referencer site web - referenceur gratuit - $(document).ready(function(){ chargementmenu(); });

Histoire de L'Islam

L'Islam et les musulmans
La première chose qu'il convient de définir est le terme Islam. Nous pouvons affirmer que ce mot Islam n'est pas apparu après l'arrivée d'un homme ou l'accomplissement d'un phénomène. L'Islam est la véritable religion d'Allah (traduction en arabe du mot Dieu). En effet, c'est Dieu qui a choisit l'Islam, comme le montre le verset suivant :

Sourate 5, Verset 3
... Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. J'ai agréé l'Islam comme religion pour vous... Sourate 5, Verset 3

Derniers billets publiés

Histoire de la fête du Sacrifice: Aid Al Adha

Ibrâhîm (Abraham) avait auparavant laissé son fils Ismâ‘îl avec sa mère Hâjar seuls dans le désert de l'Arabie sans moyens, ceci sous ordre divin....

Plus tard, les années passérent, Ibrâhîm (Abraham) vit dans le rêve qu'il sacrifie son fils Ismâ‘îl. Il s'agissait là d'une révélation divine et d'une grande épreuve pour ce Prophète patient et obéissant ...

Abraham s'adressa alors à son fils et avec tout l'amour et l'affection d'un père, il lui demanda son avis, le fils fort par sa certitude et sa croyance, répondit sans hésitation: "O mon cher père fait ce qu'on t'a ordonné, tu vas trouver en moi, par la volonté de Dieu, la patience et l'obéissance".
Dieu dit dans le Coran à ce propos : « Quand il (Ismâ‘îl ou Ismaël) fut en âge de marcher (dans la vie) à ses côtés, il (Abraham) dit : « Mon petit ! Je me vois en rêve en train de t’égorger. Il dit : « Père ! Fais ce qu’on t’ordonne et tu me trouveras, si Dieu veut, de ceux qui se montrent patients »[6].

Malgré les conditions très difficiles et les épreuves, cette famille avait un coeur orienté vers le Seigneur et soumis à Sa volonté, car le monde d'ici bas pour eux n'était qu'éphémère...
Satan a essayé de tenter Abaraham (et l'inciter à désobéir) trois fois mais en vain. Abraham lapida le tentateur trois fois (ce qui est à l’origine du rite de la lapidation des stèles qui fait partie intégrante du grand pèlerinage en Islam).
والجمهور: أن الشيطان تعرض له عند ذهابه لذبح ولده، ثلاث مرات، فرماه سبع حصات عند كل مرة، فبقيت سُنَّة في الرمي. ورُوي أنه لما ذبحه، قال جبريل: الله أكبر، فقال الذبيح: لا إله إلا الله، والله أكبر، فقال إبراهيم: الله أكبر ولله الحمد، فبقيت سُنَّة صبيحة العيد
Et la lame du couteau passa sous la gorge d' Ismâ‘îl...
Mais, miracle, le couteau par ordre divin perdit sa fonction de couper!
Et Dieu envoya un grand et beau mouton pour remplacer ce courageux jeune homme...Ce mouton était, dit -t-on, l'offrande d'Habel qui a été agréé par Dieu auparavant contre celle de son frère Caïn ingrat et rebelle...

Dieu dit dans le Coran à ce sujet : « Quand ils se soumirent à la volonté de Dieu[7] et qu’il le renversa sur le front. Nous l’appelâmes alors : « O Abraham ! » « Tu as effectivement cru à ce que tu as vu en rêve. C’est ainsi que Nous récompensons les gens de bien ». C’est là de toute évidence la mise à l’épreuve. Nous le rachetâmes par une énorme bête (mouton) à égorger. Nous lui laissâmes un bon renom dans les générations ultérieures. »[8]

Ainsi fut instauré une fois pour toute pour les musulmans la sunna du sacrifice en commémoration de cet événement, et c'est un grand jour de fête et de partage.


Fête du Sacrifice : Aïd al Adha ou Aïd el Kébir par Enogo

Notes:

[6] Sourate 37, verset : 102.

[7] Pour les commentateurs, l’obéissance d’Ibrâhîm pour sacrifier son fils unique, à un âge qui offrait peu d’espoir qu’il puisse en avoir un autre (il était déjà vieux), est la marque de la profondeur et de la grandeur de son allégeance à Dieu. La naissance de son second fils Isaac (Paix sur Lui) est perçue comme une récompense à Ibrâhîm pour sa soumission parfaite.

[8] Sourate 37, versets : 103 à 108.

Jurisprudence de la fête du Sacrifice selon le rite malékite:

En Islam, il existe deux fêtes : la fête de la fin du mois de Ramadan, et la fête du sacrifice.

Il est interdit au musulman de jeûner le jour de la fête de la fin du mois de Ramadan.

Il est interdit au musulman de jeûner le jour de la fête du sacrifice ainsi que les deux jours qui suivent le jour de la fête du sacrifice. Il est détestable (makrûh) de jêuner le troisième jour après la fête du sacrifice.

La fête du sacrifice a lieu le dixième jour du mois sacré Dhul-hidjja (dernier mois du calendrier lunaire musulman).

Le sacrifice d’une bête (un mouton ou un caprin ou un bovin ou un camélidé) ce jour (ou pendant les deux jours qui suivent)[1] est une sunna prophétique appuyée pour ceux qui ont les moyens d’acheter la bête(qui n’ont pas besoin de l’argent de la bête pour une chose nécéssaire dans l’année).
Pour cette bête à sacrifier dite Ud-hiyya on préfére les ovins. On préfére toujours le mâle à la femelle et la bête plus en chair que les autres.
On n'a pas à s’endetter pour l’acheter[2].

Dans notre école malikite, on ne peut pas s'associer (cotiser) avec d'autres dans son prix(elle ne sera pas valide dans ce cas), mais la personne peut associer d'autres dans le mérite du sacrifice avant de le sacrifier à condition que ces autres soient des proches (comme son frère, son fils,son cousin, son épouse..) ET qu'ils soient dans sa charge (que cette charge soit obligatoire comme le père ou le fils pauvres, ou non obligatoire comme le frère ou le cousin) ET qu'ils habitent avec lui sous le même toit (la même maison). Si ces trois conditions sont réunies: les personnes associées dans le mérite du sacrifice seront exonérées du sacrifice.
في المنتقي للباجي وهومالكي
يجوز للإنسان أن يضحي عن نفسه وعن أهل بيته بالشاة الواحدة يعني بأهل بيته أهل نفقته قليلا كانوا أو كثيرا والأصل في ذلك حديث أبي أيوب كنا نضحي بالشاة الواحدة يذبحها الرجل عنه وعن أهل بيته زاد ابن المواز عن مالك وولديه الفقيرين قال ابن حبيب: وله أن يدخل في أضحيته من بلغ من ولده وإن كان غنيا إذا كان في نفقته وبيته وكذلك من ضم إلى نفقته من أخ أو ابن أخ قريب فأباح ذلك بثلاثة أسباب: أحدها: الإنفاق عليه والثاني المساكنة له والثالث القرابة

Au matin de la fête du sacrifice, le musulman fait un Ghusl (qui est sunna) et met ses nouveaux habits puis part pour accomplir une prière de deux Rak'at (qui est une sunna appuyée) à la mosquée derrière l’Imâm (appelée : prière de l’Aïd), il écoute le prêche de l’Imâm, puis après que l’Imâm sacrifie (égorge, immole) la bête (mouton ou autre), le musulman égorge sa bête (après avoir prononcé le Nom de Dieu) :
L’immolation doit avoir lieu donc après la prière de la Fête. Selon un hadîth, le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit : « Celui qui immole avant la prière de la Fête, n’aura fait qu’abattre un animal pour être consommé, mais celui qui immole après cette prière aura offert un sacrifice rituel. »[3]
روى عن البراء أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "من صلى صلاتنا، ونسك نسكنا، فقد أصاب النسك، ومن ذبح قبل أن يصلي فليعد مكانها أخرى"، وفي رواية أخرى: "إن أول نسكنا في يومنا هذا الصلاة ثم الذبح، فمن ذبح قبل الصلاة فتلك شاة لحم قدمها لأهله، ليس من النسك في شيء"

En France, il y a des endroits spéciaux pour égorger les bêtes, et il faut donc respecter les lois du pays et n’égorger sa bête que dans ces endroits.

On consommera la viande de la bête d'une part et il est préférable (mandûb) aussi d'en donner en aumône aux pauvres et aux nécessiteux musulmans et d'en offrir (en cadeau) aux amis et voisins.[4]
Dieu dit dans le Coran : « jamais ne parviendra à Dieu leur viande ni leur sang, mais ce qui Lui parvient de votre part c’est la piété »[5]

Il est recommandé pendant ce jour de fête et les deux jours qui le suivent de multiplier les invocations: entre autre dire Allahu akbar (3 fois après la fin de chaque prière pendant les trois jours) et invoquer la gloire et la louange du Seigneur...Ainsi il est méritoire le Takbîr (3 Allahu Akbar) après chaque fin de prière obligatoire durant les quatre jours de la fête : le dixième (à partir du Zuhr), le onzième, le douzième et après le Subh du treizième du dernier mois de l’hégire : à savoir que les dix premiers jours du mois sacré de Dhul-Hidja sont bénis et il convient de faire pendant ces jours plus d’actes méritoires et d’invocations.
Il est recommandé aussi de montrer les signes de la joie et du bonheur et de les partager avec la famille, les proches et les voisins… Les visites mutuelles pour augmenter l'amour et consolider les liens, sont aussi très recommandées pendant cette fête....

Parmi les convenances avant d'aller à la prière de la fête (Al-Fitr et al-Ad-hâ):
*Faire un Ghusl (lavage) (qui est Mandûb).
*Il est mandûb de mettre des nouvels habits, se parfumer(sauf pour les femmes quand elles sortent)...
*Il est mandûb pour le Fitr de manger avant de partir à la prière (une date ou 3 dates...) et pour la fête du sacrifice il est Mandûb de manger après la prière.
*Il est mandûb d'invoquer Dieu abondamment par la formule "Allahu Akbar" jusqu'à la prière ou jusqu'à l'arrivée de l'Imam. Beaucoup de fidèles utilisent aussi les formules:"Allahu Akbar, Allahu Akbar, Allahu Akbar, wa subhâna Allahi wa al-hamdu lillahi wa lâ hawla wa lâ quwwata illâ bi llâh; lâ ilâ ha Illa Allah".
*Il est mandûb d'emprunter un chemin différent de celui de l'allée quand on retourne de cette prière.
*Il est mandûb de sourir et montrer la joie à tous les croyants qu'on rencontre.
*Il est mandûb de faire des aumônes volontaires (selon la possibilité).

Pour le Fitr: donner la zakât al-Fitr après la prière de l'aube de ce jour et avant la prière de la fête.

Notes:

[1] Il faut le faire après que l’Imâm ait égorgé sa bête. Il faut prononcer le Nom de Dieu (Bismillah, Allahu Akbar) avant d’égorger la bête.Le temps du sacrifice commence ainsi après le sacrifice de l’Imâm le 10 et se termine au coucher du soleil du 12. Chez les malikites parmi les conditions de validité du sacrifice est qu’il doit être fait en journée et pas du tout la nuit ; et c’est le musulman qui doit égorger exclusivement(si le musulman fait egorger son sacrifice par un chrétien par exemple, son sacrifice n’est pas valide pour l’Aïd bien qu’il soit mangeable). . Al-Fiqh ‘alâ al-madhâhib al-arbaa tome I page 647 et 648.

[2] Il y a certaines personnes qui prennent même des micro-crédits avec des taux d’intérêts pour s’acheter la bête : ceci est interdit et constitue un pêché. Dieu veut la facilité pour nous…Le sacrifice de la bête se fait pour la face de Dieu et non par ostentation…

[3] Hadîth rapporté par Al-Bukhârî dans son Sahîh, n° 902.

[4]Abû Sa'îd rapporta que Qatâdah Ibn An-Nu'mân l’informa que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — se leva (un jour) et dit : « Je vous avais interdit de manger la viande du sacrifice au-delà de trois jours. Je vous y autorise désormais ; mangez-en comme bon vous semble. Mais ne vendez pas les viandes de sacrifice (hady et udhiyah inclus). Mangez-en, donnez-en en aumône, profitez de leurs peaux mais ne les vendez pas. Et si l’on vous en propose quelque chose, mangez-en comme il vous plaît. » (Rapporté par Ahmad). Le Messager avait interdit à ses Compagnons de faire des réserves de viande, et leur avait dicté d’en donner une part aux nécessiteux qui se rendaient exprès à Médine pendant l’Aïd pour recevoir cette obole. Puis, il leur permit d’en manger et d’en mettre de côté pour leurs enfants. De nombreux hadiths, dont l’authenticité est unanimement reconnue, nous sont parvenus à ce sujet(voir : Nayl Al-Awtâr, volume 5, page 134). Par contre, on ne vendra rien de la bête sacrifiée ni peau ni autre..

 

(La Risâla d’Ibn abî Zayd Al-qirawânî, chapitre 29)

http://www.saveurs-soufies.com/index.php?option=com_content&view=article&id=118:fete-du-sacrifice&catid=1:islam&Itemid=30

e6un7

Le martyre de Karbala

istigfar.jpg

‘Ashourâ’ est le dixième jour du mois islamique de moharram au cours duquel ce martyre eut lieu et au cours duquel il est toujours commémoré avec la plus grande ferveur par les fidèles de la Famille du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens.

Karbalâ et ‘Ashourâ’ sont ainsi le cœur palpitant des fidèles des Gens de la Demeure prophétique, par qui nous vient la Paix, cœur palpitant qui n’a cessé, au cours des siècles, de maintenir en vie l’esprit de justice et de vérité et continuera de le faire jusqu’au dernier Jour de ce monde.

Plutôt qu’à une analyse historique qui ne peut qu’escamoter les dimensions les plus spirituelles et les plus humaines de cette tragédie, c’est à un récit que je vous convie, un récit semblable à ceux qui se transmettent depuis des siècles dans les réunions commémoratives du martyre de Karbalâ’. Mais avant de commencer, je vous invite à goûter quelques propos des Gens de la Demeure prophétique, la Paix soit avec eux, et quelques vers d'un de leurs fidèles poètes.

Ahmad Ibn Hanbal, grand collecteur des faits et dires du noble Prophète Mohammad, Dieu le bénisse lui et les siens, rapporte dans son Mosnad (vol.1, p.85, had. 648) que l’Imam ‘Alî, que Dieu ennoblisse son visage, a dit :

Un jour que j’entrais chez le Messager de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, ses yeux débordaient de larmes. Je lui demandai :

« O Messager de Dieu, quelqu’un t’aurait-il fâché ? Pourquoi tes yeux débordent-ils de larmes ?

— L’ange Gabriel, me dit-il, vient de me quitter. Il m’a raconté que [mon petit-fils] Hossayn sera tué au bord de l’Euphrate. “Veux-tu que je te fasse sentir de la terre [où il sera tué]?”, me dit-il. Je répondis que oui. Il tendit alors la main, prit une poignée de [cette] terre et me la donna… Alors je n’ai pu empêcher mes larmes de couler. » (Mosnad Ahmad Ibn Hanbal, vol.1, p.85, had.648).

Il est aussi rapporté de l'Imam ‘Alî Ibn Moussa ar-Ridâ, petit-fils de l’Imam Dja‘far as-Sâdiq, lui-même arrière-petit-fils de l'Imam Hossayn, la Paix soit avec eux, qu'il a dit:

« Moharram est un mois durant lequel les gens de la Djâhiliyya considéraient comme illicite de faire la guerre, et voilà qu'ils ont considéré licite d'y verser notre sang, qu'ils y ont porté atteinte à nos dignes épouses, qu'ils y ont capturé nos femmes et enfants et qu'ils ont mis le feu à notre campement et pillé ce qui s'y trouvait de nos trésors: ils ne firent en rien preuve du respect dû au Messager de Dieu en ce qui nous concerne.

En vérité, le jour de Hossayn a meurtri nos paupières et fait couler nos larmes. Celui qui nous est cher a été avili en une terre de Karbalâ qui nous laissa en héritage l'affliction (karb) et l'épreuve (balâ') jusqu'au jour où tout sera fini. Que ceux qui pleurent pleurent donc sur quelqu'un comme al-Hossayn, car de pleurer sur lui diminue les grands péchés.

Lorsqu'on entrait dans le mois de moharram, jamais on ne voyait mon père rire. Il était dominé par la peine jusqu'à son dixième jour, et lorsque ce jour arrivait c'était pour lui une journée de malheur, de tristesse et de pleurs, et il disait: « C'est le jour en lequel on a tué Hossayn… »

Le récit commence en Iraq, dans la ville de Koufa, qui est alors une des deux métropoles du pays. Nous sommes dans les derniers jours de l’année 60 de l’Hégire, l’an 682 de l’ère chrétienne, moins de cinquante ans après la douloureuse disparition du Prophète Mohammad, Dieu le bénisse lui et les siens.

« Habitants de Koufa ! Ayez pitié de vous-mêmes ! Dispersez-vous ! Voilà les troupes de Syrie envoyées en renfort ! Dispersez-vous avant qu’elles n’entrent dans la ville ! Abandonnez cette rébellion insensée ! Abandonnez Moslim fils de ‘Aqîl et rejoignez nos rangs, ‘Obaydollâh fils de Ziyâd saura vous en récompenser ! Moslim est un homme mort et quiconque le soutiendra d’une façon ou d’une autre sera exécuté et ses biens confisqués ! Habitants de Koufa, n’attirez pas le malheur sur vos têtes ! »

Le héraut qui, du toit de la citadelle, avait crié ces mots se tut. Toute la journée, déjà, les agents du gouverneur s’étaient succédés auprès des diverses tribus pour les décourager et les amener à changer de camp. Moslim vit peu à peu les rangs se dégarnir autour de lui. De tous côtés, les femmes elles-mêmes venaient chercher leurs hommes : c’était à qui ramènerait un fils, un frère ou un mari.

Quand l’appel à la Prière du soir s’éleva des minarets, Moslim entra dans la mosquée avec la trentaine d’hommes qui lui restaient. Il leva les mains pour le Takbir d’entrée dans la Prière : Allâhu akbar…

Après avoir fini sa Prière et les invocations qui y font suite, il se retourna et vit la mosquée vide : les derniers fidèles s’éclipsaient l’un après l’autre…

La hawla wa lâ quwwata illa bi-llâhi l-‘aliyyi l-‘avîm ! Point de force et ni puissance hormis par Dieu le Très-Haut, l’Immense !

Moslim sortit, seul, dans les rues de Koufa, errant sans savoir où aller dans cette ville où il n’était plus qu’un étranger indésirable, un rebelle recherché par les hommes de main du gouverneur ‘Obaydollâh fils de Ziyâd. Où trouver seulement un abri pour y passer la nuit ?

Au détour d’une ruelle, il vit une femme debout devant sa porte.

« O servante de Dieu, j’ai soif ! Peux-tu m’offrir de l’eau ? »

La femme rentra dans la maison, puis ressortit avec un bol plein d’eau qu’elle tendit à cet homme. Celui-ci remercia et but. La femme rapporta le bol à l’intérieur et, revenant sur le pas de la porte, trouva l’homme assis sur le seuil, immobile.

« O serviteur de Dieu, n’as-tu pas bu à ta soif ?

— Si, mère.

— Alors, rentre chez toi ! »

L’homme ne répondit pas. Elle répéta ses paroles, mais l’homme restait silencieux. Une troisième fois, elle insista, mais l’homme, toujours, ne disait rien.

« Pureté à Dieu ! O serviteur de Dieu, rentre donc chez les tiens, car il n’est pas convenable que tu sois à ma porte à cette heure de la nuit ! Je ne le permettrai pas. »

L’homme se leva et dit :

« O servante de Dieu, je n’ai pas de foyer dans cette ville, ni de proche, pas même des amis… Etranger, je ne sais où aller… Ferais-tu œuvre de bien en m’hébergeant, peut-être pourrais-je ensuite t’en être reconnaissant.

— Qui es-tu ? Que fais-tu ici ?

— Je suis Moslim fils de ‘Aqîl, je viens de la ville de l’Envoyé de Dieu. Les habitants de Koufa n’ont cessé d’envoyer des lettres à mon seigneur et maître, Hossayn fils de ‘Ali, pour l’inviter à prendre la tête du soulèvement contre le calife Yazîd fils de Mu‘âwiya, jusqu’à ce qu’il m’envoie comme émissaire. Ils étaient des milliers à m’acclamer quand je suis arrivé. Aujourd’hui, pas un seul n’accepterait de me donner abri...

— Tu es Moslim, le cousin et l’émissaire du petit-fils de l’Envoyé de Dieu ! Entre vite dans ma maison ! Entre, te dis-je ! Comment pourrais-je affronter Fatima la Resplendissante, au Jour du Jugement, quand elle me dira : “Taw‘a, l’envoyé de mon Hossayn est venu vers toi, pourchassé par les hommes de Yazîd, sans ami, sans défenseur, et tu l’as repoussé...” Entre te cacher chez moi, mon fils ! »

Moslim entra et s’installa dans la pièce que Taw‘a venait de préparer pour lui. Il repassait dans sa mémoire les événements des derniers mois.

La mort du calife usurpateur Mo‘âwiya qui, au lieu de remettre le califat à l’Imam Hossayn, comme il s’était engagé à le faire lors du traité qu’il avait signé avec l’Imam Hasan, avait fait reconnaître son fils Yazîd, cet ivrogne invétéré et dépravé notoire, comme calife de l’islam, comme « successeur de l’Envoyé de Dieu ».

Le refus de l’Imam Hossayn de prêter allégeance devant les représentants de Yazîd et son départ pour La Mecque, accompagné de toute sa famille, afin d’y trouver refuge à l’ombre de la Sainte Kaaba, en ce lieu saint où il est interdit de faire couler le sang.

Les lettres des habitants de Koufa assurant l’Imam de leur dévouement et de leur fidélité. La méfiance de l’Imam devant ces appels, venant d’une ville qui avait déjà trahi son père, l’Imam ‘Alî, et son frère, l’Imam Hasan. L’insistance des missives se succédant les unes après les autres, portant les signatures de toutes les personnalités de la ville et de toutes les tribus.

Que dire devant les hommes ? Que répondre au jour du Jugement ? Les fidèles semblaient prêts, la victoire à portée de main, pourquoi alors n’avoir pas répondu à l’appel ? Bien que sachant à quoi s’en tenir, l’Imam ne pouvait plus refuser.

Et voilà que Koufa trahissait à nouveau.

Comme s’il pressentait que cette nuit serait pour lui la dernière, Moslim décida de la veiller en prière.

Quand le fils de Taw‘a rentra à la maison, il remarqua les va-et-vient inhabituels de sa mère vers la pièce où elle avait caché Moslim. Il chercha à savoir de quoi il retournait et, finalement, après qu’il ait juré de ne rien dire, sa mère lui révéla qu’elle avait offert asile à celui que tous les hommes du gouverneur recherchaient. Puis ils allèrent dormir, tandis que Moslim, seul avec Dieu, passait la nuit en prière.
A l’aube, ‘Obaydollâh fils de Ziyâd fit proclamer dans toute la ville l’ordre de venir assister en sa présence à la Prière de l’aube. Quiconque, parmi les chefs de tribus et notables de la ville, ne se rendrait pas à la mosquée sera exécuté et ses biens confisqués.

Après la Prière, le gouverneur monta en chaire et annonça que celui qui donnait abri à Moslim fils de ‘Aqîl le payerait de sa vie et de ses biens, tandis que toute personne qui aiderait à sa capture se verrait largement récompensé.

Le fils de Taw‘a se leva alors pour livrer Moslim, et une troupe de soixante-dix hommes fut envoyée pour l’arrêter.

Lorsqu’il entendit le bruit de chevaux qui s’approchait, Moslim comprit ce qui se passait.

Innâ li-llâh wa innâ ilayhi râdji‘ûn ! En vérité, nous sommes à Dieu et, en vérité, nous retournons vers Lui !

Il se leva d’un bond, l’épée à la main, et se précipita vers la porte. Taw‘ah aussi avait entendu, et elle avait compris que son fils les avait trahis. Elle supplia Moslim de ne pas douter d’elle, et il la rassura :

« Tu as fait tout ce que tu pouvais faire, Taw‘a, et tu bénéficieras de l’intercession de l’Envoyé de Dieu. Cette nuit, ajouta-t-il, à un moment où je m’étais assoupi, j’ai vu mon oncle, le Commandeur des fidèles, l’Imam ‘Alî fils d’Abû Tâleb, la Paix soit avec lui. Il m’a promis : “Demain, tu seras auprès de moi !” »

Moslim bondit dans la ruelle et se retrouva face à face avec les hommes de main de ‘Obaydollah. Il se battit comme un lion, tuant et blessant beaucoup d’entre eux. Malgré leur nombre, ils ne parvenaient pas à prendre le dessus. Ils eurent beau promettre à Moslim la vie sauve : que pouvait bien valoir la parole d’un homme de Koufa ?

Ils en vinrent à le lapider du haut des toits et à le bombarder d’objets enflammés, jusqu’à ce que, épuisé, couvert de blessures, Moslim s’écroule, frappé d’un coup de lance dans le dos.

Les soudards s’emparèrent de lui, le chargèrent sur une mule et l’emmenèrent vers la citadelle.

Moslim ne pouvait retenir ses larmes et ces hommes, qui venaient d’être témoins de son courage, s’en étonnaient :

« Pourquoi pleurer ainsi ? Redouterais-tu la mort ?

— Ce n’est pas pour moi que je pleure, mais pour mon seigneur et maître, l’Imam Hossayn fils de ‘Alî, ainsi que sa famille, traîtreusement appelés par tous ces hypocrites. Le voilà qui a quitté les lieux saints et se dirige vers nous, et ces pleutres, maintenant, l’abandonnent lâchement. Innâ li-llâh wa innâ ilayhi râdji‘ûn ! En vérité, nous sommes à Dieu et, en vérité, nous retournons vers Lui… »

Moslim fût conduit à la citadelle. ‘Obaydollah ordonna qu’on le mène sur le toit et que là, devant la foule rassemblée, on lui tranche la tête.

C’était le 9e jour du mois de Dhu l-Hidjdja, le mois du Pèlerinage à La Mecque, ce jour où tous les pèlerins, venus des contrées les plus lointaines, sont rassemblés dans la plaine de ‘Arafât et réunis autour du Mont de Miséricorde.

La tête du premier martyr du soulèvement de l’Imam Hossayn tomba et roula aux pieds de la foule atterrée, puis son corps fut jeté du haut de la citadelle.

Hânî, l’un de ceux qui avait hébergé Moslim avant d’être dénoncé et arrêté par les hommes du gouverneur, fut conduit au marché aux moutons pour y être lui aussi décapité. Hânî était un des chefs de la tribu Madhhadj, et il pouvait se vanter de pouvoir lever quatre milles cavaliers armés parmi les siens et de pouvoir en réunir trente milles autres parmi les tribus qui lui étaient alliées. Il appela donc les membres de sa tribu :

« A moi les Madhhadj ! Je suis Hânî fils de ‘Orwah, votre chef ! N’y a-t-il donc plus de Madhhadj aujourd’hui pour venir me défendre ? »

Mais le climat de terreur que ‘Obaydollah avait réussi à répandre dans la ville était tel que pas un seul Madhhadj ne vint au secours de Hânî.

Et la tête de Hânî fut tranchée.

D’autres personnalités connues pour avoir soutenu Moslim furent encore arrêtées et exécutées.

Les corps de Moslim et de Hânî furent attelés à des chevaux et traînés à travers les rues de Koufa, pour terroriser encore davantage la population, puis il furent pendus à une potence sur le marché au moutons. Quand à leurs têtes, elles furent le premier cadeau que Obaydollâh fils de Ziyâd envoya à Damas pour réjouir Yazîd fils de Mo‘âwiya, le calife omayyade.

Ce dernier fut fort satisfait de l’œuvre de son gouverneur. Il ordonna de suspendre les têtes aux portes de Damas et envoya une lettre pleine d’éloges, de remerciements… et de conseils :

« J’ai ouï dire que Hossayn fils de ‘Alî se dirige vers l’Iraq : surveille donc toutes les routes, emploie tous les moyens possibles pour t’emparer de lui et surtout tue-le. Et informe-moi chaque jour de tout ce que tu fais. »

La veille de ce jour, à La Mecque, l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, se mettait en route pour l’Iraq. Avant d’être trahi, Moslim avait envoyé des lettres encourageantes à son cousin à propos de la situation à Koufa. Des milliers de personnes, dont les principaux notables et chefs de tribus, ne lui avaient-ils pas fait allégeance en tant que représentant et homme de confiance de l’Imam ?
Cela faisait maintenant quatre mois que Hossayn fils de ‘Alî, la Paix soit avec eux, vivait à l’ombre de la Sainte Kaaba, se consacrant à l’adoration de Dieu et aux pratiques spirituelles. Des fidèles, venus du Hedjâz et de Basra avaient commencé à se rassembler autour de ce seigneur. Au début du mois du Pèlerinage, l’Imam prit l’intention de faire le Hadjdj, le grand Pèlerinage, et prononça les formules de consécration :

Labbayka llâhumma labbayk ! Labbayka llâhumma labbayk ! Inna l-hamda wa n-ni‘mata laka wa l-mulk, lâ sharîka laka, labbayk !

Me voici tout à Toi, ô mon Dieu, me voici tout à Toi !

La louange et la grâce, en vérité sont Tiennes, ainsi que le royaume, sans le moindre associé, me voici tout à Toi !

A la veille du grand rassemblement de ‘Arafât, autour du Mont de Miséricorde, un hôte imprévu fit son apparition : ‘Amr fils de Sa‘îd fils de ‘As, ce rejeton d’une famille dont l’hypocrisie ne parvenait pas à dissimuler la haine pour la religion de Dieu et qui s’était bien mal illustrée dans les précédents affrontements entre les omayyades et la Sainte Famille de Prophète, que Dieu prie sur lui et les siens ; ‘Amr fils de Sa‘îd fils de ‘As arriva à La Mecque avec une forte escorte, manifestant l’intention de faire le Pèlerinage.

L’Imam n’était pas dupe. Il savait bien qu’il était lui-même l’agneau que ces hommes rêvaient d’offrir en sacrifice, non pas à Dieu, mais au pouvoir omayyade, leur nouvelle idole. Mais il savait aussi, lui, que le lieu où il devait être sacrifié n’était pas le sanctuaire de La Mecque ni son Territoire Sacré… Il savait, lui, que l’heure de son immolation n’était pas dans cette décade sacrée du mois du Pèlerinage, mais une autre décade… Il savait ce qu’il devait faire maintenant pour aller vers l’autel de son sacrifice, un autel qui avait pour nom Epreuve et Affliction…

Ainsi, à la veille de ce grand jour du Pèlerinage, l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, accomplit, à la surprise de tous, les rites de désacralisation : il tourna sept fois autour de la Kaaba, axe spirituel du monde, tandis que son cœur tournait autour du Trône divin, et il parcourut sept fois l’esplanade entre les collines de Safâ et Marwa, entre la crainte et l’espérance, ces deux ailes de la foi…

Il pouvait maintenant quitter le Territoire Sacré. Il se leva et, après avoir loué Dieu et prié sur son Envoyé, que les Prières et la Paix divines soient sur lui et les siens, il harangua la foule :

« O gens, la mort est suspendue au cou des fils d’Adam comme un collier au cou des jeunes femmes. Je suis épris de revoir tous mes chers disparus tout comme l’était Jacob de revoir son Joseph.

Il faut m’acheminer à la rencontre de la mort et du trépas qui furent choisis pour moi. Je vois déjà les jointures de mes os déchiquetées par les loups du désert dans une terre du nom de Karbalâ, terre d’Epreuve et d’Affliction, pour repaître le ventre vide de leurs vains espoirs.

On n’élude ni ne fuit ce que la plume du destin a tracé pour chacun, et nous, Gens de la Demeure prophétique, nous avons acquiescé, pleinement satisfait, à tout décret de Dieu et affrontons avec belle patience chacune de Ses épreuves. […]

Maintenant, ceux qui ne se font pas souci d’offrir leur vie dans notre voie et ne rechignent pas au sacrifice de soi en vue de rencontrer la Vérité suprême, qu’ils plient armes et bagages et se joignent à moi, car demain la caravane se mettra en route ! »

L’Imam ayant ainsi annoncé son départ imminent, son demi-frère, Mohammad Ibn al-Hanafiyya vint le trouver pour l’en dissuader :

« Frère, tu n’ignores pas ce qu’on fait les gens de Koufa avec ton père et ton frère et comment ils les ont trompés et trahis. Je crains qu’ils ne fassent de même avec toi. Si, donc, tu décidais de rester à La Mecque, qui est le Sanctuaire de Dieu, tu serais respecté et honoré et personne n’osera porter la main sur toi.

— Frère, répondit l’Imam, je crains fort que Yazîd ne me fasse périr à La Mecque et que cette vénérable Demeure soit ainsi profanée.

— En ce cas, rends-toi donc au Yémen ou bien dirige tes pas vers le désert, afin que nul ne puisse mettre la main sur toi.

— C’est une proposition qui mérite réflexion. »

A l’aube, cependant, la caravane de l’Imam Hossayn se mit en route en direction de l’Iraq. Dès que Mohammad Ibn al-Hanafiyya eut vent de ce départ, il rejoignit en hâte la caravane et saisit les rênes de la chamelle de l’Imam :

« Frère, ne m’avais-tu pas promis de réfléchir à ma proposition d’hier ?

— Si, je te l’ai promis.

— Alors, pourquoi quitter La Mecque avec autant de précipitation ?

— C’est que, juste après ton départ, le Prophète, que Dieu prie sur lui et les siens, est venu me trouver et m’a dit : “Hossayn, va, mets toi en route ! En vérité, Dieu veut te voir tomber dans Sa voie !”

— Innâ li-llâh wa innâ ilayhi râdji‘ûn ! En vérité, nous sommes à Dieu et, en vérité, nous retournons vers Lui ! Mais, si ta destination est ainsi le martyre, pourquoi donc emmènes-tu ces femmes avec toi ?

— C’est que Dieu veut les voir captives… »

Le cœur serré d’une détresse immense et les yeux pleins de larmes, Mohammad Ibn al-Hanafiyya fit ses derniers adieux à son frère et Imam, puis rebroussa chemin… La caravane de fidèles et de proches reprit paisiblement sa marche vers son destin grandiose…

Plusieurs proches de l’Imam tentèrent de le dissuader de se rendre en Iraq, mais en vain. Son cousin ‘Abd Allâh fils de Dja‘far rejoignit ainsi la caravane, porteur d’un sauf-conduit garantissant la vie sauve et le meilleur traitement à l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, pouvu qu’il renonçât à son entreprise. L’Imam lui répondit :

« J’ai vu le Prophète, que Dieu prie sur lui et les siens, dans un songe, et c’est pour me conformer à l’ordre qu’il me donna que je me suis mis en route.

— Raconte-moi ce songe, demanda alors ‘Abd Allâh fils de Dja‘far.

— A ce jour, je ne l’ai raconté à personne et je ne le raconterai pas non plus jusqu’à ce que je m’en aille à la rencontre de mon Seigneur. »

Et l’Imam reprit sa route.

Arrivé à un lieu dit « Dhât al-‘irq », la caravane en croisa une autre, qui venait de l’Iraq. Certains voyageurs s’empressèrent de mettre l’Imam en garde :

« En Iraq, dirent-ils, les cœurs des gens sont avec toi, mais leurs sabres sont du côté des Omayyades.

— C’est bien vrai, répondit l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui. En vérité, Dieu fait advenir ce qu’Il veut et décide comme Il veut. »

Lorsqu’ils approchèrent de l’Iraq, l’Imam, la Paix soit avec lui, envoya son frère de lait comme messager pour annoncer aux gens de Koufa son arrivée prochaine. Mais le messager fut capturé et il lui fut donné à choisir entre mourir de male mort, livrer les noms de tous les rebelles à qui il apportait sont message ou bien monter en chaire pour bafouer et outrager publiquement l’Imam Hossayn, son frère l’Imam Hassan et leur père, l’Imam ‘Alî, la Paix divine soit avec eux tous.

Le messager refusa de livrer les noms, mais accepta de s’adresser à la population rassemblée dans la grande mosquée. Il monta donc en chaire et là, après avoir loué Dieu et prié sur Son Messager, il redoubla d’éloges et de bénédictions sur tous les membres de la Sainte Famille du Prophète, que Dieu prie sur lui et les siens, maudit les tyrans omayyades et leurs partisans, puis lança un dernier appel :

« Gens de Koufa, je suis le messager de l’Imam Hossayn que j’ai laissé à tel endroit : que ceux qui veulent lui prêter main forte se hâtent de le rejoindre… »

Le courageux messager ne put aller plus loin. Il fut brutalement ramené à la citadelle pour être précipité vivant du haut de ses remparts.

Des nouvelles sur la réalité de la situation à Koufa commencèrent à parvenir à l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui. Deux hommes de la tribu des Banû Asad, qui avaient accompli le Pèlerinage, avaient ensuite forcé leur marche pour rattraper la caravane de l’Imam. En chemin, ils avaient rencontré un homme de leur tribu qui leur avait raconté la fin tragique de Moslim et de Hâni ainsi que la trahison des gens de Koufa. Ils s’empressèrent alors de rejoindre la caravane, vinrent trouver l’Imam et lui dirent :

« Nous avons une nouvelle à t’annoncer. Si tu le veux, nous la dirons devant tout le monde, et si tu le désires, nous t’en informerons en privé. »

L’Imam porta son regard sur eux, puis sur ses compagnons, et dit :

« Je n’ai rien à cacher à mes compagnons que voici. Dites ce que vous avez à dire. »

Et ils lui annoncèrent donc ce qui était arrivé à Moslim et à Hânî et le prièrent de rebrousser chemin. L’Imam fut profondément touché par cette nouvelle et repéta à plusieurs reprises :

« Innâ li-llâh wa innâ ilayhi râdji‘ûn ! En vérité, nous sommes à Dieu et, en vérité, nous retournons vers Lui ! Que Dieu leur fasse miséricorde ! »

Peu de temps après, d’autres voyageurs apportèrent aussi la nouvelle du martyre du dernier messager de l’Imam Hossayn. Ce dernier s’adressa alors à tous ceux qui l’accompagnaient :

« Grâce au Nom de Dieu le Tout-Miséricordieux et Très-Miséricordieux, certains d’entre eux ont [déjà] trépassé, d’autres attendent [leur tour]… Les nouvelles du martyre de nos compagnons vous sont parvenues. La vérité est que nos partisans nous ont abandonnés. Sachez alors qu’il ne sera pas fait le moindre grief à qui voudrait nous quitter. »

Jamais on entendit le chef d’une armée sur le point de rencontrer l’ennemi faire une telle proposition. On en vit au contraire beaucoup qui coupaient toute voie de retraite à leurs hommes afin de les contraindre au combat. C’est que dans ce soulèvement de l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, il ne s’agissait pas de guerroyer pour un quelconque bénéfice, pour obtenir quelque pouvoir ou ramasser quelque butin. Ce dont il était question, c’est du combat de la vérité et de la justice contre le mensonge et l’iniquité.

Dans ce combat, il ne s’agit pas d’avoir des hommes en quantité afin de gagner par le poids du nombre. La clé de tout, ici, est la conscience de l’homme : c’est à chacun qu’il incombe d’avoir pleinement conscience de la bonne et juste cause, de l’épouser en son âme et conscience et de choisir son camp en toute conscience et en toute liberté. Si quelqu’un n’est pas conscient des raisons de son engagement, mieux vaut qu’il se retire. Et le martyre de ceux qui restent, le martyre d’hommes et de femmes pleinement engagés dans la voie de Dieu et de la réalisation de l’humanité véritable, sera le meilleur exemple pour que les générations futures puissent progresser, si Dieu le veut, dans cette prise de conscience.

De nombreux hommes, dont les motivations étaient faites d’ambitions de ce monde, abandonnèrent l’Imam ce jour-là et seuls restèrent ceux qui n’étaient mus que par la foi et la conviction. Le fils aîné de l’Imam, ‘Alî fils de Hossayn, la Paix soit avec eux, dit alors :

« Père, ne sommes-nous pas dans le vrai ?

— Si, répondit l’Imam, nous sommes dans le vrai, j’en jure par ce Dieu vers lequel tous les serviteurs s’en retournent.

— Puisque nous sommes dans le vrai, reprit ‘Alî, pourquoi nous inquiéterions-nous de la mort ? »

Au matin, la petite caravane, qui ne comptait plus que quelques proches et fidèles, reprit sa route. Elle ne tarda pas à être interceptée par une troupe de mille cavaliers conduits par Horr fils de Yazîd ar-Riyâhî, noble et illustre guerrier de Koufa. Les deux groupes se faisaient face, sabres aux côtés, sous le soleil brûlant des déserts de l’Iraq…
L’Imam Hossayn vit l’effet de la soif sur les visages de ceux qui lui bloquaient la route. Il donna l’ordre aux siens d’abreuver tous ces hommes ainsi que leurs montures. Lorsque le soleil fut au zénith, l’Imam donna l’ordre d’appeler à la Prière de midi, puis il vint se placer entre les rangs, loua Dieu, bénit Son Prophète et s’adressa aux hommes de Koufa :

« Hommes, je ne suis venu vers vous qu’après avoir reçu de vous lettre après lettre et message après message. Vous me disiez n’avoir ni Guide ni Imam autre que moi et me demandiez de vous rejoindre pour conduire votre soulèvement. Si vous êtes toujours fidèle à votre parole, renouvelez votre pacte avec moi, et si vous avez rompu votre engagement et ne voulez plus de moi, alors je m’en retournerai d’où je viens. »

Personne ne souffla mot. Après la Prière, chacun s’abrita comme il put de la canicule implacable qui faisait régner un silence écrasant.


Lorsque le soleil déclina, l’Imam ordonna de se préparer au départ et fit appeler à la Prière de l’après-midi. Il s’adressa encore une fois aux hommes de Koufa :

« Hommes, si vous craignez Dieu et reconnaissez le juste droit des hommes de Dieu, Dieu se montrera satisfait de vous. Nous sommes les Gens de la Demeure du Prophète et de la Prophétie et nous valons mieux que ce ramassis qui prétend injustement au gouvernement et fait régner parmi vous l’injustice et l’iniquité. Mais si vous êtes enracinés dans votre ignorance et votre égarement, et que vous êtes revenus sur ce que vous m’avez écrit dans vos lettres, peu importe : je m’en retourne. »

Cette fois, Horr répondit :

« Je ne sais rien de ces lettres et de ces messagers dont tu parles. »

L’Imam fit alors vider deux sacs pleins des lettres des gens de Koufa. Horr reprit :

« Je ne suis pas de ceux-là qui t’ont écrit des lettres. Nous avons reçu l’ordre, au cas où nous te croisions, de ne pas te laisser partir et de te conduire à Koufa auprès d’Ibn Ziyâd. »

L’Imam se mit en colère :

« Tu mourras plutôt que de pouvoir réaliser cela ! »

Et il ordonna de se mettre en route pour retourner vers Médine. Horr et ses mille cavaliers s’interposèrent et coupèrent la route du retour.

« Que ta mère porte ton deuil ! invectiva l’Imam, la Paix soit avec lui, que veux-tu ? »

— Si un autre que toi avait ainsi mentionné ma mère, j’aurais fait de même avec la sienne, répondit Horr, mais je ne peux évoquer ta mère, la fille bien-aimée du Prophète, qu’avec déférence et vénération.

— Que cherches-tu ? reprit l’Imam.

— Je veux te conduire auprès de l’Emir ‘Obaydollâh.

— Je ne t’y suivrais pas, répondit l’Imam. »

Et leur échange se poursuivit longtemps, jusqu’à ce que Horr dise :

« Je n’ai pas reçu l’ordre de te combattre, mais seulement de ne pas te laisser partir et de te conduire à Koufa. Puisque tu refuses de t’y rendre, choisis donc une voie qui ne mène pas vers Koufa ni ne ramène vers Médine. J’écrirai à Ibn Ziyâd en espérant que l’épreuve de combattre un homme aussi vénérable que toi me sera épargnée. »

Les deux troupes, chevauchant de concert, prirent alors une route qui évitait Koufa.

Un cavalier arrivait à bride abattue. Il venait de la direction de Koufa. Les deux troupes firent halte et attendirent. L’homme, qui portait un arc sur le dos, ne salua même pas l’Imam Hossayn : il partit droit auprès de Horr, le salua et lui tendit une lettre. C’étaient les ordres d’Ibn Ziyâd :

« Dès réception de ma lettre, fais pression sur Hossayn et les siens et ne le mène que dans un endroit hostile, inhabité et sans eau. J’ai donné ordre à mon messager de ne pas te quitter avant que cela ne soit fait, puis de me le faire savoir. »

Certains compagnons de l’Imam le pressèrent alors de déclencher le combat contre ces hommes avant qu’ils ne soient rejoint par des troupes sans nombre. Mais l’Imam répondit qu’il lui répugnait d’être celui qui ouvre les hostilités. Il réunit tous ses compagnons, se dressa au milieu d’eux, loua Dieu, bénit Son Messager, puis les haranguer avec la plus grande éloquence :

« Les choses en sont arrivées là-même où vous voyez : ce monde nous a tourné le dos et nous en sommes à nos dernières gorgées de vie ; les gens ont abandonné le vrai pour s’unir dans l’erreur. Quiconque a foi en Dieu et en le Jour du Jugement, qu’il se détourne de ce bas-monde et s’éprenne de passion pour la rencontre de son Seigneur. Tomber martyr pour le droit et la vérité ouvre la porte au bonheur éternel, tandis que vivre sous le joug des iniques n’offre que malheurs et souffrances. »

Zohayr fils de Qayn se leva alors et dit :

« O fils du Messager de Dieu, nous avons entendu tes paroles. Pour nous, les choses sont telles que, même si ce monde devait pour nous durer éternellement, nous préférerions mourir avec toi ! »

Nâfi‘ fils de Hilâl se leva ensuite pour ajouter :

« J’en jure par Dieu, nous n’avons aucune aversion à mourir dans la voie de Dieu. Nous sommes fermement déterminés et pleinement conscients dans notre voie : nous sommes les amis de tes amis et les ennemis de tes ennemis. »

Enfin, Borayr fils de Khodhayr se leva pour conclure :

« J’en jure par Dieu, ô fils du Messager de Dieu, c’est une grâce que Dieu nous fait de combattre avec toi, de voir nos membres séparés de nos corps et de bénéficier ensuite de l’intercession de ton grand-père au Jour du Jugement.

L’Imam demanda :

« Comment se nomme cet endroit ?

— Karbalâ, lui dit-on.

— O mon Dieu, s’exclame l’Imam, je prends refuge auprès de Toi contre l’épreuve et l’affliction ! »

C’est qu’en arabe, « affliction » se dit karb et « épreuve » se dit balâ’. Karbalâ, synthèse de karb et de balâ’, est donc le nom prédestiné de cette terre qui devait voir une épreuve comme aucune terre n’en a connue et une affliction qui touchera le ciel lui-même et tous ses habitants.

« C’est ici, reprit l’Imam, le lieu de l’épreuve et de l’affliction, le lieu de la souffrance et du malheur. Descendez des montures, car c’est ici que nos tentes seront dressées et notre sang versé, et c’est ici que nous reposeront. Mon grand-père, le Messager de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, m’a informé de tout cela. »

Les compagnons de l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, descendirent de montures et dressèrent le campement. En face, les hommes de Horr firent de même. Le lendemain, ces mille cavaliers furent rejoints par quatre milles autres conduits par ‘Omar fils de Sa‘d, le maudit, celui-là même qui dirigera toutes les opérations de Karbala.

Peu avant la venue de l’Imam Hossayn en Iraq, ce maudit avait reçu des mains d’Ibn Ziyâd le gouvernement de la ville de Rayy, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle Téhéran et qui était alors la ville la plus importante de l’Iran. ‘Omar Ibn Sa‘d s’était déjà mis en route pour rejoindre son palais de gouverneur d’une si riche province, lorsqu’Ibn Ziyâd lui envoya un messager pour lui dire d’aller d’abord combattre Hossayn et de le tuer avant de partir pour Rayy.

Omar Ibn Sa‘d se rendit auprès d’Ibn Ziyâd pour obtenir qu’il le décharge de cette mission. Ce dernier le lui accorda en lui précisant toutefois qu’il le déchargeait par la même occasion du gouvernorat de Rayy. Omar Ibn Sa‘d demanda alors une nuit de réflexion qu’il passa à hésiter entre combattre le petit fils du Prophète et renoncer à la province de Rayy. Finalement, son malheur l’emporta sur son bonheur et l’Enfer sur le Paradis : il accepta de mettre à mort le fils de son Prophète pour quelques jours de règne et de pouvoir, dont d’ailleurs il ne put jamais jouir.

L’Imam ‘Alî, la Paix soit avec lui, le lui avait d’ailleurs bien prédit :

« Malheur à toi, ô fils de Sa‘d, dans quel état seras-tu lorsque tu auras à choisir entre l’Enfer et le Paradis et que tu choisiras l’Enfer ! »

Après quelques jours passés à des négociations entre les deux camps et des échanges de lettres avec le gouverneur de Koufa, ‘Omar Ibn Sa‘d reçut d’Ibn Ziyâd un message lui donnant l’ordre de couper tout accès à l’Euphrate aux compagnons de Hossayn afin qu’ils ne puissent trouver la moindre goutte d’eau. Aussitôt, Ibn Sa‘d chargea quelque cinq cents hommes de surveiller les abords du fleuve. Nous étions le 7e jour du mois de moharram, et depuis ce jour, seules quelques interventions miraculeuses permirent à la poignée d’hommes, de femmes et d’enfants qui entouraient l’Imam Hossayn d’obtenir le minimum d’eau nécessaire pour survivre…, survivre jusqu’au martyre ou jusqu’à la captivité.

Ainsi, pendant trois jours et trois nuits, la caravane de l’Imam Hossayn, ne put se ravitailler en eau ; pendant trois jours et trois nuits, dans la chaleur étouffante des déserts de l’Iraq, ces héros qui, lors de leur première rencontre avec les cavaliers de Horr, avaient abreuvés tous les hommes ainsi que leurs montures, ces héros se trouvèrent spoliés d’une eau dont mêmes les bêtes sauvages n’étaient en rien privées ; pendant trois jours et trois nuits, des femmes privées d’eau en vinrent à n’avoir plus de lait pour allaiter leurs nourrissons ; pendant trois jours et trois nuits, des enfants innocents dans toutes les religions, n’avaient plus que leurs larmes pour humecter leur langue.

Depuis l’arrivée d’Ibn Sa‘d à Karbala, des renforts venant de Koufa ne cessaient d’arriver sur cette terre d’épreuve et d’affliction. Au sixième ou septième jour du mois de moharram, quelque vingt à trente milles cavaliers cernaient le petit camp des Gens de la Demeure prophétique et de leurs fidèles.

Une dernière fois, ‘Omar fils de Sa‘d entrevit une issue : Hossayn accepterait, écrivit-il à Ibn Ziyâd, non seulement de retourner d’où il était venu, mais même de partir s’installer dans quelque limes des terres d’islam, voire d’être conduit auprès du Calife Yazîd afin qu’il décide de ce qu’il convenait de faire. Quoiqu’il soit fort douteux que l’Imam eut accepté cette dernière solution, elle fut soumise à Ibn Ziyâd et il est alors clair qu’il ne reste aucune excuse à ces gens pour tout ce qu’ils ont fait subir à la Sainte Famille du Prophète et à leurs fidèles.

Ibn Ziyâd faillit d’ailleurs accepter, trop content, comme Ibn Sa‘d, de se tirer aussi bien de cette embarrassante situation et de se laver les mains d’un sang aussi compromettant. Mais le maudit parmi les maudits, Shamr fils de Dhî -djawshan, lui conseilla de n’en rien faire : qui sait ce qui pourrait bien arriver ? Mieux vaut en finir maintenant que Hossayn est dans nos griffes ! Et Ibn Ziyâd se rendit à la raison du pire… Il remit à Shamr une lettre pour Ibn Sa‘d :

« Si Hossayn et ses compagnons se soumettent sans condition, amène-les moi, mais sinon, combats-les jusqu’à la mort, puis mutile-les à titre du châtiment exemplaire qu’ils méritent. Et lorsque Hossayn sera tué, fais fouler son cadavre par les sabots des chevaux. Si tu fais tout ce que je t’ordonne, tu en seras largement récompensé, mais sinon, tu seras destitué du commandement de l’armée et c’est Shamr qui prendra ta place. »

Omar fils de Sa‘d donna donc l’ordre de se préparer au combat, un combat qui opposerait quelque trente mille cavaliers contre une poignée d’hommes épuisés par un long voyage et tenaillés par la soif.Shamr s’approcha du campement et appela :

« Ou sont les fils de ma sœur ? »

Shamr, en effet, était de la tribu des Banû Kilâb. Or, il se trouve que, après le décès de la noble fille du Prophète, Fâtima la Radieuse, que les Prières et la Paix divines soient avec elle, son père, son époux et ses fils, l’Imam ‘Alî épousa en secondes noces une femme de cette tribu, réputée pour le courage de ses hommes. Et cette femme lui avait donnée quatre fils, dont le plus noble et le plus courageux, Abû l-Fazl al-‘Abbâs, était le plus proche soutien de l’Imam Hossayn et la colonne vertébrale de toute la petite troupe. C’était aussi ce « lion » — car tel est le sens de ‘Abbâs en arabe — qui avait trouvé moyen, dans ces dernières nuits, de franchir les lignes ennemies pour ramener un peu d’eau aux assiégés assoiffés. Et c’était encore et toujours ce lion vers qui tous les yeux se tournaient dès qu’il était question d’une mission impossible, d’un secours à porter ou d’une aide à donner.

L’Imam Hossayn donna l’ordre à ‘Abbâs le lion ainsi qu’à ses trois frères de répondre au maudit, en raison du respect qu’il convient d’apporter aux liens de parenté, fussent-ils aussi lointains. C’est que, pour les arabes, appartenir à la même tribu, c’était déjà vraiment être des frères et sœurs.

« Que veux-tu, lança ‘Abbâs à Shamr.

— Fils de ma sœur, j’ai pour vous un sauf-conduit qui vous garantit la vie et la liberté. Ne combattez donc pas avec votre frère Hossayn ! Ecartez-vous de lui et soumettez-vous au Commandeur des fidèles Yazîd !

— Que tes mains soient tranchées et maudit le sauf-conduit que tu portes avec toi ! répliqua ‘Abbâs. Ennemi de Dieu, tu nous ordonnerais d’abandonner notre frère, notre seigneur et maître, Hossayn, le fils de Fâtima, la Paix soit avec eux, et de nous soumettre à l’autorité usurpée des maudits fils des maudits ! Tu nous donnerais un sauf-conduit et n’en donnerais pas au fils du Messager de Dieu, que Dieu prie sur lui et les siens ! »

Shamr rejoignit son camp et ‘Omar Ibn Sa‘d donna l’ordre de monter en selle.

Voyant les cavaliers se tenir ainsi prêts à donner l’assaut, l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, envoya son frère ‘Abbas demander ce qui se passait.

« L’ordre est venu, lui fut-il répondu, de vous proposer une rédition sans condition ou de vous combattre sans merci. »

‘Abbâs rapporta la chose à son frère qui le renvoya pour obtenir une trève d’une nuit :

« Demande-leur de patienter jusqu’à demain et de nous accorder cette nuit afin que je puisse en profiter pour prier, invoquer et demander pardon, car Dieu sait que j’aime prier, réciter le Coran et multiplier les invocations et demandes de pardon. »

Après quelques réticences, Ibn Sa‘d accorda ce délai d’une nuit : à l’aube, il faudrait soit se soumettre, soit s’en remettre au jugement des sabres.

La nuit tombée, l’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, fit réunir ses compagnons pour s’adresser à eux. Il commença par louer Dieu et bénir Son Prophète avant de leur dire :

« En vérité, je ne connais pas de compagnons meilleurs et plus fidèles que mes compagnons, ni de famille plus belle que les gens de ma demeure : que Dieu vous récompense au mieux.

Maintenant, sachez que je vous défais de tout engagement et de tout pacte envers moi et vous laisse libre de partir où bon vous semblera. Le voile noir de la nuit a recouvert la plaine, profitez-en pour vous esquiver discrètement, car ces gens-là n’en ont qu’après moi et ils ne vous chercheront point dès lors qu’ils m’auront pris. »

Tous les membres de la famille, frères, fils et neveux, à commencer par ‘Abbâs, le lion, se récrièrent unanimement :

« Pourquoi donc ferions-nous cela ? Pour vivre quelque temps après toi ? Que Dieu ne nous fasse jamais voir cela ! Nous sacrifierons plutôt vies, biens et familles dans ta voie, et combattrons tes ennemis jusqu’à ce que nous arrive cela même qui t’arrivera. Bien sombre serait la vie que nous pourrions connaître après toi ! »

Puis ce fut au tour des compagnons, de ceux qui n’avaient d’autre lien de parenté avec l’Imam que leur amour pour lui. Moslim fils de ‘Awsadja se leva le premier :

« Par Dieu, si je savais devoir être tué, puis ressuscité et à nouveau tué, que l’on me brûle ensuite et disperse mes cendres, tout cela soixante-dix fois de suite, jamais, au grand jamais, je ne me séparerai de toi avant que de mourir tué à ton service ! »

Et Zohayr fils de Qayn de renchérir :

« J’aimerais mieux mourir mille fois plutôt que de voir un malheur te toucher ou atteindre un de ces jeunes de la Sainte Famille du Prophète, que Dieu prie sur lui et les siens ! »

Le petit campement des Gens de la Demeure prophétique se prépara à passer une dernière nuit avant de rencontrer la mort.

D’abord, autour des tentes qui étaient le seul abri des femmes et des enfants, les hommes creusèrent un fossé qu’ils remplirent de tout ce qu’ils pouvaient amasser comme bois et broussailles, afin de réduire le champ de bataille à un seul front.

Puis le fils aîné de l’Imam Hossayn, ‘Alî Akbar, emmena une cinquantaine d’hommes dans une expédition risquée pour rapporter de l’Euphrate quelques outres d’eau.

« Buvez en tous, dit l’Imam Hossayn lorsqu’ils revinrent au camp, car ce sont là vos dernières provisions. Puis purifiez-vous et lavez vos vêtements, car ils seront vos linceuls. »

Toute la nuit, alors que du camp omayyade montait le son des tambours et des danses guerrières, le camp des Gens de la Demeure prophétique demeurait silencieux. On n’y entendait qu’un sourd bourdonnement semblable à celui d’une rûche d’abeilles : le murmure de ces lèvres qui, dans un ultime entretien préparant la rencontre, priaient et imploraient, récitaient du Coran, et confiaient au Seigneur les secrets de leurs cœurs.

L’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, organisa les quelques fidèles compagnons qui, seuls, méritaient pleinement le nom de musulmans, d’hommes « soumis à Dieu » et marchant dans Sa voie, la voie de la justice et de la vérité, la voie qui conduit l’homme vers l’humanité. Soixante-dix fidèles selon les uns, cent à cent cinquante selon d’autres : autant dire une poignée face aux milliers de lâches, de traîtres, de soudards et de loups, avides de pouvoir et de biens de ce monde, qui osaient encore se prétendre « soumis à Dieu » alors qu’ils s’apprêtaient à massacrer les enfants du Prophète. De leurs langues ou du bout de leurs lèvres, ils le qualifiaient bien de Messager de Dieu, mais du fond de leurs cœurs, ils refusaient aux gens de sa famille le respect que mérite le plus petit des hommes.

L’Imam Hossayn, la Paix soit avec lui, confia le commandement de l’aile droite à Zohayr fils de Qayn et celui de l’aile gauche à Habîb fils de Mazâhir, chacun avec quelques dizaines d’hommes. Il remit l’étendard à son frère, Abû l-Fazl al-‘Abbâs, et occupa lui-même le centre avec les hommes qui restaient. Derrière eux, les tentes étaient protégées par le fossé en demi-cercle rempli de bois et de broussailles auxquelles ils mirent le feu.

L’Imam leva alors les mains vers le ciel et fit la prière suivante :

« O mon Dieu, c’est en Toi que je mets ma confiance lors de toute affliction et tu es mon espoir dans toute adversité. […] Combien de détresses dans lesquelles le cœur se trouvait faible et les expédients inutiles, [combien de détresses] dans lesquelles l’ami faisait défaut et l’ennemi jubilait, [combien de détresses] ne T’ai-je pas remises en me plaignant à Toi, me détournant vers Toi de tout autre que Toi, si bien que Tu m’en soulagea et puis les dissipa. C’est Toi qui es le maître de toute grâce comme de tout bienfait, et Toi qui es le terme de toute aspiration. »

Les troupes omayyades avaient lancé leurs chevaux dans une ronde sauvage autour du campement. En toute impudence, Shamr invectiva :

« Eh ! Hossayn ! Je te trouve bien pressé de rencontrer le Feu avant le Jour Dernier. »

Certains compagnons s’apprêtaient à lui décocher une flèche pour lui faire avaler ses paroles, mais l’Imam les en empêcha :

« Je répugne, dit-il, à être celui qui engagera les hostilités. »

Des compagnons de l’Imam haranguèrent alors les troupes ennemies pour tenter de les amener à raison, mais en vain. Leurs discours n’avaient pour effet que d’aviver la rage de ces simulacres d’humains qui n’avaient même plus le moindre sens commun.

Finalement, monté sur le destrier du Messager de Dieu, que les Prières et la Paix divines soient sur lui et les siens, l’Imam Hossayn lui-même s’avança vers les rangs ennemis et d’une voix forte leur lança :

« Hommes, ne vous empressez pas de suivre vos passions et écoutez-moi afin que je vous dise ce que j’ai à dire et vous fasse connaître mes raisons, car si vous me rendez justice, vous en serez bienheureux ! Ressaisissez-vous donc, méditez les tenants et les aboutissants de toute cette affaire jusqu’à ce que rien ne vous soit obscur, puis faites ce que bon vous semble sans me donner sursis ! […] »

A ces mots les femmes éclatèrent en pleurs et en lamentations. L’Imam envoya son frère ‘Abbâs et son fils aîné, ‘Alî Akbar, pour les faire taire et leur dire de garder leurs larmes pour les malheurs qui les attendent.

« Regardez bien qui je suis, reprit l’Imam, et avec qui je suis apparenté, puis revenez à vous et blâmez-vous de votre conduite ! Me tuer, outrager mon honneur, cela vous paraît-il être chose louable ? […] Ne suis-je pas le fils de l’héritier et cousin du Prophète, celui-là même qui fut le premier des fidèles et le premier à croire à ce qu’il apportait ? […] N’avez-vous donc point entendu votre Prophète dire, à propos de moi-même et de mon frère Hassan : « Ce sont là les seigneurs des jeunes gens du Paradis » ? […] Et si vous ne me croyez pas, demandez donc à ceux qui sont parmi vous et qui l’ont entendu de la bouche même du Messager de Dieu, que les Prières divines soient sur lui et les siens ! N’y a-t-il pas là de quoi vous retenir de verser notre sang ?

— Du diable si je comprends quelque chose à tout ce jargon-là ! lança Shamr.

— Si vous avez le moindre doute sur tout ce que je dis, reprit l’Imam, douterez-vous aussi que je suis bien le fils de la fille de votre Prophète ? 

J’en jure par Dieu, il n’est point aujourd’hui sur la terre, de l’Orient jusqu’à l’Occident, d’autre que moi qui soit fils de la fille d’un Prophète ! Malheur à vous ! aurais-je tué l’un des vôtres pour que vous réclamiez mon sang ? Ou l’aurais-je blessé ou bien détruit vos biens ? […]

Sachez-le : Ibn Ziyâd, adultérin fils d’un adultérin, ne m’a laissé d’autre choix que de mourir le sabre au clair ou de me couvrir d’un vêtement d’opprobre. Loin de nous l’opprobre et la bassesse !jamais âme bien née ne choisira l’opprobre des infâmes en place du martyre des nobles et grandes âmes. »

‘Omar Ibn Sa‘d n’en pouvait plus. Il craignait aussi que les propos de l’Imam finissent par faire quelque effet sur ses troupes.

« Qu’attendez-vous ? s’écria-t-il. Suffit de discourir et de tergiverser ! A l’assaut ! et ne faites qu’une bouchée de Hossayn et des siens ! »

Et l’Imam lança ce dernier appel :

« N’y a-t-il donc personne pour nous porter secours pour l’amour de Dieu ? N’y a-t-il donc personne pour prendre la défense de la Sainte Famille de l’Envoyé de Dieu ? »

Lorsqu’il entendit cet appel du petit-fils de l’Envoyé de Dieu, que les Prières et la Paix divines soient sur lui et les siens, Horr Ibn Yazîd ar-Riyâhî sentit son cœur se briser de remords. C’était lui, lui qui avait barré la route à la troupe de l’Imam Hossayn ! lui qui les avait empêchés de rebrousser chemin ! lui qui les avait contraints à prendre cette voie qui les avait menés ici, à Karbalâ’, terre d’épreuve et d’affliction ! Et ces soudards qui, d’un instant à l’autre, allaient se ruer sur cette poignée d’innocents abandonnés de tous, sur ces fils et petits-fils de l’Envoyé de Dieu, dont les visages resplendissent de la lumière du Prophète disparu, sur ces fidèles compagnons dont tous les faits et gestes embaument le parfum de l’islam le plus pur, sur ces filles et ces femmes de la Demeure prophétique dont la détresse aurait fendu le cœur de n’importe quel homme… Que dirait-il demain, au Jour du Jugement, et comment

L'Islam et ses débuts

Vers l’an 570, celui qu’on allait nommer Mohammed et qui allait devenir le prophète d’une des grandes religions du monde, l’islam, vit le jour dans une famille appartenant au clan de Qouraysh, la principale tribu de la Mecque, ville de la région du Hijaz, située dans le nord-ouest de l’Arabie.

D’abord connue comme le lieu abritant la Ka’aba, lieu de pèlerinage d’origine ancienne, la Mecque était devenue, avec le déclin de l’Arabie du Sud, au sixième siècle, un important centre d’échanges commerciaux auxquels participaient des puissances telles que les Sassaniens, les Byzantins et les Éthiopiens. C’est pourquoi elle était dominée par de puissantes familles marchandes, parmi lesquelles se démarquaient les membres de Qouraysh.

Le père de Mohammed, Abdallah ibn Abd al-Mouttalib, mourut avant sa naissance. Sa mère, Aminah, mourut à son tour lorsqu’il avait six ans. Il fut confié à son grand-père, qui était chef du clan Hashim. Après la mort de ce dernier, il fut élevé par son oncle, Abou Talib. Comme c’était la coutume à l’époque, lorsqu’il était encore enfant (et du vivant de sa mère), on l’envoya vivre avec une famille de bédouins, hors de la ville, durant un an ou deux. Cela eut un impact important sur la vie de Mohammed. En plus d’endurer la vie rude du désert, il apprit à apprécier la richesse de la langue arabe, tant aimée des gens de l’Arabie, chez qui la poésie était l’art dont ils tiraient la plus grande fierté. Il apprit la patience et la tolérance des gardiens de troupeaux; il s’habitua également à leur vie solitaire, ce qui allait lui faire apprécier la solitude, plus tard dans sa vie.

Dans la vingtaine, Mohammed entra au service d’une riche veuve qui s’appelait Khadijah; il allait vendre ses marchandises dans le Nord, à l’issue de longs voyages en caravane. Il finit par l’épouser et eut d’elle deux fils dont aucun ne survécut, puis quatre filles.

Un jour, alors qu’il avait quarante ans, il se trouvait dans une grotte sise dans une fissure du mont Hira, à l’extérieur de la Mecque. Il avait l’habitude de s’y retirer de façon régulière pour méditer et profiter de la solitude. Ce jour-là, il entendit une voix (celle de l’ange Gabriel, mais il l’ignorait alors) qui lui ordonna :

« Lis : au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme (à partir) d’un caillot (de sang). » (Coran 96:1-2)

Mohammed répéta à trois reprises qu’il ne savait pas lire, mais chaque fois, il entendit l’ordre de nouveau. Enfin, il finit par répéter les mots que la voix lui avait récités, mots qui composent les cinq premiers versets de la sourate 96 du Coran, mots qui déclarent que Dieu est le Créateur de l’homme et la source du savoir.

Mohammed s’enfuit de la grotte à toutes jambes et alla se réfugier chez lui. Il ne fit part de son expérience qu’à son épouse et à ses proches. Mais au fur et à mesure que lui parvinrent d’autres révélations lui ordonnant de proclamer l’unicité de Dieu, il se mit à prêcher un peu plus ouvertement, attirant chaque jour de nouveaux fidèles. Les premiers étaient surtout des pauvres et des esclaves qui avaient reconnu la vérité dans son message, puis, avec le temps, des nobles de la Mecque se convertirent à leur tour. Les révélations qu’il reçut à cette époque et celles qu’il reçut plus tard ont toutes été colligées sous forme de livre, pour former le Coran.

Le message de Dieu, transmis par Mohammed, ne fut bien reçu que d’un petit groupe de personnes. Même dans son propre clan, plusieurs s’y opposèrent activement, dont un nombre important de marchands. Cette opposition, toutefois, ne fit qu’encourager Mohammed dans sa mission et lui montra clairement de quelle façon l’islam se démarquait du paganisme. La croyance en l’unicité de Dieu était d’une importance capitale et c’était d’elle que découlait tout le reste. Les versets du Coran insistent beaucoup sur l’unicité de Dieu, mettent en garde ceux qui la rejettent contre un châtiment imminent et proclament Son infinie compassion envers ceux qui se soumettent à Sa volonté. Ils rappellent également le Jugement dernier quand Dieu, le Juge, mettra dans la balance la foi et les actions de chaque personne, rétribuant les croyants et châtiant les transgresseurs. Parce que le Coran rejetait avec véhémence le polythéisme et mettait l’accent sur la responsabilité morale de chaque personne et ce, en termes puissants, il posait un sérieux défi aux Mecquois.

Après que Mohammed eût prêché publiquement durant plus d’une décennie, l’opposition envers lui et ses fidèles atteignit une force telle que, craignant pour leur sécurité, il envoya un groupe d’entre eux en Éthiopie, où le dirigeant chrétien leur offrit sa protection (les musulmans apprécièrent tant ce geste qu’ils en caressent le souvenir aujourd’hui encore). À la Mecque, pendant ce temps, la persécution atteignait un sommet. Les fidèles de Mohammed étaient victimes de harcèlement, d’abus de toutes sortes et même de torture. C’est alors que Mohammed envoya soixante-dix de ses fidèles à Yathrib (plus tard renommée Médine), une ville située au nord, dans l’espoir d’y établir une nouvelle communauté musulmane. Plusieurs autres groupes de musulmans émigrèrent à la suite de ce premier groupe. Puis, en l’an 622, Mohammed et son ami intime, Abou Bakr al-Siddiq, partirent à leur tour vers Yathrib. Ce départ coïncidait avec un complot ourdi par les dirigeants de la Mecque pour assassiner Mohammed.

D’ailleurs, peu après le départ de Mohammed, ses ennemis firent irruption chez lui, où ils trouvèrent son cousin ‘Ali couché à sa place, dans son lit. Enragés, ils partirent à sa poursuite, le cherchant partout. Mohammed et Abou Bakr, de leur côté, avaient trouvé refuge dans une grotte, à l’abri de leurs poursuivants. Protégés par Dieu, ils ne furent jamais découverts par leurs ennemis qui passèrent pourtant tout près de leur cachette. Puis, le moment venu, ils quittèrent la grotte et partirent en direction de Médine où ils furent joyeusement accueillis par une foule enthousiaste composée de locaux et d’émigrants mecquois qui avaient atteint Médine avant eux.

Telle fut la hijrah (hégire, en français), qui marqua la première année de l’ère islamique. La hijrah, parfois définie à tort comme une fuite, fut en réalité une migration minutieusement planifiée qui marqua non seulement le début de l’ère islamique, mais aussi, pour Mohammed et ses fidèles, le début d’un nouveau mode de vie. Dès lors, ce qui allait unir les gens en communauté ne serait plus simplement le lien de parenté, mais une grande fraternité entre tous les musulmans. Les gens qui émigrèrent à Médine avec Mohammed furent appelés les Mouhajirounes (i.e. « ceux ayant accompli la hijrah », ou « émigrants »), tandis que les natifs de Médine convertis à l’islam furent appelés les Ansars (i.e. « alliés » ou « auxiliaires »).

Mohammed connaissait bien la situation de Médine. Avant la hijrah, certains de ses habitants étaient venus accomplir le pèlerinage annuel à la Mecque. Et comme le Prophète avait saisi l’occasion du pèlerinage pour prêcher l’islam aux pèlerins, le groupe qui était venu de Médine avait répondu à son invitation et accepté l’islam, puis l’avait invité, lui, à venir s’installer à Médine. Après la hijrah, les qualités exceptionnelles de Mohammed impressionnèrent tant les Médinois que les tribus rivales et leurs alliés serrèrent les rangs temporairement. Puis, au mois de mars de l’an 624, Mohammed et ses fidèles durent se battre contre les païens de la Mecque.

La première bataille, qui eut lieu près de Badr, une petite ville située au sud-ouest de Médine, eut d’importantes conséquences pour tous. L’armée musulmane, trois fois moins importante que l’armée mecquoise, parvint à mettre cette dernière en déroute. La discipline dont firent montre les musulmans fit découvrir aux Mecquois toute l’adresse et la capacité de ceux qu’ils avaient chassés de leur cité. Une des tribus alliées qui s’était engagée à soutenir les musulmans durant la bataille de Badr pour ensuite se désister dès le début de l’affrontement fut expulsée de Médine un mois après la bataille. Ceux qui prétendaient être alliés des musulmans tout en s’opposant à eux en secret virent en cela un avertissement : l’appartenance à la communauté obligeait à un soutien inconditionnel.

Un an plus tard, les Mecquois attaquèrent de nouveau. Ayant rassemblé une armée de trois milles hommes, ils affrontèrent les musulmans à Ouhoud, un mont situé à l’extérieur de Médine. Prenant le dessus dès le départ, les musulmans furent par la suite repoussés et le Prophète lui-même fut blessé.

Deux ans plus tard, les Mecquois marchèrent sur Médine avec une armée de dix milles hommes, mais l’issue de l’affrontement fut bien différente. Au cours de ce qui est maintenant connu sous le nom de « la bataille des tranchées » ou « la bataille des confédérés », les musulmans vinrent à bout de leurs ennemis en utilisant un nouveau type de défense. Du côté de Médine par lequel ils s’attendaient à voir arriver l’ennemi, ils creusèrent une tranchée impossible à franchir par la cavalerie mecquoise qui essuya, à chaque tentative, une pluie de flèches de la part d’archers dissimulés derrières des contreforts. Après un siège interminable et infructueux, les Mecquois furent forcés de se retirer, suite à quoi Médine revint entièrement aux mains des musulmans.

Après que Mohammed eût prêché publiquement durant plus d’une décennie, l’opposition envers lui et ses fidèles atteignit une force telle que, craignant pour leur sécurité, il envoya un groupe d’entre eux en Éthiopie, où le dirigeant chrétien leur offrit sa protection (les musulmans apprécièrent tant ce geste qu’ils en caressent le souvenir aujourd’hui encore). À la Mecque, pendant ce temps, la persécution atteignait un sommet. Les fidèles de Mohammed étaient victimes de harcèlement, d’abus de toutes sortes et même de torture. C’est alors que Mohammed envoya soixante-dix de ses fidèles à Yathrib (plus tard renommée Médine), une ville située au nord, dans l’espoir d’y établir une nouvelle communauté musulmane. Plusieurs autres groupes de musulmans émigrèrent à la suite de ce premier groupe. Puis, en l’an 622, Mohammed et son ami intime, Abou Bakr al-Siddiq, partirent à leur tour vers Yathrib. Ce départ coïncidait avec un complot ourdi par les dirigeants de la Mecque pour assassiner Mohammed.

D’ailleurs, peu après le départ de Mohammed, ses ennemis firent irruption chez lui, où ils trouvèrent son cousin ‘Ali couché à sa place, dans son lit. Enragés, ils partirent à sa poursuite, le cherchant partout. Mohammed et Abou Bakr, de leur côté, avaient trouvé refuge dans une grotte, à l’abri de leurs poursuivants. Protégés par Dieu, ils ne furent jamais découverts par leurs ennemis qui passèrent pourtant tout près de leur cachette. Puis, le moment venu, ils quittèrent la grotte et partirent en direction de Médine où ils furent joyeusement accueillis par une foule enthousiaste composée de locaux et d’émigrants mecquois qui avaient atteint Médine avant eux.

Telle fut la hijrah (hégire, en français), qui marqua la première année de l’ère islamique. La hijrah, parfois définie à tort comme une fuite, fut en réalité une migration minutieusement planifiée qui marqua non seulement le début de l’ère islamique, mais aussi, pour Mohammed et ses fidèles, le début d’un nouveau mode de vie. Dès lors, ce qui allait unir les gens en communauté ne serait plus simplement le lien de parenté, mais une grande fraternité entre tous les musulmans. Les gens qui émigrèrent à Médine avec Mohammed furent appelés les Mouhajirounes (i.e. « ceux ayant accompli la hijrah », ou « émigrants »), tandis que les natifs de Médine convertis à l’islam furent appelés les Ansars (i.e. « alliés » ou « auxiliaires »).

Mohammed connaissait bien la situation de Médine. Avant la hijrah, certains de ses habitants étaient venus accomplir le pèlerinage annuel à la Mecque. Et comme le Prophète avait saisi l’occasion du pèlerinage pour prêcher l’islam aux pèlerins, le groupe qui était venu de Médine avait répondu à son invitation et accepté l’islam, puis l’avait invité, lui, à venir s’installer à Médine. Après la hijrah, les qualités exceptionnelles de Mohammed impressionnèrent tant les Médinois que les tribus rivales et leurs alliés serrèrent les rangs temporairement. Puis, au mois de mars de l’an 624, Mohammed et ses fidèles durent se battre contre les païens de la Mecque.

 

La première bataille, qui eut lieu près de Badr, une petite ville située au sud-ouest de Médine, eut d’importantes conséquences pour tous. L’armée musulmane, trois fois moins importante que l’armée mecquoise, parvint à mettre cette dernière en déroute. La discipline dont firent montre les musulmans fit découvrir aux Mecquois toute l’adresse et la capacité de ceux qu’ils avaient chassés de leur cité. Une des tribus alliées qui s’était engagée à soutenir les musulmans durant la bataille de Badr pour ensuite se désister dès le début de l’affrontement fut expulsée de Médine un mois après la bataille. Ceux qui prétendaient être alliés des musulmans tout en s’opposant à eux en secret virent en cela un avertissement : l’appartenance à la communauté obligeait à un soutien inconditionnel.

 

Un an plus tard, les Mecquois attaquèrent de nouveau. Ayant rassemblé une armée de trois milles hommes, ils affrontèrent les musulmans à Ouhoud, un mont situé à l’extérieur de Médine. Prenant le dessus dès le départ, les musulmans furent par la suite repoussés et le Prophète lui-même fut blessé.

 

Deux ans plus tard, les Mecquois marchèrent sur Médine avec une armée de dix milles hommes, mais l’issue de l’affrontement fut bien différente. Au cours de ce qui est maintenant connu sous le nom de « la bataille des tranchées » ou « la bataille des confédérés », les musulmans vinrent à bout de leurs ennemis en utilisant un nouveau type de défense. Du côté de Médine par lequel ils s’attendaient à voir arriver l’ennemi, ils creusèrent une tranchée impossible à franchir par la cavalerie mecquoise qui essuya, à chaque tentative, une pluie de flèches de la part d’archers dissimulés derrières des contreforts. Après un siège interminable et infructueux, les Mecquois furent forcés de se retirer, suite à quoi Médine revint entièrement aux mains des musulmans.

 

Après que Mohammed eût prêché publiquement durant plus d’une décennie, l’opposition envers lui et ses fidèles atteignit une force telle que, craignant pour leur sécurité, il envoya un groupe d’entre eux en Éthiopie, où le dirigeant chrétien leur offrit sa protection (les musulmans apprécièrent tant ce geste qu’ils en caressent le souvenir aujourd’hui encore). À la Mecque, pendant ce temps, la persécution atteignait un sommet. Les fidèles de Mohammed étaient victimes de harcèlement, d’abus de toutes sortes et même de torture. C’est alors que Mohammed envoya soixante-dix de ses fidèles à Yathrib (plus tard renommée Médine), une ville située au nord, dans l’espoir d’y établir une nouvelle communauté musulmane. Plusieurs autres groupes de musulmans émigrèrent à la suite de ce premier groupe. Puis, en l’an 622, Mohammed et son ami intime, Abou Bakr al-Siddiq, partirent à leur tour vers Yathrib. Ce départ coïncidait avec un complot ourdi par les dirigeants de la Mecque pour assassiner Mohammed.

 

D’ailleurs, peu après le départ de Mohammed, ses ennemis firent irruption chez lui, où ils trouvèrent son cousin ‘Ali couché à sa place, dans son lit. Enragés, ils partirent à sa poursuite, le cherchant partout. Mohammed et Abou Bakr, de leur côté, avaient trouvé refuge dans une grotte, à l’abri de leurs poursuivants. Protégés par Dieu, ils ne furent jamais découverts par leurs ennemis qui passèrent pourtant tout près de leur cachette. Puis, le moment venu, ils quittèrent la grotte et partirent en direction de Médine où ils furent joyeusement accueillis par une foule enthousiaste composée de locaux et d’émigrants mecquois qui avaient atteint Médine avant eux.

 

Telle fut la hijrah (hégire, en français), qui marqua la première année de l’ère islamique. La hijrah, parfois définie à tort comme une fuite, fut en réalité une migration minutieusement planifiée qui marqua non seulement le début de l’ère islamique, mais aussi, pour Mohammed et ses fidèles, le début d’un nouveau mode de vie. Dès lors, ce qui allait unir les gens en communauté ne serait plus simplement le lien de parenté, mais une grande fraternité entre tous les musulmans. Les gens qui émigrèrent à Médine avec Mohammed furent appelés les Mouhajirounes (i.e. « ceux ayant accompli la hijrah », ou « émigrants »), tandis que les natifs de Médine convertis à l’islam furent appelés les Ansars (i.e. « alliés » ou « auxiliaires »).

 

Mohammed connaissait bien la situation de Médine. Avant la hijrah, certains de ses habitants étaient venus accomplir le pèlerinage annuel à la Mecque. Et comme le Prophète avait saisi l’occasion du pèlerinage pour prêcher l’islam aux pèlerins, le groupe qui était venu de Médine avait répondu à son invitation et accepté l’islam, puis l’avait invité, lui, à venir s’installer à Médine. Après la hijrah, les qualités exceptionnelles de Mohammed impressionnèrent tant les Médinois que les tribus rivales et leurs alliés serrèrent les rangs temporairement. Puis, au mois de mars de l’an 624, Mohammed et ses fidèles durent se battre contre les païens de la Mecque.

La première bataille, qui eut lieu près de Badr, une petite ville située au sud-ouest de Médine, eut d’importantes conséquences pour tous. L’armée musulmane, trois fois moins importante que l’armée mecquoise, parvint à mettre cette dernière en déroute. La discipline dont firent montre les musulmans fit découvrir aux Mecquois toute l’adresse et la capacité de ceux qu’ils avaient chassés de leur cité. Une des tribus alliées qui s’était engagée à soutenir les musulmans durant la bataille de Badr pour ensuite se désister dès le début de l’affrontement fut expulsée de Médine un mois après la bataille. Ceux qui prétendaient être alliés des musulmans tout en s’opposant à eux en secret virent en cela un avertissement : l’appartenance à la communauté obligeait à un soutien inconditionnel.

Un an plus tard, les Mecquois attaquèrent de nouveau. Ayant rassemblé une armée de trois milles hommes, ils affrontèrent les musulmans à Ouhoud, un mont situé à l’extérieur de Médine. Prenant le dessus dès le départ, les musulmans furent par la suite repoussés et le Prophète lui-même fut blessé.

Deux ans plus tard, les Mecquois marchèrent sur Médine avec une armée de dix milles hommes, mais l’issue de l’affrontement fut bien différente. Au cours de ce qui est maintenant connu sous le nom de « la bataille des tranchées » ou « la bataille des confédérés », les musulmans vinrent à bout de leurs ennemis en utilisant un nouveau type de défense. Du côté de Médine par lequel ils s’attendaient à voir arriver l’ennemi, ils creusèrent une tranchée impossible à franchir par la cavalerie mecquoise qui essuya, à chaque tentative, une pluie de flèches de la part d’archers dissimulés derrières des contreforts. Après un siège interminable et infructueux, les Mecquois furent forcés de se retirer, suite à quoi Médine revint entièrement aux mains des musulmans.

Lire la suite

L'incroyable essor des sciences arabes


Abu Hamid AL-GHAZALI
(1058 - 1111)

(Qu'Allah lui fasse Miséricorde, Amine)

Pour les esprits colonisateurs du XIXe siècle, les Arabes n’ont rien inventé, ils ont juste eu l’immense privilège de garder bien au chaud le savoir des Grecs. Et quand enfin, au XXe siècle, les historiens reconnaissent l’importance des sciences arabes, les esprits s’échauffent : ce sont les Arabes qui ont tout inventé ! Jusqu’à nos célèbres chiffres ! Petite mise au point...

Les sciences méditerranéennes naissent au IIe Millénaire av JC., en Mésopotamie (voir Ré- flexiences n°3). On sait que les Mésopotamiens sont parvenus à repérer les cycles d’éclipses de Lune et de Soleil au terme de plusieurs siècles d’observations qu’ils se transmettent de génération en génération, jusqu’à l’avènement du monde grec. Celui-ci s’empare de ces extraordinaires relevés et commence à produire des textes scientifiques qui explicitent les résultats mésopotamiens. Puis, entre les IIe et IXe siècles ap JC., les observations se font plus rares : on n’en a relevé que neuf autour du berceau méditerranéen. Après Ptolémée (IIes. ap JC.), il n’y a plus d’avancées en astronomie et on ne fait plus que commenter les anciens textes. Par contre, du côté des mathématiques, la recherche continue et elle subsiste même jusqu'au IVe siècle.

Toutes les sciences démarrent au IXe siècle, sous le califat d’al-Ma’mûn. A partir de 813, celui-ci fait traduire à tour de bras tous les textes grecs philosophiques et scientifiques possibles. Il crée la Maison de la Sagesse, un centre qui fonctionne comme une académie : on y dépose les textes à traduire, puis les traductions. Ce centre, financé par le pouvoir, permet le redémarrage de l’activité scientifique. La recherche naît donc immédiatement de la traduction. Ainsi, après la première traduction de l’Almageste de Ptolémée (ouvrage grec d’astronomie du IIe siècle), on construit le tout premier observatoire du monde arabe, et les observations continues reprennent. Au Xe siècle, à Bagdad, les astronomes arabes établissent un programme d’observations sur trente ans ! (durée nécessaire pour pouvoir observer le plus grand cycle des planètes connues alors).

Ce surprenant et fulgurant essor des sciences dans le monde arabe s’explique en partie par la géographie de l’empire. Le passage du monde byzantin au monde musulman s’est pratiquement fait sans déplacement de frontières car les Arabes se sont installés sur des territoires qu’ils ont repris aux Byzantins. Les scientifiques arabes disposent ainsi de manuscrits grecs qui sont déjà sur place et qu’ils n’ont pas besoin de rechercher. De plus, les pélerinages à La Mecque favorisent des échanges incroyables. Le voyage peut durer quatre ans. Les savants s’arrêtent au Caire, à Damas, à Bagdad, etc. et ils transmettent leur savoir de ville en ville.

L’algèbre est sans doute la plus étonnante des disciplines scientifiques pratiquées par les Arabes. On ne sait pas vraiment comment est née cette science, il semble que Al Khwârizmî l’ait créée à partir de rien en 830 dans son traité d’algèbre (ce même Al Kwârizmî qui donnera par la suite son nom à “algorithme”). Les Arabes parviennent à réfléchir sur des inconnues et à mener des raisonnements indépendants des objets sur lesquels ils travaillent. C’est un degré d’abstraction qui n’a encore jamais été atteint. Pas même par les Indiens qui ont pourtant un grand nombre d’inventions dans leur besace : la numération de position, le sinus et le cosinus, et nos fameux faux “chiffres arabes” ! (voir Réflexiences n°3).

L’optique a également été révolutionnée par les Arabes, et en particulier par Ibn al-Haytham. Au début du Xe siècle, cet homme remet en cause toute l’optique ancienne. Avant lui, on pensait que l’oeil émettait un rayon qui palpait les choses pour qu’on puisse les voir. Si on ne voyait pas de loin, c’est que notre rayon n’était pas assez puissant et il retombait avant d’atteindre l’objet. Ibn al-Haytham comprend que l’oeil n’émet pas la lumière, il ne fait que la recevoir ! Il développe par la suite tout un travail sur l’arc-en-ciel en identifiant la réfraction due aux gouttes d’eau.

La médecine n’est pas en reste. Les Arabes apprennent les pratiques grecques en Perse et dépassent rapidement leurs prestigieux prédécesseurs. Al-Razi est ainsi le premier à identifier la variole et la rougeole, tandis que Al-Quarashi décrit pour la première fois le passage du sang du ventricule droit au ventricule gauche via les poumons.

En 1258, la prise de Bagdad par les Mongols marque l’effondrement d’un monde. Les bibliothèques sont mises à sac et les savoirs arabes se dispersent. Heureusement, un savant, Nasîr al-Dîn al-Tûsi, reprend les choses en main. Il remet au goût du jour tous les textes arabes qu’il retrouve et refait une “bibliothèque des classiques”. Tous les textes sont réécrits en tenant compte des avancées scientifiques du moment. Il réécrit ainsi l'Almageste et modifie les raisonnements trigonométriques en intégrant les sinus et cosinus arrivés d'Inde à la fin du VIIIe siècle. Les sciences renaissent sur les ruines de Bagdad. Al-Tûsi est également le maître d’oeuvre du célèbre Observatoire de Marâgha (au nord-ouest de l’Iran actuel) qui fournit pendant 60 ans des séries d’observations en continu. C’est sur ces données, et non sur celles de Ptolémée, que s’appuie par la suite Copernic pour élaborer sa nouvelle cosmologie. Ce qui fait de lui le “dernier élève de l’Ecole de Maragha”.

A partir du XVe siècle, la communauté sicentifique arabe se dissout. Le rétrécissement géographique de l’empire affecte la diffusion des savoirs et la langue arabe perd sa valeur de langue scientifique. C’est la fin de l’âge d’or des sciences arabes.

Certains savoirs scientifiques ont pu transiter par des points de passage entre le monde arabe et le monde latin. En Sicile, la cour de Roger II (vers 1150) puis celle de Frédéric II (vers 1250) est bilingue latin / arabe et favorise les échanges entre les deux cultures. En Italie du Nord, il existe également un milieu juif arabisé qui traduit des connaissances arabes en latin, en passant par l’hébreu. Mais, il faut admettre qu’il n’y a pas dans le monde latin du XIIe siècle la volonté politique qu’il y a au IXe siècle dans le monde arabe avec Al’Mamoun. Par contre, la philosophie et la théologie connaissent d’énormes développements et, en astronomie, on atteint la perfection des systèmes géocentriques avec épicycles (voir schéma ci-dessous).

La planète se déplace sur un petit cercle mobile, l’épicycle. Le centre de cet épicycle tourne autour de la Terre sur un autre cercle, le déférent.

Jusqu’au XVIe siècle, il n’y a donc pas de renouveau dans la recherche scientifique latine. On traduit beaucoup les grands auteurs grecs et arabes pour les besoins des Universités (Paris, Oxford, Bologne), mais on ne crée pas de nouveaux savoirs en sciences.

http://www.reflexiences.com/dossier/102/l-incroyable-essor-des-sciences-arabes/

  • e6un7

La bataille de Ohod: la défaite est une épreuve

 

Drapeau de larabie saoudite

 

Les Mecquois étaient déterminés à se venger de leur défaite à Badr. Leurs femmes ne pouvaient pas accepter que leurs braves champions aient été si facilement vaincus par les Musulmans, et elles se moquaient de la faiblesse de leurs hommes. Abou Soufiyane voulait garder la colère des gens vive et il interdit tout deuil tant qu’ils n’auraient pas entièrement vengé leurs camarades tués. Les sentiments des gens étaient nourris encore plus par certains Juifs qui composaient des poèmes les incitant à la guerre.

Lorsque le Saint Prophète (s) bloqua les routes aux caravanes Koraïchites vers l’Irak, ce fut la goutte de trop! Les chefs Mecquois décidèrent qu’ils avaient à présent assez de raisons pour s’attaquer aux Musulmans. Les commerçants Koraïchites auraient à nouveau accès aux routes si les Musulmans étaient vaincus ; ils acceptèrent donc de payer toutes les dépenses pour la guerre.

Abou Soufiyane était conscient de la bravoure des Musulmans et il savait qu’il lui faudrait plus d’hommes qu’eux s’il voulait emporter la guerre. Il lista donc les tribus de Kanànah et de Sakif, leur promettant des armes et toutes les provisions pour le séjour.

Un grand nombre d’esclaves se jouinrent également aux Koraïchites en espérant acquérir ainsi leur liberté. Parmi eux, se trouvait Wahchi, un esclave Ethiopien. Il possédait une grande adresse dans l’utilisation des lances et on lui avait promis sa liberté s’il tuait le Saint Prophète (s), Imam Ali (a) ou Hamza.

Abou Soufiyane parvînt ainsi à préparer une importante armée de 700 hommes en armures, 3 000 soldats sur chameaux, une cavalerie de 200 hommes et un groupe de fantassins. Cette armée se mit en marche vers Médine et campa au pied des collines d’Ohod, le 5 Chawwal 3 A.H.

Le Saint Prophète (s) était mis au courant des intentions des Koraïchites par son oncle Abbass qui résidait à la Mecque. Après consultation des Musulmans, il décida de faire face à l’ennemi en dehors des limites de la ville de Médine pour 3 raisons :

1. Un face à face dans les rues étroites de Médine ne serait pas organisé et les soldats ne pourront pas faire bloc face à l’ennemi. De plus, une fois que l’ennemi aura franchi la ville, la vie des femmes et des enfants serait en danger.

2. L’ennemi pourrait encercler la ville et contrôler toutes les routes menant hors de la cité. Un tel siège porterait atteinte au moral des Musulmans.

3. Le Saint Prophète (s) ne faisait pas confiance à certains hypocrites comme Abdoullah Oubay, et craignait que ceux-là ne fassent du mal aux Musulmans à l’intérieur même de la ville.

Le Saint Prophète (s) accompagné de 1 000 hommes se mit donc en route vers Ohod à 5 Km de Médine. Abdoullah Oubay, qui voulait se battre à Médine, déserta l’armée Musulmane avec 300 de ses hommes.

Il prétexta que le Saint Prophète (s) avait écouté les plus jeunes plutôt que de l’écouter, lui. Il ne restait au Saint Prophète que 700 hommes. Seuls 100 d’entre eux portaient une armure et ils n’avaient que 2 chevaux en tout.

Le Saint Prophète (s) se mit à préparer son armée à l’attaque. 50 archers étaient flanqués entre deux collines d’Ohod afin de veiller à l’armée contre toute attaque par l’arrière. Ils avaient reçu l’ordre strict de ne quitter leurs postes sous aucun prétexte, quel que fût le dénouement de la bataille.

Le Saint Prophète (s) avait conscience que les Musulmans seraient inquiets d’être surpassés en nombre par le camp ennemi; c’est pourquoi il renforçait leur moral en leur disant: "C’est une tâche difficile que de combattre l’ennemi, et seuls ceux qui seront guidés et soutenus par Allah resteront inébranlable .

Souvenez-vous qu’Allah est avec ceux qui L’obéissent , tandis que Chaytane est le compagnon de ceux qui Le désobéissent. Restez fermes au Djihad et profitez-en pour bénéficier des bénédictions promises par Allah. Nul ne mourra dans ce monde tant qu’Allah ne l’aura pas décidé." Il leur dit ensuite de ne pas commencer la bataille tant qu’ils n’auront pas reçu l’ordre de se battre.

Du côté des Mecquois, Abou Soufiyane avait divisé son armée en 3, les hommes armés étant placés au milieu. Les hommes étaient à présent prêts et la petite troupe des Musulmans prête à laisser leurs vies pour défendre l’Islam faisait face à la grosse armée de mécréants.

L’homme qui commença la bataille d’Ouhoud s’appelait Talha bin Abi Talha, un grand guerrier de l’armée d’Abou Soufiyane. Il s’engagea dans le champ de bataille et défia les Musulmans à se battre un contre un. Le défi fut accepté par Imam Ali (a) et en moins de deux le corps inerte de Talha gisait sur le sol. L’étendard fut pris par deux de ses frères, mais les deux furent abattus par les flèches des Musulmans.

Neuf Mecquois prirent l’étendard, l’un après l’autre, mais chacun d’eux fut envoyé en enfer par Imam Ali (a). Ensuite, une soldat Ethiopien du nom de Sawaab s’avança sur le champ. Il avait un visage effrayant et en le voyant aucun Musulman n’osa avancer. Cet homme fut tué par Imam Ali (a) d’un seul coup.

Voyant ses hommes si facilement tués, Abou Soufiyane ordonna une attaque générale. Les deux armées firent face et le bruit des armes retentissait dans l’air. Du côté des Musulmans, Hamza, Abou Doujana et Imam Ali (a) firent preuve d’héroïsme et de vaillance et le chaos se mit à régner dans l’armée d’ Abou Soufiyane.

A ce moment-là, l’esclave Ethiopien Wahchi se mit discrètement derrière Hamza et d’un lancer précis et instantané, le maudit transperça Hamza à l’abdomen et l’assassina.

Les Musulmans continuèrent à attaquer l’ennemi avec succès et les Mecquois commencèrent à perdre confiance. Après avoir perdu beaucoup d’hommes, ils décidèrent de se retirer et se prirent la fuite.

Ce fut à ce moment-là que les Musulmans commirent une grossière erreur qui leur coûta beaucoup: au lieu d’obéir le Saint Prophète (s) et de poursuivre l’ennemi en dehors du champ de bataille, ils déposèrent les armes et se mirent à ramasser le butin.

Pensant que la bataille était finie, la majorité des archers bloquant le passage vers les collines quittèrent leurs postes pour ramasser le butin, malgré les ordres de leur chef.

Un des commandants Mecquois, Khalid bin Walid, fuyait lorsqu’il saisit l’opportunité d’attaquer les Musulmans par l’arrière. Il rassembla ses hommes et lança une furieuse attaque par l’arrière.

Les Musulmans furent tellement surpris qu’ils ne savaient plus que faire. Dans la confusion, leurs rangs furent désordonnés. Les Mecquois qui s’étaient retirés se rassemblèrent à nouveau pour une attaque frontale.

Le porte-étendard Musulman, Muss'ab bin Oumair fut tué. Il avait une grande ressemblance avec le Saint Prophète (s) et les Mecquois se mirent à clamer que le Saint Prophète (a) était mort. Cela jeta encore plus les Musulmans dans le chaos et la consternation.

Beaucoup de leurs célèbres personnalités perdirent courage. Certains, moins tenaces, comme Abou Bakr et Oumar bin Khattab jetèrent leurs épées ne voyant plus l’intérêt de se battre si le Saint Prophète (s) n’était plus. Oussman aussi s’enfuit, s’éloignant tellement qu’il ne revînt à Médine qu’au bout de 3 jours.

D’un autre côté, bien des soldats vaillants restèrent fidèles et s’engouffrèrent parmi les Mecquois, déterminés à se battre jusqu’à leur dernier souffle. Cela continua ainsi jusqu’à ce qu’un Musulman voie le Saint Prophète (s) et se mit à hurler le plus fort possible que le Prophète était encore en vie.

Les Musulmans reprirent leurs esprits mais le Saint Prophète (s) était maintenant devenu la cible des Mecquois. Les Mecquois se mirent à l’attaquer et une épée brisa ses deux dents supérieures. Il était tombé dans une fosse lorsqu’Imam Ali (a) le trouva et le protégea contre les attaques constantes des Mecquois. D’autres fidèles, incluant la valeureuse dame Oumme Ammarah, empêchaient également l’ennemi d’approcher le Saint Prophète (s) et l’abritaient contre la pluie de flèches.

Ce fut dans cette bataille que la réputation d’Imam Ali s’affirma et il fut reconnu comme un maître en attaque à l’épée. Il se battait avec une telle force que son épée se brisa. Le Saint Prophète (s) lui remit alors sa propre épée "Zoulfikar". Appréciant la bravoure d’Imam Ali (a), la voix de l’ange Djibraîl retentit des cieux: "Point de guerrier qu’ Ali; point d’épée que Zoulfikar." (Là ftàh illà ‘Ali, là sayfa illà Zoulfikar)

Les forces Mecquoises avaient retourné la situation mais ils étaient trop épuisés pour pouvoir profiter de leur avantage en attaquant Médine ou en faisant descendre les Musulmans des hauteurs des collines d’Ohod. Ils satisfirent leur désir de vengeance en commettant des atrocités à l’égard des blessés, leur coupant les oreilles, le nez et mutilant ainsi leurs corps. Le brave Hamza faisait partie de ces martyrs. Hind, la femme d’Abou Soufiyane lui arracha le foie qu’elle mâcha.

Dans cette bataille, 70 Musulmans furent martyrisés et 70, blessés. Imam Ali (a) fut aussi gravement blessé. Les Mecquois perdirent 22 guerriers parmi lesquels 12 furent tués par Imam Ali (a).

La défaite des Musulmans était une épreuve pour eux, et des cendres de la bataille, ils ressortirent plus déterminés et désireux de défendre leur foi et leur cause : l’Islam.

 

http://www.albouraq.org/histoire/bat_ohod.htm

 

e6un7

 

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site