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L'Islam et les autres religions

L’islam estime que toutes les religions procèdent d’une même source : Allah. De ce fait, elles conservent malgré les péripéties de l’histoire une morale et des valeurs communes. Quand bien même les voies et les moyens diffèrent, les religions - plutôt la religion car en principe il n’y a qu’une seule religion- ont essentiellement pour but d’assurer à l’homme le bonheur ici-bas et dans l’au-delà.

« Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu’Il avait prescrit à Noé, ce que Nous t’avons révélé à toi-même, ce que Nous avions prescrit auparavant à Abraham, à Moïse et à Jésus : « Etablissez la religion et n’en faites pas un sujet de divisions. » s42 v13

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Abel et Caïn à travers la Bible et le Coran

Caïn et Abel à travers le Coran

Le Coran fait mention comme la bible de l’histoire de Caïn et Abel, fils de Adam et de Eve ">alopecie. Les versets coraniques 27 à 32 de la sourate 5 Al-Ma-Idah (La Table Servie) donnent ainsi le récit du meurtre d’Abel par son frère Caïn.

Le premier homicide terrestre

Le Coran enseigne que Caïn K’abil et Abel H’abil firent une offrande à Dieu, mais que seul celle d'Abel fut acceptée, et non celle de son frère Caïn. Ce dernier, fou de jalousie et aveuglé par sa colère, entrepris alors de tuer son frère.

Abel ne se défendit pas, expliquant que son statut de soumis à Dieu l’empêchait de porter la main sur son frère. Après que Caïn eut porté le coup fatal qui fit succomber Abel, il fut l’auteur, sans le savoir sur le moment, du premier meurtre d’un être humain commis sur terre.

Dieu envoya alors un corbeau qui s’employa à gratter le sol avec ses pattes pour montrer entre autre à Caïn comment ensevelir le corps de son défunt frère sous terre. Voyant l’oiseau, Caïn comprit alors l’horrible acte dont il venait d’être l’auteur, et entrepris aussitôt d’enterrer le cadavre de son frère Abel.

 

27. Et raconte-leur en toute vérité l'histoire des deux fils d'Adam. Les deux offrirent des sacrifice sacrifices; celui de l'un fut accepté et celui de l'autre ne le fut pas. Celui-ci dit : “Je te tuerai sûrement”. “Allah n'accepte, dit l'autre, que de la part des pieux”.
28. Si tu étends vers moi ta main pour me tuer, moi, je n'étendrai pas vers toi ma main pour te tuer : car je crains Allah, le Seigneur de l'Univers. 
29. Je veux que tu partes avec le péché de m'avoir tué et avec ton propre péché : alors tu seras du nombre des gens du Feu. Telle est la récompense des injustes. 
30. Son âme l'incita à tuer son frère. Il le tua donc et devint ainsi du nombre des perdants.
31. Puis Allah envoya un corbeau qui se mit à gratter la terre pour lui montrer comment ensevelir le cadavre de son frère. Il dit : “Malheur à moi ! Suis-je incapable d'être, comme ce corbeau, à même d'ensevelir le cadavre de mon frère ? ” Il devint alors du nombre de ceux que ronge le remords.

Sourate 5 : AL-MA-IDAH (LA TABLE SERVIE)

Dieu donne à travers ce récit du premier meurtre de l'histoire de l'humanité, une morale à destination des croyants, leur prescrivant l’importance du respect de la vie d’un être humain, la proscription du meurtre des innocents et l’obligation qu’il incombe à chacun de faire en sorte de cohabiter avec ses frères dans la paix et le respect mutuel.

Il est important également de noter que Caïn et Abel ne sont pas appelés dans le Coran par leur prénom respectif mais par l’appellation de « Fils d’Adam », ce qui amplifie l’importance de cette histoire, dont la symbolique s'étend à l'ensemble des « Fils d'Adam », soit l'humanité toute entière.

 32. C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre . 


Sourate 5 : AL-MA-IDAH (LA TABLE SERVIE)

Le sens ésotérique de ce passage coranique

L’histoire de Caïn et Abel présente également une vision plus subtile que ce qu’il pourrait ressortir d’une interprétation littérale classique des versets coraniques précédemment cités.
En effet, selon la Bible, Caïn serait un cultivateur et Abel un pasteur. Caïn serait donc un sédentaire, également responsable de la construction de la première ville, et Abel un nomade.

Certains auteurs de l'ésotérisme voit dans le meurtre d’Abel par son frère Caïn une victoire de la sédentarité au profit du nomadisme. Les sédentaires, de part leur nature, sont également vus comme les seuls personnes capables de pratiquer certains arts visuels ou décoratifs (peinture, sculpture), à l’opposé des nomades qui sont eux plus portés vers les arts sonores tels que la musique ou la poésie.

Les sédentaires, matérialistes, fixés dans l’espace et dans le temps, et adeptes de la représentation imagée ont donc, à l’image du monde moderne, tués peu à peu les nomades, en les obligeant à se conformer de plus en plus à une vie sédentaire, où toute tentative de se libérer du conformisme régnant est impossible.

Quand au symbolisme soulevé par l’offrande d’Abel et de Caïn, on retiendra que le meurtre d’Abel constitue en quelque sorte sa récompense, son martyr lui permettant d’acquérir la meilleure part dans l’au-delà, là ou son frère vivant, est condamné à errer sur Terre, dévoré par la douleur et le regret.

 

Auteur: Souhayl.A & Lionel.J

 


Mystères de la Bible, Caïn et Abel - 1 de 3 par Introcrate


Mystères de la Bible, Caïn et Abel - 2 de 3 par Introcrate


Mystères de la Bible, Caïn et Abel - 3 de 3 par Introcrate

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Les Juifs entre Chrétienté et Islam


JACQUES HALBRONN

Depuis la fin du XIXe siècle, le Christianisme et l’Islam ont chacun un problème avec les Juifs, de nature, il est vrai, bien différente. Chacun, à sa façon, a rêvé de les faire disparaître, sans vraiment y parvenir, de la Shoah à l’Intifada.

Pour les musulmans, ce qui est insupportable, ce n’est pas l’existence d’un Etat Juif enclavé dans le monde arabe, prix jugé exorbitant de l’aide des Britanniques à leur libération du joug ottoman.(cf. notre article sur l’Histoire du partage de la Palestine, sur ce site), c’est la violence collective des Israéliens.

Pour les chrétiens, ce qui est insupportable, ce n’est pas la présence minoritaire des juifs parmi eux, c’est le génie individuel de certains juifs.

Deux réalités imprévisibles, il y a encore deux siècles, l’une comme l’autre et qui hantent ces deux civilisations jusqu’à la folie..

De fait, il n’y a plus un peuple juif mais deux, aux manifestations si différentes et cela constitue un double défi que le XXIe siècle devra apprendre à gérer.

La violence israélienne

Ce qui se passe en Palestine/Israël est cauchemardesque pour la culture musulmane qui n’aurait jamais imaginé que les Juifs en arriveraient là, en terme de puissance, en terme de violence.

Mais si ce qui se passe est insoutenable, c’est bien parce que les musulmans idolâtrent la force qui est toujours un don d’Allah. Et que les Israéliens les battent à leur propre jeu, avec leurs propres valeurs.

Le rêve des Arabes n’est nullement de détruire les Juifs en tant qu’individus mais en tant qu’entité étatique, il est en fait de les réduire à un état de faiblesse, de précarité, dans un contexte bien différent de celui qui leur est offert par le monde chrétien ou post-chrétien. On imagine pas un Einstein juif en pays musulman.

Comment les arabes nieraient l’importance qu’ils accordent à la force – ne se sont-ils pas soumis à celle des Turcs dont on a fini par se débarrasser mais à la place a émergé, en quelque sorte dans la continuité, l’Etat Juif, un cadeau empoisonné des Anglais dont, au départ, les Arabes, n’imaginaient nullement ce qu’il en adviendrait et c’est pour cela qu’ils ne protestèrent guère, dans les années Vingt : cette entité ne pèserait pas lourd et on en ferait ce qu’on voudrait. Et 1948, lors du refus du plan de partage de l’ONU par les Arabes, aurait fort bien pu être une sorte de réplique de la Shoah, dont on venait à peine de faire le terrible bilan. Imaginons qu’en une même décennie, juifs du monde chrétien et juifs du monde musulman aient été anéantis !

La guerre est une valeur arabe, c’est par la guerre "sainte" que l’Islam s’est étendu au Moyen Age sur toute une partie du monde. La guerre est donc l’instrument d’Allah. Et dès lors pourquoi Allah donne-t-il la victoire aux Israéliens ? On n’est pas loin d’un problème théologique... Chaque civilisation a les Juifs qu’elle mérite : le monde arabe a les Israéliens, parlant une langue proche de l’arabe, un alphabet anciennement connu dans la région bien avant l’arrivée de l’Islam.. Comme ils doivent détester cet alphabet, cette langue cousine !

Comme écrivait, il y a quarante ans, le sociologue Georges Friedmann, (Fin du peuple juif ? ; Idées, Gallimard), si peu de temps pourtant après la création de l’Etat Hébreu, mais pouvant faire le bilan d’un juif déjà formé par des décennies de présence, sous le mandat, un juif d’un type nouveau émerge en Israël dont, selon nous, on ne perçoit la véritable dimension que de nos jours, quand on tente de décoder ce qui s’est passé depuis le diagnostic de Friedman. Et en fait, ce n’est pas tant un juif nouveau qui émerge qu’une communauté juive nouvelle dont la structure n’a rien à voir avec celle des juifs au sein du monde chrétien. C’est un nouveau collectif juif en dialectique avec l’autre tant il est vrai que toute réalité est double.

Peu nous importe ici si ce collectif israélien s’est ; à l’origine, forgé à partir de juifs issus du monde chrétien et notamment orthodoxe. Ce qui compte, c’est ce qu’ils sont devenus dans ce contexte, face à un non juif musulman ou arabo-chrétien. Les juifs israéliens ne sont-ils pas en effet ce que les arabes en ont fait ? Comme nous le disions : on a les Juifs que l’on mérite..

On en arrive, en effet, à la conclusion, c’est qu’on ne voit pas pourquoi la situation changerait ou devrait changer : juifs et arabes parlent, collectivement au travers de leurs chefs, une même langue, la force physique, celle qui passe par le feu et le sang. Dont acte. Nous n’avons pas à juger.

Le génie diasporique

Passons à l’autre pôle juif, à l’autre collectif – cette fois en terre chrétienne – pour bien consolider notre parallèle et la thèse d’une double judéité, occidentale et orientale, d’un autre défi que les juifs ont su relever. Là encore, rien qui ait pu être prévu il y a deux cents ans.

L’Emancipation des juifs de 1791 en France, c’est un peu la Déclaration Balfour anglaise de 1917 – on notera à l’intention des amateurs de kabbale, que ce sont les mêmes chiffres- et en ce sens on pourra dire, schématiquement, que la France a fait naître le nouveau juif en monde chrétien et l’Angleterre le nouveau juif en monde islamique. Deux pays qui quelque part ont voulu lier leur Histoire à celle du destin juif.

Mais le défi, au lendemain de la Révolution n’avait rien à voir avec la création d’un Etat Juif et les juifs étaient simplement conviés à participer modestement et individuellement à cette épistémologie de la modernité qui allait de plus en plus éloignait monde chrétien et monde musulman. C’est que les valeurs de l’Occident chrétien passaient non pas, comme celle de l’Orient musulman, par la force mais par l’intelligence.

Le cauchemar du chrétien sera, quant à lui, de voir ces juifs acquérir une place croissante au sein de l’intelligentsia chrétienne, dans une civilisation qui idolâtre la performance individuelle du chercheur, du créateur. Si peu de juifs, dont on parle trop et que les antisémites se hâtent de rassembler sur le papier, en dressant des inventaires ou dans des camps dits de concentration.. Face aux valeurs du monde chrétien, au sens wébérien, les juifs assurent et on ne voit pas vraiment que cela change à l’avenir. On a les Juifs que l’on mérite et rien ne saurait mieux distinguer qu’Orient et Occident que le destin des communautés juives respectives : rappelons que le monde arabe a fini par évacuer à peu près tous ces juifs, les polarisant, en partie, d’ailleurs, vers l’Etat Juif. Rien de tel pour le monde chrétien, se prolongeant vers le continent américain, lui-même, fortement chrétien, et ce en dépit des entreprises hitlériennes ou staliniennes qui cessèrent il y a un demi siècle.

Il semble bien que la logique du judaïsme en monde arabe soit la concentration au profit d’un Etat Juif Léviathan alors que la logique du judaïsme en monde chrétien, soit la dispersion, la présence individuelle en tout lieu où quelque chose, artistiquement, intellectuellement, se passe. C’est ainsi que le Juif se fait véritablement respecter en Occident tout comme, il faut s’en faire une raison, il n’est respecté en Orient que par sa puissance concentrée. On a les juifs que l’on mérite.

Constatons ainsi que l’Etat Juif n’a jamais été un problème pour la Chrétienté, il ne l’a jamais affronté, c’est devenu pour elle, après les exaltations messianiques, un épiphénomène, un nationalisme de plus.. Le vrai défi pour ce monde chrétien, c’est l’émergence de nouveaux prophètes qui s’affirment selon des valeurs que l’Occident a forgées. A contrario, il ne faut pas s’attendre à ce que l’individu juif puisse s’épanouir, par son génie, en Orient car l’idée d’une pensée intellectuellement révolutionnaire est étrangère à cette civilisation. On a les Juifs que l’on mérite.

Juifs d’Orient, juifs d’Occident

C’est dire que la présence musulmane en France pourrait faire problème, si les Musulmans n’adoptaient pas les valeurs de l’Occident. On a déjà affaire à bien des interférences à commencer par l’identification, aux yeux des arabes sur le territoire français, des juifs d’Occident avec les juifs d’Orient (dans notre langage désormais, ceux d’ Israël).

Il importe, pédagogiquement, de bien expliquer ce qui distingue selon notre terminologie Juifs d’Orient et Juifs d’Occident, d’expliquer la différence des valeurs et des enjeux. On peut, au demeurant être fier de l’une ou l’autre de ces appartenances car chacune offre un caractère prométhéen, qui recoupe quelque part, dans un cas comme dans l’autre, celle de peuple élu.

Herzl avait compris, confusément, la nécessité de former un second pôle, le sionisme au bout du compte, c’est la mise en place de cet autre pôle. A chaque juif de se déterminer par rapport à l’un ou l’autre de ces pôles, par rapport à un double espace. Car il y a besoin pour le monde juif d’une alternative.

On nous dira : mais la situation telle qu’elle est ne peut pas perdurer ! Qu’est-ce à dire que le monde doit cesser de rechercher l’excellence au niveau scientifique ? Ignore-t-on ce qu’a d’agressif et de cruel la rivalité entre chercheurs ? Cette cruauté, il nous faut l’assumer. Et quant à l’autre conflictualité, qui est lié non pas au verbe mais à la force brute, après tout, dirons-nous cyniquement, qu’elle n’habite plus le monde judéo-chrétien et qu’elle se cantonne dans le monde judéo-arabe, comme un abcès de fixation.. On a les défis que l’on mérite.

Reste la question de la coexistence entre Orient et Occident : ne risque-t-on pas que l’Orient soit soumis indéfiniment à l’Occident en matière technologique mais ne risque-t-on pas aussi, tôt ou tard, à ce que l’Occident ne puisse plus affronter les guerres sales et soit contraint de subir un certaine chantage, en tout cas une certaine pression ? Comment dès lors ne pas voir que le pont entre Orient et Occident passe par les deux mondes juifs que nous avons décrits ?

Si les Musulmans appartiennent fondamentalement à l’Orient, en revanche, on vient de le montrer, les Juifs sont des acteurs majeurs tant de l’Orient que de l’Occident. Les Juifs en Occident sont loin de n’être qu’une minorité parmi cent autres. Ce serait là un grave contresens et que la Shoah ait au moins servi à en souligner la spécificité.

Les musulmans vivant en Europe sont dans la même situation que les juifs dans le monde arabe, ils y constituent, si l’on veut, une enclave et celle-ci ne saurait être tolérée en France notamment que si l’on reconnaît la légitimité de l’Etat d’Israël au Moyen Orient. En un certain sens, les émigrés arabes sont les israéliens de l’Europe.

 

Il faudrait opposer le Juif et l’européen, le Juif et le chrétien mais pas le Juif et le français ou le Juif et le russe. Car ce qui oppose le juif à l’autre, c’est une civilisation et non pas une culture. Le juif français est partie prenante de la culture française, il peut s’enraciner dans son histoire séculaire. Il est donc français à part entière. En revanche, il est l’autre du Chrétien, il est l’autre de l’Européen, si l’on considère l’Europe comme le lieu par excellence de la Chrétienté (catholique, protestante, orthodoxe). Autrement dit, en tant que juif, je n’ai pas à tolérer qu’on discute de ma francité, en revanche, je dois admettre ma judéité au sein de l’ensemble Europe. Je suis français et je suis juif d’Europe.

Le vrai combat pour les Juifs de ce début du Troisième Millénaire, c’est avant tout de dénoncer tout négationnisme qui reste la forme la plus redoutable et la plus sournois de l’antisémitisme car elle se dissimule derrière une laïcité doucereuse.

Les Juifs sont à la charnière de deux univers complémentaires et qui correspondent à la dialectique du corps (Orient) et de l’esprit (Occident), du masculin et du féminin. Il y a plusieurs façons de démontrer quelque chose : par des équations sur un tableau ou par des tanks (combien de divisions ?). On sent bien qu’au Proche Orient, la force prime – en tout cas la dimension collective l’emporte sur l’individuelle – des deux côtés, ce qui n’est pas, au sens darwinien, totalement faux. L’Humanité – mais nous nous sommes cantonnés ici au monde dit monothéiste, constitué autour de la Méditerranée – doit maintenir en en approfondissant la portée, cette double problématique, faute de quoi elle retomberait dans la barbarie ou plongerait dans un monde virtuel de type Matrix, film remarquable qui met bien en évidence certains enjeux de notre propos.

 

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Est-il permis de s'engager en politique dans des pays non-musulman ?

Certains frères disent que, en tant que musulman, on ne doit en aucun cas avoir un engagement social et/ou politique dans le pays dans lequel nous vivons [la France], car un tel engagement contredit le tawhîd tout entier [asl ut-tawhîd], car les hommes qui nous entourent sont mushrik en accordant à des hommes la possibilité de faire les lois qu'ils veulent. Participer au fonctionnement de leur société revient donc à cautionner ce qu'ils disent là, et à faire perdurer leur système. Cela est donc strictement interdit.
Ces frères disent aussi que c'est pourquoi le prophète Muhammad (sall'Allahu 'alaihi wa sallam) n'a jamais participé aux affaires sociales des Mecquois, bien que ceux-ci le lui avaient proposé, et ne s'est jamais engagé pour des valeurs de bien (charité, humanisme) aux côté des Mecquois.
Est-ce vrai ?

Il faut déjà, pour être précis, distinguer 3 cas différents.

A) Le fait, pour un musulman, de s'engager d'une façon telle qu'il sera ensuite amené à promulguer une loi qui contredit formellement la loi qat'î de Dieu (par exemple qui déclarerait "licite" ce que Dieu a déclaré illicite, ou qui déclarerait "interdit" ce que Dieu a déclaré obligatoire) :

Cela est strictement interdit.

Ainsi en serait-il du musulman qui serait engagé dans un parti où, par solidarité avec les autres membres, il devrait lui aussi voter pour une loi déclarant le mariage homosexuel autorisé (ou autre chose du même genre).

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B) Le fait pour un musulman de s'engager d'une façon telle qu'il sera ensuite amené à appliquer une loi que ce sont d'autres que lui qui l'ont faite mais qui contredit formellement la loi qat'î de Dieu (par exemple qui interdit ce que Dieu a rendu obligatoire) :

Cela est interdit également.

Ainsi en serait-il du musulman qui serait amené à appliquer une loi interdisant à la musulmane de porter un foulard... ou qui serait amené à sanctionner une musulmane qui porte un foulard...
Seul un cas de contrainte reconnue comme telle (ik'râh yu'tabaru shar'an) rendrait cela autorisé. Or nul n'est contraint à s'engager.

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C) Nous ne parlerons donc ici que du fait, pour le musulman, de s'engager dans une mesure où il sait qu'il sera fatalement amené à garder le silence face à certaines lois qui contredisent celle que Dieu a faite, et que d'autres que lui votent, ou appliquent, mais que lui ne vote pas ni n'applique. Ce musulman apporterait sa contribution pour une société plus juste, ou encore pour soulager la souffrance d'autres humains, musulmans comme non-musulmans... Un tel engagement est-il autorisé, ou bien n'est-il pas autorisé, car consistant à cautionner les lois injustes qui ont cours dans le système ?

La réponse est qu'un tel engagement est autorisé.

Il y a ainsi la possibilité de s'engager en faveur de ce qui relève de l'universel (al-'aqlî), reconnu par tous, tel que soulager la misère de ceux qui sont matériellement démunis, s'engager contre l'alcoolisme, l'illettrisme, etc.

(Rappel : Le seul fait de ne pas appliquer la loi de Dieu ou de ne pas rendre un jugement (entre deux hommes ayant un litige) selon la Loi de Dieu, il s'agit en soi d'un acte interdit mais ne constituant pas du kufr akbar tant qu'on a la croyance voulue (cliquez ici, ici, ici, ici et ici pour en savoir plus).)

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Certains coreligionnaires affirment ici :

"Si participer aux affaires d'une cité non-musulmane était autorisé, le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) aurait participé aux affaires de la cité de La Mecque dans une mesure modérée, puis, ayant fait régner la justice et s'étant fait aimer davantage encore qu'auparavant (quand il était déjà connu comme "l'homme honnête"), il en aurait profité pour présenter le monothéisme et changer les croyances religieuses polythéistes des Mecquois.
Or il ne l'a pas fait, et s'est contenté de présenter son message monothéiste aux Mecquois, bien que cette présentation les a amenés à ne plus l'aimer.
La raison est en que la société de La Mecque était une société qui n'adhérait alors pas au monothéisme, vu qu'elle croyait que des hommes ont le droit de légiférer sans tenir compte de ce que Dieu a fait de lois, Lui. Y participer aurait été participer, ou, au moins, assister, à des séances de shirk akbar.
Ce n'est donc pas la voie des prophètes que de participer aux affaires d'une société polythéiste pour y amener ce qu'ils peuvent de bien."

-
Mais la réponse à cela est :

Si l'engagement mesuré décrit en C constituait un acte de shirk akbar, alors le prophète Joseph (sur lui soit la paix) ne l'aurait pas fait au sein d'une société polythéiste. Car aucun prophète ne commet un acte de shirk akbar.

Ibn Taymiyya écrit ainsi : "وكذلك يوسف كان نائبًا لفرعون مصر وهو وقومه مشركون؛ وفعل من العدل والخير ما قدر عليه، ودعاهم إلى الإيمان بحسب الإمكان" : "De même, (le prophète) Joseph était vice-régent du pharaon* d'Egypte, alors que celui-ci et son peuple étaient polythéistes. En fait Joseph a fait, en matière de justice et de bien, ce dont il avait capacité, et les a invités à la foi selon ce qui était possible" (Majmû' ul-fatâwâ, tome 28 pp. 67-68 ; Al-Hisba fi-l-islâm, p. 13.) (* L'appellation "roi d'Egypte" serait plus correcte que celle de "pharaon".)

Par contre, c'est vrai, le prophète Muhammad (sur lui soit la paix), n'a, lui, pas participé aux affaires de la société mecquoise après être devenu prophète.

-
Comment expliquer cette différence entre le prophète Muhammad et le prophète Joseph (que Dieu les bénisse) ?

Cela s'explique par les 3 points suivants...

– Primo :

Si le prophète Muhammad avait d'abord participé aux affaires de la cité, puis, ayant acquis une notabilité, avait ensuite appelé à réformer les croyances, alors, vu que sa mission est (à la différence de celle du prophète Joseph), universelle, sa Umma aurait déduit de sa façon de faire qu'elle ne peut changer les choses qu'une fois ayant acquis la notabilité, voire le pouvoir.
Il aurait même peut-être laissé l'image d'un homme qui était avant tout un leader, et, accessoirement, un réformateur des croyances religieuses, de spiritualité et de comportement avec autrui. Or il était l'inverse : il était avant tout un réformateur de ces choses, et secondairement un chef politique, ayant dirigé l'Etat de Médine.
(Rappel : Si tous les prophètes ont prêché la réforme religieuse et la réforme des comportement sociaux, tous les prophètes que Dieu a envoyés à des hommes n'ont en revanche pas été chefs. Certes, Moïse l'était, de même que Josué, ou encore David et Salomon (ces deux derniers étant pour leur part des prophètes-rois, alors que les deux précédents étaient des prophètes-chefs sans être rois). Cependant, d'autres prophètes n'ont jamais été chefs, s'étant contentés de prêcher verbalement (bi-l-bayân) pour la réforme de la base. Ainsi furent les prophètes Samuel, Jérémie, Jean-Baptiste (Yahyâ), etc. (que la paix soit sur eux). En tous cas, ceux qui furent prophètes et chefs étaient prioritairement réformateurs de croyances, de spiritualité et de comportement, l'aspect "chef, leader investi de pouvoirs temporels" étant secondaire.)

– Secundo :

Vu que, à compter de l'an 3 du prophétat, le prophète Muhammad était, à la différence du prophète Joseph, engagé dans le jihâd bi-l-lissân iqdâmî contre le shirk, les Mecquois n'ont pas voulu qu'il apporte alors sa contribution aux affaires sociales de La Mecque. Oui, ils lui ont alors proposé, par le biais de 'Utba ibn Rabî'a, la souveraineté ou au moins la notabilité de concertation, mais c'était en échange de la cessation de sa prédication.

Le prophète Joseph, lui, était nabî mais aussi rassûl (pour les gens d'Egypte) (le terme "rassûl" a bien été employé à son sujet en Coran 40-34). Cependant, il n'avait pas la même mission universelle que le prophète Muhammad. Face à la famine qui s'annonçait, le prophète Joseph a demandé au roi d'avoir pour responsabilité de gérer les ressources du pays, parce qu'il a vu là l'opportunité de pouvoir soulager ainsi les difficultés que les hommes vivant dans le même pays que lui connaîtraient, et qu'il savait qu'il n'y avait alors nul autre que lui en Egypte qui aurait pu le faire avec les deux qualités qu'il a citées (l'honnêteté et le savoir-faire).
Mais, même alors, cela ne veut pas dire qu'il a été seulement engagé socialement. Au contraire, comme le dit le verset coranique 40/34 (qui sera cité plus bas) et comme nous l'avons vu plus haut sous la plume de Ibn Taymiyya, il a également, par ailleurs, invité les Egyptiens à la foi en Dieu l'Unique. Simplement, lui n'avait pas la même mission universelle que le prophète Muhammad, et c'est pourquoi, bien qu'étant lui aussi un réformateur spirituel avant tout, il s'est engagé pour le bien de la société, sous la direction d'un roi polythéiste, avant même d'avoir fait connaître la foi au maximum de gens (même s'il l'avait déjà présentée à des compagnons de prison).

Par ailleurs, comme nous l'avons vu, le prophète Muhammad n'a, après avoir reçu la révélation, pas fait ainsi, pour la raison évoquée en Primo. Par contre, avant d'avoir reçu la révélation, Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) s'était engagé dans sa jeunesse avec d'autres personnes mecquoises, pourtant polythéistes, pour la défense de l'opprimé. C'était le pacte dit : "hilf ul-fudhûl", ou encore : "hilf ul-mutayyibîn". Et, plus tard, après avoir reçu la révélation, il a dit à ce sujet : "شهدت حلف المطيبين مع عمومتي وأنا غلام؛ فما أُحِبُّ أنًَّ لي حمر النعم وأَنِّي أنكثه" : "J'ai assisté au pacte des mutayyibîn avec mes oncles alors que j'étais jeune. Je n'aimerais pas avoir [même] un chameau roux en échange de la rupture de ce (pacte)" (rapporté par Ahmad, 1655, 1656, et al-Hâkim - voir aussi Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, n° 1900). De ce hadîth il ne se dégage pas, tout au contraire, que l'engagement avec des polythéistes en faveur de valeurs du bien qui sont universelles soit systématiquement interdit.

– Tertio :

Le prophète Muhammad avait le devoir non pas seulement de faire connaître le message que Dieu lui avait révélé, mais aussi de rendre la Kaaba au culte de l'Unique : il fallait donc bien qu'il critique sans relâche le polythéisme de la majorité des membres de sa tribu, les Quraysh.
Or tout le monde ne se trouve pas en pareille situation. Les individus adhérant au message du prophète Muhammad peuvent ainsi, pour leur part, ne pas avoir systématiquement recours à la da'wa avec jihâd bi-l-lissân iqdâmî contre le système, ils peuvent, sur ce point précis, faire comme le prophète Joseph, ou encore comme le Négus d'Abyssinie à l'époque du prophète Muhammad (que Dieu salue tous les prophètes).

-
Ibn Taymiyya écrit :

"وكذلك الكفار: من بلغه دعوة النبي صلى الله عليه وسلم في دار الكفر وعلم أنه رسول الله فآمن به وآمن بما أنزل عليه؛ واتقى الله ما استطاع كما فعل النجاشي وغيره ولم تمكنه الهجرة إلى دار الإسلام ولا التزام جميع شرائع الإسلام؛ لكونه ممنوعا من الهجرة وممنوعا من إظهار دينه وليس عنده من يعلمه جميع شرائع الإسلام: فهذا مؤمن من أهل الجنة.

كما كان مؤمن آل فرعون مع قوم فرعون. وكما كانت امرأة فرعون.

بل وكما كان يوسف الصديق عليه السلام مع أهل مصر؛ فإنهم كانوا كفارا، ولم يمكنه أن يفعل معهم كل ما يعرفه من دين الإسلام؛ فإنه دعاهم إلى التوحيد والإيمان، فلم يجيبوه؛ قال تعالى عن مؤمن آل فرعون: {ولقد جاءكم يوسف من قبل بالبينات فما زلتم في شك مما جاءكم به حتى إذا هلك قلتم لن يبعث الله من بعده رسولا}.

وكذلك النجاشي هو وإن كان ملك النصارى فلم يطعه قومه في الدخول في الإسلام بل إنما دخل معه نفر منهم؛ ولهذا لما مات لم يكن هناك أحد يصلي عليه فصلى عليه النبي صلى الله عليه وسلم بالمدينة خرج بالمسلمين إلى المصلى فصفهم صفوفا وصلى عليه وأخبرهم بموته يوم مات وقال: إن أخا لكم صالحا من أهل الحبشة مات. وكثير من شرائع الإسلام أو أكثرها لم يكن دخل فيها لعجزه عن ذلك؛ فلم يهاجر ولم يجاهد ولا حج البيت بل قد روي أنه لم يصل الصلوات الخمس ولا يصوم شهر رمضان ولا يؤد الزكاة الشرعية؛ لأن ذلك كان يظهر عند قومه فينكرونه عليه وهو لا يمكنه مخالفتهم. ونحن نعلم قطعا أنه لم يكن يمكنه أن يحكم بينهم بحكم القرآن. والله قد فرض على نبيه بالمدينة أنه إذا جاءه أهل الكتاب لم يحكم بينهم إلا بما أنزل الله إليه وحذره أن يفتنوه عن بعض ما أنزل الله إليه. وهذا مثل الحكم في الزنا للمحصن بحد الرجم وفي الديات بالعدل؛ والتسوية في الدماء بين الشريف والوضيع النفس بالنفس والعين بالعين وغير ذلك. والنجاشي ما كان يمكنه أن يحكم بحكم القرآن؛ فإن قومه لا يقرونه على ذلك.

وكثيرا ما يتولى الرجل بين المسلمين والتتار قاضيا بل وإماما وفي نفسه أمور من العدل يريد أن يعمل بها، فلا يمكنه ذلك بل هناك من يمنعه ذلك؛ ولا يكلف الله نفسا إلا وسعها.

وعمر بن عبد العزيز عُوْدِيَ وأُوْذِيَ على بعض ما أقامه من العدل. وقيل: إنه سُمَّ على ذلك.

فالنجاشي وأمثاله سعداء في الجنة، وإن كانوا لم يلتزموا من شرائع الإسلام ما لا يقدرون على التزامه بل كانوا يحكمون بالأحكام التي يمكنهم الحكم بها. ولهذا جعل الله هؤلاء من أهل الكتاب قال الله تعالى: {وإن من أهل الكتاب لمن يؤمن بالله وما أنزل إليكم وما أنزل إليهم خاشعين لله لا يشترون بآيات الله ثمنا قليلا أولئك لهم أجرهم عند ربهم إن الله سريع الحساب}".

"[Par rapport au fait que Dieu ne charge une âme que de ce dont elle est capable, fait évoqué dans les lignes précédentes,] de même en est-il de celui des non-musulmans à qui le message du Prophète (que Dieu prie sur lui et le salue) parvient en terre non-musulmane (Dâr ul-kufr), qui sait qu'il est (vraiment) messager de Dieu, apporte alors foi en lui et apporte foi en ce qui a été descendu sur lui, adhère à la piété (taqwâ) autant qu'il le peut – comme l'ont fait le Négus et autre que lui –, ne peut émigrer en terre musulmane (Dâr ul-islâm) ni ne peut adhérer [concrètement] à toutes les prescriptions de l'islam – vu qu'il est empêché d'émigrer et empêché de montrer ouvertement son dîn –, et n'a pas auprès lui qui lui enseignerait toutes les prescriptions de l'islam : celui-là est un mu'min, faisant partie des gens du Paradis.

Ce fut le cas du croyant parmi la famille de Pharaon vis-à-vis du peuple de Pharaon. Ce fut le cas de la femme de Pharaon.

Ce fut même le cas de Joseph le véridique – sur lui soit la paix – avec les gens d'Egypte : ceux-ci étaient incroyants, et il ne lui était pas possible de faire vis-à-vis d'eux tout ce qu'il connaissait du dîn ul-islâm ; car il les avait invités au monothéisme et à la foi, et ils ne l'avaient pas suivi. Dieu Elevé relate ainsi du croyant de la famille de Pharaon [qu'il dit aux Egyptiens de l'époque de Moïse, soit bien après l'époque de Joseph] : "Et Joseph vous avait auparavant apporté les preuves évidentes. Vous n'aviez alors cessé d'être dans un doute au sujet de ce qu'il vous avait apporté. Jusqu'à ce que quand il mourut, vous dîtes : "Dieu n'enverra jamais plus après lui de Messager"" [Coran 40/34].

Souvent un musulman accède au poste de juge ou même de dirigeant, parmi les Musulmans et parmi les Tatars [= les Mongols, cliquez ici et ici], et en son âme se trouvent des choses de justice qu'il voudrait pratiquer [= appliquer], (mais) il ne le peut pas : il se trouve là-bas (des hommes) qui l'en empêche(nt). "Dieu ne charge une âme que de ce dont elle est capable".

De même en fut-il du Négus [Ashama] ; même s'il était le roi des chrétiens [d'Abyssinie], son peuple ne le suivit pas dans l'entrée en islam ; seul un petit groupe entra en islam avec lui. Et c'est pourquoi quand il mourut il n'y eut là-bas personne pour accomplir la prière funéraire sur lui ; le Prophète l'accomplit alors sur lui à Médine. (...) Le Négus, il ne lui était pas possible de juger d'après le hukm du Coran ; car son peuple ne l'aurait pas laissé faire cela.

Omar ibn 'Abd il-'Azîz fit face à de l'inimitié et à des torts pour certaines choses de justice qu'il établit ; on dit (même) qu'il fut empoisonné pour cela.

Le Négus et ses semblables seront heureux dans le Paradis, même s'ils n'ont pas adhéré [en actes], parmi les prescriptions de l'islam, à ce à quoi ils n'avaient pas la capacité d'adhérer [en actes] ; ils faisaient le hukm par les ahkâm dont il leur était possible de faire le hukm par elles."

(Majmû' ul-fatâwâ, tome 19 pp. 217-219.)

Le récit du prophète Joseph (Yûssuf) (sur lui soit la paix), nommé ministre par le Roi d'Egypte, tel que rapporté dans le Coran, montre bien que le poste que Joseph occupait ne lui conférait pas tous les pouvoirs et toutes les libertés. Pour reprendre les termes de Ibn Taymiyya cités ci-dessus : "il ne lui était pas possible de faire vis-à-vis des [gens de l'Egypte] tout ce qu'il connaissait du dîn ul-islâm". C'est bien pourquoi, alors que chez les enfants du prophète Jacob-Israël (que la paix soit sur lui), la loi était que le voleur demeure esclave de celui qu'il avait volé : "Ils dirent : "Quelle sera sa sanction si vous êtes menteurs ?" Ils (répon-)dirent : "Sa sanction est (comme suit) : "Celui dans les affaires de qui (l'objet volé) sera trouvé, lui-même en sera la sanction." Ainsi sanctionnons-nous les injustes !"" (Coran 12/74-75), le prophète Joseph dut agir dans le cadre des possibilités offertes par la loi du Roi d'Egypte pour pouvoir garder son petit frère Benjamin auprès de lui. Dieu dit ainsi : "Ainsi avons-Nous fait ce stratagème pour Joseph. Il ne pouvait pas prendre son frère d'après le dîn du roi. Sauf si Dieu le voulait" (Coran 12/76). A

Quant au Négus dont parle ici Ibn Taymiyya, il se prénomme Ashama / Sahama / Ella-Seham (fils de Abjar) et a régné de l'an 614 (date de la mort de son prédécesseur, Armah) jusqu'à l'an 630 (date de sa mort). Ce Négus a régné en Abyssinie à l'époque où le Prophète vivait en Arabie, et, suite à la rencontre avec ses Compagnons immigrés en Abyssinie, il a embrassé l'islam secrètement, tout en demeurant roi de son pays. Il n'a même pas pu se dire ouvertement musulman, et n'a évidemment pas pu non plus appliquer dans son pays les normes agréées par Dieu. Pour reprendre les termes de Ibn Taymiyya suscités : "son peuple ne le suivit pas dans l'entrée en islam ; seul un petit groupe entra en islam avec lui ; (...) il ne lui était pas possible de juger d'après le hukm du Coran ; car son peuple ne l'aurait pas laissé faire cela". Le Négus n'a pas abdiqué et émigré en Arabie. Le Prophète (sur lui la paix) n'a pas reproché cet état de fait mais a au contraire prié pour lui à Médine, à la nouvelle de sa mort (nous en avons parlé dans un autre article).

Nous avons également vu cette phrase de Ibn Taymiyya : "Le Négus et ses semblables (...) faisaient le hukm par les ahkâm dont il leur était possible de faire le hukm par elles."

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D'autres écrits de Ibn Taymiyya, très différents, mais relatifs cette fois aux Mongols :

Très différentes des écrits de Ibn Taymiyya reproduits ci-dessus sont les fatwas du savant damascain relatives aux Mongols de son époque (qu'il nomme "Tatars"), héritiers de l'empire fondé par Gengis Khan. Même à l'égard de Mongols tels que Ghâzân et de gens dans son entourage qui s'étaient convertis à l'islam, Ibn Taymiyya fut très critique, les qualifiant de "tâ'ïfa mumtani'a". Il leur reprochait de façon très vive de, entre autres, ne pas appliquer la Loi de Dieu mais la Loi coutumière mongole, le Yassa (ou Yassaq).

Dans les fatwas qu'il rédigea après avoir été questionné à leur sujet explicitement, Ibn Taymiyya cita le principe général suivant : "كل طائفة خرجت عن شريعة من شرائع الإسلام الظاهرة المتواترة فإنه يجب قتالها باتفاق أئمة المسلمين، وإن تكلمت بالشهادتين" : "Tout groupe qui sort d'une prescription (sharî'atin) parmi les prescriptions (min sharâ'ï' il-islâm) qui sont apparentes et connues de tous (mutawâtir), il faut les combattre à l'unanimité des référents des musulmans, même s'ils prononcent les deux témoignages de foi" (MF 28/510). Il donna ensuite plusieurs cas constituant cela, parmi lesquels celui-ci : "وكذلك إن امتنعوا عن الحكم في الدماء والأموال والأعراض والأبضاع ونحوها بحكم الكتاب والسنة" : "De même : s'ils se retiennent de faire le hukm – à propos des vies, des biens, des honneurs, des relations intimes, et choses semblables – par le hukm du Coran et la Sunna" (MF 28/510).

Lorsque, sous la conduite de Ghâzân devenu musulman, les Mongols voulurent conquérir la terre gérée alors par le Sultanat Mamelouk, pour y faire régner, prétendaient-ils, la justice, Ibn Taymiyya écrivit que les musulmans du Sultanat avaient le devoir de s'opposer par les armes à leur conquête (lire notre article au sujet des tentatives d'invasion de la Syrie par le Mongol Ghazân). Mais plus encore, il écrivit que, parce que ces Mongols, bien qu'ayant embrassé l'islam, ont entre autres comme manquement qu'ils n'appliquent pas la Loi de Dieu, les musulmans du Sultanat Mamelouk auront ensuite le devoir, s'ils en ont la capacité, de reprendre les autres terres musulmanes que les Mongols occupent et qui constituent l'Il-khanat : l'Irak, le Khorassan, la Djézireh et l'Anatolie. Le principe en la matière est le suivant, écrit-il : "Si ceux-ci [= les gens constituant une tâ'ïfa mumtani'a] sont établis dans leur pays, avec la situation qui est la leur [de imtinâ' 'an ba'dhi wâjibât il-islâm az-zâhira al-mutawâtira], il est un devoir pour les musulmans de se diriger vers eux dans leur pays pour les combattre, jusqu'à ce que le dîn soit tout entier à Dieu" (MF 28/551). Dès lors, dans un écrit rédigé en l'an 699 de l'hégire et destiné à mobiliser les Syriens suite à la défaite de l'armée du Sultan Mamelouk et à l'avancée de l'armée tatare, Ibn Taymiyya affirma que tous les composants de l'armée de Ghâzân (parmi lesquels il a cité "ad-dâkhilûna fi-l-islâm min ghayri iltizâmin li sharâ'ï'ih" – soit la "tâ'ïfa mumtani'a") sont tels que, "à l'unanimité des musulmans il est nécessaire de les combattre, jusqu'à ce que (…)" ; et il précisa : "Cela lorsqu'ils sont établis dans leur terre. Que dire donc lorsqu'ils ont pris le dessus sur les terres d'Islam telles que l'Irak, le Khorassan, la Djézireh et l'Anatolie ? Et que dire alors lorsqu'ils se dirigent vers vous et vous attaquent par bagh'y et 'udwân" (MF 28/416). Il écrivit encore : "Et nous les combattrons inshâ Allâhu ta'âlâ, alors nous (re)conquerrons la terre d'Irak et autre qu'elle" (MF 28/466).

Ces écrits de Ibn Taymiyya où il est très critique vis-à-vis de ceux qui n'appliquent pas la Loi de Dieu traitent explicitement des Mongols de Ghâzân : il s'agissait de gens qui se disaient musulmans mais qui, malgré leur pleine capacité (ils n'étaient sous le joug de personne mais, tout au contraire, dominaient des terres et des peuples entiers), délaissaient volontairement les lois de Dieu (il s'agit de celles dont les conditions d'applicabilité étaient présentes) pour celles du Yassa (ou Yassaq). Ce qui correspond à leur situation est, d'après Ibn Taymiyya : "امتنعوا عن الحكم في الدماء والأموال والأعراض والأبضاع ونحوها بحكم الكتاب والسنة" : "ils se retiennent de faire le hukm – à propos des vies, des biens, des honneurs, des relations intimes, et choses semblables – par le hukm du Coran et la Sunna" (MF 28/510).

Différent est ce que Ibn Taymiyya a écrit à propos du prophète Joseph (sur lui soit la paix), du Négus Ashama (que Dieu l'agrée), et du musulman qui accède au poste de juge ou de responsable en pays administré par des Mongols : la situation de ces hommes-là, Ibn Taymiyya l'a exposée ainsi : "كانوا يحكمون بالأحكام التي يمكنهم الحكم بها" : "ils faisaient le hukm par les ahkâm dont il leur était possible de faire le hukm par elles" (MF 19/217-219). Et il a dit qu'eux étaient des musulmans se trouvant dans une situation où ils n'ont pas la capacité d'appliquer les lois de Dieu (nous parlons de celles dont les conditions d'applicabilité sont présentes mais qui requièrent, pour être concrètement appliquées, une certaine capacité, qud'ra). Ce qui leur est alors demandé est de faire ce qu'ils peuvent ; car "Dieu ne charge une âme que ce dont elle est capable".

Même les musulmans de la ville de Mardin, passée sous domination des Mongols et dont l'émir ne pouvait par conséquent pas appliquer toutes les lois de l'islam applicables à une cité musulmane, Ibn Taymiyya a écrit à leur sujet des choses très pondérées (lire notre commentaire de sa "Fatwa relative à Mardin").

Ne confondons donc pas, dans les fatwas de Ibn Taymiyya, ce qu'il a écrit à propos des Mongols eux-mêmes, et ce qu'il a écrit à propos des musulmans qui se trouvent sous l'autorité des Mongols : les premiers sont blâmables pour leur non-application des lois de l'islam malgré leur capacité à le faire, et constituent une ta'ïfa mumtani'a ; les seconds ne sont pas blâmables de ne faire que ce qu'ils peuvent, ils ont même le devoir de faire ce qu'ils peuvent.

Il s'agit, dans ces deux cas, de la seule action de ne pas appliquer les lois de l'islam. Les situations, et, donc, les motivations sont cependant différentes.

Par contre, considérer en soi autorisé de ne pas appliquer les lois de l'islam dont les conditions d'applicabilité sont pourtant toutes réunies, cela constitue une tout autre chose.

Celui qui n'applique pas les lois de l'islam parce qu'il se trouve dans une situation semblable à celle du prophète Joseph (sur lui soit la paix), du Négus ou du musulman nommé juge ou dirigeant parmi des Mongols ou des Musulmans injustes, et n'a en conséquent pas capacité à appliquer les lois de l'islam, celui-là doit donc garder à l'esprit qu'en soi cela est interdit, et ne devient autorisé que parce qu'il ne peut pas faire différemment.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

http://www.maison-islam.com/articles/?p=294

  • e6un7


Les singes étaient-ils au début des êtres humains transformés en animaux?

Les singes étaient-ils au début des êtres humains transformés en animaux à cause de leur désobéissance aux ordres d’Allah ? Si tel est le cas, qui étaient ces gens-là ?

Cette métempsycose est une punition divine pour eux à cause des actes interdits qu’ils ont commis. Ce châtiment n’est pas réservé exclusivement aux fils d’Israël. En effet, notre Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit que l’Heure ne viendra avant qu’une transformation n’ait lieu au sein de cette communauté et il a menacé ceux qui démentissent le décret divin et ceux qui consomment du vin et ceux qui écoutent de la musique de la subir. Puisse Allah nous en préserver.

Ibn Madja (4059) a rapporté d’après Abd Allah Ibn Massoud que le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Avant l’avènement de l’Heure, il y a transformation, effondrement et lapidation » (Sahih d’Ibn Madja, 3280).

L’effondrement consiste en un glissement de la terre qui engloutit une personne, une maison ou une localité. C’est ce qui arriva à Coré et à sa demeure. A ce propos, Allah le Puissant et Majestueux a dit : «Nous fîmes donc que la terre l' engloutît, lui et sa maison. Aucun clan en dehors d' Allah ne fut là pour le secourir, et il ne pût se secourir lui-même. » (Coran, 38 : 81).

La lapidation est ce qu’Allah infligea au peuple de Loth dont Il a parlé en ces termes : «Et Nous renversâmes (la ville) de fond en comble et fîmes pleuvoir sur eux des pierres d' argile dure. » (Coran, 15 : 74).

D’après at-Tirmidhi (2152) Ibn Omar a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) dire : « Ceux parmi les membres de cette communauté  qui démentiront le décret divin subiront un effondrement, une transformation et une lapidation (Sahih d’at-Tirmidhi, 1748).

At-Tirmidhi (2212) a rapporté d’après Imran ibn Houssayn que le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Une partie de cette communauté subira une transformation, un effondrement et une lapidation. Un homme issu des musulmans dit alors : ô Messager d’Allah ! Quand cela arrivera-t-il ? – « Quand les musiciennes feront leur apparition munies de leurs instruments  (de musique) et que la consommation du vin prévaudra » (Sahih d’at-Tirmidhi, 1801).

Ces hadith indiquent que cette communauté (Umma) subira ladite transformation comme un châtiment dû à certains actes de désobéissance. Que le musulman se méfie de la violation des interdits divins. Que de malheurs pour celui qui suscite la colère d’Allah, Son courroux et sa vengeance. Puisse Allah nous préserver tous des causes qui font subir Son châtiment.

Cependant les singes et porcs actuels n’incarnent pas des peuples anciens transformés parce que les gens transformés par Allah, le Très Haut, n’ont pas de descendance. Car Allah les a détruit après les avoir transformés ; ils n’ont pas procréé.

Mouslim a rapporté (2663) d’après Abd Allah ibn Massoud (P.A.a) qu’un homme a dit au Messager d’Allah :

– ô Messager d’Allah ! Les singes et porcs (actuels) résultent-ils d’une transformation d’être humains ?

– En vérité, Allah, le Puissant et Majestueux ne permet pas à des gens transformés de procréer et d’avoir une progéniture ; les singes et les porcs avaient existé avant (la transformation).

An-Nawawi dit dans son commentaire de Mouslim : « Les propos du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) : « Les singes et les porcs avaient existé avant » signifient avant la transformation opérée au sein des fils d’Israël. Ce qui indique qu’ils ne résultent pas de ladite transformation.

Allah le sait mieux. Puisse Allah bénir et saluer notre prophète Muhammad.

Sheikh Muhammed Salih Al-Munajjid

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Est-il permis de manger de la viande des bêtes sacrifiées par les chrétiens ?

Est—il permis, à notre époque actuelle, de manger de la viande des bêtes sacrifiées par les chrétiens ? Sachant que lors du sacrifice, les techniques qu’ils emploient pour égorger la bête sont multiples, à l’exemple des dispositifs mécaniques ou encore l’utilisation de substances psychotropes ?

Allah, Béni et Exalté soit-Il, vous a rendues licites les bêtes égorgées par les Gens du Livre (les juifs et les chrétiens), qu’ils s’agissent des chrétiens ou des juifs. Il nous a également rendues licites les bêtes égorgées par les gens de l’Islam (les musulmans).

Cependant, je vous pose cette question : « à supposer que vous connaissez un musulman de part son affiliation à l’Islam, mais que celui-ci égorge sa bête d’une manière qui n’est pas conforme au rite Islamique ; est ce que cette viande [provenant de sa bête] serait-elle mangeable ? »

Certes, nous ne la mangerions pas sans aucun doute ! Alors, qu’en serait-il des chrétiens s’ils venaient à agir également ainsi ?

Si le musulman qui ne se conforme pas au rite lorsqu’il va égorger la bête et supposé qu’il le fasse, par exemple, par strangulation ou qu’il la laisse mourir ou bien encore qu’il ne prononce pas intentionnellement le Nom d’Allah au moment de l’égorger, alors la viande [provenant de la bête] de cette individu ne doit pas être consommé.

Il en va de même pour le chrétien qui n’égorge pas sa bête de la façon recommandée par sa religion. Car Allah, Béni et Exalté soit-Il, nous a permis de manger les bêtes égorgées par les Gens du Livre (les juifs et les chrétiens), si elles on été égorgées de la façon recommandée par la religion [selon le Livre].

Sachez que l’avis qui prévaut quant à la nourriture des juifs et les chrétiens, c’est l’immunité pour la personne et qu’il est permis de manger de la viande des bêtes qu’ils égorgent vu que vous ne savez pas si elles ne sont pas égorgées de la façon recommandée par la religion et il en va de même en ce qui concerne les musulmans. Donc, s’il arrive qu’un musulman ou qu'un chrétien égorge sa bête et que vous ne connaissez pas de quelle façon il l’a fait, alors nous vous dirons dans ce cas mangez-en !

Par contre, si vous parvenez à savoir avec certitude que cette personne n’égorge pas [sa bête] de la façon recommandée par sa religion, que ce soit selon notre législation, ou celle des Gens du Livre, alors la viande [provenant de cette bête] ne doit pas être consommé, que cette personne soit musulmane ou chrétienne.

Et Allah est le plus savant.

Source : www.mandakar.com

Fatwa de Sheikh Falah Ibn Ismail Mandakar (rahimahou Allah)
Traduction rapprochée : par AbuKhadidja Al Djazairy

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