« La pluralité en islam ». Le titre de l’article peut surprendre le lecteur. Publié durant l’été 2006 sous la plume de Jamâl al-Bannâ [1], le papier n’a pas suscité de controverse, illustrant par là les difficultés à envisager la possibilité de remises en question des lieux les plus communs. Jamâl al-Bannâ n’est pas un quidam, mais le cadet du fondateur des Frères musulmans, un érudit affranchi de tout lien de subordination avec les autorités religieuses sunnites et politiques égyptiennes. La thèse développée était la suivante : un certain nombre de personnes pensent que, puisque l’islam est « la religion de l’unicité », l’unicité doit être la qualité de la communauté musulmane, qu’elle ne doit suivre qu’un seul responsable, qu’il ne doit y avoir qu’une seule presse, qu’un seul parti, etc. Non, répond al-Bannâ, l’unicité est l’attribut propre de « Dieu », aucun autre que « Dieu » ne peut y prétendre, pas même la communauté croyante qui s’en réclame. Les groupes visés n’ont pas manqué de se reconnaître, à commencer par ceux qui proclament, imaginant avoir réponse à tout, que « le Coran est notre constitution » [2].
Dans la suite de son propos, l’auteur épingle les juristes qui ont failli à leur tâche en verrouillant les sciences dans lesquelles ils ont régné en maîtres depuis des siècles. Il défend un principe de « liberté » adossé à un principe de « justice » et la nécessité de prolonger sans cesse la réflexion (tafkîr) en référence à ‘Abbâs Mahmûd al-‘Aqqâd (1889-1964). Les intentions apologétiques de ce dernier sont connues ; il écrivit une biographie de Muhammad qui, de son aveu même, relevait plus du témoignage rendu à l’homme de génie que du travail de l’historien [3]. Journaliste de talent, ayant à son actif plus de soixante-dix ouvrages, il fut un polémiste engagé et caustique, aux connaissances encyclopédiques qu’il devait à une bibliothèque personnelle de près de 40 000 ouvrages. Voilà le genre de figures dont l’islam contemporain a besoin, explique al-Bannâ, non pour reproduire ce qu’ils ont fait mais pour être à la hauteur de leur effort de pensée, un effort qui ne manquait pas d’aller puiser hors du corpus confessionnel.
Nous voulons aller plus loin et montrer que la parole s’inscrivait dans un espace de discussion bien plus large encore, il y a quelques siècles. Nos éditeurs feraient bien de s’en souvenir – ou de le découvrir –, à l’heure ou la grande maison Random House s’autocensure par crainte des réactions que pourrait provoquer la publication d’un roman sur Aïcha [4].
Glorification d’actes héroïques, de la fidélité à la foi professée, d’amitiés mais aussi accusation de meurtre, d’adultère, d’ivrognerie, d’apostasie, tel fut le lot des membres de l’entourage proche de Muhammad selon des documents longtemps négligés au profit d’une geste sans aspérités. Dans Sharh Nahj al-balâgha, Ibn Abî al-Hadîd (1190-1257) dénonce la sacralisation démesurée des compagnons du Prophète de l’islam et de son entourage le plus proche. Si cette sacralisation fut amplifiée par la Tradition, elle était inexistante au début de l’islam. Pour argumenter son propos, Ibn Abî al-Hadîd rapporte des querelles, des controverses et des désaccords attestés, non seulement au sein de la famille de Muhammad, mais aussi parmi ses compagnons et leurs successeurs, accusés de fautes graves. Il s’agit de luttes internes, motivées par des raisons politiques et de pouvoir, connues de tout le monde ; les ouvrages médiévaux les citent dans les détails, et les auteurs s’autorisent même à prendre parti pour l’un ou l’autre des protagonistes en question. Ibn Abî al-Hadîd en donne une liste non exhaustive tant les querelles et les désaccords sont nombreux. Il évoque les insinuations portant sur la judaïté supposée de Zayd b. Thâbit, en faisant allusion aux deux du’âba (nattes) qu’il portait alors qu’il était enfant et à ses jeux avec « des petits enfants juifs » [5]. L’enjeu est d’importance. Zayd est l’un des secrétaires de Muhammad et l’artisan principal de la collecte du Coran après sa mort, il était impensable que l’on donnât à penser que le Prophète de l’islam eût pu être informé par Zayd des écritures antérieures juives, voire chrétiennes [6]. Et pourtant, après avoir consulté à Bagdad des spécialistes dont il donne les noms, Abû al-Qâsim al-Balkhî (mort en 931) rejette les traditions selon lesquelles c’est Muhammad qui lui a ordonné d’apprendre ces langues. Zayd a fréquenté l’école juive de Yathrib (la future « ville du Prophète », Médine) [7], il savait de l’araméen ou du syriaque et de l’hébreu avant la venue de Muhammad dans cette ville.
Aïcha, l’une des femmes du Prophète [8], est aussi au centre de controverses. Elle a été accusée d’adultère, avant d’être innocentée. Elle a contredit les compagnons qui auraient rapporté le propos de Muhammad selon lequel « trois choses sont porteuses de malheur : la femme, la maison et le cheval ». Les versions varient sur les raisons qui expliquent cette altération dénoncée. Un hadîth indique, par ailleurs, qu’Aïcha détestait Ali, cousin et gendre du Prophète, qui allait devenir le quatrième calife et le premier imam pour les chiites, au point qu’elle ne pouvait pas prononcer son nom [9]. Les traditionnistes – ceux qui ont fixé la Tradition – ont opéré des choix définitifs et fermes, ils ont élu des personnages pour des raisons qui semblent difficiles à comprendre après-coup, mais qui impliquaient des enjeux. Ce fut le cas dans l’histoire qui opposa Aïcha à ‘Abd Allâh ibn ‘Umar [10], à propos du nombre de ‘umra (pèlerinage restreint au seul site mekkois) accomplis par le Prophète. Les traditionnistes ont choisi la position d’Aïcha, la mère des croyants [11]. À partir d’une certaine époque, cette parole a été considérée implicitement « comme un substitut de parole prophétique, bien entendu en dehors du cadre d’inspiration » [12], parce qu’elle était censée rappeler, de façon infaillible, la mémoire de la conduite quotidienne de Muhammad.
Ce qu’il importe de souligner, c’est que les successeurs des compagnons avaient une grande liberté de critiquer et de juger le comportement de ceux-là, surtout lorsque les fautes étaient avérées. Ils les considéraient comme n’importe quelle personne de leur entourage, ils n’hésitaient pas à les dénoncer. Ce n’est que par la suite que la Tradition, suivie de la vox populi, fit d’eux des personnes sacrées. Ibn Abî al-Hadîd appuie ses propos sur des sourates coraniques qui constituent pour lui la preuve que les compagnons ainsi que l’entourage du Prophète n’étaient pas préservés contre les fautes et les péchés. Ces références, précise-t-il, s’appliquent à tout un chacun : « Dis, moi je redoute, si je me rebellais contre mon Seigneur, le châtiment d’un Jour terrible » [13] ; « Arbitre entre les hommes selon la vérité, ne suis pas ta passion, elle t’égarerait loin du sentier de Dieu, ceux qui s’égarent loin du sentier de Dieu ont un affreux tourment pour avoir oublié le jour du jugement » [14]. En tant que fervent défenseur de la cause chiite, il accuse Mu’âwiya (le cinquième calife, qui a combattu Ali, le quatrième calife) et ses successeurs d’être à l’origine de l’interdiction de s’opposer aux compagnons en ayant recours aux accusations d’« innovant », de « mécréant », d’« apostat » ou d’« hypocrite ». Comme l’a exposé Jacqueline Chabbi, « un mode de représentation et d’accréditation du passé » a été imposé. Selon ces mécanismes et ces critères, il n’y a plus eu de place pour le doute dans les chaînes de transmission qui remontent à ces figures comme aux paroles et gestes qui leur sont associés [15].
Une étude approfondie est possible et souhaitable, avec d’autres outils, pour retracer l’évolution de ces récits. La première remarque qui s’impose, c’est que les personnages de ces anecdotes, racontées dans les livres de Hadîth, de Maghâzî (expéditions militaires), de Sîra (biographie du Prophète), ainsi que d’autres types d’ouvrages, ont le plus souvent une valeur démesurément symbolique dans les rôles qu’ils jouent. Ils sont codifiés et organisés de manière très précise. Chacun est devenu une personne hors d’atteinte, un salaf, rendu sacré par la Tradition. Les traditionnistes les ont inscrits dans un ensemble clos à un moment de l’histoire arabo-musulmane.
On pourrait croire, comme le prétend Ibn Abî al-Hadîd, que l’interdit pesant sur ces figures remonte aux premiers temps de l’islam. Rien de tel. Ibrâhîm ibn Sayyâr al-Nazzâm (mort en 846), associé au courant du mu‘tazilisme doctrinal, fut un esprit à ce point audacieux qu’il niait catégoriquement tous les hadîth ou en inventait de ridicules (sur la supériorité du chat sur le chien, par exemple), il allégorisait les versets du Coran qui le gênaient, niait l’inimitabilité littéraire du Coran et accusait tous les compagnons du Prophète d’avoir commis des péchés graves [16]. L’exemple est celui d’un radical. Il vise à montrer les potentialités encore ouvertes voici onze siècles, y compris sur ce qui aujourd’hui paraît le plus sacralisé. Ne parlons pas, pour l’époque, de liberté de pensée, cela n’aurait aucun sens. Le statut d’impie a pesé sur les mu‘tazilites qui formaient école autour de deux principes fondamentaux : ce qui existe ne peut dépendre que d’un Créateur, sa « parole » est donc créée (en d’autres termes, le Coran n’est pas Dieu lui-même) ; l’homme est non seulement capable de découvrir par le travail de son intelligence les grandes vérités morales, mais il est libre de les suivre ou non. Cette école aux accents divers lia son destin à l’autorité de califes abbassides – al-Ma’mûn et ses deux successeurs –, en persécutant ses adversaires qui, à leur tour, devinrent les maîtres pour étouffer pendant plus d’un millénaire les écrits mu‘tazilites [17]. Elle nous intéresse dans la mesure où elle naît d’un problème juridique portant sur la validité des témoignages contradictoires. L’enjeu est considérable puisque, en fonction de la réponse, tout l’édifice de la Tradition des « faits et dits » du Prophète, reposant sur des chaînes de transmetteurs qui remontent à Muhammad, est susceptible d’être ébranlé. Or, nombre de nos contemporains ont peur de cet ébranlement. Ils ignorent les travaux pionniers qui montrent que l’historiographie musulmane des origines se construit en partie en continuité avec la tradition de l’Antiquité tardive, qu’elle n’est pas une donnée indépendante de son contexte d’éclosion [18]. Gageons que le travail annoncé sur la remise à plat des recueils de hadîth par les autorités religieuses turques saura faire bouger les lignes. Mais aucun engagement similaire ne semble venir du monde arabe.
Sans doute est-ce d’abord parce qu’une hypothèque pèse sur la langue arabe [19]. A-t-elle une histoire reconnue ? Contre toute apparence, la réponse est loin d’être évidente. En témoignent les affirmations courantes selon lesquelles Dieu a créé la langue arabe dans le but exclusif de diffuser l’islam ; Adam – dont l’existence n’est pas discutée par ceux-là – parlait d’ailleurs arabe et son fils Caïn aussi puisque des textes qui leur sont attribués ont été publiés [20]. Le chercheur allemand August Fischer (1865-1949) a lancé à Bâle, il y a un siècle, l’idée de la constitution d’un dictionnaire historique. Il a accumulé de nombreuses fiches lexicographiques plus tard déposées à l’Académie de langue arabe du Caire [21]. En 1934, en effet, son idée a été reprise par cette institution, dont les membres ont créé un « Comité du dictionnaire » auquel a participé Fischer. La Seconde Guerre mondiale a bloqué les travaux : l’orientaliste était en Allemagne, ses collaborateurs et ses fiches en Égypte, et il est décédé en 1949 sans avoir achevé son entreprise. L’Académie du Caire a mis ses notes à disposition, mais personne, en Égypte, n’a repris le chantier pour le mener à bien. Quant au principe, les académiciens, auteurs de la préface d’un Grand Dictionnaire (1956), reconnaissent que l’arabe ne s’arrête pas au IIe siècle de l’hégire, et que cette langue a un passé, un présent et un avenir [22]. Dans le monde de langue arabe, peu de choses ont été faites depuis un demi-siècle pour illustrer cette affirmation. Les recherches effectuées par l’Institut des manuscrits arabes, sous la direction de Salâh al-Dîn al-Munajjed et de ses successeurs, ont apporté des pièces utiles au dossier. Mais les universitaires attendent des ouvriers susceptibles d’être qualifiés, des moyens financiers et une volonté capable de surmonter les obstacles posés par les représentants du magistère religieux. Il n’existe toujours pas de dictionnaire étymologique de langue arabe. Toutefois, des universitaires allemands ont pu obtenir des doubles des notes de Fischer qu’ils ont mises à profit avec celles de Theodor Nöldeke (1836-1930), de Hermann Reckendorf (1863-1924), de H. L. Fleischer (1801-1888) et de Heinrich Thorbecke (1837-1890). Ils ont commencé, en 1956, la publication d’un dictionnaire de l’arabe classique [23].
Il est temps de se rendre compte qu’il peut y avoir plusieurs approches d’une seule et même chose, sans pour autant que la conception de l’autre ne soit perçue comme au service d’un but de nuisance et de destruction. Une civilisation, une culture, une religion qui se défendent bien sont celles qui n’ont pas peur d’aller de l’avant, qui ne craignent pas d’être confrontées et de se mêler aux autres, parce que leurs bases sont solides, fondées sur des conceptions qui n’empêchent pas le débat a priori. La confrontation à d’autres points de vue représente un enrichissement. Le protectionnisme à outrance (femmes sans visage et mosquées interdites aux non musulmans [24]) et les tentatives de verrouillage n’ont jamais constitué une force en soi. Au contraire, ils révèlent des faiblesses et des failles profondes qui nous font plonger dans des méandres d’obscurantisme d’où il est difficile d’être en interaction avec des points de vue qui ne sont pas nôtres. Ne voit-on pas enseigner de nos jours, dans une sérénité totale et sans aucun scrupule, que « l’arabe est la langue du Paradis » et qu’avant d’y accéder tout le monde sera confronté à « l’examen linguistique de la tombe », à savoir que l’ange chargé de questionner les défunts à leur arrivée dans la tombe posera ses questions en langue arabe et malheur à celui qui ne saura y répondre ? Que certains adhèrent à cette vision des choses, bien que les musulmans maîtrisant l’arabe constituent seulement une minorité dans le monde (sans parler des non musulmans), n’a rien de condamnable. Mais cela devient inquiétant s’il n’est pas possible, à côté, de tenir un autre discours. Ainsi, si en Occident beaucoup croient en la voyance ou à l’horoscope, il se trouve toujours quelqu’un pour leur rappeler qu’il s’agit de charlatanisme et de tromperie ; une fois avertis, ils restent libres d’y croire. Le problème est que, dans le cas de « l’examen linguistique de la tombe », aucun des ulémas ne s’est élevé contre ce type de réflexion, alors que les études linguistiques ont progressé et connu des évolutions considérables.
La naïveté est mauvaise conseillère. Les mots posés sur ces sujets sont piégés par des enjeux politiques majeurs. Affirmer, par exemple, que les Nabatéens étaient des Arabes ou tenir la position inverse a d’inévitables implications sur le problème le plus brûlant de la région depuis soixante ans : le conflit israélo-arabo-palestinien. Il ne faudrait pas réduire pour autant la faiblesse des recherches à cette question, le malaise est plus profond. Dans la controverse qui l’opposa à Ernest Renan, en 1882, Jamâl al-Dîn al-Afghânî demandait à son interlocuteur de ne pas condamner l’islam de l’avenir, au nom d’un passé glorieux, tout en reconnaissant les blocages du moment :
Je sais toutes les difficultés que les musulmans auront à surmonter pour atteindre au même degré de civilisation, l’accès de la vérité à l’aide des procédés philosophiques et scientifique leur étant interdit. […] Attelé, comme un bœuf à la charrue, au dogme dont il est l’esclave, il doit marcher éternellement dans le même sillon qui lui a été tracé d’avance par les interprètes de la loi. [25]
Le propos est frappé au coin par une sorte de fascination pour le scientisme dont les Européens semblaient incarner la quintessence. Il alimente aussi la thèse dite de la « double vérité » : aux humbles la foi du charbonnier, aux élites l’accès à la philosophie. Jamais il ne fut traduit en arabe, et ceci n’est pas un détail. Deux familles se réclament de ce personnage et de son compagnon d’exil parisien, Muhammad ‘Abduh (1849-1905), pour rompre avec la spirale du déclin relatif constaté dans le monde majoritairement musulman. La première (Taha Husayn, les frères Abd al-Razîq, etc.) met l’accent sur la nécessité de ne pas tenir pour acquis la tradition héritée, de s’ouvrir aux langues étrangères et aux disciplines nouvelles, notamment les sciences humaines et du langage, pour repenser l’expression de la foi musulmane dans le temps présent. La seconde (Rachid Ridâ, Hasan al-Bannâ, etc.) invite à revenir au modèle des anciens (salaf), convaincue qu’il y a dans le paradigme de Médine au temps de Muhammad un modèle indépassable. Entre les deux naviguent les ulémas conservateurs, gardiens d’un temple mis au service des intérêts étatiques de régimes autoritaires. Leur histoire est ponctuée d’affrontements bien connus, le plus souvent perdus par la première tendance [26]. Mais, ce qu’il importe de souligner, par-delà les procès et autres mises en demeure, c’est la liberté de ton qui prévalait dans ces controverses. Une liberté qui a, aujourd’hui, en partie disparu.
Après d’autres, nous situons le point de rupture au milieu des années 1970. En fondant son étude sur des pièces parfois inédites, Hamadi Redissi a montré comment le wahhabisme avait glissé de la marge au centre de l’orthodoxie sunnite avec la capacité de fixer les normes. L’un des moments-clés de ce passage est, selon lui, la controverse inaboutie entre Habib Bourguiba et le cheikh Ibn Bâz, alors une des sommités de l’université de Médine. Par une fatwâ, Ibn Bâz accusa le président tunisien d’impiété manifeste, justiciable de la peine de mort. Bourguiba échappa à la peine mais, sur le fond, Ibn Bâz reçut le soutien d’ulémas en poste de responsabilité jusqu’en Inde [27]. Il rappela que l’espace scripturaire avait été définitivement clos et qu’il ne faisait qu’appliquer la règle, instaurée au Moyen Âge par ses prédécesseurs, qui consistait à fixer les normes et les modes de pensées ; il se situa donc en tant qu’instance qui décidait de la légitimité d’une parole sur des écritures. Pour Ibn Bâz, la pensée ne pouvait être réduite à elle-même, elle ne pouvait se désolidariser du texte fondateur, même de la place de président d’un État souverain et indépendant qui invitait à mettre en doute la lecture littérale de la transformation du « bâton de Moïse » en serpent. Le bâton de Moïse s’est vraiment transformé en serpent et au diable l’allégorie et la métaphore ! Il se peut que la métaphore soit un procédé peu apprécié des jurisconsultes, dans la mesure où elle a cette capacité à transgresser le sens. La balâgha (rhétorique) n’est-elle pas importante, parce qu’elle contrôle les figures du langage, c’est-à-dire la production du sens ?
Le fait de réfuter des histoires qui semblent invraisemblables, dans la manière dont elles sont présentées, est perçu comme un acte visant à récuser la parole divine. Pour Ibn Bâz, comme en islam médiéval, il n’y avait pas de distribution de modes de pensées ou de genres littéraires ; on ne pouvait donc pas dissocier la vision du philosophe, du politologue, du critique littéraire, de l’historien et même du chef d’État, de celle du muhaddith (transmetteur de traditions prophétiques) ou bien du faqîh (jurisconsulte). Dans cette perspective, tout est lié à une base commune, celle délimitée par les prédécesseurs d’Ibn Bâz où l’exemplarité consiste à se conformer à des normes, à une hiérarchie de pensée et d’écriture. Ainsi, aucune relecture n’est possible, faute de quoi celui qui s’y essaie s’expose à de lourdes sanctions.
Depuis cette controverse avortée, on assiste à un durcissement, une surenchère dans les accusations d’apostasie, une inflation de fatwâ. Le lieu n’est pas d’insister sur les causes politiques ou structurelles du phénomène [28]. L’assassinat de Faraj Foda et l’exil forcé de Nasr Hamid Abû Zayd, convaincus d’apostasie pour leurs écrits sur le texte coranique, sont les exemples les plus emblématiques. Il en est de moins visibles. Hassan Hanafî, responsable des études philosophiques dans l’université égyptienne depuis plus de trente ans, se garde bien de rappeler les propos de son jeune âge :
L’athéisme est la purification de la religion de tous les schèmes collés sur elle au cours de l’histoire. L’athéisme est un retour à la religion dans sa pureté originelle. Il est une saisie de l’essence de toute révélation. L’athéisme est souvent le fait de l’homme qui se sent écrasé sous le poids du Dieu des théologiens […]. Il est le fait de la Raison humaine qui réfute les superstitions, le mystère, l’idolâtrie, le chosisme et toute extériorité. […] L’athéisme est aussi le fait de la liberté. [29]
Le même s’est ensuite proclamé disciple de Qotb et de Mawdûdi, puis a applaudi Khomeiny tout en l’invitant à injecter un peu d’analyse marxiste afin d’atteindre à la vraie « révolution islamique » [30]. Et il dénonce, aujourd’hui, l’écrivain Abdelwahab Meddeb comme « vendu à l’Occident » [31].
Dans la recherche française, l’islam a hérité d’un statut à part, il n’est pas étudié au même titre que le judaïsme et le christianisme en « histoire des religions ». Il ne l’est plus dans un secteur que l’on appelait autrefois l’« orientalisme », Alexandre Popovic est sans doute le dernier grand spécialiste à s’en réclamer publiquement. Bien qu’elle ait été très tôt pondérée [32], la thèse d’Edward Saïd [33] – vulgarisée à outrance – en a sapé les fondements : l’Orient a été une construction des lettrés et des savants de l’Europe pour asseoir culturellement une domination qui s’exerçait par les armes. La sociologie et les sciences politiques ont donc ramassé le phénomène laissé en déshérence. Pour le reste, les spécialistes français de l’islam contemporain se comptent à peine sur les doigts de deux mains. Du fait de leur histoire, l’état de la recherche en Amérique du Nord est différent, mais la vogue des « cultural studies » comme le poids de la politique extérieure américaine conduisent à un résultat analogue : l’islam et les musulmans relèvent souvent de l’exclusive altérité.
Le comparatisme ne manque pourtant pas de se révéler fécond. Il existe en linguistique, où les arabisants travaillent de concert avec les hébraïsants (par exemple à l’INALCO ou à l’université d’Aix-en-Provence [34]), mais leurs travaux sont méconnus du grand public. Il reste trop timide en histoire et porte d’abord sur ses aspects les plus spectaculaires ou les plus radicaux [35]. Or les acteurs n’ont pas manqué de signaler les analogies de leurs réactions. Dans la réplique d’Al-Afghânî à Renan, citée plus haut, l’intellectuel musulman écrit avec justesse que « les chefs vénérés de l’Église catholique n’ont point encore désarmé » dans la lutte qui les opposent « au mouvement intellectuel ou philosophique » de leur temps. Les autorités religieuses étaient décontenancées par des disciplines qui revendiquaient une autonomie par rapport à la théologie et au droit confessionnel. Dans ce cadre, le rapport au texte considéré comme expression divine cessait d’être sacralisé, les notions de « révélation », de « création », de « surnaturel » et de « conscience » étaient débattues sans réserve. Les découvertes en archéologie (les vestiges d’un homme dans la vallée allemande de Neander), en philologie et en linguistique bousculaient des récits tenus pour acquis : avec la lecture publique du contenu de l’Épopée de Gilgamesh, il n’était plus possible de prétendre que le texte biblique était le plus ancien rédigé dans l’histoire de l’humanité.
La remise en question fut douloureuse. Elle prit le nom de « crise moderniste » dans l’Église catholique [36]. Cette dernière poursuit un combat philosophique qui, avec le temps, a pris la forme d’un dialogue vigoureux sur les présupposés qui fondent l’épistémologie des sciences. Elle a été rejointe dans ce domaine par des fidèles d’autres Églises, et leur manifestation la plus dynamique est le mouvement « Radical orthodoxy » [37]. En revanche, elle a perdu la bataille de tranchée qu’elle menait contre l’exégèse historico-critique. Aujourd’hui, le magistère romain ne soutient plus que les cinq premiers livres de la Bible ont été rédigés par Moïse… Il ne paraît pas que, pour cette raison, la foi des fidèles catholiques s’en soit trouvée affaiblie [38]. Ne peut-il en être de même avec le texte coranique ?
La culture arabo-musulmane se désigne par un centre massif. Ce centre ou ce noyau, c’est le Coran. C’est à partir de ce centre que les normes, les modèles de pensée et de légitimation des écritures ont été déterminés. Toute entreprise dans le domaine arabo-musulman a dû être confrontée, de façon implicite ou explicite, au texte coranique qui est devenu l’instance de légitimité, le modèle suprême de référence, la parole fondatrice. Toutes les écritures, médiévales et – en partie – modernes, se sont raccrochées au texte fondateur, depuis l’épître morale jusqu’au texte de grammaire. Le paradoxe est que, d’un autre côté, on invoque l’inimitabilité (al-i‘jâz), ce barrage qui interdit l’usage humain des procédés coraniques. Cela signifie que nous sommes devant une parole-écriture qui se refuse à toute imitation, mais se pose, en même temps, comme modèle. Or, par définition, un modèle est ce qui sert à la reproduction, à l’imitation. Il y a donc une ambiguïté totale.
À côté d’un discours confessant, il doit être possible de parler de l’islam comme d’une expression religieuse parmi d’autres, rien de plus. C’est dans le va-et-vient permanent entre ces deux pôles – pensée confessante et pensée non confessante – qu’une majorité de fidèles dans le judaïsme, le christianisme et bien d’autres religions encore, ont accepté de cheminer. Leurs représentants l’ont fait avec difficulté, et parfois incomplètement, comme le montrent aux États-Unis les débats récents sur le créationnisme. Le mouvement est timide dans le monde majoritairement musulman, mais il n’est pas inexistant [39]. Il peut trouver une impulsion décisive à partir de l’Europe. La condition est de reconnaître que, par le passé, il n’y a pas toujours eu entre musulmans « acceptation consensuelle » sur des « règles immuables issues des sources authentiques de l’Islam : le Saint Coran et la Sunna (tradition du Prophète) » [40]. L’ardeur à relever le défi était forte, il y a un siècle, lorsqu’un Muhammad ‘Abduh n’hésitait pas à croiser respectueusement le fer avec un Farah Antun, fondateur de la revue Al-Jami’a, dans laquelle ce dernier publiait les textes traduits de Voltaire, Rousseau, Hugo ou Darwin. Ne pas inviter à prolonger ce geste consiste à tenir une partie de l’humanité à l’écart d’un travail de l’esprit où la parole n’est jamais close.
Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de cet article, mais ils tiennent à remercier Claude Gilliot, professeur à l’université de Provence, pour ses conseils et ses propositions de compléments.
par Dominique Avon & Abdellatif Idrissi [21-10-2008]
[1] Jamâl al-BANNÂ, « La pluralité en islam », al-Masrî al-Yawm, 9 août 2006.
[2] Slogan développé par les Frères musulmans dans les années 1940, encore en vogue aujourd’hui dans certains milieux.
[3] ‘Abbâs Mahmûd al-‘AQQÂD, ‘Abqariyyat Muhammad, Le Caire, 1943.
[4] Le manuscrit à paraître est celui de Sherry JONES, The Jewel of Medina (voir Libération, 18 août 2008).
[5] IBN ABÎ al-HADÎD, Sharh nahj al-balâgha, Beyrouth, Dâr ihyâ’ al-thurât al-‘arabî, 1960, 20 vol., p. 2090-2092.
[6] Claude GILLIOT, « Le Coran, fruit d’un travail collectif ? », in Daniel De SMET, G. de CALLATAY et J.M.F. Van REETH (éd.), Al-Kitâb. La sacralité du texte dans le monde de l’Islam, Actes du Symposium international tenu à Leuven et Louvain-la-Neuve du 29 mai au 1er juin 2002, Bruxelles, Louvain-la-Neuve, Leuven, Acta Orientalia Belgica. Subsidia III, 2004, p. 195-99 (185-231) ; Id., « Une reconstruction critique du Coran ou comment en finir avec les merveilles de la lampe d’Aladin ? », in M. KROPP (ed.), Results of contemporary research on the Qur’an. The question of a historico-critical text, Beyrouth, Orient Institut/Würzburg, Ergon Verlag, 2007, p. 62-66 (33-137).
[7] Michael LECKER, « Zayd b. Thâbit, ‘a Jew with two sidelocks’ : Judaism and literacy in Pre-Islamic Medina (Yathrib) », JNES, 56 (1997), p. 259-73.
[8] Aïcha est la fille du premier calife de Médine (de 632 à 634) et le plus fidèle compagnon du Prophète pour les sunnites. Selon la Tradition, Aïcha fut considérée comme l’épouse préférée du Prophète ; elle aurait eu vingt ans à sa mort. La date de sa mort retenue par la tradition est 678, c’est-à-dire plus de quarante ans après Muhammad.
[9] Al-BUKHÂRÎ, Sahih al-Bukhârî, tome 1, chapitre « al-ghusl wa al-wudû’ fî al-mikhdab wa al-qadah wa al-khashab wa al-hijâra » (L’emploi pour la lotion et l’ablution de bassine, de cruche, de vases en bois et en pierre), Beyrouth, Dâr al-qalam, 1987, p. 156-157. Ce hadîth est cité plusieurs fois dans le Sahih al-Bukhârî.
[10] ‘Abd Allâh (mort en 693) était le fils de ‘Umar ibn al-Khattâb, deuxième calife de Médine (634-644) ; il est considéré par la tradition parmi les jeunes compagnons du Prophète.
[11] J. CHABBI, Le Seigneur des tribus, Paris, Noêsis, 1997, p. 349.
[12] Ibid., p. 350.
[13] Al-An‘âm 6/15 ; Yûnus 10/15.
[14] Sâd 38/26.
[15] La prévalence d’un discours féminin émanant de la femme du Prophète « ’umm al-mu’minîn » la mère des croyants ou de sa fille Fâtima, figure encore plus sacralisée, est à mettre en doute dans la société arabe de cette époque qui était de forte patrilinéarité.
[16] Robert CASPAR, Traité de théologie musulmane. Tome 1 Histoire de la pensée religieuse musulmane, Rome, P.I.S.A.I., 1996, p. 150. Il cite à ce sujet la thèse de Muhammad ABÛ RÎDA, Ibrâhîm b. Sayyâr al Nazzâm wa-arâ’uhu l-kalâmiyya al-falsafiyya, Le Caire, Lajnat al-ta’lîf, 1946, 183 p.
[17] Dominique URVOY, Histoire de la pensée arabe et islamique, Paris, Seuil, 2006, p. 174-191.
[18] Abdesselam CHEDDADI, Les Arabes et l’appropriation de l’histoire. Émergence et premiers développements de l’historiographie musulmane jusqu’au IIe/VIIIe siècle, Paris, Sindbad/Actes Sud, « La Bibliothèque Arabe », 2004.
[19] Claude GILLIOT et Pierre LARCHER, « Language and style of the Qur’an », Encyclopaedia of the Qur’an (EQ), III, Leyde, Brill, 2003, p. 109-135.
[20] Par exemple après la mort d’Abel, Adam composa une élégie (rithâ’) dans laquelle il pleura son fils ; Wahb IBN MUNABBIH, Kitâb al-Tîjân fî mulûk Himyar, Sanaa, Edition Markaz al-dirâsât wa al-abhâth al- yamaniyya, s.d, pp. 24-25.
[21] Jörg KRAEMER, « August Fischer Sammlungen zum arabischen Lexikon », ZDMG, 105 (1955), p. 81-105 ; Fuat SEZGIN, Geschichte des arabischen Schriftttums, VIII, Leiden, Brill, 1982, p. 4-5.
[22] Ibrahim MADKOUR, « Le dictionnaire arabe au XXe siècle », MIDEO, n°6, 1959-1961, p. 337-345.
[23] Jörg KRAEMER, Helmut GÄTJE (1927-86), puis Anton SPITALER (1910-2003), Manfred ULLMANN (1931-), et al. (hrsg.), Wörterbuch der klassischen arabischen Sprache, auf Grund der Sammlungen von August Fischer, Theodor Nöldeke, Hermann Reckendorf, I-IV (lettres kâf et lâm), Wiesbaden, O. Harrassowitz, 1957-2006 (les traductions de l’arabe y sont données en anglais et en allemand), dont la parution continuera, on l’espère.
[24] L’interdiction pour les étrangers non musulmans d’entrer dans les mosquées, instaurée par le Maréchal Lyautey sous le protectorat français, existe toujours au Maroc.
[25] Ernest RENAN, L’Islam et la science (avec la réponse d’al-Afghânî), Montpellier, L’Archange Minotaure, 2003, p. 40.
[26] À titre d’exemple, voir Ali ABD al-RAZIQ, L’Islam et les fondements du pouvoir, Le Caire, 1925 (nouvelle traduction et introduction de Abdou Filali-Ansary), Paris, La Découverte / CEDEJ, 1994.
[27] Hamadi REDISSI, Le Pacte de Nadjd, ou comment l’islam sectaire est devenu l’islam, Paris, Seuil, « La couleur des idées », 2007, p. 217-232.
[28] Gilles KEPEL, Jihad. Expansion et déclin de l’islamisme, Paris, Gallimard, 2000.
[29] Dans Youakim MOUBARAC (dir.), Les Musulmans. Consultation islamo-chrétienne entre Muhammad Arkoun, Hassan Askari, Muhammad Hamidullah, Hassan Hanafi, Muhammad Kamel Hussein, Ibrahim Madkour, Seyyed Hossein Nasr et Youakim Moubarac, Paris, Beauchesne, « Verse et controverse », 1971, p. 118-119.
[30] Olivier CARRÉ et Gérard MICHAUD, Les Frères musulmans (1928-1982), Paris, Gallimard/Julliard, « Archives », 1983, p. 91.
[31] Abdelwahab MEDDEB, Sortir de la malédiction. L’islam entre civilisation et barbarie, Paris, Seuil, 2008, p. 175.
[32] Maxime RODINSON, La Fascination de l’Islam, Paris, Maspero, 1980.
[33] Edward W. SAÏD, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil, 1980.
[34] Philippe CASSUTO et Pierre LARCHER, La Formation des mots dans les langues sémitiques, Publication Université Provence, 2007. Pierre Larcher est professeur d’arabe et Philippe Cassuto est professeur d’hébreu, tous deux à l’université de Provence.
[35] Élie BARNAVI, Les Religions meurtrières, Paris, Flammarion, « Champs actuel », 2006.
[36] Émile POULAT, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste, Paris, Albin Michel, « Bibliothèque de l’Évolution de l’Humanité », 1996 (1962). Pierre COLIN, L’Audace et le Soupçon. La crise du modernisme dans le catholicisme français 1893-1914, Paris, Desclée de Brouwer, « Anthropologiques », 1997.
[37] Adrian PABST et Olivier Thomas VENARD, Radical Orthodoxy. Pour une révolution théologique, Genève, Ad Solem, 2004.
[38] François LAPLANCHE, La Crise de l’origine. La science catholique des Évangiles et l’histoire au XXe siècle, Paris, Albin Michel, « Bibliothèque de l’Évolution de l’Humanité », 2006.
[39] Voir Abdou FILALI-ANSARY, Réformer l’islam ? Une introduction aux débats contemporains, Paris, La Découverte, « Textes à l’appui / islam et société », 2003.
[40] La « Charte des Musulmans d’Europe », signée à Bruxelles le 10 janvier 2008, fait précisément l’impasse sur ce passé et le silence des auteurs ne permet pas de comprendre la diversité du paysage musulman.
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L'arsenic, c'est quoi ?
Un oligo-élément indispensable à notre organisme qui joue un rôle dans un grand nombre des réactions chimiques qui s'y déroulent, notamment dans nos os et nos dents. Nos besoins sont infimes : ils se situent entre 10 et 20 microgrammes par jour. Ils sont donc largement couverts par l'alimentation car l'arsenic y est très présent. Le mot arsenic vient du grec arsenikon, terme qui signifie "qui dompte le mâle" ! Il lui a été attribué à cause de sa grande toxicité : elle en a fait un célèbre poison, très employé car il est sans goût ni odeur. La dose mortelle se situe entre 70 et 180 milligrammes.
Mortel à grosses doses, l'arsenic est aussi cancérigène à petites doses répétées
Mais à très petites doses, répétées, fréquentes, l'arsenic est cancérigène (il est ainsi classé depuis 1980), et lié aux cancers de la peau, de la vessie et des poumons. Il existe sous deux formes chimiques un peu différentes : l'arsenic organique et l'acide inorganique. C'est ce dernier qui est le plus toxique.
La présence d’arsenic dans les aliments
On connaît tous l’arsenic comme étant un poison. Toutefois, l’arsenic est un élément que l’on retrouve naturellement dans le sol, et qui se retrouve également dans certains insecticides. S’il est vrai que l’ingestion de grandes doses d’arsenic est mortelle, il faut toutefois savoir qu’il est normal d’en retrouver dans les aliments et dans l’eau que l’on consomme.
Il est estimé que les Canadiens consomment en moyenne 48 ug d’arsenic par jour. L'arsenic peut être présent à de très faibles concentrations dans de nombreux aliments, y compris
Ces traces d'arsenic reflètent en général une accumulation normale de source environnementale. Tant les formes organiques qu'inorganiques d'arsenic peuvent être présentes en quantité minime dans les aliments.
L’effet de l’arsenic sur la santé
Il n’est pas prouvé que l’arsenic en tant que tel est cancérigène, mais des études épidémiologiques réalisées en Asie, au Mexique et en Amérique du Sud ont permis d’observer que l’ingestion d’eau contenant quelques centaines de μg d’arsenic par litre était associée à plusieurs types de cancers : de la peau, des poumons et de la vessie et possiblement des reins, du foie et du colon.
L’arsenic dans le sirop de riz brun
Le riz, particulièrement le riz brun, est parmi les aliments renfermant une source majeure d’arsenic, et ce, pour plusieurs populations. Des chercheurs ont donc voulu évaluer le contenu en arsenic de produits contenant du sirop de riz brun : des barres de céréales et des laits maternisés.
Les résultats indiquent que plusieurs de ces produits contenaient des doses plus élevées d’arsenic, ce qui n’a pas manqué de commencer une controverse.
En ce qui concerne le lait maternisé, deux d’entre eux contenaient des quantités d’arsenic beaucoup plus élevées que celles ne contenant pas de sirop de riz brun, mais respectaient les limites fixées par l’Organisation mondiale de la santé.
De plus, parmi les barres de céréales analysées, aucune des doses ne dépassait 4 µg, et n’était pas associée au risque de cancer. En effet, les cas d’intoxications chroniques se présentent à des ingestions beaucoup plus grandes, c’est-à-dire au-delà de 400 ug à 700 ug par jour durant 5 à 15 ans.
Diminuer la quantité d'arsenic
Bien que les risques de consommer trop d'arsenic soient faibles, voici quelques conseils pour diminuer votre consommation :
http://www.e-sante.fr/arsenic-dans-notre-assiette/actualite/1835
http://www.extenso.org/article/y-a-t-il-trop-d-arsenic-dans-nos-aliments/
Diable : (du latin "diabolus, et du grec "diabolos", calomniateur) Le diable représente dans la religion chrétienne l'esprit du mal, le mauvais génie. Pour la théologie, il est un ange déchu qui s'oppose à Dieu. Depuis l'iconographie médiévale, le diable est le chef suprême des démons. Il est dès lors représenté comme un monstre humain, griffu, à la figure terrifiante, avec de longues oreilles pointues, des cornes, une poitrine de femme, des pieds fourchus et une longue queue. Pouvant prendre des apparences séduisantes, il essaie de corrompre l'homme et de l'entraîner dans le pêché.
Satan : (de l'hébreu "haschatan", adversaire). Satan, qui apparaît souvent dans la Bible, est le chef des anges qui se sont rebellés dans la Genèse, devenant ainsi des démons. C'est lui qui tente Eve dans l'Eden en prenant la forme d'un serpent ou qui tente Jésus dans les évangiles. On lui prête la faculté de changer d'apparence pour mieux séduire. Satan est représenté sous des traits différents, serpent, mi-homme mi-bouc (inspiré du dieu Pan), dragon, Léviathan. On lui attribuait la présidence du Sabbat des sorcières.
Satan est honoré en tant qu'adversaire de Dieu et de l'Eglise dans des cultes appelés satanisme.
Lucifer : (du latin "lux", lumière et "ferre", porter, littéralement : "Porteur de lumière").
En tant que Dieu latin, Lucifer était le porteur de lumière, l'esprit de l'air et personnifiait la connaissance.
L'expression "Porteur de lumière" était aussi utilisée durant les premiers siècles après J.C. pour désigner le Christ. Ce n'est qu'au Haut Moyen Age que le nom de Lucifer a été employé pour désigner Satan. Dans la Vulgate (première traduction de la Bible en latin par saint Jérôme), il est la transcription du mot hébreu Heylel en "Astre du matin" (planète Vénus). Lucifer était le plus beau des anges, chef de la milice céleste. Par orgueil et avidité du pouvoir, il a voulu devenir l'égal de Dieu et s'est révolté contre lui. Chassé du ciel et envoyé en enfer, il est devenu Satan, le chef des démons.
Sa révolte est considérée par les gnostiques comme celle de la recherche de la connaissance que Dieu voulait cacher aux hommes. Porteur de lumière, il serait, pour les sectes lucifériennes, plus puissant que Dieu, simple Démiurge (luciférisme).
A ne pas confondre avec Lucifer, évêque de Cagliari, vers 370, qui provoqua un schisme (luciférianisme) par son attitude sévère envers les évêques partisans de l'arianisme.
Les termes de diable, Satan, Lucifer, démon, Belzébuth, Belial, Méphisto... sont souvent employés comme synonymes. Autres noms du diable ou de Satan : le prince de ce monde, le prince des ténèbres, le Malin, "le Mauvais", le "Tentateur", le chef des démons, le Maître de l'enfer....
Dans la religion musulmane, le diable s'appelle Iblis ou Chaytan.
Satan dans les écrits Judéo-Chrétiens
Satan apparait dans un premier temps dans l'Ancien Testament, à cette époque on le nomme « l'adversaire ». Il apparait plus clairement dans le Livre de Job où il tente de corrompre Yawhé. Il apparait ensuite dans l'Evangile de Paul, il est encore une fois l'adversaire de l'humanité. Satan sera ensuite particulièrement présent dans les Evangiles de Matthieu, Marc et Luc. Ces Evangiles relatent du combat incessant entre le bien et le mal, entre Jésus et Satan. Satan est alors décrit comme un être entrainant au mal par la corruption, capable de contrôler les esprits et comme étant le maitre de l'Enfer. On retient de ces épisodes le premier affrontement entre Jésus et Satan, dans l'Evangile de Mathieu, qui restera célèbre par cette expression latine " Vade Retro Satanas" (Arrière Satan)(IV.10). Satan apparaît ensuite sous la forme d'un dragon surpuissant et effrayant dans l'Apocalypse de Jean : « Un autre signe parût encore dans le ciel ; et voici, c'était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entrainait le tiers des étoiles du ciel, et les jetaient sur la terre. » Apocalypse 12.3. Ce récit traite du combat mené entre Satan et ses démons, ainsi que l'ange St Michel et d'autres anges. A la fin de ce combat Satan est vaincu et enchainé en enfer pour mille ans : « Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans l'abîme, ferma et scella l'entrée au-dessus de lui, afin qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis. Après cela, il faut qu'il soit délié pour un peu de temps. [...]Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison. Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre » Apocalypse 20.2.
Le diable selon L'Islam
A la base, Iblis était un ange, mais il a refusé de se prosterner devant Adam, alors Allah l'a banni du paradis :
( Sourate 15, Verset 28 à 43)
Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges : “Je vais créer un homme d'argile crissante, extraite d'une boue malléable,et dès que Je l'aurais harmonieusement formé et lui aurait insufflé Mon souffle de vie, jetez-vous alors, prosternés devant lui” .
Alors, les Anges se prosternèrent tous ensemble, excepté Iblis qui refusa d'être avec les prosternés.
Alors [Allah] dit : “ô Iblis, pourquoi n'es-tu pas au nombre des prosternés ? ”
Il dit : “Je ne puis me prosterner devant un homme que Tu as créé d'argile crissante, extraite d'une boue malléable”.
Et [Allah] dit : “Sors de là [du Paradis], car te voilà banni !Et malédiction sur toi, jusqu'au Jour de la rétribution ! ”
- Il dit : " Mon Seigneur, donne-moi donc un délai jusqu'au jour où ils (les gens) seront ressuscités”.
[Allah] dit : tu es de ceux à qui ce délai est accordé, jusqu'au jour de l'instant connu” [d'Allah].
- Il dit : "Mon Seigneur, parce que Tu m'as induit en erreur, eh bien je leur enjoliverai la vie sur terre et les égarerai tous, à l'exception, parmi eux, de Tes serviteurs élus.”
- “[Allah] dit : voici une voie droite [qui mène] vers Moi.Sur Mes serviteurs tu n'auras aucune autorité, excepté sur celui qui te suivra parmi les dévoyés. Et l'Enfer sera sûrement leur lieu de rendez-vous à tous.
Satan est celui qui séduit l’esprit des gens jusqu’à ce qu’ils suivent leurs désirs et diverses mauvaises opinions. Il les pousse à suivre tous les chemins de l’égarement. Il les amène à accomplir, les unes après les autres, les actions qui causent leur destruction.
Il séduit l’esprit d’une personne jusqu’à ce qu’il arrive à la tromper. Personne n’est à l’abri de cette tromperie sauf si Allah en décide autrement. Ce qui cause le plus de tort à l’humain, Satan le lui présente de façon séduisante, jusqu’à ce qu’il (l’humain) soit convaincu que cette chose est la meilleure pour lui. Et Satan l’incite à fuir ce qu’il y a de meilleur pour lui jusqu’à ce qu’il (l’humain) soit convaincu que c’est quelque chose de nuisible.
Son principal but : nous égarer du chemin de Dieu. Il connait la nature de l'Homme. Il sait que l'Homme aime la facilité et qu'il est de nature faible. Donc, Iblis n'a de prise sur les gens qu'à travers les mauvais penchants de leur âme.
Iblis est notre ennemi principal, il veut notre mort éternelle.
"Oh Humains ! la promesse de Dieu n'est nullement mensongère. Ne vous laissez pas séduire par la vie ici-bas et vous laissez point séduire au nom de la Clémence de Dieu par le Grand Séducteur. Satan est pour vous un ennemi évident, prenez le comme ennemi, il ne fait qu'appeler ses partisans pour qu'ils soient de ceux de la fournaise ardente. (Sourate 35, Verset 5)
Iblis dira aux mécréants quand viendra les comptes : "Dieu vous a fait une juste promesse et moi je vous ai fait une promesse que je n'ai pas tenue. Je n'avais absolument aucun pouvoir sur vous, si ce n'est que je vous ai appelé et que vous avez répondu à mon appel. Ne me faites donc aucun reproche et faites le vous à vous mêmes. Je ne suis nullement capable de vous sauver et vous êtes incapables de me sauver ..." (Sourate 14, Verset 22)
Les pièges de Satan
le diable est la cause de tout le mal dans le monde, mais après une bonne recherche on peut constater et dire que son mal est centralisé dans six catégories. Il ne cesse d'entraîner l'homme jusqu'à ce qu'il le pousse dans un des pièges.
1er Piège :
La mécréance, l'infidélité, l'association et prendre Dieu et Son Messager Mohamed (paix et bénédiction de Dieu sur lui) pour ennemi
En premier lieu, si le diable réussit à piéger l'homme dans ce péché blâmable il se tranquillise et se calme à ce moment et cesse de fournir tout effort de détournement (c'est le 1er piège à poser). Si le diable réussit ceci, il fait de cette personne piégée un soldat dans son armée et un adjoint pour être responsable sur ses semblables, alors cette personne devient une publicité pour Iblis (le diable). Mais si cette personne est destinée à choisir l'Islam (avant même qu'elle ne soit créée) elle évitera le piège. Dans le cas où le diable n'a pas réussi son coup, il persiste et ne désespère pas, il essaye d'entraîner cette personne vers le second piège.
2ème Piège :
L'innovation [Al-Bid'a]
La bid'a est préférable au diable que la perversité et le reste des actes de désobéissance, car le mal qu'elle peut engendrer risque de modifier la bonne ligne de la religion. Le mal de la bid'â'a est un mal à double effet, l'innovateur se charge de péchés et en même temps il modifie la religion. La bid'â'a est un péché énorme; le repentir de cet innovateur ne pourra être accepté que quand celui-ci délaissera cette innovation. Le diable réussit à mêler, piéger la personne en question dans la bid'â'a (l'innovation), à ce moment fait de lui un " bid'histe titulaire " adjoint du diable qui fait la propagande de la bid'âa, appelle aux chemins rivaux à la ligne du Prophète -Prière et Salut de Dieu sur lui-. Si cet homme est bien lié à la Sunna et déteste la bid'âa, le diable à ce moment-là, tente de le pousser dans le 3ème piège.
3ème Piège :
Pousser l'homme dans les grands péchés
A ce stade, le diable essaie à tout prix d'entraîner le musulman à commettre les grands péchés surtout si celui qu'on veut piéger est une personne de savoir (savant suivi par les hommes). Le diable essaie de le piéger pour l'utiliser comme moyen pour écarter les fidèles de la pratique de la religion, il est bien évident qu'un peuple pourrait être détourné facilement quand elle perd l'homme exemple, modèle à suivre. Le diable trouve une personne naïve pour cette mission, faisant croire à celui-ci que propager le défaut de cette personne fait parti de la pratique de la religion alors que ce naïf ne se rend pas compte qu'il travaille pour le compte du diable.
Dieu (le Très-Haut) dit :
< Ceux qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment douloureux ici-bas comme dans l'au-delà â�� >
Sourate 24, verset 19
Cette punition mentionnée dans le verset précédent " châtiment douloureux " atteint ceux qui souhaitent propager les défauts de leurs frères au lieu de les conseiller, qu'en pensez-vous alors de ceux qui arrivent au stade de diffuser les défauts de quelqu'un au sein de la communauté. (normalement un musulman doit conseiller son frère musulman au lieu de propager ses défauts) Les péchés commis par cette personne en question font parti des péchés entre Dieu et les hommes, ceux-ci peuvent être pardonnés si le pécheur se repent, regrette sa faute, demande le pardon alors que le naïf " haut parleur " a fait une injustice envers cette personne en question " chercher à dévoiler les défauts de quelqu'un " ce genre de péchés font parti des péchés entre hommes, ne profitent du pardon que par un arrangement entre deux (oppresseur et opprimé) dans ce monde ; et si ce n'est pas le cas, par règlement des comptes le jour du jugement dernier. Par ce moyen le diable entraîne cette personne " haut parleur " à dévoiler, scandaliser toucher à la dignité de son frère, mais ne sait-il pas que rien n'échappe à la connaissance de Dieu ? Dieu sait tout, même ce qu'on dit à soi-même quand on est seul. Si le diable ne réussit pas ce piège-ci il essaie le suivant.
4ème Piège :
Les petits péchés Les petits péchés peuvent causer la perte d'une personne s'ils s'accumulent.
Le Prophète -Paix et Salut soient sur lui- dit :
" Méfiez-vous des petits péchés �"
Il -Paix et Salut soient sur lui- dit dans un hadith dont le sens est l'exemple d'un groupe de voyageurs chacun a ramené un bout de bois, ils ont réussi à préparer de quoi manger.
Le diable entraîne donc cet homme vers l'accumulation des petits péchés. Il ne cesse de le faire croire que les petits péchés ne sont pas graves de sorte que la personne qui commet les grands péchés déçue de ceux-ci se trouve dans un stade meilleur que ce " petit pécheur ". Car on voit bien que celui qui vit déçu de ces péchés (grands péchés) les reconnaît comme tels, finit un jour par les désavouer et se repent finalement, or celui qui y néglige ne se repent presque jamais. Dans le cas où le diable échoue à ce stade, il essaie d'entraîner le serviteur vigilant vers le 5ème piège.
5ème Piège :
Le permis [Al-moubah]
Ce sont les actes qui ne rapportent ni récompenses ni péchés. Ici le diable essaie de dévier le serviteur de certains actes bénéfiques pour lui au Jour de la Résurrection. Il peut utiliser divers moyens pour l'empêcher de réaliser le but pour lequel cet adorateur a été créé. Si cette personne réussit à bien gérer son temps de manière qu'elle ne perd pas les minutes de sa vie, elle œuvre en permanence bénéfiquement pour elle (pour son au-delà). Le diable cette fois-ci utilise le 6ème piège.
6ème Piège :
C'est d'occuper le serviteur dans des œuvres moins avantageuses que d'autres (qui ramènent moins de récompenses que d'autres)
Le diable ne désespère pas de dévier ce serviteur même après avoir échoué dans les premiers pièges. En effet il va user ses ruses pour orienter cet adorateur vers des actes qui même bons ne rapportent pas à son auteur autant de récompenses et de mérites que d'autres. Il enjolive ces actes de moins grandes valeurs de manières à ce que le fidèle passe à côté et rares sont ceux qui arrivent à déceler, percevoir que le manipulateur de ce détournement est le diable. L'homme ne voit dans ses actions que du bien et il sait que le diable ne pousse qu'à faire le mal. Il est donc persuadé que son acte a été guidé par Dieu. Dans ce cas le serviteur est excusé car son savoir est limité, et il ne peut distinguer la stratégie du diable qui inspire soixante dix bonnes œuvres pour l'entraîner dans une seule œuvre mauvaise ou bien pour l'écarter d'une œuvre meilleure que ces soixante dix. L'homme ne peut atteindre ce niveau de clairvoyance que par une lumière de guidée que Dieu met dans le cœur de ce dernier. La cause de cette guidée divine étant le suivi du Prophète -Paix et Salut soient sur lui- et l'attachement à ses traditions (Sunna) qui amènent le serviteur à connaître et cibler les œuvres les plus méritoires pour les hommes et les plus agréées par Dieu. Ne connaissent vraiment ce stade de guidée que les hommes qui sont les héritiers de la science donnée au Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui), ceux qui le prennent pour exemple, et modèle à suivre, alors que la plupart des hommes vivent dans l'indifférence vis-à-vis de ceci.
L’acte sexuel est une expression d’amour ultime ainsi qu’une rencontre totalement émotionnelle et physique. Dans une expression brève mais belle, le Quran se
rapporte à cette relation entre mari et femme disant :
"Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles" . (2 :187)
L’union sexuelle entre mari et femme est bien plus que le fait de rechercher à satisfaire son désir.
En effet, le prophète (pbsl) nous a enseignés que cela fait partie des oeuvres de bienfaisance en Islam.
Il disait à ses compagnons, énumérant des exemples d’actions charitables :
"Et quand l’un de vous fait l’amour (rapports sexuels) c’est une oeuvre gratifiante".
Ses compagnons surpris et lui demandèrent :
"Comment se fait-il que l’un de nous, tout en répondant au besoin de ses désirs, obtient par ce fait la récompense d’une charité?"
A laquelle le prophète (pbsl) répondit :
"Ne voyez-vous pas que s’il fait la même chose mais dans une situation interdite, ce sera compté contre lui comme un péché ? Et donc s’il le fait légitimement c’est compté pour lui comme une charité". (Mouslim)
Afin d’entretenir une relation heureuse et agréable, le mari et la femme devraient acquérir des habitudes d’hygiène et d’esthétique qui les rendent séduisants l’un envers l’autre. Il n’incombe pas seulement à la femme de s’embellir pour son mari, mais c’est un droit réciproque. Il est rapporté que le prophète (pbsl) avait réprimandé un homme qui apparaissait minable et négligé. Il lui conseilla de prendre soin de ses cheveux et de ses vêtements, tout en déclarant que c’était un droit pour sa femme que de paraître de la meilleure des façons pour elle, comme elle pour lui.
Ibn Abbas, un érudit notable du premier siècle islamique, déclara :
"Certainement je tiens beaucoup à me faire beau pour ma femme, de la même manière que j’aime qu’elle se fasse belle pour moi, en accord avec les paroles de Dieu dans le Quran qui sont " :
"Quand à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance”. (2 :228)
Ce n’est pas seulement le devoir d’une femme, mais en vérité, c’est son privilège que de s’embellir à la vue de son mari. Les maris effectuant un voyage devraient annoncer leur retour plutôt que de surprendre leur femme, afin qu’elles aient le temps de s’embellir avant de rencontrer leurs maris.
Chaque fois que la caravane du prophète (pbsl) était de retour à Médine, les voyageurs campaient dans les faubourgs de la ville, envoyaient un messager pour annoncer leur arrivée et rentraient dans leur foyer après un certain délai. Il dit dans une de ses traditions :
"Si vous êtes en voyage, n’entrez pas dans votre maison soudainement pour que les femmes ayant les cheveux en pagaille se coiffent et que les femmes non prévenues s’apprêtent". (les cinq sauf Nissa’i)
Il y a quatorze siècles, l’Islam reconnaissait déjà le droit "à l'orgasme", comme en témoigne les paroles du prophète (pbsl) :
"Si l’un de vous a des rapports avec sa femme, qu’il soit attentionné. S’il atteint son plaisir avant elle, il ne devra pas la presser jusqu’à ce qu’elle atteigne également son plaisir". (Anas)
Les écrits classiques en sexologie ces dernières décennies ont décrit la réponse sexuelle de la physiologie humaine et l’ont classifiée en quatre phases : excitation, du plateau, orgasme et résolution. Idéalement ces phases devraient coïncider entre les deux partenaires, autrement il y aurait une mésentente sexuelle ; il arrive bien souvent que l’homme atteint l’ orgasme pendant que la femme attend toujours ardemment avec un désir enflammé d’atteindre également l’orgasme.
Comme l’orgasme est suivi par la phase de résolution, phase dans laquelle l’organe du mâle devient mou et l’homme entre dans une période réfractaire après que son désir sexuel ait été satisfait à travers l’orgasme, la conclusion de l’acte à cette étape serait injuste envers la femme qui aura été excitée mais non satisfaite, et c’est contre cet incident que le prophète (pbsl) avertissait.
L’homme ne devrait pas juste se retourner et s’en aller ou dormir, laissant sa femme frustrée. L’exercice du coït devrait continuer jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite.
Une méthode efficace pour corriger cette forme de mésentente sexuelle est de consacrer du temps à jouir de leur intimité et de s’aider l’un et l’autre à découvrir son corps en totalité, avant de progresser jusqu’au rapport génital. Les plaisirs du sexe s’étendent eux-mêmes au-dessus d’une partie beaucoup plus vaste que la région génitale, tel que s’embrasser, se cajoler et caresser le corps, spécialement au dessus des zones érogènes du corps de la femme. Ceci, en effet, est une méthode normale et recommandée pour aborder le sexe.
Il s’ajoute à l’élément mécanique du sexe, la dimension émotive d’un amour tendre et d’une affection réciproque, représenté admirablement dans le Quran par :
"Elles sont un vêtement pour vous comme vous l’êtes pour elles".
Cela garantit aussi que lorsque le couple aborde la pénétration génitale, la femme aura été suffisamment éveillée et aura atteint un niveau d’excitation tel qu’elle sera relativement prête pour atteindre son orgasme. Dans le jargon médical moderne ce prélude s’appelle les "préliminaires" mais bien avant que de tels droits de la femme soit rêvés dans le reste du monde, le prophète de l’Islam (pbsl) donna le même conseil se référant poliment aux préliminaires comme le “messager”, dans ses dires :
"Ne laissez pas l’un de vous tomber sur sa femme comme une bête (chameau) tombe. C’est plus approprié d’envoyer “un messager” avant l’exécution de l’acte".
Toujours dans le cadre d’une bonne éthique sexuelle, le couple devrait être sensible aux besoins et limites de chacun, ainsi que de leurs points forts et leurs points faibles. Même une excuse vertueuse telle qu’une participation profonde en adoration n’est pas acceptée si l’homme oublie ou ignore les droits de sa femme. Dans de tels cas, il est du droit de la femme de protester.
L’histoire rapporte qu’une femme se rendit auprès d’Omar ibn al Khattab (deuxième calife, qu’Allah soit satisfait de lui) et lui dit :
“Mon mari jeûne toute la journée et prie toute la nuit, et je suis embarrassée de m’en plaindre dans la mesure où il passe son temps à adorer Dieu ”.
L’homme fut convoqué pour une audience. Le verdict final était de consacrer trois nuits à sa propre adoration et de tenir compte des besoins de sa femme le reste de la semaine.
Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) demanda aussi à sa fille Hafsa combien de temps une femme pouvait tolérer l’absence de son mari ; sur sa réponse, il décréta que les troupes combattantes (soldats) auraient la permission de revenir à la maison tous les six mois.
De même une femme ne devrait pas être indifférente à l’appel de son mari. Voyant que l’homme est plus enclin à un éveil sexuel dû à une variété de stimuli visuels étant donné qu’il se déplace toute la journée, le conseil du prophète (pbsl) était que l’épouse devait toujours répondre à l’appel de son mari :
"Le droit du mari est que lorsqu’il appelle sa femme au sexe, elle ne devrait pas lui refuser". (Tialissi)
Notons que le temps utilisé indique bien qu'il est conseillé à la femme de ne pas refuser à son mari un rapport sexuel si ce dernier à des pulsions importantes. Elle n'est pas obligée si elle n'en a vraiment pas envie ou si elle n'est pas en condition (règles, maladie...). Bien entendu, l'inverse est applicable!
Le prophète (pbsl) conseillait aussi qu’à chaque fois qu’un homme voyait quelque chose suscitant son désir sexuel, devait rentrer dans son foyer et avoir des rapports avec sa femme. Les femmes ont également des pulsions et ce qui est conseillé à l'homme à ce niveau l'est aussi pour la femme! Même si, statistiquement, elle est moins enclin à l'adultère que l'homme (Nous nous devons d'accepter nos faiblesses! Personne n'est à l'abri de l'adultère - qu'ALLAH nous en préserve).
Traduit avec l’aimable autorisation du site www.islamset.com par la soeur Mariam Joannes (qu‘Allah la récompense ).
Les Druzes se trouvent dans le sud du Liban, en Syrie, dans la zone montagneuse du Hawran ou djebel Druze, et dans le nord d’Israël, en Galilée. Cette petite communauté, composée d’environ 900 000 personnes, a su conserver au fil des ans une identité et une religion très particulières. Les communautés druzes ont joué notamment un rôle politique important dans l’histoire de l’indépendance du Liban et dans la guerre de 1975-1990.
Les origines des Druzes
De nombreuses théories, parfois assez fantaisistes, se sont élaborées autour des origines des Druzes. Il semble cependant que la nouvelle religion se soit formée au Xème siècle autour du calife Hakem de la dynastie fatimide, qui régna sur l’Egypte et sur une partie de l’Afrique du Nord. Hakem est considéré comme le sixième Imam de la branche ismaélienne. Le calife se déclare à la fin de son règne d’essence divine, et entend former une religion universelle. Il est notamment soutenu par deux fonctionnaires d’origine persane, Daruzi (le terme de druze se serait formé à partir de son nom) et Hamza, qui développent et prêchent la nouvelle religion. Mais cette prédication entraine rapidement des troubles dans les années 1017-1018, obligeant les nouveaux adeptes à fuir l’Egypte pour se refugier dans les montagnes du Chouf au Liban et dans les confins syriens. Hamza puis un autre disciple, Muqtana, élaborent alors réellement la doctrine. Daruzi, dont les mœurs et les principes sont jugés trop éloignés de la nouvelle doctrine, est finalement écarté de la communauté. Hamza est d’ailleurs considéré comme un Imam par les Druzes.
Leur évolution dans l’histoire
Considérés comme hérétiques par les sunnites comme par les chiites, les Druzes ont régulièrement fait l’objet de persécutions tout au long des siècles. Ils ont ainsi développé une capacité de résistance et leur courage est reconnu dans l’ensemble de la région. Ils ont su maintenir leur religion sous les différentes dynasties qui se sont succédées. La communauté est dirigée par des Emirs appartenant à de grandes familles féodales telles que la famille Maan (1516-1697), les Chéhab (1697-1841) ou encore les Aslan et les Jumblattî dans le Chouf. Les Druzes entretiennent, dans un premier temps, de bons rapports de voisinage avec les Maronites, les aidant même à s’émanciper. Mais au XIXème siècle, les rivalités s’exacerbent entre les chefs de clans ainsi qu’entre les deux communautés. La montée des tensions aboutit notamment aux massacres de 1860 qui finissent par entrainer l’intervention des puissances européennes au Liban.
La doctrine
La doctrine druze est influencée par de multiples courants philosophiques et religieux d’origines diverses. C’est une religion issue du chiisme et plus particulièrement de l’ismaélisme. Les Druzes croient en un Dieu unique. Il y a confusion de Dieu et de l’univers tout entier.
Comme les chiites, ils croient en l’interprétation ésotérique des Ecritures. La parole divine doit donc être en permanence interprétée pour découvrir son sens caché et allégorique. Pour cela, des guides spirituels (les imams) d’essence divine sont envoyés sur terre et chargés d’enseigner ces connaissances aux croyants. Hakem est pour les Druzes le dernier Imam, la dernière incarnation de Dieu sur terre (Dieu aurait pris à dix reprises une apparence humaine). Il disparait dans des conditions mystérieuses en 1021, son corps n’a jamais été retrouvé. Les croyants considèrent qu’il n’est pas mort et qu’il reviendra à la fin des temps pour instaurer un royaume de prospérité et de justice, qu’il fera triompher la religion unitaire et punira les infidèles. Les textes druzes sont gardés jalousement et ne sont révélés aux fidèles qu’après une période d’initiation. Les lois et principes sont regroupés essentiellement dans Les Epitres de la Sagesse, manuscrit rédigé par Hamza et Muktana. Seuls les initiés, les ‘ukkâl, ont le privilège d’accéder à cette connaissance mystique. Les plus initiés d’entre eux, les ‘ajâwîd, sont chargés d’enseigner la religion unitaire aux futurs initiés. Il existe également un guide spirituel, Cheikh Al Akl, considéré comme la plus grande autorité religieuse de la communauté et chargé de maintenir la cohésion entre les croyants. Une fois initié, le croyant promet solennellement de ne jamais révéler sa connaissance. Cette initiation est réservée à une certaine élite : les Druzes restent pour la plupart des juhhâl et se contentent de suivre les préceptes de leur religion. Ils sont une communauté très fermée. Depuis 1034, le prosélytisme n’est plus pratiqué et il est impossible de se convertir. On ne peut que naître druze.
D’une manière générale, les Druzes sont très discrets en ce qui concerne leur religion. Il n’y a ni rite ni lieu de culte. La prière se fait intérieurement, c’est un acte qui se fait librement, n’importe où et à n’importe quel moment. Les cinq piliers de l’Islam ne sont finalement pas vraiment respectés : le pèlerinage à La Mecque n’est pas nécessaire, le jeûne est remplacé par une période de silence et l’aumône est considérée comme un principe naturel qui ne devrait même pas avoir besoin d’être réglementé. Le croyant doit respecter cependant une morale assez austère (interdiction de mentir, de croire dans son âme à une autre religion, de boire du vin, accepter son sort…).
Une autre grande particularité de la religion unitaire réside dans la croyance en la métempsycose, la réincarnation. L’âme est immortelle. Elle se sépare au moment du décès du corps d’un Druze pour pénétrer dans le corps d’un nouveau né au moment de sa première respiration. Il est alors extrêmement important que le corps du défunt soit enterré en suivant des rites particuliers. L’âme se rapproche de la perfection au fur et à mesure des réincarnations.
Par ailleurs, il existe un principe de la dissimulation, dit taqiyya, qui invite le croyant à cacher sa religion par sécurité ou lorsque les intérêts de la communauté peuvent être menacés.
On constate ainsi que les Druzes ont un souci constant de préserver culture et religion.
Bibliographie
Paul-Jacques Callebaut, Les Mystérieux Druzes du Mont-Liban, Tournai, La Renaissance du Livre, 2000
Marie Dupont, Les Druzes, Paris, Editions Brepols, 1994
Louis Perillier, Les Druzes, Paris, Editions Publisud, 1986
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Druzes.html
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité