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L'Islam et les autres religions

L’islam estime que toutes les religions procèdent d’une même source : Allah. De ce fait, elles conservent malgré les péripéties de l’histoire une morale et des valeurs communes. Quand bien même les voies et les moyens diffèrent, les religions - plutôt la religion car en principe il n’y a qu’une seule religion- ont essentiellement pour but d’assurer à l’homme le bonheur ici-bas et dans l’au-delà.

« Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu’Il avait prescrit à Noé, ce que Nous t’avons révélé à toi-même, ce que Nous avions prescrit auparavant à Abraham, à Moïse et à Jésus : « Etablissez la religion et n’en faites pas un sujet de divisions. » s42 v13

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Le voile dans le judaisme le christianisme, et en Islam,

L’habit « épouse » le moral, le contexte social et culturel de l’être humain.
Comme le langage, le vêtement fascine à la fois par son universalité et par l'extrême diversité des formes qu'il peut prendre d'une société à l'autre ; plus que le langage peut-être, il apparaît lié à l'espèce humaine. Son importance est consacrée par l'intérêt qu'historiens, folkloristes, ethnologues, sociologues, technologues, lui portent depuis longtemps.

 Dans le domaine religieux la relation à Dieu ne peut être purement abstraite, elle a besoin de s'exprimer dans le vécu, dans le tissu de la vie quotidienne et individuelle de la cité, sinon elle risquerait d'être vidée de toute substance. La foi est un vécu individuel et social.

Le voile (du latin velum rideau, tenture) est destiné à masquer tout ou partie du visage et parfois du corps. Il est souvent fabriqué dans un tissu léger d'une certaine transparence, mais peut aussi être opaque. Le voile est un accessoire avec une tradition culturelle ancienne, attestée depuis l'antiquité et qui est empreinte d'une symbolique propre à chaque contexte culturel ou religieux. Il renvoie à l'image qu'il convient de donner de soi et au rapport au corps : il a pour but de marquer les différences sociales, la respectabilité, le sacré.

Que disent les textes fondateurs des religions ?
Le judaïsme. Dans la Bible, la Genèse (24, 65; 29, 23-25; 38,14.19) et le Cantique des Cantiques mentionnent le voile des femmes. Ainsi, Rébecca, voyant Isaac, se couvre la tête de son voile. Et le fiancé du Cantique des Cantiques affirme : « Tes yeux sont des colombes à travers ton voile » (Ct 4, 1). La femme non voilée est en revanche comparée à la prostituée : « Découvre tes cheveux, retrousse ta robe, découvre tes cuisses » , dit le prophète Isaïe (47, 2) pour humilier Babylone, ville maudite.
La Bible ne fait pas du port du voile une prescription. La tradition rabbinique a cependant établi un code de «modestie» qui impose aux femmes mariées le port d’un couvre-chef en dehors du foyer conjugal. Aujourd’hui, certaines se contentent de se couvrir à la synagogue. D’autres mettent un foulard ( tichel ) lors qu'elles sont en compagnie. La majorité des femmes juives orthodoxes portent une perruque ( sheitel ). Dans les communautés libérales, par contre, elles choisissent parfois de s’abstenir de tout couvre-chef.

Le christianisme. Dans la Palestine du temps de Jésus, les femmes mariées portaient le voile. Dans la première lettre aux Corinthiens, saint Paul fait de cette coutume un signe de respect religieux : « Tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte fait un affront à son chef. Mais toute femme qui prie ou prophétise la tête nue fait affront à son chef, car c’est exactement comme si elle était rasée » (1 Co 11, 2-16). Ce texte, assez obscur, est à l’origine de l’obligation, jusqu’à une époque récente, pour les femmes de se couvrir la tête pour entrer dans une église. Tertullien, évêque de Carthage au IIIe siècle, est allé plus loin : « Une jeune fille sans voile n’est plus vierge », écrit-il.
Pour les protéger, l’Église primitive a demandé aux femmes vierges, ancêtres des religieuses, de porter le voile, signe à l’époque romaine de la femme mariée. Le christianisme a prolongé cette tradition avec la prise de voile des religieuses. Le voile est alors un symbole d’union à Dieu dans la chasteté.

L’islam. Dans le Coran, plusieurs versets, prescrivent aux femmes de porter le voile par pudeur, pour se distinguer des autres femmes et se protéger des regards indélicats. « Ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées… » (sourate 33, v. 59).
Le terme employé – jilbâb , au pluriel jilâbîb – désigne l’ample tunique que les femmes arabes portaient alors de façon non systématique. Un autre verset prescrit : « Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leurs voiles ( khimâr ) sur leurs poitrines ! » (24, 31) Il est précédé d’un verset qui exhorte les hommes à la chasteté.
Le Coran ne dit rien, en revanche, des caractéristiques de ce voile qui, au temps du prophète Mohammed, comportait plusieurs variantes. Avec l’islam, la coutume millénaire du voile, jusque-là réservé aux femmes de haut rang, s’étend aux autres couches sociales, changeant de forme, d’appellation et de couleur selon les lieux.

- Le voile crée le climat psychologique nécessaire pour résister à la pression des climats extérieurs qui appellent à la déviation et pour préparer, chez l’homme et la femme, une immunité face à ces climats. Le voile invite la femme à se présenter comme un être humain et l’aide à le faire en mettant les « parties fascinantes » de son corps à l’abri des regards. En revanche, il appelle l’homme à ne regarder la femme qu’en tant qu’être humain, en mettant son corps en dehors de son champ visuel. Ainsi, le voile constitue un moyen de clôturer, dans une grande mesure, les entrées qui favorisent le climat de la déviation.

 L'Islam insiste, sur cet aspect du respect qu’on doit à la liberté individuelle, d’une part, et prépare le climat psychologique nécessaire pour assurer la retenue de l’être humain face à ses instincts, d’autre part. Cela est assuré au moyen de plusieurs dispositions législatives. Dans cette situation, la législation concernant le voile devient une obligation religieuse parmi celles qui empêchent l’homme de vivre en état d’urgence permanent face à l’appel de l’instinct sexuel. Elle prend également sa place dans la hiérarchie des régulateurs législatifs qui s’intègrent pour faire de la discipline morale une chose possible et réaliste.

Sources:

http://fr.wikipedia.org/

http://www.steinbach68.org/

http://majda.bloguez.com/majda

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Symbolisme de la montagne dans la Bible et le Coran : le lieu de l’appel et de la rencontre avec le divin

La spiritualité et la recherche du divin ont souvent été associées à un besoin d’élévation dont la dimension à la fois physique et spirituelle est parfaitement exprimée par le motif de la montagne. Elle renferme ainsi une symbolique extrêmement riche présente dans de nombreuses religions et mouvances spirituelles où elle a souvent été présentée comme lieu du repos des dieux ou refuge de divinités mythologiques en tout genre, ou encore point de jonction entre le ciel et la terre, entre le spirituel et le matériel. Elle manifeste aussi le désir millénaire de l’homme d’égaler Dieu ou de se rapprocher du ciel, comme l’illustre parfaitement l’épisode de la Tour de Babel (Genèse, 11 : 1-9) ou dans le récit coranique, la volonté de Pharaon d’ériger une tour lui permettant d’accéder jusqu’au Dieu de Moïse [1]. Point terrestre le plus proche du ciel, elle demeure avant tout le lieu de l’initiation, ainsi que, du Sinaï au Jabal al-Nour [2], l’endroit choisi par Dieu pour se révéler à l’homme. De fait, la symbolique du sommet comme le but à atteindre demeure au cœur de nombreuses pratiques initiatiques d’inspiration chrétienne, chiite et soufie. Cet article se base essentiellement sur l’étude du motif de la montagne dans la Bible et dans le Coran, ainsi que les modalités de sa présence dans les écrits de certaines figures majeures de la mystique chrétienne et musulmane.

La montagne dans la Bible : le lieu de l’Alliance et de la manifestation de la Parole de Dieu

Dans l’Ancien Testament, la montagne est le théâtre d’événements centraux : lieu choisi par Dieu pour l’accomplissement du sacrifice d’Isaac par Abraham, c’est également là où Il apparût à Moïse pour lui révéler les dix Commandements : "L’Eternel descendit sur la montagne du Sinaï, sur le sommet de la montagne ; l’Eternel appela Moïse sur le sommet de la montagne. Et Moïse monta" (Exode, 19:20). Accompagnée d’images symboliques fortes visant à montrer la toute-puissance du Créateur - tonnerre et éclairs, épaisse nuée et fumée la recouvrant - la montagne est donc le lieu que choisit Dieu pour se révéler à son peuple par l’intermédiaire d’un prophète élu. Si elle est parfois nommée - montagne de Séir, de Galaad, du Sinaï ou encore d’Hermon - c’est moins le lieu particulier que le motif même de la montagne en tant que lieu de manifestation du divin qui importe ici et qui tend à véhiculer l’image d’un Dieu majestueux et inaccessible au commun des mortels. Elle est également un lieu de refuge face au courroux divin. Les anges pressent ainsi Lot de fuir vers la montagne afin de ne pas périr lors de la destruction de Sodome (Genèse, 19:17). La montagne évoque parfois un retour à la foi originelle purifiée de tout élément corrupteur : lors de la remise en cause de la fidélité d’Israël à l’Alliance, Dieu s’adresse ainsi au prophète Elie, réfugié dans une caverne : ""Sors, et tiens-toi dans la montagne devant l’Eternel !" Et voici, l’Eternel passa." (Livre des Rois, 19:11). [3] Dans cet épisode, en contraste avec le "feu et la nuée" ayant précédé la rencontre de Moïse, la présence de Dieu est cette fois comparée à "un murmure doux et léger" [4] évoquant une présence plus douce, à la subtilité ineffable, au-delà de la force et de la matérialité des éléments. La montagne est enfin présente à de nombreuses reprises dans le Livre des Psaumes, où elle incarne le lieu de la rencontre du divin : "Envoie ta lumière et ta fidélité ! Qu’elles me guident, qu’elles me conduisent à ta montagne sainte et à tes demeures !" (Psaumes, 43:3).

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Fra Angelico, Le sermont sur la montagne, 1442, Florence, Museo di San Marco dell’Angelico

Dans les évangiles, le motif de la montagne continue d’évoquer celui de la Rencontre et de la proximité avec le divin, pour devenir également un lieu de recueillement. C’est également là où la loi est donnée, non plus par Dieu au travers de Moïse, mais par Jésus lui-même : la montagne est le lieu de l’enseignement du Christ, notamment des Béatitudes, qui constituent la première partie du "Sermon sur la montagne" contenant les principes centraux de son enseignement ainsi que le Notre-Père. [5] Elle demeure également le lieu par excellence de l’expérience spirituelle et de la révélation du Christ comme Fils [6] : ainsi, la Transfiguration accompagnée de l’apparition de Moïse et Elie aux apôtres Pierre, Jacques et Jean se déroule "à l’écart, sur une haute montagne" [7] (Matthieu, 17:1 et Marc, 9:2). Jésus s’y retire également à de nombreuses reprises pour prier, notamment au mont des Oliviers ou encore à la suite de la multiplication des pains après laquelle "il monta sur la montagne, pour prier à l’écart" (Matthieu, 14:23 et Marc, 6:46). Avec le désert, la montagne est aussi le lieu de l’épreuve, où le diable tenta de séduire le Christ en lui promettant de régner sur tous les royaumes du monde. [8] En outre, sa force et sa solidité sont évoquées pour les comparer à celles de la foi, plus grandes encore, et face à laquelle aucun élément matériel, même le plus solide, ne peut résister : "Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait ; rien ne vous serait impossible" (Matthieu, 17:20). Enfin, le Christ fut crucifié sur la montagne du Golgotha après y avoir porté sa propre croix, symbole fort du rétablissement du lien entre ciel et terre grâce au pardon du péché originel au travers de la mort du Fils. Le sommet devient ainsi le lieu ultime du retour vers le Père.

Après la résurrection du Christ, c’est également sur une montagne qu’il se manifeste pour la dernière fois à ses onze disciples et les revêt de l’Esprit. Malgré leur diversité géographique, l’ensemble de ces montagnes fait avant tout référence à la "montagne de l’Eternel" et intemporelle déjà évoquée dans l’Ancien Testament, évoquant l’ensemble des lieux choisis par Dieu pour entrer en contact avec le monde des hommes et leur transmettre Son message.

Le motif de la montagne dans le Coran : un des "signes" divins participant à la louange du Créateur

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Le prophète Elie sur la montagne, reproduction d’une icône du monastère de Hilandar au Mont Athos

Le symbolisme de la montagne présent dans le Coran puise certaines de ses sources dans l’Ancien Testament, mais apporte également un enrichissement certain à l’éventail de ses significations. Tout d’abord, son aspect géologique de "pieu" ou d’ "ancre" ainsi que son rôle dans la stabilisation de la terre sont évoqués (16:15, 21:31) [9]. En outre, la montagne a un rôle dans l’orientation des hommes et sert de véritable point de repère naturel [10].

Aux côtés des astres et des végétaux, la montagne est également considérée comme un être vivant faisant partie de l’ensemble cohérent de la nature et participant au grand chant de louange du créé au Créateur. [11] Plus qu’une masse rocheuse inerte, elle est donc une réalité sensible possédant une conscience de sa propre réalité et de la toute-puissance de son Créateur. Les montagnes manquent de s’écrouler en apprenant que certains hommes ont attribué un fils au Créateur (19:90), se seraient fendues sous l’effet de la crainte de Dieu si le Coran leur avait été révélé (59:21) ou encore refusent de se charger de l’amânah [12] (33:72). Enfin, le Mont Sinaï [Tûr] est également pris à témoin dans la Sourate 52 qui porte son nom.

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La transfiguration du Christ, icône de Georges Morozov, XXe siècle

La montagne constitue également un support essentiel de la théophanie sous tendue par une vision de la nature dont les éléments sont perçus comme autant de "signes" (ayât) manifestant le divin. Le Créateur, transcendant par essence et échappant de fait à la perception du commun des mortels limitée au domaine du sensible [13], se rend ainsi accessible au travers de formes matérielles dont la perception exige cependant une attention particulière nourrie par la foi. La montagne, faite de roc, incarne les idées de permanence et de solidité face au monde évanescent de la matière, tout en suggérant la présence d’un monde autre non soumis à la loi de la mort et de l’anéantissement. La mise en marche des montagnes et leur effondrement font également partie des signes de l’imminence de la fin des temps : elles seront alors "comme une dune de sable dispersée" (73:14) ou encore "comme de la laine cardée" (101:5). La rencontre de Moïse au Mont Sinaï (Tûr) est évoquée à de nombreuses reprises dans le Coran [14] : c’est là que lui fut révélée la Loi mais également rappelé le pacte préexistentiel conclu entre les hommes et Dieu. [15]" (2:93) Le pacte en lui-même est évoqué au verset 172 de la sourate Al-A’râf : "Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "ne suis-je pas votre Seigneur ? " Ils répondirent : "Mais si, nous en témoignons..." - afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : "Vraiment, nous n’y avons pas fait attention"". Selon l’islam, la vocation de l’ensemble des prophètes constituait essentiellement en un rappel de ce pacte préexistentiel.]] Lorsque Moïse émet par la suite le souhait de voir le Créateur, celui-ci se manifeste à une montagne qui est pulvérisée, tandis que ce dernier s’effondre, comme foudroyé (7:143). Selon certains mystiques, la montagne se serait désintégrée dans un élan amoureux provoqué par la vision du Créateur et ayant entraîné une volonté de s’unir et de se fondre en Lui.

Symbolique de la montagne et mystique

A l’inverse de la caverne, matrice obscure au sein de laquelle se déroule la mort à la vie terrestre, prélude à une renaissance spirituelle et à l’initiation, la montagne marque le début de l’ascension concrète du mystique, sa pente symbolisant le mouvement ascensionnel du retour de l’âme vers sa patrie originelle. Il faut également noter le lien étroit existant entre l’obscurité de la caverne, qui, creusée dans la montagne, symbolise le monde terrestre, et la montagne, consacrant un retour à la lumière et menant à la vérité divine ; l’une et l’autre représentant respectivement le pôle ténébreux et lumineux du monde. Ce symbolisme explique également la présence de nombreux sanctuaires au sommet des montagnes, dont l’atteinte ne se réalisera qu’au travers un effort vécu à la fois comme un dépassement du corps et de l’âme. Présente à la fois dans la mystique chrétienne et musulmane, la thématique de la "montagne intérieure" évoque le véritable parcours initiatique de l’âme dont les conditions rejoignent celle d’une ascension terrestre : vision du sommet comme élément moteur, nécessité de ne pas se charger de fardeaux inutiles ainsi que de la présence d’un guide connaissant le meilleur chemin pour arriver à bon port. [16] Dans ce sillage, Jean de la Croix décrit l’atteinte du degré suprême de perfection mystique comme la "montée au Mont Carmel" [17], sommet ultime d’une longue et difficile ascension. L’Ordre du Carmel, fondé sur le mont du même nom où Dieu s’est manifesté à Elie, est également marqué par une spiritualité de la montagne vécue comme un lieu de rencontre avec le divin. Sainte Thérèse de Lisieux évoque ainsi le choix de son Ordre religieux : "En grandissant, j’avais compris que c’était au Carmel qu’il me serait possible de trouver véritablement le manteau de la Sainte Vierge et c’était vers cette montagne fertile que tendaient tous mes désirs…".

Le motif de la montagne est également présent dans la légende du saint Graal, ce dernier se trouvant sur "la Montagne du Salut" [18], lieu regorgeant de splendeurs paradisiaques auquel ne peuvent accéder que les initiés. C’est également "sur le haut de la montagne" que Saint Bernard de Clairvaux opéra plusieurs guérisons miraculeuses. Enfin, Noces chymiques de Christian Rosenkreutz [19], l’un des ouvrages fondamentaux de l’ordre de la Rose-Croix, évoque le parcours mystique d’un vieillard devant se rendre à des noces royales se déroulant au sommet d’une haute montagne.

Dans la mystique musulmane et plus particulièrement dans le chiisme, qui tend à "intérioriser" les symboles pour les faire correspondre à autant d’étapes du parcours spirituel de l’homme [20], la montagne symbolise l’élévation de l’âme dont le sommet constitue l’ultime étape du parcours spirituel. Nous retrouvons ici le concept clé de "montagne intérieure" dont l’ascension correspond à une élévation qui est à la fois connaissance de soi et l’amorce d’un retour vers le Principe.

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La première révélation du prophète Mohammad sur le mont Hira, Miniature turque, époque inconnue, bibliothèque de Topkapi, Istambul

De nombreux traités mystiques mentionnent également la présence de montagnes cosmiques n’ayant pas d’existence géographique concrète et porteuses de sens spirituels très riches. La plus connue en islam demeure la montagne de Qâf, axe cosmique entourant notre univers - qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler la Montagne du Salut contenant le saint Graal -, située dans une mystérieuse "Ile Verte" où résiderait le Sîmorgh. Dans l’épopée mystique d’Attâr, Le langage des oiseaux (Mantiq al-Tayr), l’ultime étape du voyage d’un groupe d’oiseaux à la recherche de leur roi la Huppe se situe au sommet de la montagne du Qâf, qui symbolise la surexistence en Dieu (baqâ’) réalisée à la suite de l’annihilation du moi (fanâ’). Véritable "Sinaï mystique", la montagne de Qâf constitue également pour Sohrawardî l’une des étapes d’un parcours mystique devant mener à la découverte d’un "moi supérieur" situé en son sommet. [21]

La montagne est également très présente dans les œuvres des grands poètes iraniens, notamment Rûmî pour qui elle symbolise tantôt le rang privilégié de l’homme par rapport aux autres créatures qui, "solide comme une montagne", est à même de combattre et vaincre ses passions et penchants égoïstes, tantôt les croyants superficiels qui se contentent de répéter les principes religieux sans en comprendre la signification profonde, telle une montagne dont l’écho répète automatiquement un son à l’infini. La notion d’écho revêt aussi une signification positive dans le cas des "amis de Dieu" (Awliya-ol-llah) : après avoir atteint le stade suprême de l’union au Créateur (fanâ) et s’être dépouillés de leur "moi", leurs paroles leur sont alors directement inspirées par Dieu, telle une montagne reproduisant en écho une voix à l’identique.

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La montagne cosmique, paysage de Xvarnah, miniature turque, XIVe siècle

La présence continue des montagnes comme théâtre des révélations divines est également soulignée par le théosophe iranien Sayyed Ahmad ’Alavî Esfahânî (XVIIe siècle) : "Le Seigneur est venu du Sinaï ; il s’est levé à Seïr [Mont Thabor, où Jésus fut transfiguré], il a paru sur le Mont Pharan [grotte de Hîra ou le prophète Mohammad reçut la première révélation coranique] et les Saintes Myriades étaient avec Lui. Il portait avec Lui en sa droite la Loi de Feu" [22]. Nous touchons également ici à un aspect essentiel de la pensée islamique, selon laquelle il existe une véritable continuité des révélations divines - lumière unique dont l’islam se veut l’aboutissement ultime. La montagne occupe également une grande place dans les arts des deux traditions. Si elle a tendance à figurer en arrière-plan de représentations de grandes scènes de la vie du Christ, elle symbolise davantage un aspect des songes et visions des mystiques musulmans qui figurent ce qu’ils on vu, nous offrant ainsi un véritable tableau de leur vie intérieure. [23]

De par sa hauteur et sa proximité relative avec le ciel, la montagne est donc le symbole de l’élévation spirituelle ainsi que le lieu par excellence de la proximité avec l’Ami, s’y révélant pour guider l’homme et lui manifester Sa gloire. A l’époque actuelle, si le "désenchantement du monde" semble avoir réduit la montagne à sa dimension "naturelle" comme simple élément parmi d’autres du paysage géographique, elle n’en reste pas moins riche d’un symbolisme unique pour chaque croyant. Comme l’a souligné Marie-Madeleine Davy, l’ascension de la montagne symbolise avant tout le début d’une quête intérieure de soi rejoignant peu à peu celle de l’Absolu. [24] Véritable "Voie du salut" la montagne s’identifie dès lors, dans les traditions chrétiennes et musulmanes, avec l’initiation, tout en consacrant une spiritualité ascendante.

Bibliographie
- Amir-Moezzi, Mohammad Ali (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, Bouquins, 2007.
- La Bible de Jérusalem, Pocket, 2005.
- Boubakeur, Dalil, La symbolique du Sinaï ou l’épreuve de la montagne.
- Le Coran, trad. De Kasimirski, Flammarion, 1993.
- Le Saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets, Albouraq, 2004.
- Davy, Marie-Madeleine, La Montagne et sa symbolique, Albin Michel, 1996.
- De la Croix, Jean, "La montée du Carmel" in Œuvres complètes, trad. de Mère Marie du Saint-Sacrement, Dominique Poirot (dir.), Paris, Cerf, 1990.
- Sohrawardî, Shihâboddîn Yahyâ, L’archange empourpré, quinze traités et récits mystiques traduits du persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.
- Tâjdînî, ’Alî, Farhang-e nemâdhâ va neshânehâ dar andîshe-ye Molânâ (Dictionnaire des symboles et signes dans la pensée de Molânâ), Téhéran, Soroush Press, 2005.
- Wolfram Von Eschenbach, Parzival, Deutscher Klassikerverlag, 2006.

Notes

[1"Et Pharaon dit : "O notables, je ne connais pas de divinité pour vous, autre que moi. Haman, allume-moi du feu sur l’argile puis construis-moi une tour, peut-être alors monterai-je jusqu’au Dieu de Moïse. Je pense plutôt qu’il est du nombre des menteurs" (Coran, 28:38).

[2Signifiant "montagne de lumière". Lieu où s’est déroulée la première révélation du prophète Mohammad, dans la grotte de Hira.

[3Nous sommes ici en présence de la dialectique montagne/caverne que nous évoquerons plus en détail par la suite.

[4"L’Eternel passa. Et devant l’Eternel, il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : l’Eternel n’était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre : l’Eternel n’était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : l’Eternel n’était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger" (Premier Livre des Rois, 19:11-12).

[5Matthieu, chapitre 5 à 7.

[6"Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le !" (Matthieu, 17:5).

[7"Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, son frère, et il les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière" (Matthieu, 17:1-2).

[8"Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores." (Matthieu, 4:8-9).

[9Ce rôle des montagnes évoqué dans ce verset à été perçu comme étayant le caractère divin du Coran, étant donné que la notion de tectonique des plaques et le rôle de stabilisateur des montagnes dans ce phénomène n’a été découvert que dans la seconde moitié du XXe siècle.

[10Dans le premier cas, les montagnes sont désignées par le qualificatif de "jibâl" ou "rawâsin", alors que les secondes sont qualifiées et "a’lâm".

[11"N’as-tu pas vu que c’est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et tous ceux qui sont sur la terre, le soleil, la lune, les étoiles les montagnes, les arbres, les animaux, ainsi que beaucoup de gens ?" (22:18).

[12L’amânah exprime l’engagement de n’adorer qu’Allah, de faire le bien et fuir le mal.

[13La perception sensible est immédiate et commune à l’ensemble des hommes, même s’il en existe d’autres comme la perception imaginale, qui constitue notamment l’organe de connaissance par excellence des mystiques.

[14Notamment dans les versets 19:52, 20:10, 28:44…

[15"[[Et rappelez-vous, lorsque Nous avons pris l’engagement de vous, et brandi sur vous At-Tur (le Mont Sinaï) en vous disant : "Tenez ferme à ce que Nous vous avons donné, et écoutez !

[16Dans la tradition chrétienne, le Christ est le Guide par excellence, mais il est également le sommet même à atteindre.

[17"Subida del monte carmelo". De la Croix, Jean, "La montée du Carmel" in Œuvres complètes, trad. de Mère Marie du Saint-Sacrement, Dominique Poirot (dir.), Paris, Cerf, 1990.

[18Ce lieu est appelé "Montsalvage" dans la version de Wolfram Von Eschenbach intitulée Parzival. Selon ce dernier, "qui met ses soins à la chercher ne la découvre malheureusement jamais…Il faut y parvenir sans en avoir formé le dessein".

[19Ce manifeste, publié anonymement, est en réalité l’œuvre de Johann Valentin Andreae , théologien et mystique allemand du XVIIe siècle.

[20Dans la mystique musulmane, l’homme est souvent perçu comme un microcosme symbolisant parfaitement avec le macrocosme de l’univers.

[21L’atteinte de ce sommet ne dépend pas d’une aptitude physique particulière, mais d’une transformation intérieure. Ainsi, en réponse à la question du disciple qui demande s’il est possible de franchir ces montagnes en y forant un tunnel, le maître répond : "Impossible également d’y forer un tunnel. En revanche, celui qui possède l’Aptitude, peut les franchir en un seul instant, sans avoir à creuser de tunnel. Il s’agit d’une vertu semblable à celle du baume. Si tu exposes au soleil la paume de ta main assez longtemps pour qu’elle devienne brûlante, et qu’alors tu verses le baume goutte à goutte dans le creux de ta main, le baume transperce au revers de ta main grâce à la vertu naturelle qui est en lui. Toi également, si tu actualises en toi-même la vertu naturelle de franchir ces montagnes, c’est en un instant que tu les franchiras toutes les deux.", "Le récit de l’archange empourpré" (’Aql-e Sorkh), in Sohrawardî, Shihâboddîn Yahyâ, L’archange empourpré, quinze traités et récits mystiques traduits du persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.

[22Cité par Dalil Boubakeur, La symbolique du Sinaï ou l’épreuve de la montagne, p.5.

[23Cf. Amélie Neuve-Eglise, "Des paysages de "Xvarnah" au "huitième climat" de la géographie mystique : le sens philosophique et mystique de la miniature", Revue de Téhéran, juillet 2007, No. 20.

[24Davy, Marie-Madeleine, La Montagne et sa symbolique, Albin Michel, 1996.

Source:http://www.teheran.ir/spip.php?article792

La momie de pharaon entre le Coran et la bible

Malgré les éléments abondants que nous livre la Bible sur l'histoire des hébreux (leur séjour en Egypte, l'Exode, etc). Il y a un point de détail qui n'apparaît nullement dans la Bible : Quel était le destin du corps du pharaon mort lors de la sortie d'Egypte (au dernier quart du 13ème siècle avant J-C) ?

Or bien que " la croyance voulait qu'il fut perdu par noyade dans la mer rouge " un verset fut communiqué au début du 6ème siècle à la Mecque apportant cette précision :

" Aujourd'hui, Nous te sauvons en ton corps, afin que tu sois un signe pour ceux qui viendront après toi " (Coran 10 / 92)

Et ce en dépit du fait " qu'à l'époque de la Révélation Coranique, personne ne pouvait avoir connaissance du fait que le corps avait bien été sauvé, et ce, peu de temps après la mort ". Ce n'est qu'à partir de 1907 que l'histoire du corps momifié de Mineptah put être reconstitué. C'est en cette année où " après avoir enlevé la couche extérieure des bandelettes d'une momie jusqu'alors inconnue, trouvée en 1898 dans la vallée des Rois de la nécropole de Thèbes, ou devait découvrir qu'il s'agissait de celle de Mineptah dont le nom était écrit dans l'épaisseur des bandelettes "

C'est ainsi que cette momie va devenir " le seul témoin matériel connu jusqu'à ce jour de la sortie d'Egypte "

La question qui peut toujours se poser est la suivante : quel est l'intérêt particulier de cette information apportée par le verset, surtout si l'on sait que les momies que nous avons, comptent parmi elles les corps d'un certain nombre de pharaons.

En effet l'intérêt réside dans les traces (particulières) de traumatisme qui porte le corps de Mineptah. On sait que " le pharaon mourut de traumatisme multiples qui ont laissé sur la momie non pas des indices, mais des marques tangibles de la violence des chocs reçus en plusieurs parties du corps : paroi de l'abdomen en arrière, avec une vaste lacune, thorax en avant où une zone enfoncée d'où le détachement d'un fragment, voûte du crâne où existe une large lacune, toutes lésions occupant le côté droit du corps. Toutes ces lésions allaient de pair avec les enseignements tant de la Bible que du Coran : corps jeté avec force dans l'eau (Coran : 28 / 40 et 51 / 40) "

Et " les investigations médicales approfondies de cette momie " " les radiographies [de ces lésions] ne pouvaient suggérer que leur survenue du vivant du sujet". Ces conclusions soumises en avril 1976 à la société française de médecine légale ne soulevèrent aucune objection "

http://www.fleurislam.net/media/doc/coran/txt_anicoran.html

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Religions monothéistes: les livres saints

les pêchés, les pêchés

Notre étude portera sur les Livres saintsdes trois religions monothéistes. Dieu dit dans le Coran :

« Dis : nous croyons en Dieu, et en ce qui a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob [Israël] et en ce qui a été donné à Moïse et à Jésus et aux autres Prophètes de la part leur Seigneur. Nous ne distinguons entre aucun d’eux et nous lui somme soumis »

Coran 3; 84

« Avec les Juifs et les Chrétiens, ne discutez que de la manière la plus [affable] sauf [quand il s’agit] de ceux qui commettent des injustices parmi eux. Dites-[leur] : « Nous croyons en ce qui nous a été révélé et en ce qui vous a été révélé. Notre Dieu et le votre est Le même Dieu et nous Lui sommes soumis » Coran 29;46

Les Juifs appellent TaNaK leur grande Ecriture sacrée. Elle contient vingt-quatre livres répartis en trois sections.

TaNaK est une abréviation qui signifie : Torah – Nebiim –Ketoubim, c'est-à-dire : Loi, Prophète, Ecrits. Ce sont les trois sections de la Bible Hébraïque. C’est l’Ancien Testament Juif, excluant absolument le Nouveau Testament Chrétien.

La Première des trois sections est la Torah qui comprend cinq livres et que les Chrétiens appellent Pentateuque, attribués au Prophète Moïse, sur lui la Paix.

Ces cinq livres sont la Genèse, l’Exode, le Lévitique, Les Nombres, le Deutéronome.

La seconde section, Nebiim contient huit livres : Josué, Juges, Samuel, Rois, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et un dernier livre intitulé : les douze prophètes. Les Chrétiens divisent ce dernier livre en douze livres.

La troisième et dernière section de la Bible Hébraïque rassemble onze livres : Les Psaumes, Job, Proverbes, Ruth, Cantique des Cantiques, Qôhélet (Ecclésiaste), Lamentations, Esther, Daniel, Esdras Néhémie, Actes des Jours (Chroniques).

Cette liste des Ecritures Hébraïque est ancienne, elle est citée par des sources anciennes au cinquième siècle avant Jésus Christ. Mais sa rédaction s’est étalée sur plusieurs siècles, par compilation de plusieurs sources différentes.

Les résultats de l’étude scientifique des cinq premiers livres semble confirmer les hypothèses avancées par plusieurs chercheurs, et ce depuis le Moyen Age, puis par Spinoza et par Jean Astruc, et à la fin du dix-neuvième siècle par Graf et Wellhausen. Finalement, c’est l’hypothèse « des quatre document », qui s’est imposée à la plupart des exégètes actuels de la Bible.

La Torah serait donc un savant mélange de quatre documents initiaux : Yaviste, Elohiste, Deutéronomique et Sacerdotal. Chacun de ces quatre documents possèderait ses caractéristiques propres : noms divins, style, expressions fréquentes, etc.…

Ce mélange se serait opère en plusieurs phases, depuis l’époque de la sortie d’Egypte, jusqu'au retour de la déportation à Babylone et notamment durant l’installation progressive des tribus juives en terre sainte, leur unification sous David et Salomon, sur eux La Paix, puis la scission en deux royaumes ennemis : Juda et Israël.

Ainsi le Deutéronome avait carrément disparu durant ces troubles à l’époque du Roi Manassé, puis redécouvert sous le règne du Roi Josias dans une cave du Temple de Jérusalem. La compilation définitive des documents s’opère au cinquième siècle avant Jésus Christ.

La tradition juive, en séparant ces textes en trois sections bien précises, indique l’importance décroissante qu’elle attache à chacun de ces livres. Ils son tous sacrés, mais la première section est le fondement, elle contient la révélation faite à Moïse, sur lui la Paix. La deuxième section rassemble des écrits d’autres prophètes ultérieures et des chroniques historiques. La troisième section vient en complément, avec les Psaumes, Les Proverbes, des livres de sagesse, quelques prophètes et également des chroniques des règnes.

Ainsi, pour simplifier, la Torah est la véritable fondatrice de la religion d’Israël, qui durant le séjour en Egypte, n’était étayée que par une tradition orale. La section des Prophètes vient en appui de la Torah, pour revivifier, de génération en génération, sa valeur absolue. Puis les Ecrits de la troisième section viennent en complément et exégèse de l’ensemble. Les autres écrits du Judaïsme, comme le Talmud, ne sont pas inclus dans la Bible. Ils sont de rédaction tardive, échos de la Tradition orale parallèle au TaNaK, oeuvres de rabbins et théologiens, et constituent principalement des commentaires du texte de base : le TaNaK, agrémentés de récits plus ou moins légendaires.

Les Bibles Chrétiennes

Les Bibles Chrétiennes rassemblent l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Il y a la Bible Grecque ou Septante, on dit qu’elle s’appelle ainsi parce que septante scribes juifs l’ont traduite de l’hébreu en grec. La plus ancienne chez les Chrétiens, et qui est devenue par la suite la Bible de l’Eglise Orthodoxe. Le canon des Ecritures orthodoxes n’a été fixé définitivement qu’au synode de Jérusalem en 1672. Par rapport à la Bible Hébraïque, ce canon inclut d’autres livres écrits tardivement en araméen ou en grec, et que les Juifs rejettent comme apocryphes.

Il y a ensuite la Bible latine, traduite initialement à partir de la Septante grecque, mais, qui a connu des évolutions ultérieures, par le recours à des traductions à partir de textes hébreux. Sa composition latine canonique n’est devenue définitive qu’au Concile de Trente en 1546, c'est-à-dire il n’y a pas si longtemps, on l’appelle Vulgate.

Et enfin la alopecie">BibleBible protestante, qui reprend le canon de la Bible Hébraïque mais dans un ordre différent, sans retenir la classification hébraïque en trois sections. Sont donc inclus les sept livres suivants, apocryphes pour les Juifs mais qui figurent dans les Bible Catholique et Orthodoxe : Tobie, Judith, Sagesse, Ecclésiastique, Baruch, le Premier et le Dixième livre des Maccabées ; ainsi que des fragments des livres d’Esther et de Daniel. Le canon protestant n’a été définitivement adopté que depuis les éditions du dix-neuvième siècle. Auparavant, les Protestants, suivent l’exemple de Luther, mettant ces sept apocryphes précités en appendice de leurs éditions bibliques. Aujourd’hui, ils les excluent entièrement.

La constitution des différentes Bibles a pris des siècles. Les Catholiques et les Orthodoxes, comme on l’a vu, ont rajouté des livres considérés comme apocryphes par la tradition Juive, et ont bouleversé l’ordre canonique de cette source hébraïque, qui avait sa logique interne, par sa répartition en trois sections distinctes. Ce classement n’était pas seulement le fruit du hasard, bien que la formation du TaNaK elle-même soit le fruit d’une longue histoire mouvementée et souvent dramatique. Ce classement traditionnel avait certainement une fonction propre.

Les Juifs, qui ont transmis la première partie de la Bible au monde ne reconnaissent aucune valeur au Nouveau Testament, qui relate la vie, les actes et les paroles attribuées à Jésus et à ses disciples.

Il faut dire que les exagérations propres aux Chrétiens n’ont pas encouragé les Juifs à changer d’avis sur le Messie qui est pourtant leur sauveur et qu’ils ont rejeté. Le Talmud, livre rabbinique postérieur à Jésus, relate l’histoire de Jésus en termes insultants. D’après ce livre, Jésus aurait volé un morceau du livre sacré dans le temple et aurait ensuite opère une magie grâce cette profanation pour subjuguer ses disciples.

Tout en reconnaissant l’Ancien Testament comme historique de leur religion, les Chrétiens, ne le considèrent pratiquement plus comme un fondement moral : seul le Nouveau Testament, à leur yeux, remplit désormais ce rôle et cela depuis Paul de Tarse et ses disciples. Pour la Loi de Moïse est surclassé par la Foi en Jésus, Rédempteur de l’humanité selon leur théologie, c'est-à-dire effaceur du « péché originel » qui rendait la Loi obligatoire. Désormais, selon eux, Le Pardon l’emporte sur le

Talion, et Jésus a « payé » pour les pécheurs : il leur suffit de croire en lui. Il y a en cette théologie un « arrière goût » de croyances païennes, le sacrifice d’un « dieu » pour le salut des humains, comme il y en à eu dans les croyances égyptiennes et grecques antiques.

Le Coran

Coran est un mot d'origine arabe, francisé sous cette forme approximative, du vocable original Qur'an. Ce mot signifie Lecture ou Récitation. Contrairement à la Bible, il n'est pas la compilation de plusieurs livres. Il y a en tout 114 sourates de longueurs inégales : la plus courte contient trois versets et la plus longue 286. Elles sont présentées dans un ordre de longueur sensiblement décroissant, et non dans l'ordre chronologique de la Révélation faite par Allah à Mohammad - sur lui la Grâce Divine et la Paix. La toute première, la Fatiha est cependant très courte et a un statut particulier. Appelée « Le prologue » par traduction du terme fatiha, elle se présente comme une invocation et est récitée lors des prières.

Les spécialistes ont distingué deux grandes catégories de sourates: celles qui correspondent à la période de La Mecque, et celles de la période de

Médine. La partie relative à la période Mecquoise traite généralement du rapport à Dieu, la foi, spiritualité,... tandis que la partie Médinoise traite quant à elle de l'aspect social de l'homme.

Il est l'ensemble des paroles transmises à Mohammad - sur lui la Grâce Divine et la Paix. L'ultime Prophète fut l'unique réceptacle de ce Message Divin, qu'il annonça ensuite au monde. Entre Dieu et l'homme, l'intermédiaire de ce Message fut l'Ange Gabriel. Ce Message descendit jour après jour durant vingt-trois ans, au fur et à mesure des besoins, tant spirituels que juridiques, de la communauté musulmane naissante.

Le Coran fut révélé depuis l'an 10 avant l'Hégire, jusqu'à l'an 13 après l'Hégire. Le Coran n'est pas un écrit humain mais Divin. Pour preuve, le manque de contradiction qui le caractérise, alors que la Bible fourmille de contradictions :

« Ne méditent-ils donc pas le Coran ? S'il venait d'un autre que Dieu, ils y trouveraient de nombreuses contradictions». (Coran 4,82)

Le premier secrétaire du Prophète, Zayd ibn Thabet, a rédigé un muç-haf (livre relié) complet du Coran. Et c'est son recensement des versets et sourates qui a été unanimement reconnu comme conforme à la récitation orale définitive qu'en avait fait le Prophète durant le dernier mois de Ramadan qui a précédé son retour vers le Créateur. Il n'y a aucune contestation de ce fait. Toutes les écoles juridiques de l'Islam, Sunnites, Chi'ites, Karedjites , possèdent cette unique version du texte révélé. Et Dieu coupe court à tout doute sur ce sujet :

« C'est Nous qui avons fait descendre le Rappel, et c'est Nous qui en sommes le Gardien » (Coran 15,9).

Le Coran est le Message final adressé aux hommes dans leur totalité :

« Nous ne t'avons envoyé que comme annonciateur et avertisseur à tout le genre humain. Mais la plupart des hommes ne savent pas». (Coran 34,28)

Le Coran est un texte qui a de nombreux aspects. Des aspects « théologiques», réaffirmant principalement l'Unicité absolue de Dieu et désignant Ses Noms et attributs. Des aspects historiques, rappelant certains épisodes édifiants de la vie des prophètes et des peuples antérieurs. Il annonce également des événements futurs et le monde à venir (l'au-delà), le Paradis et l'Enfer. C'est aussi un texte législatif déterminant le cadre moral et juridique en matière de règle de vie, pour la communauté des croyants, jusqu'au Jour du Jugement dernier. Il indique également l'attitude que les Musulmans doivent observer à l'égard des autres communautés : les Chrétiens, les Juifs, Sabéens, Mages (ou Mazdéens ou Parsis), les Polythéistes, les Athées, les Hypocrites avérés, selon les circonstances. C'est aussi, enfin, un Texte qui ouvre sur la réalité « métaphysique » et conduit l'aspirant dans la voie du Rapprochement de Dieu.

Dieu a donné le Coran pour redonner la Foi pure aux humains. Son ordonnancement même, qui n'est pas chronologique mais répond à une « logique Divine» supra humaine, n'est pas le fruit du hasard. Sa lecture méthodique et sa compréhension permettent de répondre complètement à toutes les questions essentielles que se pose l'humanité depuis toujours. Et rien n'y est omis pour nous transmettre et parfaire cette Foi, qui est certes l'effet d'une grâce Divine «invisible», mais qui se nourrit aussi de Sa Parole «lisible».

L'effort humain, pour acquérir et appliquer la science sacrée contenue dans le Coran, cet effort est le signe absolu de notre reconnaissance envers Lui, et cela a pour conséquence d'amplifier indéfiniment la grâce divine :

« C'est ainsi que Nous récompensons quiconque se montre reconnaissant». (Coran 54,35)

« Souvenez-vous et Je Me souviendrai de vous ! Rendez- Moi grâces ! Ne soyez pas ingrats!» (Coran 2,152)

«Si vous êtes reconnaissants, je ferai, certes, encore plus pour vous. Mais si vous êtes infidèles, Mon châtiment sera terrible pour vous».

(Coran 14,7)

Le Coran est le dernier Rappel avant le Jugement dernier. Il contient des promesses et des Menaces précises. Il a été annoncé à tout l'univers. Il est disponible dans toutes les langues. Il confirme et protège les Ecritures antérieures qui étaient de «seconde main» et ont subi des altérations. Il indique le Chemin Droit qui commence par la Soumission, se gravit par la Foi et fait accéder à la Vertu. Arrivé à ce stade, le vertueux ressent constamment le Regard de Dieu sur lui, il «goûte» à la Présence Divine. Il «habite» déjà, en esprit, sa demeure dernière dans la Vraie Vie auprès de son Créateur Miséricordieux et Aimant.

Son «coeur» est devenu une «demeure» de Dieu - Exalté et Magnifié soit-Il. Ce processus de purification est appelé les savants musulmans.

Auteur Hassan R

http://quran.al-shia.org/fr/article/a1.htm

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L'inceste dans les religions monothéistes

La prohibition de l'inceste

L’inceste est souvent considéré comme criminel, tombant sous un interdit social et pénal et puni par la loi, surtout lorsqu'il est commis sur un mineur sexuel. Dans ce dernier cas, l’inceste a souvent de lourdes conséquences pour la victime - certains parlent de meurtre psychique - dans son développement psychologique, psycho-affectif et psycho-sexuel. Le caractère de cet interdit a considérablement varié selon les sociétés et les époques mais toujours a existé une loi structurante qui réglemente les unions entre les êtres.


Dans l'islam

Le Coran a bien décrit les femmes avec lesquelles le mariage est prohibé à la surate ANNISSAA (IV) verset 23:

« Il vous est interdit vos mères, vos filles, vos sœurs, vos tantes, vos nièces, vos mères de lait, vos sœurs de lait, vos belles-mères, vos belles-filles placées sous votre tutelle, nées des femmes avec qui vous avez consommé le mariage, les épouses de vos fils, et vos belles-sœurs »

Verset 26 : « N’épousez pas les femmes que vos pères ont eues pour épouses – exception faite pour le passé – ce serait vraiment un acte abominable et haïssable, un chemin détestable. »

On note que l’Islam interdit en ligne directe, le mariage entre ascendants et descendants à l’infini. En ligne collatérale, l’interdiction touche les frères et sœurs, nièces et oncles, neveux et tantes. Néanmoins, le mariage est permis entre cousins. Les prohibitions résultant de la parenté du lait sont les mêmes que celles de la parenté ou de l’alliance mais seul l’enfant allaité est considéré comme enfant de la nourrice et de son époux, à l’exclusion de ses frères et sœurs: l'allaitement ne sera considéré que si l'âge de l'enfant ne dépasse pas les 24 mois (حولين كاملين ) "CORAN"


Dans les traditions judéo-chrétiennes

L’inceste est souligné dans le talmud avec les deux autres interdits : l’idolâtrie et le meurtre. La bible interdit l’inceste [15, 27]: « Nul de vous ne s’approchera de sa parente, pour découvrir sa nudité » « Nul ne prendra femme, la femme de son père et ne soulèvera la couverture du lit du père »

La prohibition de l’inceste s’étend à des degrés qu’il faut respecter : troisième degré inclus en ligne directe, jusqu’au deuxième en ligne collatérale.

Les peines se diversifiaient allant en cas d’inceste père et fille, mère et fils jusqu’à celle du feu. Pour le moins ; le coupable était excommunié et dans l’incapacité de se marier. La peine capitale était aussi acquise en cas d’inceste spirituel (entre un confesseur et sa pénitente) regardé comme un sacrilège.

Les textes laissent entendre implicitement et, parfois mentionnent explicitement, des relations incestueuses dans les récits :

- Les enfants d’Adam et Ève, sauf à supposer l’existence d’humains de souche non-adamique (ce que suggère l’histoire de Caïn, marqué pour que « qui le rencontre ne le tue pas » (Genèse 4 v.15-17) : comment ses frères et sœurs auraient-ils pu ne pas le reconnaître ?)
- Lot avec ses deux filles (elles l’enivrèrent, après la mort de leur mère, pour perpétuer sa lignée). Le récit se trouve en Genèse 19 v.30-38 ;
- Amnon et sa demi-sœur Tamar, deux enfants du roi David en 2 Samuel 13


L'interdit universel de l'inceste

En général, on rencontre durant toute l’histoire de l’humanité, et cela dans des communautés culturelles très diverses, des interdits très sévères concernant l’inceste. Ce tabou est à peu de choses près universel. Des anthropologues réfutent cette prétention à l'universalité de ce tabou majeur et Malinowski, avec ses Argonautes du Pacifique s'est rendu célèbre en soutenant qu'il n'y a pas de "complexe d'Œdipe" auprès de la population de cet Océan Pacifique et en conséquence pas d'idée d'inceste générée par ce discours social.


Pourquoi y a-t-il partout interdiction de l'inceste

Différentes théories ont tenté d’expliquer l’interdit universel de l’inceste :

- Théories biologiques finalistes : l’inceste entraînerait un danger biologique pour l’espèce. Ces théories mettaient l’accent sur les dangers des mariages consanguins, dangers signalés à nouveau par les généticiens modernes (risque d’extériorisation des maladies génétiques récessives).

- Théories biologiques efficientes : dans ce type d’explication, l’interdit naîtrait de l’horreur instinctive, naturelle de l’inceste fondée sur la “voix du sang”.

- Théories sociologiques finalistes :

Avec Freud, on inscrit l’interdiction de l’inceste directement dans l’ordre du désir et de la loi. Dans la dynamique familiale, en effet, c’est “le père qui dresse son opposition face au désir incestueux des fils pour la mère”. Mais “le complexe d’Œdipe n’est pas réductible à une situation réelle, à l’influence effectivement exercée sur l’enfant par le couple parental”. Il tire son efficacité de ce qu’il travaille aussi au niveau symbolique en faisant intervenir “une instance interdictrice qui barre l’accès à la satisfaction naturellement cherchée”. Alors sur le plan psychanalytique freudien, le tabou de l’inceste représente la résultante de pressions sociales intériorisées aboutissant au refoulement de l’ambivalence sexuelle envers la parenté proche.

La prohibition est nécessaire pour maintenir la hiérarchie entre générations, la discipline et la cohésion familiale, pour éliminer tensions, jalousies, compétitions.
- Pour certains sociologues et anthropologues, l’interdit de l’inceste favorise l’ordre, la paix (évitement des guerres entre tribus voisines), et les relations d’échanges. (Biens donnés à un membre extérieur à la famille lors d’un mariage).


Les conséquences


L’inceste est un meurtre psychique aux lourdes conséquences

L'inceste représente la rupture d'un tabou qui est aussi universel que le tabou du meurtre. L'abolition de la distance, la violation de l'interdit et du tabou prend inévitablement dans l'esprit de l'enfant victime le sens d'une attaque au fondement même de son identité. L'abus met ainsi en cause le processus même de son développement.

En sortant l'enfant de son statut d'enfant et en l'amenant à vivre comme un adulte, des expériences d'adultes, des pensées, des émotions, des sentiments, des sensations d'adultes, l'abuseur lui enlève concrètement le besoin, le désir, les attentes, le dynamisme, la tendance qui le pousseraient à grandir et à chercher, par lui-même, à sa façon, une forme de réponse à son processus de croissance et de développement.

En violant le caractère infantile de l'enfant, l'abuseur brise le mouvement délicat du développement de l'enfant.

En lui fournissant trop tôt des réponses à des questions qu'il ne se pose pas, l'abuseur lui enlève le besoin même de se les poser et d'y trouver réponse par lui-même. Il compromet son développement.

La première réaction des enfants victimes d'inceste en est une de douleur vis à vis de l'absence de protection dont ils ont été l'objet. La prise de conscience de la puissance profondément mortifère de cette agression et de sa signification est à proprement parler intolérable pour l'enfant.

De là découle l'ensemble des comportements qu'on nomme conséquences de l'inceste et qui se résument en une phrase : tout pour ne pas comprendre le sens de ce que la victime a vécu, ne pas comprendre ce que les gens qui ont la responsabilité de le conduire à l'âge adulte ont fait contre lui.


La réalité de l'inceste

L’inceste, malgré la difficulté pour les chercheurs d’établir un indice de prévalence, est très répandue et son phénomène est transgénérationnel. L’inceste est vécu dans la honte et le secret. En fait, l’inceste est un piège qui enferme la victime et les témoins.

Dès sa naissance, le corps de l’enfant est livré à sa famille, puis à des proches, et de tous temps, cette vulnérabilité a poussé des adultes à en profiter. Cette violence impensable est enfouie en nous, elle court-circuite nos pensées et nos actions. Nous ne voulons pas la voir. Les familles incestueuses suscitent en nous des mécanismes inconscients de défense. Nous les mettons en place à notre insu, pour sauver nos représentations parentales, notre idéal familial ou professionnel, et plus largement notre vision de l’humanité. Prenons garde à ces idéologies qui nous font refuser l’évidence du mal et nous protègent de l’angoisse.

En fait, on estime que 90% des cas d’abus faits sur les enfants ne sont pas déclarés aux autorités. On sait que près de 80% de tous les abus sexuels commis sur des enfants sont l'œuvre de proches parents ou de connaissances de la famille.

Selon un sondage mené au Québec, en 2002, 25% des répondants disent connaître au moins une personne qui a été sexuellement agressée dans son enfance. Ce pourcentage augmente à 35% chez les personnes âgées de moins de 35 ans.

Il faut savoir qu’un enfant victime d'inceste subit une profonde blessure, un affront qui condamne la croissance et le sain développement de son identité. Il s’agit d’une blessure identitaire d’une violence si marquante, si déroutante que la victime s'acharne, par tous les moyens, à ne pas reconnaître l'intolérable vérité de ce qu'on lui a fait subir. Chez cette victime, le risque de toxicomanie est sept fois plus élevé et le risque de suicide est multiplié par dix.

Il est important d’adresser cette problématique, d’en parler ouvertement, afin de briser le silence dans lequel les victimes sont enfermées et stigmatisées. En leur offrant des espaces d’accueil et de non-jugement, nous permettons aux victimes de raconter leur récit (sans toutefois les y contraindre), et de se reconstruire.

Il est important d’en parler ouvertement afin de démystifier la froideur de ce mal silencieux, d’offrir aux victimes une écoute empathique et d’exiger la mise sur pied de ressources adéquates en matière d’intervention, de formation, de prévention et de recherche.

(...)


Anthropologie

Marque de puissance de la société
De nos jours, un des fondements de beaucoup de sociétés humaines est de proscrire l’inceste. Certains sont même plus catégoriques : une société naît lorsqu’elle définit les frontières de l’inceste. Disons qu’un tel interdit témoigne en tout cas de la puissance des structures sociales qui s’imposent aux choix de l’individu.

Le danger de la banalisation et de la mésinformation
Le risque de banaliser cet acte criminel est de maintenir et de valider la perpétuation d'un crime transmis de façon transgénérationnelle. On ne sait pas avec certitude si cela résulte d’observations biologiques (l’Église catholique s’opposait aux mariages consanguins dès le Moyen Âge, et l'islam s'y oppose depuis plus de 14 siècles , bien avant la découverte de la génétique), ou simplement d’une habitude venant du fait que l’inusité (quel est le frère qui peut avoir envie d’épouser sa sœur, tant elle présente peu de mystère pour lui ?) prend en quelques générations dans une société coutumière le statut d'interdit - puisqu’on a là à faire à un comportement qui ne s’est jamais vu, à une chose qui ne se fait ordinairement pas.

L’argument génétique

L’inceste, avant d’être un facteur de dégénérescence, est un moyen de renforcer les gènes récessifs. Bien que la plupart des gènes récessifs soient nocifs (sans quoi ils seraient vite devenus dominants), certains ne le sont guère (mutations neutres). La réalité a certainement des explications tenant à la sociologie.

L’argument sociologique

Les ethnologues considèrent souvent que la prohibition de l’inceste est commune à tout ce qui n’est pas aristocratie dans les sociétés humaines (d’où l’exception des pharaons, l’endogamie des souverains d’Europe, l’existence de rallyes dans la très haute bourgeoisie, etc.).

Claude Lévi-Strauss y voit l’articulation entre nature et culture, le fondement social. Le message n’est pas selon lui « N’épouse pas ta sœur », mais bien plutôt : « Donne ta sœur en mariage à ton voisin ».

L’exogamie serait selon lui à la base des échanges et des alliances entre groupes sociaux, leur permettant de s’affirmer en tant que tels. La prohibition de l’inceste serait alors le fondement de l’exogamie en interdisant l’endogamie (dont les limites varient fortement d’une société à l’autre) et le tabou de l’inceste serait alors une construction sociale destinée à défendre l’exogamie en tant que fondement de la société.

Cette approche a toutefois été vivement contestée par certains ethnologues (voir tabou de l'inceste).

Les couples incestueux unis dans le consentement mutuel entre adultes et non-mariés ne sont pas toujours prohibés par la loi (en France, le mariage avec un degré de parenté supérieur à celui de cousins germains demande une dispense), mais le sont parfois par les mœurs.

Malgré l’interdit qui l’accompagne et que Freud croyait universel, l’inceste reste un phénomène non marginal. Lorsqu’il concerne un enfant (mineur sexuel) et un adulte de la même famille, il s’effectue souvent dans un contexte d’abus sexuel, accompagné de secret et de culpabilité qui pèsent lourdement sur les victimes du tabou - ou plus simplement de la violence effectuée sous forme de pression.

L'inceste désigne une relation sexuelle entre membres de la même famille et soumise à un interdit.

Toute la difficulté réside dans la définition de ce que sont des parents trop proches, et il y a de grandes variations selon les sociétés et les époques, et même selon les circonstances (Cf. la Bible, qui montre que l’inceste, normalement interdit, devient un impératif pour sauvegarder une lignée vouée sans cela à l’extinction). Il y a une typologie de l'inceste fondée sur le discours social à propos du degré de proximité et le genre de parenté biologique, imaginaire et symbolique, discours social d'où découle le sentiment incestueux.

Le terme est souvent et abusivement associé à celui de pédophilie car parmi toutes les relations incestueuses, celles entre un parent et son enfant mineur sont les plus violemment condamnées - bien qu’un incestueux soit rarement pédophile et qu’un pédophile abuse rarement de ses propres enfants.

Enfin, le terme peut être employé de manière métaphorique en dehors du champ de la sexualité pour décrire la relation entre deux personnes ou entités très proches (par exemple deux entreprises).



Typologie de l'inceste


La notion d’inceste est une invention humaine du monde de la parole. Elle est variable d’une époque à l’autre et d’un groupe social à l’autre, au service de quelque intérêt. La différence des législations sur l'inceste témoigne de la variation de cette notion, là où elle existe, qui disqualifie son universalité.



L'inceste et la loi


La loi canadienne

L'article 155 du code criminel définit l’inceste comme suit : « Commet un inceste, quiconque sachant qu’une autre personne est, par les liens du sang, son père ou sa mère, son enfant, son frère, sa sœur, son grand-père, sa grand-mère, son petit-fils, sa petite-fille, selon le cas, a des rapports sexuels avec cette personne.»


La loi française


Le terme d'inceste n'est mentionné dans aucun des deux principaux codes (pénal et civil) du droit français. Il a disparu du code pénal après la révolution de 1789. La loi lui a substitué la reconnaissance, comme circonstance aggravante, du fait qu'une agression sexuelle, une atteinte sexuelle ou un viol sur un mineur soit commis par un parent ou tuteur (« ascendant légitime naturel ou adoptif ou toute personne ayant autorité sur la victime »).

Rappelons qu'une atteinte sexuelle qualifie une relation sexuelle consentie ; elle n'est illégale que si elle est commise par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans (articles 227-25 à 227-27 du code pénal) ou par une personne (pas nécessairement majeure) ayant autorité sur un mineur de moins de 18 ans, sauf émancipation par mariage ; c'est un délit (jugé devant un tribunal correctionnel). La corruption de mineur (227-22) est un autre délit, qui n'implique ni contacts ni relations sexuelles, mais (entre autres) l'exposition à du matériel pornographique ou à des scènes sexuelles. Une agression sexuelle est une relation sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise (222-22). Enfin un viol est une agression sexuelle comportant une pénétration. C'est un crime, jugé en cour d'assises. Dans tous les cas, il y a des circonstances aggravantes, entre autres si l'auteur a une autorité sur la victime ou si c'est un ascendant n'ayant pas l'autorité. Le consentement est réputé valable à 15 ans (18 si autorité).

En dehors de ces cas, une relation sexuelle incestueuse consentie entre individus majeurs n'est donc pas une infraction.

Le Code civil interdit toutefois le mariage entre parents en ligne directe (article 161), frère et sœur (article 162), oncle et nièce, et tante et neveu (article 163). Il interdit également l’adoption d’un enfant né d’un inceste par son père biologique, si ce père est le frère ou le parent en ligne directe de la mère (article 334-10). Cette disposition permet de ne pas reconnaître la parenté conjointe des incestueux. La Cour de cassation l'a confirmé dans sa jurisprudence (arrêt du 6 janvier 2004).


La loi suisse
L'article 213 du code pénal Suisse (livre deuxième, titre sixième) condamne clairement l'inceste en ces termes :

1 L’acte sexuel entre ascendants et descendants, ou entre frères et sœurs germains, consanguins ou utérins, sera puni de l’emprisonnement.

2 Les mineurs n’encourront aucune peine s’ils ont été séduits.



Historique


Depuis l’Égypte pharaonique et encore récemment dans certains pays comme le Pérou pour la famille des Incas, il était fréquent, dans la noblesse, de se marier et d’avoir des enfants avec un membre, plus ou moins éloigné, de sa famille.

Ces mariages consanguins avaient, au moins, différents sens plus ou moins liés:

- une imitation de caractéristiques divines (Osiris, époux de sa sœur Isis) ;
- une manifestation de puissance (non asservissement aux règles ordinaires) ;
- une concentration de légitimité, assurant aux descendants un maximum d’ancêtres royaux, tout en excluant les autres familles de ces caractéristiques du lignage et, par là, une limitation des risques politiques.

Cette tradition disparaît peu à peu : l’empereur actuel du Japon est le premier de sa dynastie à être marié à une femme ne faisant pas partie de sa famille.

Dans la Rome antique, la violation du serment de chasteté par les vestales était taxé d'incestus et, considéré comme un crime inexpiable, puni par la mort de la coupable, condamnée à être enterrée vivante.

Au Moyen Âge, la parenté spirituelle comptait aussi pour définir l’inceste : toute union parrain-filleule ou marraine-filleul était ainsi prohibée, mais aussi toute union entre un parent (père ou mère) et le parrain ou la marraine de l’un de ses enfants.

L’inceste n’est pas toujours symétrique par rapport au sexe (par exemple : prohibition des relations oncle-nièce sans prohibition des relations tante-neveu).

Les sociétés qui considèrent le père comme quantité négligeable (parfois faute de le connaître) peuvent néanmoins connaître l’inceste (prohibition des relations oncle-nièce, par exemple).



La prohibition de l'inceste


L’inceste est souvent considéré comme criminel, tombant sous un interdit social et pénal et puni par la loi, surtout lorsqu'il est commis sur un mineur sexuel. Dans ce dernier cas, l’inceste a souvent de lourdes conséquences pour la victime - certains parlent de meurtre psychique - dans son développement psychologique, psycho-affectif et psycho-sexuel. Le caractère de cet interdit a considérablement varié selon les sociétés et les époques mais toujours a existé une loi structurante qui réglemente les unions entre les êtres.


Dans l'islam

Le Coran a bien décrit les femmes avec lesquelles le mariage est prohibé à la surate ANNISSAA (IV) verset 23 :

« Il vous est interdit vos mères, vos filles, vos sœurs, vos tantes, vos nièces, vos mères de lait, vos sœurs de lait, vos belles-mères, vos belles-filles placées sous votre tutelle, nées des femmes avec qui vous avez consommé le mariage, les épouses de vos fils, et vos belles-sœurs »

On note que l’Islam interdit en ligne directe, le mariage entre ascendants et descendants à l’infini. En ligne collatérale, l’interdiction touche les frères et sœurs, nièces et oncles, neveux et tantes. Néanmoins, le mariage est permis entre cousins. Les prohibitions résultant de la parenté du lait sont les mêmes que celles de la parenté ou de l’alliance mais seul l’enfant allaité(*) est considéré comme enfant de la nourrice et de son époux, à l’exclusion de ses frères et sœurs. (*): l'allaitement ne sera considéré que si l'âge de l'enfant ne dépasse pas les 24 mois (حولين كاملين ) "CORAN"


Dans les traditions judéo-chrétiennes

L’inceste est souligné dans le talmud avec les deux autres interdits : l’idolâtrie et le meurtre. La bible interdit l’inceste [15, 27]: « Nul de vous ne s’approchera de sa parente, pour découvrir sa nudité » « Nul ne prendra femme, la femme de son père et ne soulèvera la couverture du lit du père »

La prohibition de l’inceste s’étend à des degrés qu’il faut respecter : troisième degré inclus en ligne directe, jusqu’au deuxième en ligne collatérale.

Les peines se diversifiaient allant en cas d’inceste père et fille, mère et fils jusqu’à celle du feu. Pour le moins ; le coupable était excommunié et dans l’incapacité de se marier. La peine capitale était aussi acquise en cas d’inceste spirituel (entre un confesseur et sa pénitente) regardé comme un sacrilège.

Les textes laissent entendre implicitement et, parfois mentionnent explicitement, des relations incestueuses dans les récits :

- Les enfants d’Adam et Ève, sauf à supposer l’existence d’humains de souche non-adamique (ce que suggère l’histoire de Caïn, marqué pour que « qui le rencontre ne le tue pas » (Genèse 4 v.15-17) : comment ses frères et sœurs auraient-ils pu ne pas le reconnaître ?)
- Lot avec ses deux filles (elles l’enivrèrent, après la mort de leur mère, pour perpétuer sa lignée). Le récit se trouve en Genèse 19 v.30-38 ;
- Amnon et sa demi-sœur Tamar, deux enfants du roi David en 2 Samuel 13


L'interdit universel de l'inceste

En général, on rencontre durant toute l’histoire de l’humanité, et cela dans des communautés culturelles très diverses, des interdits très sévères concernant l’inceste. Ce tabou est à peu de choses près universel. Des anthropologues réfutent cette prétention à l'universalité de ce tabou majeur et Malinowski, avec ses Argonautes du Pacifique s'est rendu célèbre en soutenant qu'il n'y a pas de "complexe d'Œdipe" auprès de la population de cet Océan Pacifique et en conséquence pas d'idée d'inceste générée par ce discours social.


Pourquoi y a-t-il partout interdiction de l'inceste

Différentes théories ont tenté d’expliquer l’interdit universel de l’inceste :

- Théories biologiques finalistes : l’inceste entraînerait un danger biologique pour l’espèce. Ces théories mettaient l’accent sur les dangers des mariages consanguins, dangers signalés à nouveau par les généticiens modernes (risque d’extériorisation des maladies génétiques récessives).

- Théories biologiques efficientes : dans ce type d’explication, l’interdit naîtrait de l’horreur instinctive, naturelle de l’inceste fondée sur la “voix du sang”.

- Théories sociologiques finalistes :

Avec Freud, on inscrit l’interdiction de l’inceste directement dans l’ordre du désir et de la loi. Dans la dynamique familiale, en effet, c’est “le père qui dresse son opposition face au désir incestueux des fils pour la mère”. Mais “le complexe d’Œdipe n’est pas réductible à une situation réelle, à l’influence effectivement exercée sur l’enfant par le couple parental”. Il tire son efficacité de ce qu’il travaille aussi au niveau symbolique en faisant intervenir “une instance interdictrice qui barre l’accès à la satisfaction naturellement cherchée”. Alors sur le plan psychanalytique freudien, le tabou de l’inceste représente la résultante de pressions sociales intériorisées aboutissant au refoulement de l’ambivalence sexuelle envers la parenté proche.

La prohibition est nécessaire pour maintenir la hiérarchie entre générations, la discipline et la cohésion familiale, pour éliminer tensions, jalousies, compétitions.
- Pour certains sociologues et anthropologues, l’interdit de l’inceste favorise l’ordre, la paix (évitement des guerres entre tribus voisines), et les relations d’échanges. (Biens donnés à un membre extérieur à la famille lors d’un mariage).


Les conséquences


L’inceste est un meurtre psychique aux lourdes conséquences

L'inceste représente la rupture d'un tabou qui est aussi universel que le tabou du meurtre. L'abolition de la distance, la violation de l'interdit et du tabou prend inévitablement dans l'esprit de l'enfant victime le sens d'une attaque au fondement même de son identité. L'abus met ainsi en cause le processus même de son développement.

En sortant l'enfant de son statut d'enfant et en l'amenant à vivre comme un adulte, des expériences d'adultes, des pensées, des émotions, des sentiments, des sensations d'adultes, l'abuseur lui enlève concrètement le besoin, le désir, les attentes, le dynamisme, la tendance qui le pousseraient à grandir et à chercher, par lui-même, à sa façon, une forme de réponse à son processus de croissance et de développement.

En violant le caractère infantile de l'enfant, l'abuseur brise le mouvement délicat du développement de l'enfant.

En lui fournissant trop tôt des réponses à des questions qu'il ne se pose pas, l'abuseur lui enlève le besoin même de se les poser et d'y trouver réponse par lui-même. Il compromet son développement.

La première réaction des enfants victimes d'inceste en est une de douleur vis à vis de l'absence de protection dont ils ont été l'objet. La prise de conscience de la puissance profondément mortifère de cette agression et de sa signification est à proprement parler intolérable pour l'enfant.

De là découle l'ensemble des comportements qu'on nomme conséquences de l'inceste et qui se résument en une phrase : tout pour ne pas comprendre le sens de ce que la victime a vécu, ne pas comprendre ce que les gens qui ont la responsabilité de le conduire à l'âge adulte ont fait contre lui.

La réalité de l'inceste

L’inceste, malgré la difficulté pour les chercheurs d’établir un indice de prévalence, est très répandue et son phénomène est transgénérationnel. L’inceste est vécu dans la honte et le secret. En fait, l’inceste est un piège qui enferme la victime et les témoins.

Dès sa naissance, le corps de l’enfant est livré à sa famille, puis à des proches, et de tous temps, cette vulnérabilité a poussé des adultes à en profiter. Cette violence impensable est enfouie en nous, elle court-circuite nos pensées et nos actions. Nous ne voulons pas la voir. Les familles incestueuses suscitent en nous des mécanismes inconscients de défense. Nous les mettons en place à notre insu, pour sauver nos représentations parentales, notre idéal familial ou professionnel, et plus largement notre vision de l’humanité. Prenons garde à ces idéologies qui nous font refuser l’évidence du mal et nous protègent de l’angoisse.

En fait, on estime que 90% des cas d’abus faits sur les enfants ne sont pas déclarés aux autorités. On sait que près de 80% de tous les abus sexuels commis sur des enfants sont l'œuvre de proches parents ou de connaissances de la famille.

Selon un sondage mené au Québec, en 2002, 25% des répondants disent connaître au moins une personne qui a été sexuellement agressée dans son enfance. Ce pourcentage augmente à 35% chez les personnes âgées de moins de 35 ans.

Il faut savoir qu’un enfant victime d'inceste subit une profonde blessure, un affront qui condamne la croissance et le sain développement de son identité. Il s’agit d’une blessure identitaire d’une violence si marquante, si déroutante que la victime s'acharne, par tous les moyens, à ne pas reconnaître l'intolérable vérité de ce qu'on lui a fait subir. Chez cette victime, le risque de toxicomanie est sept fois plus élevé et le risque de suicide est multiplié par dix.

Il est important d’adresser cette problématique, d’en parler ouvertement, afin de briser le silence dans lequel les victimes sont enfermées et stigmatisées. En leur offrant des espaces d’accueil et de non-jugement, nous permettons aux victimes de raconter leur récit (sans toutefois les y contraindre), et de se reconstruire.

Il est important d’en parler ouvertement afin de démystifier la froideur de ce mal silencieux, d’offrir aux victimes une écoute empathique et d’exiger la mise sur pied de ressources adéquates en matière d’intervention, de formation, de prévention et de recherche.


Anthropologie

Marque de puissance de la société
De nos jours, un des fondements de beaucoup de sociétés humaines est de proscrire l’inceste. Certains sont même plus catégoriques : une société naît lorsqu’elle définit les frontières de l’inceste. Disons qu’un tel interdit témoigne en tout cas de la puissance des structures sociales qui s’imposent aux choix de l’individu.

Le danger de la banalisation et de la mésinformation
Le risque de banaliser cet acte criminel est de maintenir et de valider la perpétuation d'un crime transmis de façon transgénérationnelle. On ne sait pas avec certitude si cela résulte d’observations biologiques (l’Église catholique s’opposait aux mariages consanguins dès le Moyen Âge, et l'islam s'y oppose depuis plus de 14 siècles , bien avant la découverte de la génétique), ou simplement d’une habitude venant du fait que l’inusité (quel est le frère qui peut avoir envie d’épouser sa sœur, tant elle présente peu de mystère pour lui ?) prend en quelques générations dans une société coutumière le statut d'interdit - puisqu’on a là à faire à un comportement qui ne s’est jamais vu, à une chose qui ne se fait ordinairement pas.

L’argument génétique

L’inceste, avant d’être un facteur de dégénérescence, est un moyen de renforcer les gènes récessifs. Bien que la plupart des gènes récessifs soient nocifs (sans quoi ils seraient vite devenus dominants), certains ne le sont guère (mutations neutres). La réalité a certainement des explications tenant à la sociologie.

L’argument sociologique

Les ethnologues considèrent souvent que la prohibition de l’inceste est commune à tout ce qui n’est pas aristocratie dans les sociétés humaines (d’où l’exception des pharaons, l’endogamie des souverains d’Europe, l’existence de rallyes dans la très haute bourgeoisie, etc.).

Claude Lévi-Strauss y voit l’articulation entre nature et culture, le fondement social. Le message n’est pas selon lui « N’épouse pas ta sœur », mais bien plutôt : « Donne ta sœur en mariage à ton voisin ».

L’exogamie serait selon lui à la base des échanges et des alliances entre groupes sociaux, leur permettant de s’affirmer en tant que tels. La prohibition de l’inceste serait alors le fondement de l’exogamie en interdisant l’endogamie (dont les limites varient fortement d’une société à l’autre) et le tabou de l’inceste serait alors une construction sociale destinée à défendre l’exogamie en tant que fondement de la société.

Cette approche a toutefois été vivement contestée par certains ethnologues (voir tabou de l'inceste).

Les couples incestueux unis dans le consentement mutuel entre adultes et non-mariés ne sont pas toujours prohibés par la loi (en France, le mariage avec un degré de parenté supérieur à celui de cousins germains demande une dispense), mais le sont parfois par les mœurs.

Malgré l’interdit qui l’accompagne et que Freud croyait universel, l’inceste reste un phénomène non marginal. Lorsqu’il concerne un enfant (mineur sexuel) et un adulte de la même famille, il s’effectue souvent dans un contexte d’abus sexuel, accompagné de secret et de culpabilité qui pèsent lourdement sur les victimes du tabou - ou plus simplement de la violence effectuée sous forme de pression.


source: wikipédia.fr

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