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Croire en la création d'un premier humain, est-ce anti-scientifique ?

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"Dieu a créé la terre le samedi, y a créé les montagnes le dimanche, les arbres le lundi, le détestable le mardi, la lumière le mercredi, y a éparpillé les animaux le jeudi" :

Il est vrai que ce propos a été rapporté par Muslim qui l'a fait remonter (raf') jusqu'au Prophète Muhammad (sur lui la paix) (Sahîh Muslim, n° 2789). Mais la question de savoir s'il s'agit bien là d'une parole du Prophète a depuis longtemps été débattue par des spécialistes du Hadîth tels que al-Bukhârî, 'Alî ibn ul-Madînî, Yahyâ ibn Ma'ïn et d'autres. Le fait est que cette parole contredit de nombreux versets coraniques, car ces derniers disent que la création des cieux et de la terre a duré six jours (ou périodes), tandis que la parole dont il est ici question montre un total de sept jours (voir Tafsîr Ibn Kathîr, commentaire de Coran 2/29). Al-Bayhaqî pense donc qu'il s'agirait plutôt d'une parole de Ka'b al-Ahbâr (savant des textes juifs, qui s'était ensuite converti à l'islam sous le califat de Omar ibn ul-Khattâb) ; un maillon postérieur de la chaîne de transmission aurait, lorsque relatant la parole, fait remonter celle-ci par erreur jusqu'au Prophète. Ibn Taymiyya a lui aussi émis des doutes quant à l'attribution de cette parole au Prophète (Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 117). On peut voir aussi les notes de Rabâh et de ad-Daqqâq sur Riyâd-us-Sâlihîn (Hadîth n° 1852). Tout ceci montre la rigueur des savants musulmans dans leur étude (naqd) des Hadîths, leur souci étant d'en dégager l'authentique. Alors qu'on ne tire pas des conclusions hâtives après avoir simplement lu une parole, sans se demander si elle est authentique ou pas.

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"L'idée qu'un premier humain ait été créé directement par Dieu, de surcroît à partir de terre dure comme de la poterie, n'est pas prouvée par des faits scientifiques. Alors, quand on prétend qu'on n'est pas anti-scientifique, on doit abandonner ce que disent des textes religieux élaborés il y a de cela plusieurs siècles ; sinon c'est l'obscurantisme" :

Vous avez dit : "de terre devenue dure comme de la poterie" : sur ce point nous reviendrons plus bas, quand nous verrons en détail qu'il existe d'autres explications du verset que celle que vous avez citée.

Votre première assertion est exacte : l'idée qu'un premier humain ait été créé directement par Dieu, de surcroît à partir d'éléments extraits de terre ou plus exactement de boue, n'est pas prouvé par des faits scientifiques.

Mais votre seconde assertion n'est pas exacte : il ne s'agit pas non plus de quelque chose qui contredirait les découvertes scientifiques. En effet, il ne faudrait pas oublier que le fait que la lignée humaine soit issue, par l'évolution, d'une ancienne lignée animale – de laquelle la lignée des singes serait elle aussi issue – n'est pas non plus prouvé scientifiquement ; il s'agit également d'une idée : une théorie, destinée à relier entre eux différentes découvertes scientifiques et proposant une explication globale de ces découvertes.
"(…) La science, écrit Maurice Bucaille, démontre qu'à partir d'un moment donné, une espèce humaine est née qui s'est progressivement modifiée pour donner l'homme actuel. Tout le problème, du point de vue scientifique, est de savoir à partir de quoi : une lignée autonome, ou une lignée que l'on raccorde à une autre lignée animale ?" (L'homme, d'où vient-il ?, Seghers, p. 212).

Deux réponses se présentent à nous :
– le rattachement de l'espèce humaine à la lignée d'un ancêtre commun aux humains et aux singes, l'évolution étant considérée alors comme le facteur ayant donné naissance aux uns et aux autres, par l'effet du hasard des mutations-sélections ;
– la création, par Dieu, d'une lignée humaine autonome et non raccordée à une lignée animale.

La science, n'a, d'un côté, "en aucune façon apporté la démonstration [c'est-à-dire la preuve par des faits scientifiques dûment établis] de la provenance de l'homme à partir des formes évoluées actuelles des singes" (L'homme, d'où vient-il ?, p. 199) ou à partir d'un ancêtre commun à l'homme et aux singes. C'est bien pourquoi un scientifique tel que Denton est toujours attaché à la théorie du fixisme.

La science, d'un autre côté, "ne fournit [non plus] aucun argument appuyant [la] thèse [de l'autonomie de la lignée humaine]." Mais "elle ne fournit pas, non plus, d'argument allant à son encontre (…). Rien ne serait changé de la notion d'évolution dans le règne animal (…) si Dieu avait, à un moment donné, (…) décidé qu'apparaisse sur cette terre un couple d'êtres nouveaux. Une fois ces deux êtres nouveaux ainsi créés, ils auraient été à l'origine d'une lignée humaine subissant, au cours [de] millions d'années, des transformations physiques" (Ibid., p. 199). Le Coran ne précise ni l'âge de l'univers, ni celui de la terre, ni celui de la lignée humaine : ni 6 000 ans, ni 12 000 ans, ni autres. Faire remonter la présence humaine sur terre à beaucoup plus que six milliers d'années ne pose donc aucun problème par rapport au Coran. Il est cependant difficile aujourd'hui de se prononcer de manière formelle à propos d'un nombre précis, attendu que les estimations actuelles connaîtront encore très probablement des changements.

Ce qu'on nous dit c'est qu'après tout, aucune des deux idées n'étant prouvée par des faits indiscutables sur le plan scientifique, et aucune des deux ne contredisant non plus la science, pourquoi ne pas adopter celle que la majorité des scientifiques d'aujourd'hui a adoptée ?

C'est oublier que, de deux choses possibles du point de vue de la raison pure, nous musulmans choisissons toujours celle qui est conforme à ce que nous souffle en amont notre cœur, lui-même s'abreuvant aux textes de la révélation. Les deux idées se valant sur un plan purement scientifique, nous musulmans, étant croyants, ne voyons pas pourquoi nous aurions le devoir d'adopter une idée non prouvée scientifiquement simplement parce qu'elle a été émise en tant que théorie scientifique et qu'elle n'est pas d'origine religieuse. Et ce n'est pas être obscurantiste ou anti-scientifique que de dire cela, puisque rien n'a été prouvé qui dirait le contraire. Si un jour vous avez sur le sujet des preuves scientifiques irréfutables et non plus seulement une théorie et un faisceau d'arguments, nous en reparlerons… Et n'oubliez pas que les théories scientifiques sont changeantes : alors qu'on disait – et qu'ici et là on le dit toujours et qu'on y croit toujours dur comme fer comme si c'était une vérité absolue – des australopithèques et notamment de Lucy qu'ils sont les ancêtres de la lignée humaine, de plus récentes découvertes sont venues relativiser cette théorie : dans Science et Vie n° 980 (mai 1999), on peut, sous le titre évocateur Adieu Lucy, lire ces phrases : "Une nouvelle théorie semble indiquer que le genre australopithèque auquel elle [Lucy] appartient n'est pas la source de la lignée humaine." "Selon de toutes nouvelles recherches conduites en Afrique du Sud, les australopithèques siègeraient sur une branche différente de la nôtre. Et l'humain ne serait pas descendu de l'arbre pour devenir bipède ; il n'y serait en fait jamais monté."

Reste le fait que l'homme présente des similitudes morphologiques et génétiques avec les animaux en général et les singes en particulier.

Cela est vrai. Mais ce n'est pas non plus une preuve scientifique de la nécessaire parenté de l'homme et du singe. D'un point de vue de la raison pure, l'existence de ces similitudes peut s'expliquer par l'idée que l'homme et le singe ont une ascendance commune. Mais cela peut aussi s'expliquer avec l'idée de la création de la lignée humaine de façon autonome : pour nous, la composante corporelle de l'homme n'est pas le résultat d'un péché originel – notion inexistante dans les références musulmanes – mais fait au contraire partie intégrante de la nature humaine telle que Dieu l'a créée. Dès lors, Dieu, ayant voulu créer la lignée humaine pour qu'elle vive sur terre l'épreuve de la vie terrestre, l'a dotée d'une part des spécificités que sont ses sens spirituel et moral, sa conscience, son âme, sa raison et son intelligence, mais aussi, d'autre part, des perfectionnements corporels présents chez d'autres êtres terrestres, et dont, dans le règne animal, la lignée des primates présente les spécimens les plus accomplis. Car "il fallait à l'homme, écrit Bucaille, un système respiratoire analogue à celui des autres animaux consommant l'oxygène de l'air, un système digestif assurant la nutrition (…). Et on pourrait ainsi passer en revue d'autres parties de l'organisation humaine pour aboutir à la même conclusion : il fallait qu'existent ces similitudes morphologiques et fonctionnelles pour que l'homme [puisse] vivre sur terre" (op. cit., p. 200).

Laissons à présent de côté l'aspect de la compatibilité de ces deux idées avec ce qui est démontré scientifiquement – nous l'avons vu, aucune des deux idées ne contredit en soi les preuves scientifiques. Concentrons-nous maintenant sur la conception de la vie de l'homme sur terre que chacune de ces deux conceptions engendre :
– quelle conception de sa vie et de son rôle sur terre aura l'homme qui ne se perçoit comme rien d'autre que le descendant d'un ancien animal et le cousin des grands singes ?
– et quelle conception de sa vie aura l'homme qui se perçoit comme transcendant les animaux : devant vivre sur la terre, il a des caractéristiques physiques communes avec l'animal – ce que Shâh Waliyyullâh évoque sous le nom de "al-bahîmiyyah" –, mais sa lignée a été créé de façon autonome par Dieu, qui lui a donné des caractéristiques que ne possède aucun animal – "al-malakiyya" selon Shâh Waliyyullâh – : un sens spirituel et éthique inné, le sens du choix, le questionnement sur le sens de son existence, et la nécessité de rendre des comptes pour tout ce qu'il aura fait sur terre ?

La détermination du rôle qu'en tant qu'humain on a à remplir sur cette terre, de ses valeurs et du cadre de ses actions est fonction de plusieurs éléments ; l'un d'eux est l'idée qu'on se fait de l'origine même de l'homme. Quelles seront les conséquences respectives de la première et de la seconde de ces conceptions de l'origine de l'homme sur la perception que celui-ci aura de lui-même et de son rôle sur terre ?

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"Il a créé (le premier homme) à partir de terre ("turâb"), puis Il lui a dit "sois" et il a été" (Coran 3/59) ; "Nous vous avons créés à partir d'une boue collante ("Tîn lâzib")" (Coran 37/11) ; "Il a créé l'homme à partir d'une "SalSâl kal-fakhkhâr" (Coran 55/14) :

Le terme "Tîn" signifie : "boue" ("AT-Tîn : at-turâbu wal-mâ' ul-mukhtaliT" : Muf'radât ur-Râghib). Il semble, écrivent des commentateurs (cf. Anwâr ud-dirâyât, p. 102), qu'à la terre de l'eau ait été ajoutée : ceci explique aussi bien l'affirmation coranique : "à partir de terre" ("turâb") que les termes : "à partir de boue" ("Tîn").

Certains commentateurs ont effectivement déduit de l'ensemble des versets coraniques parlant de la création du premier humain que, dans un premier temps, la terre plus l'eau ont donné la boue, et qu'ensuite d'autres étapes ont suivi : cette boue a séché et a durci grâce à l'action de l'air et de la chaleur ; ce qu'on appelait les quatre éléments – terre, eau, air et feu – sont donc entrés dans la composition de l'être humain (voir Tafsîr us-Sâwî, cité dans Hâshiyatu Tafsîr il-Jalâlayn, p. 444). En fait ces commentateurs sont partis du verset que vous avez cité : "Il a créé l'homme à partir d'une "SalSâl ka-l-fakhkhâr" (Coran 55/14) : ils ont compris "SalSâl" comme signifiant : "boue durcie" (ce qui en est effectivement un des sens : Muf'radât ur-Râghib : "As-SalSâl" : "at-Tîn al-jâff", "yataraddad us-sawtu minhu"), la comparaison avec la poterie voulant alors dire : "une boue devenue dure comme l'est la poterie". Si la boue a durci, déduisent-ils, cela a été à cause de l'action de l'air et de la chaleur ; les quatre éléments constitutifs de l'univers (comme le pensait Empédocle) ont donc participé à la constitution du corps humain, en ont déduit ces ulémas.

Mais tout cela n'est qu'un effort d'interprétation, et tous les commentateurs ne sont pas de cet avis. Le fait est que "SalSâl" a aussi un autre sens : il désigne alors non pas la "boue durcie" ou "sonnante" mais la "boue ayant dégagé une odeur" (Muf'radât ur-Râghib : "wa qîl : "al-muntin min at-tîn" ; voir aussi Tafsîr Ibn Kathîr, commentaire de Coran 15/26). Si on appréhende ce terme avec ce second sens, la comparaison avec la poterie ne concerne pas la texture (la dureté) de cette boue, mais sa nature : le verset voudrait alors dire : "avec de la boue comparable à celle qu'on utilise en poterie" (d'après Le Coran, traduction et commentaire, Si Hamza Boubakeur, p. 1748).

Si on retient cette seconde interprétation du terme "SalSâl", les autres versets coraniques ne désignent alors que deux constituants : l'eau et la terre, le tout donnant la boue. Et attention : l'être humain a été créé non pas à partir de la boue telle quelle, mais à partir d'une quintessence, de quelque chose extrait de la boue : ce verset-ci le dit clairement : "Nous avons créé l'homme à partir d'une quintessence de boue" ("sulâlatin min Tîn") (Coran 23/12). Le terme "sulâlat" désigne : "quelque chose extrait d'une autre", "la meilleure partie extraite d'une chose" (cf. Muf'radât ar-Râghib) (Abu-s-Sa'ûd a commenté ainsi ce terme : "min Safwatin sullat min Tîn" : cf. Tafsîr Abi-s-Sa'ûd). C'est à la lumière de l'explicitation que ce verset-ci fournit qu'on comprendra le sens réel des autres versets disant brièvement : "à partir de terre" et : "à partir de boue" : il s'agit en fait d'éléments extraits de la boue et donc également du constituant de celle-ci, la terre.

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"Sans compter qu'un autre verset dit que tous les humains ont été créés à partir de la terre avant d'être formés à partir d'une goutte de sperme (sourate 22, verset 5) ["Nous vous avons créés à partir de terre, puis à partir d'une goutte…"]. Ca fait pourtant longtemps qu'on ne croit plus que les bébés naissent dans les choux ; alors vous parlez que le bébé ait été créé à partir de terre !"

En réalité seul le premier humain a été créé directement à partir de terre (en fait d'une quintessence de boue, comme nous venons de le voir). Quant aux autres humains, ils naissent suite à la rencontre entre l'ovule et "la goutte" dont il est question dans ce verset, c'est à dire le sperme (et en fait il s'agit de quelque chose qui était présent à l'intérieur de cette "goutte" et qui en est sorti, comme l'indiquent les termes du verset 32/8 : "sulâlatin min mâ'in mahîn", avec, à nouveau, le terme "sulâlat", que nous avons déjà vu).
Et quand, dans ce verset 22/5, il est dit à tous les humains qu'ils ont été créés à partir de terre avant d'avoir été créés à partir d'une goutte ("Nous vous avons créés à partir de terre, puis à partir d'une goutte…"), c'est seulement par métonymie (majâz), eu égard à leur origine indirecte : les êtres humains sont en fait indirectement créés à partir de terre, parce que le premier d'entre eux a été créé directement à partir de terre (cf. Tafsîr ul-Jalâlayn). Le verset suivant montre bien la différence entre le premier humain et ses descendants quant à leur origine immédiate : "Celui qui (…) a commencé la création de l'homme à partir de boue, puis a fait que sa descendance (se fasse) par (quelque chose) extrait d'un vil liquide" (Coran 32/7-8). Ce "commencement de la création de l'homme" désigne le premier humain, que Dieu a désigné également par ces termes : "ce que J'ai créé de Mes Mains" (Coran 38/75).

Quant à la première femme, il y a divergence quant à savoir de quoi elle a été créée : cliquez ici.

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Pour finir, un autre verset du Coran :

"C'est à partir d'elle [la terre] que Nous vous avons créés.
C'est en elle que Nous vous ferons retourner.
Et c'est d'elle que Nous vous ferons sortir une autre fois" [pour être jugés pour ce que vous aurez fait] (Coran 20/55).

http://www.maison-islam.com/articles/?p=358

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