L’islam et le noble coran estiment que le peuple constitue l’un des piliers fondamentaux de l’Etat. Dans le noble coran, nous lisons : « Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice la justice ». 1[1] Par conséquent, l’Islam a des programmes pour l’instauration de la justice sociale. L’Islam confère la valeur de la justice à ce qu’elle soit appliquée et établie par les gens eux-mêmes, non pas par l’Etat et les gouvernants. S’agissant du rapport entre le peuple et l’Etat, on peut le résumer dans les axes suivants :
1. Choir le système de l’Etat islamique par le peuple :
Dans l’état islamique, le peuple choisit, avec conscience conscience, enthousiasme, effervescence, et intérêt, le système islamique et réclame l’application en bonne et due forme des lois divines. Au fond, l’Etat islamique n’a aucun moyen exécutif sans le choix et l’appui du peuple. C’est pour cette raison que l’Imam Ali (béni soit-il), en dépit du fait qu’il avait été désignée par Dieu pour assurer le leadership du peuple et prendre en main la direction de la société islamique, ne fit rien pour s’en charger avant que les gens ne lui prêtent allégeance, car les conditions de son leadership n’y étaient pas réunies. Mais, une fois ces conditions réunies, le vénéré Ali n’a pas refusé d’assumer la responsabilité pour s’en charger. A ce propos, le vénéré Ali dit : « Si le présent n’était pas présent, si la preuve n’était pas faite par la présence de partisans et si Dieu n’avait pas engagé les savants à ne pas taire l’iniquité des injustes et la souffrance des opprimés, j’aurai laissé aller les choses et vous aurai montré que votre monde-ci est moins intéressant pour moi qu’une crotte de chèvre ». 2[2], 3[3] Il ressort de ces propos du vénéré Imam Ali( béni soit-il) que même si la création d’un Etat, censé instaurer la justice et réhabiliter les droits des opprimés face aux oppresseurs est un devoir de quoi a chargé Dieu l’Imam, mais en raison du fait que l’accomplissement de ce devoir et de cette mission n’est possible qu’avec la présence, l’allégeance et l’appui du peuple, l’Imam infaillible( béni soit-il), n’a pas d’obligation en cette matière tant que le peuple ne répond pas présent pour la mise en place d’un gouvernement islamique, autrement dit l’Imam infaillible n’a pas de mission ni de devoir pour forcer les gens à lui obéir et à le suivre. La mission de l’Imam consiste à éclairer les gens pour rendre le terrain favorable à leur présence sur la scène. A propos de l’importance du serment d’allégeance du peuple, l’honorable Imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis), dit : « la prise en charge des affaires des Musulmans et la création de l’Etat sont liés aux suffrages des gens, tout comme cela a été mentionné dans la Constitution et qualifié, aux premiers temps de l’Islam, d’allégeance avec « Wali (dirigeant) des Musulmans ». 4 [4]
Les dirigeants de l’Ordre islamique sont là pour exécuter et appliquer les lois et les ordres de Dieu, et c’est exactement et uniquement dans ce droit fil que l’acceptation du serment d’allégeance se justice et prend un sens, une signification.
2. Election des responsables du gouvernement islamique par le peuple :
Dans l’Etat islamique, les responsables du pays (Guide, Président de la République, les députés du parlement, etc.), sont, tous, élus au suffrage universel direct et indirect. Le peuple choisit au suffrage universel direct, le Président de la République, les députés de l’Assemblée consultative islamique (le parlement), les élus des conseils municipaux dans les villes et les villages. Le Guide est élu par le peuple au suffrage indirect, autrement dit par (l’intermédiaire), de l’Assemblée des Experts. Le peuple joue, également, d’une manière indirecte, son rôle dans l’élection des Ministres et d’autres hauts responsables du pays, nommés et choisis par le Président de la République ou l’Assemblée consultative islamique(le Majlis islamique). L’élection des responsables du pays par le peuple, est une exigence, une priorité au sein de l’Etat islamique. A ce propos, le grand architecte de la révolution islamique, l’honorable Imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis), dit : « Il revient au peuple d’élire les gens qualifiés et fiables et leur confier la responsabilité de s’occuper des affaires du pays ». 5[5] A une autre occasion, il dit : « Nous disons que la personne qui veut gérer le pays, Celui à qui nous voulons confier nos affaires, doit être quelqu’un qui soit élu par le peuple, quelqu’un qui soit le choix du peuple ». 6 [6]
3. Les dirigeants de l’Etat islamique donnent des consultations aux gens :
Il est nécessaire que le souverain soit informé et averti des avis du peuple et d’en bénéficier, d’une meilleur manière possible, pour mieux gérer les affaires de la société. Mais, il lui revient de prendre la décision finale, c’est-à-dire, de trancher, à lui seul, ou de s’appuyer sur l’avis des autres. Là où il est question d’une chose prescrite par Dieu ou les Infaillibles (que la paix divine soit sur eux), le dirigeant de la société musulmane a obligation de l’appliquer, bien que cela soit opposé à l’avis du peuple. Les gens n’ont pas le droit d’objection et de protestation, car ils ont admis, eux-mêmes, que leur gouvernement repose sur des ordres divins et des lois et règles islamiques. A ce propos le vénéré Imam Ali (béni soit-il) dit : « Vous me reprochez le fait de ne pas vous consulter. Par Dieu, je ne désirais point le commandement, la gouvernance, mais vous m’avez invité et vous m’avez choisi. Je ne me suis pas opposé par crainte de voir l’Oumma être frappé par des divisions et des dissensions. Une fois élu, j’ai consulté le Livre de Dieu et la Sunna du Prophète au sujet de ce qui nous est prescrit et j’ai suivi la ligne qui nous est tracée. Je n’ai pas eu besoin pour le faire ni de vos avis ni des avis d’autres personnes. Si je m’étais trouvé face à une situation qui n’est pas qualifiée par le Livre de Dieu ou la Sunna de son Messager et au sujet de laquelle la consultation s’imposait, je vous aurais consultés ». 7 [7] Le vénéré Imam Ali (béni soit-il), réputé pour son rang scientifique très élevé, disait, à plusieurs occasions : « interrogez-moi avant que vous ne me perdiez ». 8[8] Il consultait, dans les cas qu’il jugeait nécessaire. Les leaders non-infaillibles ont, tout naturellement, besoin de mener des consultations avec les gens avertis et spécialisés, et ils en ont l’obligation d’agir ainsi, dans des questions naissantes, contemporaines. Le fait de mener des consultations et de suivre l’avis de la majorité des experts, est une nécessité qui est, actuellement, prévue et déterminée par la loi et les institutions. Les prises de décisions générales et importantes des pouvoirs exécutif et législatif se reposent sur l’avis de l’Assemblée consultative islamique et le fait de se soumettre à l’avis de la majorité est reconnu, à cette échelle. S’agissant du Guide, c’est le Conseil du discernement du bien de l’Ordre islamique et également les groupes de conseillers qui sont le bras puissant et efficace pour les prises de décisions générales par le Guide. Par Conséquent, le peuple dispose des moyens pour participera, par le biais de ses représentants, au processus des législations (dans les cas qui concernent les lois courantes du pays), ainsi qu’au processus des prises de décisions et des affaires courantes du pays.
4. Participation au processus des législations :
Le peuple assiste, par le biais de ses élus à l’Assemblée consultative islamique, qui est le pouvoir législatif du pays, à l’adoption des lois et des décisions exécutives du pays. A cela s’ajoute, également, le fait que la Constitution aussi, qui sert de base et de référence pour la gestion du pays, est l’expression de la volonté populaire, car cette loi constitutionnelle avait été soumise, à travers d’un référendum, au vote du peuple.
5. Surveillance du peuple sur les dirigeants :
Le peuple surveille, avec des yeux ouverts et des oreilles attentifs, tous les actes, les comportements et les paroles des dirigeants. Il bénéficie, depuis longtemps, du levier et de l’outil de surveillance sur la classe régnante pour jouer son rôle dans la souveraineté. En effet, les gens, en procédant à la critique et à l’analyse des actes et des programmes du gouvernement ; ils barrent la route aux déviations. Dans l’Etat islamique, le peuple veille, également, sur la bonne et juste application des lois divines, ainsi que sur le respect des rituels et mœurs islamiques, tels que le respect de l’équité et de la justice, l’élimination de la discrimination et de l’inégalité, la gestion et les capacités nécessaires fournies au peuple pour gouverner, le refus de l’orgueil et de l’égoïsme, le sens de la responsabilité vis-à-vis de Dieu et du peuple, procéder à l’auto-purification avant d’en avoir une telle exigence aux autres, l’honnêteté, la probité, l’intégrité, et bref, l’application des prescriptions du Coran et de la Sunna. Cette surveillance s’effectue par diverses méthodes qui sont ainsi de suite :
Le fait de recommander le bien et d’interdiction le mal : Les enseignements religieux exhortent, encouragent les gens à accomplir cette grande obligation, surtout, par rapport aux gouvernants. Le vénéré Imam Ali (béni soit-il), dit : « Toutes les œuvres de bienfaisance et le jihad dans le sentier de Dieu sont en comparaison avec le fait de recommander le bien et d’interdire le mal comme une goutte d’eau face à une mer immense et mouvementée. Le fait de recommander le bien et d’interdire le mal n’approche pas la mort et ne diminue pas la subsistance. Le plus important de tout cela est de dire la vérité devant le souverain tyrannique ». 9
[9]
l’importance du fait de dire la parole de justice et de vérité devant les souverains tyranniques s’explique par cette raison que les gens sont, généralement, soumis et subordonnés à leurs dirigeants, un acte qui peut conduire aux déviations, au sein de la société. Donc, le fait de rappeler à l’ordre les dirigeants de la société, en les exhortant à appliquer le bien et à blâmer le mal, est d’une valeur inestimable. Le vénéré Imam Baqer (béni soit-il) dit : « Quiconque se rend auprès d’un sultan tyrannique pour l’appeler à la piété et l’avertir contre l’issue de l’impiété, aura la même récompense que les Djinns et les Humains reçoivent pour leurs actes ». 10
[10]
Du point de vue de l’islam, l’importance du fait de recommander le bien et d’interdire le mal est si immense et telle que son abandon entraine le châtiment divin. A ce propos, le vénéré Imam Ali dit : « Dieu ne châtie jamais les masses populaires pour les péchés commis, secrètement, par les élites, mais si les élites (la classe régnante) commettent, publiquement et ouvertement, des péchés sans qu’ils reçoivent d’objection et de protestation de la part des gens, tous les deux groupes (les élites et les gens ordinaires), auront à subir à subir le châtiment divin ». 11
[11]
Donner des conseils aux dirigeants de la société
Pour définir les droits réciproques entre lui(en qualité d’Imam) et le peuple (l’Oumma), le vénéré Imam Ali dit : « Ô gens ! Vous et moi, nous avons des droits réciproques. Le droit que vous avez à mon égard est de rester fidèle à l’allégeance que vous m’avez prêtée et de me donner, ouvertement, des conseils (faire preuve de bienveillance). 12 [12]Ici le conseil veut dire la bienveillance vis-à-vis des Imams (bénis soient-ils), autrement dit les gens devront, dans un esprit de bienveillance, avoir une surveillance sur les affaires de la société, ainsi que sur les méthodes de gouvernance de leurs dirigeants. Et pour ce faire, ils ne devront pas ménager, dans le chemin de vérité, aucune entre-aide, ni coopération et collaboration à leurs dirigeants, et devront leur obéir, pleinement.
Surveillance du peuple sur les dirigeants dans la Constitution de la République islamique d’Iran
Surveillance directe
Dans le huitième principe du premier Chapitre de la constitution iranienne, il est précisé : « Dans la République Islamique d’Iran, inviter à la charité, au fait de recommander le bien et d’interdire le mal est un devoir général et réciproque des individus les uns envers les autres, du gouvernement envers le peuple et du peuple envers le gouvernement. Ses conditions, ses limites et sa nature sont déterminées par la Loi ». 13[13]
Surveillance indirecte :
En raison de l’étendue des sociétés et de la multiplication des activités et des obligations des responsables de l’Etat, la surveillance directe de l’ensemble du peuple sur l’ensemble des dirigeants et des responsables est diminuée, tandis que les moyens d’exercice d’une surveillance indirecte par le par le peuple sont réunis et favorisés. Le peuple élit ses représentants pour se charger des affaires liées à la souveraineté et confient à ses représentants, outre la responsabilité d’assurer leur mandat, la charge de procéder à la surveillance, tout en ne se privant pas, de cette mission (c’est-à-dire, le fait d’exercer, lui, cette surveillance). L’élection par le peuple de ses représentants pour se charger et s’occuper des affaires du pays, est mentionnée dans plusieurs principes de la Constitution de la République islamique d’Iran, dont :
L’élection des représentants de l’Assemblée consultative islamique qui, outre leur mission importante consistant à légiférer et à interpréter les lois ordinaires du pays, exercent, par divers moyens, leur rôle de surveillance. L’Assemblée consultative islamique a le droit d’enquête et d’investigation dans toutes les affaires du pays, ainsi que de faire des remarques, de poser des questions et de poser une motion de censure à l’endroit de chacun des Ministres et du Président de la République et d’examiner les plaintes contre le fonctionnement de divers organes du pays. 14
[14]
L’élection du Président de la République pour diriger le pouvoir exécutif, veiller sur l’application en bonne et due forme de la Constitution, contrôler et superviser les affaires exécutives du pays et les activités de chacun des Ministres. 15
[15]
L’élection des Représentants de l’Assemblée des Experts pour désigner le Guide ayant toutes les conditions requises, veiller sur son action et vérifier le maintien des conditions spéciales prévues pour le leadership de la société islamique. 16
[16]
Afin d'assurer des progrès rapides dans les programmes sociaux, économiques, d'aménagement, de la santé publique, culturels, éducatifs et d'autres activités d'intérêt général avec la coopération de la population, prenant en considération les particularités locales, la gestion des affaires de chaque village, district, ville, département ou province s'effectue sous la surveillance d'un conseil dénommé Conseil du village, du district, de la ville, du département ou de la province, dont les membres sont élus par la population locale. 17
[17]
Le peuple dispose d’autres moyens à sa disposition pour exercer son rôle de surveillance sur les dirigeants et les responsables du pays, qui sont entre autres :
Les partis et les groupes politiques et culturels. 18
[18]
La presse et les mass médias. 19
[19]
Les rassemblements et les manifestations. 20
[20]
6. Le rôle du peuple pour appuyer et accompagner le gouvernement
L’Etat islamique a, tout comme il besoin d’allégeance du peuple pour sa création, a besoin du soutien et de l’accompagnement du peuple pour sa pérennité et sa survie. L’accompagnement du peuple peut immuniser l’Etat face à tous les ennemis intérieurs et extérieurs. Dans une lettre adressée à Malek Ashtar, le vénéré Imam Ali (béni soit-il), lui recommande de s’appuyer, en toutes circonstances et pour toutes choses, sur les masses laborieuses, et d’éviter de prendre comme appui les riches et les fortunés égoïstes et exigeants, et de sonder, en constance, à satisfaire le premier groupe non pas le second. 21[21]
A ce propos, l’honorable Imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis), dit : « Le peuple doit être l’appui des gouvernements, un gouvernement qui n’a pas d’appui, échouera ». 22[22] Et à une autre occasion, il dit : « Nous avons besoin du peuple. Cela veut dire que la République islamique d’Iran a, jusqu’au bout, besoin du peuple, c’est le peule qui a porté là, cette République et c’est le peuple qui mènera cette République jusqu’au bout ». 23 [23]
7. Le gouvernement islamique au service du peuple :
Dans l’optique de l’Islam, l’Etat et le gouvernement islamiques sont un outil, un moyen pour appliquer les lois et les ordres divins et pour instaurer l’ordre, établir la sécurité intérieure et extérieure, assurer le bien-être et la prospérité au peuple, éliminer l’oppression et l’injustice, etc.
Du point de vue de l’Islam et des Infaillibles (bénis soient-ils), l’Etat islamique prend sa valeur, seul dans le cas où il est un moyen pour réhabiliter les droits bafoués des opprimés, servir les défavorisés et les nécessiteux, bref, contribuer à la croissance et à l’élévation et à la promotion, tant sur le matériel que spirituel, des créatures défavorisées du Tout-Puissant. Dans une lettre à l’adresse de Malek Ashtar, le vénéré Imam Ali (que la paix de Dieu soit sur lui), dit : « Sois tendre avec le peuple et comporte-toi en en tant qu’un ami, très gentiment, avec les gens. Ne te comporte jamais comme un animal féroce pour te permettre de les dévorer ; car les gens se divisent en deux catégories : Le premier groupe, ce sont tes frères en religion et le deuxième, ils t’apparentent en terme de création. ». 24 [24] Et l’honorable Imam Khomeiny ( que sa demeure soit au paradis), en suivant le chemin tracé par le vénéré Imam Ali( béni soit-il), décrit, en ces termes, le gouvernement islamique : « Dans l’Etat islamique, le gouvernement doit être au service du peuple et le peuple dispose, même , le droit de porter plainte contre le Premier ministre, s’il y a une oppression et de le traduire en justice et de le punir pour ses actes, s’il est reconnu coupable ». 25 [25]
Nous vous avons expliqué dans le présent texte, ne serait-ce qu’une partie des droits réciproques que l’Islam reconnait pour le peuple et le gouvernement, l’un envers l’autre. Pour plus d’information, nous vous recommandons de consulter les livres suivants :
1. Droits fondamentaux et institutions politiques, Abul Fazl, Qazi Shari’at Panahi.
2. Droits humains, A’likhani.
3. Surveillance et les institutions de surveillance, Mohsen, Malek Afzal Ardakani.
4. Droits essentiels dans la République islamique d’Iran, Seyyed Mohammad, Hashémi.
5. La Constitution de la République islamique d’Iran.
6. La place du peuple dans l’Etat islamique du point de vue de l’Imam Khomeiny, Institut de la Rédaction et la Publication des œuvres l’Imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis).
7. La revue de l’Etat islamique, Secrétariat de l’Assemblée des Experts, N° 4, p. 134 et de suite.
[1] Sourate 57, Le fer (Al-Hadid), verset 25
[2] « Voie de l’Eloquence », traduit par Mohammad Dashti.
[3] Idem.
[4] La place du peuple dans l’Etat islamique du point de vue de l’Imam Khomeiny, p. 9, Institut de la Rédaction et la Publication des œuvres l’Imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis),
[5] Idem, p. 10, publié par l’Institut de la Rédaction et la Publication des œuvres l’Imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis),
[6] Idem, p. 11.
[7] Cheikh Toussi, Al-Amali, p. 173 ( Narm Afzar( logiciel), Nour II).
[8] « Voie de l’Eloquence », sermons 5 à 189.
[9] « Voie de l’Eloquence », Sagesse 373.
[10] Wasa’el al-Chi’a, tome 12, chapitre 3, passages portant sur le fait de recommander le bien et d’interdire le mal, hadith 11.
[11] Idem, hadith 1.
[12] « Voie de l’Eloquence », sermon 34.
[13] Premier chapitre, le huitième principe.
[14] Les principes 62-76-79-88-90 de la Constitution de la République islamique d’Iran et l’article 9 du règlement intérieur de l’Assemblée consultative islamique.
[15] Le 134ème principe de la Constitution.
[16] Le 107ème principe.
[17] Le 100ème principe.
[18] Le 126ème principe.
[19] Le 124ème principe.
[20] Le 127ème principe.
[21] « Voie de l’Eloquence », lettre 53.
[22] La place du peuple dans l’Etat islamique du point de vue de l’Imam Khomeiny, p.162.
[23] Idem, p. 166.
[24] « Voie de l’Eloquence », lettre 2652
[25] La place du peuple dans l’Etat islamique du point de vue de l’Imam Khomeiny, p.50.
http://www.islamquest.net/fr/archive/question/fa111
Par André Miquel
Professeur au Collège de France
Souvenons-nous c’était notre enfance. Nous descendions des Gaulois qui semblaient être là depuis toujours, la preuve, c’est que le pays s’appelait la Gaule.
Mais venaient les intrus les Romains, dont on s’accommodait (il fallait bien puisqu’on allait parler leur langue), les Francs, dont on devait porter le nom mais que normalement, on digérait assez bien : Clovis, son baptême et son vase se profilaient déjà à l‘horizon.
Les autres n’avaient pas de chance, ni ces Huns, modèle de férocité et pourtant disparus de la scène en un jour, quelque part du côté de la Champagne, ni les Arabes : avec ceux-ci, et grâce à Charles Martel, finissait l’ère des invasions.
Enfin, on était entre soi et les guerres, Dieu merci, allaient pouvoir se jouer entre voisins.
Pourtant, cette dernière «invasion» n’est pas une conquête comme les autres. Le mot qui la désigne, c’est «l’ouverture», celle du monde, le plus vaste possible, à quelque chose de nouveau qui est l’Islam.
Changeons de camp au bénéfice de la vérité historique.
Que voyons-nous ?
Mohammad (SAW) , le Prophète, mort, l’Islam crève définitivement les frontières de son Arabie natale. Un siècle après, soit vers le milieu du VIlle, il s’étend de l’Espagne à l’Indus et de l’Asie Centrale au Sahara.
Le petit garçon (il était lycéen, en sixième ou cinquième, je ne sais plus très bien), s’il regardait la carte, comparait immédiatement cet empire à ceux d’Alexandre ou de Rome. Il n’avait pas tout à fait tort par bien des traits, l’organisation temporelle mise en place par les nouveaux participants à l’histoire du vieux monde rappelait les Etats qui l’avaient précédée. Mais comment tout cela s’était-il passé ?
Il était facile d’imaginer, pour l’éclosion de ce domaine immense, toute une geste de fureur guerrière, de grands capitaines, de savantes stratégies.
De fait, l’Islam eut ses batailles, ses chevauchées, ses étendards, ses faits d’armes et ses génies militaires.
Là pourtant s’arrêtent les comparaisons possibles : car cette histoire a ses secrets, ses mystères même, et l’Histoire, ce petit garçon qui n’en finit pas de grandir, ne les découvre que peu à peu.
Pas toujours.
Voici le plus grand d’entre tous.
D’un côté, quelques troupes d’hommes à l’équipement rudimentaire des arcs, des flèches, des lances, des épées ; de l’autre, des armées puissantes, lourdement et savamment organisées, pourvues de traditions séculaires.
Ici, un pays pauvre, l’Arabie, avec de grands espaces vides ; là, les terroirs de vieille civilisation, les vallées des grands fleuves, Egypte ou Mésopotamie, les plaines syriennes, les rivages actifs de la Méditerranée.
A qui va la victoire ?
Au moins nombreux, au plus pauvre.
Et tout cela d’entrée de jeu.
Et tout cela consommé en l’espace d’un siècle!
LA FOI ET LE TEMPOREL
Un des moyens éprouvés pour expliquer le miracle, on le sait, est de le nier. L’histoire, à l’occasion, ne s’en est pas privée, prenant ici le contre-pied systématique d’une autre position, celle qui, en Islam, voit dans l’expansion du message coranique le résultat de la seule foi, du seul enthousiasme des croyants, forts de l’appui que leur prête Dieu.
La vérité?
Elle oblige à dire, d’abord, que, sans la foi, cette histoire ne se fût peut-être pas jouée, du moins pas à cette échelle. Si nous ne contestons guère, dans les progrès du christianisme, la part qui revient à la ferveur de ses premiers adeptes et martyrs, pourquoi refuserions-nous à l’Islam d’avoir été le premier moteur de Sa propre histoire ? Elle abonde assez en témoignages pour que nous ne la traitons pas sur ce point à la légère ou avec mauvaise foi.
Restent les conditions réelles, les formes que la nature ou les hommes donnent au message et qui aident à l’inscrire dans le siècle.
Réglons le cas d’une hypothétique et brutale aggravation du climat, qui aurait jeté au dehors, par tribus entières, un peuple près de basculer dans la famine.
On ne voit guère, en effet, que l’expansion de l’Islam ait, fût-ce provisoirement, vidé l’Arabie de ses habitants. C’est ailleurs qu’il faut chercher les conditions de la première poussée, hors du pays des origines.
Nul doute que le credo coranique et le souvenir du Prophète n’aient réussi ce qui avait été impossible jusque là unir les tribus en leur donnant une même ambition, en sublimant les vertus bédouines traditionnelles dans la lumière de la foi nouvelle, en ouvrant à la mobilité native du nomade un champ nouveau et presque infini, comme si les espaces du raid et le goût de la course libre et les horizons du désert s’étaient ouverts à la mesure de la terre.
Histoire de nomades et de sédentaires ?
Oui, en un sens, à condition d’ajouter qu’ici, la tradition des steppes se double d’une autre, résolument urbaine celle-là : l’Islam, ne l’oublions pas, est né, s’est fortifié, organisé dans deux villes, la Mekke et Médine.
Un des premiers soucis des conquérants sera de fonder, un peu partout, des cités qui, avant d’être les symboles et les pivots d’une civilisation nouvelle, fonctionneront comme relais d’un Islam encore jeune et soucieux de tenir les pays gagnés à sa cause.
Kûfa, Bassorah, le Caire, Kairouan et tant d’autres.
UN RALLIEMENT DES COEURS
Grâce à sa cause...
A quoi servent la prudence militaire, l’organisation de la ville et de l’Etat, Si les coeurs ne sont pas gagnés ?
On ignore souvent le sens exact du fameux mot de jihâd, systématiquement traduit par guerre sainte et qui, en réalité, renvoie à «l’effort» du croyant pour prêcher l’exemple, avant tout, et en faisant rayonner sa foi, pour susciter chez les hommes le désir de la conversion.
L’autre jihâd ne vient qu’ensuite, armé, mais lorsqu’ont été épuisées les procédures de conciliation et d’argumentation.
Aux païens de se soumettre. Aux adeptes, d’une religion révélée, juifs ou chrétiens, de reconnaître l’autorité du nouvel Etat. Moyennant quoi, et versement d’une taxe appropriée (d'autant qu'ils sont exonérés de l'aumône rituelle, la Zakaate), ils garderont le droit de pratiquer leur croyance et de relever, pour les affaires n’excédant pas les limites de leur communauté confessionnelle, de l’autorité qui la régit, rabbin ou évêque.
Le statut accordé aux juifs et aux chrétiens est sans doute, en plein Moyen Âge, exemplaire, mais il n’est qu’un des signes parmi d’autres d’une attitude d’ensemble de l’Islam, l’une des clés majeures de son succès au plan temporel, il a bouleversé le moins possible, s’est superposé plus qu’imposé, coulé, chaque fois qu’il l’a pu, dans les vieilles habitudes de l’Orient méditerranéen et de la Perse.
Bref, il a voulu être, aussi peu que possible, l’étranger, l’intrus.
Mais l’était-il ?
Qui dit invasion dit barbare, inconnu surgi du fond de l’horizon et qui vient ruiner la vie du civilisé.
Or, ces Arabes n’étaient, eux, jamais restés confinés tout à fait à leur Péninsule. Caravaniers, marchands, on les connaissait dans les cités riveraines du désert, en Egypte, en Syrie, en Irak. Byzance et la Perse sassanide avaient même installé, aux lisières de leur mouvance, des royaumes vassaux et arabes. L’arrivée des gens de la Péninsule, après l’Islam, change, de signification, à travers la quantité même d’hommes maintenant engagés hors du désert et, bien entendu, à travers le credo dont ils sont porteurs..Mais si le mouvement, dirait-on, s’emballe, il ne s ‘inscrit pas comme une rupture totale avec les habitudes du passé : de ces horizons des villes méditerranéennes ou irakiennes, les Arabes ont toujours fait partie. Leur nombre est une nouveauté, ils parlent maintenant un langage nouveau mais ils ne sont pas, tant s’en faut, des nouveaux venus.
LA RESURGENCE DE VALEURS AUTHENTlQUES
Ils le sont d’autant moins que, par leur message même, ils continuent d’incarner quelques-unes des plus vieilles croyances de l’Orient.
Face aux subtilités et aux divisions du christianisme, ils rappellent l’unicité de Dieu, celle-là même dont l’affirmation avait conduit l’hérésie arianiste à faire de Jésus un homme et rien qu’un homme, au demeurant des plus grands.
Image et doctrine que l’Islam conservera.
Face à Byzance et à l’influence grecque, face à des sociétés hiérarchisées, l’Islam, fils d’Orient, et son message égalitaire, fondé sur une société de croyants frères, vont être reçus comme la résurgence de valeurs authentiques, nées sur place et jetées à la face de pouvoirs, de formes de civilisation et de pensée venues du dehors.
L’expansion de l’Islam allie ainsi la puissance d’un credo, le respect de ce qui peut être conservé et la souplesse dans l’organisation de la société.
Ajoutons, à ces gages de succès, la potentialisation engendrée par les conversions. Toutes ces conversions sont autant de relais ; les nouveaux musulmans vont aider les anciens à aller plus loin, jusqu’à ces limites que nous évoquions tout à l’heure les Berbères permettront de passer le détroit de Gibraltar, les Iraniens de pénétrer en Asie Centrale. Sans aller jusqu’à affirmer, comme le fit un historien pour l’Espagne, que les nouveaux territoires se sont ralliés, et pour ainsi dire conquis, d’eux-mêmes, aucun doute c’est aux nouveaux convertis, à leur connaissance du pays et des hommes, que l’Islam doit d’accéder à un statut mondial, sur des terrains et en plein coeur des cultures bien différentes, au départ, de l’Arabie natale.
Vision idyllique des choses?
Cette conquête ne va pas sans affrontements, batailles, sang versé, bavures même. Moins pourtant, beaucoup moins, il faut y insister, que toutes celles qui sont, pour nous, synonimes d’invasions ou d’empires.
Avant d’être conquérant, l’Islam avait mis de son côté de quoi se faire agréer, accepter.
Nous sommes des Occidentaux, fils d’une civilisation autre et complémentaire à la fois. Apprenons, avec le petit garçon d’aujourd’hui, à lire, sur l’atlas de l’Histoire, une autre carte de la Méditerranée et de l’Orient.
Dr Khaled Mohamed Azab
La construction et l’urbanisme dans l’optique islamique :
Dans la législation islamique, la construction et l’urbanisme doivent répondre à deux critères :
1. La solidité : qui est aussi l’une des caractéristiques de l’islam. En effet, le musulman doit veiller à parfaire chaque œuvre accomplie par son soin, et la solidité est la base de la perfection. Sur le plan des transactions entre les gens également, le travail doit être perfectionné, en ce sens que quiconque accomplit une œuvre au profit d’un tiers est tenu à la faire dans les règles de l’art, ce qu’il ne peut réaliser que s’il justifie d’un savoir-faire solide. D’ailleurs, ceci est confirmé dans ce hadith du Prophète : "Que Dieu ait dans sa sainte miséricorde quiconque aura exécuté une œuvre avec perfection"(1) et "Quiconque parmi vous accomplit une œuvre, Dieu aime qu’il le fasse comme il se doit"(2). Le Prophète a également insisté sur la nécessité pour les bâtisses d’être solides. Talq Ibn Ali Tamimi relate à cet égard cette histoire : "J’étais venu voir le Prophète alors qu’il était occupé à construire sa mosquée et que les musulmans étaient à l’œuvre. Étant bon connaisseur en travail d’argile, je me suis mis alors à mélanger l’argile à l’aide d’une truelle sous l’œil attentif du Prophète qui s’adressa à ses compagnons du travail : ‘le hanafite s’y connaît en travail d’argile’, et dans une autre version du même hadith : ‘laissez le hanafite travailler l’argile. C’est le meilleur qui sache le faire’". Ainsi, la preuve fut donnée que la solidité est une condition incontournable dans toute œuvre de construction, non pas parce que c’est un devoir qui impose au bâtisseur de parfaire son ouvrage, mais parce que la finalité recherchée est d’assurer la protection et la défense contre le danger.
2. L’esthétique : Ainsi, le musulman est censé prendre soin de son apparence et de son habillement car l’islam est une religion de beauté et de propreté. Le musulman voue adoration à un Dieu unique, Beau et qui aime la beauté. Ceci prouve que l’esthétique est exigée dans la construction et l’architecture, tout comme elle est requise en habillement et autres. La beauté de l’architecture se manifeste dans l’harmonie et l’agencement des constructions selon les usages spatio-temporels en vigueur, d’autant plus qu’elle est recommandable en elle-même et au regard des objectifs qu’elle vise à atteindre(3).
Sur le plan de la pensée, l’urbanisme islamique est régi par deux cadres majeurs :
1. Le cadre législatif, c'est-à-dire la "politique légale" (Assiyâssa achar’iya) appliquée par le gouvernant dans le secteur de l’urbanisme, qu’il s’agisse de la politique globale de l’Etat ou de la politique urbanistique proprement dite, sachant que dans les deux cas l’urbanisme s’en ressent.
2. Le fiqh de l’urbanisme : on entend par fiqh de l’urbanisme l’ensemble des règles juridiques accumulées grâce à la dynamique urbanistique créée suite au contact entre les gens dans le cadre de leurs activités de construction et tout ce qui en résulte en termes de questions et d’interrogations posées aux juristes musulmans et auxquelles ceux-ci doivent apporter des réponses en s’inspirant, pour ce faire, des principes du fiqh et des règles des fondements du fiqh.
Or les questions posées par les musulmans aux spécialistes du fiqh dans le domaine de l’urbanisme procèdent de leur volonté de construire des bâtisses qui soient en harmonie avec leurs principes et leur civilisation. Avec le temps, les réponses cumulées ont fini par former une sorte de cadre légal qui régit le mouvement urbanistique dans la société et qui engage aussi bien les gouvernants que les gouvernés.
A vrai dire, la vision de la "politique légale" en matière d’urbanisme se conçoit en tant que cadre global régissant les généralités et non pas les particularités. Avec le fiqh de l’architecture, elle partage plusieurs points communs ayant trait aux fondements légaux et aux principes civilisationnels de la oumma islamique.
Ainsi, du point de vue du fiqh de l’urbanisme islamique, il existe des principes directeurs que la "politique légale" doit respecter, bien que les décideurs politiques passent outre ces principes, forts de leur pouvoir qu’ils emploient pour imposer leur volonté. Si la "politique légale" repose sur l’autorité de l’Etat qui veille à son application, le fiqh de l’urbanisme procède en revanche de la société qui veille à en préserver les règles et à les respecter dans le cadre des enseignements de l’islam.
L’œuvre traitant de la "politique légale" est pléthorique. La plus en vue n’est autre que "Al-Moqaddima" d’Ibn Khaldûn qui consacre tout un chapitre à ce sujet et qui est considérée, jusqu’à ce jour, comme la plus pertinente des œuvres composées dans ce domaine. Parallèlement, il existe d’innombrables autres écrits du patrimoine politique qui traitent, entre autres, de la relation de la "politique légale" avec l’urbanisme, notamment l’urbanisation des villes et ses conditions obligatoires(4).
En revanche, le fiqh de l’urbanisme n’a pas eu droit à autant d’intérêt. La raison en est que cette discipline constitue une science appliquée qui a, de tout temps, été étroitement liée à la société et non au pouvoir politique, ce qui a fait que le débat autour du sujet n’a jamais dépassé le cadre des fatwas et des cas d’espèce et a fait le thème de très peu d’œuvres, en comparaison avec la science de la "politique légale"(5).
Cadre premier :
La politique, c’est la dynamique du gouvernant à travers laquelle celui-ci s’emploie à assurer les intérêts des gouvernés. Ayant assimilé cette réalité, les juristes de "la politique légale" soutiennent que "le sultan doit suivre une politique qui ne doit pas se conformer uniquement aux enseignements de la charia. Chez nous, cette politique, c’est la rigueur" (6).
Cette thèse fut développée par Ibn Aqil Al-Hanbali, auteur de la citation précédente, à travers un débat qui l’a opposé à un théologien chaféite qui affirma que "la politique ne peut se faire que conformément à la loi divine". lbn Aqil lui rétorqua alors que "la politique, c’est l’ensemble des actes susceptibles d’assurer que les gens soient le plus proche possible du bon chemin et le plus loin possible de la dépravation, même si ces actes n’ont pas été révélés au Prophète, Paix sur lui, ni approuvés par celui-ci. Si par votre thèse ‘la politique ne peut se faire que conformément aux enseignements de la religion’ vous entendez ‘ce qui n’est pas en contradiction avec la loi divine’, alors vous avez vu juste. Si vous voulez dire par là ‘ce que la loi divine a prescrit’, alors vous avez tort et vous faites dire aux compagnons du Prophète ce qu’ils n’ont pas dit" (7).
Cette définition rejoint celle avancée par Ibn Najîm Al-Hanafî dans son ouvrage "Al-Bahr ar-raïq" où celui-ci considère que" la définition la plus vraisemblable de la politique est le fait pour un gouvernant d’accomplir un acte dans le but d’assurer un intérêt qu’il juge utile, même en l’absence d’une preuve partielle de la compatibilité de cet acte avec la charia" (8).
A partir de ces définitions, il est possible de résumer le contenu et le sens de la politique dans les points suivants :
- La légitimité de la politique repose sur la nécessité qu’elle représente tout d’abord avant d’évoquer sa légitimité basée sur l’acceptation individuelle ou collective.
- Les rapports humains qui font l’objet de la politique ne se résument pas à de simples rapports entre individus, mais constituent plutôt une expression de relations collectives qui lient un individu à un groupe et un groupe à un autre.
- Dans le fond, la politique ne saurait être dissociée des objectifs qu’elle cherche à atteindre en employant des moyens bien définis (9).
Si l’on tente d’élaborer une conception de la "politique légale" sur la base de ces fondements, on pourrait de nouveau mettre en valeur plusieurs éléments essentiels formant les acceptions terminologiques du concept de "politique légale". Citons-en le fait que la politique est sous-tendue par le fiqh al-massâlih (pragmatisme) là où les textes font défaut. Ainsi, quand la valeur pratique devient le principal critère de "la politique légale", celle-ci constitue alors une sorte de dynamique ayant pour objectif de se conformer aux préceptes religieux. Il s’ensuit que la politique est soumise à la conception que se fait le gouvernant de l’intérêt de la oumma, lequel doit toujours être recherché dans le cadre du respect de enseignements de la charia. A cet égard, il serait utile de prospecter les différents points de vue des spécialistes de la "politique légale" concernant le rôle du gouvernant dans le domaine de l’urbanisme.
Ainsi, Al-Mâwardî a fixé les conditions générales auxquelles doivent répondre les établissements humains. Autrement dit, pour qu’un lieu déterminé puisse servir de lieu d’établissement, il doit absolument satisfaire à ces conditions qu’il a définies lorsqu’il a essayé d’expliquer la signification du terme al-misr, c’est-à-dire la ville. Pour lui donc, une ville doit répondre à cinq conditions :
1. Que les habitants décident de s’y établir à la recherche du calme et de la tranquillité ;
2. Qu’elle puisse permettre aux habitants de préserver leurs biens contre le gaspillage et la dilapidation ;
3. Qu’elle puisse leur permettre de protéger leurs familles contre l’agression et l’humilité ;
4. Qu’elle puisse permettre l’acquisition des biens nécessaires et l’exercice des activités industrielles indispensables ;
5. Qu’elle puisse permettre la recherche du gain et la satisfaction des besoins matériels (11).
A vrai dire, ces conditions sont valables pour toutes les époques. Il n’y aucun espace habitable qui ne remplisse ces conditions globales et exhaustives, car elles incluent le calme, la préservation des richesses, la protection des familles, la pratique de l’industrie et la production des besoins primordiaux, et enfin l’exercice d’activités lucratives. Ainsi, Al-Mâwardî intègre les aspects social, économique et sécuritaire de la vie humaine et va même jusqu’à affirmer que le lieu qui ne répond pas à ces conditions ne saurait servir de lieu d’établissement du genre humain(12). "Quand un site déterminé ne satisfait pas à l’une de ces cinq conditions, il ne peut donc servir de lieu d’établissement pour les humains, et n’est plutôt qu’un lieu de désolation et de ruine", affirme-il à cet égard(13).
C’est bien dans cet esprit que les savants de la "politique légale" ont fixé les exigences qui doivent être scrupuleusement observés par les gouvernants au moment du choix de l’emplacement des villes et des cités et lors de l’édification de celles-ci. Ibn Khaldûn énumère, à ce propos, six conditions que doit satisfaire la ville, à savoir :
1. être entourée de remparts devant la protéger contre les agressions ;
2. être située en un lieu inaccessible, sur une hauteur au bord de la rivière ou de la mer…etc.
3. veiller à ce qu’elle soit située dans une région où l’air est bon et pur, ce qui est de nature à protéger contre le développement de maladies.
4. l’approvisionnement en eau, en choisissant pour la ville à construire un emplacement à proximité d’une rivière ou de sources douces ;
5. les bons pâturages pour les troupeaux ;
6. l’existence de terres cultivables, car la nourriture provient de la terre (14).
Ce sont là des conditions préalables qui permettent à n’importe quelle ville de grandir et de se développer. Expliquant avec plus de détail la conception d’Ibn Khaldûn, Ibn Al-Azraq soutient que les villes doivent répondre à deux conditions importantes : garantir la protection des habitants contre les dangers et leur générer des profits. Et d’expliquer qu’il y a deux genres de dangers : le premier, d’ordre terrestre, doit être repoussé par l’édification d’une muraille autour de la cité quand son emplacement n’est pas fortifié naturellement, dans le but de la rendre inaccessible à l’ennemi. Le second est d’ordre aérien. Contre celui-ci, le remède serait de choisir un emplacement où règne un climat sain, car le climat devient malsain quand il est stagnant ou en présence d’eaux usées, de choses pourries ou de prairies infectées. Dans un tel cas, il favorise indubitablement l’apparition de maladies chez l’animal qui y vit, comme on le constate souvent aujourd’hui.
Il avance, à cet égard, l’exemple de Fès qui fut, à l’époque de l’explosion de l’activité urbanistique au Maghreb, une ville où vivait une population nombreuse, ce qui favorisait la circulation de l’air et l’atténuation des méfaits du climat et empêchait l’apparition de tous genres d’épidémies ou de maladies. Par contre, une fois la population a commencé à décroître en nombre, l’air de la ville devint stagnant et s’infecta des eaux croupies. Il s’en est suivi une poussée des épidémies et des maladies. Il avance un autre exemple de villes où l’on n’avait tenu aucun compte de la pureté de l’air au début de leur fondation. Les habitants étaient peu nombreux et les épidémies fréquentes. Ensuite, avec l’accroissement de la population, la situation changea. Il en est ainsi de Fès j’did, où est située actuellement la résidence royale, et de bien d’autres exemples à travers le monde (15).
Le second fondement, à savoir la réalisation de profits, est envisageable à travers la prise en compte de plusieurs éléments dont la disponibilité de l’eau, qui peut être assurée lorsque la ville est édifiée sur un fleuve ou à proximité de sources douces. En effet, la proximité des points d’eau facilite la vie des habitants qui ont un besoin urgent de se ravitailler. Autre nécessité : de bons pâturages aux environs, pour les troupeaux. Chaque maître de maison a besoin d’animaux domestiques pour l’élevage, pour le lait et comme montures. Or il faut des pâturages à ces animaux. S’ils sont à leur portée et s’ils sont de qualité, cela leur épargne la peine d’aller en chercher au loin. De même, il y a la question des terres cultivables. La nourriture est à base de produits de la terre. Aussi, la proximité des champs est-elle un grand avantage. On soulèvera également la question du bois de construction et de chauffage. Il sert à réchauffer, à fabriquer des poutres pour la toiture des maisons et pour une foule de choses, qu’elles relèvent des nécessités ou du luxe. Enfin le voisinage de la mer facilite l’importation de denrées étrangères. Il va sans dire que toutes ces considérations varient suivant le degré de nécessité et les besoins réels des habitants (16).
Si les conditions citées par Ibn Khaldûn ont davantage trait au contenu, Ibn Abi Rabî aborde, lui, le rôle du gouvernant dans la conception des villes et traite ce rôle avec une précision extrême. Pour lui, il s’agit d’obligations que les gouvernants sont tenus d’accomplir et qu’il résume en huit points qui sont les suivants :
1. Ramener dans la cité de l’eau douce pour satisfaire les besoins des habitants en eau potable ;
2. Concevoir harmonieusement les rues et les avenues pour éviter qu’elles ne s’encombrent ;
3. Construire une mosquée au centre de la cité, pour la rapprocher ainsi de tous les fidèles ;
4. Construire suffisamment de marchés pour faciliter l’approvisionnement des habitants en diverses marchandises ;
5. Veiller à ce que les habitants soient issus de tribus ayant des affinités entre elles, afin d’éviter l’adjonction de discordances criardes ;
6. S’il veut y demeurer, qu’il choisisse alors la zone la plus spacieuse, en veillant à installer ses proches tout autour de lui;
7. Élever une muraille d’enceinte autour de la cité pour la protéger contre les attaques ennemies, car la cité forme une seule demeure qu’il faudra défendre ;
8. Permettre que s’y installent et y exercent toutes sortes d’artisans dont les habitants auront besoin.
Cette conception de la ville chez Ibn Rabî, décédé en 272H/885, atteste de sa profonde assimilation, à partir d’une analyse logique, des éléments qui doivent être pris en compte dans la construction des villes. En effet, le fait de faciliter l’approvisionnement des habitants en eau potable constitue une preuve que la planification urbanistique a atteint un tel niveau qu’il est devenu possible de choisir plus librement l’emplacement des villes sans se plier à la contrainte du déterminisme naturel qui impose au concepteur d’établir la ville à proximité des fleuves et des sites disposant de richesses naturelles (18) .
- En cas de sa disponibilité, l’eau, source de la vie, est un facteur d’émergence des civilisations. Dans le cas contraire, elle devient facteur de déclin. C’est pourquoi Ibn Abî Rabî pose comme condition au gouvernant, pour la construction d’une ville dont l’emplacement pourrait être loin de sources hydriques, de veiller à l’approvisionnement de la cité en eau. C’était effectivement le cas pour beaucoup de villes dans le monde islamique. Ainsi, les musulmans ont dû ramener de l’eau à Madrid à partir de collines disposant d’eaux souterraines et situées à quelques sept à douze kilomètres de la ville, en utilisant, pour ce faire, des conduits installés de telle façon qu’ils forment une pente favorisant l’arrivée de l’eau dans la cité et dont la longueur varie entre huit et cent mètres chacun. Il n’était pas donc étonnant que les Andalous aient baptisé leur nouvelle ville Majrît, mot composé de "majrâ", qui signifie cours d’eau en arabe andalou, et du suffixe d’amplification "-ît", issu du latin dialectal. Le nom Majrît veut donc dire "ville riche en cours d’eau", allusion faite aux nombreux aqueducs et autres cours d’eau qui alimentent la ville. Djeddah souffrait également de la rareté de l’eau : un visiteur de la ville, Al Maqdissi, l’a décrite comme une ville "peuplée", dont les habitants s’adonnaient au commerce et vivaient dans l’aisance, mais peinaient à trouver de l’eau. Au milieu du XVe siècle de l’Hégire, Nâssir Khasrô s’est rendu également à Djeddah et en a fourni une description qui laisse entendre que la ville, malgré son progrès urbain, est dépourvue de verdure, en raison de la pénurie de l’eau. A l’époque des mamelouke circassiens où Djeddah était gouvernée par Qansouah Al-Ghourî, celui-ci, préoccupé par la crise de l’eau, s’employait à ramener de l’eau à partir des sources d’eau situées à l’ouest de Djeddah, ce qui a contribué au développement de la cité. Dans la citadelle Al-Jabal, construite par Saladin au Caire, un puits de 90 mètres de profondeur a été creusé dans le rocher pour ramener de l’eau à la citadelle. Il se compose, en fait, de deux puits discontinus sur la même ligne verticale et dont la profondeur est à peu près la même, ce qui a amené certains historiens à considérer qu’il s’agissait en réalité de deux puits et non d’un seul. La coupe horizontale du bas puits était de 2,3 m, alors que celle du haut puits est de 5 m. Cette surface large s’explique par la nécessité de permettre la descente des taureaux indispensables au tournage de la noria installée au fond du premier puits et qui élève l’eau du second puits à jusqu’à son niveau, alors qu’un autre couple de taureaux assure le tournage d’une seconde noria installée en haut des deux puits et dont la fonction est d’élever l’eau à partir du niveau de la première noria à la surface de la terre. L’aspect le plus extraordinaire dans la conception et l’exécution de ce puits supérieur demeure sans doute la minceur du mur de pierres sculpté, séparant le corps du puits et le passage des taureaux en pente vers le fond du puits. Dans certains endroits, l’épaisseur du mur ne dépasse même pas 20 cm.
- Pour les rues, Ibn Abi Rabî estime qu’elles doivent être conçues de telle façon qu’elles puissent servir convenablement à l’usage humain et aux moyens de transport de l’époque, c'est-à-dire les bêtes ou les humains. Lorsque les moyens de transport seront plus développés, comme c’est le cas actuellement, avec la multiplication de l’usage des carrosses tirés par les chevaux puis les automobiles, les rues doivent alors être adaptées aux moyens de transport et à la nature de l’usage qui en est fait à chaque époque. C’est pourquoi les études qui ont pris pour objet les villes islamiques et les ont critiquées pour l’étroitesse de leurs ruelles ont eu comme référence les exigences modernes de l’activité de transport, sans prendre en compte l’époque où ces villes avaient été construites.
- Concernant la condition de centrage des mosquées, il va sans dire que c’est là l’emplacement idéal pour un espace qu’utilisent les gens cinq fois par jour. En effet, le centrage de la mosquée facilite l’accès à celle-ci à partir de toutes les zones environnantes avec des distances plus ou moins égales. Le choix du centre-ville pour servir de lieu de culte s’explique également par la place de la foi dans le cœur de chaque musulman ainsi que par le fait que la mosquée incarne ce rapport d’interdépendance entre toutes les parties de la ville. Tout comme la Kaaba est située au cœur du monde islamique et que les fidèles accomplissent leur prière cinq fois par jour en s’orientant vers elle, les musulmans vont aussi à la mosquée du centre-ville pour faire la prière. La différence entre la mosquée centrale et les mosquées périphériques où s’effectuent les cinq prières réside dans le fait que la première est le lieu fédérant la ville chaque vendredi à travers le discours hebdomadaire prononcé par l’émir de la cité et dans lequel celui-ci, souvent, aborde des sujets à caractère politique et social.
- Pour la conception d’un nombre suffisant de marchés, cette condition s’explique par beaucoup de considérations, entre autres la nécessité que la capacité de ces marchés ne dépasse pas les besoins des habitants afin d’empêcher la chute des prix des marchandises qui ne trouveraient pas alors preneur. C’est aussi un signe que la taille des marchés doit être proportionnelle au nombre d’ habitants (19).
- Quant à la condition relative à l’homogénéité des habitants et au risque inhérent à leur caractère hétérogène, il est certain que c’est là la faîte du génie en matière de planification urbaine fondée sur une compréhension rigoureuse des ethnies. En d’autres termes, cela traduit le souci d’Ibn Abi Rabî de favoriser l’homogénéité ethnico urbaine au détriment de l’hétérogénéité ethnico urbaine qui risque de créer la ségrégation entre les habitants, transformant ainsi la ville en une mosaïque ethnique à base de groupes divers. A vrai dire, nombre de planificateurs contemporains ont peu tenu compte de cette donnée dans leurs conceptions des villes, ce qui a conduit inéluctablement à la reprise des migrations internes motivées par les affinités ethniques et les liens du sang.
- Concernant la condition relative à la construction de remparts autour de la cité, c’est là une des caractéristiques des villes avant la révolution industrielle. En effet, les remparts remplissaient une double fonction principale : la première est la préservation de la société interne en tant qu’une seule famille, parce que "l’ensemble de la ville constitue une seule demeure", comme le souligne Ibn Rabî. La seconde fonction est la protection, qui s’explique par le manque d’armes à cette époque et la fréquence des guerres, notamment au niveau des villes frontalières. Si beaucoup de villes islamiques ne disposaient pas de remparts au moment de leur édification, la décadence du Califat a engendré en revanche l’apparition de plusieurs petits Etats qui se livraient une lutte acharnée, favorisant ainsi la construction de villes entourées de remparts pour les défendre. Quand les Croisades ont frappé la région de la Syrie et ont commencé à menacer l’Egypte, l’on a commencé à construire des remparts autour des villes, tout en veillant à l’entretien et à la rénovation de ceux déjà existants. Ainsi, quand Saladin prit le pouvoir en Egypte, il nourrissait déjà un projet de guerre sainte pour défendre son pays et libérer la région de la Syrie des mains des Croisés. Dans son volet interne, le projet prévoyait la consolidation du front intérieur à travers l’élévation d’une muraille autour de la capitale égyptienne, avec ses deux grandes entités que sont Le Caire et Al-Fûstât, afin de faciliter leur défense. D’autant plus que Al-Fûstât avait été incendié par le vizir Fatimide Chaour de crainte qu’elle ne tombe dans les mains des Croisés, surtout qu’il était dépourvu de remparts devant la protéger et que ceux du Caire fatimide étaient dans un tel état de délabrement. L’expérience de Saladin avec les Fatimides l’ayant convaincu de la difficulté de défendre Le Caire et Al-Fûstât en même temps, il a pensé que la construction d’un rempart indépendant autour de chacune des deux villes ferait que chaque ville aurait besoin d’une armée à part entière pour la défendre, ce qui engendrait la scission de l’armée chargée de défendre la capitale en deux forces et, partant, son affaiblissement. D’où la nécessité de construire une seule muraille et de l’étendre pour qu’elle englobe Al-Fûstât ainsi qu’une forteresse située entre les deux villes et qui devra servir de quartier général à l’armée chargée de défendre la capitale(20).
- Avec le développement de l’artillerie à partir du Ve jusqu’au XIXe siècles, l’importance des remparts des villes s’atténua progressivement, ceux-ci n’arrivant plus à résister aux obus tirés par les canons. Ce développement fut l’œuvre des Ottomans et des Européens. En effet, grâce au feu de leur puissante artillerie, les premiers avaient semé une terreur peu commune à l’époque. Ainsi, durant la bataille Muhatch qui a opposé les Ottomans aux Hongrois, le feu de l’artillerie Ottomane était puissant au point qu’il a scindé l’armée hongroise en deux parties. Les Ottomans avaient également tiré quelque 60.000 obus d’artillerie sur les forces qui défendaient Malte en 1565, et 18.000 sur la défense de Famagusta de 1571 à 1572(21). Progressivement, les Européens commencèrent à réagir à la puissance du feu d’artillerie. C’est ainsi que d’immenses retranchements en terre, relativement hauts, commençaient à prendre la place des remparts dans la défense des villes. Les obus d’artillerie s’enfonçaient dans ces retranchements et perdaient de leur efficacité. Par la suite, les Européens ont adopté des ouvrages de fortifications qu’ils ont baptisés "cavaliers", qu’ils plaçaient dans les endroits les plus élevés et où ils installaient leur artillerie de défense. Le système a prouvé son efficacité si bien qu’il fut adopté dans toute l’Europe. Napoléon lui-même avait utilisé cette technique lors de la première révolte du Caire (22) quand il a érigé un beffroi sur les collines Addirassa à partir duquel il a pilonné le Caire et Al-Azhar. Tout cela a fait que l’importance des remparts des villes et des forteresses a régressé au profit d’autres concepts en matière de défense des villes, à tel point que la ville de Paris dût se défaire de ses remparts en 1919 en raison de leur inutilité (23).
- Ibn Abi Rabî souligne également la nécessité pour le gouvernant de rendre disponibles les différentes industries dont les habitants de la ville auront besoin, ce qui est de nature à permettre le développement de la cité et la disponibilité des besoins de base pour ses habitants.
Il est à signaler que les spécialistes de la "politique légale" ont ajouté très peu de choses à l’œuvre d’Ibn Abi Rabî, bien que les points de vue de ce dernier soient traités avec plus de détail par Ibn Khaldûn (24) et Al-Mâwardi (25).
"La politique légale" des ouvrages architecturaux dans l’optique des Ulémas :
S’agissant de la conception des oulémas en matière de "politique légale" quant aux ouvrages architecturaux en rapport avec les gouvernants, Ibn Khaldûn, auteur de "Al Muqaddima", explique sa vision en la matière en établissant un rapport entre l’Etat et les ouvrages architecturaux, en ce sens que ces derniers constituent un miroir reflétant la force du premier et que leur beauté, leur magnificence et leur force renseignent sur la puissance de l’Etat. Ibn Khaldûn soutient, à cet égard, que "les conditions du monde et de la civilisation n’étant plus les mêmes, celui qui ne connaît qu’un niveau bas ou moyen ne sait pas tout. En comparant nos informations sur les Abbasides, les Omayyades et les Abidides, ou du moins celles que nous savons authentiques, avec nos propres observations sur les dynasties contemporaines moins puissantes, nous trouvons de grandes différences. Il s’agit de différences entre la puissance originelle de ces dynasties et les civilisations de leurs royaumes. Comme on l’a vu, tous les monuments laissés par une dynastie sont proportionnels à la puissance première de celle-ci…. Les œuvres sont cet indice qui renseigne le mieux sur la force, la faiblesse, la grandeur ou la médiocrité des dynasties"(26). Pour sa part, Ibn Ridwân Al-Mâleqi(27) estime que les ouvrages d’architecture constituent la source de fierté des dynasties, puisqu’ils sont un moyen de peuplement des territoires, d’édification des royaumes et de perpétuation des bonnes œuvres (28).
Mais les spécialistes du fiqh avaient jugé autrement ces exploits architecturaux. Ainsi quand le Calife Al-Nâcer, en Andalouise, bâtit son palais Al-Zahra, il utilisa pour la couverture de la coupole des tuiles couvertes d’or et d’argent qui lui coûtèrent énormément. Pour la peinture du plafond, il utilisa une couleur allant du jaune vif au blanc immaculé. Bref la beauté de l’édifice éblouissait les sens et laissait les gens extasiés. Quand il finit son œuvre, il tint un jour son conseil en présence de ses proches, ses ministres et ses serviteurs. Fier qu’il était du chef d’œuvre qu’il venait d’accomplir il leur dit : "Pensez-vous avoir déjà entendu ou vu un roi avant moi qui ait pu accomplir une telle œuvre ? Non, Commandeur des croyants, répondirent-ils. En fait, vous êtes unique dans toutes vos actions et nous n’avons jamais vu ou entendu parler de quelque autre monarque qui ait pu vous devancer dans vos exploits". Le Calife se sentit tout joyeux et ravi de leur réponse, lorsque le cadi Munzir Ibn Saïd fit son entrée, tête baissée. Quand celui-ci prit place, le Calife lui posa la même question sur le plafond doré et sur son aptitude à réaliser cet exploit. Le cadi fondit en pleurs et répondit : "par Dieu ! Commandeur des croyants, je n’ai jamais pensé que maudit Satan vous aurait mis sous son empire à ce point ni que vous lui auriez permis d’exercer une telle emprise sur vous, alors que Dieu vous a comblé de ses bienfaits et vous a ainsi préféré à d’autres. Je n’ai jamais pensé que Dieu allait vous placer au même rang que les impies". Contrarié, Al-Nâcer rétorqua : "Comment osez-vous, et comment m’assimilez-vous aux impies ?" le cadi expliqua alors : "Dieu n’a-t-il pas dit ceci : "Ne fût-ce par crainte de retrouver tout le monde dans une direction unique, Nous aurions, pour ceux qui dénient le Tout miséricorde, mis à leurs maisons des toits d’argent, avec des escaliers pour y monter…" (Sourate Az-zokhrof (les enjolivures), verset 33). Le Calife, accablé et tout confus, pleura à chaudes larmes par crainte de Dieu, remercia le cadi et ordonna la démolition du plafond doré (29).
En établissant un rapport entre les monuments architecturaux, l’Etat et la dynamique urbanistique, Ibn Khaldûn a fait montre d’une grande pertinence. Pour lui, "Attamddûn (civilisation) passe par quatre phases principales : une phase où le premier noyau urbain est petit, avec très peu de maisons et une faible population. Puis une phase où le nombre de maisons va grandissant et où celles-ci se diversifient, parallèlement à la croissance de la population. Suit une troisième phase où les édifices cessent de se multiplier et où la croissance de la population s’arrête à un certain niveau et va même en reculant. Enfin une dernière phase, où s’opère un retour à la case départ, c'est-à-dire à l’état initial, celui de la simplicité et de la décadence de la civilisation. Parfois le Très-Haut en crée une autre avec un autre peuple (30).
Pour la première phase, Ibn Khaldûn écrit ceci : "Sache (O lecteur !) que les villes, au début de leur établissement, ne contiennent que peu de logements et ne disposent que peu de matériaux, telles que pierres, chaux et autres fournitures comme les carreaux, le marbre, le coquillage, le verre et la mosaïque qui servent à orner les murs. Les villes, dès lors, sont d’une construction grossière et les matériaux sont défectueux". Dans la seconde phase, "quand la ville prend de l’extension et voit augmenter sa population, les matériaux se multiplient par suite du développement des diverses activités et du nombre des artisans jusqu’à ce qu’elle en ait sa suffisance". C’est la phase de l’explosion démographique et de la multiplicité des actes de planification de la cité ainsi que de l’apparition des matériaux d’ornement tels que le marbre et la mosaïque.
Quant à la troisième phase, "dès que le ‘umrân (activité urbanistique) d’une ville se met à régresser et la population à diminuer, alors l’activité artisanale se réduit et il n’y a plus de raffinement dans l’art de construire, ni de solidité. Les travaux régressent en raison de la diminution de la population, ce qui nécessite de moins en moins de matériaux comme les pierres, les marbres, entre autres, qui deviennent introuvables. Dès lors, on commence à construire et à édifier en transportant des matériaux des bâtiments existants pour en construire de nouveaux. Cela est rendu possible par l’abandon de la plupart des ateliers, des palais et des maisons, conséquence de la diminution et du déclin du ‘umrân. Cette phase est donc celle où l’activité urbanistique, sous toutes ses formes, connaît une régression évidente en raison de la diminution de la population. Les matériaux de construction se faisant ainsi de plus en plus rare, on tente d’y remédier en utilisant des matériaux prélevés sur les bâtiments déjà en place.
Dans l’ultime phase, "on continue à transporter ces matériaux de palais en palais et de maison en maison jusqu’au moment où l’on en perd en grande quantité. C’est alors qu’on revient aux formes grossières de construction". C’est le retour aux origines. C’est donc un cycle fort semblable au cycle de vie de l’homme qui passe par l’enfance, la jeunesse puis la vieillesse. Il y a là une grande similitude avec la réalité car la civilisation (tamaddûn) est un phénomène humain qui naît, grandit et vieillit avec l’homme et ses conditions de vie (31).
Ibn Khaldûn établit, par ailleurs, un parallélisme entre ces trois phases et la vie de l’Etat lui-même. Ainsi la première phase d’un Etat est la constitution. C’est la phase d’al-badâoua (vie bédouine) et de la rudesse de la vie, qui est aussi synonyme de bravoure et de rigueur. Elle est suivie par une seconde phase qu’il appelle phase d’autocratie, c’est-à-dire celle où s’opère un passage de la vie bédouine rustique, ou le ‘umrân al-badaoui, à la vie de luxe, ou le ‘umrân hadarî. Dans la troisième phase, la vie bédouine et la rusticité ne sont plus qu’un lointain souvenir. C’est la vie luxueuse et le raffinement, mais aussi le relâchement des mœurs et la veulerie. Bref c’est la phase de l’oisiveté et du farniente. Vient enfin la phase finale où, dans la majorité des cas, l’Etat finit par tomber en décrépitude, signe du déclin de la civilisation elle-même(32). Bien avant Ibn Khaldûn, Al-Mâwardi expliquait le phénomène comme suit : "A son avènement, l’Etat adopte des manières frustes et fait preuve de brutalité dans le but d’imposer son autorité et garantir la soumission des sujets. Puis il adoucit sa démarche et fait preuve de modération et de droiture pour assurer la stabilité du règne et favoriser le calme et la quiétude. Enfin, le crépuscule d’un Etat se caractérise par la montée de l’injustice et la généralisation des déficiences en raison de la faiblesse du pouvoir et du manque de fermeté"(33).
Si, dans la plupart des cas, le faste qui accompagne l’architecture et les arts ornementaux constitue un aspect rayonnant de la civilisation, il constitue d’un autre côté, un facteur de déchéance politique des Etats. Ibn Khaldûn écrit à ce propos que "les plaisirs, le gain d’argent et la vie facile et paisible à l’ombre de l’Etat favorisent le bien-être et le confort et incitent à l’imitation des gouvernants en matière d’habitation et d’habillement, souvent de manière excessive, proportionnellement à la richesse et au faste qui s’en suivent. Le résultat en est que la vie rude du désert perd son effet. L’esprit de clan et le courage s’affaiblissent. Les Bédouins s’amollissent dans les bienfaits que Dieu leur a donnés. Leurs enfants, en grandissant, sont trop fiers pour gagner leur vie ou subvenir à leurs propres besoins. Ils n’ont que mépris pour les nécessités en rapport avec l’esprit de clan. Ce mépris devient, finalement, un trait de caractère ou même une seconde nature. Les générations suivantes voient leur esprit de clan décroître avec leur courage, et même disparaître totalement. Ils se détruisent par eux-mêmes(34).
Ibn Khaldûn écrit également : "Quand les gens s’adonnent au luxe et aux délices de la vie à l’excès, on voit alors paraître dans leurs rangs des occupations auxquelles ne s’adonne que celui qui a pu satisfaire ses besoins élémentaires. Il en est ainsi de l’art du chant. En fait, c’est un signe qui révèle que la civilisation a atteint son ultime phase", c’est-à-dire lorsque cette activité devient une véritable profession(35). Parmi les dangers inhérents à la vie de faste est que l’homme en arrive à perdre la capacité de se défendre, habitué qu’il est aux plaisirs que procurent l’aisance et le bien-être. Il a pris l’habitude de louer les services d’autrui pour gérer ses affaires et accomplir ses tâches à sa place au point qu’il en est arrivé à solliciter l’aide rémunérée d’autrui pour assurer sa propre défense. Or il est de notoriété publique que les mercenaires loués pour défendre un pays donné sont ceux qui représentent le plus de danger pour ce pays(36). Machiavel explique cela par le fait que "ce sont là des forces inutiles car disparates et ambitieuses. Elles ne connaissent pas l’ordre et ne respectent ni engagement ni promesse. En plus, elles affichent la bravoure devant les amis, mais deviennent pusillanimes devant l’ennemi. Elles sont donc un signe de déclin de l’Etat, que ce soit par l’entremise même de celui-ci ou à travers la facilitation de la tâche de ceux qui convoitent le pays de l’extérieur(37). Il existe une fraude part de vérité dans les propos de Machiavel. Mais il se trouve que l’histoire regorge de cas d’exception tels que celui des Mamelouks.
Phénomène Mamelouks:
Les Mamelouks étaient connus pur leur amour prononcé pour l’architecture. Et du moment qu’ils sont eux-mêmes un phénomène politique, la politique a joué un rôle évident dans leur incitation à édifier des œuvres architecturales. Cela procède du fait que le système mamelouk était unique en son genre, puisqu’aucune des civilisations d’antan n’a connu de phénomène similaire, quand bien même il s’appuierait sur l’esclavage dans la constitution de l’armée. Il tient aussi sa spécificité de sa capacité à se transformer en une véritable institution ayant ses lois draconiennes, ce qui lui a permis de s’accaparer le pouvoir et de défendre le pays de l’islam contre ses ennemis jurés qu’étaient les Croisés et les Mongols en particulier.
Les historiens musulmans ont relevé l’importance du système mamelouk et sa capacité à défendre l’islam après déchéance du califat abbaside et la chute de Bagdad dans les mains des Mongols. Ibn Khaldûn, le plus éminent parmi ces historiens, a expliqué l’apparition du phénomène par la passion que les Arabes avaient pour le luxe et la vie fastueuse à une certaine phase de leur histoire(38).
A vrai dire, le phénomène mamelouk en Egypte remonte à l’époque de Sâleh Najmeddine Ayoub, lequel disposait de Mamelouks (esclaves) turcs qui l’ont aidé à surmonter son épreuve au moment où les Kurdes l’avaient abandonné à son
« Les crottes de nez sont des sécrétions fabriquées par la muqueusenasale, explique Jean-Marc Juvanon, membre de la Société française d’otorhyno laryngologie. Il s’agit en fait de mucus plus ou moins riche en eau, qui finit par se dessécher et se durcit en leur donnant l’aspect de " crottes ". Le mucus produit par les muqueuses nasales est un fluide clair et visqueux. « Cette sécrétion naturelle est destinée à évacuer par le système mucociliaire, tout ce qui entre dans les fosses nasales. C’est une sorte de «tapis roulant », dont les cellules dotées de cils vibratiles entraînent le mucus vers le fond de la gorge. » Quant à la muqueuse nasale, elle agit comme un véritable climatiseur. Elle réchauffe et humidifie l’air inspiré, tout en le filtrant.
Un système dépassé
Le problème est que bien souvent, ce système bien rôdé est dépassé. Les microparticules inhalées (poussières, fumée de tabac, gaz d’échappement) s’accumulent. « Résultat, les glaires ou mucosités apparaissent », explique Jean-Marc Juvanon. Autrement dit les fameuses « crottes de nez ». Bien souvent d’ailleurs, celles-ci paraissent plus foncées chez les habitants des zones urbaines. Et oui, c’est la pollution…
Les infections modifient la sécrétion
« En cas d’agression virale, le mucus se surinfecte et des germes se développent. La consistance du mucus va passer du blanc d’œuf à un jaune épais, puis au vert ». C’est ce qui explique, en cas de grippe par exemple, l’apparition de glaires vert fluo. Cette couleur vient des neutrophiles, des globules blancs présents dans le mucus en cas d’infection.
C'est l'état naissant d'un mouvement collectif à deux" dixit le sociologue Francesco Alberoni dans son livre "Le Choc amoureux ". Il existe toute forme d'amour : amour-amitié, amour-complicité, amour-maternel, amour-fraternel... Mais celui qui nous importe le plus est bien évidemment le grand Amour. Ce lien si fort qui vous lie à une personne ; cette envie de tout partager, de construire un foyer, de vieillir à ses côtés.
Les scientifiques se sont mêlés de ce sujet et ont tenté de comprendre ce qu'est véritablement l'amour et ce qui nous différencie ainsi des autres animaux.
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Le cerveau agit face aux stimuli sensoriels perçus. © Le cerveau à tous les niveaux
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Les neurobiologistes ont réussi à cerner les régions cérébrales qui s'activent pendant le processus amoureux. Les scientifiques parlent du cerveau "émotionnel" qui se situe essentiellement dans le système limbique. Il comprend différentes régions du cortex cérébral, des régions sous corticales comme l'amygdale, mais aussi l'hippocampe, la région ventrale du striatum, etc.
Bref, ces différentes zones cérébrales libèrent différentes molécules qui vont jouer un rôle très important dans le processus amoureux, à savoir le désir, le plaisir/souffrance et l'attachement. C'est ce dernier paramètre qui nous distingue des autres Vertébrés.
La toute première sensation à se manifester est le désir soit de manière immédiate et explosive, le coup de foudre, soit au fur et à mesure, de manière progressive. A qui doit-on cette décharge d'excitation, de joie ? A l'adrénaline et à la dopamine bien sûr. Elles augmentent le rythme cardiaque, la vasodilatation des vaisseaux, d'où les rougissements embarrassants, ainsi que la sudation. Son action est renforcée par la phenyléthylamine, une amphétamine naturelle, qui accentue l'euphorie et l'excitation. Certains la qualifient d'hormone de la passion.
Comme beaucoup de gens en ont fait l'expérience, la passion ne dure pas. Elle est fugace. La faute à notre cerveau ; les récepteurs spécifiques à la phenyléthylamine se saturent et perdent toute action. L'hypophyse, une glande du cerveau prend le relai et secrète deux autres neurotransmetteurs-hormonaux : la vasopressine et l'ocytocine. En plus de la dopamine, hormone du bonheur, ces deux molécules provoquent l'attachement.
L'ocytocine est l'hormone du premier attachement qui lie l'enfant à sa mère. Elle se déclenche à nouveau lors du premier rapport sexuel. Les neurobiologistes ont clairement établi le lien entre sa sécrétion et ses répercussions physiologiques et surtout
émotionnelles.
Source: L'internaute
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité