par Pascale Millot
Les enfants de 2010 ne sont plus les mêmes que ceux des années 1970, 1980 ou même 1990. Le monde a tellement évolué autour d’eux que leur cerveau en a été transformé.
Nous vivons dans une société où les enfants sont minoritaires et cela se voit. Il n’en a pas toujours été ainsi. En fait, c’est même une situation récente dans l’histoire humaine, puisque les petits ont longtemps été plus nombreux que les adultes.
La tendance actuelle n’est cependant pas prête de s’inverser. Car on a beau se réjouir d’une légère hausse de la natalité, c’est plutôt la retraite imminente des baby boomers, ces gens nés entre les années 1946 et 1960 environ, qui va teinter de gris la société québécoise pour un bon bout de temps.
On ne s’étonnera donc pas de l’importance accordée aux enjeux touchant les personnes âgées: de la maladie d’Alzheimer qui fait des ravages au Viagra qui fait des miracles; des caisses de retraite qui se vident à la main-d’œuvre qualifiée qui fout le camp; de l’isolement des aînés à la transmission déficiente du savoir.
Et pendant que nous nous regardions vieillir en nous demandant comment éviter la souffrance, les regrets et l’ennui, les enfants, eux, ont changé. Beaucoup changé.
On pouvait certes soupçonner quelque chose. Les médecins n’ont jamais autant diagnostiqué de troubles de déficit d’attention, et prescrit de Ritalin pour en contrôler les symptômes. Les profs répètent que les enfants (surtout les garçons) ne tiennent plus en place. Ils ajoutent généralement qu’ils sont plus éveillés, plus ouverts sur le monde, plus cultivés. Quant aux parents, ils trouvent leurs rejetons bien précoces et remarquent qu’ils tiennent des raisonnements plus élaborés, brouillant du même coup les rapports d’autorité traditionnels.
Mais après tout, le monde de l’enfance n’a-t-il pas toujours été un peu mystérieux, énigmatique? Un univers qui nous échappe, à peine en a-t-on refermé la porte.
Ce n’est pas une blague, nos rejetons ne sont plus les mêmes: le cerveau des enfants de 2010 est différent de celui des enfants des années 1980!
Est-ce si étonnant?
Jamais l’environnement dans lequel nous évoluons n’a bougé aussi vite. Et avec les vies folles que nous menons, il serait bien surprenant que les tout-petits n’en ressentent pas les soubresauts.
Les couples se sont séparés, les familles se sont reconstituées; les mères sont allées travailler; les bambins ont envahi les garderies; la technologie s’est emballée; Internet est arrivé; le rythme de nos vies s’est accélérée.
On sait par exemple aujourd’hui que la télé modifie les connexions neuronales des tout-petits. Mais ce n’est pas tout. L’environnement dans lequel ils vivent agit aussi sur leurs gènes, ou du moins sur l’expression de leurs gènes, comme le démontre cette discipline fascinante appelée épigénétique.
Il reste une chose, cependant, qui n’a pas changé: l’enfance demeure cette période précieuse et critique où se forment les bases de la sécurité affective, garante de relations sociales et amoureuses harmonieuses; un grand chantier d’apprentissage où se tricote l’attachement qui sera déterminant dans l’aptitude au bonheur.
Et pour construire tout ça, les enfants auront toujours besoin de nous, les grands, pour les guider, les protéger, les aimer. Ça, ça ne changera pas.
http://www.quebecscience.qc.ca/La-grande-metamorphose-des-tout-petits
TARIQ RAMADAN - Les fondements de l'éducation... par al-azhar-fr
La conception islamique de l'éducation internationale s'appuie sur un ensemble de fondements qui se présentent comme suit :
L'unité de la race humaine
L'humanité a une seule et même origine; elle est issue d’Adam. Dieu a dit dans ce sens : “Ô vous les hommes ! craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, puis, de celui-ci, il a créé son épouse et il a fait naître de ce couple un grand nombre d’hommes et de femmes. Craignez Dieu ! -vous vous interrogez à son sujet- et respectez les entrailles qui vous ont portés- Dieu vous observe"(44).
Le sens de cette parole divine, est que l'homme est partout le même et que seul le degré de piété autorise une distinction et une hiérarchisation entre les humains. Cette unité d'origine impose la coopération et la complémentarité entre les hommes. Dieu a dit : "Ô vous les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous. Le plus noble d’entre vous auprès de Dieu, est le plus pieux d’entre-vous"(45).
La diversité des peuples ne doit pas être source de conflits et de guerres mais plutôt un aiguillon pour l'harmonie et l'entraide sur la base de la piété et de la bonne action.
Il est certain que les climats et les ressources varient et changent comme les hommes : "Parmi ses signes : la création des cieux et de la terre ; la diversité de vos idiomes et de vos couleurs"(46). Mais cette diversité est d'abord un indice de l’omnipotence divine et un facteur qui pousse les hommes à s'entre-aider et à se compléter, car sans la différence il ne peut y avoir de complémentarité.
La figure n°(1) précise que le point de départ c'est la foi, puis viennent dans l'ordre, les rapports sociaux et l'ordre mondial. Ainsi dans un ordre croissant la pureté du coeur, nous mène vers la "paix au sein de la famille" et ensuite “vers la paix de la société” et enfin vers la paix de l'humanité toute entière. Ainsi l'islam considère “l'humanité comme un tout indivisible, la religion comme une religion unique, et les croyants comme une seule communauté et l'islam comme la dernière et ultime forme de cette religion universelle”(47).
Une telle affirmation ne veut nullement dire que les musulmans ont pour mission d'obliger les autres à se converitr par la force à leur religion, "Pas de contrainte en religion ! la voie droite se distingue de l’erreur"(48) dit le Coran. Le musulman a le droit d'inviter les autres peuples à embrasser sa religion mais sans violence ni contrainte.
A partir du principe de l'unité de l’espèce humaine, il devient impératif pour le musulman de s'écarter du dogmatisme, du chauvinisme et du mépris des autres. "Il n’est pas des nôtres quiconque se fait le héraut du chauvinisme ni celui qui combat au nom de l’esprit de clan”, dit le Prophète(49).
Toutefois, ceci n'implique pas qu'il faut éliminer les nationalités et se fondre dans le creuset d’une mondialisation trompeuse. Un jour, on a demandé au Prophète si l'amour des siens relevait du chauvinisme. A ceci le Prophète (que la paix soit sur lui) a répondu : "non, mais le chauvinisme, c’est de prendre le parti des siens même s'ils ont tort"(50).
Dans un autre hadith le Prophète a dit : “Dieu aide l'homme tant que celui ci oeuvre pour le bien de son frère”(51). Ici le mot frère dépasse le cadre de la région et de la religion ; la fraternité est ici une fraternité entre les hommes.
Si l'on tient toujours compte du principe de l'unité de humanité, la fraternité entre les hommes devient un devoir à assumer sans relâche. C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre l'appel de l'islam à bien traiter tous ceux qui ne s'attaquent pas aux musulmans, Dieu a dit à ce propos. "Dieu ne vous interdit pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre foi et qui ne vous ont pas expulsés de vos demeures. Dieu aime ceux qui sont équitables(52). Cette règle de conduite doit prévaloir en tout temps, que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix. Le Prophète nous a donné un bel exemple, pendant la trêve de "Al hudaybiya" conclue entre les musulmans et Qoreich, en envoyant 500 dinars à Abou Sofyane pour les distribuer aux gens de sa tribu en proie à la disette.
Et c'est par respect de ce principe que l'islam a interdit de combattre l'ennemi en le laissant mourir de soif ou de maltraiter les prisonniers de guerre. Ainsi l'islam donne un bon exemple de tolérance et de respect pour les hommes dans le but de gagner leurs amitiés et d’éliminer les racines de la haine.
C’est dans le même esprit que Ali Ibn Abu Taleb, le quatrième Calife éclairé (Rachidoun), a conseillé à Malik Al Achtar, son gouverneur sur l'Egypte, de gouverner avec bonté en ces termes : "remplis ton coeur de mésicorde pour tes sujets, donne-leur bonté et amour, car ils sont soit tes frères en religion, soit tes semblables en humanité”.
L'égalité entre les hommes
L'unité de l'humanité implique dans la pensée islamique l’égalité des humains. Ceci est confirmé à plusieurs reprises par le Prophète (que la paix soit sur lui) qui a dit : "ô gens, votre Dieu est un, votre père est un. Sachez que rien ne donne à un Arabe l’avantage sur un non Arabe, ni à un non Arabe sur un Arabe, ni à un Rouge sur un Noir ni à un Noir sur un Rouge, si ce n’est le mérite de la piété”(53).
La même idée revient dans ce hadith "Je vous exhorte à la crainte révérentielle de Dieu, à la fidélité et à l’obéissance (à votre chef), fût-il un esclave éthiopien”(54). Ainsi si la hiérarchie existe entre les humains elle ne doit pas trouver son fondement dans la couleur ou le sang, mais doit être liée au mérite personnel, à l'effort et à la persévérance. Et si les savants et les ignorants existent, il ne faut pas que celà puisse donner lieu à l'hégémonie du clerc sur les autres. Dans ce sens, Ali a dit : "Il faut d'abord reprocher au savant de ne pas avoir enseigné avant de reprocher à l'ignorant de ne pas être instruit”(55).
Il ressort de ce qui précède que le principe d’égalité entre les hommes est un principe garanti par la charia pour tous les hommes et qu'il ne souffre aucune restriction ou exception.
La raison en est que ce principe s'appuie sur l'unité de l'humanité qui trouve sa source dans le Coran et la Tradition du Prophète.
Quant à la question de la piété qui revient souvent dans les textes religieux, “elle n'a aucune incidence sur l'égalité des hommes sur terre, car l'avantage qu'elle peut donner concerne l'au-delà et non la vie ici-bas ; c'est devant Dieu qu'elle permet de distinguer les hommes les uns des autres”(56).
Ainsi, la seule appartenance au genre humain confère à l'homme le droit à la protection et à la dignité. C’est un droit que nul ne peut nier ou aliéner parce que en islam l’homme est sacré ; il est entouré d’une protection inviolable tant qu’il ne commet pas de crime condamnable. En proclamant la dignité de l’homme, l’islam protège ses ennemis comme ses adeptes et ses alliés. C'est cette dignité conférée par Dieu à l'humanité qui est la base de tous les rapports entres les hommes”(57).
Les manifestations de l’égalité entre les hommes dans cette vie sont nombreuses. Nous en citons quelques-unes dans ce qui suit :
- l'égalité devant la loi indépendamment du rang social, de la profession ou du pouvoir économique et politique des individus ;
- l'égalité des droits et des devoirs ;
- l'égalité dans les chances d'accès aux emplois et aux fonctions et le respect du principe du mérite personnel ;
- l'égalité devant la justice ;
- l'égalité des chances.
Par conséquent, les seules différences "légitimes" sont celles qui sont le fruit d'un savoir ou d'un labeur. Le Prophète a dit : "Celui que son travail retarde, ni son origine ni son sang ne l’avanceront”. Donc les seuls critières qui comptent c'est l'effort personnel et non l'appartenance sociale ou raciale. Par ailleurs, l'égalité entre les musulmans apparaît dans l'esprit et la lettre de plusieurs textes, parmi lesquels nous citons le hadith suivant : D'après Ahmad, Abu Daoud, Nassae et Ibn Majah, le Prophète a dit :
"Les musulmans sont égaux devant le justice. Le plus modeste d'entre eux peut se porter garant des autres ; et ils forment un seul bloc contre leurs ennemis”(58).
En définitive, il est établi qu'en islam, l'égalité constitue un principe général qui "consacre la dignité des hommes, et qui s'applique aux droits, aux devoirs et aux chances. Toutefois l'égalité suppose que soient réunies un ensemble d'aptitudes. Ainsi si les aptitudes en viennent à manquer, l'égalité se trouve conditionnée. De fait, parmi les conditions qui peuvent donner lieu à des différences, il faut noter la piété, le savoir, et l'effort dans la recherche de moyens de subsistance”(59). La seule restriction au principe d’égalité est donc tributaire du degré de piété, de savoir ou de travail productif.
Le respect des droits de l'homme
La charia a garanti les droits de l'individu et a préservé sa dignité sans aucune discrimination sur la base de la race ou du sexe, des croyance ou de la richesse. Mais la liberté individuelle est organisée par la loi de façon à ce qu'elle ne porte pas préjudice à la liberté des autres.
La XIXème session de la Conférence des Ministres des Affaires étrangères des Etats islamiques, réunie au Caire en 1990, a adopté la décision n°19/49C concernant une déclaration, dite du Caire, relative au droit de l'homme en islam. Cette dernière comprend vingt cinq articles qu'on peut résumer comme suit :
* L'humanité constitue une seule famille, réunie autour de la soumission à Dieu, et issue d’un même père, Adam. Les hommes sont égaux quelque soient leur race, leur couleur, leur idiome, leur sexe, leur confession, leur appartenance politique ou leur statut social.
* La vie est un don de Dieu. Elle est garantie pour tous les hommes. Les individus, les sociétés et les états sont tenus de la préserver contre toute atteinte et ont l’obligation religieuse de la protéger ;
* Dans les cas d'un conflit armé, il est interdit de tuer ceux qui n'y participent pas, de couper les arbres, de saccager les cultures et le bétail ou de détruire les constructions civiles de l'ennemi ;
* La vie privée des individus est inviolable et ce, même après leur mort ;
* La famille est le noyau de la société, le mariage en étant le fondement. Toute personne, homme ou femme, a le droit de le contracter sans restrictions pour cause raciale, de couleur ou de nationalité.
* La femme est l'égal de l'homme en dignité. Elle jouit de la personnalité civile et de l’autonomie financière. Toutefois, c'est l'homme qui est légalement responsable de sa famille et doit subvenir à ses besoins(60).
* La quête du savoir est une obligation. La société et l'Etat doivent garantir à chacun l'accès à l'enseignement. Chacun a le droit de bénéficier de l'éducation et de l'orientation qui lui assurent l'équilibre et renforcent sa foi et son respect des devoirs et des droits.
* L'islam est une religion conforme à la nature innée de l’homme et qui interdit l'utilisation de la force ou toute autre forme de pression pour pousser les autres à renier leur religion ou à devenir athées.
* Les hommes naissent libres, aucun n'a le droit de les asservir, de les humilier ou de les exploiter. Dans ce sens, le colonialisme sous toutes ses formes est interdit. Tous les peuples qui en souffrent ont le droit légitime d'aspirer à la liberté et à l'autodétermination. Tous les pays et les Etats ont le devoir moral de les y aider.
* La liberté de mouvement est un droit garanti dans le cadre de la charia. Tout homme a le droit de choisir le lieu de sa résidence à l'intérieur de son pays d'origine ou dans un autre pays, comme il a le droit de l'exil, sauf s'il est poursuivi pour des motifs criminels ;
* L'Etat doit garantir le travail à toutes les personnes aptes, comme il doit leur assurer la liberté du choix du métier qui leur convient. Il doit par ailleurs, garantir tous les droits sociaux, sans distinction entre l'homme et la femme et oeuvrer pour que les individus ne soient pas exploités ou sous-payés. En cas de conflit entre le patronat et les ouvriers, l'état doit intervenir pour préserver les droits des deux parties ;
* Tout homme a le droit d'accéder, dans le respect de la légalité, à la propriété. Seul l'intérêt public peut justifier l'expropriation qui dans ce cas doit s'accompagner d'une indemnisation. Les biens ne peuvent être confisqués sans respect des procédures et règles légales ;
* Tout homme a le droit de profiter des fruits de son travail licite et de les défendre ;
* Tout homme a le droit de vivre dans un environnement moral sain ;
* Tout homme a le droit de vivre dans la paix. Sa vie, ses croyances, son honneur, sa famille et ses biens son inviolables ;
* Les hommes sont égaux devant la loi. Le droit de bénéficier de la justice est garanti pour tous. La responsabilité est individuelle et aucune peine ou emprisonnement ne sont permis que dans le cadre des lois en vigueur ;
* Tout homme à le droit d'exprimer ses opinions tant que ces dernières ne vont pas à l'encontre des principes de la charia. Toute personne peut exercer le droit de conseil et de persuasion selon les règles des la charia. Il est aussi interdit d'inciter à la haine raciale ou confessionnelle sous toutes leurs formes;
* La pouvoir est un dépôt sacré confié aux hommes et il ne doit en aucun cas se transformer en tyrannie. Ainsi chaque individu a le droit de participer à la gestion des affaires publiques d'une manière directe ou indirecte, comme il a la possibilité d’accéder aux postes de responsabilité, et ce dans le cadre des lois de la charia.
* Tous les droits et devoirs énoncés dans cette Déclaration sont applicables sous réserve des dispositions de la charia qui en constitue la base et la référence unique d'interprétation(61).
Il est patent que les différents articles de la Déclaration de 1990 s'articulent autour des quatres axes des droits de l'homme en islam à savoir : la liberté, la justice, l'égalité et la morale islamique(62) tels qu'ils ont été définis par les textes islamiques anciens et modernes. Ces quatres principes ont été résumés par "la Déclaration internationale des droits de l'homme en Islam" dans les droits suivants :
- le droit à la vie ;
- la liberté ;
- l'égalité ;
- la justice ;
- le droit à un jugement équitable ;
- la protection contre le despotisme du pouvoir ;
- l'interdiction de la torture ;
- la protection de l'honneur et de la réputation des individus ;
- le droit d'asile ;
- la protection des droits des minorités ;
- le droit de participer à la vie publique ;
- la liberté d'opinion et de conscience ;
- la liberté d'expression ;
- la liberté confessionnelle ;
- la liberté d’ordonner le bien et d’interdire le mal ;
- les libertés économiques ;
- le droit de propriété ;
- le droit au travail ;
- le droit pour tout individu d'oeuvrer pour subvenir à ses besoins, et de fonder un foyer ;
- les droits de l'épouse sont garantis ;
- le droit à l'éducation ;
- la protection des spécifités culturelles ;
- le droit de déplacement et de résidence(63).
Il est certain que l'ensemble de ces droits trouve ses fondements dans la liberté. Dans ce sens, il est opportun de citer une fatwa de Ibn Abidine : un jour deux hommes se sont disputés la parternité d'un enfant, l'un d’eux étant musulman, l'autre professant l’une des religions du livre. Le musulman a prétendu que l'enfant en question était son esclave et de ce fait lui appartenait. De son côté, l'autre homme a affirmé qu’il s’agissait bien de son enfant. A l'issue du jugement qui était en faveur du second homme, le juge Ibn Abidine expliqua qu'il était préférable pour l'enfant de grandir libre et non musulman que l'inverse, car la liberté est intrinsèque à son humanité et c'est pour cela qu’elle prévaut sur son appartenance religieuse”(64).
Ainsi apparaît la place privilégiée que réserve l'islam à la liberté puisqu'il la place bien avant les autres droits et exigences.
Lors du colloque tenu à Paris en mai 1998 sur le thème "les droits de l'homme en islam", avec la participation de plusieurs spécialistes, musulmans et non musulmans, il est apparu que parmi les points de divergences les plus importants ayant opposé les participants, il y a ceci :
Tout d'abord, les chercheurs français ont insisté sur le fait que les droits de l'homme trouvent leur légitimité dans la volonté de l'homme tandis que les chercheurs musulmans ont défendu l'idée que ces mêmes droits émanent de Dieu qui confère à l'homme sa dignité. Par ailleurs, les chercheurs français ont situé l’origine des droits de l'homme dans la Révolution française.
Par contre, les deux parties s’accordent pour dire que les points de rencontre sont plus importants que les points de divergence. Et elles ont pu convenir de conjuguer les efforts pour construire un avenir meilleur où les catastrophes humanitaires, les guerres et les persécutions n'auront plus de place.
La liberté de croyance, une chose légitime
L'islam respecte les religions du Livre qui l'ont précédé et incite le musulman à croire en elles. Par ailleurs, il n'établit aucune distinction ou hiérarchie entre les différents prophètes : "Nous ne faisons pas de difference entre ces prophètes"(65).
Il est intéressant de noter par ailleurs que le Coran ne contient aucune occurrence du mot religion sous sa forme plurielle. Pour l'islam donc il s'agit d'une même religion qui s’est manifestée sous différentes révélations. Et le message révélé au dernier des prophètes correspond dans son essence au message reçu par les prophètes qui l'ont précédé. Dans ce sens, le Prophète a dit: “Les prophètes sont comme les femmes d'un même homme, leurs mères sont différentes et leur Dieu est unique”(66). Ce hadith semble mettre sur le même plan l'unité de la religion et l'unité de la paternité et a comparé la diversité des messages à la diversité des mères.
La démarche de l'islam dans la transmission de son message suit le cheminement évoqué dans le Coran : "Ô gens du livre! venez à une parole commune entre nous et vous: nous n’adorons que Dieu; nous ne lui associons rien ; nul parmi nous ne se donne de Seigneur en dehors de Dieu. S’ils se détournent ; dites-leur : “Attestez que nous sommes vraiment soumis"(67).
Le sens de ces paroles est que l'islam n'use point de la force pour convertir les gens. La vraie foi donc, est celle qui est le fruit de la raison, de la conviction et de l'acceptation. “Ainsi le message de l'islam vise à convaincre et non à contraindre”(68).
La personne humaine, qu'elle soit physique ou morale (comme c'est le cas des organismes ou des états) ne se réalise donc que dans le cadre du respect de la liberté de pensée, de circulation, de résidence, de croyance et de la garantie du droit de travail.
Toutefois, ces libertés ne peuvent être traduites dans les faits que si les esprits sont libérées et les passions et les désirs maîtrisés. En d'autres termes, en tout temps, il faut que l'homme soit guidé par la raison, la pondération et les lumières de l'esprit.
Le Prophète a dit à ce propos : "la force d'un homme se mesure à sa capacité de se maîtriser et non à l'ampleur de sa colère"(69).
La liberté de confession, en islam, implique le rejet de la force et de tout autre moyen d'aliénation comme la séduction. Dieu a dit : “Pas de contrainte en religion"(70) “Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les habitants de la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les hommes à être croyants”(71). Ainsi est garantie en terre d'islam, la liberté de culte pour toute personne non musulmane ainsi que la pratique de sa religion sans entrave aucune. C’est dans ce sens que les docteurs musulmans ont établi la règle selon laquelle "Le musulman est tenu de laisser les non musulmans pratiquer leur religion en toute liberté" et c'est d'ailleurs grâce à l'application de cette règle par tous les juges et docteurs de loi musulmans que la liberté de confession a été scrupuleusement respectée(72).
Bien plus, cette attitude à atteint chez certains docteurs un degré tel qu'ils ont traité cette question avec beaucoup de précaution. L’Imam Chafiî par exemple a interdit aux musulmans mariés avec des femmes d'une autre religion monothéiste d’essayer de les convertir, de peur que cela soit source de pression ou d'influence sur ces dernières. Les Hanafites, eux, ont autorisé une telle démarche.
La démocratie ou "le système de la choura"
Les droits de l'homme en islam ne concerne pas seulement les droits et libertés individuels. L'islam garantit à l'individu le droit de participer à la vie publique et lie ce droit à celui de profiter des richesses et biens de la société et ce grâce à un système de sécurité sociale qui impose l'entraide et la "choura".
Ainsi, il est clair que dans la logique de l'islam, les droits de l'homme sont un tout qui ne peut se réaliser en dehors du cadre de la choura (système consultatif en islam). Les recommandations divines dans ce sens sont très claires : "Ceux qui délibèrent entre eux"(73).
Ce verset coranique a été interprété par certains comme une recommandation globale qui concerne les affaires de toute la société et qui s'adresse aux hommes et aux femmes, aux musulmans et aux non musulmans.
Par ailleurs, le grand nombre des occurrences du mot choura, comme dans l'ordre divin adressé à son Prophète "Consulte-les en toute chose"(74), fait d'elle la troisième source législative après le Coran et la sunna.
C'est en empruntant le chemin de la démocratie ou de la choura, que les hommes peuvent prendre les décisions les plus sages qui respectent les voeux de la majorité et qui garantissent une participation plus accrue des membres de la société. La seule contrainte que l'islam impose à ce mode de régulation, c'est le respect de la loi et de la légalité, le Prophète a dit : "les musulmans doivent obéissance à leurs responsables en toute chose sauf lorsqu'ils sont appelés à commettre des actes illicites"(75).
Un tel système renforce la justice et la stabilité et réduit l'injustice. En effet, l'islam exhorte l'individu à se soulever contre les injustices et à les combattre. Le Prophète a dit dans ce sens : "Le jour où ma nation craindra le despote et n'osera l'affronter, ce jour-là, elle risque de disparaître”(76).
La question de l'Etat en islam a fait l'objet de plusieurs écrits et analyses ; nous citons ci-après quelques-unes de ses caractéristiques les plus importantes d'après l'une de ces études.
- Le pouvoir appartient à la Umma, elle seule est habilitée à choisir son chef. Elle a par ailleurs, le droit de le conseiller, de le remettre sur le droit chemin chaque fois qu'il s'en écarte. Elle peut même le destituer en cas de nécessité.
- La société est responsable selon le principe de l’exhortation au bien et d’interdiction du mal que nous avons analysé plus haut. Ainsi tout individu a sa part de responsabilité dans la défense de la Umma, de son bien-être et de sa bonne conduite.
- La liberté est un droit universel, comme nous l'avons souligné dans la partie réservée à la première spécificité de l'éducation islamique. L'homme en excerçant sa liberté fait acte de foi en l'unicité de Dieu. En attestant que Dieu est unique et que Mohammad est son Prophète, il accepte de se soumettre à Dieu et refuse le joug des hommes et des pouvoirs.
- L'égalité entre les hommes est le fondement premier de l'éducation internationale. Selon ce principe, les hommes proviennent tous d'une même origine et doivent bénéficier de ce fait des mêmes droits à la dignité, quelque soit leur religion ou leur race.
- Les droits de l'autre sont garantis.
- Nul n’est au dessus de la loi ; étant d’inspiration divine, celle-ci doit s'appliquer à tous, gouvernants et gouvernés(77).
Toutefois, les caractéristiques précitées ne peuvent être réalisées en l'absence de la choura et de la participation de tous. Elles favorisent l'échange de vues, la négociation, l'acceptation et le refus, l'opposition et la censure. Il y a néanmoins une nuance entre le concept de consultation et le concept de "choura". En effet "la consultation, c'est le fait de demander un avis ou un conseil à une personne ou à un ensemble de personnes dignes de confiance ; de ce fait, seul l'individu demandeur du conseil est apte à prendre la décision. En revanche, la choura, c'est le moyen collectif et légal dont use la communauté pour prendre les décisions relatives aux affaires la concernant. Dans ce sens, la consultation est facultative et n'entraîne aucune obligation, contrairement à la choura qui est obligatoire”(78).
Cette distinction entre les deux termes règle beaucoup de questions. La choura est une théorie générale qui comporte les principes qui sous-tendent les libertés individuelles et les droits des peuples et qui encouragent la cohésion sociale à tous les niveaux : social, politique économique, financier...etc. En outre, elle élargit les droits de l'individu à la participation aux affaires publiques.
Le respect des droits des minorités
La règle juridique qui détermine la place des non musulmans résidant dans les pays islamiques est la suivante : "Ils ont les mêmes droits et obligations que nous (musulmans).
Les applications de cette règle sont nombreuses et elles concernent à titre d'exemple :
- L'inviolabilité de la personne, de l'honneur et des biens.
- La liberté d'agir selon les croyances de sa propre religion.
- Le droit de travailler, de tenir commerce et de bénéficier de la sécurité sociale.
- Le droit d'accéder à différents postes dans la fonction publique, même les plus élevés tels les postes de gouverneurs, de ministre, l'armée, la Justice.... D’ailleurs, l'ensemble des docteurs de la loi en islam autorisent le musulman à léguer une partie de ses biens à un juif ou à un chrétien(79).
En effet, il est historiquement attesté que tant les minorités n'oeuvraient pas contre les intérêts des musulmans et ne s'alliaient pas à leurs ennemis, elles étaient traitées avec équité et respect. Leurs intérêts et leurs lieux de culte étaient inviolables.
En plus, le musulman n'avait aucun droit de demander des comptes aux non musulmans, fussent-ils des mécréants, parce que cela fait partie des prérogatives divines : "Le musulman n'a pas à reprocher aux mécréants leur absence de foi, ou à punir ceux qui s'écartent du droit chemin. Car ceci ne peut avoir lieu ici bas. Dieu les jugera le jour du jugement dernier”(80) et ce en accord avec la parole divine : "S’ils discutent avec toi, dis : Dieu sait parfaitement ce que vous faites. Dieu jugera entre vous le Jour de la Résurrection et il tranchera vos différends”(81).
Lors de la conquête d’Aelia (Jérusalem) par les musulmans, le calife Omar Ibn Al Khattab a envoyé un pacte aux habitants de la ville dont voici l'essentiel :
"Ceci est l’acte établi par le serviteur de Dieu, Emir des croyants, comme garantie de sécurité aux habitants de Jérusalem. Ils n'ont rien à craindre pour leurs vies, leurs biens, leurs églises et leurs croix. Tous les habitants, malades et bien portants seront protégés ainsi que tous les membres de leur confession. Leurs lieux de culte ne seront ni habités ni détruits ni pillés. Ils ne seront pas contraints de changer de religion et aucun juif n'habitera dans leur ville”. Dans d'autres circonstances, un jour une femme est venue se plaindre à Omar Ibn Al Khattab du fait que ces gouverneurs en Egypte ont détruit sa maison pour construire une mosquée. Et lorsque le Califa demanda des explications à ce sujet, on lui répondit que c'était pour agrandir la mosquée en question et que cette femme a été indemnisée. Alors, Omar a dit qu'ils n'avaient pas le droit d'exproprier cette femme contre son gré et a ordonné de reconstruire la maison aux frais du trésor public”(82).
En plus de ces exemples historiques éloquents, l'islam va jusqu'à interdire aux musulmans d'insulter les adeptes des autres religions ou de les maltraiter comme le précise le hadith du Prophète : "Celui qui a commis une injustice contre un chrétien ou un juif, ou l'a humilié, ou lui a imposé de faire des choses qui sont au dessus de ses capacités ou l'a obligé à faire des choses contre son gré, je témoignerai contre lui le jour du jugement dernier"(83). L'islam a par ailleurs assuré, du moins pendant une époque, l'aide aux non musulmans ; il est ainsi attesté que Omar, le second Calife, a aperçu un jour un vieil aveugle juif en train de mendier et il lui a donné un peu d'argent. Le Calife a écrit ensuite à tous ces gouverneurs ce qui suit : "tout homme de la religion du Livre qui n'a plus les moyens de subvenir à ses besoins sera pris en charge lui et ses enfants tant qu'il restera en terre d'islam”.
L'exemple du Prophète nous confirme cette idée puisqu'il est établi qu'il avait des relations privilégiées avec les Chrétiens et les Juifs en ce sens qu’il participait à leurs fêtes et les consolait dans leurs malheurs. Il allait jusqu'à leur emprunter de l'argent ou déposer des objets en gage chez eux. La raison d'un tel comportement n'est pas liée à la faiblesse des musulmans, mais elle s’inscrit dans la droite ligne des préceptes de l'islam qui a toujours encouragé l'établissement de bonnes relations avec les autres religions.
Nous faisons nôtre la conclusion à laquelle a abouti un chercheur contemporain selon lequel : la garantie des droits et libertés des minorités ne doit pas procéder d’un acte de charité consenti par la majorité au profit d’une minorité, mais doit découler des principes clairement énoncés dans le Coran et la Tradition du Prophète. Et toute atteinte à ces droits constitue un écart par rapport aux préceptes de l'islam et un préjudice qui ne touche pas seulement la minorité mais touche aussi le texte sacré. Aussi, dans le cadre de cette conception, le fait de qualifier les rapports du musulman avec l'autre de tolérance est-il une aberration, car de quel droit peut-on mettre l’obligation du croyant de respect des droits préconisés par la loi sur le compte de la tolérance(84).
On retrouve la même idée chez un autre chercheur qui pense que l'islam considère les adeptes des religions du Livre comme des citoyens et non comme des sujets de second rang.
Il n'y a aucune discrimination entre les deux communautés tant que les musulmans ne sont pas menacées et que la confiance règne(85).
La coexistence pacifique
Les relations internationales qui lient les musulmans aux autres pays, en temps de paix, sont fondées sur trois principes :
- L'égalité entre les musulmans et les non musulmans et la consolidation des relations de coopération.
- La non agression contre des pays non musulmans.
- La garantie des droits et libertés des minorités qui résident en terre d'islam, notamment la liberté de croyance.
S’agissant des relations internationales en temps de guerre, force est de rappeler que l’islam est tout naturellement hostile à la guerre en raison des victimes des ravages et des destructions qu’elle provoque. C’est dans ce sens que le Coran affirme : “Le combat vous est prescrit et vous l’avez en aversion”(86).
Le hadith suivant abonde dans le même sens :
"Ne désirez jamais la rencontre de votre ennemi sur un champ de bataille, et priez Dieu de vous préserver de tout mal, mais si jamais vous l'affrontez, soyez endurants car le Paradis est sous l'ombre des épées"(87); il est de même recommandé au musulman de repousser les attaques ennemies et de ne pas mener des guerres d'expansion ou de colonisation.
Par ailleurs, il y a un verset dans la Sourate II du Coran qui énonce explicitement. “Ô vous qui croyez ! entrez tous dans la paix et ne suivez pas les traces du démon : il est votre ennemi déclaré”(88).
Sur le plan argumentatif, ce verset contient quatre étapes :
- Appel adressé à tous les croyants,
- l'ordre d'entrer en paix comme on entre dans une citadelle protectrice.
- L'explication des désordres que peut entraîner le fait d'emprunter le chemin de Satan ;
- La justification de cette défense en insistant sur le fait que Satan est le pire ennemi de l'homme.
Sur un autre plan, il faut souligner que la coexistence pacifique ne doit pas se limiter aux relations interétatiques, mais doit trouver sa base dans les rapports individuels, dans les relations entre classes sociales et entre le souverain et ses sujets. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'interdiction de thésaurisation des biens et de la prodigalité en tant que deux extrêmes nuisibles et blâmables. L'islam prêche le juste milieu et encourage la circulation des richesses : “Afin qu’elles ne soient pas attribuées à ceux d’entre vous qui sont riches”, dit le Coran(89). Ceci a pour effet d'atténuer les conflits sociaux et de réduire les inégalités comme l'a bien dit le Prophète dans le hadith suivant : “l’injustice ne tardera pas à apparaître après moi, et à la mesure qu’elle progressera, la justice reculera dans les mêmes proportions, si bien que les générations qui naîtront alors n’auront rien connu d’autre que l’iniquité. Ensuite, Dieu -Exalté soit-Il- fera revenir la justice qui se répandra alors, faisant régresser proportionnellement l’injutice, si bien que les générations qui viendront alors au monde n’auront rien connu d’autre que l’équité” (rapporté par Ahmad, Musnad Al-Basriyyine N° 19421.) Ainsi, puisque la justice est une qualité divine, l'homme en tant que “lieutenant” de Dieu sur terre doit s'y conformer dans la gestion de ses affaires et celles de ses semblables..
L'islam, par ailleurs, a interdit de mener des guerres à des fins de rapines et a incité les musulmans à signer des accords de paix durable avec les non musulmans tant que ces derniers ne se liguent pas contre eux ou intentent à leur intérêts vitaux. On lit dans le Coran : “Dieu ne vous interdit pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre foi et qui ne vous ont pas expulsés de vos maisons, Dieu aime ceux qui sont équitables. Dieu vous interdit seulement de prendre pour patrons ceux qui vous combattent à cause de votre foi, ceux qui vous expulsent de vos maisons et ceux qui participent à votre explusion. Ceux qui les prennent pour patrons, voilà ceux qui sont injustes”(90).
D'une manière générale, l'islam fait pencher toujours le balance du côté de la paix :“S’ils inclinent à la paix, fais de même ; confie-toi à Dieu car Il est celui qui entend et qui sait”(91).
Cette vocation foncière de l'islam nous éloigne de certaines cultures et civilisations qui se sont construites sur des principes belliqueux et hégémoniques, où les attaques surprises, la destruction et l'extermination occupent une place de choix. En effet, la prépondérance du facteur moral dans les relations internationales en islam en temps de paix comme en temps de guerre impose aux musulmans de tenir leurs promesses et engagements : "Tenez vos engagements car les hommes seront interrogés sur leurs engagements"(92) ; elle les oblige également à s'interdire le non respect des accords au nom des intérêts de l'état ou en rapport avec les équilibres de force ou tout autres alibis : “Soyez fidèles à l’alliance de Dieu après l’avoir contractée; ne violez pas les serments après les avoir solennellement prêtés et avoir pris Dieu comme garant contre vous. Dieu sait parfaitement ce que vous faites. N’imitez pas celle qui défaisait le fil de son fuseau après l’avoir solidement tordu. Ne considérez pas vos serments comme un sujet d’intrigue entre vous, en estimant que telle communauté l’emportera sur telle autre”(93).
"Les valeurs véhiculées par un tel message se définissent dans le refus de la ruse et de la trahison et la promotion des principes de l'honneur, de la force et du courage. Le seul cas où l'islam permet d’user la ruse est celui de la guerre proprement dite, puisque "la guerre est ruse". L'histoire de l'islam nous offre à cet égard plusieurs exemples ; nous nous contenterons ici de citer l'exemple de la conquête de Homs.
Le compagnon du Prophète Abu Ubayda Ibn Al Jarrah, chef de l'armée musulmane lors de la campage de Homs avait conclu un accord avec les habitants de cette ville en vertu duquel il devrait les protéger contre les Romains, en échange de l’argent qu’il avait reçu d’eux. Mais la peste s'est déclarée parmi ses hommes. Alors Abu Ubayda a restitué l'argent à ses propriétaires puisqu'il ne pouvait plus honorer son engagement de les défendre. Et pour le récompenser pour sa loyauté, les habitants de la ville se sont engagés à ses côtés pour repousser les Romains.
Globalement, nous pouvons résumer les manifestations de la loyauté des musulmans en temps de guerre dans les pratiques suivantes :
- La vie des émissaires et messagers en temps de guerre est préservée et ce pour deux raisons; d'abord le respect d'un engagement moral et ensuite le message dont l'émissaire est porteur peut aider parfois à éviter l'affrontement ou à l'ajourner.
- La protection des exilés politiques et des réfugiés et ce en application de la recommandation divine : "Si un polythéiste cherche asile auprès de toi, accuille-le pour lui permettre d’entendre la parole de Dieu, fais-le ensuite parvenir dans son lieu sûr"(94).
En conclusion, il faut souligner que le principe de coexistence pacifique entre les états en islma, s'appuie sur une base de coopération et d'entre-aide selon les préceptes de l'islam : "Encouragez-vous mutuellement à la piété et à la crainte révérentielle de Dieu. Ne vous encouragez pas mutuellement au crime et à la haine"(95). Il trouve aussi une justification dans l'unité de l'humanité telle que nous l'avons longuement expliquée plus haut et qui trouve sa pleine signification dans la protection des civils et de leurs biens et même dans le maintien des relations commerciales avec l'ennemi, comme l'a autorisé Al Imam Abu Hanifa dans ces termes : Il est permis d'entrenir des relations de commerce avec le pays ennemi en tout, sauf le fer ou les armes. Imam Chafi'i de son côté a exclu le commerce des armes et du fer avec l’ennemi pour l’empêcher de se fortifier et de continuer ainsi ses agressions contre les musulmans.
En outre, le postulat de l'unité de l'humanité apparaît dans l'interdiction par islam, de détruire, de torturer ou de mener des actions de vengeance contre les populations civiles. En effet, en temps de guerre l'islam interdit à ses armées de tuer les femmes, les enfants, les ouvriers et les serviteurs, et les gens de religion et les moines, pour la simple raison qu'ils n'ont pas participé à la guerre et qu'ils constituent des musulmans potentiels ou plus précisément ils sont susceptibles d'entrer en islam. Il a aussi interdit, en temps de guerre, de maltraiter les prisonniers et de les affamer, ou encore de mutiler les cadavres et de les exhiber.
Par ailleurs, le guerrier musulman n’est pas autorisé à commettre les actes suivants :
- Couper les forêts et les arbres ;
- Boucher et détruire les puits et les sources d'eau. C’est que précise la recommandation adressée par le premier Calife Abu Bakr à Yazid Ibn Abi Soufiâne lors de sa campagne en Syrie : “Je te recommande dix choses : ne tue pas de femme, ni d’enfant, ni de vieillard ; garde-toi d’abattre et de brûler un arbre fruitier, ou un palmier dattier, de ravager un lieu habité, de tuer une brebis ou un chameau, sauf pour en manger ; ne détruit pas de ruches d’abeilles par le feu ou l’eau ; ne dérobe pas frauduleusement une partie du butin et ne perd jamais le courage”(96).
Il s'avère ainsi que la notion de coexistence pacifique en islam s'appuie sur quatre piliers qui sont : l'amour et le respect, la complémentarité, la responsabilisation de l'individu, et enfin la liberté.
Quant au statut des minorités chrétiennes ou juives en terre d'islam, il est déterminé par les cinq clauses suivantes :
Sans forcément finir mal, certaines histoires d'amour connaissent quelques aléas. Féminins ou masculins, les troubles sexuels présentent le plus souvent une composante psychologique, qui a pu se greffer sur un problème physiologique. Stress, fluctuations hormonales, maladies… la vie sexuelle est loin d'être un long fleuve tranquille. Pour que désir rime de nouveau avec plaisir ! Les Maladies d'amour
Tour d'horizon des amours impossibles
Dès que notre corps souffre, que ce soit physiquement ou psychologiquement, notre sexualité en pâtit. Pertes de désir, troubles érectiles, anorgasmie… les troubles sexuels, masculins ou féminins, sont particulièrement fréquents.
Les causes psychologiques
Stress, déprime… notre mode de vie n'est pas de tout repos. Outre ces pressions externes, des problèmes inconscients et profonds peuvent handicaper le désir mais également l'acte sexuel proprement dit.
Du vaginisme à la perte d'érection, c'est souvent dans la tête que se situe l'origine des troubles.
Les causes hormonales
Puberté, grossesse et ménopause, la vie physiologique des femmes est ponctuée d'importantes variations hormonales. Mais l'impact sur la vie sexuelle est très discuté. Quel est leur rôle exact sur la libido ? Les étudesLes maladies organiques et leurs traitements sur la pilule, la ménopause ou l'andropause sont nombreuses mais les avis restent partagés.
Les maladies organiques et leurs traitements
Toutes les maladies physiques ou mentales peuvent entraîner une diminution du désir sexuel, du fait de la fatigue engendrée. Mais certaines maladies peuvent directement handicaper la santé sexuelle par leur localisation ou par leurs effets secondaires.
Le poids des ans et la routine
La sexualité n'est pas un des plaisirs dont on doit se priver avec le temps. Désormais, on est jeune plus longtemps ! L'âge et la ménopause ne signifient plus l'exclusion des plaisirs de la vie. A condition toutefois de bannir habitude et monotonie de la vie sexuelle…
(Etude sur le conflit entre le terrorisme et la science)
Dr Kamal Amrane
La psychose du pouvoir est une expression que nous avons puisée dans le jargon médical. Elle renvoie à une maladie, au même titre que le rhume, la migraine et la myocardite. La psychose est un état maladif qui touche l'intellect et se manifeste par des symptômes de déséquilibre qui font que le malade perd les repères de modération et de juste milieu et penche soit vers la carence, soit vers l'excès. Dans le premier cas, le malade est réduit à l'état d'ignorance primitive. Dans le second cas, il a des réactions violentes et ne contrôle plus ses colères, et donc l'ignorance ici se traduit par la violence et la témérité. Le terrorisme, sur ce plan, est une forme de psychose, puisqu'il s'appuie, d'une part, sur l'immodération, qui se traduit par un penchant démesuré à semer la terreur sur terre et, d'autre part, sur l'ignorance, laquelle se traduit par une «sacralisation» de certaines interprétations erronées des enseignements du Coran et de la Tradition du Prophète.
1. Tentative de définition du terrorisme
Dans un article du philosophe français Jacques Derrida, le terrorisme a été défini comme suit :
. Le terrorisme est la référence à un crime contre la vie humaine en violation des lois nationales ou internationales ;
. Le terrorisme est un crime qui fait la distinction entre civils et militaire, les victimes du terrorisme étant principalement des civils ;
. Le terrorisme a une finalité politique (influencer ou changer la politique d'un pays en terrorisant sa population civile).
Dans cette définition du terrorisme, il convient cependant de distinguer entre le combat pour la liberté et celui qui prône l'utilisation gratuite de la violence, au mépris des lois et règles internationales. Mais il est un facteur dont il faut tenir compte, à savoir que la guerre, aussi sanguinaire qu'elle soit, comporte des principes et des fondements qui ont été énoncés par les Nations Unies et qui stipulent que tout dépassement de certaines normes fixées pour les actes belliqueux perpétrés en temps de guerre sera considéré comme un "crime de guerre". On peut ainsi distinguer entre le crime de guerre puni par la loi internationale et dénoncé vigoureusement par les Etats, et l'action terroriste que condamnent toutes les conventions mondiales, les organisations internationales et les valeurs morales. Une telle action est préjudiciable à la vie humaine qu'elle menace dans son essence. Une autre différence entre le crime de guerre et le terrorisme est que ce dernier passe pour un acte contraire à toutes les lois internationales.
Outre la définition de Jacques Derrida, il est une autre définition convenue par un certain nombre de personnalités mondiales proches du Secrétariat général des Nations Unies, selon lesquelles le terrorisme est :
«Toute action [.] qui a pour intention de causer la mort ou de graves blessures corporelles à des civils ou à des non-combattants, lorsque le but d'un tel acte est, de par sa nature ou son contexte, d'intimider une population ou de forcer un gouvernement ou une organisation internationale à prendre une quelconque mesure ou à s'en abstenir».
Il existe trois types de terrorisme :
1) Le terrorisme individuel, issu d'une action de rébellion ou d'insurrection ;
2) Le terrorisme organisé, produit d'idéologies qui expriment par la violence leu rejet des régimes en place ; et
3) Le terrorisme d'Etat, qui s'appuie sur la force militaire et non sur la démocratie et dont le principe est l'oppression et non pas le respect des droits humains.
Ce qui nous intéresse le plus ici est le terrorisme organisé, et plus particulièrement celui qui sévit à l'intérieur de l'espace géographique islamique. En effet, les déviations qui ont touché une certaine catégorie de populations musulmanes ont engendré certains comportements radicaux et fanatiques qui ont favorisé l'émergence de foyers du terrorisme. Or l'analyse démontre que ce phénomène est dû à l'ignorance que nous avons surnommée "psychose de la force".
2. Les raisons qui poussent au terrorisme
L'on serait tenté de croire que les disparités matérielles sont les principaux mobiles du terrorisme. Or bien que cette cause soit objective, elle n'en reste pas moins relative, car l'analyse du motif matériel infirme cette explication, et les diplômés des facultés scientifiques et littéraires qui ont rejoint les bancs des terroristes en sont une preuve indéniable. A notre avis, l'ignorance est le principal mobile qui pousse les adeptes du terrorisme à l'adopter, et ce, soit pour des raisons maladives liées à la psychologie, soit par méconnaissance de la réalité de la religion. Nous avons dressé, pour notre part, un certain nombre de facteurs, sachant qu'il y a d'autres facteurs non moins importants.
Premièrement :
- L'ignorance du saint Coran et des sciences y afférentes ;
- L'ignorance de la teneur du Coran et de l'effort d'interprétation qui doit être fourni pour en pénétrer le sens profond. A cet égard, il est indispensable de faire appel aux sciences avancées pour nous appréhender ces mystères ;
- L'absence d'une exégèse contemporaine du Coran qui ne soit pas l'ouvre d'un seul type de savants, mais plutôt celle d'une équipe de gens compétents et spécialisés dans différents domaines de savoir, tels que la philologie, la linguistique, les sciences exactes, la sociologie, la psychologie, l'anthropologie et la philosophie, etc., bref toutes les disciplines nécessaires pour pénétrer les secrets et les mystères du Saint Coran.
Deuxièmement :
- La méconnaissance et l'interprétation erronée de la Sunna et du Hadith.
- La méconnaissance de la bienveillance du Prophète (PSL) et de sa biographie.
- L'ignorance de la pertinence et du poids de la Sunna, qui complète le Saint Coran. Al-Qortobi a été jusqu'à dire que le Coran a plus besoin de la Sunna que la Sunna a besoin du Coran.
- La méconnaissance de l'élément historique qui fait que la loi islamique soit constante et immuable, alors que les choses de la vie courante changent selon l'époque.
Troisièmement :
- La méconnaissance du Fiqh qui est un ensemble de règles dont certaines sont positives et d'autres conjecturales.
- La méconnaissance du rôle que doit assumer l'effort d'interprétation dans les limites fixée par les théologiens.
- La méconnaissance de l'ouverture d'esprit dont se distinguaient les premiers législateurs.
- Le rejet de la différence qui est, en réalité, source de clémence et de tolérance en matière religieuse (droit des Gens du Livre de pratiquer leur culte) ainsi qu'en matière temporelle (tirer bénéfice des sciences et des connaissances produites par les autres cultures et qui ont enrichi la culture islamique).
Quatrièmement :
- Incapacité à appréhender la réalité de l'époque.
- Le refus -comble de l'ignorance- de «traiter» avec «l'Autre» qui devient, de facto, un ennemi.
- La méconnaissance de l'histoire des idées. D'abord empreinte d'ouverture et fondée sur le dialogue et l'argumentation à l'époque du Prophète (PSL) puis de ses Compagnons et leurs successeurs, la relation entre les musulmans et les autres communautés a changé par la suite, donnant naissance à deux clans antagonistes, les fidèles d'un côté et les mécréants de l'autre côté, ou les Gens du Croissant et les Gens du Crucifix. L'hostilité ici est évidente, et c'est elle qui nourrit le terrorisme et fait l'affaire des gens assoiffés de sang. Que dire alors lorsque l'islam est devenu un foyer de sous-développement et l'Europe celui de développement ? Un tel changement radical ne devrait-il pas inciter à la quête du savoir, du progrès et du développement plutôt qu'à la recherche de la confrontation avec le monde développé, quelles que soient ses intentions et ses positions vis-à-vis de l'Islam ? Ne serait-il pas plus judicieux pour nous d'emboiter le pas de nos ancêtres qui ont fait le choix de la science et de la connaissance alors qu'ils étaient en position de force, tandis que les musulmans aujourd'hui vivent dans un état de sous-développement scientifique et technologique très grave ?
Telles sont les grandes lignes d'un travail de recherche qui nous comptons aborder plus en détail ultérieurement. Quelle est donc la force du savoir par rapport à la psychose de la force de la force ?
A notre sens, le dialogue est le terme le plus approprié qui renvoie à la connaissance, tout comme la psychose est le terme global qui revoie au terrorisme. Mais pour commencer, il faudrait d'abord définir le dialogue.
3. Le dialogue
Le dialogue est passé par plusieurs étapes. Nous nous limiterons à en aborder deux.
Première étape : Il s'agit du dialogue fondé sur l'échange de connaissance et le profit que les civilisations tirent les unes des autres. Car en dépit de quelques conflits ponctuels, les communautés humaines ont fini par reconnaître, à différents étapes, l'avantage de la coopération et de l'argumentation dans la réalisation des objectifs humains. En somme, la tension et l'hostilité qui ont marqué les relations entre les communautés humaines à différentes époques n'ont jamais pu éclipser le besoin de communication entre les civilisations. A cet égard, les deux exemples édifiants suivants sont tirés de l'histoire de la civilisation arabo-islamique dans deux grandes capitales, Damas dans une première étape et Bagdad par la suite.
Les civilisations mitoyennes de la Péninsule arabique et de la civilisation arabe émergeante étaient différentes. Ainsi, la civilisation grecque était connue sur le plan de la philosophie et des sciences, tandis que la civilisation de l'Inde se distinguait par la sagesse, la civilisation perse par la politique, la civilisation romaine par sa puissance militaire, et la civilisation éthiopienne par son caractère théologique. Or toutes ces civilisations se sont retrouvées à Damas d'abord, puis à Bagdad, et ce brassage a conduit à ce que l'on peut appeler «interaction intellectuelle», qui a donné naissance à une véritable évolution sur le plan des connaissances et des sciences. Rappelons que c'est à la civilisation arabo-islamique que revient le mérite de la découverte du "zéro" et des logarithmes en mathématiques, grâce à Al-Khawarizmi, une invention qui a bouleversé radicalement les sciences mathématiques. Plutôt que d'en faire une propriété «privée», cette civilisation a choisi de diffuser et partager ces inventions, leur conférant ainsi une dimension humaine.
Kairouan, première capitale tunisienne, était, du point de vue de la culture arabo-islamique, un centre de rayonnement pour le Maghreb, l'Afrique subsaharienne et l'Espagne, en particulier l'Andalousie. Kairouan était le centre d'une grande civilisation qui a permis à l'Andalousie d'avancer dans les domaines de l'astronomie, de la médicine, des sciences vétérinaires, de l'algèbre, de la géométrie et de l'optique, tant et si bien que les Andalous sont devenus à leur tour des savants auxquels on doit la découverte de la circulation sanguine et des nouvelles techniques agricoles. L'Andalousie était le portail de la science et de la connaissance qui a favorisé la renaissance de l'Europe. Alors que l'Europe était encore au Moyen-âge, la Tunisie, avec sa capitale Kairouan, vivait un véritable essor scientifique qu'elle n'a pas tardé à propager, convaincue qu'elle est que le produit de la civilisation est un droit pour l'ensemble de l'humanité. C'est ce principe qui est à l'origine de l'évolution épistémologique, telle qu'elle est désignée par la renaissance moderne depuis que la civilisation est passée de l'Orient à l'Occident.
Dans la plupart des étapes anciennes, le dialogue se traduisait par des négociations et aboutissait à la conclusion d'accords entre antagonistes ou des transactions entre communautés servant les intérêts communs.
Deuxième étape : Cette étape est apparue avec l'évolution des mentalités sous l'influence des découvertes scientifiques et de leur impact économique et politique. Il n'était plus alors possible de se contenter d'un dialogue portant sur des intérêts ponctuels, le besoin se faisant désormais ressentir pour un dialogue portant sur des intérêts stratégiques. La signification et les fonctions du dialogue lui-même ont évolué en conséquence.
L'un des principaux facteurs qui ont contribué à l'évolution de la portée du dialogue est probablement l'évolution de la langue qui est devenue non seulement un moyen et un outil de communication, mais aussi un acte et une création. En effet, la linguistique et les disciplines connexes sont devenues une sorte de fenêtre de l'homme sur le monde. Ce bouleversement linguistique a créé un besoin pour une nouvelle forme de communication fondée sur la nécessité de traiter les relations intercivilisationnelles d'une façon scientifique et tirer profit de la "révolution" linguistique qui a libéré non seulement les langues, mais aussi les esprits.
La philosophie moderniste figure également parmi les facteurs ayant favorisé l'évolution du dialogue, en ce sens qu'elle est passée d'un mode de réflexion centré sur l'essence des choses à un autre mode axé sur la recherche de la relation entre les apparences conformément à la logique de la relativité et non aux paramètres constants et absolus. Le dialogue a tiré profit de ces nouvelles perspectives qui ont invalidé les concepts d'introversion, d'exclusion et de négation, conduisant ainsi à un changement au niveau des relations entre les individus, les communautés, les nations et les civilisations. Bien que les séquelles du passé, jonché de querelles et d'hégémonie, ressurgissent de temps à autre et que les signes de domination et d'imposition des idées et des méthodes sont encore apparents, ces toutes premières années du vingt-et-unième siècle sont encourageantes et incitent à l'optimisme pour toutes les personnes éprises de paix et de sécurité dans le monde. Elles sont également encourageantes pour les académiciens et les personnes assoiffées de science et de connaissances, de même qu'elles incitent les organisations et institutions internationales à exploiter cette opportunité pour enrichir le dialogue entre les civilisations.
Or, il est une approche, une forme ou une science appelée l'argumentation qui distingue entre les deux types de dialogue, celui de l'intérêt ponctuel et celui de l'intérêt stratégique, ou encore le dialogue des relations héritées du passé et les nouvelles relations.
L'argumentation, dans ce contexte, est à comprendre non pas dans le sens de la polémique et de la discussion contestataire, mais plutôt dans le sens d'une science objective en vertu de laquelle le dialogue entre les parties s'effectue sur des bases scientifiques, qui sont les plus adaptées à l'ère contemporaine.
Dans sa signification moderniste, le dialogue est fondé sur le principe qui veut que la vérité se trouve éparpillée dans différents endroits, qu'elle n'est pas l'apanage d'une seule civilisation et que la solidarité et la coopération sont les facteurs qui permettent d'en tirer le meilleur avantage.
Nous pouvons ainsi constater que, du fait que le concept de civilisation s'appuie sur l'assise épistémologique, que le concept de dialogue a acquis désormais une dimension scientifique et que la mise en lien entre ces deux concepts exige l'adoption d'une méthodologie correcte et appropriée.
L'on peut donc, dans cet esprit, tirer profit du dialogue des civilisations, étant donné que la plupart des gens préfèrent le dialogue à la collision, la paix à la guerre.
4. Le pari
Pour traiter le dialogue des civilisations, il faudra des motifs objectifs et autres méthodologiques.
Les motifs objectifs passent par la science et la connaissance. De fait, nous vivons aujourd'hui dans un village planétaire régis par des lois qui, au XIX° siècle, s'inspiraient de la chimie, puis de la physique au XX° siècle et de la biologie au XXI° siècle. Mais la chimie, la physique et la biologie ne sont-elles pas des sciences communes à l'ensemble de l'humanité, du moins sur le plan des résultats ? En effet, toutes les industries et technologies qui en sont issues sont partagées entre les êtres humains, chacun selon ses besoins et ses moyens, car elles sont indispensables pour se mettre à l'air du temps. Toutes les découvertes se propagent grâce à la communication et aux systèmes informatiques modernes. Les gens les plus intelligents - chose qui n'exige pratiquement pas des moyens matériels - sont ceux qui jouissent de la plus grande partie de ces découvertes et de leurs résultats. C'est aussi le cas de la connaissance qui est intrinsèque à tous les arts humains, naturels ou autres. Elle est à la disposition de tout individu capable de se l'approprier ou d'y veiller. C'est ce qui justifie précisément la discussion sur la société du savoir et la société de l'information. Ces deux moyens, la science et la connaissance, sont la voie vers l'édification du dialogue entre les civilisations. D'autre part, la science et la connaissance n'ont pas de nationalité, de géographie ou d'histoire unique, mais elles naissent et évoluent dans le cadre de la fusion entre ces différents éléments. Et quand bien même on aurait l'impression qu'une civilisation nommée porte à un moment donné le flambeau de la science et la connaissance, la logique veut que celles-ci soient le résultat du brassage des races et de la complémentarité de leurs efforts.
Il suffit d'observer le nouveau type de culture qui se répand, partout dans le monde, parmi les jeunes pour se convaincre du rôle que jouent désormais la science et la connaissance. Ces jeunes adoptent de plus en plus le mode virtuel issu de l'univers numérique et du cyberespace, produit de la technologie avancée et de l'Internet. Peut-on empêcher un enfant à travers le monde de naviguer dans cette culture ? Qu'il soit en Tunisie, en Corée du Sud ou ailleurs, l'enfant recherche le virtuel de façon quasi spontanée. Les enfants de la nouvelle génération diffèrent de leurs parents et grands-parents par le fait qu'ils jouissent d'une imagination anticipative et prospective, alors que la culture de ces derniers verse dans l'imaginaire, la relation entre eux et la réalité étant empreinte d'irréalité.
Certes, il existe une grande différence entre les sociétés sur le plan des moyens technologiques, mais le peu qui parvient aux nouvelles générations des catégories défavorisées est suffisant pour créer en eux la culture du virtuel.
La voie que nous préconisons ici pour le dialogue des civilisations n'est pas impossible, car elle s'appuie sur une base objective, à savoir la disponibilité de la science, de la connaissance et de la culture axée sur le virtuel, mais aussi sur une base psychique, à savoir l'ancrage de l'espoir dans l'esprit des jeunes.
La seconde raison est le passage du conflit des ethnies, avec tout ce qu'il a induit en termes de conflits d'intérêts et d'hégémonie nourris par le colonialisme, à un conflit ayant une dimension civilisationnelle. S'agit-il là du choc des civilisations annoncé par l'américain Huntington ou, au contraire, du dialogue des civilisations tel que souhaité par les intellectuels du monde entier et par toutes les personnes éprises de paix et de coopération ?
L'époque que nous vivons en ce début du vingt-et-unième siècle est celle des civilisations (occidentale, islamique ou extrême-orientale, telles que la civilisation chinoise ou coréenne). Toutes ces civilisations ont leurs propres spécificités culturelles évidentes. Ceci implique les deux observations suivantes :
La première observation concerne la mise à profit de la différence. En effet, la diversité culturelle comporte deux aspects. L'un concerne la différence fondée sur le chauvinisme, le fanatisme et le repli sur soi, éléments qui sont à l'origine des conflits, des luttes et du terrorisme. L'autre aspect concerne la différence fondée sur le principe de respect, celui-ci étant compris non pas dans le sens moral théorique, mais plutôt le respect dans sa dimension pratique. Il s'agit, en l'occurrence, de la nécessité de mettre à profit cette différence, dans la mesure où elle peut s'avérer un élément d'enrichissement et de soutien. Ainsi, a partir du moment où la différence devient une base pour le dialogue, elle cesse d'être un motif d'hostilité entre les civilisations, et par conséquent les points de différence deviennent des facteurs incitant à l'échange d'intérêts mutuels.
La deuxième observation concerne la distinction entre les spécificités et les généralités. Chaque civilisation a le droit de préserver ses spécificités, la conservation des cultures étant en soi une nécessité, à condition toutefois que les identités restent ouvertes. C'est la voie qui mène à l'universalité dans ce monde où les mutations avancent à pas de géant. Aussi, la spécificité construit-elle la citoyenneté dans le cadre de l'universalité, comme le préconise l'UNESCO.
A titre d'exemple, un musulman éclairé et attaché à son identité est le plus habilité à dialoguer avec les adeptes d'autres religions attachés, à leur tour, à leur identité, dès lors qu'ils sont tous ouverts au dialogue. Ensemble, ils sont en mesure, tant sur le plan individuel, communautaire et national que sur le plan de leur attachement civilisationnel, à construire avec succès un modèle de dialogue des civilisations. Ce modèle peut même devenir l'exemple à suivre par les autres. Nous avons besoin, en réalité, du modèle qui traduira les conséquences du dialogue des civilisations et des bénéfices matériels et moraux qui en découlent.
La troisième observation concerne les valeurs émergentes. A cet égard nous nous contenterons de celles qui se rapportent à l'environnement et à la pauvreté.
La solidarité est l'une des valeurs communes à toutes les civilisations. Car elle a une dimension universelle. Sur le plan local, une attitude culturelle à été développé dans ce sens en inculquant aux individus et aux groupes la culture de la solidarité, laquelle a débouché sur des résultats positifs qui ont permis de combattre et surmonter la pauvreté.
La valeur de solidarité est, d'autre part, liée à l'environnement et la pollution. A cet égard, la couche d'ozone représente un fléau dangereux dont les retombées négatives menacent l'humanité partout dans le monde. Aussi la solidarité entre tous les pays est-elle nécessaire pour juguler ce fléau et aboutir à des résultats susceptibles de préserver et de protéger l'humanité, tant il est vrai que la menace ne concerne pas société ou une civilisation données, mais plane sur l'humanité tout entière. Or si la valeur de la coopération ici est si importante, elle est donc, incontestablement, la voie objective vers le dialogue des civilisations.
Ne devrait-on pas, dès lors, privilégier les pistes, les points communs et les intérêts réciproques susceptibles de mener au dialogue, afin de pouvoir changer les équations et les relations ?
S'agissant des motifs méthodologiques, nous citerons notamment la nécessité de distinguer entre l'appartenance à une civilisation et la nécessité pour les civilisations de composer entre elles. Ceci implique une valeur à la fois morale, comportementale et méthodologique, à savoir le droit à la différence. Or le droit est le langage des lois, et les lois sont indispensables au dialogue des civilisations, car elles garantissent la connaissance et le respect des limites. D'autre part, la différence est une chose naturelle, car les gens sont nés différents, chaque individu étant différent de l'autre, et chaque communauté étant différente de l'autre, de même que chaque civilisation est différente d'une autre. Admettre le droit à la différence, c'est reconnaître les spécificités de l'autre, et ceci favorise un dialogue des civilisations centré sur les points communs et non les points de différence et de divergence.
Sur le plan de la planification, en matière de dialogue des civilisations, il faut également procéder par étapes et assurer la réalisation successive des objectifs tracés, de sorte que les objectifs atteints deviennent à leur tout le point de départ pour la réalisation de nouveaux résultats, et ainsi de suite.
La neutralité constitue une autre condition indispensable au succès du dialogue. Il s'agit ici de veiller à ne pas laisser des facteurs tels que l'appartenance idéologique, ethnique ou religieuse influer sur la relation avec l'autre. Nous avons appelé cet aspect la "neutralité", compte tenu de l'effort qu'il convient d'entreprendre pour la mise en place des facteurs menant au dialogue. En effet, la méthodologie du dialogue implique que nous éliminions les motifs d'hostilité et de défiance et les préjugés, pour ne retenir que les éléments susceptibles de favoriser la compréhension, la coopération et la complémentarité.
Comme nous avons tenté de l'analyser, le dialogue est le premier outil de connaissance à l'époque moderne qui rejette le terrorisme. Dans ce sens, le dialogue sort des sentiers battus et acquiert une dimension cognitive qui en fait la voie incontournable pour passer du stade des tensions menant au terrorisme au stade d'entente et de symbiose. Or la connaissance est l'outil par excellence qui permet d'atteindre cet objectif.
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la vérité amère est mille fois meilleure qu’une illusion tranquillisante. Mais cette vérité doit être en première étape, pour passer ensuite à la résolution du problème et non pas à l’enraciner encore plus. L’ennemi proche ou lointain, complote contre nos sociétés musulmanes. L’ennemi sioniste proche et l’Occident lointain, complotent ensemble pour que nos sociétés musulmanes se déchirent. Semer la scission entre les sectes est leur carte gagnante, pour que nos sociétés s’affaiblissent, s’appauvrissent et deviennent corrompues, et tombent ainsi dans le piège des guerres civiles, comme nous les voyons dans les pays mitoyens. Pour que nos sociétés délaissent leur religion, et il nous suffit comme preuve de sortir dans les rues de n’importe quelle ville d’un pays Musulman, ou dans l’un de leurs marchés, ou de regarder leurs nouvelles, pour nous rendre compte de l’invasion culturelle qui s’y propage. Par Dieu, cette invasion culturelle est mille fois plus dangereuse que n’importe quelle autre invasion, résultat de la destruction de l’esprit et de la prime nature, qu’ils veulent pour cette nation:
﴾ … Vous, (Musulmans) vous les aimez, alors qu’ils ne vous aiment pas;… ﴿
(La Sourate Al-Baqara, La Vache: 119)
Une leçon importante de la part du Créateur des cieux et de la terre. Cette nation contre laquelle ses ennemis complotent tellement:
﴾ Ils ont certes comploté. Or leur complot est (inscrit) auprès d’Allah même si leur complot était assez puissant pour faire disparaître les montagnes...﴿
(La Sourate Ibrâhîm, Abraham: 46)
Dieu, le Créateur des cieux et de la terre décrit leur complot, qu’il peut faire disparaitre des montagnes. Ils complotent pour appauvrir, égarer, humilier, exterminer cette nation. Un million de victimes en Irak, un million d’handicapés, cinq millions de sans abris, et personne ne lève le petit doigt en Occident. Dieu, Exalté soit-Il, dit:
﴾ Ils ont certes comploté. Or leur complot est (inscrit) auprès d’Allah même si leur complot était assez puissant pour faire disparaître les montagnes...﴿
(La Sourate Ibrâhîm, Abraham: 46)
Mais Dieu, Tout Puissant, a tracé pour nous le chemin du salut. Je ne discute pas du sujet pour nous accabler, mais pour essayer de lui trouver une solution.
Faire face aux pressions externes:
Me croirez-vous si je vous dis que la solution aux problèmes du monde islamique se trouve dans un verset du Coran ?
﴾ … Mais si vous êtes endurants et pieux, leur manigance ne vous causera aucun mal...﴿
(La Sourate Al-‘Imrân, La Famille d’Imrân,: 120)
Et mettre fin à l’univers est bien plus aisé pour Dieu que de ne pas réaliser Sa promesse faite aux croyants. Ainsi, la désobéissance avec la patience est le chemin vers la tombe, mais l’obéissance avec la patience est la voie vers la victoire. Notre religion nous apprend la bonne manière de faire face aux pressions externes et ses défis. Non pas en y répondant, ce qui pourrait nous entrainer dans des conflits perdus d’avance, mais en nous retournant vers l’intérieur, en essayant de résoudre les problèmes internes, en purgeant l’intérieur, en se réconciliant avec Dieu. Comme c’était le cas, à un moment donné, des compagnons à la Mecque. Ceci est sûrement difficile, car on s’autocritique. Ce verset:
﴾ … Mais si vous êtes endurants et pieux, leur manigance ne vous causera aucun mal...﴿
est l’axe principal de cette leçon, pour que nous puissions en tirer certaines vérités:
Plusieurs textes nous renvoient vers le besoin de l’autocritique de l’intérieur, le redressement de la situation, son amélioration, pour faire face à l’extérieur.
Appliquer l’ordre Divin dans ce qu’on possède:
Chers frères, si on est dans un domaine qu’on possède, on en est le gérant et celui qui donne les ordres, mais si ce domaine fait partie d’un plus grand domaine qu’on ne contrôle pas, et qui est géré par un tyran, quelle est la réaction du croyant ? Il doit appliquer les prescriptions de Dieu dans ce qu’il possède, pour qu’Il le protège de ce qu’il ne possède pas. C’est le sens contenu dans les paroles divines:
﴾… En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes...﴿
(La Sourate Ar-Ra’d, Le Tonnerre: 11)
Les puissance tyranniques ennemies, qui complotent, possèdent le grand domaine, alors qu’on est dans le petit domaine, gérant de chez soi, de notre emploi, et on ne demande que ca, et c’est ce qui est en notre pouvoir. Et
﴾… En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes...﴿
comment ?
﴾Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité...﴿
(La Sourate Al-Baqara, La Vache: 286)
On peut se contrôler pour ne pas mentir, ne pas trahir, ne pas nous égarer. On a le contrôle sur notre foyer, notre emploi, nos familles, et donc on doit y appliquer les ordres divins, pour que Dieu nous protège de ce que nous ne possédons pas.
L’éloignement de Dieu est la principale raison de ce qui arrive:
Chers frères, celui qui connait la méthode coranique dans les récits des anciens peuples, note que les raisons de leur extinction ainsi que leurs civilisations, ne reviennent nullement à un quelconque manque de population, ou de mauvaise gestion et exploitation des ressources, mais elles revenaient à une déficience interne, qui est l’éloignement et le rejet de la méthode divine. Et croyez-moi quand je vous dis, que la plupart des maladies chroniques et incurables dont on souffre, sont les symptômes d’une seule maladie, qui est l’éloignement de Dieu, Exalté soir-Il. Et le rejet des messages prophétiques est la plus grande cause dont souffre la nation. Un extrait d’un hadith Qudssi:
« … Ô Mes serviteurs ! Si vos premiers et vos derniers, vos Humains et vos Djinns se rassemblaient tous debout sur un seul terrain et Me demandaient ce qu’ils voulaient et J’exauçais toutes leurs demandes, cela ne diminuerait rien de ce que Je détiens sauf comme ce qui diminue une aiguille plongée dans la mer. Ô Mes serviteurs ! Ce ne sont que vos œuvres que Je compte pour vous, pour vous rétribuer. Celui qui trouve du bien qu’il loue Allah; autrement, qu’il ne fasse de reproches qu’à lui même. »
(Moslim, At-Termidhi et Abi Dhar Al-Ghifâry)
Des paroles tellement claires et évidentes. Ainsi, celui qui trouve du bien, il loue Dieu, une grâce divine en soi. Et celui qui ne trouve que du mal ne se le reproche qu’à lui-même. »
La victoire individuelle puis celle collective:
Dieu, Tout Puissant, dit:
﴾Ne faiblissez pas dans la poursuite du peuple [ennemi]. Si vous souffrez, lui aussi souffre comme vous souffrez, tandis que vous espérez d’Allah ce qu’il n’espère pas. Allah est Omniscient et Sage.﴿
(La Sourate An-Nissâ’, Les Femmes: 104)
Si les Musulmans souffrent ce qu’ils souffrent, le moyen de guérison existe, mais les adversaires sont atteints de maladies incurables:
﴾ Puis, lorsqu’ils eurent oublié ce qu’on leur avait rappelé, Nous leur ouvrîmes les portes donnant sur toute chose (l’abondance); et lorsqu’ils eurent exulté de joie en raison de ce qui leur avait été donné, Nous les saisîmes soudain, et les voilà désespérés. ﴿
(La Sourate Al-An’Am, Les Bestiaux: 44)
‘Omar Ibn Abdel-Azîz, que Dieu lui fasse miséricorde, a montré cette vérité en disant: « les gens souffrent d’autant d’épreuves qu’ils commettent de turpitude. Les punitions répressives ne forment pas une société, mais elles la protègent. » Ceci est une vision Islamique évidente. En effet, une partie des versets des jugements et punitions ne constituent pas plus que dix versets dans le Noble Coran, alors que les autres visent à former l’homme d’une manière positive.
Trop de lois compliquées sont en faveur des plus forts, et affaiblissent encore plus les pauvres. Et la tyrannie n’a jamais été la solution aux problèmes, mais elle les ajourne. Ce noble verset nous apprend que la victoire individuelle précède la victoire générale. Signifiant que le croyant doit commencer par lui-même, chercher les causes de sa faiblesse, ses transgressions, les péchés qu’il aurait commis, au manquement à ses devoirs qu’il aurait fait, et il doit se réconcilier avec Dieu, s’autocritiquer et se demander des comptes sévèrement… et ce n’est qu’à ce moment la que Dieu enverra la délivrance à toute la nation.
﴾ … Mais si vous êtes endurants et pieux, leur manigance ne vous causera aucun mal...﴿
(La Sourate Al-‘Imrân, La Famille d’Imrân,: 120)
L’homme doit endurer et se réconcilier avec Dieu:
L’endurance étant de supporter les fatigues et efforts, et un suivi rigoureux dans l’accomplissement des obligations, peu importe la dureté des circonstances. Car la patience est la moitié de la victoire, et la deuxième moitié vient des erreurs de l’ennemi:
﴾ Quant à ceux qui ont émigré après avoir subi des épreuves, puis ont lutté et ont enduré, ton Seigneur après cela, est certes Pardonneur et Miséricordieux...﴿
(La Sourate An-Nahl, Les Abeilles: 110)
Chers frères, si vous patientez et êtes pieux, votre piété est votre immunité intérieure contre l’influence des mauvaises situations environnantes. Puisque les malheurs qui arrivent posent des limites face à l’élévation de l’âme humaine. Ainsi, il est important d’être endurants et de se réconcilier avec Dieu.
Discipliner l’âme et l’élever est la base de la résolution des problèmes:
Chers frères, la discipline de l’âme, son amélioration, son renforcement, et son élévation prennent plusieurs formes. Parmi lesquelles, plus de conformité dans l’accomplissement des actes cultuels, résister aux tentations, la coopération, le réconfort, le sacrifice, l’altruisme… le Musulman ne peut pas trop s’éloigner de l’état général de la société, car cet éloignement est fatiguant et coûteux. En effet, quand subvenir à ses besoins quotidiens ne peut être que par des moyens illicites, pour la majorité des gens, ceux qui utiliseront des moyens licites seront une minorité, et leurs principes seraient toujours éprouver, et cela pourrait même leur causer des problèmes avec leurs proches.
Nous avons grandement besoin de connaitre les limites qui séparent le facile du difficile, entre ce que nous pouvons changer et ce que nous ne pouvons pas, entre ce que nous possédons et ce que nous ne possédons pas, pour que l’on puisse minimiser notre marge d’erreur, et nos conflits et discussions stériles. Nous avons également besoin d’économiser nos efforts et temps, car quand on connait d’ores et déjà qu’un tel chemin est une impasse, on se dirige directement vers le chemin ouvert. Et quand on sait ce qu’on peut faire, et ce qu’on ne peut pas, on se dirige vers ce qu’on peut faire. De telles vérités sont à prendre en considération. Ainsi, le verset dit:
﴾A côté de la difficulté est, certes, une facilité! ﴿
(La Sourate Ach-Charh, L’Ouverture: 6)
Par Dieu, Le Seigneur Unique de l’Univers, s’il n’y avait dans le Coran que ce verset, il aurait suffi
« A côté de la difficulté est, certes, une facilité! »
C’est un augure pour les croyants, que toute épreuve prendra fin par la délivrance, même si cela dure. Et que l’obscurité contient, en son sein, une aube attendue:
Même si la nuit dure l’aube doit venir
Et même si la vie dure on finit par descendre sous terre
***
La Victoire avec la patience, et la délivrance avec la peine:
Chers frères, la Victoire vient avec la patience, et la délivrance avec la peine. Et au sein de chaque épreuve, existe les graines de sa délivrance et sa solution. Et que toutes les crises dont nous souffrons ont des solutions adéquates, quand le cerveau qui y pense existe, celui qui raccommode les blessures, la peine d’une mère pour son enfant, celle du cœur, un cerveau prudent… les problèmes seront résolus:
﴾A côté de la difficulté est, certes, une facilité! ﴿
(La Sourate Ach-Charh, L’Ouverture: 6)
Les nobles compagnons, de fins linguistes, ont expliqué que la répétition a des règles. Ainsi, si un nom défini se répète, il désigne la même chose, mais quand il est indéfini, il signifie que le premier nom est différent du deuxième:
﴾A côté de la difficulté est, certes, une facilité! A côté de la difficulté est, certes, une facilité! ﴿
(La Sourate Ach-Charh, L’Ouverture: 5-6)
Ainsi, ‘la difficulté’ est définie et donc signifie la même chose, mais ‘une facilité’ signifie que la première facilité est différente de la deuxième. Ibn Abbâs a dit: « Une difficulté ne vaincra pas deux facilités. » Ainsi, dans ce verset, il y a une mention sublime qu’il y a une délivrance après l’épreuve. L’épreuve comporte la délivrance en elle-même, quand on est en pleine épreuve, elle comporte en son sein la graine de la délivrance. C’est la raison pour laquelle ne désespère que quelqu’un qui n’a pas confiance en la miséricorde de Dieu, et cette absence de confiance est de la mécréance.
Le pire qui puisse arriver à la nation, est d’être détruite de l’intérieur:
1. La mauvaise éducation:
Chers frères, les épreuves et peines répétées causent, ce que les spécialistes appellent, la culture du désespoir, la culture de la dépression, celle de l’impasse. Ce qui est plus dangereux pour nous que nos ennemis. Le pire que la nation peut subir est qu’elle soit vaincue de l’intérieur.
Chers frères, cette maladie a des causes, parmi lesquelles, la mauvaise éducation que l’individu subit. Il suffit que le père dise, devant ses enfants, qu’il n’y peut rien, et nous sommes finis. Le désespoir s’est infiltré à ses enfants. Ainsi, la principale raison de cette situation vécue est la mauvaise éducation. Alors que le croyant est optimiste, il doit enraciner cet optimisme auprès de son entourage.
2. Traiter avec la réalité comme si elle ne changeait pas:
On souffre d’un autre problème, on croit que la réalité ne change pas. Nos ennemis arrogants ont changé, ils étaient l’arme utilisée par l’Occident pour écraser n’importe quel pays du Moyen Orient qui ose s’opposer à l’Occident, mais cette arme a été vaincue en 2006 et en 2008, deux fois, et la réalité a changé. Celui qui se tient au courant des nouvelles de l’ennemi, il se rend compte que leurs objectifs ont changé. Il y a 60 ans ils cherchaient la sécurité et de nos jours, ils cherchent la survie. De plus, ils avaient l’habitude de bombarder sans que l’on riposte, on avait peur et pas eux, on accourait aux abris, et eux pas. Et de nos jours, ils bombardent et nous faisons de même, ils ont peur tout comme nous, et ont recours aux abris tout comme nous, il existe maintenant un équilibre dans la peur, et un changement d’objectif de la sécurité vers la survie. De plus, ils avaient l’avantage de la force de frappe, ils déclaraient la guerre et la finissaient quand bon leur semblait. Maintenant, ils sont toujours aussi forts, mais ils ne contrôlent plus la fin de la guerre. Pendant la guerre de Gaza, le premier jour, ils ont bombardé 800 cibles, comme si cette guerre ne nécessitait qu’une seule journée, et après 22 jours, leurs objectifs n’étaient toujours pas atteints. Ils ont donc perdu cette force de décision, leur objectif a changé pour devenir un objectif de survie, et il existe un équilibre dans la crainte. Et Dieu, Tout Puissant, dit:
﴾ Pharaon était hautain sur terre; il répartit en clans ses habitants, afin d’abuser de la faiblesse de l’un d’eux: Il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraiment parmi les fauteurs de désordre. Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants et en faire les héritiers ﴿
(La Sourate Al-Qassas, Le Récit: 4-6)
3. Ne pas se rendre compte des éléments internes du problème:
Chers frères, parmi les causes des nombreux problèmes, est que l’on ne prenne pas en considération les éléments internes du problème, on compare notre force à la leur, nos alliés aux leurs. Mais il y a une grande différence. Mais je n’ai jamais entendu parler d’un avis qui parlait de nos erreurs, de notre éloignement de notre Seigneur, de notre manquement à nos devoirs, de notre éloignement les uns des autres. Un grand problème est le fait de ne pas faire attention aux éléments internes du problème.
4. Des lois de Dieu l’alternance des forces:
Il y a une loi ou Sunnah du Créateur des cieux et de la terre qui est mentionnée dans le verset qui suit:
﴾ …Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et mauvais) parmi les gens… ﴿
(La Sourate Al-‘Imrân, La Famille d’Imran: 140)
De par Ses lois, Dieu, Exalté soit-Il, alterne la force entre les croyants et les mécréants. Quand on est éprouvé on devrait patienter, être solidaires, et ne pas permettre au désespoir de nous ronger:
L’individu droit est renforcer par Dieu:
﴾ … Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d’Allah, vaincu une troupe très nombreuse! Et Allah est avec les endurants﴿
(La Sourate Al-Baqara, La Vache: 249)
Si Dieu est avec toi, malgré les différences, qui sera contre toi ? Et s’Il est contre toi, qui serait avec toi ?
﴾ … Ṭālūt dit: «Voici: Allah va vous éprouver par une rivière: quiconque y boira ne sera plus des miens; et quiconque n’y goûtera pas sera des miens; - passe pour celui qui y puisera un coup dans le creux de sa main.» Ils en burent, sauf un petit nombre d’entre eux. Puis, lorsqu’ils l’eurent traversée, lui et ceux des croyants qui l’accompagnaient, ils dirent: «Nous voilà sans force aujourd’hui contre Goliath et ses troupes!»…﴿
(La Sourate Al-Baqara, La Vache: 249)
Ils se sont affaiblis quand ils ont désobéi. Ainsi la désobéissance entraine la faiblesse et la droiture est renforcée par Dieu, Exalté soit-Il.
Dieu, Exalté soit-Il, dit:
﴾ … Car Allah est avec ceux qui sont endurants. ﴿
(La Sourate Al-Baqara, La Vache: 153)
Il faudra avoir la foi que quand Dieu est avec toi, tu es plus fort que tous les forts. Si Dieu est avec toi, malgré les différences, qui sera contre toi ? Et s’Il est contre toi, qui serait avec toi ?
﴾ … S’il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vaincront deux cents... ﴿
(La Sourate Al-Anfâl, Le Butin: 65)
La réconciliation avec Dieu est la base de la solution:
Chers frères, certains principes et idées sont à tirer de notre situation précaire. Le Prophète, bénédictions et paix sur lui, dans un hadith, dit, comme s’il était avec nous:
((Les nations se rassembleront contre vous de toute part, comme les gens se rassemblent autour du plat pour manger. Nous dîmes: -« O Messager d’Allah ! Est-ce que c’est à cause du fait que nous ne serons pas nombreux à cette époque ». Il dit: « Vous serez nombreux à cette époque, mais vous serez comme l’écume du torrent. La peur sera enlevée des cœurs de vos ennemis, et le “wahne” sera mis dans vos cœurs ». Ils dirent: -« Qu’est-ce que le “wahne” ? ». Il dit:
« L’amour de ce monde et la répulsion de la mort ».))
(Rapporté par Abu Dawoûd d’après Thwbpan)
On est 1.5 milliards, possédant la majorité des ressources de la terre… comme si le Prophète était avec nous.
Chers frères, il nous faudra nous réveiller de notre état d’assoupissement, que nous rendions des comptes à nous-mêmes, que nous nous réconcilions avec Dieu. On devrait, temporairement, nous pencher vers notre intérieur pour nous réformer, pour que Dieu nous facilité les relations avec l’extérieur, et il nous faut nous réconcilier avec Dieu, exalté soit-Il.
La propagation de la turpitude, la raison des maladies:
Ibn Mâdja, Al-Bazzâr et Al-Bayhaqy rapportent d’après ‘Abdillah Ibn ‘Omar, il a dit:
((Le Prophète, bénédiction et paix sur lui, se dirigea vers nous et dit: "O Mohâdjirine, qu'en sera-t-il de vous lorsque cinq choses arriveront parmi vous ? Je cherche protection auprès d'Allah qu'elles ne surviennent au milieu de vous ou que vous viviez jusqu'à les connaître ! La turpitude n'apparaît jamais au sein d'un peuple, pratiquée ouvertement aux yeux de tous, sans que ne se propagent parmi eux la peste et les maux qui n'existaient pas chez leurs prédécesseurs.))
(Rapporté par Ibn Mâdja, d’après Ibn ‘Omar)
Et c’est ce qui est arrivé ! Tant de maladies dont souffre le monde en entier à cause de la propagation de la turpitude. Certaines statistiques avancent que, dans le monde, il existe maintenant 67 millions de malades atteints de SIDA, à cause de la turpitude.
((- Un peuple n'empêche pas l'établissement de la Zakât sans se voir privé de l'eau du ciel. Si ce n'était pour les animaux, ils ne recevraient pas la pluie. -Un peuple ne fausse pas la mesure et le poids sans être soumis à des années de détresse, à la disette et à la tyrannie du souverain. - Leurs chefs ne jugent pas avec une loi différente de ce qu'Allah a révélé, sans qu'Allah ne fasse en sorte que leurs ennemis les dominent et se saisissent d'une part de leurs possessions. - Ils ne négligent pas l'application du Livre d'Allah et de la Sunna de Son Prophète, sans qu'Allah ne fasse en sorte qu'ils se tournent les uns contre les autres.))
(Rapporté par Ibn Mâdja, d’après Ibn ‘Omar)
Pendant la première guerre du Golf, l’Occident a reçu de l’Orient 700 milliards de dollars. Pendant la deuxième, il a reçu le double de cette somme. Une forme d’extorsion des ressources innombrables de l’Orient.
((Ils ne négligent pas l'application du Livre d'Allah et de la Sunna de Son Prophète, sans qu'Allah ne fasse en sorte qu'ils se tournent les uns contre les autres.))
(Rapporté par Ibn Mâdja, d’après Ibn ‘Omar)
Source: http://nabulsi.com/fr
Traduction : Laïla ElHakimi
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité