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Les divers genres de récits anecdotiques dans le Coran.

Les qisas historiques (pp.119­150).

Ces premiers récits anecdotiques présentent la caractéristique de mettre en avant certains événements, certains personnages ayant une historicité réelle. Néanmoins, ils trahissent une évidente liberté par rapport à l'histoire comme telle. Un choix d'événements

L'histoire de Lot tout d'abord,, dont nous résumerons schématiquement les deux présentations. En Coran,61­75, l'ordre de succession des événements est le suivant : les hôtes reconnus comme les Envoyés de Dieu ; invitation faite à Lot de partir ; annonce du châtiment (Lot sera épargné) ; arrivée du peuple ; dialogue entre Lot et son peuple. Lot par conséquent sait dès le début qu'il échappera au châtiment infligé à son peuple. Par analogie de situation, cette qissa a pour but d'annoncer les malheurs de ceux qui accusent le Prophète Muhammad de mensonge (cf. Coran 15,92­99). Le Prophète, quant à lui, jouira de la Protection divine... En Coran 11,77­83, l'ordre des faits se présente comme suit : arrivée des envoyés (on ignore encore leur identité) ; trouble intérieur de Lot ; venue du peuple et son hostilité envers les hôtes ; pour protéger ses hôtes ; Lot propose à ses gens de leur donner ses filles ; réponse et refus du peuple ; trouble intérieur de Lot ; les envoyés reconnus comme Messagers de Dieu ; annonce du châtiment pour le lendemain matin (Lot sera épargné). Dans cette seconde présentation, le facteur temps est beaucoup plus développé, de même que l'analyse réitérée des sentiments d'inquiétude éprouvés par Lot. Ces sentiments sont l'écho de l'angoisse ressentie par Muhammad face au désir qui l'animait de guider droitement son peuple (cf. Coran 11,12). En réponse, ce sont l'endurance et la patience qui sont prêchées à Muhammad. Cette seconde qissa a pour but d'affirmer le cœur du Prophète.

Deuxième illustration : l'épisode du bâton de Moïse. Dans un premier cas (Coran 20,17­23), le dialogue a lieu entre Dieu et Moïse et le bâton se transforme en serpent. Le but visé est celui de provoquer la confiance de Moïse, d'apaiser son angoisse (cf. Coran 20,1­2). Dans un deuxième cas (Coran 26,29-34), le dialogue se passe entre Moise et Pharaon et le bâton devient un dragon. Ce prodige contraint Pharaon à reconnaître que Moïse est effectivement un savant magicien. Dans le dernier cas (Coran 28,29­33), le dialogue a lieu à nouveau entre Dieu et Moise, mais le bâton cette fois se transforme en Djinns. Selon Khalaf Allâh, l'intention serait ici d'inspirer à Moïse la crainte révérencielle de Dieu.

Troisième illustration : l'hostilité entre Adam et Satan (Iblîs) telle qu'elle est relatée en Coran 7,11 ss et 15,26 ss. Dans sa première présentation, la qissa vise a amener les "Associateurs" à modifier leur attitude à l'égard du Prophète (cf. Coran 7,9 : "Ceux dont les œuvres sont légères : voilà ceux qui se seront eux­mêmes perdus, parce qu'ils ont été injustes envers nos Signes"). Dans sa deuxième formulation, le récit a pour but de rassurer le Prophète et d'ôter de son cœur le trouble qu'il ressent face à l'insuccès de sa mission (cf. Coran 15,10 : "Aucun prophète n'est venu à eux sens qu'ils se soient moqués, de lui" ; 15,95­96 : "Nous te suffisons, face aux railleurs qui placent une autre divinité à côté de Dieu. Ils sauront bientôt").

Les qisas­paraboles (pp. 151­168).

Ces récits, qui sont dits "représentatifs" (tamthîlî), ont un lien très lâche, pour autant qu'il existe, avec l'objectivité historique de faits réellement survenus. En tout cas, la part de l'imagination y est prépondérante. De manière sommaire, la qissa tamthiliyya est définie en ces termes : "l'œuvre littéraire qui est le fruit de l'imagination du narrateur, à propos d'événements survenus à un héros imaginaire ou bien d'événements absolument irréels qui sont attribués à un héros ayant réellement existé" (p. 168).

Khalaf Allâh cite les exemples suivants : Coran 2,243 ("N'as­tu pas vu ceux qui, craignant de mourir, sont sortis par milliers de leurs maisons ? Dieu leur a dit : "Mourez !" Mais il les a fait ensuite revivre") ; 2,259­260 (deux "mises en scène" visant à montrer que Dieu seul peut faire revivre après la mort) ; 5,112­115 (La "Table servie" qui descend du ciel).

Bien qu'il ait affirmé précédemment que ces récits paraboliques relatent des faits fictifs, notre auteur tient cependant à préciser que tout n'y est pas le fruit de l'imagination. Cette précision néanmoins est de peu d'importance dans la logique de Khalaf Allâh. En effet, le recours à l'imagination ne naît pas d'un besoin de Dieu pour exprimer ce qu'Il veut dire. C'est l'homme qui en a besoin et Dieu ne fait, pour sa part, que s'adapter lui-même aux façons littéraires de l'homme.

En définitive, la Vérité issue de Dieu n'est pas esclave d'un unique mode d'expression qui serait inconditionnellement soumis à la "logique rationnelle", celle de "l'adéquation du dire à la réalité". Il est un autre genre de véracité littéraire ou artistique qui, bien que ne suivant pas les critères de la logique rationnelle, n'en exprime pas moins une vérité. C'est à ce genre d'expression qu'a recours tout artiste, afin de traduire "en vérité" les sentiments qui l'animent et le fruit de son imagination créatrice. L'adéquation se situe alors entre l'expression et la "croyance". Les qisas paraboliques sont là pour nous rappeler que Dieu a eu recours aussi à ce deuxième mode d'expression, dans l'intérêt de l'homme, pour faire connaître sa Vérité.

Les qisas à base de légendes (pp. 169­180).

Si certains Commentateurs anciens ont su reconnaître l'existence, dans le Coran, de récits anecdotiques "représentatifs", par contre ils n'ont pas fait allusion aux "légendes" (asâtîr), préexistantes à l'Islam auxquelles se réfère parfois le Coran. Pour préciser ce qui est ici en question relevons deux exemples à la suite de Khalaf Allâh :

"Les incrédules disent même lorsqu'ils viennent discuter avec toi ce ne sont que des histoires racontées par les Anciens" (Coran 6,25)

"Lorsque nos versets leur étaient récités, ils disaient : oui, nous avons entendu 1 Nous en dirions autant, si nous le voulions; ce ne sont que des histoires racontées par les Anciens" (Coran 7,31).

Nous sommes donc en présence de reproches adressés à Muhammad, par ses auditeurs incrédules. Ces derniers reconnaissent, dans certaines déclarations du Prophète, des "histoires" qu'ils connaissaient déjà, les ayant reçues de la bouche de leurs Anciens. Il est à noter d'ailleurs que de tels épisodes se rattachent en général à la période Mekkoise de la Révélation et qu'ils sont souvent relatifs à la croyance à la Résurrection que refusent les auteurs des reproches susmentionnés.

Il est indispensable de signaler que le Coran ne nie pas la similitude dépistée par les incrédules, entre les dires du Prophète et les "histoires des Anciens". A la suite de Khalaf Allâh, nous en voulons pour preuve le fait que les incrédules sont l'objet des menaces divines, non point pour avoir reconnu l'existence des asâtîr dans le Coran, mais uniquement parce qu'ils refusent de croire à la Résurrection. Que le Coran se fasse l'écho de légendes pré­"révélationnelles" (par exemple en Coran 2,259­260), c'est donc évident. Ces légendes cependant ne forment pas l'objet premier, ni même second, de la Révélation. Elles sont là uniquement comme points d'appui ou de référence, adaptés à ceux qui en ont déjà connaissance. Elles sont au service d'un but totalement distinct de leur contenu immédiat. Utilisées comme traits d'union entre le nouveau Message prophétique et la mentalité ambiante de la Mekke pré­islamique, elles n'ont d'autre but que celui de rendre plus accessible la nouvelle Croyance. En tout cas, elles ne remettent pas en cause l'authenticité exclusivement divine du Message annoncé par Muhammad.

Après la période Mekkoise, ce type de qisas cessera. A Médine en effet, Muhammad est affronté à un milieu beaucoup plus cultivé. Grâce à la présence des Juifs, les Médinois sont rodés au "genre littéraire" qui consiste à avoir recours aux asâtîr pour expliquer ou commenter telle idée, tel dogme. Cette constatation situe donc, dans ses véritables dimensions, la présence dans le Coran des légendes pré­islamiques. Elle n'enlève pourtant rien à son importance du point de vue exégétique.

http://www.le-sri.com/khalaf.htm

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