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Comment les musulmans ont vu le christianisme à l'époque classique et à l'époque ottomane


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 Une bonne connaissance du christianisme à l'époque classique

Longtemps après la conquête musulmane, les chrétiens restèrent majoritaires au Proche-Orient et les musulmans minoritaires. La situation ne s'inversa qu'au 10ème s. en Egypte et au 12ème s. en Syrie-Palestine.  Les musulmans avaient donc maintes occasions de connaître les us et coutumes et les doctrines de leurs voisins chrétiens.

 

Il n'est donc pas étonnant qu'au Moyen-Âge l'érudit musulman avait à sa disposition une littérature arabe de grande envergure et de grande qualité sur les convictions et les usages chrétiens avec beaucoup de détails sur le christianisme primitif et les différentes Eglises orientales. Le plus connu de ces ouvrages est le Kitâb al-milal wa n-nihal  ( "Le Livre des communautés et des sectes religieuses") de Shahrastânî (mort en 1153).

Cependant par la suite, la littérature musulmane sur le christianisme s'appauvrit beaucoup.

Au 17ème s. le Turc Kâtib Çelebi dans sa narration sur l'Europe (1655) mentionne simplement que le christianisme est fondé sur les quatre Evangiles et repose comme l'islam sur cinq piliers (sur les cinq piliers de l'islam voir ici ) : le baptême, la trinité, l'incarnation, l'Eucharistie et la confession des péchés. Puis il cite le credo de Nicée dans sa version arabe (qui laisse de côté le filioque).

La papauté

La papauté n'avait évidemment pas échappé à l'attention des musulmans et beaucoup d'auteurs musulmans s'expriment sur le phénomène curieux que représente à leurs yeux le souverain de Rome. Ils le considéraient comme une espèce de roi-prêtre, et le nommaient al-Bâb.

L'islam ne possédant pas de sacerdoce, ni de hiérarchie ecclésiastique, le phénomène d'une Eglise chrétienne strictement organisée était quelque chose de difficile à saisir par les musulmans.

Le premier à mentionner l'existence du pape est le prisonnier de guerre arabe Hârûn ben Yah, qui visita Rome vers 886. Il n'explique pas ce titre et semble admettre qu'il s'agit du nom personnel du monarque.

Yaqût (13ème s.)

Yaqût (m. en 1229) décrit Rome dans sa Géographie de façon plus précise:

Actuellement Rome est entre les mains des Francs et son roi est appelé roi d'Almân. Là habite le pape, auquel les Francs obéissent et qui occupe la position d'un imam. Si l'un d'eux ne lui obéit pas, ils le considèrent comme un rebelle et un criminel, méritant le bannissement, l'expulsion ou la mort. Il leur impose des restrictions concernant les femmes, leurs ablutions, leur nourriture et leurs boissons, et aucun d'entre eux ne s'autoriserait à le contredire"

Ibn Wâsil (13ème s.)

L'historien syrien Ibn Wâsil visita le sud de la péninsule italienne en 1261 et écrit ceci sur le pape:

Il est le calife du Christ et son représentant avec le pouvoir d'interdire et d'ordonner, de décider et d'annuler... Le pape couronne et détrône les rois, et rien dans leur charia ne peut-être exécuté si ce n'est par lui. C'est un moine, et quand il meurt, un autre lui succède, lui aussi moine".

Un auteur ottoman mentionne quelque chose de plus extraordinaire encore pour un musulman: la croyance chrétienne que le pape puisse remettre les péchés. Une telle autorité papale a toujours étonné les visiteurs venus de pays d'islam, car pour les musulmans le pouvoir que les chrétiens reconnaissent ainsi au pape revient en fait à Dieu seul.

Al-Wâzir al-Ghassânî (fin du 17ème s.)

Une autre description de la papauté et du christianisme (européen) provient de la plume de l'ambassadeur marocain al-Wazîr al-Ghassânî qui visita l'Espagne à la fin du 17ème s.

Il parle de manière détaillée non seulement du pape, mais aussi du rôle des cardinaux et même de la manière dont un pape est élu. Puis il traite de questions touchant à l'Inquisition, la persécution des juifs, l'histoire de la Réforme et les conflits religieux à l'intérieur du christianisme. Il se prononce même sur la Réforme anglicane dont il fait remonter la cause aux problèmes conjugaux d'Henri VIII. Il traite aussi de manière assez détaillée du catholicisme tel qu'il était pratiqué en Espagne, parle des nonnes et des moines, des pratiques catholiques de la confession et des maux qui en résultent.

La Réforme protestante est mentionnée chez les historiens ottomans à partir du 18ème s. Mais la chancellerie ottomane en avait eu connaissance dès le 16ème s.

Le christianisme, une religion respectée, mais "dépassée"

Tout comme le christianisme avait affirmé dépasser et parachever le judaïsme, l'islam affirme dépasser et parachever le christianisme. Il n'a donc jamais ressenti le christianisme comme un danger. Il n'en est pas de même pour les idéologies européennes récentes, en particulier le sécularisme issu de la Révolution française.

Voici un extrait d'un mémorandum rédigé au printemps 1798 par le secrétaire-en-chef du Sultan à l'intention du Conseil d'Etat ottoman:

Les athées connus et célèbres, Voltaire et Rousseau et d'autres matérialistes ont imprimé et publié divers ouvrages qui contiennent des injures et des blasphèmes à l'égard des prophètes et des grands rois, le souhait de l'abolition de toute religion, ainsi que des allusions à la douceur de l'égalité et de l'idéologie républicaine, tout cela exprimé avec des mots et des phrases facilement compréhensibles, sous forme de dérision, et dans la langue commune du peuple....

Les ressortissants de la nation française ne croient pas en l'unicité du Seigneur des cieux et de la terre, ni en l'envoi d'un intercesseur au Jour dernier, mais ils ont abandonné toute religion, niant l'au-delà et ses châtiments. Ils ne croient pas au Jour de la résurrection et prétendent que seul le temps qui passe nous détruit et qu'il n'existe rien en dehors du sein qui nous a donné la vie, et de la terre qui nous avale, et que, de plus, il n'existe pas de résurrection, ni de jugement dernier, aucune épreuve, ni sanction, pas d'interrogatoire [dans la tombe et au Jugement dernier], ni de réponse. Ils expliquent que les livres des prophètes sont ouvertement des faux, et que le Coran, la Thora et les Evangiles ne sont que mensonges et bavardages, et que ceux qui se désignent comme prophètes ont trompé des hommes ignorants, que tous les hommes de par leur humanité sont égaux, qu'aucun n'a mérité de supériorité sur l'autre et que chacun dispose librement de sa personne et détermine lui-même son devenir dans la vie.

Par de telles croyances et des opinions aussi grotesques, ils ont érigé de nouveaux principes et édicté des lois que Satan leur a soufflé. Ils ont détruit les bases de la religion et ont rendu légales des choses interdites et se sont arrogé ce que leur passion désirait. Ils ont entraîné les masses du peuple, qui sont devenues comme des fous délirants dans leurs sacrilèges, ont produit des troubles dans les religions et semé la discorde entre les rois et les Etats.

.... Puis les Français dirigèrent leur impiété et leurs complots contre la communauté de Mohammed ".

Effectivement, cette même année 1798 Bonaparte lançait son expédition d'Egypte, qui marqua le début du colonialisme européen. Petit à petit, l'ensemble du monde musulman allait tomber pour lontemps sous la domination européenne (française, anglaise, russe et italienne). Sur le choc colonial voir

 

© Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

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Commentaires (1)

1. 10/02/2011

Quelques précisions (dont ferez ce que vous voulez):
Le christianisme ne "repose pas sur cinq piliers". Ce que vous évoquez (Baptème, Eucharistie, Pardon qui sont surtout des rites Catholique) sont des sacrements (signes de la présence de Dieu dans nos vies, pour le Chrétiens), la Trinité est les trois facettes de Dieu (encore pour les Chrétiens), l'Incarnation est le fondement de notre Foi dans le Christ.
Pour les règles de vies des premiers chrétiens, voici quelques notes tirées de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens:
les valeurs qui fondaient l'unité des premières communautés chrétiennes. Quatre temps forts marquaient leur pratique commune :
- l'enseignement des apôtres, témoins de la résurrection du Christ et porteurs d'une parole fondatrice ("la Parole" devenue la Bible pour les chrétiens);
- la communion fraternelle, à la fois matérielle par le partage des biens, et spirituelle par le partage d'une même foi ;
- la fraction du pain, c'est-à-dire la Cène qui, selon toute vraisemblance, se doublait d'un repas pris en commun ;
- la prière qui, selon la pratique juive, rythmait la journée.
Pour le reste votre page est très intéressante. Merci

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