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Articles de islamiates

Le prophète et la pédagogie du dialogue avec les gens du Livre

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Durant sa vie à la fois comme chef religieux et comme homme d’Etat, le Prophète Mohammad (que la paix soit sur lui) faisait preuve d’une grande sensibilité et de respect dans ses relations avec « les Peuples du Livre », les Juifs et les Chrétiens. Dans l’esprit de la révélation divine, le Prophète Mohammad interdisait de faire du mal aux non Musulmans et demandait aux Musulmans de bien les traiter. Il dit un jour à ce propos :
« Celui qui fait du mal à un Juif ou à un Chrétien trouvera en moi son adversaire au Jour du Jugement.»
La première chose que le Prophète Mohammad (que la paix soit sur lui) fit après s’être établi à Médine, où il avait été invité comme chef, fut de conclure un traité entre les Musulmans et les gens du Livre (les Juifs et les Chrétiens). D’après ce traité, les Musulmans garantissaient à ceux-ci la liberté de croyance et leur accordaient les mêmes droits et obligations que ceux dont ils jouissaient eux-mêmes.

a- Des envoyés de la part du Messager au Yémen [9]
Le Prophète envoya Mu‘âd Ibn Jabal et Abû Musâ AlAsh ‘arî au Yèmen. Il leur prodigua les recommandations suivantes :
« Optez pour la facilité et non la difficulté et soyez annonciateur de la bonne nouvelle et non de la mauvaise » et il dit en s’adressant à Mu‘âd : « tu vas certainement rencontrer des gens du livre, tu dois commencer par leur apprendre d’abord l’attestation, puis, s’ils obéissent, dis leur que Dieu (qu’ils ont obéi) a prescrit pour eux une aumône à prendre des riches pour être donner aux pauvres, s’ils t’obéissent n’acceptent aucun argent (comme récompense), et prend garde à la prière de celui qui a subi une injustice.. »[10]
Nous voyons que le Prophète a recommandé à Mu‘âd d’utiliser la pédagogie dans sa communication avec les gens du Livre :
- D’abord le plus facile et le plus important : l’attestation que Dieu est Un et que Muhammad est son messager.
- Puis les prescriptions, en expliquant leur valeur sociale (pour exemple, l’instauration de l’aumône légale pour assurer l’équilibre de la société).

b- Les Chrétiens de Najran
Quand une délégation de Chrétiens vint à Médine en provenance de Najran, une ville du sud-ouest d‘Arabie, le Prophète les reçut dans sa mosquée et les invita à dire leurs prières à l’intérieur de la mosquée. Les Musulmans disaient leurs prières d’un côté de la mosquée et les Chrétiens de l’autre. Au cours ce cette visite, le Prophète discuta aimablement avec eux sur de nombreux sujets. [11]
Ceci prouve la considération du prophète pour les gens du Livre et le souci d’établir une solidarité humaine et spirituelle entre les croyants de toutes les religions.

c-Le Négus[12]
Allah a révélé au sujet du Négus :
« Oui il y a parmi les gens du livre qui certes croient en Dieu et en ce qu’on a fait descendre vers vous et en ce qu’on a fait descendre vers eux, humbles qu’ils sont devant Dieu, et ne vendant pas point les signes de Dieu à vil prix. Voilà ceux dont le salaire est auprès de leur Seigneur. »[13].
Le Prophète lui-même a accompli la prière de la mort en son hommage (prière sur l’absent).
Il faut également mentionner l’échange entre ce roi issu du christianisme et les compagnons du Prophète (paix et salut sur lui). Le contexte était le suivant : Ja'far (qu'Allah soit satisfait de lui) et sa femme, Asmâ' bint 'Umays furent l'objet d'une persécution atroce infligée de la part des polythéistes. Sur ce, le Prophète leur accorda l'autorisation d'émigrer en Abyssinie chez le Négus, avec les autres musulmans victimes du traitement injuste. Le Prophète leur dit :
« Il y a dans ce pays un roi juste »
Quraych délégua 'Amr ibn Al-'As -avant son ralliement à l'islam- et 'AbdAllâh ibn Abû Rabi'a au Négus et les chargea de cadeaux pour celui-ci ainsi que pour ses patriarches. Ces délégués eurent pour but d'obtenir le consentement du Négus à remettre les émigrants musulmans à Quraych. Ja'far occupa le point de mire au cours des pourparlers entretenus avec le Négus.
Oum Salama (qu'Allah soit satisfait d'elle) qui fit partie des émigrants, rapporta :
« … Puis, le Négus nous invoqua à sa rencontre. Nous nous réunîmes avant d'y aller. Nous dîmes les uns aux autres: « Le roi va vous interroger sur votre religion. Exposez donc clairement ce à quoi vous croyiez et que Ja'far ibn Abû Tâlib soit exclusivement votre porte-parole ». Nous allâmes ensuite voir le Négus qui était entouré de ses patriarches, endossant leurs soutanes, vêtus de leurs calottes et retenant leurs livres entre les mains. Nous trouvâmes chez lui aussi 'Amr ibn Al-'As et 'Abd-Allâh ibn Abû Rabi'a. Quand nous prîmes place, le Négus nous adressa la parole, en disant: « Quelle est donc cette nouvelle religion que vous avez inventée, en abjurant celle de votre tribu, et sans toutefois que vous convertissez à la mienne ou à n'importe quelle autre religion bien connue ? »
Ja'far ibn Abû Tâlib s'approcha alors de lui et dit: « Ô roi ! Nous étions des gens ignares : nous adorions les fétiches, nous magnions les bêtes crevées, nous commettions les turpitudes, nous nuisions à nos liens de famille, nous portions atteinte au voisinage, et le fort parmi nous n'hésitait jamais à fouler aux pieds le faible. Nous restions sur cet état jusqu'à ce qu'Allah nous a envoyés un Messager pris parmi nous. Nous connaissons sa lignée et nous sommes sûrs de sa sincérité, de son honnêteté et de sa dignité. Il nous appelle à vouer un culte exclusif à Allah l'Unique et à quitter les idoles de pierre que nous adorions avec nos ancêtres. Il nous exhorte à la franchise et nous avertit contre la trahison des dépôts. Il nous prêche aussi d'entretenir nos liens familiaux, de s'attacher au bon voisinage, de s'abstenir des grands péchés et d'arrêter les effusions du sang. Il nous enjoint de ne jamais commettre les turpitudes, ni de faire de faux témoignage, ni de s'accaparer des biens des orphelins, ni de lancer des accusations contre les femmes chastes. Il nous invite à adorer Allah, l'Unique sans jamais Lui donner d'associé, d'accomplir la prière (Al-Salât), de faire l'aumône légale (Al-Zakât), de jeûner le mois de Ramadan (Al-Siyâm). Nous lui avons donné foi, nous avons cru en lui et nous l'avons suivi en se conformant à ce qui lui a été révélé de la part d'Allah. Nous avons donc considéré comme licite ce qu'il nous l'a déclaré comme tel, et vice-versa. Notre tribu, ô roi, s'était mise à nous agresser. Elle nous avait cruellement persécutés pour nous forcer à abjurer notre foi et nous faire retourner à l'adoration des fétiches. Après tant de traitements injustes, d'accablements et de contraintes pour nous séparer de notre religion. Nous avons, donc, décidé d'émigrer vers ton pays, nous vous avons donné la prédilection et nous avons désiré votre voisinage. Nous souhaitons donc que chez vous nous soyons à l'abri d'injustices nouvelles. »
Le Négus dit alors à Ja'far ibn Abû Tâlib : « Vous avez quelque fragment de ce qu'Allah a révélé à ton prophète? »
Ja'far répondit par l'affirmative et le Négus de lui en ordonner la lecture. Ja'far récita alors: « Kâf, Hâ, Yâ, 'Ayn, Sâd. C'est un récit de la miséricorde de ton Seigneur envers Son serviteur Zacharie. Lorsqu'il invoqua son Seigneur d'une invocation secrète, et dit: "Ô mon Seigneur, mes os sont affaiblis et ma tête s'est enflammée de cheveux blancs. (Cependant), je n'ai jamais été malheureux (déçu) en te priant, ô mon Seigneur» [14]
Ja'far ayant terminé une partie de la sourate, le Négus se mit à pleurer au point d'avoir mouillé sa barbe de ses larmes, tel fut aussi l'état de ses patriarches qui mouillèrent leurs livres des larmes de leurs yeux sous l'émotion qui les gagnait par les paroles d'Allah.
Le Négus s'adressa alors à nous, en disant: « Certes, ce qu'a été révélé à votre Prophète et ce qu'a été révélé à Jésus, émanent de la même source de Lumière »
Puis, il se tourna vers 'Amr et son compagnon et leur dit: « Allez-vous-en ! Par Dieu ! Je ne les vous remettrai jamais. »
Umm Salama poursuivit son récit et dit :
« Quand nous sortîmes de chez le Négus, 'Amr ibn Al-'As se mit à nous menacer en disant à son compagnon : « Par Dieu! Je viendrai demain voir le roi et je lui raconterai ce que soulèvera sa colère contre eux et rendra son cœur plein de haine à leur détriment. Je l'inciterai à les exterminer jusqu'au bout »
‘Abd-Allâh ibn Abû Rabi'a lui répondit : « Ne le faites pas, ô 'Amr. Ils sont nos parents, même s'ils se sont opposés à notre religion ». – « Laissez-cela à part, dit 'Amr, par Dieu! Je l'informerai de tout ce qui les mettra dans une situation périlleuse. Par Dieu! Je lui dirai qu'ils prétendaient que Jésus, fils de Marie n'est qu'un serviteur.»
Au lendemain, 'Amr vint trouver le Négus et lui dit : « Ô roi ! Ceux-ci mêmes que vous avez hébergés et protégés, inventent des mensonges à l'encontre de Jésus fils de Marie. Veuillez les réunir pour les interroger sur ce qu'ils prétendent à son propos. »
Ayant eu connaissance de ceci, nous fûmes extrêmement accablés et chagrinés. Les uns disent aux autres : « Qu'est-ce que vous direz au sujet de Jésus, fils de Marie si le roi vous pose la question à son sujet ? » Nous répondîmes : « Par Allah ! Nous ne dirons à son sujet que ce qu'Allah a révélé à son sujet. Nous ne trahirons d'un pouce ce que fut révélé à notre Prophète. Advienne que pourra ». Nous nous mîmes d'accord pour laisser la parole à Ja'far ibn Abû Tâlib encore une fois.
Une fois chez le Négus, nous trouvâmes chez lui ses patriarches dans un état typiquement semblable à celui de la dernière fois. Nous y trouvâmes aussi 'Amr ibn Al-'As et son compagnon. Le Négus commença le premier à parler et nous dit : « Que dites-vous au sujet de Jésus, fils de Marie ? » Ja'far répondit : « Nous disons à son sujet ce qu'a été révélé à notre Prophète Muhammad (psl). » Le Négus demanda : « Et qu'est ce qu'il en dit ? » – « Il dit qu'il est le serviteur d'Allah et de Son envoyé, Son esprit et Sa parole qu'Il a envoyé à la Vierge Marie ». Dès que le Négus eut entendu les paroles de Ja'far, il tapa la terre de sa main, en disant : « Par Dieu! Il n'y a point de différence entre ce que le fils de Marie avait dit et ce qu'a été révélé à votre Prophète. » Au grand scandale des patriarches, ils s'éloignèrent du Négus qui leur dit : « Même si vous vous éloignez de moi ! » Puis, il se tourna vers les musulmans et leur dit : « Allez-vous-en vous êtes en sécurité! Quiconque vous adresse une parole obscène sera assujetti à une amende. Et quiconque vous agresse, sera puni. Par Dieu! Je préfère votre sécurité à la possession d'un mont d'or ». Puis, il regarda 'Amr et son compagnon et dit: « Rendez à ces deux hommes-là leurs cadeaux. Je n'en ai point besoin. »
Umm Salama reprit : « Consternés et déçus, 'Amr et son compagnon partirent. Quant à nous, nous passâmes un séjour parfait chez le Négus qui fut le plus généreux des hommes.
Quand une délégation de Chrétiens d’Abyssinie vint à Médine, le Prophète Mohammed (que la paix soit sur lui) les hébergea dans une mosquée et prit personnellement soin d’eux. En leur servant à manger, il leur dit qu’ils avaient été si généreux et obligeants envers ses compagnons qui avaient émigré dans leur pays qu’il tenait à les honorer lui-même. »

d- Le roi des Qubt [15]
On cite les échanges qui ont eu lieu entre le Prophète et ce roi :
Le prophète lui proposa dans une lettre pleine de douceur de respect et de sagesse d’embrasser la religion de l’unicité. En retour, celui-ci lui offrit de précieux cadeaux dont Maria qui lui donna son enfant Ibrahim qui mourut peu de temps après sa naissance. Le Prophète a accepté tous les cadeaux du roi, excepté un médecin, car disait t-il, « notre alimentation est mesurée ».
Les Coptes d’Égypte bénéficient d’un statut particulier et d’un rang distingué dans la mesure où le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - a fait à leur égard des recommandations spécifiques.
La Mère des Croyants Umm Salamah - que Dieu l’agrée - rapporte que le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui – donna les recommandations suivantes avant de mourir :
« Je vous recommande par Allâh les Coptes d’Egypte. Vous les vaincrez et ils seront pour vous un appui matériel et un renfort dans le chemin d’Allâh »[16]
Les faits historiques confirmèrent ce que le Prophète - paix et bénédictions sur lui - avait annoncé. En effet, les Coptes accueillirent les conquérants musulmans et leur ouvrirent les bras quand bien même les Byzantins qui les gouvernaient auparavant étaient chrétiens comme eux. Puis, les Coptes embrassèrent la religion d’Allah en grand nombre ...
L’Egypte fut la porte de l’Islam pour l’Afrique toute entière et ses habitants furent désormais des appuis et des renforts dans le chemin de Dieu. Abû Dharr - que Dieu l’agrée - rapporte que le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - dit :
« Vous conquerrez une terre où l’on traite du qirât. Soyez pleins d’égard envers sa population car elle dispose d’une dhimmah et d’un lien de parenté." Dans une variante : "Vous conquerrez l’Egypte, une terre où l’on use du qirât (une fraction du dirham et du dinâr et d’autres monnaies, fréquemment utilisée par les Egyptiens et qui est encore en cours dans le cadastre, l’orfèvrerie et toutes sortes de choses divisibles en 24 qirâts), lorsque vous la conquerrez, soyez pleins d’égard envers sa population car elle dispose d’une dhimmah et d’un lien de parenté" et dans une autre variante "elle dispose d’une dhimmah et d’un lien matrimonial »[17]
Selon les explications des avants, le lien de parenté fait référence au fait que Hagar, la mère d’Ismaël - paix sur lui - est des leurs (Egyptienne) alors que le lien matrimonial fait référence au fait que Maria, la mère d’Ibrâhîm, le fils du Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - est des leurs.[18]
D’après Ka`b Ibn Mâlik Al-Ansârî : J’entendis le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - dire :
« Lorsque l’Egypte sera conquise, soyez pleins d’égard envers les Coptes car ils disposent d’un lien de sang et de parenté" et dans une narration "ils disposent d’une dhimmah et d’un lien de parenté" signifiant par là que la mère d’Ismaël était des leurs. » [19]
Ici, le Messager donne aux Coptes plus de droits que les autres car ils bénéficient de la dhimmah c’est-à-dire le pacte de Dieu et de Son Messager et le pacte de la communauté musulmane, un pacte digne d’être honoré et soigné. Ils disposent également de liens de parenté et de sang qui leur sont exclusifs dans la mesure où Hagar était des leurs ainsi que Maria la Copte qui donna au Prophète - paix et bénédictions sur lui - son fils Ibrâhîm

e- Omar à Jérusalem
Le calife confia les affaires de l'Etat à Ali et se rendit à Jérusalem. Il avait un serviteur pour seule escorte et il n'y avait qu'un chameau qu'ils chevauchaient chacun à leur tour. Le jour de leur arrivée à Jérusalem, c'était le tour du serviteur de monter la bête :
« Commandeur des croyants, je te cède la monture, ce serait d'un piètre effet aux yeux des gens si je montais la bête, tandis que toi tu la guides. »
« Non », répondit Omar, « je ne vais pas me montrer injuste. L'honneur de l'islam est amplement suffisant pour nous tous. »
Abu Obaid, Khalid, Yazid et les autres officiers de l'armée s’étaient avancés pour recevoir le calife. Tous portaient des tuniques de soie, ce qui rendit Omar furieux. Il fit de vifs reproches à ses généraux en disant :
« Avez-vous donc tant changé en l'espace de deux ans ? Qu'est ce que cet accoutrement ? Même si vous aviez fait cela 200 ans avant, je vous aurais démis. »
Les officiers répondirent : « Nous sommes dans un pays où la qualité du vêtement atteste le rang de l'homme. Si nous portons des vêtements ordinaires nous inspirerons peu de respect aux gens. Cependant, nous portons nos armes sous nos robes de soie. » Cette réponse apaisa la colère du calife.
Ensuite Omar signa le traité de paix connu jusqu'à nos jours sous le nom "Assurance de Omar". Il se présenta comme suit (extrait) :
« Du serviteur de Dieu et commandeur des croyants, Omar.
Les habitants de Jérusalem sont assurés de la sécurité de leur vie et de leurs biens. Leurs églises et croix seront préservées. Leurs lieux de culte resteront intacts. Ils ne pourront être confisqués ou détruits. Ce traité s'applique à tous les habitants de la cité. Les gens seront tout à fait libres de suivre leur religion, ils ne devront subir aucune gêne ou trouble… »
[Ref. At-tabari, op.cit, 2éme partie page 449.
Le patriarche orthodoxe de Jérusalem publia le 01 janvier 1953 une copie de l’original du manuscrit de la librairie d’Al-fanar (dans un des districts administrés par Istanbul) de ce qui serait « L’assurance de Omar » (Bibliothèque du Patriarcat de Jérusalem, Document n° 552).]

Les portes de la ville étaient ouvertes. Omar se dirigea directement vers le Temple de David (Masjid Al Aqsa.) Il fit sa prière sous l'arche de David.
Il visita ensuite la plus grande église de la ville. Il s'y trouvait justement lorsque vînt l'heure de la prière de l'après midi.
« Tu peux faire ta prière dans l'église », dit l'évêque. « Non », dit Omar. « Si je fais cela, il pourrait arriver un jour que les musulmans prennent cette excuse pour s'emparer de votre église. »
Ainsi, il préféra faire sa prière sur les marches de l'église. De plus, il donna un écrit à l'évêque, qui stipulait que les marches ne devaient pas être utilisées pour la prière en commun ni pour l'appel à la prière.

f- La mosquée d'Omar
Omar voulut bâtir une mosquée à Jérusalem. Il demanda à l'évêque quel site conviendrait le mieux à son projet. L'évêque lui suggéra le Sakhra, à savoir le rocher où Allah s'adressa au Prophète Jacob. Les chrétiens y avaient amoncelé des immondices pour irriter les juifs. Omar lui-même prit part au nettoyage. Jérusalem, cité du Christ était ainsi témoin du sens de l'équité qui caractérisait l'Islam et qui est une conséquence du bon dialogue, du respect et de la reconnaissance de l’autre. Lorsque toute trace d'impureté fut enlevée, on bâtit une mosquée à cet endroit qui existe encore de nos jours et est connue sous le nom de Mosquée de Omar.

3 La reconnaissance mutuelle : une autre dimension du dialogue

Souvent, le concept de « tolérance » est utilisé dans le cadre du dialogue interreligieux. On ne trouve nul part dans le Coran ou la Sunna ce concept. Tolérer, peut conduire à accepter quelqu’un à contre cœur ou avec des réserves et garder sa distance par rapport à lui : certains historiens prétendent que ce mot est né des conflits entre protestants et catholiques.
Or, en Islam, la tolérance est une reconnaissance mutuelle c'est-à-dire qu’elle exige un dialogue permanent et un partage :
« Ô hommes, Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez »[20]
Le croyant est amené grâce à son éducation spirituelle à aimer l’autre, car son cœur est rempli d’amour de Dieu et de son Prophète et « Dieu n’a assigné deux cœurs au ventre d’aucun homme »[21], d’où il ne peut qu’aimer les créatures sans distinction et communiquer avec elles sans préjugés.
Le croyant vrai comprend par le biais de la pratique des prescriptions divines et de l’éducation spirituelle muhammadienne : que le seul juge est Dieu !
Il comprend aussi que les croyances peuvent être différentes ou divergentes, et il comprend et communique avec l’autre en l’aimant et en le respectant : car l’être humain quel que soit sa race ou sa religion est issu du souffle de Dieu[22].
Nûr Al yaqîn fî sîrati sayyidi almursalîn du Sheikh Muhammad Al khadrî, les éditions : Dar al-jîl Beyrût et Dar ammâr Oman, 1995, p. 309.


[9] Nûr Al yaqîn fî sîrati sayyidi almursalîn du Sheikh Muhammad Al khadrî, Ed. Dar al-jîl Beyrût et Dar ammâr Oman, 1995, p. 303-304

[10] Al Bukhâri n° 4341 et Muslim sous le numéro 1733

[11] La Sira d’Ibn Ishâq et voir Nûr Al yaqîn fî sîrati sayyidi almursalîn du Sheikh Muhammad Al khadrî, Ed.Dar al-jîl Beyrût et Dar ammâr, Oman, 1995, p. 309

[12] Voir Nûr Al yaqîn fî sîrati sayyidi almursalîn du Sheikh Muhammad Al khadrî, Ed.Dar al-jîl Beyrût et Dar ammâr, Oman, 1995, p. 233-234

[13] Coran Sourate 3 verset 199

[14] Coran, XIX, 1-4

[15] Voir Nûr Al yaqîn fî sîrati sayyidi almursalîn du Sheikh Muhammad Al khadrî, Ed. Dar al-jîl Beyrût et Dar ammâr, Oman, 1995, p. 232-233
Le Muqawqas roi des coptes a beaucoup apprécié la lettre du prophète : il dit de lui : « il a l’outils de la prophétie » et il dit au messager : « tu es un sage venant de chez un sage »

[16] Cité par Al-Haythamî dans Majma` Az-Zawâ’id, volume 10, p. 62 , rapporté par At-Tabarânî, ses narrateurs sont ceux du Sahîh


[17] Ces deux énoncés figurent dans Sahîh Muslim, numéro 2543, chapitre de la recommandation du Prophète - paix et bénédictions sur lui - au sujet du peuple d’Egypte, et dans Musnad d’Ahmad, volume 5, p. 174

[18] Cf. An-Nawawî dans Riyâd As-Sâlihîn "Les Jardins des Vertueux", hadith 334, édition Al-Maktab Al-Islâmî Sans surprise, l’Imâm An-Nawawî mentionna ce hadîth dans son livre Riyâd As-Sâlihîn, chapitre de "la bienfaisance envers les parents et l’entretien des liens de parenté", mettant en avant ce lien de parenté que Dieu et Son Messager ont ordonné d’entretenir entre les musulmans et les habitants d’Egypte avant même qu’ils n’embrassent l’islam.

[19] Cité par Al-Haythamî, volume 10, p. 62 ; il dit : rapporté par At-Tabarânî, selon deux chaînes de narrateurs, l’une d’elle étant une chaîne du Sahîh. Il fut également rapporté par Al-Hâkim selon la deuxième transmission. Il le jugea authentique selon le critère des deux Sheikh , jugement partagé par Adh-Dhahabî, volume 2 p. 753, et selon Az-Zuhrî : le lien de parenté désigne le fait que la mère d’Ismaël était des leurs.


[20] Sourate 49, verset 13

[21] Sourate 33 verset 4 : on voulait faire allusion au fait que des sentiments opposés à l’égard de quelqu’un ou de quelque chose ne pouvaient coexister en même temps chez un homme (dans le cœur d’un homme croyant).

[22] « Il lui donna sa forme parfaite et lui insuffla de Son esprit » (Coran, Sourate 32 verset 9).
Extrait de:http://www.doctrine-malikite.fr/Dialogue-interreligieux_a65.html
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L'électricité : l'énergie essentielle du corps

L’électricité est partout. Le noyau de chaque atome, la base de toute chose que vous pouvez voir et toucher consiste de particules connues comme protons et neutrons. Autour du noyau il y a des électrons circulant constamment à une grande vitesse.

Les protons possèdent une charge électrique positive tandis que les électrons ont une charge électrique négative. Sous ses conditions normales, un atome a le même nombre d’électrons et de protons ; et puisque les charges électriques se balancent, l’atome est neutre. Lorsque cet équilibre est altéré,  par exemple lorsqu’un atome acquiert un électron de plus, il devient négatif ; par contre lorsqu’un atome perd un électron il devient positif. Sous des conditions adéquates, de tels déséquilibres de charge électrique forment un courant d’électrons, qui est appelé  « l’électricité ». En bref, l’électricité est une forme d’énergie causée par le mouvement des électrons.

Sans cette énergie électrique, notre corps ne pourrait pas fonctionner. L’électricité est d’une importance vitale pour notre survie, pour notre habilité à parler, de bouger nos muscles, et de sentir le monde autour de nous. En l’absence du courant électrique, les fonctions vitales s’arrêtent, et l’individu peut être atteint de paralysie. Tous les membres du royaume animal ainsi que les êtres humains  communiquent, agissent et utilisent leurs cinq sens par l’intermédiaire de l’électricité produite dans leurs corps. Même si vous ne le saviez pas, à partir du moment où vous êtes venu au monde, vous commencez à voir, à connaître votre alentours et à vous développer par l’intermédiaire des mécanismes qui dépendent complètement de l’énergie électrique.

C’est la raison pour laquelle on pratique des chocs  électriques aux patients cardiaques dont le cœur a cessé de battre et qui sont sur le point de mourir. Pour le rétablissement d’un patient qui est dans une telle situation, on ne peut pas donner un médicament, une vitamine ou un produit alimentaire quelconque. Alors qu’il y a de nombreuses substances qui seraient bénéfiques  au corps, ce dont on a besoin en premier pour que le cœur recommence à fonctionner, c'est l’électricité. Parce que lorsque le système électrique du corps est endommagé d’une manière quelconque, rien ne peut le remplacer. Il doit recommencer, sinon les tissus commenceront à mourir.

Lorsqu’on a aperçu l’importance de l’électricité dans le corps des êtres vivants, on a établi des départements spéciaux aux universités justement pour faire des recherches à ce sujet. Les scientifiques ont écrit un grand nombre d’articles de recherche et de livres sur cela. Aujourd’hui les recherches continuent intensément concernant les systèmes électriques chez les êtres vivants. Rodolfo Llinas, le Professeur de Neuroscience et le Président du département de la Physiologie & Neuroscience à l’Université de New York au Centre Médical, a déclaré qu’il y a de l’électricité chez tous les êtres vivants qui bougentet a ajouté :

L’électricité est la seule chose qui est assez rapide pour assurer notre abilité qui nous fait  “nous”...

Nos pensés, notre habilité d’agir, de voir, de rêver, tout cela sont menés essentiellement par des impulsions électrique. C’est presque la même chose que ce qui se produit dans un ordinateur, mais en  mieux et en plus compliqué. i

L'ordre électrique dans notre corps

Votre corps est comme une machine qui nécessite  de l'électricité chaque jour et qui fonctionne grâce à elle. Quand vous bougez un muscle, les décharges électriques ont lieu. Les signaux qui transportent les ordres depuis le cerveau à travers les nerfs sont électriques, ainsi que tous les signaux sensoriels qui avancent  vers le cerveau et dans tout le corps. La division cellulaire et le battement du cœur aussi sont électriques. En fait, tous les changements chimiques sont basés sur l’électricité, parce que  les électrons sont transférés, partagés ou bien altérés  dans le niveau moléculaire. Il n’y a pratiquement presque aucun système non-électrique dans le corps humain. Même lorsque vous vous couchez pour vous reposer, des opérations complexes concernant la production de l’électricité, continuent à avoir lieu hors de votre contrôle : votre battement de cœur, la manière dont l’oxygène parvient à vos poumons, ainsi qued’autres innombrables activités.

En bref, pour survivre, le corps humain utilise des systèmes électrochimiques. La partie du corps qui dépend le plus de l’électricité est le système nerveux. Le corps continue à produire de l’électricité tant qı’il n’y a pas d’accident ou de distabilité physique, et par l’électricité qu’il produit, il performe ses activités le jour et la nuit. Les systèmes électriques dans les êtres vivants possèdent beaucoup plus d’avantages que ceux dans les appareilsmécaniques. Le plus important de ces avantages est l’habilité des systèmes à se réparer. Par exemple lorsque vous vous  coupez le doigt, la blessure guérira dans un délai bref . Il y a également un ordre électrique derrière les systèmes qui assure la guérison. C’est une propriété qui n’existe dans aucune  machine artificielle, elle ne peut pas être imitée non plus.

Un autre avantage du système électrique dans votre corps est son activitéaux multiples facettes : La circulation, le système immunitaire, le mouvement, la communication, la digestion, l’excrétion, toutes ces fonctions ont lieu grâce au système nerveux. Les appareils électriques fabriqués par les homme, d'autre part, sont généralement limités à l'une ou l'autre, tout au plus, à quelques fonctions similaires : tels que l'air conditionné, le chauffage, les mixeurs, ou les aspirateurs, mais malgré cela, ils consomment des niveaux d'énergie très élevés. L'énergie électrique utilisée par le corps, malgré qu'il soit utilisé pour faire fonctionner autant de systèmes différents, est de très peu.

Dans les équipements électroniques que nous utilisons dans la vie quotidienne, l’intensité de l’électricité  consommée à savoir le volume du voltagedoit être maintenu à un niveau spécifique.  Toutefois, ces niveaux ne sont pas ajustés par la machine elle-même, mais encore une fois, par des devises fabriqués par les hommes. Les adapteurs et les régulateurs de tension (voltage) sont utilisés pour assurer un flux équilibré. Sinon, toutes les opérations de la machine seraient détériorées.

Cependant dans le corps humain,  tous les ajustements sont menés sans que nous en soyons conscients.

En plus, la production et l’utilisation de l’électricité dans nos corps continuent sans arrêt. Même lorsque notre corps se repose, le fluxdes signaux électriques continue constamment, dans des intervalles de temps aussi courtes que 1/1000 de seconde. Les devises électroniques ont généralement une durée de vie de 10 à 20 ans environ, et elles doivent généralement être réparées et leurs pièces doivent être renouvelées. Cependant le corps humains, hors des circonstances très exceptionnelles, possède son propresystème électrique   qui fonctionne sans interruption pendant toute sa vie, sans se reposer et sans s'épuiser .

Les systèmes variés du corps humain, et même une seule cellule nerveuse ne peuvent pas être reproduits avec l’intelligence humaine. Même avec desconnaissances accumulées, ces systèmes sont tellement complexes qu’ils prouvent que leur existence ne peut pas être le produit du hasard. En l’absence de ce système électrique, le fonctionnement des autres systèmes du corps et de ses organes n’a pas de sens . Par conséquent, le développement “étape par étape”, qui est l’une des principales assertions de la théorie de l’évolution qui  soutient que les êtres vivants sont apparus par l’intermédiaire des mécanismes fortuits, n'est  pas propable .

Bien qu’il soit un évolutionniste, le biologiste Hoimar von Ditfurth décrit l’impossibilité des assertions de chance dans son livre “La nuit silencieuse des Dinosaures” comme suit :

L’impossibilité statistique pour la formation des structures vivantes en question est un exemple très populaire etassez contemporain du point de vue du développement scientifique. En fait , regarder les propriétés extraordinaires de la formation d’une seule molécule de protéine accomplissant des fonctions biologiques : Il paraît qu’il est impossible d’expliquer la combination de nombreux atomes, tous  avec leur place et leur ordre correct  ainsi  qu'avec toutes leurs propriétés électriques et mécaniques correctes, comme étant le fruit du hasard. 2

Le corps humain produit sa propre électricité. Afin  que n’importe quelle fonction ait lieu dans le corps, un signal doit être envoyé à l’organe ou au tissu concerné. Par conséquent pour notre survie, il n’y a aucune place à l’hasard nulle part dans notre corps. C’est la raison pour laquelle il est impossible d’expliquer le fonctionnement des millions de détails divers tous ensemble en même temps, avec la mesure adéquate, ainsi que la synchronisation parfaite, sans aucune erreur et sans imperfection. Le fait que ces derniers fonctionnent  sans arrêt sans jamais s’exténuer pendant 60-70 ans avec une coordination parfaite, dire qu'ils sont dus au hasard aveugle est impossible. Si chaque organe agissait indépendamment, si ils retardaient les ordres qui leur arrivent ou s’ils leur donnaient des réponses  fortuites ; s'ils grandissaient, travaillaient comme bon leur semble, nous ne pourrions pas vivre même un seul instant dans un tel environnement chaotique qui en résulterait. De plus, juste un bref retard ou le fait que quelques cellules  créent une confusion seraient suffisants pour causer un tel environnement chaotique. D’ailleurs, les évolutionnistes, avec leurs assertions concernant le hasard, sont incapables de dissimuler leur admiration face à de l’ordre immaculé  qu’ils rencontrent. Ils n’ont aucune réponse à donner quand on leur demande comment ces organes et ces systèmes ont émergé et comment ils ont été placés dans le corps, justement dans les localisations correctes avec la forme et les fonctions nécessaires. Cependant la réponse est claire : c’est Allah, le Créateur de tous les mondes, Qui les a créés d’une manière impeccable :

« C’est Lui Qui a bien fait tout ce qu'Il a créé. Et Il a commencé la création de l'homme à partir de l'argile, puis Il tira sa descendance d'une goutte d'eau vile [le sperme] ; puis Il lui donna sa forme parfaite et lui insuffla de Son Esprit. Et Il vous a assigné l'ouïe, les yeux et le cœur. Que vous êtes peu reconnaissants ! » (Sourate as-Sajda, 7-9)

1.    Emily Sohn, “Electricity's Spark of Life”, le 1octobre 2003;

2.    Hoimar Von Ditfurth, The Silent Night of the Dinosaurs, Vol. 1, p. 123.

http://us1.harunyahya.com/Detail/T/EDCRFV/productId/42641/L_%C3%A9LECTRICIT%C3%A9_:_L_%C3%A9NERGIE_ESSENTIELLE_DU_CORPS

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Décalages entre discours islamique et message spirituel

Comment peut-on approuver que des coutumes patriarcales se substituent au texte sacré jusqu’à faire croire que le Coran est lui-même un texte fondamentalement patriarcal ! Or il n’y a rien de plus faux que cette assertion puisque depuis le début de la révélation, l’islam a, bien au contraire, lutté contre les traditions et les coutumes patriarcales fortement ancrées dans cette région d’Arabie.

On peut même affirmer que le Coran est un texte anti-patriarcal puisque dans de nombreux versets il y a une critique et même un refus catégorique des principales formes de culture patriarcale.

En effet, le Coran refuse radicalement l’un des fondements de base du patriarcat à savoir celui de « Dieu le Père – mâle » qui perpétue une réelle continuité entre le Père – Dieu et le père mâle et dont le pouvoir va s’étendre à celui du mari qui par droit divin va exercer son pouvoir sur l’épouse[1]. Ce concept de Dieu le père, est d’ailleurs antinomique avec le concept de l’unicité de l’islam.

Le Coran condamne aussi la sacralisation des prophètes comme ‘pères’ de leurs communautés et critique durement et dans plusieurs versets ceux qui suivent aveuglément le chemin de leurs pères : « Et lorsqu’on leur dit : ‘ conformez vous à ce que Dieu a révélé’ ; ils rétorquent : ‘Non, nous devons plutôt nous conformer à que nous ont légué nos pères’, et quoi les suivraient-ils même si ils étaient dans l’erreur ? » Coran 2 ; 170[2].

Le Coran a donc bel et bien fustigé ce pouvoir patriarcal représenté par l’autorité du mâle et l’on ne peut accepter, qu’au nom même de ce que l’islam dénonce, on puisse avaliser des coutumes patriarcales discriminatoires.

Il est donc consternant de voir que l’élan de libération amorcé par la dernière religion révélée a été brisé en cours de chemin. Le discours sur la femme, tel qu’il fût formulé par le Coran et la Sunna, il y a plus de 1 400 ans, était résolument plus émancipateur, nettement différent voire des fois même opposé à celui que l’on nous propose aujourd’hui.

Alors que le Coran transmet un message égalitaire avec des droits et des responsabilités, qu’il parlle des femmes dans un but de revalorisation évident, qu’il répond à leurs requêtes… qu’il dialogue avec elles… qu’il soit question de participation politique, de Bayâa, d’exil politique, de participation sociale, de revendications de droits, de liberté d’expression… aujourd’hui, l’essentiel du discours sur la femme dans la rhétorique islamique se focalise autour de concepts moralisateurs abstraits et surtout très infantilisants !

La femme est Fitna – tentation, la femme est Awrah – illicite au regard, on polémique sur son retour obligatoire au foyer et on insiste de manière réellement démesurée sur son comportement vestimentaire et sur son corps…

La majorité du discours islamique actuel sur la femme se résume à son corps, à la manière la plus appropriée pour le couvrir, à ce qui est licite ou illicite en matière d’habits, à l’interdiction de se parfumer, de parler à haute voix, de rire ? ! Est-ce donc, à cela, que se résume l’essentiel du message de l’islam pour une femme ? Où est donc passé l’esprit libérateur du Coran et toutes les initiatives qui ont été proposées par le texte pour initier un véritable statut d’autonomie aux femmes ?

Il est vrai qu’il y a dans l’islam, comme dans toutes les religions monothéistes d’ailleurs, une éthique du comportement et des valeurs fondamentales de décence par rapport au corps, à suivre et à respecter. Mais on oublie trop souvent que les hommes sont tout autant concernés que les femmes par cette « décence » physique…

Et puis, on ne peut réduire l’essentiel du message spirituel à un code vestimentaire, comme la question récurrente du voile et à des discours perpétuels sur les dangers de la tentation féminine et sur des thèmes focalisés à outrance sur le corps de la femme…Le voile est devenu une priorité voire la priorité absolue pour toute femme musulmane qui se respecte et des musulmanes en se voilant vont réduire l’essentiel de leurs revendications à cette symbolique qui à force d’être rabâchée perd de sa crédibilité et devient par la force des choses  un « étendard » vide de sens et ô combien dérisoire devant d’autres revendications prioritaires !

Au- delà de la « recommandation » coranique du voile (le Coran parle de Khimar) qui ne peut être ni imposée ni interdite puisque cela répondrait à la même logique totalitaire, c’est à la femme et à elle seule de choisir d’en définir le sens et à personne d’autre ! Ce voile prétendu  symbole de l’oppression des femmes chez certains,   est devenu à force de tapage médiatique et à travers une construction idéologique entretenue, le symbole  d’un véritable repoussoir, qui génère, aussi bien en occident qu’en terre d’islam, de véritables réactions passionnelles !

 Finalement, c’est le même type de discours que l’on retrouve de part et d’autre, d’une part celui qui veut libérer les femmes de cet islam qui les opprime et qui les « couvrent » un peu trop et   qui reste obsédé, d’une autre manière, par le corps de la femme qu’il veut dans ce cas « dé-couvrir » .Alors que d’autre part, il y a celui qui focalise l’essentiel du message spirituel autour d’un corps de la femme qu’il faudrait « sur-couvrir » car il représenterait à lui seul la VISIBILITE de l’islam en tant qu’identité à préserver   et  le voile  résumerait à lui seul toute la morale de l’islam…

Dans les deux cas, et à quelques différences près, on est devant une idéologie sexiste qui fait fi de l’intelligence de la femme, qui fait l’impasse sur sa dignité d’être humain et sur sa capacité personnelle à faire ses propres choix au nom de ses convictions.

L’esprit de cette dynamique de libération entreprise par la révélation a donc été contourné et l'impulsion qu’a connu la question de la femme musulmane a été petit à petit minimisée au détriment d’une juridiction qui s’est acharnée à verrouiller toutes les issues laissées ouvertes, aussi bien par les orientations coraniques que par la tradition du prophète.

La philosophie du « gradualisme » prôné par le Coran qui, entre autres, visait une libération et une émancipation progressives, a été ignoré ce qui a favorisé la régression du statut de la femme.

La révolution féminine fut donc rapidement avortée et les coutumes patriarcales discriminatoires ont vite fait de reprendre le dessus et d’orienter le discours religieux vers une restriction des libertés acquises, au nom d’une morale religieuse vidée de sa quintessence.

La décadence du monde musulman s’accompagnera inévitablement d’une décadence encore plus marquée du statut de la femme du fait de deux grandes tragédies, d’abord celles des multiples conflits politiques inhérents au pouvoir autocratique et la persistance de l’esclavage. Alors que le Coran énonce à plusieurs reprises des dispositions pour l’abolition progressive de l’esclavage en déclarant tout acte de libération comme un acte méritoire, les musulmans vont, durant des siècles, faire perdurer cette pratique, qui concernant les femmes,  va contribuer à institutionnaliser  leur claustration dans les harems. 

Et durant des siècles, alors qu’on fermera la porte de l’Ijtihad[3]outil indispensable pour l’évolution de la pensée islamique – on ouvrira celle des « spéculations juridiques » à l’instar de « Sad Addarai », véritable dispositif juridique de dissuasion qui a largement contribué a institutionnalisé la culture officielle de subordination des femmes. Conçu comme un véritable « code préventif » autrement dit un « code de la peur », son contenu sera, du moins en ce qui concerne le statut de la femme, fortement répressif. Même si il est certain que certains savants ont élaboré ce genre de « code » dans le souci de préserver leurs sociétés respectives d’éventuelles dépravations des mœurs. Il n’en reste pas moins qu’il y a eu de véritables dépassements et des lois très contraignantes concernant les acquis islamiques en matière de droit et de liberté pour les femmes. C’est ainsi que l’on verra de nombreuses lois interdirent au nom de « Sad Addarai », des droits des plus élémentaires en islam. Comme le droit à l’éducation et au savoir qui sera pendant longtemps dénié aux femmes au nom de la prévention des mœurs sociales et des règles morales ! Or, quand on dénie aux femmes le droit au savoir on leur dénie le droit de justice et dans les deux cas on est en flagrante contradiction avec les principes de base de l’islam.

Elaborer ce genre de lois juridiques qui prône des interdits à tout bout de champ afin de se prémunir contre les risques toujours probables d’une dépravation des mœurs est la preuve que notre pensée est une pensée mortellement « assiégée » ! C’est, en plus d’être une solution de facilité, une démarche qui témoigne de la démission intellectuelle de notre système de pensée islamique incapable de faire face aux véritables problèmes de nos sociétés[4]. Or, il ne s’agit pas d’interdire par anticipation mais plutôt d’éduquer afin d’éveiller la quête du sens et de la conscience, seules à même de nous prémunir contre toute amoralité et contre toute débauche… Il s’agit d’élaborer une véritable éthique de la gestion des libertés à partir d’une éducation spirituelle appropriée qui tienne compte des réalités subtiles de chaque contexte…

Ceux, parmi les savants, qui ont utilisé de façon rigoureuse, ce concept « préventif » de « Sad Addarai », ont sûrement tenté, de bonne foi, de façonner ainsi la communauté islamique afin d’atteindre une supposée « cité islamique idéale » Or, ceci est de l’ordre de l’utopie car même du temps du prophète il n’y avait pas de communauté islamique idéale ! !

Ceci est d’ailleurs de l’ordre de l’impossible à l’échelle de la réalité humaine… Dieu a voulu que la diversité humaine soit un principe de base dans cette vie et même une véritable épreuve… Il a voulu que la société humaine soit une société où le bon côtoie le mauvais, où le bien se confronte au mal, où les bommes œuvres rivalisent avec les mauvaises ou les moins bonnes… Notre vie sur terre n’est pas celle des anges qui eux sont des êtres parfaits évoluant dans un monde de perfection… Notre vie est celle de toutes les expériences humaines… faites de contraintes et de réussite, d’échecs et de tourmentes, de drames et de joies, de bonheur et de détresse, pour tester notre endurance, notre résistance, notre foi et notre soumission…

Comment peut-on gérer cette réalité avec des doctrines immobiles et figées à mille lieux de nos préoccupations quotidiennes ?…

Comment justement faire face à la complexité de nos réalités sociales quand on reste emprisonné dans des juridictions qui en plus d’avoir été légiférées dans des contextes radicalement différents, sont parfois en profonde contradiction avec les principes vecteurs du message coranique ? !

Comment faire revivre alors cet élan de libération prôné par l’islam de la révélation mais étouffé dans les confins d’une histoire islamique qui se maintient dans un silence effroyable ?

Comment faire revivre cet élan dans le cœur des musulmans mais surtout des musulmanes qui en tant que femmes sont les premières concernées par ce déni de justice ?

Comment pourrait-on convaincre ceux ou celles qui semblent résister à toute cette dynamique de réformisme par crainte de se perdrent eux-mêmes… ?

Comment leur expliquer que l’on ne peut justement rester fidèles à l’islam, sans renouveau, sans conscience critique, sans réflexion profonde, sans débat constructif …

C’est en cela que cette troisième voie, celle d’une pensée profondément ancrée dans la tradition réformiste islamique, pourrait être la voie idéale pour tenter de sortir de ce dilemme vécu par des femmes musulmanes au quotidien . Cette approche de relecture des sources et de ses interprétations dans le but d’une revalorisation du statut de la femme est primordiale afin de pouvoir ouvrir d’autres perspectives de libération pour la femme musulmane que celles  qui nous sont proposées actuellement et qui entre acculturation et immobilisme intellectuel ne nous laisse que peu de choix possibles…

De toutes les façons il faudrait savoir  qu’en terre d’islam- et en Occident aussi- des femmes, mais des hommes aussi, sont en train de faire ce travail là car il y une conscience qui s’est désormais réveillée, celles de femmes et d’hommes qui veulent s’affirmer pleinement musulmans tout  en  inscrivant  leur démarche dans un universel humaniste commun.

Le chemin est peut être encore long, ardu et parsemée d’embûches mais c’est toute une nouvelle page de l’histoire des femmes qui est en train de prendre forme … au nom de la liberté, de la dignité et de la foi …

 

Asma Lamrabet

 


 

[1] Asma Barlas ; Believing women in islam, unreading patriarchal interpretations of the Qu’ran ; University of Texas Press, 2002.

[2] Autres versets qui vont dans le même sens : Coran 10 ; 78. 31 ; 21 et 43 ; 23.

[3] Ijtihad : effort intellectuel qui permet de comprendre, d’extraire et d’appréhender le relatif, ce qui est sujet à historicité, pour le ramener vers sa finalité universelle…(l’explication est de Tariq Ramadan)

[4] Voir la liste des interdits légiférés au nom de ce principe dans le livre de Abu Chouka ; tahrir el maraa fi ahd errissala, Dar El kalam ; 4 editions ; 1995, Le Caire.

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L'Islam et l'éthique médicale

195.jpgLa qualité humaine de l’homme ne peut être considérée comme complète et ne peut se manifester sans des valeurs. La religion est la source des valeurs.
C’est une religion immuable (Sourate 6, verset 161).
Selon Dieu le Tout-Puissant. La religion est unique, invariable dans son message, Dieu dit :
Qu’il vous est tracé, en matière de religion, le chemin qu’il avait enjoint à Noé et que nous te révélons à toi, ainsi que ce que nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus (Sourate 42, verset 13).
Ces commandements comprennent les éléments de direction et de lumière :
Nous avons, en vérité, révélé la Tora où se trouvent une Direction et une Lumière (Sourate 5, verset 44).
Ensuite, Il dit de Jésus, Paix sur lui : Nous lui avons donné l’Evangile où se trouvent une Direction et une Lumière
(Sourate 5, verset 46).

Citer toute source de direction quelle qu’elle soit, c’est les citer toutes. J’emprunterai donc mes exemples à une civilisation qui a concrétisé et pratiqué ces valeurs, à savoir la civilisation de l’Islam. En cela, je tiens à rappeler que la civilisation islamique n’est pas l’héritage seul des Musulmans à l’exclusion des autres. Il s’agit plutôt d’une entreprise à laquelle ont contribué tous ceux qui ont vécu sur les vastes territoires issus de l’expansion de l’Islam qui s’étendent sur trois continents. Ce fut une civilisation qui s’est enrichie et s’est diversifiée grâce aux connaissances et aux sciences qui ont été apportées par ceux dont la vie et la conduite étaient également dictées par une religion et un ensemble de valeurs. Dans le domaine médical, cette civilisation islamique se prévaut de compter un nombre considérable de médecins juifs et chrétiens. Leurs prémisses dans la pratique médicale et leur code de conduite pour le traitement de leurs patients ont été guidés par les principes éthiques qui sont tirés de la religion.

Selon ces valeurs, les principes suivants déterminent la place de l’homme :

- L’homme est une créature honorée et respectée. Nous avons honoré les fils d’Adam. (Sourate 17, verset 70). Pour honorer l’homme comme il se doit, il faut qu’il soit en parfaite santé.

- L’éminent docte Al Shatbi dit dans son ouvrage intitulé « Les concordances » : (le canon a été établi pour préserver cinq éléments essentiels : la religion, l’âme, la procréation, la richesse et la raison.) De manière évidente, trois de ces cinq éléments essentiels ; l’âme, la procréation et la raison ; ne peuvent être vraiment préservés que si la santé est protégée au préalable.

- La vie sacrée, respectée et protégée est un droit inaliénable de tout être humain. La valeur d’un seul être humain correspond à la valeur de l’humanité entière. Dieu dit : « Celui qui sauve un seul homme est considéré comme s’il avait sauvé tous les hommes (Sourate 5, verset 32) »
Toute atteinte à la vie d’un être humain, qu’il s’agisse d’un fœtus, d’une personne âgée ou d’un handicapé, est une atteinte à toute l’humanité.
« Celui qui tue un homme qui lui-même n’a pas tué, ou qui n’a pas commis de violence sur la terre, est considéré comme s’il avait tué tous les hommes. (Sourate 5, verset 32) »

- La justice et la bienfaisance sont des valeurs primordiales. D’un point de vue linguistique dans le Coran, la justice comprend également la notion d’égalité.

La bienfaisance aussi est une des expressions les plus éloquentes du langage utilisé dans le Coran. Ce mot implique principalement la dimension de « qualité ». Ce qui est décrit comme « bienfaisant » est également « bon ». Dieu a promis une juste récompense à ses serviteurs : « …..qui écoutent la Parole et qui obéissent à ce qu’elle contient de meilleur (Sourate 39, verset 18) »
La qualité est nécessaire en toute chose. Le Prophète a dit : « en effet, Dieu a décrété la qualité (ou perfection) dans toute chose »
Mais le mot « bienfaisance » comprend également les notions d’altruisme et de compassion qui ont pratiquement disparu aujourd’hui de la pratique médicale. Il reflète aussi la disposition au « dévouement », qui est désiré pour ses semblables ce que l’on désire pour soi-même, et même de favoriser de manière altruiste ses semblables alors que l’on peut se trouver soi-même dans le dénuement.

La bienfaisance implique aussi une conscience vivante et l’observance de la loi de Dieu en tout acte et en tous temps. Le prophète a dit : « La bienfaisance, c’est l’adoration de Dieu comme si vous le voyiez. »

Dès les premiers temps de l’Islam, ces deux valeurs, la justice et la bienfaisance, ont été respectées et traduites dans la pratique. Les exemples suivants en sont des illustrations :

• Les patients ont le droit à être pris en charge par la communauté telle qu’elle est représentée par l’État. Al Balaziry dans son ouvrage intitulé « la Conquête des Territoires » relate que « En arrivant à Al Djabiyah à Damas, le deuxième Calife Omar croisa quelques lépreux chrétiens. Il ordonna qu’une part de l’aumône légale leur fût versée pour assurer leur subsistance ».

• Les enfants – tous les enfants – ont droit à la protection de la communauté telle qu’elle est représentée par l’État. Ibn Saad dans son ouvrage « Les Classes » relate que : « Omar attribuait cent dirhams aux nouveaux-nés, cette somme étant portée à deux cent lorsque l’enfant grandit et ensuite augmentait de manière proportionnelle. On donnait cent dirhams à chaque enfant trouvé et l’allocation était fournie au tuteur chaque mois et renouvelée chaque année. La communauté était instamment invitée à traiter les enfants trouvés avec compassion et gentillesse et une indemnité pour leur subsistance et leur allaitement était déboursée du trésor public ».

• Les faibles, les handicapés et les personnes âgées ont droit à la protection de la communauté telle qu’elle est représentée par l’État, comme ceci est affirmé dans le Pacte de Protection conclu entre Khaled Ibn Al Walid et le peuple de Hirah : « lorsqu’une personne âgée ne peut plus travailler ou est frappée d’infirmité ou bien encore était riche et est devenue pauvre, devant alors compter sur la charité de sa famille, je leur ai ordonné que cette personne soit exemptée de la taxe de défense et qu’elle reçoive une aide ainsi que les membres de sa famille, payée par le trésor public (financé par les Musulmans) aussi longtemps qu’elle reste établie sur la terre des Musulmans » (citation du Livre de l’Impôt).

Les exemples précédents montrent le rang de priorité accordé par l’État islamique à la santé en tant que droit de l’être humain quels que soient sa race, son sexe et sa religion. Les soins prodigués par l’État aux individus débutent à la naissance lorsqu’un allaitement maternel sain est assuré, et se poursuivent jusqu’à la vieillesse en garantissant les conditions d’une vie en bonne santé. Entre ces deux stades extrêmes de la vie, aucune personne malade, handicapée, frappée d’incapacité ou blessée n’est négligée ; toutes bénéficient de soins appropriés.
Et c’est la raison pour laquelle la médecine a sa place respectée parmi les doctes et les scientifiques dans l’Islam. Le docte célèbre Al Iss Ibn Abdel Salam dit dans son ouvrage intitulé « les bases du jugement dans l’intérêt de l’humanité » : (la médecine est semblable à la législation : elle a été créée pour garantir la sécurité, préserver une bonne santé et éviter les maux que constituent les affections et les maladies. La source de la législation et de la médecine est Une, et les deux servent à procurer des avantages aux gens et à leur éviter des maux).

Ainsi, depuis les toutes premières années du Message, un certain nombre de règles et de normes éthiques ont été élaborées pour régir la pratique médicale. Le Prophète (selon la citation d’Abu Naiim) a déclaré : « Celui qui pratique la médecine sans être compétent en la matière, et provoque par là même la mort d’un patient ou lui cause des blessures, sera tenu responsable et une compensation totale sera exigée de lui ».
Le système « Hisba », une ingéniosité singulièrement remarquable de cette nation, représentant une méthode « d’assurance de la qualité » au sens le plus large possible. Son application a débuté sous le règne des Califes « bien guidés ». Le système Hisba a ensuite été développé davantage et l’une des fonctions principales du muhtasib était de contrôler les médecins et de vérifier que leur pratique était correcte et qu’ils respectaient les normes éthiques.

Il n’y a guère de libres consacrés à la médecine qui soient parues sans que n’y figure une section sur l’éthique de cette noble profession. Les exemples sont très nombreux et nous citerons l’ouvrage publié au septième siècle de l’ère islamique « La lumière des Yeux et l’Opus des Arts » de Salahudin Ibn Youssuf AL Kahal al Hamawy, manuel d’ophtalmologie dans lequel il recommande à tous ses élèves de « savoir que cette profession est un don de Dieu accordé à ceux qui le méritent car le médecin devient l’intermédiaire entre le patient et Dieu Tout-Puissant lorsque le médecin cherche à rétablir la bonne santé du patient. Lorsque le patient recouvre sa santé par son entremise, le médecin est hautement honoré par la population mais il devient aussi célèbre par son art et est considéré comme étant digne de confiance. Alors, dans l’au-delà, il sera récompensé par le Seigneur de tous les êtres vivants puisque le bienfait qu’il procure aux créatures du Seigneur, et en particulier aux indigents et aux infirmes, est grand. Avec les autres valeurs éthiques louables, vous devez aussi acquérir les qualités de générosité et de compassion. Vous devrez donc rechercher la propreté, la chasteté, la pureté et la compassion. Respectez votre Dieu, notamment lorsque vous examinez des femmes et préservez leurs secrets, par bonté, par piété et par dévouement à la connaissance et refus des tentations de la chair ; … Restez proche des doctes, rendez visite régulièrement aux patients, efforcez-vous de les guérir, et recherchez les moyens pouvant leur faire recouvrir la santé. Si vous pouvez obliger les pauvres et leur rendre service sans contrepartie ou même à vos propres frais, alors faites-le ».

Certains médecins éminents ont consacré des livres entiers au sujet de l’éthique médicale. Il y a mille ans, Al Razzi a publié son livre intitulé « l’Éthique du Médecin ». Il s’agissait d’une lettre qu’il a adressé à certains de ses élèves et dans laquelle il disait « …. le médecin doit être aimable envers les gens, préserve leur réputation en leur absence et se montrant digne de confiance vis-à-vis de leurs secrets, puisque certains peuvent cacher certaines choses à ceux qui leur sont les plus proches tels leurs parents, leurs enfants et pourtant les dévoiler à leur médecin par nécessité. Et le médecin est appelé à traiter des femmes, des jeunes filles ou des jeunes garçons, qu’il respecte alors leur pudeur, n’outrepasse par la nécessité du traitement. Qu’il place sa confiance en Dieu et attende que la guérison vienne de Lui. Qu’il ne calcule pas les choses selon la valeur de ses efforts ou le gain qu’il en retirera et que Dieu soit son guide dans tout ce qu’il fait.
Pourquoi alors discutons-nous à nouveau de l’éthique de la médecine et de la santé aujourd’hui ?

Nous le faisons en raison des progrès récents qui ont été réalisés au cours des deux derniers siècles et tout particulièrement durant les vingt dernières années ; nous le faisons aussi parce que dans une certaine mesure, l’Occident a délaissé certaines valeurs et certains enseignements chrétiens ainsi que d’autres idéaux qui sont parvenus en Europe avec le retour des Croisés. Nous en discutons parce que la relation humaine qui existe entre le patient et le médecin a été affaiblie par l’effet de ces deux facteurs. Dans de nombreux cas, les médecins et d’autres personnes travaillant dans le domaine médical, à la recherche de fins principalement matérielles, ont oublié qu’il s’agissait en tout premier lieu « d’êtres humains » avec qui ils traitaient !
Les êtres humains sont devenus « des cas »………………………..
……………….tout simplement des machines nécessitant un entretien ou des réparations !
……………….de pures choses !

Par la suite, des progrès et des découvertes ont été réalisés qui ont été rendus possibles par des avancées technologiques et qui naturellement ont été utilisés par la profession médicale. Parmi ceux-ci, on peut citer :
- la transplantation d’organes
- la recherche sur les sujets humains
- la génie génétique
- les progrès réalisés dans le traitement de la stérilité
- les dispositifs qui maintiennent artificiellement les fonctions vitales permettant de garder un patient « en vie » même sans activité ni conscience pendant des années, à l’état végétatif pour ainsi dire.
Je n’ai donné ici que quelques exemples de ces avancées. Il va sans dire que d’autres questions se posent comme conséquences de ces avancées, lesquelles constitueront bientôt des dilemmes éthiques.
Exemples de dilemmes éthiques
- Avons-nous le droit de prélever des organes sur des êtres vivants ?
- Avons-nous le droit de faire le commerce des organes ?
- Pouvons-nous prélever des organes sur des cadavres ?
- À quel moment une personne est-elle considérée comme « morte » ?
- Est-ce lorsque cette personne cesse de respirer ou bien lorsque le tronc cérébral devient inerte ?
- Pouvons-nous effectuer des recherches sur un sujet sans sa permission ou sans avis ou avertissement concernant tous les détails des risques impliqués ?
- Pouvons-nous effectuer des recherches sur une femme enceinte ?
- Sur des fœtus ?
- Sur des membres d’une tribu lorsque le chef de la tribu donne son consentement ?
- Où fixons-nous les limites du génie génétique ?
- Devons-nous le permettre sans restriction ni contrôle ?
- Devons-nous le permettre jusqu’à un certain degré et l’interdire au-delà d’une certaine limite ?
- Quelle est notre position vis-à-vis de l’insémination ou de la fécondation artificielle (assistée) ?
- En ce qui concerne les bébés-éprouvette ?
- La maternité de substitution ?
- La parenté non déterminée ?
- Est-ce que le médecin qui a fait le serment de préserver la vie peut contribuer à y mettre un terme ?
- Le médecin peut-il aider son patient/sa patiente à mettre fin à ces jours pour échapper au stade terminal d’une maladie ?
- Pouvons-nous permettre ce genre « d’homicide » en lui donnant le nom de « mort provoquée par pitié » ou « euthanasie » ?
- Devons-nous débrancher le dispositif qui maintient artificiellement les fonctions vitales si le fait de prolonger la vie est futile ? S’agirait-il aussi d’une « mort provoquée par pitié » ? ou ne peut-on pas le considérer comme un « homicide » et est donc permissible ?
- Quelle est notre position en ce qui concerne le patient atteint du SIDA ?
- Allons-nous l’abandonner, en le réprouvant ? Ou allons-nous soulager sa détresse, le protéger et alléger ses souffrances tel que le Prophète nous l’a ordonné ?
- Devons-nous nous approcher de lui ? Et jusqu’à quel degré ?
- Faut-il conseiller au patient de continuer d’avoir des relations sexuelles normales ?
- Inversement, faut-il lui accorder des privilèges et des droits que nous n’accordons pas aux patients souffrant d’autres maladies telles la tuberculose, le paludisme ou la peste ?


- Article paru dans "Repère médical" N° 3 (Avec de légères modifications).

http://quran-m.com/firas/france/index.php?option=com_content&view=article&id=242:lislam-et-lethique-medicale&catid=48:penser-lislam&Itemid=100


Existe-t-il de bonnes innovations en Islam ?

image002_gif-assalam-alaykoum.gifAlors que les savants Musulmans Sunnites se sont toujours majoritairement accordés sur la classification des innovations (bida’a) en bonnes et en mauvaises, certains nient aujourd’hui l'existence de bonnes innovations en Islam, ceci à cause de la compréhension limitée qu'ils ont des Textes Sacrés causée par  une lecture exclusivement littérale de ces derniers.


Ces Musulmans qui rejettent l'existence de bonnes innovations citent pour argumenter leur avis ce hadith dans lequel le Prophète  saws.gif a dit : « Méfiez vous de ce qui est innové ! Certes, toute innovation est une bida'a et toute bida'a est une déviation ». [Hadith rapporté par Abou Dawoud, at-Tirmidhy, Ibn Mâjah].

Comme à leur habitude, ceux qui rejettent l’existence de bonnes innovations en Islam, vont au plus vite, sans rentrer dans le cœur des textes et en rejetant ce qui a été dit à ce sujet par les plus grands savants de l’Islam. Ils préfèrent privilégier leur propre compréhension la faisant passer auprès des Musulmans comme étant celle des Pieux Prédécesseurs [radhia Allâhou ‘anhoum].

L'Imam an-Nawawi rahimahullaah.gif explique que dans le hadith cité ci-dessus, l'adjectif « toute » est un terme général au sens restreint. C'est à dire que toute innovation qui est en contradiction avec la religion est rejetée, et non pas toute innovation dans l’absolu.

De la même façon, quand Allâh dit dans la sourate al-Ahqaf, versets 24 et 25 : « C’est un vent qui contient un châtiment douloureux qui détruit tout par ordre de Son Seigneur puis le lendemain, on ne voyait plus que leurs demeures ». Il est évident que ce vent n’a pas tout détruit, c'est-à-dire la totalité des choses puisque les demeures ont été épargnées.

L'adjectif « toute » est ici un terme général au sens restreint comme dans le hadith sur l'innovation.


On retrouve cette utilisation de l'adjectif « toute » dans de nombreux versets du Coran.

En voici quelques exemples :



« Pour ce qui est de la barque, elle appartenait à de pauvres gens qui travaillaient en mer. J'ai voulu lui donner l'apparence d'être défectueuse, parce que derrière eux il y avait un roi qui s'emparait de toute embarcation et l'usurpait ». [Coran - Sourate Al-Kahf, verset 79]

Il est ici évident que « toute » désigne les barques neuves, en bon état. Sinon il aurait été inutile de donner une apparence défectueuse à la barque.

Aussi, quand Allâh a ordonné à Noé [‘alayhi salam] d’embarquer « dans l'arche un couple de toute espèce […] ». [Coran – Sourate Al-Mu'minun 23:27]

Cela signifie un ensemble limité d’espèces car il est évidemment impossible d’emporter les milliards d’espèces qui peuplent la surface de la terre.


Cette utilisation de l'adjectif « toute » se retrouve également dans de nombreux hadiths.

En voici quelques exemples :



Le Prophète saws.gif a dit : « Soignez-vous en utilisant la graine de nigelle, c’est un remède contre toutes les maladies à l’exception de la mort ». [Hadith rapporté par Bukhari, Muslim, at-Thirmidhi, ibn Majah et Ahmad au travers de 19 chaines]

Les commentateurs sont unanimes pour dire que cela ne signifie par pour autant que la graine de nigelle (haba sawda) soigne toutes les maladies. Là encore le hadith a un sens spécifique et restreint. Ainsi le terme « toute » désigne « de nombreuses » maladies.

Le Prophète saws.gif a dit : « Tout ce par quoi le musulman se divertit est bâtil, sauf le fait qu'il tire à l'arc, qu'il entraîne son cheval, ou qu'il joue avec son épouse : ces (actions) relèvent du haqq ». [Hadith rapporté par at-Tirmidhî et cité qualifié de Sahih dans Ihya Uloom ud-Din de l’Imam al-Ghazali, vol 2]

L’Imam al-Ghazali rahimahullaah.gif écrit : « Cela ne signifie pas que toute chose, à l’exception des trois citées est illégale, cela signifie simplement que les autres choses sont exemptes de récompenses. Pour autant s’amuser à faire le doux chant des oiseaux ou jouer à n'importe quel autre sport pour le plaisir n'est pas illégal ». [Dans l’Ihya page 171]

Qu’il s’agisse du Coran ou des Hadiths, on retrouve bien cette même utilisation du mot « toute » dont la portée est générale mais dont le sens est restreint.


Lorsque l’on étudie de près le sujet de l’innovation, on note également que les détracteurs oublient fréquemment de citer le hadith suivant dans lequel le Prophète saws.gif a dit :

« Si quelqu’un instaure dans l'Islam une bonne tradition (sounnah hassanah), il en aura la récompense et aura une récompense chaque fois que les gens la referont après lui sans que rien ne soit diminué de leurs récompenses. Mais si quelqu’un instaure dans l'Islam une mauvaise tradition (sounnah sayyi’ah), il se chargera de son péché et sera chargé d’un péché chaque fois que des gens la referont après lui sans que rien ne soit diminué de leurs péchés ». Ce Hadith authentique est pourtant rapporté par les Imams Muslim, at-Tirmidhî, al-Nasâ'î, Ibn Mâjah, et d'autres.

Comme expliqué ci-dessus, les savants des quatre écoles sont depuis toujours unanimes sur la classification des innovations (bida’a) en bonnes (acceptées) et en mauvaises (rejetées).

Celle qui est bonne est celle qui ne contredit pas la Shari’ah et permet de faciliter les œuvres déjà prescrites et méritoires, tandis que la mauvaise innovation est tout ce qui est nouveau et contredit le Coran et la noble Sunnah.


Parmi les innombrables savants qui ont approuvés cette division, on peut par exemple citer l'Imam ash-Shafé'î radiallahanhou.gif qui a divisé l'innovation en deux parties, la première étant la « bida'a mahmûda »  (approuvée) et la seconde la « bida'a madhnûma » (désapprouvée).

Ainsi, il est rapporté par Abou Nou'aym rahimahullaah.gif que l'Imam ash-Shafé'i radiallahanhou.gif a dit : « L’innovation (bida’a) se divise en deux parties : Celle qui est louable et celle qui est blâmable. Tout ce qui est conforme à la Sunna est louable et tout ce qui s'y oppose est blâmable ».

De même, l’Imam Al-Bayhaqi rahimahullaah.gif rapporte dans son Manaqib, sa parole : « Les innovations sont de deux types : l'un est ce qui est innové et qui rentre en conflit avec le Livre, la Sunna, un rapport d'un Compagnon [athar] ou un consensus ; cette innovation est un égarement. L'autre  type est ce qui est innové à partir du bien et qui ne rentre pas en conflit avec quoi que ce soit de ce qui est précédemment cité; il s’agit alors d’une innovation qui n'a rien de blâmable ».

L'Imam an-Nawawî rahimahullaah.gif , le grand savant commentateur du Sahih de Muslim, classe l'innovation en cinq catégories. Il a écrit dans son ouvrage Al-Qawa'id (Al-Kubrâ) : « L'innovation est divisée en celle qui est obligatoire (wâjiba), interdite (muharrama), recommandée (mandûba), déconseillée (makrûha) ou indifférente (mubâha). La manière de décider est d'examiner l'innovation à la lumière des règles de la Loi (qawâ’id al-sharî’a). Si elle tombe dans le champ des obligations (îjab), elle est donc obligatoire, si elle tombe dans le champ des interdictions, elle est interdite (tahrîm), dans le champ des recommandations, elle devient recommandée, déconseillé si elle concerne ce qui l’est et permise si elle touche aux permissions ».

Quant à la sommité dans la science du Hadith, al-Hâfidh ibn Hajar al-'Asqalani rahimahullaah.gif , il a déclaré : « La signification première de l'innovation est ce qui est produit sans précédent. Ce terme est employé dans la Loi par opposition à la Sunna, ainsi elle est blâmable. De manière précise, si elle fait partie de ce qui est classé comme désirable par la Loi, alors c'est une bonne innovation (hassana), tandis que si cela fait partie des actes blâmables, alors c'est une innovation blâmable (mustaqbaha), sinon elle tombe dans la catégorie de ce qui est permis (mubah). Elle peut être classée dans les cinq catégories connues ».

De même l'Imam Ibn al-Athîr al Jazarî rahimahullaah.gif a dit dans son chef-d’œuvre, al-Nihâya fî Gharîb al-Hadîth wal-Athar : «  L’innovation est de deux sortes : l’innovation de guidance et l’innovation d’égarement (bid’atu hudâ wa-bid’ati dalâla). Tout ce qui va à l’encontre des commandements d’Allâh et de Son Messager se trouve dans la sphère du blâme et de la condamnation. Et tout ce qui rentre dans ce qu’Allâh et Son Messager ont recommandé en général se place dans la sphère du mérite. Tout ce qui n’a pas de précédent comme l’extrême générosité ou l’extrême bonté sont des actes méritoires. Il n’est pas permis de dire qu’un tel comportement va à l’encontre de la Loi car le Prophète a stipulé qu’il sera récompensé quand il a dit : « Quiconque institue une bonne coutume en Islâm (man sanna fîl-islâmi sunnatan hassana) aura une récompense ainsi que celle de tous ceux qui l’auront suivi ». De même, il a dit : « Quiconque institue une mauvaise coutume en islam (waman sanna fîl-islâmi sunnatan sayyi’atan) recevra un châtiment ainsi que celui de ceux qui l’auront pratiqué ». Il s’agit des cas où l’acte contredit ce qu’Allâh et Son Messager ont commandé… C’est dans ce sens que le hadith « toute innovation est égarement » est compris : il signifie, tout ce qui s’oppose aux bases de la Loi et qui ne correspond pas à la Sunna ».



Voici quelques exemples d’innovations que les savants Musulmans ont acceptées comme étant bénéfiques et conformes à la Shar’iah Islamique :


1/ La prière de Tarawih en congrégation :

'Umar radiallahanhou.gif , a dit concernant la prière en groupe du Ramadân : « Quelle bonne innovation ! » [1]

A ce propos, l'Imam Ibn al Jawzi rahimahullaah.gif a dit au début de son Tablîs Iblîs : « Certaines nouveautés (muhdathât) ont été apportées qui ne s'opposent pas à la Loi Sacré, pas plus qu'elles ne la contredisent, ainsi, ils (les pieux prédécesseurs) n'ont pas vu de mal dans leur pratique, comme le fait que 'Umar ait rassemblé les gens pour les prières nocturnes de Ramadân, après quoi il les a vus et a dit : « Quelle bonne innovation ! ».

On peut également citer le fait de réciter le Coran en entier dans le mois de Ramadan durant les prières de Tarawih.


2/ L’ajout du 2ème appel à la prière le vendredi :

Dans le Sahih al-Boukhary figure un hadith authentique qui mentionne que 'Uthman radiallahanhou.gif , qui était Khalif, a instauré un deuxième appel à la prière pour la prière du Vendredi. C'est en effet un acte qui n'a jamais été fait par personne avant lui :

« Le premier appel à la prière du vendredi avait lieu, à l’époque du prophète saws.gif , d’Abou Bakr et de 'Umar, après que l’Imam se soit installé sur la chaire. Mais à l’époque du calife 'Uthmane, du fait que les Musulmans étaient devenus très nombreux, il demanda d’ajouter un troisième appel à la prière du vendredi ». [2]

Après que Hadrat ‘Umar Farouq ait fait la prière de Tarawih, il déclara : « Quelle excellente bida’a ». L'imam Abou Hanifa radiallahanhou.gif a dit qu’il s’agit là d’une preuve de la part des gens de science que celui qui invente une mauvaise action dans l'Islam recevra le péché pour lui-même ainsi que celui de qui le suit, tandis que celui qui invente un bonne Bidaa dans l'Islam recevra sa récompense et celle de tous ceux qui le suivront dans cette pratique. [3]

Ceux qui disent qu’il n’y a que des mauvaises innovations se limitent-ils pour autant à un seul appel à la prière le vendredi comme c’était le cas à l’époque du Prophète saws.gif ?


3/ Faire ses ablutions pour transmettre les Hadiths :

L’imâm Ja`far as-Sâdiq radiallahanhou.gif faisait ses ablutions pour transmettre le Hadîth, pratique qui n’a été faite par aucun compagnon.

Ainsi, il est rapporté dans Kitâb ach-Shifâ : « J’ai (ndt : Mus`ab ibn ‘Abdullâh) vu également Ja`far ibn Muhammad as-Sâdiq, qui aimait pourtant plaisanter et rire, devenir pâle lorsqu’on mentionnait le Prophète saws.gif et je ne l’ai jamais vu transmettre les Hadîths de l’Envoyé d’Allâh saws.gif sans être en état de pureté ». C’est une pratique qui a été reprise par bon nombre de grands savants du Hadith.

Abû Mus`ib rapporte que Mâlik ibn Anas radiallahanhou.gif n’évoquait pas les Hadîths de l’Envoyé d’Allâh saws.gif sans avoir fait auparavant ses ablutions mineures (wudhû) par respect pour lui.

Dhirar Ibn Murra et Qatâda disent que la majorité des gens de cette époque détestaient évoquer le Hadîth sans avoir fait auparavant leurs ablutions. [4]


4/ La réprobation de la transmission du Hadîth en étant debout :

Certains pieux prédécesseurs n’acceptaient pas que l’on transmette le hadith debout.

Ibn Mahdî rapporte ce qui suit : « Un jour, j’ai accompagné Mâlik en marchant jusqu’au ‘Aqiq. En cours de chemin, je l’ai interrogé sur un Hadîth. Il me réprimanda et me dit : ‘Tu étais à mes yeux suffisamment éminent pour ne pas interroger sur le Hadîth de l’Envoyé d’Allâh saws.gif pendant que nous marchions.’ ».

On rapporte que Hishâm ibn Hishâm al-Ghazî a interrogé Mâlik sur un Hadîth pendant qu’il était debout. On lui administra vingt coups de fouet. Puis Mâlik eut pitié de lui et lui dicta vingt Hadîths. Hishâm dit alors : « J’aurais bien voulu qu’il me donne davantage de coups de fouet et qu’il me dispense davantage de Hadîths ». [5]


5/ Débattre avec les gens de l’innovation [ahl ul-bida'a] :

L'Imam Al-Bayhaqi rahimahullaah.gif a dit : « Débattre avec les gens de l'innovation - lorsqu'ils rendent leur hérésie publique où qu'ils soulèvent des insinuations - pour contredire leurs propos et exposer leurs erreurs est appréciable, même si c'est une innovation, car cela consiste à les réfuter. Le Prophète saws.gif ainsi que certains Compagnons ont été interrogés à propos du Décret Divin (al-qadar) et leurs réponses nous ont été transmises. A cette époque, ils se contentaient des mots du Prophète saws.gif , ensuite des narrations rapportées à cet effet. Mais de nos jours, les innovateurs ne se contentent plus de telles réponses, pas plus qu'ils ne les acceptent. Ainsi, il est devenu nécessaire de réfuter leurs insinuations - lorsqu'elles deviennent publiques - avec ce qu'ils considèrent eux-mêmes comme des preuves ». Les Imams An-Nawawi, Ibn ‘Asâkir, Ibn al Salâh, as Subkî, Ibn ‘Âbidîn et d'autres soutiennent cet avis. [6]


6/ La ponctuation du Coran :

L'imam al-Ghazzâli rahimahullaah.gif a dit sur sa discussion concernant le fait d'ajouter la ponctuation au texte du Coran : « Le fait que cet acte soit innové (muhdath) n'est en rien un obstacle. Combien de pratiques innovées sont excellentes ! Comme il a été dit concernant l'établissement de la prière de Tarawih en groupe, c'était une nouvelle pratique instaurée par 'Umar radiallahanhou.gif et c'était une excellente innovation (bid'a hassana). L'innovation blâmable est uniquement celle qui s'oppose à la Sunna ou qui mène à la changer ». [7]


7/ Le fait d’écrire « Salallâhou ‘alayhi wassalam » après avoir mentionné le nom du Prophète :

Ce sont bien les savants qui ont innové le fait d’écrire « Salallâhou ‘alayhi wassalam » après la mention de son nom. A l’époque du Prophète saws.gif , les gens ne le faisaient pas. D'ailleurs, le Prophète saws.gif ne l’a pas fait lorsqu’il a envoyé des lettres aux rois et aux gouvernants de la terre. Il disait simplement : « De Muhammad le Messager d‘Allâh ». Les lettres que le Messager a dictées aux compagnons et qui étaient envoyées aux rois, tels que Héraclius ne comportent pas la mention « Salallâhou ‘alayhi wassalam ».

On peut lire dans le Sahih de l’Imam Al-Boukhary, une transcription d’une de ses lettres qui confirme cela :


بسم الله الرحمن الرحيم من محمد عبد الله ورسوله إلى هرقل عظيم الروم السلام على من اتبع الهدى

 

« Bismillâh ar-Rahman ar-Rahim min Muhammadin ‘abdillâhi wa rassoulihi ‘ila Hiraqla ‘adhimi r-roum salamoun ‘alamani t-tabba al-houda »

Ce qui signifie :

« Je commence par le nom d’Allâh le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, de Muhammad fils de ‘Abdullâh et Son Messager, à Héraclius l’empereur des Romains, que la paix soit sur celui qui emprunte le chemin de guidée »
.


L’ajout de « Salallâhou ‘alayhi wassalam » est une bonne sounnah que les savants ont innovée et que le Prophète saws.gif n’a jamais faite.


8/ Le Mawlid an-Nabawi :

Une très large majorité de savants Sunnites l'ont autorisé. Ils ont encouragé les Musulmans à honorer la mémoire du Prophète Muhammad saws.gif en participant à cette noble commémoration.

Parmi eux, As-Suyuti, al-‘Iraqi, al-Qastalani, as-Subki, ad-Dimasqhi, al-Haytami, ibn Hajar al-‘Asqalani, ibn al-Jawzi, ibn Taymiyya, ibn Kathir, ibn al-Qayyim al-Jawziyya, etc.


9/ La collecte de Hadith dans des livres :

Recueillir les Hadiths sous forme de livre et stipuler la chaîne ou les narrateurs et caractériser les hadiths en disant qu’il est Sahih, Hassan ou Da'if, Mu'addaal ou Mudallas, etc. et établir les avis juridiques avec l’aide de Hadiths Makruh, Mustahab, etc, toutes ces pratiques relèvent de l’innovation appréciable et n’ont jamais été pratiquées dans la période bénie de Rasoul Allâh saws.gif .

Qu'il s'agisse de Bukhari, Muslim, at-Tirmidhi, Abou Dawoud, etc. aucun des livres de Hadiths Sahih que nous prenons en considération n'ont été compilés par le Prophète saws.gif . Faire de tels recueils et les suivre comme étant la voie du Prophète saws.gif est une Bida’a. Cela n’a jamais été fait par les Salafs, mais recueillis plus tard par les savants du Hadith.


10/ Les Sciences Islamiques :

Les sciences Islamiques telles que nous les connaissons aujourd’hui n’existaient pas à l’époque du Prophète saws.gif . Ainsi les Fondements du Hadith (Usul al-Hadith) ou de la Jurisprudence (Usul al-Fiqh) sont des innovations. Ce sont pourtant des sciences reconnues de tous les savants Musulmans et dont l'Islam ne peut aujourd'hui se passer.


11/ Les lieux d’apprentissage des Sciences Islamiques :

La construction de Madrassas et d’Universités Islamiques pour l’apprentissage de la Shari’ah est une innovation.


12/ Dans les Mosquées :

L'édification de minarets, l’utilisation de Mirhab, les mosaïques, les tapis pour prier, les hauts parleurs pour l’adhan, etc. Il s’agit encore là d’innovations.


13/ Durant le mois de Ramadan :

L'utilisation du télescope pour apercevoir la « nouvelle lune », l’annonce du début et de la fin du jeûne de Ramadan à la radio et à la télévision, l'utilisation de la sirène à l'Iftar, etc.


14/ On peut encore citer en vrac :

L’utilisation de qualificatifs pour les degrés de science, comme par exemple « Mufti », les calendriers avec les heures de prière, l'étude approfondie de la langue Arabe (essentielle pour l'apprentissage des Sciences Islamiques), les compétitions de récitation du Coran, etc..



Malgré le fait que les prédécesseurs et les savants qui leur ont succédé aient toujours fait cette distinction entre ce qui relève de la bonne et de la mauvaise innovation, certains viennent aujourd'hui remettre cela en cause. C'est une grâve erreur qu'ils commettent et il s'agit là sans aucun doute d'une innovation des plus blâmables.



Notes :

[1] Rapporté d’al-Rabî` par al-Bayhaqî dans son Madkhal et Manâqib al-Shâfe`î (1:469) avec une chaîne authentique comme le dit Ibnou Taymiyya dans son Dâr' Ta`ârud. al-`Aql wa al-Naql (p. 171) et à travers al-Bayhaqî par Ibn ‘Asâkir dans Tabyîn Kadhib al-Muftarî (Kawtharî ed. p. 97). Cité par ad-Dhahabî dans le Siyar (8:408), Ibn Rajab dans Jâmi` al-`Ulûm wal-Hikam (p. 267=Zuhaylî ed. 2:52-53=Arna'ût ed. 2:131 sahîh), et Ibn Hajar dans Fath al-Bârî (1959 ed. 13:253).

[2] Rapporté par l'Imam Ash-Shafé'î dans son Mousnad, par l'Imam Ahmed, par l'Imam Al-Boukhary, par l'Imam Abu Dawoud, ainsi que d'autres Imams.

[3] Imam Ibn Hajar Al-‘Asqalani dans Zubda tul-Fakr

[4] et [5] Al- Qadi ‘Iyad dans Kitâb ash-Shifâ

[6] Al-Bayhaqî, Manâqib al-Shâféi`î (1:469)

[7] Al-Ghazzâlî, Ihyâ' `Ulûm al-Dîn (1:276)

http://www.sunnisme.com/article-existe-t-il-de-bonnes-innovations-en-islam-69344760.html

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