Dans les principes mentionnés précédemment, la loi islamique et les lois laïques coïncident souvent, bien que la loi islamique soit venue avant. Le système pénal islamique possède toutefois des vertus uniques et des caractéristiques distinctives, dont les plus importantes sont :
1. La force de dissuasion que l’homme possède naturellement au fond de sa conscience morale s’accompagne d’une « supervision » extérieure. Cela parce que la loi islamique, lorsqu’elle traite de problèmes sociaux comme le crime, ne s’appuie pas uniquement sur la législation et les moyens de dissuasion externes. Elle se concentre plutôt sur les moyens de dissuasion internes, insistant beaucoup plus sur la conscience morale de l’homme. Elle s’efforce de développer cette conscience chez les gens dès l’enfance, afin que chaque personne grandisse en cultivant un caractère moral noble.
La loi islamique promet succès et salut à ceux qui pratiquent la vertu et met en garde les malfaiteurs contre le mauvais sort qui les attend. Elle fait donc appel à la conscience et aux émotions des gens, amenant le criminel à laisser tomber ses mauvaises habitudes et à se tourner vers Dieu avec espoir en Sa miséricorde, crainte de Son châtiment, adhésion à ses vertus morales, amour d’autrui, et avec un désir d’être bons envers les autres et de s’abstenir de leur causer du tort.
2. Une conception équilibrée du rapport entre l’individu et la société. Alors que la loi divine protège la société en établissant des châtiments et des mesures dissuasives contre le crime, elle ne marginalise pas pour autant l’individu au profit de la société. Au contraire, elle protège en priorité l’individu, sa liberté et ses droits. Elle lui fournit toutes les mesures préventives pour qu’il n’ait pas à recourir au crime. Elle ne se concentre pas sur le châtiment, mais met plutôt l’accent sur la création d’une société saine dans laquelle l’individu peut arriver à mener une vie vertueuse et heureuse.
La loi islamique se base sur deux principes se complétant l’un l’autre. Ce sont, d’abord, la stabilité et la permanence de ses doctrines fondamentales et ensuite, le dynamisme de ses injonctions secondaires.
Pour les aspects immuables de la vie, la loi islamique contient des textes de loi fixes. Pour les aspects plus dynamiques influencés par le développement social et le progrès du savoir, la loi islamique propose des principes généraux et des règles universelles pouvant être appliqués de diverses façons et dans plusieurs circonstances.
Lorsque nous appliquons ces principes au système pénal, nous réalisons que la loi islamique contient des textes très clairs prescrivant des châtiments immuables pour ces crimes auxquelles n’échappe aucune société et qui ne varient pas dans leur forme parce que liés aux facteurs inchangeants de la nature humaine.
La loi islamique aborde d’autres crimes en émettant les principes généraux qui indiquent clairement leur interdiction, laissant aux autorités de chaque pays le soin de décider de la façon dont ils doivent être traités. Les autorités peuvent alors prendre en considération les circonstances particulières de chaque individu et déterminer la meilleure façon de protéger la société et les individus contre un tel crime. Conformément à ce principe, les châtiments, dans la loi islamique, sont de trois types :
1. Châtiments prescrits
2. Vengeance
3. Châtiments discrétionnaires
http://www.islamreligion.com/fr/articles/252/
Enfant, dans les années soixante et soixante-dix, j’ai grandi à quelques pâtés de maisons du célèbre quartier Haight-Ashbury à San-Francisco. J’étais en plein dans le bastion du mouvement hippie. C’était une ère « turn on, tune in, drop out »[1] de liberté sexuelle, de révolution culturelle et d’insouciance sociale.
Heureusement pour moi, je n’ai jamais fait partie du mouvement hippie, mais le côtoyant de si près, je n’ai pu faire autrement que d’observer les différentes phases de son développement. Une chose dont je me souviens très clairement, c’est que beaucoup de hippies étaient appelés « fous de Jésus ». En passant en revue mes souvenirs d’enfance, presque quarante ans plus tard, je trouve que cet euphémisme était décidément très étrange. Ces hippies étaient considérés comme des « fous de Jésus » parce qu’ils s’habillaient comme Jésus, avaient les cheveux longs comme lui, renonçaient au matérialisme comme lui et invitaient comme lui à la dévotion à Dieu, prônaient la paix, l’esprit charitable et l’amour du prochain.
Bien sûr, beaucoup de ceux qui se sont engagés sur ce chemin sont tombés dans la consommation de drogues hallucinogènes et se sont adonnés à des pratiques sexuelles débridées – deux activités bien loin de l’exemple de Jésus – mais ce n’était pas pour cela que les hippies étaient appelés « fous de Jésus ». Ils étaient appelés ainsi à cause de leurs cheveux longs, leurs vêtements amples, leur ascétisme, leur esprit de groupe et leur passivité, qui résultaient de leurs efforts pour vivre comme Jésus. La Maison d’amour et de prière, située dans les avenues avoisinantes, constituait un point de rassemblement pour toutes ces âmes bien intentionnées et le nom de cette institution reflétait leurs objectifs dans la vie.
En regardant en arrière, ce qui me semble étrange aujourd’hui, ce n’est pas tant que des gens aient souhaité représenter les valeurs de Jésus, mais que d’autres personnes les aient critiqués pour cela. Ce qui paraît encore plus étrange, c’est que peu de chrétiens, de nos jours, correspondent à ce profil. Et en fait, ce qui semblait le plus étrange à mes yeux, avant de me convertir à l’islam, c’est que les musulmans paraissent mieux représenter les valeurs de Jésus que les chrétiens eux-mêmes.
Bien sûr, cette affirmation requiert une explication et la voici : tout d’abord, le christianisme et l’islam considèrent tous deux que Jésus à été un prophète de leur religion. Cependant, alors que les enseignements de Jésus ne font plus partie du crédo et des pratiques de la plupart des chrétiens (voir mon article intitulé Où est le “Christ” dans le « christianisme »?), ces mêmes enseignements sont respectés et sont évidents dans l’islam.
Regardons ensemble ces quelques exemples :
1. Jésus portait la barbe, comme la plupart des musulmans la portent aujourd’hui, mais elle est rarement de mise chez les chrétiens.
2. Jésus s’habillait de façon modeste. Si nous fermons les yeux et tentons de nous en faire une image mentale, nous imaginons des vêtements flottants allant des poignets aux chevilles – ressemblant beaucoup aux thobes d’Arabie ou aux shalwar kamis indo-pakistanais typiques des musulmans de ces régions. Nous n’imaginons pas des vêtements très révélateurs et conçus pour la séduction qui sont si omniprésents dans les cultures chrétiennes.
3. La mère de Jésus se couvrait les cheveux, et cette pratique a été suivie par les femmes chrétiennes vivant en Terre Sainte jusqu’au milieu du vingtième siècle. Cette pratique est encore respectée de nos jours chez les musulmans et les juifs orthodoxes (dont Jésus était issu), mais a totalement disparu chez les chrétiens d’aujourd’hui.
1. Jésus se concentrait sur le salut et évitait les parures. Combien de chrétiens « vertueux » se conforment à son profil qui nous dit « ce n’est pas juste les dimanches »? Maintenant, combien de musulmans qui « prient cinq fois par jour tous les jours de l’année » s’y conforment?
2. Jésus parlait avec humilité et bonté. Il n’en rajoutait pas. Lorsqu’on pense à ses sermons, on n’imagine pas des performances théâtrales. C’était un homme simple connu pour ses belles qualités et pour toujours dire la vérité. Combien de prêcheurs et d’évangélistes suivent son exemple?
3. Jésus enseignait à ses disciples à offrir les salutations de « paix » (Luc 10:5), et donnait lui-même l’exemple : «Que la Paix soit avec vous » (Luc 24:36, Jean 20:19, Jean 20:21, Jean 20:26). Qui perpétue cette pratique de nos jours? Les chrétiens ou les musulmans? « Que la paix soit avec vous » est la traduction exacte de la salutation islamique « Assalam Alaikom ». Il est intéressant de noter que l’on retrouve cette salutation dans le judaïsme également (Genèse 4:23, Nombres 6:26, Samuel I 1:17 et Samuel I 25:6).
1. Jésus était circoncis (Luc, 2:21). Mais Paul a enseigné que ce rituel n’était pas nécessaire (Romains 4:11, Galates 5:2), tandis que les musulmans croient qu’il l’est.
2. Jésus ne mangeait pas de porc, respectant en cela la loi de l’Ancien Testament (Lévitique 11:7 et Deutéronome 14:8). Les musulmans croient eux aussi que le porc est interdit. Les chrétiens, quant à eux… et bien… vous voyez ce que je veux dire.
3. Jésus ne payait ni ne recevait d’intérêts usuraires, en conformité avec l’interdiction de l’Ancien Testament à ce sujet (Exode 22:25). L’intérêt usuraire est interdit dans l’Ancien Testament et dans le Coran, comme il était interdit dans la religion de Jésus. Le système économique de la majorité des pays chrétiens actuels, toutefois, est fondé sur l’intérêt usuraire.
4. Jésus n’était pas un fornicateur et s’abstenait de relations illicites avec les femmes. Cela comprenait tout contact physique, aussi minime fut-il, avec le sexe opposé. Sauf à l’occasion de rituels religieux et aux moments où il apportait de l’aide aux nécessiteux, Jésus n’a jamais ne serait-ce que touché une autre femme à part sa mère. Les juifs orthodoxes pratiquants ont préservé cette pratique jusqu’à nos jours, se conformant ainsi à la loi de l’Ancien Testament. De la même façon, les musulmans pratiquants ne serrent pas la main du sexe opposé. Est-ce que les chrétiens de la trempe de « serrez votre voisin/voisine contre votre cœur » et « embrassez la mariée » peuvent prétendre faire de même?
1. Jésus se purifiait en se lavant avant chaque prière, perpétuant en cela la pratique des prophètes pieux l’ayant précédé (voir Exode 40:30-32 en référence à Moïse et Aaron). Et telle est, de nos jours encore, la pratique rituelle des musulmans.
2. Jésus priait en se prosternant face contre terre (Matthieu 26:39) tout comme le faisaient les autres prophètes (voir Néhémie 8:6 en référence à Esdras et au peuple, Josué 5:14 en référence à Josué, Genèse 17:3 et 25:52 en référence à Abraham, Exode 34:8 et Nombres 20:6 en référence à Moïse et Aaron). Qui prie de cette manière, de nos jours? Les chrétiens ou les musulmans?
3. Jésus jeûnait durant plus d’un mois à la fois (Matthieu 4:2 et Luc 4:2), comme le faisaient les pieux avant lui. (Exode 34:28, Rois I 19:8), et comme le font les musulmans lors du jeûne annuel du mois de Ramadan.
4. Jésus accomplissait un pèlerinage rituel, comme tous les juifs orthodoxes aspirent à le faire. Le pèlerinage des musulmans à La Mecque est bien connu et il y est fait allusion dans la bible. (Voir mon article intitulé Le premier et le dernier commandement).
1. Jésus enseignait l’unicité de Dieu (Marc 12:29-30, Matthieu 22:37 et Luc 10:27), tel que rapporté dans le premier commandement (Exode 20:3). Il n’a jamais fait une quelconque mention de la trinité.
2. Jésus s’est lui-même présenté comme un homme et un prophète de Dieu (voir plus haut), et n’a jamais prétendu être une divinité ou le fils d’une divinité. Quelle est la foi qui se rapproche le plus des deux points précédents? La formule trinitaire ou le monothéisme absolu de l’islam?
En résumé, les musulmans semblent être les « fous de Jésus » des temps modernes, si par cette expression on fait allusion à ceux qui vivent selon la loi de Dieu et suivent l’exemple de Jésus.
Carmichael note : « Pendant toute la génération qui a suivi la mort de Jésus, ses disciples furent des juifs pieux et fiers de l’être, qui ont attiré vers eux des membres de la classe religieuse professionnelle et qui n’ont pas dévié de l’application des lois, même des plus cérémoniales et des plus exigeantes d’entre elles. »[2]
On se demande ce qui s’est passé entre les pratiques de la première génération des disciples de Jésus et les chrétiens des temps modernes. On doit aussi respecter le fait que les musulmans sont de meilleurs exemples des enseignements de Jésus que les chrétiens. De plus, on doit se rappeler que l’Ancien Testament a prédit l’avènement de trois prophètes. Jean Le Baptiste et Jésus ont été les numéros un et deux, et Jésus lui-même a prédit la venue du troisième et dernier. Ainsi l’Ancien Testament et le Nouveau Testament parlent tous deux d’un dernier prophète et nous serions vraiment dans l’erreur si nous ne considérions pas que Mohammed a été ce dernier prophète et que la dernière révélation a été celle de l’islam.
Copyright © 2007 Laurence B. Brown.
Au sujet de l’auteur :
Laurence B. Brown, MD, peut être contacté à l’adresse suivante : BrownL38@yahoo.com. Il est l’auteur des livres intitulés The First and Final Commandment (Le premier et dernier commandement) (Amana Publications) et Bearing True Witness (Témoigner de la vérité) (Dar-us-Salam). Ses prochains livres seront un thriller historique, The Eighth Scroll (Le huitième parchemin) et une seconde édition remaniée de The First and Final Commandment, divisée en deux tomes, MisGod’ed et sa suite, God’ed.
la Loi islamique fut transmise à Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) dans sa forme complète et parfaite, faisant partie du dernier message de Dieu à l’humanité. La Loi islamique porte une attention toute particulière à la sécurité et fournit un système légal complet. Elle tient également compte des circonstances changeantes, au sein des sociétés, de même que de la constance de la nature humaine. Elle contient donc des principes globaux et des règles générales qui suffisent à traiter la majorité des problèmes pouvant survenir en tout temps et en tout lieu. De même, elle a établi, pour certains crimes, des châtiments immuables qui ne subissent aucune modification en fonction des conditions ou des circonstances. C’est ainsi que l’on retrouve, dans la Loi islamique, de la stabilité et de la fermeté, mais aussi une certaine flexibilité.Quelle approche l’islam adopte-t-il pour combattre le crime? Sur quels principes se base le code pénal islamique? Quels sont les caractéristiques distinctives de ce code? Quels sont les types de châtiments que l’on retrouve, en islam et quels en sont les objectifs? Telles sont les questions auxquelles nous répondrons dans les pages qui suivent.
L’approche islamique pour combattre le crime
L’objectif ultime de toute injonction légale islamique est d’assurer le bien-être de l’humanité en ce monde comme dans l’au-delà. Ce faisant, l’islam s’assure également de former une société plus vertueuse, qui adore Dieu, qui sait utiliser les forces de la nature pour bâtir une civilisation au sein de laquelle chaque être humain peut vivre dans un climat de paix, de justice et de sécurité. Une civilisation qui permet à chaque personne de répondre à ses propres besoins spirituels, intellectuels et matériels en plus de cultiver positivement tous les aspects de sa personnalité. Le Coran fait maintes fois allusion à cet objectif ultime. Dieu dit :
« Nous avons effectivement envoyé Nos messagers avec des preuves évidentes, et Nous avons révélé, par leur intermédiaire, l’Écriture et la Balance, afin que les gens établissent la justice. Et Nous avons fait descendre le fer, dans lequel il y a une force redoutable, mais aussi maintes utilités pour les gens... » (Coran 57:25)
Et Il dit :
« Dieu veut vous faciliter les choses et non vous les rendre difficiles. » (Coran 2:185)
Et Il dit :
« Dieu veut vous expliquer les choses et vous guider à travers les exemples de ceux qui vécurent avant vous; et Il souhaite accueillir votre repentir. Dieu est Omniscient et Sage. Il souhaite accueillir votre repentir, alors que ceux qui suivent leurs vaines passions cherchent à vous égarer totalement. Dieu veut alléger vos obligations, car l’homme a été créé faible. » (Coran 4:26-28)
Et Il dit :
« Certes, Dieu enjoint la justice, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit l’indécence, l’injustice et la rébellion. » (Coran 16:90)
Les injonctions légales islamiques visent le bien-être des êtres humains et elles rejoignent en cela les principes universels de bien-être que l’on retrouve un peu partout, soit :
1. La préservation de la vie
2. La préservation de la religion
3. La préservation de la raison
4. La préservation des liens du sang
5. La préservation des biens
Le système pénal islamique vise à préserver ces cinq besoins universels. Pour préserver la vie, il prescrit la loi de la rétribution. Pour préserver la religion, il prescrit le châtiment contre l’apostasie. Pour préserver la raison, il prescrit le châtiment contre l’alcool. Pour préserver les liens du sang, il prescrit le châtiment contre la fornication. Pour préserver les biens, il prescrit le châtiment contre le vol et contre le banditisme de grands chemins.
Les crimes contre lesquels l’islam a prescrit des châtiments clairs sont les suivants :
1. Crime contre la personne (meurtre ou agression)
2. Crime contre la propriété (vol)
3. Crime contre les liens du sang (fornication et fausses accusations d’adultère)
4. Crime contre la raison (usage de substances illicites, incluant alcool et drogues)
5. Crime contre la religion (apostasie)
6. Crime contre les biens et la personne (banditisme de grands chemins)
http://www.islamreligion.com/fr/articles/253/
Marie, la mère de Jésus, occupe une position très spéciale en islam et Dieu affirme qu’elle est la meilleure femme que l’humanité ne connaîtra jamais. Il l’a préférée à toutes les femmes à cause de sa piété et de sa dévotion.
« Et un jour les anges dirent à Marie : « Ô Marie! Certes, Dieu t’a élue et purifiée, et t’a préférée à (toutes) les femmes de la création. Ô Marie! Obéis à ton Seigneur, prosterne-toi et incline-toi avec ceux qui s’inclinent (en prière). » (Coran 3:42-43)
Dieu a également fait d’elle un exemple à suivre. Il dit, dans le Coran :
« De même, Marie, la fille d’Imran, qui avait préservé sa chasteté; Nous insufflâmes en elle de Notre Esprit. Elle accepta comme véridiques les paroles de son Seigneur, de même que Ses écritures, et elle fut du nombre des serviteurs obéissants. » (Coran 66:12)
Elle était la femme parfaite pour mettre au monde Jésus de façon aussi miraculeuse, car celui-ci a été conçu sans l’intervention d’un homme; il n’a donc pas de père. Elle était connue pour sa piété et sa chasteté; si ce n’avait pas été le cas, alors personne ne l’aurait crue lorsque vint le moment, pour elle, d’expliquer aux gens qu’elle avait conçu un enfant tout en demeurant vierge, un fait que l’islam considère comme vrai et qu’il confirme. Elle possédait une nature très particulière et Dieu a fait en sorte que de nombreux miracles parsèment sa vie et ce, dès son enfance. Voici ce que Dieu nous a révélé sur l’histoire de Marie.
L’enfance de Marie
« Certes, Dieu a préféré Adam, Noé, la famille d’Abraham et la famille d’Imran à (toutes Ses) créatures. Ils étaient descendants les uns des autres. Dieu entend tout et Il est Omniscient. (Rappelle-toi) quand la femme d’Imran dit: « Seigneur, je T’ai dédié ce qui est dans mon ventre [pour être dévoué à Ton service et à Ton adoration]. Veuilles l’accepter. Certes, Toi, et Toi seul entend tout et sait tout. » (Coran 3:34-35)
Marie était la fille d’Imran et de sa femme Hannah. Imran était de descendance davidique; il provenait donc d’une famille de prophètes, d’Abraham, en passant par Noé, jusqu’à Adam (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur eux tous). Tel que mentionné dans le verset, elle est née dans la famille élue d’Imran, qui était né dans la famille élue d’Abraham, qui lui était né également dans une famille élue. Hannah était une femme stérile dont l’unique désir était d’avoir un enfant et qui avait promis à Dieu que s’Il exauçait son souhait d’avoir un enfant, elle ferait en sorte qu’il se consacre à Son service au Temple. Dieu répondit à son invocation et elle devint enceinte. Mais lorsqu’elle donna naissance à l’enfant, elle fut attristée de constater que l’enfant était une fille, car c’étaient normalement les garçons qui se consacraient au service de Dieu, dans le Temple.
« Puis, lorsqu’elle eut accouché, elle dit : « Seigneur ! Voilà que j’ai accouché d’une fille. » (Coran 3:36)
Mais Dieu dit, dans le Coran :
« Dieu savait mieux que quiconque de ce dont elle avait accouché… » (Coran 3:36)
… car Dieu avait choisi sa fille, Marie, pour l’un des plus grands miracles de la création : la naissance de Jésus, conçu par une mère restée vierge. Hannah nomma sa fille Marie (Maryam, en arabe) et demanda à Dieu de les protéger, elle et son enfant, contre Satan :
« Je l’ai nommée Marie et certes, je demande Ta protection, pour elle et pour sa descendance, contre Satan le banni. » (Coran 3:36)
Dieu exauça sa prière et favorisa Marie, de même que le fils qu’elle allait avoir plus tard, Jésus, d’un trait particulier dont il ne favorisa personne, ni avant ni après eux : ni l’un ni l’autre ne fut frappé du toucher de Satan en venant au monde. Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit :
« Aucun enfant n’est mis au monde sans être, au moment de sa naissance, touché par le diable; (c’est pourquoi) il se met à crier. En cela, il n’y a eu d’exception que pour Marie et son fils. » (Ahmed)
Nous constatons une similitude entre ce récit et le récit chrétien de « l’immaculée conception », bien qu’il y ait aussi de grandes différences entre les deux. L’idée du péché originel n’existe pas en islam; le fait de ne pas être frappés par le toucher de Satan est une grâce accordée par Dieu à Marie et à son fils. Comme d’autres prophètes, Jésus a été protégé contre les grands péchés. Quant à Marie, même si elle n’était pas une prophétesse comme telle, Dieu ne l’en a pas moins protégée et guidée comme Il le fait avec les croyants pieux.
« Et son Seigneur l’agréa parfaitement et la fit grandir de la meilleure manière. Et Il en confia la garde à Zacharie. » (Coran 3:37)
Après la naissance de Marie, sa mère Hannah l’emmena au temple et offrit à ceux qui s’y trouvaient de la faire grandir sous leur tutelle. Connaissant la noblesse et la piété de sa famille, ils se querellèrent pour obtenir l’honneur de l’élever. Ils se mirent d’accord pour tirer au sort et ce fut nul autre que le prophète Zacharie qui fut choisi. C’est donc sous sa tutelle qu’elle fut élevée.
Miracles en sa présence et visite des anges
Tandis que Marie grandissait, le prophète Zacharie remarqua qu’elle possédait des caractéristiques particulières, car différents miracles se produisaient régulièrement en sa présence. On avait donné à Marie une chambre isolée, dans le temple, dans laquelle elle se vouait à l’adoration de Dieu. Chaque fois que Zacharie entrait dans sa chambre pour s’enquérir de ses besoins, il trouvait près d’elle des fruits hors saison en abondance.
« Chaque fois que celui-ci entrait dans le sanctuaire où elle se trouvait, il trouvait près d’elle de la nourriture. « Ô Marie ! D’où te vient cette nourriture ? », lui demanda-t-il un jour. Elle répondit: « Cela me vient de Dieu. Dieu donne sans compter à qui Il veut. » (Coran 3:37)
Elle reçut la visite d’anges à plus d’une reprise. Dieu nous apprend que des anges la visitèrent et l’informèrent du statut particulier qu’elle occupait au sein de l’humanité :
« Et un jour les anges dirent à Marie : « Ô Marie! Certes, Dieu t’a élue et purifiée, et t’a préférée à (toutes) les femmes de la création. Ô Marie! Obéis à ton Seigneur, prosterne-toi et incline-toi avec ceux qui s’inclinent (en prière). » (Coran 3:42-43)
Parce qu’elle reçut la visite d’anges et qu’elle fut préférée à toutes les femmes de la création, certains ont maintenu que Marie était une prophétesse. Cela reste matière à débat. Même si elle ne l’était pas, l’islam estime qu’elle occupe la position la plus élevée parmi toutes les femmes de la création de par sa piété et sa dévotion, et parce qu’elle a été choisie par Dieu pour donner naissance à Jésus de façon miraculeuse.
L’annonciation
Dieu, dans le Coran, nous dit que des anges ont annoncé à Marie la bonne nouvelle d’un enfant à venir, du statut qu’il allait occuper sur terre et de certains des miracles qu’il allait accomplir :
« Et quand les anges dirent : « Ô Marie! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’une Parole de Sa part. Son nom sera le Messie, Jésus, fils de Marie, illustre en ce monde comme dans l’au-delà et l’un des rapprochés (de Dieu). Il parlera aux gens dès le berceau. Et en son âge mûr, et il sera du nombre des vertueux. » Elle dit : « Seigneur! Comment pourrais-je avoir un enfant alors qu’aucun homme ne m’a touchée? » Il dit: « Ce sera ainsi. Dieu crée ce qu’Il veut. Quand Il décrète une chose, Il dit seulement « Sois! » et elle est aussitôt. Dieu lui enseignera les Écritures et la sagesse, ainsi que la Torah et l’Évangile. » (Coran 3:45-48)
Les paroles de la Bible, à ce sujet, sont similaires :
« N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur. Voici: bientôt tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils; tu le nommeras Jésus. »
Étonnée, elle répondit :
« Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge? » (Luc 1:26-38)
Ce moment fut une très grande épreuve, pour elle, car sa grande piété et sa dévotion étaient connues de tous. Elle appréhendait la réaction des gens, qui l’accuseraient de n’avoir pas été chaste.
Dans d’autres versets du Coran, Dieu relate de façon plus détaillée l’annonciation faite par Gabriel.
Une fois, alors que Marie quittait le temple pour vaquer à quelques occupations, l’ange Gabriel se présenta à elle sous la forme d’un homme. Comme il était tout près d’elle, elle eut peur et invoqua la protection de Dieu. Gabriel lui dit alors qu’il n’était pas un homme ordinaire, mais un ange envoyé par Dieu pour lui annoncer qu’elle allait porter un enfant d’une grande pureté.
« Et fait mention de Marie, dans le Livre, quand elle alla s’isoler, loin de sa famille, dans un lieu situé à l’est. Elle étendit un voile entre elle et le monde. Nous lui envoyâmes Notre esprit, qui avait revêtu pour elle une forme humaine accomplie. Elle dit : « Je me réfugie contre toi auprès du Miséricordieux! Si tu crains Dieu, [ne m’approche point]! » Il dit : « Je ne suis qu’un messager de ton Seigneur, venu t’annoncer la naissance d’un fils pur. » (Coran 19:16-19)
Étonnée, elle répondit :
« Comment pourrais-je avoir un fils alors qu’aucun homme ne m’a (jamais) touchée et que je ne suis point une femme de mœurs légères? » (Coran 19:19-20)
L’ange lui expliqua qu’il s’agissait d’un décret divin qui avait déjà été décidé, et que cela était une chose facile pour Dieu. Dieu dit que la naissance de Jésus allait être un signe de Son omnipotence, et que tout comme Il avait créé Adam sans père ni mère, Il pouvait aussi créer Jésus sans l’intervention d’un père.
« Il dit : « Ainsi sera-t-il. Cela M’est facile, a dit ton Seigneur. Et Nous ferons de lui un signe pour les gens et une miséricorde émanant de Nous. C’est une affaire déjà décrétée. » (Coran 19:21)
Dieu insuffla en Marie l’esprit de Jésus, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Ainsi Jésus fut-il conçu en elle, comme le décrit Dieu dans le Coran :
« De même, Marie, la fille d’Imran, qui avait préservé sa chasteté; Nous insufflâmes en elle de Notre Esprit. » (Coran 66:12)
Lorsque sa grossesse devint apparente, Marie s’inquiéta de plus en plus de ce que les gens allaient dire à son sujet. Contrairement aux chrétiens, qui croient que Marie épousa Joseph, l’islam soutient qu’elle n’était ni fiancée ni mariée, et que c’est pour cette raison qu’elle appréhendait tant la réaction des gens. Elle savait que la seule conclusion logique à laquelle ils parviendraient en la voyant enceinte était qu’elle avait conçu l’enfant de façon illégitime. C’est pourquoi elle décida de se retirer et de quitter le lieu qu’elle habitait. Dieu dit :
« Elle devint donc enceinte de l’enfant et se retira en un lieu éloigné. Saisie par les douleurs de l’enfantement, elle alla se réfugier au pied d’un palmier. » (Coran 19:22-23)
La naissance de Jésus
Lorsque débuta le travail de l’accouchement, Marie endura d’intenses douleurs, à la fois physiques et émotionnelles. Comment une femme d’une telle piété et d’une telle noblesse pouvait-elle accoucher d’un enfant hors mariage? Nous devons souligner, ici, que Marie eut une grossesse et un accouchement semblables à ceux de toutes les femmes, contrairement à la croyance chrétienne selon laquelle elle aurait accouché sans douleur. Les juifs et les chrétiens considèrent que les menstruations et les douleurs de l’enfantement sont une malédiction que subissent les femmes à cause du péché d’Ève. L’islam n’adhère ni à cette croyance ni à la théorie du péché originel; il insiste plutôt sur le fait que nul ne peut porter le fardeau des péchés d’autrui.
« Chaque âme n’acquiert le mal qu’à son propre détriment et personne ne portera le fardeau d’autrui. » (Coran 6:164)
Non seulement cela, mais ni le Coran ni le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) n’ont jamais mentionné que c’était Ève qui avait mangé le fruit de l’arbre et qui avait incité Adam à faire de même. Le Coran blâme plutôt Adam seul, ou les deux :
« Puis Satan, afin de leur rendre visible [leur nudité] qui leur avait été cachée jusque là, leur chuchota : « Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des anges ou de devenir immortels. » Et il leur jura : « Vraiment, je suis pour vous un sincère conseiller. » À force de séduction, il entraîna leur chute. Et lorsqu’ils eurent goûté (aux fruits) de l’arbre, leur nudité leur devint visible et ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du Jardin. » (Coran 7:20-22)
À cause du sentiment de détresse et de la douleur qu’elle avait à endurer, Marie souhaita, à ce moment, n’avoir jamais été créée.
« Elle dit : « Ah! Que je fusse morte avant cet instant! Et que je fusse totalement oubliée! » (Coran 19:23)
Mais après avoir accouché du nourrisson, celui-ci (Jésus) parla miraculeusement afin de la calmer et de l’assurer que Dieu la protégerait toujours :
« Une voix l’appela, d’au-dessous d’elle : « Ne t’afflige pas. Ton Seigneur a mis une source à tes pieds. Et secoue vers toi le tronc du palmier; il en tombera des dattes fraîches et mûres. Mange et bois, et réjouis-toi. Si tu vois quelqu’un d’entre les humains, dis-lui : « J’ai fait vœu de jeûne, à mon Seigneur; je ne peux donc parler à aucun être humain, aujourd’hui. » (Coran 19:24-26)
Marie se sentit alors rassurée. Ce fut là le premier miracle de Jésus, celui d’avoir parlé à sa mère, à sa naissance, afin de la rassurer. Il parla encore lorsqu’elle se présenta à son peuple avec lui. Lorsqu’ils la virent avec un bébé dans les bras, ils s’exclamèrent :
« Ô Marie! Tu as fait là une chose étonnante! » (Coran 19:27)
Elle ne répondit pas, mais pointa du doigt son nourrisson, qui parla miraculeusement comme Dieu l’avait promis lors de l’annonciation.
« Il parlera aux gens dès le berceau. Et en son âge mûr, et il sera du nombre des vertueux. » (Coran 3:46)
Jésus dit aux gens :
« Je suis vraiment le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre et m’a fait prophète; Il a fait de moi une source de bénédiction où que je sois, et Il m’a enjoint la prière et la zakat tant que je vivrai. Il m’a rendu dévoué envers ma mère et Il ne m’a fait ni insolent ni misérable. Que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai et le jour où je serai ressuscité! » (Coran 19:30-33)
C’est ainsi que commença la vie de Jésus, sa longue épreuve qui allait consister à appeler les gens à n’adorer que Dieu et à déjouer les complots ourdis contre lui par certains juifs qui ne pensaient qu’à le supprimer.
La vierge Marie dans l’islam
Nous avons déjà discuté du statut important que l’islam accorde à la vierge Marie. En fait, elle est, aux yeux de l’islam, la plus parfaite de toutes les femmes qui ont été et qui seront créées. Dans le Coran, aucune autre femme ne reçoit autant d’attention que Marie, bien que tous les prophètes aient eu une mère, à l’exception d’Adam. Elle fait partie des huit personnes dont une des 114 sourates du Coran porte le nom. La dix-neuvième sourate du Coran s’intitule « Maryam », qui est le nom de Marie en arabe. La troisième sourate du Coran s’intitule Imran, du nom de son père. Les sourates Maryam et Imran sont parmi les plus belles du Coran. De plus, Marie est la seule femme qui soit mentionnée par son nom, dans le Coran. Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit :
“Les meilleures femmes du monde sont au nombre de quatre :Marie, fille d’Imran, Aasiyah, épouse de Pharaon, Khadeejah bint Khouwaylid [la première épouse du prophète Mohammed], et Fatimah, fille de Mohammed, le Messager de Dieu.” (Al-Tirmidhi)
En dépit de leurs nombreux mérites, Marie et son fils Jésus n’étaient que des êtres humains et ne possédaient aucune caractéristique surnaturelle. Ils étaient tous deux des êtres créés et nés en ce monde. Même si Dieu les protégeait contre le fait de commettre de graves péchés – Jésus était totalement protégé et Marie l’était en grande partie comme le sont les personnes très pieuses, si nous adoptons la position selon laquelle elle n’était pas une prophétesse – ils demeuraient susceptibles de commettre des erreurs. Contrairement aux chrétiens, qui considèrent Marie immaculée, nul ne possède cette qualité, en islam, hormis Dieu.
L’islam, c’est la croyance et l’application quotidienne du plus strict monothéisme. Personne, donc, ne possède de pouvoirs surnaturels en dehors de Dieu et Lui seul mérite d’être adoré. Même si des prophètes et des personnes vertueuses ont accompli des miracles au cours de leur vie, ils n’ont plus eu, après leur mort, aucun pouvoir de s’aider eux-mêmes, et encore moins les autres. Tous les êtres humains sont des serviteurs de Dieu et ont besoin de Son aide et de Sa miséricorde.
Cela est aussi vrai pour Marie. Bien que plusieurs miracles aient eu lieu en sa présence, ils ont tous cessé après sa mort. Toutes ces apparitions de la vierge Marie dont on entend parler, ou ces gens qui auraient été sauvés après l’avoir invoquée ne sont que des tromperies du diable destinées à égarer les gens et à les éloigner de l’adoration du seul véritable Dieu. Les prières comme le « je vous salue Marie » et les fêtes à Marie célébrées dans les églises sont tous des actes de polythéisme parce qu’ils consistent à adorer un autre être que Dieu. C’est pour cela que l’islam interdit strictement toute innovation, de même qu’il interdit d’ériger des lieux d’adoration sur des tombes ou près d’elles, afin de préserver l’essence de la religion de Dieu, le message voulant que Lui seul soit adoré et personne d’autre en dehors de Lui.
Marie était une servante de Dieu et elle était la plus pure de toutes les femmes; elle a été spécialement choisie pour donner naissance de façon miraculeuse à Jésus, un des plus grands prophètes. Elle était connue pour sa piété et sa chasteté et elle sera toujours tenue en haute estime. Son histoire a été relatée dans le Coran et y demeurera jusqu’au Jour du Jugement.
http://www.islamreligion.com/fr/articles/23/
Le fait que des récits se trouvant dans le texte biblique soient aussi présents dans le texte coranique n'implique pas que le second soit un plagiat du premier : nous musulmans expliquons cette communauté de certains récits par deux raisons…
A) L'une est que le Coran a le même auteur qu'un certain nombre de passages de la Bible ; le texte de l'Ancien Testament a connu des retouches à cause de l'histoire difficile que connurent ses porteurs, mais il est des éléments s'y trouvant qui ont la même origine que le texte coranique : Dieu. Car il faut rappeler ici que Muhammad n'a jamais prétendu être le seul prophète de Dieu, mais bien le dernier prophète et messager de Dieu, dont le message présente, par rapport à ceux de Moïse et de Jésus notamment, ce qu'on peut appeler un "changement dans la continuité". L'origine commune explique la similitude de certains récits. Une nuance, toutefois : Youssef Seddik écrit : "Le Coran est la transcription, pour ainsi dire brute, d'une révélation qui fut faite à Muhammad le Mecquois entre 610 et 632. Les Ecritures saintes précédentes se contentent de "citer" Dieu" (Le Nouvel Observateur, n° 2042-2043, 24 décembre 2003-7 janvier 2004, p. 78). En effet, la forme qu'a prise ce qu'on nomme l'Ancien Testament est telle que si un certain nombre de passages de cet Ancien Testament contiennent d'authentiques révélations divines faites à des prophètes antérieurs, ces révélations sont insérées dans la narration de la vie de ces prophètes. Les quatre Evangiles constituent quant à eux des "biographies religieuses" de Jésus, où sont relatés sa mission, ses actes et ses propos. Youssef Seddik poursuit : "Le texte du Coran, lui, est "à la première personne" : c'est Dieu qui parle de bout en bout" (Ibid.).
B) L'autre raison expliquant la communauté de certains récits entre le texte coranique et certains écrits judéo-chrétiens non prophétiques est que parfois Dieu a, dans Sa Parole qu'est le Coran, relaté des événements historiques auparavant rapportés par des hommes non-prophètes. C'est le cas par exemple du récit des Sept Dormants : l'événement que ce récit mentionne s'est déroulé postérieurement à l'époque de Jésus comme de celle de ses Apôtres, et de ce fait ne figure pas dans le texte biblique (ni les Evangiles ni les Actes des Apôtres ni les Epîtres de l'un ou de l'autre) ; par contre il était présent dans la tradition syriaque chrétienne (et notamment dans deux homélies de Jacques de Saroug, mort en 521 de l'ère chrétienne) avant d'avoir été relaté et donc confirmé par Dieu, dans Sa Parole qu'est le Coran, à un moment compris – dans le calendrier d'humains – entre l'an 610 et l'an 632 de l'ère chrétienne (c'est la période des vingt-trois années où eut lieu la révélation du Coran à Muhammad). L'historicité de l'événement explique qu'il ait été relaté par des hommes, et aussi par Dieu lors de Sa dernière révélation, le Coran (récit des "Gens de la Caverne", Coran 18/9-26) : Dieu n'a fait que confirmer un événement que des hommes non prophètes avaient relaté avant qu'Il n'en parle dans une Révélation.
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Ensuite il faut savoir qu'à côté des similitudes entre texte biblique et texte coranique à propos de certains récits, il existe aussi entre eux trois différences majeures à ce propos…
1) Première différence entre la Bible et le Coran :
A côté des récits présents dans la Bible aussi, le Coran contient d'autres récits qui ne figurent absolument pas dans le texte biblique. Ainsi, les histoires de 'Ad, de Thamûd, de Madian avec leur prophète respectif – Hûd, Sâlih et Shu'ayb – ne figurent pas dans le texte biblique, alors qu'ils sont développés dans le Coran (cf. Al-Jawâb us-sahîh 1/180).
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2) Seconde différence :
Il arrive que, pour un même récit, texte coranique et texte biblique présentent de sérieuses divergences. Au regard des musulmans, la raison en est la présence d'erreurs humaines dans la retransmission d'une parole divine antérieure, ou dans la relation d'un événement historique antérieur (pour plus de détails, lire notre article à ce propos). Maurice Bucaille écrit ainsi : "(…) Dans les pays occidentaux, juifs, chrétiens et athées s'accordent unanimement pour avancer (sans d'ailleurs la moindre preuve) que Mahomet a écrit ou fait écrire le Coran en imitant la Bible. On avance que des récits coraniques reprennent les récits bibliques. Cette prise de position est aussi légère que celle qui amènerait à dire que Jésus aurait lui aussi trompé ses contemporains pour s'être inspiré de l'Ancien Testament au cours de sa prédication : tout l'Evangile de Matthieu est – on l'a vu – fondé sur cette continuité avec l'Ancien Testament. Quel exégète aurait l'idée d'enlever à Jésus son caractère d'envoyé de Dieu pour ce motif ? C'est bien ainsi, pourtant, qu'en Occident le plus souvent on juge Mahomet : il n'a fait que copier la Bible. Jugement sommaire qui ne tient aucun compte du fait que, sur un même événement, Coran et Bible peuvent donner des versions différentes. On préfère passer sous silence la divergence des récits. On les déclare identiques et ainsi les connaissances scientifiques n'ont pas à intervenir. Ces questions seront développées à propos des récits de la création et du déluge" (La Bible, le Coran et la science, Seghers, Paris, p. 126).
2.1) Il est des points où le Coran se démarque explicitement d'éléments présents dans le texte biblique : ainsi, le Coran affirme que Adam et Eve mangèrent ensemble le fruit interdit, demandèrent ensemble pardon à Dieu et reçurent ensemble le pardon de Dieu : ce disant, il semble se démarquer de l'idée que ce soit Eve qui ait montré la voie du péché à Adam et que Adam se soit plaint à Dieu de son épouse comme étant l'instigatrice de la faute ; ainsi encore, le Coran se démarque explicitement de l'idée que Jacob, entendant le récit que Joseph, son fils, lui fait de son songe, l'ait grondé ; le Coran affirme clairement que la main de Moïse est devenue blanche sans aucune maladie (allusion au fait qu'elle ne devenait pas "lépreuse", comme le dit le texte biblique) ; le Coran déclare avec force que Salomon n'a jamais adoré des idoles, etc. ; de même, le Coran donne comme nom au père de Abraham : "Azar", et non "Térah" ; pareillement, le Coran parle du roi d'Egypte de l'époque de Moïse en disant "Pharaon", mais désigne celui de l'époque de Joseph par un simple "le roi" (nous allons y revenir plus bas)...
2.2) Il est d'autres points à propos desquels le Coran ne confirme ni n'infirme les éléments du texte biblique : le Coran n'affirme par exemple pas que le Déluge de l'époque de Noé ait été universel, comme il n'affirme pas non plus qu'il ait été localisé ; en fait il ne dit rien de son ampleur ; le Coran ne donne non plus aucun chiffre concernant la communauté israélite qui émigre d'Egypte sous la conduite de Moïse ...
2.3) Enfin, il est des éléments que l'on trouve dans le Coran alors qu'ils sont inconnus de la tradition judéo-chrétienne (ils sont absents aussi bien du texte biblique que des autres écrits) : ainsi en est-il de la présence d'un "Haman", responsable de constructions, dans l'entourage de Pharaon, du sauvetage du corps de Pharaon après sa mort dans les flots (Coran 10/92), de la demande faite par les apôtres à Jésus de prier Dieu qu'Il fasse descendre une table garnie (Coran 5/112-115 ; voir commentaire de H. Boubakeur, tome 1 pp. 332 et 395).
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3) Troisième différence :
Dans le Coran, les détails des récits et la narration linéaire sont souvent estompés, au profit d'allusions et de réminiscences qui mettent en exergue l'objectif premier du récit : la leçon spirituelle, morale et humaine à en retirer. Youssef Seddik écrit : "Faisant preuve d'une profonde connaissance de la matière biblique, il [le Coran] en récapitule l'héritage, du récit adamique jusqu'à l'ascension de Jésus et la prédication de Jean-Baptiste, en passant par le Déluge, l'Exode, le règne de David et de Salomon, les vicissitudes de Job et Jonas… Mais il abandonne la narration factuelle, si frappante dans les deux Testaments, au profit d'un ton métaphorique visant à délivrer une leçon d'humanité. Les péripéties historiques s'estompent, le récit coranique se fait parabole" (Le Nouvel Observateur, n° 2042-2043, p. 78). Je me suis ici contenté de reproduire ces explications de Y. Seddik, tout en sachant qu'il est certains points – qui n'ont rien à voir directement avec le sujet en cours – où il ne partage pas vraiment la vision islamique orthodoxe à propos du Coran.
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Un point, simple, qui prouve que l'auteur du Coran n'est pas le prophète Muhammad :
La Bible emploie le mot "pharaon" pour désigner non seulement le souverain d'Egypte de l'époque de Moïse mais aussi celui de l'époque de Joseph (Genèse 47/11) et même celle de Abraham (Genèse 12/15-20).
Or, alors qu'il emploie bien ce nom "pharaon" à propos du souverain d'Egypte de l'époque de Moïse, et ce en plus de 74 fois (cf. Al-Mu'jam ul-muhah'ras li alfâz il-qur'ân il-karîm), le Coran n'emploie jamais le nom "pharaon" pour désigner le souverain d'Egypte de l'époque de Joseph : à son sujet il utilise le terme "roi", et ce aux cinq occasions où il fait allusion à lui (12/43, 12/50, 12/54, 12/72, 12/76), et bien qu'il dise explicitement que cette partie du récit de Joseph se déroule en Egypte (12/21, 12/99).
Maurice Bucaille écrit : "(…) les études linguistiques modernes ont montré que le mot "pharaon" a commencé par désigner "la grande maison", la demeure du roi de l'Ancien Empire, vers 2400 avant J.-C., mais son emploi pour désigner la personne même du souverain n'est attesté dans les textes qu'à partir de l'époque amarnienne, vers 1370 avant J.-C (J. Vercoutter)" (Moïse et Pharaon, Seghers, p. 73). "Le roi d'Egypte n'a été désigné par le vocable "Pharaon" qu'à partir du roi Aménophis IV, c'est-à-dire au deuxième quart du XIVè siècle avant J.-C. Toute utilisation du mot pour désigner un roi d'Egypte avant cette époque est un anachronisme (…)" (p. 298), anachronisme "qui serait comparable à l'erreur que commettrait, par exemple, un historien du futur – connaissant l'usage courant que l'on fait du mot "Elysée" pour désigner le chef de l'Etat – en appliquant ce mot pour nommer le roi de France il y a plusieurs siècles" (p. 73).
Si le Coran était un plagiat de la Bible, et si Muhammad, un arabe illettré du VIIè siècle de l'ère chrétienne, était son auteur – comme certains l'affirment – et non son récepteur-retransmetteur – comme le dit la croyance des musulmans –, alors comment expliquer que cet homme ait pu savoir que, pour désigner soixante-quatorze fois le souverain d'Egypte de l'époque de Moïse, il fallait bien recopier du texte biblique le terme "Pharaon", alors que, pour décrire cinq fois le souverain d'Egypte du temps de Joseph, il était impératif de délaisser ce même terme, ayant pourtant été ici aussi employé dans le texte biblique, et lui préférer le mot "roi".
Bucaille écrit : "Je signale qu'à l'époque de la communication aux hommes du Coran, la langue égyptienne ancienne était disparue depuis plus de deux siècles de la mémoire humaine [cf. p. 252] ; elle en restera effacée jusque dans le cours du XIXè siècle. On ne pouvait par conséquent pas alors savoir qu'un roi d'Egypte de l'époque de Joseph devait être désigné autrement que dans la Bible. Subtilité du choix des expressions, à ce sujet, du texte du Coran, qui suscite la réflexion" (Moïse et Pharaon, p. 298).
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Un mot pour conclure :
On peut, en un mot, dire que le récit coranique renvoie au récit biblique – dont il confirme des passages, parce qu'ils sont d'origine divine et/ou de relation humaine authentique – et, tout à la fois, se démarque de lui.
Le Coran renvoie au récit biblique dans la mesure où une partie de celui-ci relate des vérités historiques – que l'auteur du passage soit Dieu ou des chroniqueurs humains – et qu'il s'agit de se référer à cette partie du texte biblique si on désire obtenir le détail de ce à quoi le Coran ne fait (comme l'a fait remarquer Y. Seddik) qu'allusion. Tout musulman qui a un tant soit peu étudié les ouvrages de commentaires du Coran (tafsîr) le dira : comprendre certains éléments du texte coranique mentionnés sans détail ni explication (comme par exemple l'identité de Gog et Magog) se fait par référence à des éléments présents dans des écrits judéo-chrétiens (désignés par les Commentateurs du Coran sous le nom général de "isrâ'îliyyât"), qu'il s'agisse de passages du texte biblique, ou d'autres traditions (haggada, homélies...). (Soit dit en passant que parfois, dans le cas des récits coraniques qui renvoient à des événements propres à la péninsule arabique, il s'agit de se référer à des traditions arabes préislamiques, pour les mêmes raisons : ainsi en est-il du récit de l'installation de Ismaël à la Mecque.) Il est à noter que si le Coran renvoie à des passages de textes bibliques, et s'il s'agit parfois de textes jugés "canoniques" par les autorités religieuses, il s'agit aussi, d'autres fois, de textes qu'elles ont décrétés "apocryphes" : ainsi, l'allusion coranique au tirage au sort par lancer de calame pour désigner à qui devait revenir la garde de Marie encore enfant (Coran 3/44) renvoie à un texte chrétien "apocryphe" (Yussuf Ali) ; l'allusion au miracle de l'oiseau de glaise réalisé par Jésus (3/49, 5/110) renvoie à l'Evangile de l'Enfance (Hamidullah), également "apocryphe"...
Mais parallèlement à tout cela, le Coran se différencie du texte biblique, et ce non pas seulement parce que parfois il contredit formellement certains détails de son récit (comme nous l'avons vu plus haut) mais aussi dans la mesure où les détails bibliques que lui, le Coran, ne contredit ni ne confirme, ne l'engagent pas : dès lors, quand on s'aperçoit, à la suite de recherches scientifiques, que certains de ces détails (comme la période depuis laquelle des humains habitent la terre, l'ampleur du Déluge, le nombre des israélites ayant quitté l'Egypte avec Moïse, la façon dont ils se sont installés en Canaan, etc.) sont erronés, lui n'est pas impliqué.
Tout ceci concerne, rappelons-le, les rapports entre les récits coraniques et bibliques. Car pour ce qui est des croyances et des règles, le musulman ne se réfère qu'au Coran (lire à ce sujet le point 3 de notre article à propos de la Bible).
http://www.maison-islam.com/articles/?p=419
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité