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Causes et nature des divergences entre les écoles juridiques

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Les causes des divergences doctrinales

A l’origine des divergences doctrinales, on trouve des causes multiples, notamment :
- 1- la différence de compréhension de certains textes du Coran et de la Sunna par les uns et les autres, d’autant plus que certains Hadiths connus des uns, étaient ignorés des autres.
- 2- la différence des méthodes de raisonnement et d’interprétation des textes. Certains Imâms s’attachent à l’esprit du texte, au but recherché par le législateur, on peut les appeler finalistes, d’autres s’en tiennent strictement au sens littéral, sans tenir compte de la raison de la règle, ni de sa finalité, on peut les appeler formalistes ou littéralistes.
- 3- les conditions d’authenticité du Hadith utilisé comme fondement juridique. Faut-il se baser sur les seuls Hadiths authentiques ? Peut-on prendre en considération les Hadiths faibles ?

Les réponses à ces questions diffèrent d’un Imâm à l’autre. Il convient de distinguer entre les divergences portant sur le dogme et les divergences doctrinales. Les premières, touchant la religion, engendrent des divisions et des dissensions graves au sein de la communauté. Tandis que les divergences doctrinales sont l’expression de cette diversité qui fait la richesse de l’Islam ; la pluralité d’opinions implique une pluralité de choix susceptibles de servir de couverture juridique à certains excès ou manquements par oubli ou par ignorance. Ces divergences qui, très souvent, se complètent et se rejoignent ont en effet permis d’élargir l’éventail des solutions aux multiples problèmes. Elles offrent de nombreuses possibilités permettant aux uns et aux autres de choisir la solution qui leur convient, leur facilitant par-là même la pratique de la religion. A cet égard, on peut considérer ces divergences comme une miséricorde divine parce qu’elles contribuent à faciliter la vie dans le cadre de la religion.

Nature des divergences : quelques exemples :

Concernant la Zakât du bétail, le Hadith dit : « Chaque quarante moutons, un mouton » Les tenants du Hadith s’en tiennent à la lettre du texte et ils exigent un mouton. En revanche, les tenants de l’opinion recherchent le motif du précepte. Pour eux, le but du législateur est de venir en aide aux pauvres avec le don d’un mouton ou de sa valeur en argent. Ils laissent le choix au propriétaire de quarante moutons de donner, soit un mouton, soit son prix.

L’ambiguïté de certains termes du Coran et de la sunna peut donner lieu à des interprétations différentes, exemple : le terme « qurû’ » qui signifie soit les menstruations, soit les périodes de pureté. Le Coran dit : « Et les femmes divorcées doivent observer un délai d’attente de trois qurû’. » s2 v228 Achafei, Ahmed et Mâlik considèrent que le qurû’ signifie la période de pureté. Abou Hanifa l’entend dans le sens de la période des menstruations.

A propos de la prière pour le défunt, il existe trois versions de Hadith : l’un dit : « Celui qui fait une prière funéraire dans la mosquée, rien contre lui ». Une autre version dit : « Celui qui fait une prière funéraire dans la mosquée, rien pour lui ». Une troisième version dit : « aucune prière pour lui ». De plus, on a rapporté des témoignages corroborant l’interdiction : Salah Mawla Tawama a dit : « J’ai connu des hommes qui, eux-mêmes ont connu le prophète (psl) et Abu Bakr lesquels ont refusé la prière pour le défunt dans la mosquée ». « J’ai vu le cercueil déposé dans la mosquée et j’ai vu Abu Hurayra partir sans accomplir la prière ».

Or, celui qui s’appuie sur la première version, peut célébrer la prière pour le défunt dans la mosquée, c’est la doctrine d’Achafei et d’autres. Par contre, celui qui prend en considération les autres versions, se refusera à exécuter la prière funéraire dans la mosquée, c’est la doctrine d’Abou Hanifa et autres. Quoi que nous fassions, nous avons une justification et une couverture doctrinale.

« Le vendeur et l’acheteur ont le choix avant de se séparer ». Ce Hadith veut dire que le contrat n’est conclu qu’après leur séparation. Il y a eu divergence au sujet de la séparation. Doit-on comprendre qu’ils se séparent par les corps ou par la parole ? S’ils étaient embarqués dans une barque, comment peuvent-ils se séparer ? (Abou Hanifa)

Comme mentionné plus haut, le Fiqh ou doctrine est différent de la Chari’a ; celle-ci est la règle de droit, tandis que le Fiqh est l’effort intellectuel pour sa compréhension et son application. C’est un peu comme la loi et son décret d’application.

En Islam, le mot doctrine signifie fiqh, mais il peut signifier aussi “Madhab”. Il ne se limite pas au droit, il s’étend au culte et à tous les domaines de la vie. Etant donné l’existence d’une pluralité d’écoles juridiques islamiques “Madhabib”, on peut dire qu’il existe plusieurs doctrines, car chaque école ou Madhab dispose de sa propre doctrine. Pourquoi existe-t-il plusieurs doctrines ? La réponse à cette question tient simplement au fait qu’il existe une pluralité d’opinions et donc d’écoles. Cette pluralité d’opinions, d’écoles ou de doctrines est due à plusieurs facteurs, à savoir :
- 1- La souplesse de la charia et sa capacité à s’adapter à toutes les circonstances de temps et d’espace. C’est-à-dire toutes les époques et tous les milieux.
- 2- Les différences de compréhension des textes du Coran et de la Sunna.
- 3- La différence des méthodes d’interprétation du texte. Certains s’attachent à la lettre (littéralistes), d’autres à l’esprit, à la finalité du texte, (finalistes).

Certains pensent que l’interprétation et la fatwa doivent changer en fonction des changements du temps et du milieu. Achafei et Ibn al Qaïm sont partisans du changement ; d’autres s’opposent à cette vision ; pour eux il ne doit pas y avoir de changement dans l’avis juridique (fatwa) comme il ne doit pas y avoir deux poids et deux mesures dans les affaires juridiques.
- 4- Les conditions d’authenticité du hadith utilisé comme fondement juridique pour justifier ou condamner une action.

Faut-il se servir des seuls hadiths authentiques et rejeter les hadiths faibles et apocryphes ? La réponse à cette question varie d’un Imâm à l’autre.

Il existe plusieurs sortes de divergences :
- 1- Des divergences sur les principes de la foi et du tawhid ;
- 2- Des divergences de nature politique et idéologique ;
- 3- Des divergences d’ordre juridique et doctrinal.

Il est indéniable que les Imâms jurisconsultes, au-delà de leurs divergences, ont déployé des efforts gigantesques tendant à simplifier et à faire connaître la religion dans toutes ses dimensions, ses implications et ses principes. Ils ont fait preuve d’humilité et d’objectivité dans la réalisation de ce grand ensemble doctrinal.

Nous avons vu plus haut qu’ils interdisaient aux gens, voire à leurs disciples, de les imiter aveuglément, leur disant : « personne n’a le droit de dire ce que nous disons s’il ne connaît pas nos preuves ».

Ils ont déclaré que la base de leur doctrine était constituée des hadiths authentiques, non pas parce qu’ils voulaient imiter l’infaillible (le Prophète paix et salut sur lui ), mais c’était dans le but d’aider les gens à bien comprendre les commandements et les prescriptions de Dieu.

Cette dynamique qui a caractérisé l’époque des Imâms commença à faiblir peu à peu, cédant la place à l’instinct du mimétisme et de l’imitation si bien qu’on cessa de faire référence au Coran et à la Sunna pour s’enfermer dans une doctrine. On a vu naître des querelles partisanes ; chaque groupe s’évertuant à défendre fanatiquement son Imâm et sa doctrine, n’hésitant pas à occulter ou taire le hadith ou l’opinion qui la ou le contredit.

Ainsi, la parole de l’Imâm est devenue parole du Coran, voire plus crédible, ce qui a poussé El Karkhy à dire : « tout verset ou hadith qui contredit l’avis de nos Imâms est, soit déformé par interprétation, soit abrogé. »

Ce conformisme aveugle aux doctrines des quatre Imâms a éloigné la communauté de la bonne voie tracée par le Livre et la Sunna. On commença alors à parler de la fermeture de la porte de l’Ijtihad.

« La législation est devenue la parole des Imâms et les paroles des Imâms sont devenues la législation, et toute personne qui se détourne des paroles des Imâms est considérée comme innovateur dont les propos ne sont pas dignes de confiance et ses jugements sont invalides » [1].

Cette situation anarchique a été favorisée par la multiplication d’écoles privées et publiques consacrées à l’enseignement desdites doctrines avec des bourses importantes, ce qui a détourné les gens de l’Ijtihad et de toute initiative susceptible de surpasser les doctrines existantes. Celui qui s’en écarte sera privé d’emploi et taxé d’innovateur (moubtadi’e).

C’est ainsi que fut déclenchée la rumeur de la fermeture de la porte de l’Ijtihad, rumeur alimentée par ceux qui ne voulaient pas voir l’islam avancer. Conséquences :
- 1) La communauté s’est divisée en une multitude de partis et de sectes et cette division a atteint des proportions telles que l’on se demande si le mariage d’un Achafei avec une Hanafite était valide ? On décida que le mariage est valable par analogie avec le statut d’une chrétienne ou d’une juive.

- 2) La multiplication des innovations, la disparition des traces de la tradition authentique du Prophète, la sclérose de la pensée, le gel de l’activité intellectuelle et la perte de l’indépendance de l’esprit scientifique. Ce qui a conduit à l’étiolement de la personnalité de la Umma, à sa stérilité et empêché sa renaissance et sa progression pendant des siècles.

Aujourd’hui, grâce à Dieu, on peut dire que la Umma est en train de se réveiller malgré les multiples défis internes et externes.

L’Ijtihad est en passe de partir sur de bonnes bases en dépit de l’absence d’une direction politique unifiée.

On assiste au développement de deux formes d’Ijtihad, un Ijtihad individuel et un autre collectif. Celui-ci commence à voir le jour avec la mise en place de groupements de savants de Fiqh au niveau de l’université d’Al-Azhar, au niveau de la ligue islamique mondial, de l’organisation de la conférence islamique (OCI), du Conseil supérieur des savants à Dublin ; des structures analogues ont fait apparition en Inde, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays musulmans.

Ces institutions annoncent l’avènement d’une ère meilleure pour la Umma même s’il reste beaucoup à faire dans d’autres domaines.


Notes

[1] Sayed Sabiq : Fiqh as-sunna (introduction) vol.1, 1ere édition Dal El Fikr 1996

 

http://www.bismillah-debats.net/Causes-et-Nature-des-divergences.html

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