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Blog de Islamiates

Les levants et les couchants dans le Coran

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Lorsqu’on lit attentivement certains versets coraniques on remarque que notre Seigneur évoque les expressions Coucher ou Occident et Lever ou Orient, une fois au singulier comme dans le verset 115 de la sourate 2 - la Génisse- : « A Dieu appartiennent Le Lever et Le Coucher » et une fois à la forme duelle dans le verset 17 sourate 55 - Le Tout Miséricordieux : « le Seigneur des deux Levants et le Seigneur des deux Couchants. » Il a également utilisé le pluriel dans le verset 40 sourate 70 – les Ascensions - « Je ne jurerai pas– ou j’en jure- par le Maître des Levants et des Couchants… »
En lisant les exégètes, on constate qu’ils sont quasiment unanimes sur le sens des termes « Machrik : lever ou levant » c'est-à-dire « le côté duquel se lèvent le soleil, la lune ou une étoile», par rapport à la terre, et « Maghreb : coucher ou couchant » c’est-à-dire le point de l’horizon où ils se couchent.
Selon ces exégètes, la diversité des formes du singulier n’aurait d’autre interprétation que celle de l’Est Géographique où se lève le soleil et celle de l’ouest où il se couche. En d’autres termes, le soleil n’a qu’un seul Orient et un seul Occident. Employé sous la forme duelle, il désignerait le levant (Est) et le couchant (Ouest) du soleil en été et en hiver. Nous savons que la Terre tourne autour du Soleil ; elle fait une révolution complète en un an (365 jours et 6 heures). Et chaque jour, le soleil s’incline et s’écarte un peu plus vers l’Orient pour atteindre 23 degrés d’élongation par rapport à son orbite en hiver. Il se lève avec un décalage plus ou moins grand par rapport à cette direction, puis s’incline petit à petit vers l’Est. La déclinaison en direction de l’Est varie de +23° à -23°. Cela joue sur la position de son lever par rapport à l’horizon. Ce sont ces deux points (+23°, -23°) qui expliqueraient la forme duelle. Quant au sens pluriel des termes « Orient » et « Occident », il s’explique par le fait que ce même soleil se lève et se couche en des points différents selon l’endroit du globe où on se trouve. D’autre part, de l’équinoxe d’hiver à celui de l’été, il apparait chaque jour à un point de l’horizon différent, et à un moment différent du jour ( ou de la nuit)
Ces démonstrations seraient plus explicites si l’on resitue ce corpus dans son contexte d’apparition dans le Livre Saint c’est-à-dire avec les versets qui les précédent, on comprendra alors que l’emploi des deux termes (Lever, coucher) au singulier n’est pas fortuit. Il atteste de l’unicité du Créateur du monde. Quant aux versets dans la sourate (‘Ar Rahmane’ ) le Miséricordieux, où les deux termes sont employés à la forme duelle, ils se rapportent au soleil et à la lune. Quant à la forme plurielle, elle aurait pour objet de restituer l’accord grammatical avec les impies et blasphémateurs évoqués au pluriel. Il est indéniable que cette concordance est un exemple vivant de l’éloquence du texte coranique. Mais ce qui nous intéresse le plus à ce propos c’est la concordance de toutes ces expressions avec l’astronomie contemporaine.
Selon l’agence spatiale NASA, il existe des astres qui gravitent en dehors du système solaire. Ils tournent autour d’étoiles semblables à deux soleils ; ce qui leur confère alors deux levers et deux couchers. Cette découverte a permis à la NASA d’identifier grâce à la nouvelle technique, appelée astrométrie, une immense planète gazeuse dont le volume approcherait celui de Jupiter ; elle est à une distance de 49 années lumière. Elle l’a baptisée Kepler B16
La NASA a pu également découvrir un immense astre gazeux. C’est une planète extrasolaire autour de laquelle se lèvent et se couchent trois soleils, ce qui lui confère trois orients et trois occidents. Cette planète a été nommée HD188753Ab. Les 3 soleils sont : Alpha Centauri A, Alpha Centauri B et Proxima Centauri ou Alpha Centauri C.
Les prises de vues de ce phénomène donnent des images spectaculaires. Voir notamment :
http://www.nasa.gov/vision/universe/newworlds/threesun-071305a.html - http://www.nasa.gov/vision/universe/newworlds/threesun-071305a.html - http://www.daviddarling.info/encyclopedia/etemain.html
Donc, lorsque Dieu, le Tout Puissant, évoque le lever et le coucher, il fait allusion à deux points existant sur notre planète. Quant à l’emploi de ces termes à la forme duelle et plurielle, cela renvoie à leurs observations autour des autres astres.
Cette explication scientifique est conforme aux versets coraniques. Et si les esprits sceptiques et incrédules trouvaient par le passé des arguties pour contester les versets du saint coran, aujourd’hui les démonstrations scientifiques s’accordent avec la parole divine du coran qui n’est que VERITE. La gloire et la grandeur reviennent à Dieu.
Références :
- Abu Elfida Ismaïl Ibnu Kathir « Exégèse du Saint et Coran » Maison d’édition « Tiba » ed. 1420, 1999-2, vol 7, p492./
- Abu Abdallah Mohamed ibn ahmed El- Kortobi: “Recueil de percepts coraniques” Maison d’édition 3alem El kiteb- Riad (Le monde des livres) Ed. : 1423-2003, vol. : 15, p : 69
- www.nasa.gov
- http://www.55a.net/firas/arabic/?pag...s
- www.kaheel7.com/ar
- www.islamona1.jeeran.com
- www.daviddarling.info/encyclopedia/etemain.html
Commentaires du site:
1- Dans son exégèse de la Sourate Arrahman Verset 17, l’Imam Chikh Bayoud souligne à juste titre, que l’emploi du binaire « le Seigneur des deux levants et le Seigneur des deux couchants », est dû au fait que dans les Versets précédents, Allah évoque le soleil et la lune. Il parait donc tout à fait logique, qu’Il se qualifie de « Seigneur de leur lever et de leur coucher ».
Soulignons qu’en matière de direction géographique, le Coran n’à point mentionné le nord ni le sud. On est en droit de se demander pourquoi ?
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées :
a- En considérant le lever et le coucher du soleil, de la lune et des étoiles, le nord et le sud ne revêtent aucune importance pour la vie sur terre.
b- La science moderne a prouvé que le nord et le sud du globe terrestre changent au cours des siècles et peuvent même s’inverser.
c- Qu’en disant les deux levants et les deux couchants, le Coran peut très bien avoir inclus le nord avec le couchant ou l’Orient, et le sud avec le couchant ou l’Occident.
2- De nombreux traducteurs traduisent « Al-machrik » par l’Orient et le « Maghrib » par Occident. Ceci est parfaitement exact selon le dictionnaire Larousse. Mais, dans le contexte coranique et surtout astronomique, il s’agit d’un point ou d’un lieu de l’horizon et non pas d’une direction géographique. Et, afin d’éviter toute confusion avec le sens géographique, j’ai préféré les traduire par « levant et couchant ». Ceci m’amène au point suivant :
3- Cette merveille scientifique du Coran vieille de 15 siècles, revêt toute sa beauté quand on rapproche ce phénomène de relativité astronomique des levants et des couchants des astres, avec notre article « Je jure par la position des étoiles » que je vous invite à lire.
4- Vu sous cet angle, il est donc évident que tous les astres de notre univers, possèdent pour chaque jour, ou au bout de chaque révolution, un point d’apparition et un point de disparition. Allah est donc réellement le Seigneur d’une infinité de levants et de couchants, pour une infinité d’astres.
5- Dans la Sourate Assafat, verset 5, Allah dit : « C’est Lui le Seigneur des cieux, de la terre, de ce qu’il y a entre les deux et des levants».
C’est l’unique verset du Coran dans lequel, l’expression « levants » n’est pas couplée avec « couchants ». Il ne s’agit certainement pas d’une omission ou d’une rédaction fortuite. L’explication ne semble pas évidente. Mais ce dont on peut être certain, c’est qu’à la lumière de la science moderne, l’expression : « ce qu’il y a entre les deux » retrouve une signification matérielle. Dans le temps, les exégètes pensaient qu’entre le ciel, Royaume divin et la terre, c’est le vide ; les étoiles faisant partie du ciel. Maintenant nous savons qu’il existe des milliards de galaxies, avec des milliards de milliards d’étoiles, vivantes ou mortes depuis une éternité, mais leur lumière nous parvient encore. Il existe également des radiations cosmiques des liens de force électromagnétiques, et bien d’autres phénomènes que nous n’avons pas encore découverts.
Quant à la singularité des levants sans les couchants, plusieurs interprétations peuvent être données :
a- Qui dit lever dit automatiquement coucher, tout astre qui se lève est appelé à se coucher. Tout nage dans un espace ; ce serait donc une abréviation, comme on en trouve souvent dans le Coran
b- Que le Coran accorde une importance particulière au levant, symbole du début de la vie, du réveil des vivants et de la résurrection. D’ailleurs les hommes d’une manière générale et les scientifiques accordent également plus d’importance au lever du jour, du soleil, de la lune ou d’une étoile, qu’à son coucher ; les horloges physiologiques et le décompte du temps commencent en général, avec le début du jour et non sa fin.
Le Coran cite d’ailleurs Abraham, père des Messages et Prophètes, argumentant devant un roi mécréant. Il prouva la suprématie d’Allah par le « Lever du soleil» (S2-V258):
Devant le Roi tyran Nemroud, il dit :
• Allah donne la vie et la mort Nemroud répondit :
• Moi aussi je donne la vie et la mort Abraham répliqua :
• Allah fait apparaître le soleil à l’Est, fais le venir de l’Ouest.
Le mécréant resta ébahi !

c- Il existe des points du globe notamment aux pôles, ainsi que des astres, où le lever et le coucher se confondent.
6- Dans la Sourate Achouâra, le Coran rapporte une argumentation entre Moïse et Pharaon en ces termes :
En s’adressant à son entourage, Pharaon dit :
- Le Messager qui vous a été envoyé est surement fou !
Moïse reprend :
- C’est le Dieu du Levant et du Couchant et de tout ce qui se trouve entre les deux, si vous savez réfléchir. (S26-V27/28)
C’est sur cette précision de haute signification scientifique qu’il convient de s’arrêter. Si en un point donné du globe, comme la ville de Ramsès II où se tenait ce dialogue par exemple, on considère le Levant et le Couchant, c'est-à-dire l’orient et l’occident, on définit une infinité de cercles (méridiens, parallèles ou autres) passant par ces points. Et si on considère tous les cercles qui passent par ces deux points et tout ce qui se trouve entre les deux, c’est à dire entre l’Est et l’Ouest dans un sens, puis entre l’Ouest et l’Est dans l’autre sens, on aura fait les tour de la terre et balayé toute sa surface, ainsi que celle du ciel entre les deux. D’autre part, s’agissant des deux horizons, on aura non seulement établi une vérité inconnue des Egyptiens du temps de Moïse et inconnue des hommes du temps de Mohammed ; il s’agit évidemment de la sphéricité de la terre et des cieux. Mieux que cela, en s’exprimant ainsi, Moïse a désigné toute l’étendue du royaume d’Allah au sein de notre univers!
N’est-ce pas une merveille scientifique du Livre Saint qui a été édité il y a 15 siècles ?.

Par : Professeur Samira Bouaïcha
Traduit de l’Arabe par : ABIMHAMED Mohamed
Modéré, enrichi et commenté par : Mohamed Messen

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Attention à la prodigalité dans le luxe !

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Une nation grandit et gravit les échelons de la puissance et de la dignité lorsqu’elle adopte un certain nombre de valeurs. Parmi ces valeurs, une des plus importantes est l’économie dans les depensesdépenses. L’économie est en effet une vertu médiane située entre deux vices : l’avarice et la prodigalité. Quantitativement, le caractère économe d’une personne variera en fonction de sa situation financière aisée ou difficile. Mais qualitativement, on dira qu’une personne est économe lorsque les dépenses qu’elle fait pour son alimentation, sa garde-robe, son logement et ses meubles ne dépassent pas la moyenne de sa classe socio-professionnelle, tout en menant une vie digne et sans dettes.

Puisque l’économie repose sur l’absence de prodigalité dans le luxe, nous avons choisi d’axer notre propos sur la prodigalité et sur les conséquences fâcheuses qu’elle entraîne.

La prodigalité mène à la ruinela. Le prodigue dépense en effet sans compter dans le but de satisfaire ses plaisirs, jusqu’à la dilapidation totale de son argent. Il sombre alors dans la classe des indigents et des démunis. Combien de demeures ont en effet été construites par de riches pères de famille, qui les ont pourvues de toutes sortes de meubles et d’installations, qui les ont entourées de divers moyens de production de richesses, telles que des terres agricoles, des usines, des commerces, tandis que ces biens sont ensuite devenus la propriété d’enfants gagnés par l’amour du luxe, laissant libre cours à leurs envies, ruinant les moyens de production de richesses et démolissant leurs propres demeures. Cette descendance a ainsi rejoint la classe des misérables qui n’ont même pas de quoi manger.


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Lorsqu’un homme aisé tombe dans la pauvreté, il ne lui reste plus qu’à ruminer l’amertume de l’humiliation et à se morfondre en chagrins.

De même, une nation détient sa dignité et sa puissance dans la mesure où les caisses de l’Etat sont pleines. Abû Ja'far Al-Mansûr [1] recommanda ainsi à son successeur Al-Mahdî, avant de mourir : « Tu demeureras puissant aussi longtemps que les caisses de l’Etat seront pleines ».

C’est pourquoi le Cadi Mundhir Ibn Sa'îd Al-Ballûtî tenait régulièrement front au Calife 'Abd Ar-Rahmân An-Nâsir [2] et réclamait qu’il cessât de prodiguer les deniers publics pour la construction et la décoration de somptueux édifices. Il tenait devant lui des propos très critiques, le sermonnant un jour par les vers suivants :

Yâ bâniyaz-zahrâ’i mustaghriqan *** Awqâtahu fîhâ amâ tumhili
Lillâhi mâ-ahsanahâ rawnaqal- *** law lam takun zahratuhâ tadhbuli

Ô architecte d’Az-Zahrâ’ la florissante ! Toi qui y dépense tout ton temps, ne vas-tu répit t’accorder ?
Par Dieu, qu’elle serait splendide si seulement sa fleur n’allait pas se faner !

Puis il dit : « Seigneur, sois Témoin que j’ai transmis le message ».

La prodigalité dans le luxe favorise l’émergence de comportements immoraux, tels que la lâcheté, l’injustice, la malhonnêteté et l’indisposition à donner de son argent pour des causes louables.

Le prodigalité dans le luxe mène à la lâcheté dans la mesure où l’ancrage des âmes dans l’apparat et les plaisirs mondains renforce leur attachement à la vie, et les porte à éviter les champs de bataille, même si c’est leur honneur qui est en jeu, même s’il s’agit de défendre leur vie, leur dignité et leurs biens.

L’homme qui baigne dans l’apparat et les plaisirs mondains déteste la mort plus que quiconque, et ne se précipitera guère dans les champs de bataille. C’est pour cette raison que lorsqu’un homme désire vanter la vertu du courage, il parlera de son empressement à partir à la guerre sans se soucier ni peu ni prou des plaisirs et des apparats qu’il a laissés derrière lui. Al-Hutay’ah Al-'Absî dit à cet effet :

Idhâ hamma bil-a'dâ’i lam yuthni 'azmahu *** Ka'âbun 'alayhâ lu’lu’w-wa-shunûfu
Hasânul-lahâ fil-bayti ziyyuw-wa-bahjatuw- *** wa-mishyun kamâ tamshil-qatâtu qatûfu

Engagé contre l’ennemi, sa détermination ne saurait être fléchie par une belle, parée de perles et de boucles d’oreilles,
Chaste épouse emplissant la maison de son élégance et de sa séduction et arborant la démarche nonchalante d’un ganga cata [3].

Si les amoureux du luxe sont de nature à fuir devant la mort, alors il est du devoir de la nation qui désire se relever de sa torpeur, d’en finir avec la prodigalité dans le confort, et de substituer à la prodigalité le sacrifice dans des actions de bienfaisance et de réforme.

La prodigalité dans le luxe tend à entraîner les âmes dans la commission de l’injustice, dans la mesure où l’homme vautré dans le luxe est déterminé à gagner l’argent qui lui permettra de satisfaire ses envies, sans guère de scrupules quant à l’obtenir par des moyens illicites, en faisant main basse sur les biens d’autrui par la corruption, ou par l’usurpation s’il détient quelque autorité ou quelque puissance.

Lorsqu’on proposa à Muhammad Ibn Bashîr la judicature de Cordoue, il demanda conseil auprès d’un de ses amis sur la réponse qu’il devait apporter à cette sollicitation. Son ami lui posa alors un certain nombre de questions afin de mesurer jusqu’à quel point il était épris de justice. L’une de ses questions était la suivante : « Jusqu’à quel point aimes-tu la bonne chair, les fines étoffes et les confortables montures ? – Par Dieu, peu m’importe ce qui assouvit ma faim, qui recouvre mon corps et qui porte mes effets personnels, répondit Ibn Bashîr. – Dans ce cas, répondit l’ami, accepte la judicature, car tu n’es pas mauvais. »

La prodigalité dans le luxe emporte l’honnêteté, dans la mesure où l’homme noyé dans le luxe n’a d’autre souci que d’obtenir quelque apparat ou quelque plaisir du palais ; et souvent, ces envies le conduisent à trahir la confiance d’autrui, en faisant main basse sur l’argent qu’on lui confie pour le dépenser dans ses envies déchaînées.

La prodigalité dans le luxe indispose au don de son argent pour des causes louables, dans la mesure où l’homme habitué au luxe, et dont le cœur est devenu prisonnier, n’a de plus grand objectif en amassant de l’argent que de le dépenser dans des nourritures délicates, dans une garde-robe splendide ou dans de somptueuses tapisseries.

C’est pour cette raison qu’en règle générale, les amoureux du luxe qui dissipent leurs biens sont moins enclins que d’autres à tendre la main pour redonner de la joie aux nécessiteux et aux sinistrés, qui ont pourtant besoin de leur soutien. Ils sont moins enclins à répondre à l’appel de la générosité dans le but de faire plaisir à leurs frères. De ces considérations, nous aboutissons au constat que la prodigalité présente un autre défaut, qui est la rupture des liens de compassion et d’amour entre une grande partie des individus de la nation.

La prodigalité dans le luxe a une influence majeure sur la négligence du devoir de bon conseil et d’appel à la vérité à l’égard d’autrui. L’homme habitué à mener grand train, et dont l’âme est devenue familière d’une vie douce et paisible, est souvent déterminé à préserver ce mode d’existence. Il évitera ainsi les situations embarrassantes qui pourraient lui causer la perte de quelque avantage. Il taira par exemple une parole de vérité méritant d’être dite en face de quelque notable ou quelque puissant qui déteste entendre la voix de la vérité ; il renoncera à se confronter, par une parole de vérité, à quelque notable ou quelque puissant qui pourrait le priver de son confort. Un tel homme renoncera alors à plus forte raison à l’appel à la vérité de manière générale.

La prodigalité dans le luxe est nuisible à la santé. Les observations scientifiques ont montré que le prodigue qui se livre à des excès de nourriture et de boisson ne jouit pas de la santé dont bénéficient les gens sobres dans leur nourriture et leur boisson.

Ibn Khaldûn, qui a intégré dans sa Muqaddimah un discours sur les maladies, indique que celles-ci "sont plus fréquentes chez les citadins, en raison de l’opulence de leur mode de vie, de l’abondance de leur alimentation et de la diversité de leurs mets". Il indique ensuite que ces mêmes maladies sont plus rares chez les ruraux en raison de la frugalité de leur alimentation et de la simplicité de leurs repas [4].

Si la santé est une des composantes de l’héroïsme, alors il est du devoir des individus et des groupes de s’en tenir à la sagesse de la sobriété dans leur nourriture et leur boisson. Il n’y a guère de mérite à ce qu’une nation dispose sur ses tables toutes sortes de mets, car le mérite consiste en ce qu’elle soit composée d’hommes sains dans leurs corps, déterminés dans leurs idéaux, éclairés dans leurs esprits.

La prodigalité dans le luxe ne s’accomode guère de l’excellence dans les sciences. Car l’âme baignée de toutes parts par le confort tend à voir fléchir sa quête de plaisirs intellectuels. La raison en est que le plaisir auquel elle goûte l’empêche de rechercher de nouveaux plaisirs, tels que le plaisir du savoir, d’une manière suffisamment active pour atteindre le stade du génie intellectuel. Il est clair que le stade du génie ne saurait être atteint sans endurer des difficultés et sans affronter des dangers. Or l’homme qui prodigue son argent dans le luxe a une bien trop faible détermination pour pouvoir tenir ferme face à l’adversité et aux épreuves.

Telles sont les caractéristiques de la prodigalité dans le luxe. L’histoire nous relate cependant que des individus grandirent dans des familles riches et aisées, sans pour autant devenir de misérables amoureux du luxe. Bien au contraire, ils grandirent et se développa en eux l’ambition des grandes œuvres. Ils méprisèrent ce que l’on appelle les plaisirs sensoriels, bien qu’ils fussent à la portée de leurs mains. Ils s’orientèrent plutôt vers le savoir, ou vers d’autres formes de grandeur, et s’y épanouirent jusqu’à atteindre la finalité ultime. Tel fut l’exemple de 'Umar Ibn 'Abd Al-'Azîz, qui grandit dans une famille princière, puis qui, une fois devenu calife, parvint, grâce à la sagesse et à la tempérance dont Dieu lui avait fait don, à n’accorder aucun intérêt pour l’apparat et les nourritures délicates. Il vécut tel un indigent, alors que les trésors de la terre étaient sous son emprise. Il mourut, laissant, derrière lui, la mémoire, aussi parfumée que l’odeur du musc, d’une vie exemplaire.

Tel fut également l’exemple de Abû Muhammad Ibn Hazm, qui grandit en Andalousie dans une famille de ministres, puis qui accéda lui-même au poste de ministre, avant de mettre un terme à ces activités pour se consacrer à l’acquisition de la connaissance, jusqu’à atteindre la classe des plus grands savants, tout en se distinguant par une opinion indépendante et une plume éloquente.

Lorsque nous mettons en garde contre la prodigalité dans le luxe, nous ne souhaitons nullement que les hommes se détournent unanimement et massivement des parures et des plaisirs. Dieu – Exalté soit-Il – dit en effet : « Dis : « Qui a déclaré illicites les parures et les mets succulents dont Dieu a gratifié Ses serviteurs ? » » [5]

Nous souhaitons simplement appeler les âmes à la sobriété, afin de les protéger contre l’amour démesuré de l’apparat et des plaisirs mondains, qui ne doivent en aucun cas devenir des objets de fierté ou de vanité :

Yufâkhirunâ bi-ma’kûliw-wa-libsiw- *** wa dhâlika fakhru dhî hadhdhin hazîli

Il tire fierté de sa nourriture et de ses habits. Quelle bien piètre fierté est-ce là !

Le Noble Coran entend amener les hommes à emprunter le droit chemin, qui est le chemin de la sobriété. Car après avoir enjoint dans de multiples versets de dépenser son argent dans des causes louables, il interdit formellement la prodigalité, Dieu – Exalté soit-Il – déclarant à cet effet : « Ne referme pas ton poing autour de ton cou par avarice, et ne donne pas non plus à pleines mains, si tu ne veux pas être blâmé ni éprouver des regrets ! » [6]

Les prodigues sont associés à des êtres démoniaques : « Les dilapidateurs sont les frères des démons. » [7]

Ils sont comptés au nombre de ceux qui méritent le courroux divin : « Mangez et buvez mais ne prodiguez point ! Car Dieu n’aime pas les prodigues. » [8] La négation de l’amour divin est ici synonyme de courroux divin.

Dieu – Exalté soit-Il – loue, chez les bienheureux parmi Ses serviteurs, la vertu de l’économie, parlant de « ceux qui, dans leurs dépenses, tiennent un juste milieu, de façon à n’être ni avares ni prodigues » [9].

Considèrant que la prodigalité emporte le bonheur de l’individu et de la famille, le Sage Législateur a édicté la mise sous tutelle des biens des mineurs et des incapables majeurs, afin que leurs tuteurs subviennent à leurs dépenses de manière économe, et ce, jusqu’à ce que leur maturité soit dûment constatée. Dieu – Exalté soit-Il – dit à cet effet : « Si vous constatez qu’ils ont atteint la maturité, alors remettez-leur leurs biens. » [10]

Si le prodigue qui dilapide son argent est un individu blâmable et critiquable, alors celui qui emprunte l’argent d’autrui pour le dilapider dans ses envies est encore plus digne d’être blâmé et critiqué. Le sage poète dit :

Idhâ rumta an tastaqridal-mâla min akhin *** Ta'awwatta minhul-yusra fî zamanil-'usri
Fa-sal nafsakal-infâqa min kîsi sabrihâ *** 'Alayka wa indhâran ilâ sâ'atil-yusri
Fa-in as'afat kuntal-ghaniyya wa in abat *** Fa-kullu manû'in ba'dahâ wâsi'ul-'udhri

Si tu demandes à emprunter de l’argent auprès d’un frère, qui t’a habitué à ses largesses dans les situations difficiles,
Alors demande plutôt à ton âme de dépenser de la bourse de sa patience à ton égard, en attendant l’heure des largesses.
Si elle accepte, alors tu es un homme riche ; mais si elle refuse, alors quiconque te refusera ensuite son aide est largement excusable.

Observant les fâcheuses conséquences de l’endettement, faites d’humiliation et de chagrin, un sage a jugé détestable le fait de recourir à l’emprunt, même s’il s’agit de le dépenser dans le but de maintenir un niveau de vie correct, disant :

Akhadhtud-dayna adfa'u 'an tilâdî *** Wa-akhdhu-dayni ahlaku lit-tilâdi

J’ai contracté des dettes pour préserver mon capital ; mais contracter des dettes est le meilleur moyen de perdre son capital.

Le principe de l’endettement ne pose pas de problème lorsqu’il s’agit de répondre à un besoin urgent et lorsque que le débiteur est confiant vis-à-vis de la bonté d’âme du créancier, et qu’il est déterminé à rembourser sa dette, sitôt l’échéance arrivée à terme :

Yu'ayyirunî bid-dayni qawmî wa innamâ *** Tadayyantu fî ashyâ’a tuksibuhum hamdâ

Mon clan me blâme pour mon endettement, alors que je me suis endetté pour des choses qui feront leur renommée.

Nous mettons en garde contre les conséquences de la prodigalité, et nous appelons à l’économie. En outre, l’économie ne compte pour une vertu que lorsque l’individu s’est acquitté des sommes redevables pour l’entretien obligatoire de ses proches, et des aumônes imposées au bénéfice des pauvres et des nécessiteux, et qu’il a offert généreusement son aide pour des actions d’intérêt public, telles que la construction de mosquées, d’écoles, d’hôpitaux, d’asiles, ou pour des actions de développement des moyens de préservation de la souveraineté de la nation et de défense de ses droits.

Wa laysa ghinan illâ ghinâ zaynil-fatâ *** 'Ashiyyata ya'râ aw ghadâta yanîlu

Il n’y a pas de plus grande richesse que la beauté d’un jeune homme qui est dénué le soir ou qui gagne sa vie le jour [11].

Muhammad Ibn 'Imrân [12] était accusé d’avarice. Il répondait : « Par Dieu, je ne reste pas de glace devant une juste cause. Et je ne fonds pas devant une injuste cause. »

L’adage dit : « Ne préserve pas tes richesses devant une juste cause, et ne dépense le moindre sou devant une injuste cause. »

Les gens aisés ne perdent rien à être économes dans leur nourriture et leur garde-robe, dès lors qu’ils dépensent leurs biens dans des actes de générosité et de garantie des droits de la société. Une telle économie témoignerait au contraire en faveur de leur excellence et de leur vertu. Qutaybah Ibn Muslim [13] raconte : « Mon père m’envoya quérir Dirâr Ibn Al-Qa'qâ' et me demanda de lui dire que parmi les siens, il y avait des réparations à payer pour des morts et des blessés, et qu’ils souhaitaient qu’il se rendît à la mosquée, afin d’apporter sa contribution au paiement des prix du sang. Je m’en fus donc le trouver et l’en informai. Il appela alors : « Jeune fille ! Apporte-nous le déjeuner ! » La servante amena du pain grossier, qu’il coupa en morceaux dans un jus de macération de dattes, sur lequel il versa de l’huile avant de commencer à manger. Lorsqu’il eut finit, il s’exclama : « Louange à Dieu ! Du blé d’Ahwaz, des dattes de l’Euphrate et de l’huile de Syrie ! » Il se rendit ensuite à la mosquée où il effectua une prière. Ceux, parmi son clan, qui attendaient réparation et ceux qui devaient réparation s’étaient rassemblés et discutèrent longuement avant d’arriver à un accord. Dirâr intervint alors et leur demanda : « Qu’avez-vous décidé ? » Ils répondirent qu’ils s’étaient accordés sur un certain nombre de dromadaires en guise de réparation. Dirâr déclara : « Je prends tout à ma charge ! » puis il rentra chez lui. »

Si Dirâr Ibn Al-Qa'qâ' prodiguait dans le luxe, il n’aurait guère fait don à son clan de tout l’argent nécessaire au paiement des prix du sang, et se serait contenté d’une modeste contribution payée contre son gré, à l’instar des prodigues dans le luxe.

Nous nous plaignons des dépenses débridées et inconsidérées, à l’instar de cette exécrable prodigalité que l’on rencontre dans les cérémonies nuptiales ou funéraires. Chez nous, de tels événements sont organisés avec fort peu de sagesse et de raison, car ils dévorent des sommes d’argent telles que le maître de maison n’en tire aucun mérite, pouvant même au contraire, se trouver exposé à la critique et au péché.

Si la prodigalité comporte des effets nocifs aussi nombreux pour les individus et les groupes, alors il est une obligation pour les politiques et pour les intellectuels réformateurs de s’entraider à lutter pour cette cause, afin que les gens s’éloignent de la prodigalité dans leur nourriture, dans leur boisson, dans leur garde-robe, dans leurs maisons et dans leurs objets d’intérieur, et de rechercher le meilleur moyen permettant de parvenir à cette fin.

Ibn Al-Khatîb dit dans son article politique : « Tes sujets sont des dépôts que Dieu t’a confiés. [...] Porte-les à ne dépenser qu’en fonction de leurs moyens. » [14]

P.-S.

Traduit de l’arabe d’un article de Sheikh Muhammad Al-Khidr Husayn, paru dans la revue Al-Hidâyah Al-Islâmiyyah et faisant partie du premier tome d’une compilation d’articles intitulée Maqâlât Li-Kibâr Kuttâb Al-'Arabiyyah fî Al-'Asr Al-Hadîth (Sélection d’articles des plus grands écrivains arabes de l’ère contemporaine), élaborée par Sheikh Muhammad Ibn Ibrâhîm Al-Hamad et téléchargeable en ligne sur le site Islamhouse.com.

Notes

[1] Abû Ja'far Al-Mansûr est le deuxième calife de la dynastie abbasside et le fondateur de la ville de Bagdad. NdT

[2] 'Abd Ar-Rahmân An-Nâsir, dit 'Abd Ar-Rahmân III, est un calife omeyyade d’Andalousie. NdT

[3] Le ganga cata est un oiseau vivant dans les régions arides et semi-arides allant du sud de la France au Moyen-Orient en passant par la Péninsule ibérique et l’Afrique du Nord. NdT

[4] Conférer Târîkh Ibn Khaldûn de Sheikh 'Abd Ar-Rahmân Ibn Khaldûn, disponible en ligne sur le site Al-Eman.com. NdT

[5] Sourate 7, Al-A'râf, Les Limbes, verset 32.

[6] Sourate 17, Al-Isrâ’, Le Voyage nocturne, verset 29.

[7] Sourate 17, Al-Isrâ’, Le Voyage nocturne, verset 27.

[8] Sourate 7, Al-A'râf, Les Limbes, verset 31.

[9] Sourate 25, Al-Furqân, Le Discernement, verset 67.

[10] Sourate 4, An-Nisâ’, Les Femmes, verset 6.

[11] Le poète vante ici le mérite d’un homme qui, le soir venu, a nourri sa famille et ses proches, jusqu’à se retrouver lui-même dans le dénuement, puis qui, dès le lendemain, repart gagner son pain. NdT

[12] Muhammad Ibn 'Imrân était le Cadi de Médine au VIIIe siècle. NdT

[13] Qutaybah Ibn Muslim était un général musulman qui conquit une grande partie de l’Asie centrale. NdT

[14] Conférer Rayhânat Al-Kitâb wa Naj'at Al-Muntâb de Lisân Ad-Dîn Ibn Al-Khatîb, disponible en ligne sur le site Islamport.com.

Source:

http://www.islamophile.org/spip/Les-effets-nocifs-de-la.html

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Le mauvais œil

Ibn ‘Abbâs (Radhiya Allahou ‘Anhou) a rapporté que le Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) a dit: « Le mauvais œil est une vérité, et si une chose pouvait devancer la prédestination, ce serait le mauvais œil. » (Mouslim)

Anas (Radhiya Allahou ‘Anhou) a dit: « Le Prophète (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) a autorisé la Rouqyah pour la piqûre venimeuse, le mauvais œil et l’eczéma. » [Muslim (2196)]

Abou Hurayrah a rapporté que le Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) a dit : « Le mauvais œil est une vérité. » ((Mouslim)

‘Aisha (Radhiya Allahou ‘Anha) a dit : « On ordonnait au temps du Prophète (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) à celui qui était à l’origine du mauvais œil de faire ses ablutions, et à celui qui en était atteint de s’en laver. » (Sahih Abou Dawoud )

‘‘Aisha (Radhiya Allahou ‘Anha) a dit également: « Le Prophète (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) m’a ordonné, ou a ordonné, de pratiquer la Rouqya contre le mauvais œil. » (Boukhari et Mouslim)

‘Oubayd Ibn Rifâ’ah Az-Zourqi a rapporté que Asma Bint ‘Omays a dit : « Ô Messager d’Allah ! Les enfants de Ja’far sont atteints du mauvais œil. Dois-je leur faire la Rouqya? » Il dit : « Oui, si une chose pouvait devancer la prédestination, ce serait le mauvais œil. » (1252ème hadith de As-Sahihah)

Abou Oumamah Sahl Ibn Hounayf a rapporté le récit suivant :

« ‘Amir Ibn Rabi’ah vit un jour Sahl Ibn Hounayf se laver, et il dit : « Par Allah ! Je n’ai jamais vu une peau de jeune fille aussi belle que cette peau (la peau de Sahl). » Sahl s’effondra et le Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) vint trouver ‘Amir et lui dit: « Pourquoi l’un de vous tue-t-il son frère? Pourquoi n’as-tu pas demandé la bénédiction d’Allah ? Lave-toi pour lui. »‘Amir lava alors son visage, ses mains, ses coudes, ses genoux, les extrémités de ses jambes et l’intérieur de son pagne dans un récipient puis versa son contenu sur Sahl qui repartit avec les gens comme si de rien n’était. » (Sahih Ibn Majah)

Mâlik rapporta également ce hadith dans son livre Al-Mouwatta’ avec cet ajout : « le mauvais œil est une vérité, accomplis tes ablutions pour lui. » et il accomplit ses ablutions. (Qualifié d’authentique par Al-Arnâ out)

Ibn Tawous rapporte de son père que le Prophète (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) a dit : « Le mauvais œil est une vérité, et si une chose pouvait devancer la prédestination, ce serait le mauvais œil. Et si on demande à l’un de vous de se laver qu’il le fasse. » (‘Abd Ar-Razzaq dans son Moussannaf, qualifié d’authentique par Al-Arnâ out)

Az-Zouhri a dit : On ordonne à celui qui est à l’origine du mauvais œil d’apporter un récipient, d’y plonger la main, se rincer la bouche, et de rejeter l’eau dans le récipient, puis de laver son visage dans le récipient, puis avec sa main gauche de puiser de l’eau dans le récipient et la verser sur son genou gauche [afin qu’elle tombe] dans le récipient, puis avec sa main droite de puiser de l’eau dans le récipient et la verser sur son genou droit [afin qu’elle tombe] dans le récipient, et enfin de laver l’intérieur de son pagne, sans poser le récipient à terre, puis par derrière on verse en une fois cette eau sur la tête de celui qui est atteint du mauvais œil.

Le mauvais œil est de deux types : l’un provenant des hommes et l’autre des démons.

Oumm Salamah rapporte que le Prophète (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) vit chez elle une servante qui avait une noirceur (Saf’ah) dans le visage et il dit : « Faite pour elle la Rouqyah car elle a une couleur anormale (An-Nadhrah). » (Boukhari et Mouslim)

Al-Housayn Ibn Mas’oud Al-Fara’ a dit : Saf’ah désigne une couleur anormale venant des djinns (Nadhrah) [dérivé de Nadhar, le regard]. Ainsi il dit : elle est touchée par un regard [Nadhar] des djinns, on dit aussi que les yeux des démons sont plus perçants que la pointe des lances. »

Jabir (Radhiya Allahou ‘Anhou) a rapporté que le Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) a dit : « Le mauvais œil amène l’homme à la tombe et le chameau à la marmite. » (ce hadith porte le n : 1249 dans As-Sahihah)

Abou Sa’id (Radhiya Allahou ‘Anhou) a dit : « Le Prophète (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) cherchait protection auprès d’Allah contre les djinns et le mauvais œil des hommes. » (Sahih At-Tirmidhî (2058))

Parmi les formules de recherche de protection et de Rouqyah contre les effets du mauvais œil figure la multiplication de la récitation du Coran et surtout sourate Al-Fatihah, le verset Al-Koursiyy, les sourates « de protection » (Al-Ikhlas, Al-Falaq et An-Nâs) et les formules de recherche de protection rapportées du Prophète (Salla Allahou ‘Aalayhi wa Salam) telles que :

« Je me mets sous la protection des paroles parfaites d’Allah contre le mal qu’Il a créé. »

« Je me mets sous la protection des paroles parfaites d’Allah contre tout démon et bête venimeuse, et contre tout mauvais œil. »

« Je cherche protection auprès des décrets parfaits d’Allah – auxquels nul ne peut se soustraire, qu’il soit pieux ou pervers – contre le mal de ce qu’Il a créé, conçu et réalisé, contre le mal de ce qui descend du ciel, contre le mal de ce qui y monte, contre le mal de ce qui est semé dans la terre, contre le mal de ce qui en sort, contre le mal des troubles nocturnes et diurnes, et contre le mal de toute personne qui frappe à la porte, exceptée celle qui vient pour une bonne chose, ô Tout Miséricordieux. »

« Je me mets sous la protection des paroles parfaites d’Allah contre Sa colère, [Son châtiment], le mal de Ses créatures, les incitations des démons et leur présence à mes côtés. »

« Ô Allah ! Je me mets sous la protection de Ton Noble Visage et Tes paroles parfaites contre le mal de ce que Tu saisis par son toupet. Ô Allah ! C’est Toi qui dissipes le péché et l’endettement. Ô Allah ! On ne peut dominer Tes armées et empêcher Ta promesse, gloire, pureté et louange à Toi. »

Source: IslamWeb

La dénonciation en islam est légitime.




Il va sans dire que le témoignage en justice (ici le mot justice ne veut pas forcement dire tribunal), la dénonciation faites à l'autorité d'un crime commis ne saurait se confondre avec la délation. Dans ce cas le devoir est de dire la verité que l'ont sait contribue à une société harmonieuse et est un rempart contre la corruption. La dénonciation est un devoir, quand la justice, le droit et la morale sont gravement lèsés, quand l'ignorance des choses qu'elles révèlent sont nuisibles à la société. Il ne faut pas hésiter, car l'hesitation de parler peut devenir préjudiciable à l’État, et nuire gravement à une société, à une association ou à une communauté et à ceux qui nous touchent.

Il faut se rappeler qu'il y a deux sorte d'injustice ; celle que l'ont fait et celle qu'on laisse faire par notre silence, que nous aurions put empêcher seuleument avec des mots. Tous les hommes sont solidaires, et ils doivent se considérés comme personnellement atteints toutes les fois que la justice est violée et la morale bafouée dans l'un de leur semblable, et il n'est pas question de délation ni diffamation;
chahadat zor tazwir calomnie dans ce cas.

D’où en islam le hadith suivant;
« Que celui d'entre vous qui voit une chose répréhensible la corrige de sa main !
Ici, il s'agit d'agir physiquement pour mettre fin au délit, dans le mesure de nos moyens, autant que force peut.

S'il ne le peut pas de sa main, qu'il la corrige avec sa langue !
Si la première possibilité echoue, il s'agit de dénoncer le délit ou l'infraction dont on a était témoin, puisque l'on a vue. S'il ne le peut avec sa langue que ce soit avec son cœur et c'est là le degré le plus faible de la foi. »
Dans ce dernier cas, le silence est délibéré, car cela ne coute rien de parler et de dénoncer un délit, nous avons peut de foi en Dieu, ni confiance en nous mêmes, ni confiance en la justice.

Sans oublier le code pénale qui stipule que la non dénonciation de malfaiteur, ou la non assistance à personne en danger peuvent conduire en prison. Là, le droit morale et le droit pénal se rejoignent, du moins sur le sujet de la dénonciation legitime, tandis que la diffamation est punie (chahadat zor) ou "tazwir" (falsification, faux témoignage).


Si l'ont ne réagit pas par peur de diffamation, il faut comprendre que d'autres personnes feront les frais de notre silence, et nous endosserons la résponsabilité d'actes commis sur d'autres victimes à cause de notre inertie, ou de notre peur. N'écouter pas les imams qui vous invitent au silence lors que vous constatez des injustices, des malversation et surtout les duperies (ces dernières sont les plus sournoises). Il faut se rappeller que la duperie n'est ni plus ni moins qu'un leurre, le mensonge déguisé en vérité, en ce sens; que la duperie n'est pas un mensonge evident car elle perdure dans le temps.

On peut confondre plus facilement un menteur qu'un dupeur. Quelques fois on ment sporadiquement, generalement par peur. Mais quand le mensonge est soigneseument calculé, prémedité, préparer de longue date, et murement réfléchie il devient duperie. L'intention de tromper autrui, la duperie est souvent cachée par des actes bons ou en apprence bons, d'oû le hadith :
"Les actes ne valent que par l'intention". A ce propos bien souvent le coran et les hadiths mettent en garde contre la duperie, que malheureusement les prélats de l'islam s'empressent de sortir de leurs contextes, soit délibérément soit par méconnaissance.

Il va de soit que le respect du hadith précédant celui de si dessus exige l'engagement, car s'engager se fait de sa propre volonté, s'imposer à soit même une obligation, et de donner aux autres le droit d'en user, de conferer à quelqun le droit d'exiger son acomplissement. La fidelité aux engagements est une préscription divine (el 3ahad), une forme de justice qui nous défend de tromper et de duper les autres, ne pas s'addonner à la diffamation (fausses rumeurs) afin de vivre dans de bonnes conditions sociales, d'autant plus en islam. La société des hommes civilisés ne subsiste que dans l'ordre morale et l'ordre matériel, que par un échange d'engements, et pas seulement entre musulmans (allusion à ceux qui disent "linge sales en famille").

Le droit est le patrimoine de chacun et de tous, sans solidarité dans le droit c'est le règne de l'anarchie et les portes grandes ouvertes vers la corruption, les malversations et les iniquités. Il est donc du devoir de chacun de le défendre chez tous, et le devoir de tous de le défendre chez chacun ; tous pour un et un pour tous dans la légalité républicaine.

Attention, la dénonciation devient délation et diffamation en islam, quand elle n'a pas pour but la justice et la défense de la société, mais qu'elle soit poussée, par les mobiles les plus vils, l’intérêt, la vengeance, l'envie et l’appât du gain comme l'affaire des musulmans du grand parc.

On sait que les actes des hommes public sont du domaine de la critique, attaquer justement l'administration, la collectivité ou l'association, ce n'est pas diffamer la personne, mais servir l’intérêt commun, donc la communauté, et quelle qu'en soit celle ci. Surtout quand les actes des hommes et des femmes à la têtes des associations musulmanes sencées servir la communauté, la devoie pour des raisons cupides et mercantiles. Il n'y a rien de pire que le laxisme que l'on eprouve à l'égard des gens de notoriété quand il commettent des délits. C'est à coup sure l'instauration de la corruption qui gangrene beaucoup de sociétés, et ainsi le corps du tissus sociale s'en trouvera totalement infecté par cette terrible maladie qui revêt des noms differends; le piston, rachwa, pots de vin, dessous de table et pour finir; TMA3.

Les règles de dénonciation en islam et en droit sont les suivantes :
Ne jamais révéler les fautes du prochain dans l'intention de lui nuire gratuitement ou par diffamation ,,,,,, ni en vue d'un profit personnel, mais uniquement par devoir pour des choses graves, nuisibles à la société et à la communauté. La dénonciation dans ce dernier cas devient un devoir, aussi bien devant Dieu que devant la justice des hommes. Celui ou celle qui est dénoncée n'a pas le droit de se plaindre quand à sa réputation, car la personne incriminée vient de céder le droit de sauvegarder sa réputation en se mettant dans une position délictueuse, par extension sa réputation cesse dès le moment ou lui même s'est mis dans une situation inique.

Pour en revenir à certains prélats et affairistes de la foi musulmane donneurs de leçons démocratiques quand on joue au dictateur; il va sans dire qu'ils font appele au coran et surtout aux hadith, que bien souvent sortent de leurs contextes pour legitimer leurs propos hypocrites. Quelquefois ce site fait l'objet de quelques intimidations qui nous promettent le feu éternel, par ce que nous accusons certains de nos coreligionnaires de forfaiture, ils qualifient nos propos de diffamation en islam; chahadat zor, tazwir falsification et calomnie.

prenons le verset suivant :
El houjarat (les appartements)
V 10. Les croyants ne sont que des frères. établissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu'on vous fasse miséricorde.
V 11
. Ô vous qui avez cru ! Qu'un groupe ne se raille pas d'un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu'eux. Et que des femmes ne se raillent pas d'autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu'elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux). Quel vilain mot que “perversion” lorsqu'on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas… Ceux-là sont les injustes.

Vous remarquerez que le verset 11 fait allusion aux moqueries, mais pas à la dénonciation d'actes nuisibles à la collectivité. Le coran de poursuivre dans le numéro 11
"qu'il se pourrait que les victimes de moquerie soient meilleurs que les moqueurs". Certes, mais cela est valable dans les moqueries frivoles, mais les versets en question n'ont absolument rien à voir avec les iniquités, les duperies, les malversations.


http://imam-mosquee.com/denonciation-delation-diffamation-en-islam.html


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Symbolisme de la montagne dans la Bible et le Coran : le lieu de l’appel et de la rencontre avec le divin

La spiritualité et la recherche du divin ont souvent été associées à un besoin d’élévation dont la dimension à la fois physique et spirituelle est parfaitement exprimée par le motif de la montagne. Elle renferme ainsi une symbolique extrêmement riche présente dans de nombreuses religions et mouvances spirituelles où elle a souvent été présentée comme lieu du repos des dieux ou refuge de divinités mythologiques en tout genre, ou encore point de jonction entre le ciel et la terre, entre le spirituel et le matériel. Elle manifeste aussi le désir millénaire de l’homme d’égaler Dieu ou de se rapprocher du ciel, comme l’illustre parfaitement l’épisode de la Tour de Babel (Genèse, 11 : 1-9) ou dans le récit coranique, la volonté de Pharaon d’ériger une tour lui permettant d’accéder jusqu’au Dieu de Moïse [1]. Point terrestre le plus proche du ciel, elle demeure avant tout le lieu de l’initiation, ainsi que, du Sinaï au Jabal al-Nour [2], l’endroit choisi par Dieu pour se révéler à l’homme. De fait, la symbolique du sommet comme le but à atteindre demeure au cœur de nombreuses pratiques initiatiques d’inspiration chrétienne, chiite et soufie. Cet article se base essentiellement sur l’étude du motif de la montagne dans la Bible et dans le Coran, ainsi que les modalités de sa présence dans les écrits de certaines figures majeures de la mystique chrétienne et musulmane.

La montagne dans la Bible : le lieu de l’Alliance et de la manifestation de la Parole de Dieu

Dans l’Ancien Testament, la montagne est le théâtre d’événements centraux : lieu choisi par Dieu pour l’accomplissement du sacrifice d’Isaac par Abraham, c’est également là où Il apparût à Moïse pour lui révéler les dix Commandements : "L’Eternel descendit sur la montagne du Sinaï, sur le sommet de la montagne ; l’Eternel appela Moïse sur le sommet de la montagne. Et Moïse monta" (Exode, 19:20). Accompagnée d’images symboliques fortes visant à montrer la toute-puissance du Créateur - tonnerre et éclairs, épaisse nuée et fumée la recouvrant - la montagne est donc le lieu que choisit Dieu pour se révéler à son peuple par l’intermédiaire d’un prophète élu. Si elle est parfois nommée - montagne de Séir, de Galaad, du Sinaï ou encore d’Hermon - c’est moins le lieu particulier que le motif même de la montagne en tant que lieu de manifestation du divin qui importe ici et qui tend à véhiculer l’image d’un Dieu majestueux et inaccessible au commun des mortels. Elle est également un lieu de refuge face au courroux divin. Les anges pressent ainsi Lot de fuir vers la montagne afin de ne pas périr lors de la destruction de Sodome (Genèse, 19:17). La montagne évoque parfois un retour à la foi originelle purifiée de tout élément corrupteur : lors de la remise en cause de la fidélité d’Israël à l’Alliance, Dieu s’adresse ainsi au prophète Elie, réfugié dans une caverne : ""Sors, et tiens-toi dans la montagne devant l’Eternel !" Et voici, l’Eternel passa." (Livre des Rois, 19:11). [3] Dans cet épisode, en contraste avec le "feu et la nuée" ayant précédé la rencontre de Moïse, la présence de Dieu est cette fois comparée à "un murmure doux et léger" [4] évoquant une présence plus douce, à la subtilité ineffable, au-delà de la force et de la matérialité des éléments. La montagne est enfin présente à de nombreuses reprises dans le Livre des Psaumes, où elle incarne le lieu de la rencontre du divin : "Envoie ta lumière et ta fidélité ! Qu’elles me guident, qu’elles me conduisent à ta montagne sainte et à tes demeures !" (Psaumes, 43:3).

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Fra Angelico, Le sermont sur la montagne, 1442, Florence, Museo di San Marco dell’Angelico

Dans les évangiles, le motif de la montagne continue d’évoquer celui de la Rencontre et de la proximité avec le divin, pour devenir également un lieu de recueillement. C’est également là où la loi est donnée, non plus par Dieu au travers de Moïse, mais par Jésus lui-même : la montagne est le lieu de l’enseignement du Christ, notamment des Béatitudes, qui constituent la première partie du "Sermon sur la montagne" contenant les principes centraux de son enseignement ainsi que le Notre-Père. [5] Elle demeure également le lieu par excellence de l’expérience spirituelle et de la révélation du Christ comme Fils [6] : ainsi, la Transfiguration accompagnée de l’apparition de Moïse et Elie aux apôtres Pierre, Jacques et Jean se déroule "à l’écart, sur une haute montagne" [7] (Matthieu, 17:1 et Marc, 9:2). Jésus s’y retire également à de nombreuses reprises pour prier, notamment au mont des Oliviers ou encore à la suite de la multiplication des pains après laquelle "il monta sur la montagne, pour prier à l’écart" (Matthieu, 14:23 et Marc, 6:46). Avec le désert, la montagne est aussi le lieu de l’épreuve, où le diable tenta de séduire le Christ en lui promettant de régner sur tous les royaumes du monde. [8] En outre, sa force et sa solidité sont évoquées pour les comparer à celles de la foi, plus grandes encore, et face à laquelle aucun élément matériel, même le plus solide, ne peut résister : "Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait ; rien ne vous serait impossible" (Matthieu, 17:20). Enfin, le Christ fut crucifié sur la montagne du Golgotha après y avoir porté sa propre croix, symbole fort du rétablissement du lien entre ciel et terre grâce au pardon du péché originel au travers de la mort du Fils. Le sommet devient ainsi le lieu ultime du retour vers le Père.

Après la résurrection du Christ, c’est également sur une montagne qu’il se manifeste pour la dernière fois à ses onze disciples et les revêt de l’Esprit. Malgré leur diversité géographique, l’ensemble de ces montagnes fait avant tout référence à la "montagne de l’Eternel" et intemporelle déjà évoquée dans l’Ancien Testament, évoquant l’ensemble des lieux choisis par Dieu pour entrer en contact avec le monde des hommes et leur transmettre Son message.

Le motif de la montagne dans le Coran : un des "signes" divins participant à la louange du Créateur

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Le prophète Elie sur la montagne, reproduction d’une icône du monastère de Hilandar au Mont Athos

Le symbolisme de la montagne présent dans le Coran puise certaines de ses sources dans l’Ancien Testament, mais apporte également un enrichissement certain à l’éventail de ses significations. Tout d’abord, son aspect géologique de "pieu" ou d’ "ancre" ainsi que son rôle dans la stabilisation de la terre sont évoqués (16:15, 21:31) [9]. En outre, la montagne a un rôle dans l’orientation des hommes et sert de véritable point de repère naturel [10].

Aux côtés des astres et des végétaux, la montagne est également considérée comme un être vivant faisant partie de l’ensemble cohérent de la nature et participant au grand chant de louange du créé au Créateur. [11] Plus qu’une masse rocheuse inerte, elle est donc une réalité sensible possédant une conscience de sa propre réalité et de la toute-puissance de son Créateur. Les montagnes manquent de s’écrouler en apprenant que certains hommes ont attribué un fils au Créateur (19:90), se seraient fendues sous l’effet de la crainte de Dieu si le Coran leur avait été révélé (59:21) ou encore refusent de se charger de l’amânah [12] (33:72). Enfin, le Mont Sinaï [Tûr] est également pris à témoin dans la Sourate 52 qui porte son nom.

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La transfiguration du Christ, icône de Georges Morozov, XXe siècle

La montagne constitue également un support essentiel de la théophanie sous tendue par une vision de la nature dont les éléments sont perçus comme autant de "signes" (ayât) manifestant le divin. Le Créateur, transcendant par essence et échappant de fait à la perception du commun des mortels limitée au domaine du sensible [13], se rend ainsi accessible au travers de formes matérielles dont la perception exige cependant une attention particulière nourrie par la foi. La montagne, faite de roc, incarne les idées de permanence et de solidité face au monde évanescent de la matière, tout en suggérant la présence d’un monde autre non soumis à la loi de la mort et de l’anéantissement. La mise en marche des montagnes et leur effondrement font également partie des signes de l’imminence de la fin des temps : elles seront alors "comme une dune de sable dispersée" (73:14) ou encore "comme de la laine cardée" (101:5). La rencontre de Moïse au Mont Sinaï (Tûr) est évoquée à de nombreuses reprises dans le Coran [14] : c’est là que lui fut révélée la Loi mais également rappelé le pacte préexistentiel conclu entre les hommes et Dieu. [15]" (2:93) Le pacte en lui-même est évoqué au verset 172 de la sourate Al-A’râf : "Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "ne suis-je pas votre Seigneur ? " Ils répondirent : "Mais si, nous en témoignons..." - afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : "Vraiment, nous n’y avons pas fait attention"". Selon l’islam, la vocation de l’ensemble des prophètes constituait essentiellement en un rappel de ce pacte préexistentiel.]] Lorsque Moïse émet par la suite le souhait de voir le Créateur, celui-ci se manifeste à une montagne qui est pulvérisée, tandis que ce dernier s’effondre, comme foudroyé (7:143). Selon certains mystiques, la montagne se serait désintégrée dans un élan amoureux provoqué par la vision du Créateur et ayant entraîné une volonté de s’unir et de se fondre en Lui.

Symbolique de la montagne et mystique

A l’inverse de la caverne, matrice obscure au sein de laquelle se déroule la mort à la vie terrestre, prélude à une renaissance spirituelle et à l’initiation, la montagne marque le début de l’ascension concrète du mystique, sa pente symbolisant le mouvement ascensionnel du retour de l’âme vers sa patrie originelle. Il faut également noter le lien étroit existant entre l’obscurité de la caverne, qui, creusée dans la montagne, symbolise le monde terrestre, et la montagne, consacrant un retour à la lumière et menant à la vérité divine ; l’une et l’autre représentant respectivement le pôle ténébreux et lumineux du monde. Ce symbolisme explique également la présence de nombreux sanctuaires au sommet des montagnes, dont l’atteinte ne se réalisera qu’au travers un effort vécu à la fois comme un dépassement du corps et de l’âme. Présente à la fois dans la mystique chrétienne et musulmane, la thématique de la "montagne intérieure" évoque le véritable parcours initiatique de l’âme dont les conditions rejoignent celle d’une ascension terrestre : vision du sommet comme élément moteur, nécessité de ne pas se charger de fardeaux inutiles ainsi que de la présence d’un guide connaissant le meilleur chemin pour arriver à bon port. [16] Dans ce sillage, Jean de la Croix décrit l’atteinte du degré suprême de perfection mystique comme la "montée au Mont Carmel" [17], sommet ultime d’une longue et difficile ascension. L’Ordre du Carmel, fondé sur le mont du même nom où Dieu s’est manifesté à Elie, est également marqué par une spiritualité de la montagne vécue comme un lieu de rencontre avec le divin. Sainte Thérèse de Lisieux évoque ainsi le choix de son Ordre religieux : "En grandissant, j’avais compris que c’était au Carmel qu’il me serait possible de trouver véritablement le manteau de la Sainte Vierge et c’était vers cette montagne fertile que tendaient tous mes désirs…".

Le motif de la montagne est également présent dans la légende du saint Graal, ce dernier se trouvant sur "la Montagne du Salut" [18], lieu regorgeant de splendeurs paradisiaques auquel ne peuvent accéder que les initiés. C’est également "sur le haut de la montagne" que Saint Bernard de Clairvaux opéra plusieurs guérisons miraculeuses. Enfin, Noces chymiques de Christian Rosenkreutz [19], l’un des ouvrages fondamentaux de l’ordre de la Rose-Croix, évoque le parcours mystique d’un vieillard devant se rendre à des noces royales se déroulant au sommet d’une haute montagne.

Dans la mystique musulmane et plus particulièrement dans le chiisme, qui tend à "intérioriser" les symboles pour les faire correspondre à autant d’étapes du parcours spirituel de l’homme [20], la montagne symbolise l’élévation de l’âme dont le sommet constitue l’ultime étape du parcours spirituel. Nous retrouvons ici le concept clé de "montagne intérieure" dont l’ascension correspond à une élévation qui est à la fois connaissance de soi et l’amorce d’un retour vers le Principe.

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La première révélation du prophète Mohammad sur le mont Hira, Miniature turque, époque inconnue, bibliothèque de Topkapi, Istambul

De nombreux traités mystiques mentionnent également la présence de montagnes cosmiques n’ayant pas d’existence géographique concrète et porteuses de sens spirituels très riches. La plus connue en islam demeure la montagne de Qâf, axe cosmique entourant notre univers - qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler la Montagne du Salut contenant le saint Graal -, située dans une mystérieuse "Ile Verte" où résiderait le Sîmorgh. Dans l’épopée mystique d’Attâr, Le langage des oiseaux (Mantiq al-Tayr), l’ultime étape du voyage d’un groupe d’oiseaux à la recherche de leur roi la Huppe se situe au sommet de la montagne du Qâf, qui symbolise la surexistence en Dieu (baqâ’) réalisée à la suite de l’annihilation du moi (fanâ’). Véritable "Sinaï mystique", la montagne de Qâf constitue également pour Sohrawardî l’une des étapes d’un parcours mystique devant mener à la découverte d’un "moi supérieur" situé en son sommet. [21]

La montagne est également très présente dans les œuvres des grands poètes iraniens, notamment Rûmî pour qui elle symbolise tantôt le rang privilégié de l’homme par rapport aux autres créatures qui, "solide comme une montagne", est à même de combattre et vaincre ses passions et penchants égoïstes, tantôt les croyants superficiels qui se contentent de répéter les principes religieux sans en comprendre la signification profonde, telle une montagne dont l’écho répète automatiquement un son à l’infini. La notion d’écho revêt aussi une signification positive dans le cas des "amis de Dieu" (Awliya-ol-llah) : après avoir atteint le stade suprême de l’union au Créateur (fanâ) et s’être dépouillés de leur "moi", leurs paroles leur sont alors directement inspirées par Dieu, telle une montagne reproduisant en écho une voix à l’identique.

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La montagne cosmique, paysage de Xvarnah, miniature turque, XIVe siècle

La présence continue des montagnes comme théâtre des révélations divines est également soulignée par le théosophe iranien Sayyed Ahmad ’Alavî Esfahânî (XVIIe siècle) : "Le Seigneur est venu du Sinaï ; il s’est levé à Seïr [Mont Thabor, où Jésus fut transfiguré], il a paru sur le Mont Pharan [grotte de Hîra ou le prophète Mohammad reçut la première révélation coranique] et les Saintes Myriades étaient avec Lui. Il portait avec Lui en sa droite la Loi de Feu" [22]. Nous touchons également ici à un aspect essentiel de la pensée islamique, selon laquelle il existe une véritable continuité des révélations divines - lumière unique dont l’islam se veut l’aboutissement ultime. La montagne occupe également une grande place dans les arts des deux traditions. Si elle a tendance à figurer en arrière-plan de représentations de grandes scènes de la vie du Christ, elle symbolise davantage un aspect des songes et visions des mystiques musulmans qui figurent ce qu’ils on vu, nous offrant ainsi un véritable tableau de leur vie intérieure. [23]

De par sa hauteur et sa proximité relative avec le ciel, la montagne est donc le symbole de l’élévation spirituelle ainsi que le lieu par excellence de la proximité avec l’Ami, s’y révélant pour guider l’homme et lui manifester Sa gloire. A l’époque actuelle, si le "désenchantement du monde" semble avoir réduit la montagne à sa dimension "naturelle" comme simple élément parmi d’autres du paysage géographique, elle n’en reste pas moins riche d’un symbolisme unique pour chaque croyant. Comme l’a souligné Marie-Madeleine Davy, l’ascension de la montagne symbolise avant tout le début d’une quête intérieure de soi rejoignant peu à peu celle de l’Absolu. [24] Véritable "Voie du salut" la montagne s’identifie dès lors, dans les traditions chrétiennes et musulmanes, avec l’initiation, tout en consacrant une spiritualité ascendante.

Bibliographie
- Amir-Moezzi, Mohammad Ali (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, Bouquins, 2007.
- La Bible de Jérusalem, Pocket, 2005.
- Boubakeur, Dalil, La symbolique du Sinaï ou l’épreuve de la montagne.
- Le Coran, trad. De Kasimirski, Flammarion, 1993.
- Le Saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets, Albouraq, 2004.
- Davy, Marie-Madeleine, La Montagne et sa symbolique, Albin Michel, 1996.
- De la Croix, Jean, "La montée du Carmel" in Œuvres complètes, trad. de Mère Marie du Saint-Sacrement, Dominique Poirot (dir.), Paris, Cerf, 1990.
- Sohrawardî, Shihâboddîn Yahyâ, L’archange empourpré, quinze traités et récits mystiques traduits du persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.
- Tâjdînî, ’Alî, Farhang-e nemâdhâ va neshânehâ dar andîshe-ye Molânâ (Dictionnaire des symboles et signes dans la pensée de Molânâ), Téhéran, Soroush Press, 2005.
- Wolfram Von Eschenbach, Parzival, Deutscher Klassikerverlag, 2006.

Notes

[1"Et Pharaon dit : "O notables, je ne connais pas de divinité pour vous, autre que moi. Haman, allume-moi du feu sur l’argile puis construis-moi une tour, peut-être alors monterai-je jusqu’au Dieu de Moïse. Je pense plutôt qu’il est du nombre des menteurs" (Coran, 28:38).

[2Signifiant "montagne de lumière". Lieu où s’est déroulée la première révélation du prophète Mohammad, dans la grotte de Hira.

[3Nous sommes ici en présence de la dialectique montagne/caverne que nous évoquerons plus en détail par la suite.

[4"L’Eternel passa. Et devant l’Eternel, il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : l’Eternel n’était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre : l’Eternel n’était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : l’Eternel n’était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger" (Premier Livre des Rois, 19:11-12).

[5Matthieu, chapitre 5 à 7.

[6"Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le !" (Matthieu, 17:5).

[7"Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, son frère, et il les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière" (Matthieu, 17:1-2).

[8"Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores." (Matthieu, 4:8-9).

[9Ce rôle des montagnes évoqué dans ce verset à été perçu comme étayant le caractère divin du Coran, étant donné que la notion de tectonique des plaques et le rôle de stabilisateur des montagnes dans ce phénomène n’a été découvert que dans la seconde moitié du XXe siècle.

[10Dans le premier cas, les montagnes sont désignées par le qualificatif de "jibâl" ou "rawâsin", alors que les secondes sont qualifiées et "a’lâm".

[11"N’as-tu pas vu que c’est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et tous ceux qui sont sur la terre, le soleil, la lune, les étoiles les montagnes, les arbres, les animaux, ainsi que beaucoup de gens ?" (22:18).

[12L’amânah exprime l’engagement de n’adorer qu’Allah, de faire le bien et fuir le mal.

[13La perception sensible est immédiate et commune à l’ensemble des hommes, même s’il en existe d’autres comme la perception imaginale, qui constitue notamment l’organe de connaissance par excellence des mystiques.

[14Notamment dans les versets 19:52, 20:10, 28:44…

[15"[[Et rappelez-vous, lorsque Nous avons pris l’engagement de vous, et brandi sur vous At-Tur (le Mont Sinaï) en vous disant : "Tenez ferme à ce que Nous vous avons donné, et écoutez !

[16Dans la tradition chrétienne, le Christ est le Guide par excellence, mais il est également le sommet même à atteindre.

[17"Subida del monte carmelo". De la Croix, Jean, "La montée du Carmel" in Œuvres complètes, trad. de Mère Marie du Saint-Sacrement, Dominique Poirot (dir.), Paris, Cerf, 1990.

[18Ce lieu est appelé "Montsalvage" dans la version de Wolfram Von Eschenbach intitulée Parzival. Selon ce dernier, "qui met ses soins à la chercher ne la découvre malheureusement jamais…Il faut y parvenir sans en avoir formé le dessein".

[19Ce manifeste, publié anonymement, est en réalité l’œuvre de Johann Valentin Andreae , théologien et mystique allemand du XVIIe siècle.

[20Dans la mystique musulmane, l’homme est souvent perçu comme un microcosme symbolisant parfaitement avec le macrocosme de l’univers.

[21L’atteinte de ce sommet ne dépend pas d’une aptitude physique particulière, mais d’une transformation intérieure. Ainsi, en réponse à la question du disciple qui demande s’il est possible de franchir ces montagnes en y forant un tunnel, le maître répond : "Impossible également d’y forer un tunnel. En revanche, celui qui possède l’Aptitude, peut les franchir en un seul instant, sans avoir à creuser de tunnel. Il s’agit d’une vertu semblable à celle du baume. Si tu exposes au soleil la paume de ta main assez longtemps pour qu’elle devienne brûlante, et qu’alors tu verses le baume goutte à goutte dans le creux de ta main, le baume transperce au revers de ta main grâce à la vertu naturelle qui est en lui. Toi également, si tu actualises en toi-même la vertu naturelle de franchir ces montagnes, c’est en un instant que tu les franchiras toutes les deux.", "Le récit de l’archange empourpré" (’Aql-e Sorkh), in Sohrawardî, Shihâboddîn Yahyâ, L’archange empourpré, quinze traités et récits mystiques traduits du persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.

[22Cité par Dalil Boubakeur, La symbolique du Sinaï ou l’épreuve de la montagne, p.5.

[23Cf. Amélie Neuve-Eglise, "Des paysages de "Xvarnah" au "huitième climat" de la géographie mystique : le sens philosophique et mystique de la miniature", Revue de Téhéran, juillet 2007, No. 20.

[24Davy, Marie-Madeleine, La Montagne et sa symbolique, Albin Michel, 1996.

Source:http://www.teheran.ir/spip.php?article792

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