique

intemporel

 

B. La manifestation et la triade âme-esprit-corps

    L’homme est un être trinitaire, par son corps il est engagé dans le faire, par son esprit il est engagé dans la pensée, par son âme il est engagé dans l’Etre. Cette triade n’a de sens que comme une totalité indivise, il n’est pas possible d’y pratiquer une séparation sans immédiatement effectuer une mutilation. Pour prendre une analogie, pour faire tenir un tabouret en équilibre, nous avons besoin de trois pieds, avec deux pieds, il tombe. La pensée duelle est en déséquilibre constant. Elle rabat une dimension vers l’autre et du même coup, occulte la complexité et perd aussi l’équilibre dynamique de la structure ternaire. La dualité invite la pensée à raisonner dans des oppositions fictives et à leur donner une solution réductrice. Une anthropologie  matérialiste, pose l’unique réalité dans le corps et y ramène l’âme et l’esprit. Une anthropologie idéaliste, pose la réalité uniquement dans l’esprit et relativise l’importance du corps et l’envergure psychique de l’humain. Une anthropologie, disons panthéiste, tend à délaisser l’incarnation et l’importance de l’esprit pour incliner vers une lecture psychique de la réalité. Maintenant, qu’est-ce qui, dans la sphère du vécu, permettrait de justifier une conception trinitaire de l’homme ? (texte)

     1) La compréhension du subconscientmis à part les limitations de la psychanalyse  (texte), ne fait guère difficulté ; il suffit d’examiner le jeu des automatismes vitaux dans notre existence. Nous laissons chaque jour pousser nos ongles et nos cheveux, battre notre cœur, nous respirons, nous digérons de manière entièrement automatique, sans intervenir consciemment. Cependant, comme nous avons vu, lecorps n’est pas une chose inerte, il est sensible en chacune de ses parties et imprégné de conscience. Ce que nous faisons d’ordinaire, c’est abandonner la vitalité à elle-même pour vaquer à d’autres tâches. L’homme est avant tout un être mental, il ne peut pas se confiner dans la vitalité. La prise en charge subconsciente est un cadeau, car elle nous délivre du souci de devoir gérer mentalement la totalité de notre existence, ce qui est de toute manière impossible. Toute intention consciente, tout effort se réplique dans le corps. L’habitude est un extraordinaire appui du travail mental. Sans elle, il n’y aurait pas la facilité du geste du paysan, l’habileté du boulanger et pas de libération de l’inspiration chez le musicien. Nous savons aussi par expérience que dans l’application, la concentration et l’effort la conscience peut être à nouveau présente dans l’acte. Il est même possible de faire entrer plus de conscience dans ce plan vital que nous délaissons d’ordinaire. Le hatha-yoga a poussé très loin cette tentative. Il montre qu’il est possible d’obtenir une maîtrise du moindre muscle du corps. On a même plusieurs fois vérifié sur des yogi l’aptitude à faire entrer le corps en catalepsie, à arrêter et redémarrer le cœur à volonté. Il existe des techniques sophistiquées pour travailler sur la sensation corporelle, la laisser s’épanouir et libérer les nœuds psychiques logés dans le corps. L’énergie qui circule dans le corps est appelée prana, elle peut être considérablement augmentée en travaillant sur le souffle. C’est dans ce travail que la dimension subtile de l’incarnation devient patente. Que l’homme occidental n’en n’ait pas la moindre idée n’est pas un argument pour disqualifier ce domaine d’expérience. Notre mode de vie postmoderne nous incline à l’apathie et nous ne prenons pas soin de notre corps qui devient avachis. Nous ne donnons pas à la vitalité sa pleine mesure. Notre attention pour le corps tient surtout à son apparence, elle a très peu à voir avec une exploration consciente de la vitalité. C’est toute ce que l’homme-vital peut connaître. La connaissance des plans de conscience et de l’architecture subtile du corps est un aspect largement méconnu en occident.

    Par le corps je suis en relation constante avec un monde d’événements, je me situe dans l’action et l’interaction. Le terme de subconscient désigne le lieu de l’expérience que nous ne connaissons pas où nous ne créons pas consciemment notre réalité, ce qui ne l’empêche pas cependant d’advenir de manière inconsciente. Dans une création inconsciente, le sujet ne sait pas vraiment ce qu’il fait et encore moins pourquoi il le fait. En conséquence, il a tendance à se croire entièrement à la merci de la vie et des circonstances, jusqu’à se considérer entièrement comme une victime dégagée de toute responsabilité dans ce qui lui arrive. C'est-à-dire dans la position opposée à celle d’un créateur conscient. La ruse à ce sujet, c’est que c’est justement à partir du moment où nous ne croyons pas que nous créons notre propre réalité, que nous ne trouvons plus la trace de notre création dans l’expérience. La psychologie analytique de Carl Gustav Jung a le mérite d’avoir montré à quel point le sujet attire à lui les événements de manière inconsciente. Jung a fait une remarquable incursion dans le domaine de la corrélation subtile entre le subconscient et l’événement dans ce que l’on appelle la théorie de la synchronicité. Les contenus subconscients de la mémoire ne sont pas des photographies rangées dans un album. Ils possèdent pour la plupart une charge affective et un dynamisme qui non seulement joue un rôle dans l’orientation des choix du sujet, mais crée aussi un contexte d’expérience. Nous l’avons montré plus haut en examinant la théorie de la répétition du modèle (texte). Nous avons aussi vu que l’ignorance des contenus subconscients est tout à fait relative. Elle peut être interprétée comme mauvaise foi. Rien n’empêche qu’un contenu subconscient soit éclairé et mis en lumière. Il n’y a pas dans le psychisme de frontière réelle entre les différents niveaux. Ce n’est qu’une commodité conceptuelle que de séparer conscient, subconscient et inconscient. Comme le dit Jung, ce n’est qu’une manière d’indiquer des contenus immédiatement accessibles, d’autres qui ne sont  que médiatement accessibles, d’autres enfin auxquels on accède qu’avec bien plus de difficultés.

     2) Le conscient est le lieu de notre expérience à partir duquel le sujet connaît et crée sa propre réalité, avec une certaine connaissance de ce qu’il est en train de faire, connaissance qui dépend du niveau de conscience de celui qui agit. Cette conscience caractérise par excellence ce que nous appelons la vigilance dans l’attitude naturelle. Veiller, disions-nous, c’est sur-veiller, prévoir, faire attention, agir en conséquence de cause, la pensée maintenue sur le qui-vive. La vigilance est une forme de conscience dans laquelle le mental est prédominant. Dans l’attitude naturelle, nous vivons entièrement sous le régime de la pensée. Dès l’entrée en scène de l’ego au réveil, sous la forme des pensées qui surgissent, le mental se déploie à la fois sous la forme d’une intentionnalité qui oriente toute visée vers un objet, et aussi dans une dualité sujet/objet. Je pense devoir me raser avant d’aller chercher le pain, je pense à un rendez-vous important cet après-midi, au travail qui m’attend. Ce que nous appelons conscience, c’est précisément cela : je décide, j’agis en fonction de ce que je pense et j’ai une connaissance de ce que je suis en train de faire qui n’est rien de plus et rien de moins que la pensée elle-même. La pensée, même son étage le plus ordinaire, est une représentation de la réalité. Ma représentation n’a rien d’objective ou d’impersonnelle, elle est mienne, c’est-à-dire qu’elle suppose le moi intervenant de manière active, le moi précisément de la pensée. L’ego. Tout homme sait donc immédiatement ce qu’est l’esprit, puisqu’il en fait immédiatement l’expérience. Cette proximité rend la définition de l’esprit difficile, c’est de vivre en permanence jeté dans la pensée qui rend justement difficile la compréhension de ce qu’est la pensée. La pensée d’ordinaire est un mouvement, une cavalcade qui commence dès le réveil et ne prend fin que dans le sommeil. Même quand je suis inactif, je suis dans le train-train des pensées qui m’inquiètent, des attentes et des désirs. Ce mouvement du mental est le temps psychologique. Si nous l’observons avec attention, nous verrons que nos pensées les plus communes sont travaillées par le rapport au futur ou le rapport au passé. Même cloués sur un lit d’hôpital, nous continuons à nous entretenir en nous-mêmes de ce que nous avons encore à faire ou de ce que nous avons fait, où de ce que nous aurions pu faire. Le mental pour exister a besoin du temps. Il crée la différence temporelle pour autoriser la comparaison entre l’ici et le maintenant et l’ailleurs, le demain ou l’autrefois. Dans cet espace de la pensée, il construit le jugement. Par exemple la déception à l’égard de ce qui est, vis-à-vis de ce qui devrait être qui prend la forme de l’ennui. L’homme-mental est donc l’homme qui vit aux prises avec la pensée (texte).

    A l’opposé de l’usage très limité que nous pouvons en faire dans la conscience commune, il existe un art de faire usage des facultés de l’esprit. Une manière de tout d’abord lui rendre justice. L’esprit ne se réduit pas à un moulin à pensées, fondamentalement, il cherche à comprendre et à connaître. Dans le système éducatif actuel, nous sommes loin de donner sa pleine mesure au désir qu’a l’esprit de s’élever dans l’intelligence de ce qui est. Que dire de ce qui se produit ensuite. La plupart d’entre nous avons perdu toute curiosité intellectuelle avant quarante ans. Nous vivons dans une société qui ne répond pas à la faim de connaissance, qui très tôt laisse l’esprit et ne lui procure ensuite que des divertissements. De quoi secouer l’ennui, et exciter le vital et rien de bien sérieux pour éveiller l’intelligence. La première naissance, comme un corps reste largement subconsciente. Celui qui parvient à s’éveiller à l’existence de l’esprit est comme né une seconde fois. Il l’est souvent, comme Platon l’explique dans Le Banquet, dans la rencontre d’un autre esprit dont la sagesseféconde le pouvoir de son intelligence et s’épanche en connaissance. Se savoir esprit, c’est nourrir l’enfant de l’intelligence qu’est l’esprit. Se savoir esprit, c’est aussi pour la première fois trouver en soi-même la position d’un témoin par laquelle la pensée cesse d’être inorganisée, confuse et chaotique. Par laquelle la pensée est connue comme pensée. C’est seulement quand le défilé psychologique de la pensée est transcendé que la pensée est connue pour ce qu’elle est et remise à sa juste place pour redevenir un instrument docile. Celui qui n’est pas né à son propre esprit est victime de ses pensées. On dit qu’il est ignorant.

    3)  L’âme n’est pas le paquet ficelé des besoins arrimés au corps. Et pourtant sans le corps, sans l’incarnation, l’âme n’aurait pas l’expérience d’elle-même. L’âme n’est pas davantage le sujet qui, ombrageusement, tient le corps en mépris et pose en adorateur de la pensée. L’âme n’est pas le défilé continuel des pensées de l’esprit, ni même l’esprit qui pense les pensées. Et pourtant, sans l’esprit, l’âme ne saurait se penser dans le temps, se chercher en se frayant un chemin dans la forêt touffue de l’ignorance. L’âme est à la Source de la pensée, de son inspiration la plus haute et de son intelligence la plus relevée (texte). La troisième naissance du sujet à lui-même est la découverte de l’âme. L’âme n’a pas séjour dans l'antre du subconscient, ni dans le monde bruyant et coloré du conscient, mais dans le foyer vivant, surconscient, de la Présence du soi à lui-même.

    C’est au cœur du sentiment que l’âme se trouve donnée à elle-même. L’âme est la somme de tous les sentiments et le lieu de l’immanence pure du sentiment à lui-même. L’âme ne peut désirer quel’expérience d’elle-même la plus élevée et la plus intégrale. Son but, s’il en est un, ne se trouve dans aucun temps, ni dans aucun lieu, il est entièrement ici et maintenant, dans la pure expansion de Soi même de la Vie à exprimer ce qu’elle est et à se connaître dans une pure expérience de soi. Le but de la Vie est la Vie elle-même éternellement donnée à elle-même dans une étreinte qui n’a ni commencement ni fin. Du point de vue de l’âme, il n’y a rien à faire, tout ce qui importe, c’est d’être. L’âme se soucie fort peu de la glorification du corps ou du brio des représentations de l’intellect. Le cœur est le pont entre l’esprit et l’âme et c’est le cœur qui s’éprouve lui-même comme sentiment et sentiment de Soi.  L’âme cherche non la connaissance, mais plutôt le sentiment. La connaissance est concept, le sentiment est pure expérience, ce que l’âme cherche, c’est le ressenti vrai et réel, c’est se connaître elle-même certes, mais à travers sa propre expérience. Le sentiment le plus élevé que la Vie éprouve pour elle-même est l’amour, et c’est aussi l’expérience de la conscience d’unité avec tout ce qui est. Le Souverain Bien. En cela seulement le sentiment d’amour est parfait. De même que dans le blanc toutes les couleurs sont présentes, dans son unité, l’âme enveloppe tous les sentiments humains.

    Tel est le sens radical de l’intériorité et la raison pour laquelle l’âme est appelée Soi. Dans les termes de Michel Henry : « le sentiment n’est pas quelque chose qui a en outre cette propriété de s’éprouver soi-même, mais le ‘sentir soi-même’ qui vit en lui comme s’éprouver soi-même, comme être affecté par soi ». L’auto-affection est la donation à soi de l’Être lui même. L’Être est immédiatement ce qu’il est, la manière la plus rapide de le rejoindre, plus vite que ne pourra jamais le faire toute pensée, c’est d’être dans la coïncidence à soi ici et maintenant du sentiment. Le sentiment dit ce que je suis. Ainsi, « l’ipséité de l’essence ne se réalise pas dans le temps ». Nous l’avons vu, elle est intemporelle. De même, parce que la pure conscience de soi est sans objet, sans représentation, parce que la représentation relève de l’esprit ; la pure conscience est aussi une secrète Passion et une Passion sans objet, ou sans motif. « L’expérience de soi de l’être comme originairement passif à l’égard de soi est sa passion. Celle-ci constitue le prototype et l’essence de toute passion possible en général. Toute passion est comme telle la passion de l’être, trouve en lui son fondement et le constitue. L’essence de la passion cependant réside dans l’affectivité. L’affectivité est la révélation de l’être tel qu’il se révèle à lui-même dans sa passivité originelle à l’égard de soi dans sa passion ».

    Ainsi s’explique encore le véritable sens du statut métaphysique de l’âme : non pas, comme on l’a parfois cru une sorte d’arrière-monde, de lieu de consolation contre la vanité du monde, non pas une chose en soi dans la totalité altérité, la complète extériorité, un autre physique (?) un paradis ou un enfer ailleurs. Non, le véritable statut métaphysique de l’âme transcende de l’intérieur toute manifestation physique, il est en-deçà de toutes les formes physiques, y compris celles tissées par la pensée, il est leur origine première au sein de la Vie. Le concept d’arrière-monde au sens d’un monde au-delà, a été une des erreurs les plus sinistres de l’histoire des religions. L’enfer est le contraire de la joie, le paradis le symbole du bonheur. L’un et l’autre sont des états de conscience. Nous ferons descendre le paradis sur Terre quand nous saurons en faire un lieu heureux. La Terre demeurera un enfer tant que nous en ferons un lieu de malheur. Nous ne faisons en permanence dans le champ relatif que transformer nos sentiments en pensées et nos pensées en objets. Le monde n’est rien d’autre que le reflet de ce que nous sommes, il est à la hauteur de nos sentiments les plus élevés ou les plus bas dans leur résultante collective.

    C’est dans l’âme que se déroule la proto-création de l’individualité. L’âme crée et n’aspire qu’à une expérience plus élevée d’elle-même. Ce qui est le sens de l’évolution spirituelle. Parce que l’âme n’est en aucun sens séparée de quoi que ce soit, parce qu’il est dans son essence de demeurer dans l’unité avec l’Etre, l’âme connaît infiniment plus de choses que l’esprit n’en peut savoir. Telle est l’origine de laréminiscence dont parlaient Socrate et Platon, qu’à tort notre philologie a transformé en mythe (C’est une manie de tout notre commentarisme de transformer en mythe tout ce dont nous avons perdu la signification spirituelle). L’âme possède la connaissance, elle est Etre-Connaissance et c’est bien pourquoi elle ne peut se tenir au connaître, car désire avant tout faire l’expérience d’elle-même. Et non demeurer sur le plan de l’Absolu, dans le monde intelligible de la toute connaissance comme dirait Platon. Un être humain qui vit dans la Présence de l’âme, et non pas engoncé dans les valeurs du corps, ou dans les constructions mentales de l’esprit, le contact avec l’instant suggère la réponse juste, l’action immédiate, la décision rapide et le choix spontané. Dans la spontanéité de la réponse de l’âme, il n’est pas nécessaire d’effectuer un examen, une critique, un raisonnement. Paradoxalement, nous l’avons vu, la spontanéité de la Présence veut dire perdre la tête du mental, rejoindre le cœur et agir en unisson avec lui. L'âme suggère en permanence la réponse juste, la parole adéquate et la décision appropriée.

C. La triple orientation de la vie

    Si on doit suivre la conception populaire, l’homme croit toute sa vie être un corps, à certains moment il découvre qu’il est esprit, mais en définitive il ne peut savoir qu’il est une âme qu’à la mort. En réalité, la nature tripartite de l’homme implique surtout trois polarités différentes. L’homme vital a placé ses valeurs dans le corps et en conséquence, il s’est fait une existence matérielle qui délaisse l’esprit et l’âme. Cette extrémité, Aurobindo la désigne sous le nom de barbare vital.  L’homme mental a placé ses valeurs dans l’esprit, il place sur un plan élevé la valeur de la culture, le savoir, la réflexion et les œuvres de l’intelligence. Il peut délaisser largement le soin apporté au corps et n’avoir que fort peu de souci de l’âme, auquel cas il devient un pur intellectuel. Nous connaissons bien en occident ce type humain qui a souvent les faveurs de nos médias. L’homme spirituel s’est entièrement tourné vers l’âme. Il peut se détourner assez facilement de l’attrait de ce qui se rapporte au corps et de la culture de l’esprit. Il devient en ce cas unascète religieux consumé par le désir de trouver Dieu. Cette triple polarité joue un rôle dans la constitution des valeurs d’une époque. La postmodernité en occident est très nettement une civilisation du premier type. La Modernité s’est affirmée dans des valeurs du second type. L’Inde est encore très largement marquée par une civilisation du troisième type, presque jusqu’à la caricature. L’équilibre des trois dimensions de l’humain n’est pas plus facile à réaliser, tant dans l’individu, que dans la société. C’est peut être une raison de notre fascination pour la Grèce antique où l’idéal de vie respectait le soin donné au corps, l’élévation de l’esprit dans la philosophie et où le sens du Sacré était nettement présent, sans pour autant avoir été récupéré par une religion dogmatique.

    1) Il  n’est pas rare dans notre expérience que le corps veuille une chose, que l’esprit soit intéress&eacu

Bien qu'elle soit une des manifestations les moins connues, l'âme occupe cependant une place très importante dans toutes les religions et tous les mythes. Il est d'usage de dire qu'elle est l'essence spirituelle de l'homme, qui se sépare du corps au moment de la mort. Ses propriétés diffèrent selon les croyances. Elle peut mener une vie individuelle propre ou alors, se réincarner sous une forme humaine ou animale et recommencer une nouvelle existence. Elle possède la faculté de communiquer avec les personnes douées de pouvoirs extra-sensoriels, tels que les médiums. Parfois, elle se pare d'un aspect surnaturel pour venir hanter quelque lieu de prédilection, et tourmenter à l'occasion les gens. Plus paisible est l'âme que la mort libère vers les grands espaces, afin de mener une vie calme et sereine,  ou tourmentée et démoniaque, selon les destins.

L’âme peut aussi être ignorée purement et simplement pour la bonne raison que son existence n'a jamais été prouvée scientifiquement. Lorsqu'elle n’est pas reniée, l’âme se prête à toutes les exigences des spécialistes et à toutes les sauces, puisqu’elle reste sans réaction, aphone et amorphe. Elle était disséquée, réduite en équation... L'instinct, l'affect, le ça, le moi et la psyché s'efforçaient de recoudre les morceaux de sa dépouille. De toutes les religions monothéistes, c'est l'Islam qui accorde le plus d’importance à l'existence de l'âme. Elle constitue le fondement, sans lequel la vie future n'est pas concevable.

Pourtant, d'autres croyances la regardent aussi comme une nécessité absolue, alors que leurs doctrines cultivent la confusion  spirituelle en niant l'existence d'un Dieu Unique, Créateur et Tout-Puissant.  Voici succinctement les principales conceptions existant dans le monde :

Les Brahmanes ou Hindouistes vénèrent le dogme de la réincarnation. Après la mort, l’âme doit transmigrer dans un autre corps, afin d’accomplir les volontés accumulées inconsciemment (Samârrâ). L'âme universelle (ou Brahman) régit l'âme individuelle de tout être vivant. Le Yoga (ou « jonction » en sanscrit) consiste à acquérir le contrôle de soi-même et à accéder à la connaissance parfaite, par la pratique de l'ascétisme et une préparation psychique.Bouddhisme (

Le Bouddhisme (ou Dharma), vise à atteindre l'état de béatitude ou Nirvâna (« extinction » en sanscrit). Comme son nom l'indique, c'est un état de bien-être supérieur, où l'âme individuelle se fond avec l'âme collective. Pour arriver à un tel degré de félicité, les disciples ont recours au Mahayâna (Grand véhicule). 

Jainisme.jpgDans le Taoïsme, fondée au 6ème siècle avant l'ère chrétienne, par le Chinois Lao Tseu, contemporain de Confucius,  les dieux sont constitués de bons esprits (shen), alors que les hommes résultent d'un mélange de shen et de kwei (spectres). A leur mort, la partie shen de l'homme monte au ciel, alors que le kwei demeure sur terre.

Pour le Jaïnisme, fondé par Vardhamana, la partie animée de l'univers (Jîva) est peuplée d'âmes éternelles qui se réincarnent en s'élevant par leurs mérites respectifs, du végétal à l'éternel, en passant par l'animal et l'homme. Mais les péchés leur font parcourir le chemin inverse. Le Jaïnisme a recours à la non-violence envers tout ce qui vit.Shintoisme.jpg

Le Shintoïsme pratiqué au japon est basé sur le polythéisme. Les âmes doivent leur existence au souffle des dieux, qui sont au nombre de plusieurs centaines de millions (kami). A sa mort, l'homme subit une période de purification, puis devient à son tour un nouveau kami, sous l’influence des prières de ses descendants. Avec cette pratique, le nombre de dieux ne cesse d'augmenter au fil des ans. Le terme shintô, signifiant d'ailleurs en japonais, « la voie des dieux ».   

Chamanisme.jpg

Le Chamanisme pratiqué en Sibérie, en Mongolie et dans d’autres pays, s'inspire du culte de la nature. Les chamanes établissent des contacts avec les esprits et les utilisent pour combattre leurs ennemis. Ils peuvent aussi guider les âmes vers le repos éternel ou les laisser errer dans l'éternité. La pratique des rites magiques et des épreuves mystagogiques font d'eux des morts ressuscités.

  animistes.jpgLes animistes adoptent des croyances multiples. Généralement, ils vouent un culte aux ancêtres et attribuent une âme à tous les phénomènes naturels, (montagnes, arbres, orages, etc.) qu'ils essaient de gagner à leur cause par des pratiques magiques. Le vaudou est un culte animiste africain, importé en Amérique (Brésil, Antilles et notamment à Haïti) et mélangé aux pratiques chrétiennes.

Les Indiens d'Amérique du Nord, accordent eux aussi une grande importance à la vie future ; à leur mort, leur âme s'en va rejoindre leurs ancêtres, dans les grandes prairies éternelles.

Il n’est pas possible, de passer en revue toutes les croyances dans le cadre de cet article. L’essentiel aura été de rappeler les différentes croyances qui accordent une importance particulière à l'existence de l'âme. Les religions bibliques prêtent à l'âme, une vie éternelle après la mort de l'homme. Dans la religion chrétienne, la vie éternelle est assurée aussi bien aux âmes, qu'aux corps qui seront ressuscités. Les méchants sont destinés aux « ténèbres extérieurs », entendre par là, l’enfer, tandis que les bons connaîtront les joies du Paradis.

Ce petit  tour d'horizon prendra fin,  en Grèce par une anecdote significative, relative à la doctrine pythagoricienne de la transmigration des âmes, selon laquelle, quand un homme ou un animal meurt, son âme renaît dans un autre être. Il s'agit du poème sept, dans lequel le philosophe Henophane raconte comment Pythagore empêcha un homme de continuer à battre son chien en lui disant : « Arrête de le battre. C'est l'âme d'un ami, je le reconnais à sa voix ! »     

A l'avènement de la psychanalyse avec  Freud, l’âme connut une nouvelle épopée. Si certains spécialistes nièrent opportunément son existence, pour éviter d’avoir à se confronter aux grands mystères, d'autres par contre, entreprirent des études et des analyses pour essayer de  comprendre ce qui leur paraissait être une énigme, dont ils croyaient détenir la clé. Voici comment le psychologue suisse C.G. Jung expose sa  position :

«  Le conflit entre la nature et l'esprit n'est que la traduction de l’essence paradoxale de l’âme : elle possède un aspect physique et un aspect spirituel qui ne paraissent se contredire que parce qu'en dernier  ressort, nous ne saisissons pas son essence. Chaque fois que l’entendement humain veut appréhender quelque chose qu'en dernière analyse, il ne comprend pas et ne peut pas comprendre,  il doit (s'il est sincère) pour en saisir quelques aspects se soumettre à une contradiction et scinder son objet en des apparences opposées. Le conflit entre l'aspect physique et l'aspect spirituel ne fait que démontrer que le psychique est au fond quelque chose d’inimitable. »

Jung poursuit que « l’âme est quelque chose d’étrange Elle n'est pas localisable dans l'espace alors que tout ce qui existe occupe une certaine étendue. Nous supposons avec certitude, que nos pensées se situent dans la tête, mais pour les sentiments, nous devenons incertains, car ils parassent davantage jaillir de la région du cœur. Quant aux sensations, elles sont réparties sur l’ensemble du corps… L’âme pourrait être à la fois, un point mathématique et avoir l’immensité du monde planétaire. » Mais, un sujet le préoccupe particulièrement, « car si l’âme est en marge de l’espace, elle est incorporelle, or les corps meurent, comment donc l’invisible et l’inextensif s’anéantiraient-ils ? »

Jung qui se posait tant de questions sur l'âme et sa localisation,   semblait moins embarrassé lorsqu'il s'agissait de juger les êtres humains qui, il est vrai ont l’avantage  de mieux se prêter aux observations. Ainsi,    pour lui :

« Les Noirs, sont des êtres incultes et incapables d’assimiler les éléments de la civilisation. Car la volonté, est un antique bien culturel dont la naissance coïncide au fond avec l'origine de laculture. Tant Que la volonté est inexistante, il ne saurait êtrequestion de quelque culture que ce soit. C'est pourquoi il est manifestement insensé de  vouloir inculquer de la culture auxnègres. » (C.G. Jung : « L’homme à la découverte de son âme »). Ce sont à quelque chose près, mais enrobées d’un emballage diplomatique, les paroles qu’un chef d’état européen, est allé  développer à Dakar, en 2008 http://www.afrik.com/article12199.html  

L'avènement du matérialisme athée devait porter un coup décisif à l'idée même de l'existence de l'âme. Dieu étant renié, tout le domaine spirituel devenait contraire aux idées professées par les nouvelles doctrines. La mort n'était plus considérée comme un passage obligé menant à la vie future, mais comme un anéantissement absolu de soi, sans espoir de retour ou de résurrection. Dès lors,  l’âme perdait de son mystère, puisque c’est sa propre existence qui était remise en cause. Pour les fidèles qui ne partageaient pas cette philosophie, par contre, l'âme est une réalité incontestable. Elle découle d'un enseignement biblique millénaire ainsi que de la nécessité pour l'esprit de croire à des principes supérieurs qui ne sont pas seulement régis par le matérialisme.

Mais si cette existence est réelle, il devrait être possible, le progrès aidant, de localiser son emplacement et de répondre aux questions posées par Jung qui restaient sans réponse. Des tests furent menés aux chevets des mourants. Des animaux,  furent mis à contribution, afin de détecter la libération de l'âme au dernier souffle de la vie. Les résultats obtenus sont édifiants. Voici quelques exemples de ces expériences décrites par le biologiste et philosophe Lyall Watson, dans son ouvrage intitulé : « Histoire naturelle de lavie éternelle » 

« Un grand nombre d'observations anecdotique, ont été faites au chevet de défunts, qui toutes font état de nuages et de formesspectrales planant alentour du lit du mort. Il y a une surprenante uniformité dans les détails. On dit toujours qu'une sorte de brouillard quitte le corps à la hauteur de la tête, très souvent en spirale, pour prendre ensuite une forme corporelle, bien précise et reconnaissable qui se tient à environ une cinquantaine de centimètres, horizontalement au-dessus du système somatiqueavant de se dissiper. » Watson poursuit : « L'unique preuve empirique que nous en ayons jusqu'à présent provient d'une série de tests faits il y a bien des années en Angleterre et aux Pays Bas, partrois médecins tout à fait indépendants les uns des autres. »

« Le docteur R.A. Watters tenta de photographier la sortie ducorps astral chez des souris, des poulets et des grenouilles à l'instant de la mort. Il construisit des chambres sous vide, certainesremplies de vapeur d'eau et d'huile, et réussit à obtenir des photos de masses nuageuses planant au-dessus du cadavre de l'animal. Mais ces formes auraient pu être facilement produites par des voiesphysiques normales. »

« A la Haye, le docteur Zaalberg Van Zelst pesa desmoribonds et affirma qu'au moment de la mort clinique, il y avait une soudaine perte de poids, exactement 69,5 grammes. Des testsidentiques effectués en Angleterre par le docteur Duncan McDougall donnèrent le même résultat en onces. Il y avait une correspondance remarquable entre les découvertes. Les expériences devraient être répétées, dans des conditions de contrôle plus strictes, car si l'on constatait une corrélation entre une perte de poids bien définie et un fait nettement vérifiable,  tel que l'interruption des ondes cérébrales, on se trouverait réellement enface d'une découverte passionnante. »

Il est difficile de dire si un tel jugement relève de la naïveté ou de la mystification, mais il contient une dose appréciable de ridicule. Même en se passant des âmes des souris,  des poulets et des grenouilles, du docteur Watters, pour ne retenir que les tests portant sur l'homme, la pilule reste difficile à avaler. Selon les docteurs Zaalberg Van Zeist et Duncan Mc Dougall, la perte de poids de 69,5 grammes, correspond au poids de l'âme qui quitte le corps. Le fait que les expériences portèrent, vraisemblablement sur des sujets de corpulence différente, laisse entendre que le « poids » de l'âme est indépendant de celui du corps. Il s’agit d’une constante, dont désormais les médecins doivent tenir compte. Les légistes n’auront plus à se munir de matériel électronique cher et fragile, pour détecter l’interruption des  ondes cérébrales pour se prononcer sur la mort de quelqu’un, ils devront dorénavant faire usage d’une balance, qui penchera d’un côté, dès que l’âme quittera le corps. La méthode est plus sûre et  plus simple. Mais attention, pour les lapins, les souris et les grenouilles, il convient d’abord de définir le poids de leurs âmes respectives avant d’établir un protocole pour  éviter toute confusion entre les espèces. Par la suite il pourra être étendu au règne végétal et animal, car il n’y a aucune raison de penser que seuls les arbres sont démunis d’âme.

Néanmoins, la matérialité de l'âme ouvre un nouveau débat inédit, puisqu’une telle donnée contredit dans les faits, tout ce qui avait été admis jusque là à ce sujet. Une âme matérialisée doit nécessairement se loger à l’intérieur du corps, or jusqu’à présent rien de pareil n’a été signalé nulle part au monde. Ce qui démontre que les prétendues découvertes des honorables hommes de science, ne sont que des supercheries, dont nombre d’auteurs ont recours, plus souvent que de raison,  pour pimenter leurs romans ; faute de quoi  leur « littérature » ne seraient bonnes qu’à jaunir sur les étagères. 

Le Coran qui s’édifie sur le socle de la vérité, ne souscrit évidemment pas à ce genre d’élucubrations, dussent-elles émaner d’hommes qualifiés « d’éminents savants. » L'âme est par définition spirituelle et immatérielle face au corps organique. Le langage psychanalytique reflète bien le dualisme et en même temps la complémentarité d'une telle notion. Les spécialistes utilisent le terme de « soma » pour désigner le corps et celui de « psyché » pour évoquer l’esprit. Le Livre Sacré met en relief la complémentarité existant entre le corps et l’esprit. L'âme peut être quelque chose de plus profond qu'une conscience, comparée par Freud à un organe sensoriel capable de percevoir des événements mentaux internes et de les distinguer des perceptions externes. 

La conscience est animée de sentiments différents, parfois contradictoires. Jung estime « qu’il n’y a pas de conscience pure etsimple mais une gamme d’intensités de conscience, comme il n y a pas de contenu conscient qui ne soit inconscient à un autre point de vue. » 

Freud à son tour considère que le « moi » représente ce qu'on appelle la raison et la sagesse, alors que le « ça » au contraire est dominé par les passions. De sorte, que le « moi » peut-être comparé  au cavalier chargé de maîtriser la force supérieure du cheval, le « ça ». Ce dualisme comportemental est illustré par un verset du Coran qui fait référence aux deux tendances opposées de l'âme : 

« Par l'âme, comme Il (Dieu) l'a bien modelée, en lui inspirant son immoralité et sa piété. » (Coran 91.7-8). 

L'âme est effectivement éprouvée par des tentations et des sentiments contradictoires et doit lutter en permanence pour ne pas tomber dans les excès et le reniement. Son aptitude innée la prédispose à la reconnaissance de l’existence de Dieu, Unique et Tout-puissant. Mais les tendances opposées, issues de la vie mondaine, exercent un attrait puissant, auquel succombent en définitive, ceux qui se laissent obnubiler par les jouissances éphémères. Le Livre Sacré précise encore : 

« Nous l'avons (l’homme) dirigé sur le droit chemin. Qu'il soit reconnaissant ou qu'il soit ingrat. » (Coran 76.3).

L'être humain est ainsi en possession de la raison première qui lui permet de percevoir intuitivement son allégeance absolue au Créateur et au Seigneur de l’univers. Il délaisse cependant parfois, sa part d’intimité et de reconnaissance,  dont est constituée sa nature foncière, pour s'engager dans une voie inverse, factice et trompeuse. Serait-ce la conséquence d'une tare originelle, ou d'une propension qui le prédisposerait à la transgression ? Non, bien au contraire,  Dieu accorde Son attention constante à l’homme :

« Dieu veut vous faire connaître les actions de ceux qui ont vécu avant vous, pour vous diriger et vous pardonner. Dieu est Celui qui sait, Ilest Juste. Dieu veut revenir vers vous, alors que ceux qui suivent leurs passions veulent vous entraîner vers une pente dangereuse. Dieu veut vous alléger (les obligations trop lourdes pour vous), car l'homme a été créé faible. » (Coran 4.26 à 28).

L'homme a été créé faible ; il s’agit d’une vérité indiscutable. Malgré son arrogance et son orgueil, il reste un fragile équilibre de ses myriades de composantes  organiques et spirituelles, et peut être détruit physiquement ou psychiquement par le moindre écart de la nature. Dieu a tenu compte de ses aptitudes et ne lui a rien fait supporter de plus qu'il ne pouvait assumer pleinement : 

« Nous n'imposons rien à une âme qui soit au-dessus de ses moyens (ou de ses capacités). »  (Coran 23.62). 

L'Islam est une religion qui peut être assumée raisonnablement et en pleine connaissance de cause, alors que rien n'aurait pu empêcher le Seigneur de l’univers d'en décider autrement, et d’imposer  à l’homme une charge écrasante. Cette disposition  s’applique  aussi à l’existence qui est jalonnée des problèmes nombreux et redoutables, mais nullement insurmontables. Sans quoi, la vie serait devenue rapidement impossible. Comme toutes les créatures, l'homme est appelé à mourir. C'est le moment de la séparation du corps et de l'âme. Une citation coranique qui évoque cet instant fatal a subi les railleries des commentateurs occidentaux. Il s'agit du passage suivant : 

« Allah accueille les âmes au moment de leur mort, ainsi que celles qui ne meurent pas encore, au moment de leur sommeil ; Il retient les âmes des hommes dont il a décrété la mort et renvoie les autres jusqu'auterme fixé irrévocablement. » (Coran 39.42). 

Les orientalistes interprètent ainsi ce verset : « Selon les Musulmans, l’âme des hommes qui sommeillent ou qui meurent va d'office rejoindre Dieu. L'âme des morts reste en Sa possession, alors que celle des gens endormis leur est renvoyée à leur réveil. » Si durant une nuit agitée, la personne concernée se réveille dix fois, son âme fait autant d'allers et retours entre Dieu et le dormeur ! Un jugement est sommaire et déplacé. Dieu accueille sur place les âmes de ceux qui meurent et de ceux qui dorment,  car Il est en tout lieu de l'univers, ainsi que le précise le Coran : 

« De quelque côté que vous vous tourniez,  là  est La Face de Dieu. Dieu est présent partout (dans l’univers) ». 

Il est aussi présent aux entretiens entre les hommes : 

« Ne vois-tu pas que Dieu sait tout ce qui est dans les cieux et sur terre ? Il ne saurait y avoir une conversation entre trois hommes, sans qu’Il ne soit le quatrième, ni entre cinq d’entre eux, sans qu’Il ne soit le sixième ; ni plus ni moins que cela sans qu’Il soit (présent) avec eux en quelque lieu qu'ils se trouvent. Ensuite, au Jour de la Résurrection, car Dieu est Omniscient. » (Coran 58.7). 

Dieu est non seulement proche des hommes, mais Il est également présent en eux-mêmes dans leur propre conscience. 

« Nous avons créé l'homme et Nous savons ce que son âme luisuggère. Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. » (Coran 50-16). 

 Il est même plus proche que leur propre conscience, ce que les psychanalystes n’arriveront jamais  à comprendre :

 «  Sachez que Dieu s'interpose entre l’homme et sa conscience, Et que vous  serez tous rassemblés devant Lui. » (Coran 8.24).

 Enfin arrive le moment de la mort. Dieu est toujours présent, infiniment et à jamais présent : 

« Lorsque l’âme du moribond remonte à sa gorge et que cela se passe sous vos yeux, Nous sommes alors plus proche de lui, que vous qui l’entourez, sans que vous ne puissiez rien voir. Pourquoi donc, si vous ne devez jamais âtre jugés et rétribués, ne feriez-vous pas revenir cette âme si vous êtes véridiques ? » (Coran 56.83)

Dieu est présent en tous lieux de l’univers, comme au fin fond de la conscience, du « moi » ainsi que le désigne Freud. L’âme des moribonds est reçue par Dieu au moment de la mort et de sa migration définitive. Dieu étant présent partout, l'âme n'a pas besoin d'errer pour Le rencontrer. Elle est recueillie sur les lieux-même de la séparation, sans que ce phénomène soit quelque chose d’évident et de perceptible pour les humains. Puisque le Coran considère que l’âme est un des grands secrets de la création, auxquels l’homme ne pourra jamais accéder. En ce qui concerne le sommeil qui est spécifiquement une perte de conscience temporaire, il n'y a pas de difficultés pour accepter la notion que cette conscience au repos trouve un refuge intérieur auprès de la Miséricorde divine qui emplit l'univers de Sa Présence. 

Dans son état d'inconscience, l’homme n'est plus en mesure de transgresser les Commandements divins, ni d’enfreindre les interdictions, par son comportement rebelle. Il repose dans la sérénité du Créateur de l’univers. Mais dés son réveil, qui implique la récupération de ses facultés mentales, le voilà qui agit selon son inspiration. Le cheminement s'imbrique parfaitement au texte coranique. L'âme n'a pas à vagabonder continuellement, ni à faire des va-et-vient incessants dans l'espace cosmique. Le voyage est interne et métaphysique. Le trajet s'évalue entre le conscient et l'inconscient et pour reprendre les termes de la psychanalyse, entre le « moi » et le « ça » ou quelque chose d'autre, de plus intime et de plus secret, que l’homme n'imagine même pas.

Pour les incrédules, l’âme est une invention  destinée à subjuguer les masses crédules. L'homme, pas plus que les animaux ou les végétaux n'abrite le moindre esprit. A sa mort, il est réduit en poussière et s'anéantit dans la nature sans ressusciter d'aucune manière. C’est là une opinion et comme toute opinion, elle  prête à controverse et peut être remise en cause, pour les mêmes motifs qui ont servis à combattre les tendances adverses, à savoir l'absence de preuves dans la réfutation de l'existence de l'âme. Par ailleurs, la prétention humaine à l'omniscience semble  déplacée, alors que l’homme ne sera jamais en mesure de décrire un grain de sable, dans sa composante, sa nature et les interactions internes qui s’y déroulent. Un peu plus de modestie, ne saurait nuire ceux qui sont  inconscients de leur déficience. 

Les facultés humaines sont restreintes en raison de la conformation propre de la dernière créature apparue sur terre, et notamment de ses limites intellectuelles et le mystère de l’âme démurera pour toujours…un mystère. Le Coran dit : 

« Ils (les incrédules) t'interrogeront au sujet de 1'Esprit. Réponds : l’Esprit procède du Commandement de mon Seigneur. Mais,  il ne vous a été donné que peu de Science. » (Coran 17.85). 

 Ce verset confirme que l’homme, en raison de ses limites organiques et intellectuelles, ne sera jamais en mesure de percer le secret de l'âme et cette impuissance a incité lesathées à  nier son existence. 

Les savants du 17ème  siècle  étaient animés des mêmes intentions. Ils déclaraient avec une assurance surfaite, qu’il  ne saurait exister d'animaux plus petits que le ciron, qui est une variété d'arachnide, pour la simple raison que la vue ne pouvait déceler d'organismes d'une taille inférieure. Cependant, lorsque la loupe (ou le microscope) fut mis au point par le Hollandais Leeuwenhoek et que « des animaux plus petits mille fois qu'un ciron, et qui semblaient dans une goutte d'eau,  comme autant de monstres dans une vaste mer. », apparurent sous l’objectif, ce fut la stupeur chez les scientifiques. Un choc émotionnel à faire douter les certitudes les plus établies. Ils ne cessaient de répéter  gravement, dépassés par les événements : « Comment cela pourrait-il être ? » Oui, cela  pourrait être, parfaitement et même plus que l’impensable. Dans l’œuvre de Dieu, tout pourrait être, seuls les insensés restent aveugles. 

Les recherches sur les mystères de l’âme,  ne sont qu'une réédition des fameux animalcules qui étaient censés « inexister » avant l'utilisation d'instruments adaptés. Il est évident que les adeptes des honorables savants qui ont été  surpris et aigris par les découvertes des animalcules,   dont ils croyaient l’existence  impossible, auront toujours la latitude de dire en guise d'échappatoire, que les moyens d'investigation actuels qui sont un million de fois plus puissants que ceux d’alors, n'ont pas permis non plus, de découvrir le moindre signe de la présence d'une âme dans le corps humain.  Ce qui démontre  que l’esprit n’existe pas. Cependant, une telle conclusion ne plaide nullement pour une inexistence quelconque ;  elle signifie simplement que l'âme est autrement plus subtile que les animalcules, et qu'en multipliant encore des milliards de fois, le pouvoir de résolution des appareils de détection modernes, les scientifiques seront toujours loin de visualiser ou de détecter l’âme ou l’esprit. De la même façon que nul ne saurait prendre un cliché d'un concept ou mesurer la longueur d'onde d'un jugement. 

Un autre problème intrinsèquement difficile s’est posé, récemment aux chercheurs. Il s’agit de la détection des neutrinos, qui est pourtant autrement plus aisée que celle des esprits ! Des expériences ont été réalisées durant des décennies à l'échelle mondiale pour  détecter cette particule fantôme, jusqu’à douter de son existence. Le neutrino serait une particule électroniquement neutre et  l’hypothèse de son existence fut formulée par les physiciens Enrico Fermi et Wolfgang Pauli en 1931, à la suite d'une perte d'énergie constatée au cours de la désintégration d'un neutron dans un noyau d'atome. 

Au début, les physiciens pensaient que le neutrino ne possédait pas de masse, puis ils ont fini par lui attribuer une masse infime. Une de ses particularités réside dans sa faculté de franchir la matière sans rencontrer d'obstacle. Les neutrinos peuvent traverser la terre de part en part, sans être arrêtés par quoi que ce soit. Le globe terrestre représente pour eux un vide presque aussi complet que l'espace. Un neutrino peut traverser une épaisseur de plusieurs milliards de kilomètres d’eau ou de plomb,  à la vitesse de la lumière sans interagir avec la matière. Comme s’il filait dans le vide complet.

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Chaque seconde, le corps humain est traversé par des milliards de neutrinos, qui continuent leur chemin comme s’ils n’avaient rencontré aucun obstacle. Dans de nombreux pays, des installations complexes et coûteuses ont été mises en place afin de piéger le neutrino,  car de sa connaissance découlerait une meilleure approche des lois qui gouvernent l’univers. C’est ainsi qu’a été conçu aux USA, leTevatron un gigantesque accélérateur de particules et qu’à la frontière franco-suisse,  a été installé en  2008, le Grand Collisionneur de Hadrons ou LHC, « Large Hadron Collider », dont la circonférence est de 27 kilomètres, pour désintégrer les particules et étudier leurs composantes et leurs réactions.  Le Seigneur qui a créé ces neutrinos et  d’autres particules plus infimes, n'est-ll pas capable de concevoir une âme, qui soit un peu à leur image, indétectable, sans masse et sans charge ? Bien plus, II pourrait lui donner des propriétés qui la rendraient à jamais indécelable aux appareils les plus perfectionnés. Et toutes les hypothèses que les hommes s'ingénieraient à élaborer resteront des suppositions vagues et sans consistance. 

A la suite de cela, certains hommes convaincus de l'Omnipotence divine diront : « Nous croyons en Dieu, à Sa Toute-puissance et à ce qu'Il a révélé. » D’autres,  au contraire persisteront dans leur refus et contesteront l’existence de l’âme, tant qu’ils ne disposeront pas de preuves « palpables ». Bien que ce domaine se prête bien mal aux démonstrations matérielles, ce qui renforce leurs convictions, déjà forgées par la réfutation de l’existence de Dieu. 

« (Les incroyants) ne possèdent nulle science, ils ne  suivent que des conjectures, qui ne sauraient  tenir lieu de vérité. » (Coran 50.28). 

Le Coran réfute la conception d’une âme pesante et massive qui pourrait être trahie à l'aide d'une balance d'épicier. Il est encore plus loin de ceux qui prennent l'homme pour un engin sans âme, passant sa vie à satisfaire des besoins matériels et disparaissant sans laisser de trace comme s'il n'avait jamais vécu. Croire en Dieu, nécessite d’admettre impérativement l'existence de l'âme La complémentarité du corps organique et de l'âme spirituelle est une exigence de la nature, mais aussi de la raison. Sans faire appel  aux sources médiumniques afin d’éviter de recourir aux manifestations inexpliquées, tout le monde sait que les personnes dotées de pouvoirs extrasensoriels peuvent entrer en communication avec des esprits qui n'ont absolument rien de corporel, et ceci, dans tous les pays du monde. Comme l’objectif de cet ouvrage, est de s’inscrire dans un cadre scientifique, ce pas ne sera pas franchi.

Les gens qui nient l'existence  de l’âme se fondent sur l’absence d'indices qui permettent de la détecter. Cependant, parce qu’elle est synonyme de résurrection et de vie éternelle, la raison implique de lui accorder l'importance fondamentale qui est la sienne C'est une nécessité, car l’être humain est assoiffé de la Miséricorde divine et avide de ressusciter et de vivre enfin, une vie éternelle faite de justice et de bonheur,  dans la Clémence du Seigneur de l'univers. Cet objectif primordial, ne pourra être atteint, que par la soumission à l’Autorité divine et la reconnaissance de l’existence de l’âme.

 

   Mohammed Yacine KASSAB

L’immortalité de l’âme, conception humaine ou révélation biblique ?

« L’homme comprend seulement avec beaucoup de difficulté ce qu’il ne désire pas comprendre en son for intérieur. Il ferme instinctivement son intelligence devant des faits qui le contraignent à abandonner ce qui lui plaît (1). »
 Alexis Carrel

Alors que la résurrection des morts enseignée dans la Bible constitue (devrait constituer) l’une des principales bases (2) de la foi chrétienne, on peut se demander pourquoi si peu de personnes y croient aujourd’hui ? En effet, selon un sondage effectué par l’institut CSA en collaboration avec l’hebdomadaire catholique La Vie et le quotidien Le Monde (3), seulement 4 % (12 % pour les pratiquants réguliers) croient à la résurrection des morts ! Une autre conception en matière de « retour à la vie » triompherait-elle au sein du christianisme contemporain ?

A ce propos, Dennis Gira (4) nous apporte une explication : « Que dire aux chrétiens séduits par la réincarnation, souvent présentée comme scientifiquement fondée et même compatible avec la résurrection (selon certains sondages jusqu’à 43 % de catholiques croient à la réincarnation et la résurrection) ? » Comme les adeptes des religions orientales ou des philosophies empreintes d’orientalisme, de très nombreux chrétiens croient donc à la réincarnation !

Pourquoi la réincarnation est-elle acceptée aussi facilement ? En fait, cette manière de penser si largement répandue aujourd’hui dans le monde fait suite à une autre croyance, essentielle et quasi générale qui remonte à des millénaires : la croyance en l’immortalité de l’âme. Sans l’adhésion à cette idée, il est impossible de croire en la réincarnation.

Or, on sait que cette notion d’immortalité de l’âme fait partie de l’enseignement officiel de l’Eglise catholique dont le catéchisme déclare : « Chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu – elle n’est pas produite par les parents – ; l’Eglise nous apprend aussi qu’elle est immortelle : elle ne périt pas lors de la séparation du corps dans la mort, et s’unira de nouveau au corps lors de la résurrection finale (5). »

Bref, si pour beaucoup de chrétiens, les conceptions sur l’au-delà ressemblent étrangement à celles des tenants de la réincarnation, c’est essentiellement parce qu’elles reposent sur une base commune quant à la nature de l’homme : une vision dualiste qui dépeint l’homme comme un être composite formé d’un corps matériel, mortel et d’une âme immatérielle, immortelle.

Sans qu’il soit possible d’étudier ici toutes les raisons conduisant les chrétiens à accepter aussi facilement la réincarnation, on peut dire que la croyance en l’immortalité de l’âme y contribue avant tout ! Soulignons seulement que l’Eglise catholique a toujours condamné explicitement la réincarnation qui est une conception païenne en totale contradiction avec l’Ecriture et la Tradition.

Après une introduction certes un peu longue, mais ayant néanmoins le mérite de nous conduire progressivement à notre sujet, tentons à présent d’explorer les origines lointaines de cette notion d’âme survivant après la mort, idée considérée généralement comme irréfutable !


D’où vient la notion d’immortalité de l’âme ?

Depuis le début de l’histoire humaine, la mort a sans cesse effrayé les hommes qui ont constamment essayé de comprendre ce qui se passe au-delà de cette échéance ultime. Face au néant insupportable, ceux-ci ont toujours tenté de nier la mort en se rattachant à l’idée apaisante d’une survie immédiate. Pour la majorité des hommes de chaque civilisation, l’antique notion d’immortalité de l’âme semble donc avoir été une réponse rassurante – mais imparfaite – à l’angoisse de l’au-delà.

Selon cette conception, l’âme survit tel un « double du vivant ». Ainsi, la mort n’est pas vraiment la mort puisque « la vie » se poursuit sous une autre forme ! Plus ou moins différente selon les peuples – nous nous limiterons à un rapide aperçu historique –, la représentation de la vie de l’âme après la mort du corps a toujours été empreinte de mystère. Et cet aspect a généralement induit la crainte (peur de l’enfer, pensée que l’âme pourrait interagir avec les vivants) dans le cœur des hommes, un sentiment qui aujourd’hui encore dans nos sociétés occidentales, influence considérablement le culte rendu à « l’âme de nos morts » !

L’immortalité de l’âme est donc une idée qui remonte à la nuit des temps. On trouve déjà, en effet, la notion d’âme survivant après la mort chez les ancêtres lointains des tribus animistes d’Afrique. Pour les Egyptiens, « l’âme, après la mort, va se joindre aux étoiles innombrables (version la plus antique) ou se fondre dans l’âme universelle qui habite le soleil (version panthéiste plus tardive) (6) ». Inconnue jusqu’alors, la pensée de l’immortalité de l’âme apparaît en Grèce au VIe siècle av. J.-C. à travers l’orphisme, courant religieux issu du mythe d’Orphée, enseignant à la fois l’immortalité de l’âme et la réincarnation.

Disciple de l’orphisme, le philosophe Pythagore, lui aussi, n’accepte pas que la vie s’achève par la mort ! A son tour, il influence fortement l’autre philosophe grec – non moins célèbre – Platon (427-347 av. J. C.) pour qui l’âme est immortelle et de nature divine. Ce dernier cherche à le prouver dans son œuvre, le Phédon : « Ce qui est divin, immortel, intelligible, ce qui est indissoluble et possède toujours en même façon son identité à soi-même, voilà à quoi l’âme ressemble le plus. »

Si, jusqu’au milieu du IIe siècle, les premiers chrétiens fidèles à la Bible – qui appréhende l’homme dans son unité – ne se laissent pas séduire par le platonisme, ce n’est plus le cas à partir du IVe siècle. Au fil des années, de façon remarquable, cette idée d’immortalité de l’âme chère au « grand Platon » s’impose de plus en plus à l’esprit des philosophes et des Pères de l’Eglise qui l’adoptent et tentent de l’affiner avant de l’intégrer au christianisme !

C’est ce que témoigne par exemple cette fiche pédagogique de la Bibliothèque Nationale de France : « On pourrait dire que si Saint Augustin a eu la volonté de "christianiser" Platon en l'introduisant dans ses théories religieuses, Saint Thomas d'Aquin "christianisa" à son tour Aristote [disciple de Platon], huit siècles plus tard, avec cette même volonté d'harmoniser le savoir, la sagesse antique et la foi chrétienne (7). » Toutefois, ce n’est qu’en 1513 au concile de Latran V que le dogme de l’immortalité de l’âme est proclamé officiellement (8).

Mais à présent, comme en témoigne L’Encyclopédie catholique pour tous, l’Eglise, à propos de la notion d’âme, semble  avoir du mal à répondre aux critiques de la pensée moderne : « Il est évident que l’histoire de la conception de l’âme explique les difficultés que rencontre aujourd’hui l’Eglise pour en parler (9). »

« Le triomphe de la notion d’immortalité de l’âme est, en définitive, [écrit Charles Gerber] une victoire de l’orgueil humain. » Et cet auteur de citer Aloys Berthoud : « Le dogme de l’immortalité de l’âme est la résultante de l’instinct inné de notre race et d’une raison superbe, ivre de ses facultés. C’est bien, en un sens, ce que l’homme a de plus excellent ; mais c’est la créature se divinisant elle-même dans l’oubli de sa déchéance. C’est l’homme naturel dans le plein épanouissement de son génie, et qui, parce qu’il lui a poussé des ailes, comme au vermisseau devenu papillon, se croit en mesure de défier l’espace et le temps et la mort : orgueil titanesque qui se sent de taille à escalader l’Olympe ! Hélas, c’est toujours l’esprit de la Tour de Babel qui, par ses propres forces et en dépit de Dieu même, se flatte de monter jusqu’au ciel (10). »


Trouve-t-on cette notion dans les Ecritures ?

En réalité, celles-ci nous apprennent – non sans étonnement peut-être – que Satan lui-même, en affirmant : « Non, vous ne mourrez pas, […] vous serez comme des dieux » (Genèse 3.4-5, TOB), aurait été le premier à introduire ce concept d’immortalité humaine… faisant ainsi mentir Dieu qui avait dit au premier homme : « Tu mourras » (Genèse 2.17).

Cela dit, le mot hébreu nèphèsh dans l’Ancien Testament et le mot grec correspondant psychè dans le Nouveau Testament, souvent rendus par « âme », peuvent exprimer en fait divers sens mais très fréquemment signifient l’être entier et non seulement une « division » de celui-ci. C’est ce qu’affirme d’ailleurs L’Encyclopédie catholique pour tous : « La Bible ne distingue pas clairement en l’homme le corps et l’âme, division qui trouve son origine dans la philosophie grecque. […] L’homme selon la Bible est un tout (11). »

D’autre part, dans les Ecritures, quel que soit le sens donné au mot « âme », il s’avère que celui-ci est toujours dépourvu de l’idée d’immortalité. Notons au passage que l’Eglise catholique, tout en reconnaissant avoir adopté la pensée platonicienne, avoue implicitement que cette notion d’âme survivant après la mort n’est pas perceptible dans le texte biblique, c’est ce qui ressort des lignes suivantes extraites d’une note empruntée à la Bible de Jérusalem : « Alors que la philosophie grecque attendait une survie immortelle de l’âme supérieure seule, enfin affranchie du corps, le christianisme ne conçoit l’immortalité que dans la restauration intégrale de l’homme, c’est-à-dire dans la résurrection du corps (12). »

Qu’on l’accepte ou non, nous devons nous rendre à l’évidence : les Ecritures n’emploient jamais l’expression « immortalité de l’âme » ! Si les mots « âme » et « esprit » y apparaissent plus de 1600 fois (13), dans aucun cas, ceux-ci sont qualifiés par l’adjectif « immortel(le) ». Par définition, Dieu seul possède l’immortalité : « le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité » (1 Timothée 6.16). Contrairement à lui, tous les hommes sont donc sujets à la mort.

La Bible nous affirme aussi que dans le séjour des morts (lieu désigné dans l’Ancien Testament par le mot hébreu shéol et dans le Nouveau Testament par le mot grechades), les morts « ne savent rien » : « Les vivants savent au moins qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien du tout. Il n’y a plus pour eux de salaire, puisque leur souvenir est oublié. […] Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le tant que tu en as la force, car il n’y a ni œuvre, ni réflexion, ni savoir, ni sagesse dans le Shéol où tu t’en vas » (Ecclésiaste 9.5, 10, Bible de Jérusalem) ; « Car dans la mort, nul souvenir de toi : dans le shéol, qui te louerait ? » (Psaume 6.6, Bible de Jérusalem, qui à propos de ce verset, donne la précision suivante : « Au shéol, les morts mènent une vie diminuée et silencieuse, sans plus entretenir de rapports avec Dieu »).

Dans le Nouveau Testament, Jésus considère la mort comme un sommeil, tout simplement. Nous trouvons cette affirmation entre autres (une cinquantaine de versets dans le N. T. évoquent le sommeil de la mort) dans le récit de la mort et de la résurrection de Lazare : « Après ces paroles, il leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le réveiller. Les disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri. Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort » (Jean 11.11-14).

Selon ces textes, les morts sont totalement inconscients et ne peuvent donc communiquer, les Ecritures ne nous laissent aucun doute à ce sujet. Notons par ailleurs que les prières en faveur des morts tout comme l’intercession des morts en faveur des vivants ne reposent sur aucune base biblique si ce n’est le deuxième livre des Maccabées, livre totalement ignoré par le Christ, qui ne fait pas partie des livres canoniques juifs. A propos de l’intercession justement, on peut lire dans l’introduction aux livres des Maccabées de la TOB, cette intéressante remarque : « Le second livre des Maccabées marque un autre développement théologique : l’efficacité de la prière et du sacrifice pour expier les péchés des morts (2 M 12.40-45) et réciproquement l’intercession des justes trépassés, tels Onias et Jérémie, en faveur des vivants (2 M 15.11-16). Doctrine qui sera reprise par Philon d’Alexandrie dans son De Exsecrationibus, où les Patriarches sont nommés parmi les intercesseurs. Pour les auteurs du Nouveau Testament, Jésus est le seul médiateur […] Les Eglises de la Réforme refuseront d’aller au-delà, remettant à Dieu le sort des défunts (14). »

En outre, il convient de rappeler que Dieu – confirmant la réalité de la mort – réprouve tous ceux qui tentent de communiquer avec les morts : « Ne vous tournez point vers ceux qui évoquent les esprits, ni vers les devins ; ne les recherchez point, de peur de vous souiller avec eux » (Lévitique 19.31) ; « Si quelqu’un s’adresse aux morts et aux esprits, pour se prostituer à eux, je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple. […] Si un homme ou une femme ont en eux l’esprit d’un mort ou un esprit de divination, ils seront punis de mort » (Lévitique 20.6, 27).

Si l’on se réfère à la Bible, on comprend que les morts ne doivent pas être impliqués dans les phénomènes spirites. N’oublions pas que cette dernière parle de l’existence des bons mais aussi des mauvais esprits (les anges déchus ou les démons qui peuvent, en effet, communiquer avec les moyens dont ils disposent) !


Les Ecritures enseignent la résurrection

« Si la Bible nous enlève [comme le remarque avec perspicacité le théologien Alfred Vaucher] les fausses consolations de la survivance consciente et du surnaturel spirite, elle nous donne la consolation véritable : celle de la résurrection. La consolation que la Bible offre aux affligés, ce n’est pas l’indestructibilité du moi, c’est le réveil de l’être tout entier (15). » Ainsi, pour Jésus, la mort n’est qu’un sommeil… que seul le réveil de la résurrection viendra interrompre. Cette résurrection qui aura lieu à son retour est véritablement l’une des principales bases de la foi chrétienne.

Rappelons que dans sa première lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul réagit vigoureusement devant ceux qui doutent de l’authenticité de la résurrection : « Nous prêchons donc que le Christ est revenu d'entre les morts : comment alors quelques-uns d'entre vous peuvent-ils dire que les morts ne se relèveront pas ? Si tel est le cas, le Christ n'est pas non plus ressuscité ; et si le Christ n'est pas ressuscité, nous n'avons rien à prêcher et vous n'avez rien à croire. De plus, il se trouve que nous sommes de faux témoins de Dieu puisque nous avons certifié qu'il a ressuscité le Christ ; or, il ne l'a pas fait, s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est une illusion […] Si nous avons mis notre espérance dans le Christ uniquement pour cette vie, alors nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Corinthiens 15.12-19, BFC). Et Paul de poursuivre dans une autre de ses lettres : « Le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront d’abord » (1 Thessaloniciens 4.16).

En retournant à la poussière d’où il est venu, l’homme mortel peut avoir l’assurance que l’essence de sa personnalité sera – jusqu’à sa résurrection – sauvegardée dans la mémoire divine. C’est ce qu’explique avec conviction le pasteur adventiste José Elysée : « Dieu a mis au point un plan pour que chaque enfant de Dieu, quoiqu’il puisse arriver à son corps, puisse être préservé et recréé en tant qu’entité individuelle. Dieu possède un moyen de préserver l’information vitale. [...] Comment est-ce possible ? Parce que Dieu a une capacité infinie de stocker l’information. Il possède suffisamment de mémoire, suffisamment de méga-bites pour remplir l’univers tout entier. Il est celui qui a conçu notre pensée à l’origine, il est l’auteur du miracle de notre personnalité unique. Et il est Celui qui peut la préserver même au-delà de la tombe. [...] Paul était confiant et savait que son identité serait préservée en Christ. Elle serait préservée, quelle que puisse être la durée de son dernier sommeil. Même après qu’il soit retourné à la poussière. Même après que toutes traces physiques de Paul aient disparu. Même après que chaque molécule se soit désintégrée. Même à ce moment-là, l’identité de Paul était dans les mains de Dieu. Les informations étaient sauvegardées. Il n’y aurait pas de touche d’effacement dans la mémoire de Dieu (16). »

Ainsi, c’est seulement à la seconde venue de Jésus que ceux qui ont choisi de marcher avec Dieu durant leur existence terrestre – après, c’est trop tard – recevront l’immortalité et que commencera vraiment pour eux la vie éternelle promise. C’est ce que précise Paul lorsqu’il aborde, à la fin de sa première épître aux Corinthiens, la question de l’état des ressuscités : « Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole » (1 Corinthiens 15.53-54). Remarquons qu’il s’agit là du seul passage des Ecritures où l’immortalité est attribuée à l’homme, plus précisément au corps ressuscité et, selon la pensée paulinienne, à l’être humain dans son unité.


Conclusion

En résumé, l’immortalité de l’âme est une pensée qui remonte à des millénaires, un prétexte pour nier la mort en même temps qu’une thèse rassurante – quoique incertaine et non vérifiable – répondant (imparfaitement) à l’angoisse de l’au-delà mystérieux. Depuis longtemps aussi, une idée considérée généralement comme « irréfutable » fortement ancrée dans la plupart des croyances, mais surtout une doctrine paraissant difficilement compatible avec le message limpide de la résurrection révélé dans la Bible.

Aussi, aborder cette question à la lumière des Ecritures, c’est prendre le risque d’entrer dans le champ de la controverse. Mais, faisant preuve d’une indépendance de pensée courageuse, de nombreux auteurs l’ont fait. En guise de conclusion, citons-en quelques-uns.

Tout d'abord, voici ce qu'écrit à ce propos l’ancien professeur d’Université Oscar Cullmann (il a enseigné à Paris et à Bâle) : « Posez à un chrétien, protestant ou catholique, intellectuel ou non, la question suivante : qu'enseigne le Nouveau Testament sur le sort individuel de l'homme après la mort, à très peu d'exceptions près vous aurez toujours la même réponse : l'immortalité de l'âme. Et pourtant cette opinion, quelque répandue qu'elle soit, est un des plus graves malentendus concernant le christianisme. Il est inutile de vouloir passer ce fait sous silence ou de le voiler par des interprétations arbitraires qui font violence au texte. […] La réponse à la question que nous avons posée : immortalité de l'âme ou résurrection des morts dans le Nouveau Testament, sera claire. La doctrine du grand Socrate, du grand Platon est incompatible avec l'enseignement du Nouveau Testament (17). »

Pour sa part, l’autre théologien, écrivain (il a écrit plus de 40 livres) et ex-professeur bien connu (Université de Bordeaux), Jacques Ellul, affirme qu’ « il y a eu une contamination par la pensée grecque, concernant l’immortalité de l’âme. Dans la pensée juive, la mort est totale. Juive ou chrétienne, de toute façon, puisque les deux Testaments de la Bible ne s’opposent pas du tout. Il n’y a pas d’âme immortelle. Il n’y a pas de division entre le corps et l’âme. Il n’y a, à la mort, aucune séparation entre ces deux choses. L’âme est mortelle, parce que le corps l’est. Mais il y a résurrection. [...] Or la philosophie grecque va faire pénétrer cette notion d’âme immortelle chez les théologiens. Puis, comme c’était une croyance répandue dans les religions populaires, elle va être intégrée au christianisme. Mais c’est une perversion totale par rapport à la pensée biblique (18) » !

Roland Meyer, chercheur et conférencier, ne tient pas un autre langage : « Nulle part la Bible ne décrit l’homme, ou une “partie“ de celui-ci, comme immortel. […] La notion d’immortalité de l’âme n’est pas biblique. Il faut donc chercher ailleurs cette origine et en particulier chez Platon (19). »

Le professeur Charles Wackenheim abonde dans le même sens : « Les Hébreux ignorent le culte des morts compris au sens des Egyptiens. [...] Dans la perspective de la Bible, on ne peut pas envisager une doctrine de l’immortalité de l’âme, tout simplement parce que l’homme biblique n’est pas doté d’une âme immortelle telle que Platon l’avait conçue (20). »

Le pasteur Roger Mehl qui a été professeur à la Faculté de Théologie protestante de l’Université de Strasbourg est peut-être le plus catégorique : « L’âme [écrit-il] n’est pas un îlot de divinité qui se trouverait enfermé dans un corps mortel. L’âme participe au sort de la personne tout entière. […] C’est donc la mortalité de l’âme que le christianisme enseigne. La rupture avec la philosophie est ici éclatante (21). »

Cédons maintenant la parole au théologien Philippe-Henri Menoud : « L’idée de l’immortalité de l’âme et la foi en la résurrection des morts ne sont pas deux affirmations plus ou moins équivalentes […] Ce sont, au contraire, deux conceptions situées sur deux plans totalement différents et entre lesquelles il faut choisir. L’espérance chrétienne n’a pas son point d’appui dans la croyance en l’immortalité de l’âme humaine. Le Nouveau Testament ne fait pas la moindre allusion à cette théorie. [Ce dernier] n’enseigne pas, à la manière de la philosophie grecque, l’immortalité naturelle de l’âme humaine, comme s’il suffisait d’être délivré du corps pour vivre éternellement (22). »

Quant à Roland de Pury, le célèbre pasteur évangélique suisse, il voit dans le « dogme païen (platonicien ou stoïcien) de l’immortalité de l’âme », une « solution humaine devenue pour beaucoup la solution chrétienne » et qui « tend insidieusement à se confondre avec la promesse de l’Evangile. Les ravages que ce dogme a faits dans la prédication chrétienne sont incalculables et bouleversants, car il finit par être le fondement de la plupart de nos discours funéraires. Quelle ironie dans le fait que le peuple qui fut de tous le plus attaché à cette croyance, et qui nous en a laissé les témoignages les plus émouvants, soit le peuple d’Egypte, celui sur lequel la Bible fait peser la malédiction de Dieu ! [Esaïe 19, Jérémie 46] Alors que la Bible elle-même, sur quoi doit reposer notre prédication, ne contient nulle part la moindre trace d’une croyance à l’immortalité de l’âme (23) ».

De son côté, Christian Delorme, prêtre à Lyon, écrit dans l'historique Pèlerin : « Avec vous, je peux interroger les données bibliques. J'y trouve ainsi deux grands courants. Pour l'un, conforme à la mentalité sémitique, il n'y a pas de distinction possible entre l'âme et le corps. A la mort, c'est l'homme tout entier qui disparaît, en attendant le jour où il sera relevé par Dieu d'entre les morts. Mais il y a aussi un autre courant, certainement influencé par la pensée de Platon, qui admet dans l'homme la présence d'une âme immortelle, distincte de son corps mortel (24). »

Citons également l’éminent théologien dominicain, Louis Dingemans, (celui-ci a notamment enseigné la sociologie à Rome et participé, pendant le Concile Vatican II, à la rédaction de la Constitution pastorale Gaudium et Spes) : « J’ai beau scruter les Ecritures, je n’y trouve pas trace d’une âme immortelle, aucune confirmation de cette définition de l’homme donnée par le petit catéchisme de Malines de mon enfance : “L’homme est une créature de Dieu, composé d’un corps mortel et d’une âme immortelle”. Par contre, je trouve dans le Symbole des Apôtres cette affirmation : “Je crois en la résurrection de la chair”. En fait, la théologie hébraïque ne faisait aucune allusion à la séparation de la chair et de l’esprit, tout en sachant bien que nous vivions concrètement des tensions entre les aspirations de notre esprit et la pesanteur de notre corps. Mais l’anthropologie juive n’était pas du tout dualiste (25). »

Et Louis Dingemans de poursuivre : « D’où vient donc cette âme immortelle ? Ce thème a pénétré la pensée chrétienne sous l’influence de l’anthropologie dualiste des philosophes grecs, principalement de Platon. Il ne pouvait pas imaginer que l’esprit humain capable d’abstraction puisse périr en même temps que le corps dont il était en quelque sorte prisonnier. Même si d’autres philosophes comme Aristote associent davantage le corps et l’esprit, ils restent dans la lignée platonicienne. Cette dernière n’est pas seulement étrangère à la pensée hébraïque, mais elle l’est aussi à la science moderne. [...] Notre cerveau est plus qu’un ordinateur incroyablement perfectionné. Mais cependant, l’idée d’une âme ou d’un esprit séparé du corps et fonctionnant indépendamment de lui est devenue totalement étrangère à la pensée scientifique. Je crois donc à la résurrection de la chair, c’est-à-dire de l’homme tout entier et non pas à une survie naturelle d’une âme immortelle. Les théologiens imprégnés du dualisme grec ont d’ailleurs dû se livrer à d’étranges contorsions en distinguant deux jugements de Dieu : en premier lieu le jugement particulier de chaque âme immortelle aussitôt après la mort du corps et en second lieu le jugement dernier où le corps ressuscité vient rejoindre l’âme. [...] Je n’ai pas d’âme immortelle, et la résurrection que j’espère n’est pas un fruit de ma nature. Elle est pur don gratuit de Dieu et c’est en cette infinité de sa bonté que je mets ma confiance (26). »

Enfin, il serait injuste de ne pas citer Pierre Rabischong – professeur émérite et doyen honoraire de la faculté de Médecine de Montpellier, vice-président de l’Académie mondiale des technologies biomédicales à l’UNESCO – qui tente dans un ouvrage scientifique très sérieux de répondre à la question des origines de l’homme et de son devenir après la mort : « Tout être vivant va à la mort, qui est la fin du fonctionnement des cellules et des organes, avec une extinction irréversible de l’esprit, lié de façon directe et totale avec le cerveau. La survie de la mort est dans la mémoire des vivants. Aucun phénomène spirituel ne peut exister par lui-même sans un système neuronal, qui l’identifie comme tel. […] Les grandes religions monothéistes parlent d’une autre vie après la mort […] Le fait, qu’on puisse, ce qui est toléré par certaines religions, incinérer le corps après la mort le réduisant en cendre, impose d’imaginer une constante de l’individu, qui permettrait, après une période de néant d’une longueur inconnue, sa survie complète, c’est-à-dire consciente. Or il n’y a pas conscience sans cerveau et on peut, à titre d’hypothèse, considérer que la confusion introduite par les philosophes grecs entre l’esprit et l’âme devrait être modifiée profondément en donnant à l’âme une signification différente. L’esprit est un concept biologique. L’âme ne l’est pas. S’il doit y avoir une résurrection, qui en fait devra être une “re-création” d’un corps différent, puisque l’autre aura réellement disparu, il faudra un équivalent de cerveau, pour nous redonner la conscience d’être et de comprendre […] L’âme pourrait donc être une carte d’identité de l’individu unique, que nous sommes tous, une sorte de carte à mémoire faite avec une “puce divine” qui nous inscrirait définitivement dans le code du Constructeur (27). »

Afin de ne pas trop alourdir cette conclusion, nous nous limiterons donc à ces quelques commentaires. Toutefois, nous ne voulons pas oublier de louer par ailleurs, les hommes et les femmes de plus en plus nombreux aujourd’hui (28), qui, conscients que la sagesse humaine n’est pas un guide suffisant et persuadés qu’ils ont encore beaucoup à apprendre de la Bible, sont prêts pour progresser vers la vérité à renoncer à faire aveuglément confiance à certaines idées reçues, même lorsque celles-ci ont traversé les millénaires. 


Claude Bouchot

Existe-il une vie après la mort?

La question à savoir s’il existe ou non une vie après la mort ne relève pas de la science; car la science ne s’intéresse qu’à la classification et à l’enregistrement de données.  De plus, ce n’est que depuis quelques siècles que l’homme s’intéresse aux recherches scientifiques, au sens moderne du terme, alors qu’il est familier avec l’idée de la vie après la mort depuis des temps immémoriaux.

Tous les prophètes de Dieu ont appelé leur peuple à adorer Dieu et à croire en la vie après la mort.  Ils ont tellement insisté sur la croyance en la vie après la mort que le moindre doute concernant son existence était considéré comme un rejet de Dieu et rendait dénuées de sens toutes les autres croyances.  Des prophètes de Dieu sont venus et sont repartis, leurs missions ont été réparties sur des milliers d’années et pourtant, ils ont tous parlé de la croyance en la vie après la mort.  Le fait même qu’ils aient tous traité de cette question métaphysique avec autant d’assurance et d’unanimité démontre que la source de leur science de l’au-delà était la même, c’est-à-dire la révélation divine.

Nous savons également que les peuples de ces prophètes de Dieu s’opposaient violemment à eux, surtout sur la question de la résurrection, chose qu’ils croyaient tout à fait impossible.  Mais en dépit de cette opposition, les prophètes ont conquis de nombreux fidèles sincères.  On peut se demander ce qui a poussé ces nouveaux fidèles à abandonner leurs anciennes croyances, les traditions et coutumes de leurs ancêtres, courant ainsi le risque d’être totalement ostracisés par leur communauté.  La réponse est tout simplement qu’ils ont utilisé leur intelligence et laissé parler leur cœur, ce qui les amenés à comprendre la vérité.  L’ont-ils comprise pour l’avoir expérimentée?  Non, bien sûr, car nul ne peut faire l’expérience de la vie après la mort pour ensuite en revenir.

En fait, en plus de la conscience perceptuelle, Dieu a donné à l’homme une conscience rationnelle, esthétique et morale.  C’est cette conscience qui guide l’homme face aux réalités qui ne peuvent être vérifiées par des données sensorielles.  C’est pourquoi tous les prophètes de Dieu, en invitant les gens à croire en Dieu et en l’au-delà, faisaient appel à leurs côtés esthétique, moral et rationnel.  Par exemple, lorsque les idolâtres de la Mecque ont nié la possibilité d’une vie après la mort, le Coran a exposé la faiblesse de leur position en présentant des arguments logiques et rationnels :

« Oubliant qu’il a été créé, il Nous propose une comparaison (en demandant) : « Qui redonnera vie aux ossements lorsqu’ils auront été réduits en poussière? ».  Dis : « C’est Celui qui les a créés la première fois qui leur redonnera vie, car Il connaît parfaitement toute création.  C’est Lui qui, de l’arbre vert, a fait du feu pour vous; et à partir de cela, vous allumez [vos propres feux].  Celui qui a créé les cieux et la terre ne serait-Il pas capable de créer leurs pareils?  Oui, bien sûr!  Car Il est le Créateur suprême, l’Omniscient. » (Coran 36:78-81)

À une autre occasion, le Coran affirme clairement que les mécréants ne se fondent sur rien de solide pour nier l’existence de l’au-delà.  Leur raisonnement n’est basé que sur des conjectures :

« Et ils disent : « Il n’y a pour nous que la vie d’ici-bas : nous mourons et nous vivons, et seul le temps nous fait périr. »  De tout cela, ils n’ont en réalité aucune connaissance et ne font qu’émettre des conjectures.  Et quand on leur récite Nos révélations si claires, le seul argument qu’ils émettent est : « Faites revenir nos ancêtres, si vous êtes véridiques. »  (Coran 45:24-25)

Il ne fait aucun doute que Dieu ressuscitera tous les hommes, mais pas à notre fantaisie; Dieu a Ses propres plans et Il fait ce qu’Il veut.  Un jour viendra où l’univers tout entier sera détruit et où tous les morts seront ressuscités et amenés devant Dieu.  Ce jour marquera le début d’une vie éternelle, et chaque personne sera rétribuée par Dieu sur la base de ses bonnes et de ses mauvaises actions.

L’explication que donne le Coran sur la nécessité de la vie après la mort est en parfaite harmonie avec la conscience morale de l’homme.  S’il n’y avait pas de vie après la mort, la croyance même en Dieu n’aurait plus sa raison d’être; et même si l’on croyait en Dieu, on croirait en un Dieu injuste et indifférent qui aurait créé l’homme et se serait par la suite complètement désintéressé de son sort.  Mais Dieu est juste et Il châtiera les tyrans dont les crimes sont innombrables : meurtre de milliers de personnes innocentes, corruption de leur peuple, esclavage de personnes pour combler leurs caprices, etc.  L’homme ayant une vie relativement courte en ce monde, et ce monde n’étant pas éternel, les châtiments ou les rétributions qui équivalent aux mauvaises ou aux bonnes actions des gens ne peuvent être pleinement appliqués, ici.  Le Coran affirme de façon catégorique que le Jour du Jugement viendra et que Dieu décidera du sort de chaque âme, sur la base de ses actions :

« Ceux qui ne croient pas disent : « Nous ne verrons pas venir l’Heure. »  Réponds : « Par mon Seigneur!  Elle vous surprendra à coup sûr!  [Mon Seigneur est] Celui qui connaît l’invisible et rien, dans les cieux comme sur la terre, ne Lui échappe, [cette chose] fut-elle du poids d’un atome, ou d’un poids plus grand ou moindre.  Et il n’est rien qui ne soit inscrit dans un Livre explicite.  [Cela] afin qu’Il récompense ceux qui croient et font le bien.  Pour eux, il y aura un pardon et un don généreux. »  Mais ceux qui s’efforcent [de réfuter] Nos révélations et qui Nous défient recevront un douloureux châtiment. » (Coran 34:3-5)

Le Jour de la Résurrection sera le Jour où les attributs de justice et de miséricorde de Dieu se manifesteront pleinement.  Dieu couvrira de Sa miséricorde ceux qui auront souffert pour Lui en ce bas monde, croyant fermement qu’un bonheur éternel les attendait.  Mais ceux qui auront abusé des bienfaits de Dieu, ne se préoccupant guère de l’au-delà, seront dans un état des plus misérables.  Établissant une comparaison entre eux, le Coran dit :

« Celui à qui Nous avons fait une belle promesse dont il verra l’accomplissement [dans l’au-delà] est-il comparable à celui que Nous avons comblé de biens  en ce monde et qui, le Jour de la Résurrection, devra comparaître (devant Nous)? » (Coran 28:61)

 

 

Dans le Coran

Le Coran affirme que cette vie d’ici-bas est une phase préparatoire à la vie éternelle, après la mort.  Mais ceux qui le nient deviennent esclaves de leurs passions et de leurs désirs et se moquent des gens vertueux qui craignent Dieu.  De telles personnes ne réalisent leur folie qu’au moment de leur mort et souhaitent en vain qu’on leur accorde une seconde chance en ce monde.  L’état misérable dans lequel elles se trouvent au moment de leur mort, l’horreur du Jour du Jugement et l’éternelle félicité promise aux croyants sincères sont décrits dans les versets coraniques suivants :

« Puis lorsque la mort vient à l’un d’eux, il dit : « Seigneur!  Renvoies-moi (sur terre) afin [que je me rachète] et accomplisse de bonnes œuvres  dans ces domaines que je négligeais! »  Mais ce ne sont que de vaines paroles, qu’il prononce.  Derrière eux, et jusqu’au jour où ils seront ressuscités, se dresse une barrière.  Et le jour où l’on soufflera dans la Trompe, il ne subsistera plus aucun lien de parenté entre eux, et [ils ne penseront point] à s’enquérir les uns des autres.  Puis, ceux dont (les bonnes actions) pèseront lourd dans la balance seront les bienheureux.  Et ceux dont (les bonnes actions) pèseront peu seront ceux qui auront ruiné leur âme, et ils demeureront en Enfer pour l’éternité.  Là, le feu brûlera leur visage et ils auront les lèvres crispées. » (Coran 23:99-104)

La croyance en la vie après la mort garantit non seulement le salut dans l’au-delà, mais apporte aussi paix et bonheur en ce monde.  Cela parce que la foi et la croyance en l’au-delà rendent les gens responsables et dévoués dans leurs activités quotidiennes, car ils sont emplis de la crainte de Dieu, de la crainte de Son châtiment et de l’espoir de Sa rétribution.

À l’époque du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), le peuple d’Arabie était dans un état misérable.  Les jeux d’argent, le vin, les vendettas tribales, les pillages et le meurtre étaient choses courantes chez eux, au moment où nul ne croyait en l’au-delà.  Mais dès qu’ils eurent accepté la croyance en un Dieu unique et en la vie après la mort, ils devinrent le peuple le plus discipliné de leur époque.  Ils abandonnèrent leurs vices, se mirent à s’entraider et à régler toutes leurs disputes en se fondant sur la justice et l’égalité.  Nier l’existence de la vie après la mort a aussi des répercussions en ce monde.  Lorsqu’une nation tout entière nie l’existence de l’au-delà, la corruption et des maux de toutes sortes s’en emparent, et elle ne court qu’à sa destruction.  Le Coran mentionne la fin terrible des ‘Aad, des Thamoud et de Pharaon en ces termes :

« (Les tribus des) Thamoud et des ‘Aad n’ont pas cru au cataclysme à venir.  Les Thamoud furent détruits par la foudre.  Et les ‘Aad furent détruits par un vent mugissant d’une violence inouïe  que [Dieu] leur imposa durant sept nuits et huit jours consécutifs; tu voyais alors des gens gisant inertes par terre, tels des troncs de palmiers creux.  En vois-tu le moindre vestige, (ô Mohammed)?

« Pharaon et ceux qui vécurent avant lui, de même que les villes renversées persistèrent dans leurs péchés.  Ils désobéirent au messager de leur Seigneur, alors Celui-ci les saisit sans leur laisser aucune échappatoire.  Quand les eaux [du déluge] se déchaînèrent, Nous vous transportâmes à bord de l’Arche afin d’en faire pour vous un rappel (constant) et afin que toute oreille [qui en écoute le récit] en conserve le souvenir [et en comprenne la signification].

« Puis, quand on soufflera une fois dans la Trompe, et que la terre et les montagnes seront soulevées puis pulvérisées d’un seul coup, ce jour-là, alors, l’Événement se produira.  Le ciel se fendra et s’écroulera, car ce Jour-là, [rien ne le retiendra].  Sur ses côtés se tiendront les anges et huit d’entre eux, ce Jour-là, porteront au-dessus d’eux le Trône de ton Seigneur.  Ce jour-là, vous serez (tous) exposés, et aucun de vos secrets ne demeurera caché.

« Celui à qui l’on remettra le livre (de ses œuvres) dans la  main droite dira : « Tenez!  Lisez mon livre!  Je croyais fermement devoir un jour rendre compte [de mes actes]. »  Il jouira d’un séjour agréable dans un jardin haut placé [du Paradis], dont les fruits seront à portée de main.  (Et on dira à ses habitants) : « Mangez et buvez comme vous voulez, en récompense des bonnes actions que vous avez faites dans le passé. »

« Quant à celui à qui l’on remettra le livre (de ses œuvres) dans la main gauche, il dira : « Hélas!  J’aurais souhaité qu’on ne me remette pas mon livre et ne pas connaître le bilan de mes œuvres.  Si seulement ma mort avait été définitive [et sans retour] !  Ma fortune ne m’a servi à rien et mon autorité m’a quitté à jamais. » (Coran 69:4-29)

Il existe donc de très bonnes raisons de croire en la vie après la mort.

Premièrement, tous les prophètes de Dieu ont invité leur peuple à y croire.

Deuxièmement, quand une société humaine est bâtie sur les fondements de cette croyance, elle devient pacifique et dépourvue de lourds problèmes sociaux et moraux.

Troisièmement, l’histoire témoigne du fait qu’à chaque fois que cette croyance a été niée et rejetée collectivement, par une société, en dépit des avertissements répétés de son prophète, cette société a été châtiée par Dieu, même en ce monde.

Quatrièmement, la conscience morale, esthétique et rationnelle de l’homme est en parfaite harmonie avec cette croyance.

Cinquièmement, les attributs de justice et de miséricorde de Dieu n’auraient plus aucune signification si la vie après la mort n’existait pas.

 

 

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