Lorsque Allah ordonna pour la première fois au Saint Prophète (s) et aux Musulmans de prier quotidiennement, Il demanda à ce qu’ils le fassent en se tournant face au Baytoul Moukaddass (Jerusalem). Cette pratique fut conduite à la Mecque et perdura à Médine jusqu’au 17ème mois après l’Hégire.
A Médine, les Juifs aussi priaient face au Baytoul Moukaddass. Ils n’appréciaient pas le fait que les Musulmans aient le même Kiblah qu’eux, et utilisaient cet aspect pour discréditer l’Islam et le Saint Prophète (s). Ils disaient aux Musulmans: “Mouhammad dit avoir une religion dont les lois surpassent toutes les lois précédentes, mais il n’a pas un Kiblah à part, et prie face au Kiblah des Juifs.”
Après avoir eu écho de la chose, le Saint Prophète (s) avait l’habitude de sortir dans la nuit et d’observer le ciel attendant une révélation d’Allah sur la question. Le verset suivant naquit à cet instant:
Certes nous te voyons tourner le visage en tous sens dans le ciel. Nous te faisons donc orienter vers une direction qui te plaît...
Sourate al-Baqarah, 2:144
Le fait que le Kiblah fut le même que celui des Juifs était aussi un moyen de tester la foi des gens. La véritable foi des croyants apparaîtrait selon qu’ils acceptent ou refusent de se tourner vers le nouveau Kiblah choisi par Allah. Cela est confirmé dans le Saint Coran au verset suivant :
Et Nous n'avions établi le Kiblah vers lequel tu te tournais que pour savoir qui suit le Prophète et qui s'en retourne sur ses talons. C'était un changement difficile, mais pas pour ceux qu'Allah guide…
Sourate al-Baqarah, 2:143
Un jour, alors que le Saint Prophète (s) et les autres Musulmans priaient ensemble, Allah ordonna à ce qu’on change d’orientation, du Baytoul Moukaddass vers la Sainte Ka’ba à la Mecque. Alors que le Saint Prophète (s) avait fini ses deux rakà’at de la prière de midi, l’Ange Djibraïl (a) lui fit part de l’ordre d’Allah.
Il prit la main du Saint Prophète (s) et le tourna vers la Sainte Ka’ba, le Masdjidoul Haraam de la Mecque. Le Saint Prophète (s) changea aussitôt de direction au milieu de son Namaz. Imam Ali (a) fit aussitôt de même. Les autres Musulmans furent perdus et seuls certains suivirent l’exemple d’Imam Ali (a).
La mosquée où ceci eut lieu est appelée “Masdjidé Zoul Kiblatayn”, c’est-à-dire “La Mosquée aux deux Kiblas”. Cette mosquée existe encore à Médine de nos jours.
Grâce aux instruments modernes et à la science, nous pouvons localiser précisément Médine à une latitude de 24° et une longitude de 39° ; le Kiblah se trouve donc à 45° au sud de Médine.
Le Saint Prophète (s) se tourna vers le nouveau Kiblah sans hésitation. L’ancien et le nouveau Kiblah sont encore visibles de notre temps au Masdjidé Zoul Kiblatayn. C’est un miracle de la part du Saint Prophète (s) qu’il se soit tourné exactement vers la Sainte Ka’ba sans faire usage d’aucun instrument scientifique ni faire de calcul.
La Sainte Ka’ba qui sert de Kiblah à tous les Musulmans aujourd’hui a toujours été respectée par les Arabes, et ce, même avant le Saint Prophète (s). Ce Kiblah allait donc servir à attirer plus d’Arabes vers l’Islam.
http://www.albouraq.org/histoire/chgmnt_kibla.htm
La question des frontières entre Islam et Christianisme paraît a priori relativement simple. De nombreux travaux importants, ont été réalisés, certains sont exposés sur le site du GRIC, qui délimitent le territoire de chacune des deux religions. Les points qui jalonnent cette frontière sont même clairement recensés et répertoriés. Ils tournent essentiellement autour du statut de Jésus, fils de Dieu, mort sur la croix et ressuscité pour racheter les péchés de l’humanité pour les chrétiens, et simple prophète de Dieu, qui n’a pas été crucifié mais plutôt transfiguré par Dieu, et annonciateur de l’arrivée du prophète Muhammad, pour les musulmans. Le statut de celui-ci, semble être lui aussi une balise dans cette frontière. Sceau des prophètes, transmetteur de la parole divine consignée dans le coran pour les musulmans. Tandis les chrétiens ne lui reconnaissent aucun statut particulier dans la révélation divine. La frontière paraît simple et infranchissable. Pourtant dès que l’on quitte le terrain institutionnel et dogmatique, on s’aperçoit que les choses sont beaucoup plus complexes. C’est le constat établi par Bernard Heyberger qui a réalisé une enquête assez approfondie sur la cohabitation des minorités chrétiennes et musulmanes au moyen -orient et sur les rapports que chaque communauté entretient avec la religion de l’autre. Celui-ci affirme : « Le Proche Orient arabe appartient à cette bordure maritime qui s’étend à la Grèce et au sud de l’Espagne, où une familiarité entre gens des deux rives religieuses atténue l’impression de frontière infranchissable. La Méditerranée est jalonnée de lieux syncrétiques, « neutres », où les adeptes des grands systèmes monothéistes peuvent se côtoyer dans une même perception du sacré ».
Cela signifierait que, à l’instar de toutes les frontières qui délimitent les territoires, les frontières confessionnelles entre Islam et Christianisme sont assez ambivalentes et qu’elles représentent à la fois les lignes de démarcation qui éloignent et qui imposent la distance mais aussi les espaces communs qui rapprochent et qui permettent la proximité. Cette affirmation me paraît assez intéressante et elle mérite d’être explorée et appliquée, dans une démarche comparative, au Christianisme et à l’Islam. La question pour moi est de savoir ce qui, au delà des différences et des frontières, rapproche les deux religions dans une même perception du sacré. Pour répondre à cette question, je me propose d’explorer trois questions qui se sont posées quasiment dans les mêmes termes, au christianisme au moment de l’élaboration du dogme catholique lors du concile de Trente et à L’Islam au moment de l’élaboration du dogme sunnite sous les umeyyades et les Abbassides. La première est celle de la Foi et des Œuvres ; la seconde est celle du libre arbitre et la troisième est celle de la matérialisation du sacré.
Est-on sauvé par la Foi ou par les œuvres ? La réponse à cette question posée au XVI ème siècle va diviser le christianisme occidental et creuser une frontière interne entre la Réforme qui va donner naissance au Protestantisme et la Contre- Réforme qui verra la naissance du catholicisme post tridentin. Il faut d’abord rappeler que cette question a été posée par Luther, qui était un moine augustinien, en 1517, dans un contexte marqué par la vente des indulgences. Le pape qui avait besoin d’argent, a mis en vente des indulgences qui permettent d’acquérir le salut. La doctrine officielle était que, certes, nous sommes tous coupables et pécheurs et sur nos épaules pèse le poids du péché originel mais nous pouvons être sauvés par la réalisation de certains actes comme les prières, le jeûne ou les aumônes ou aussi l’achat des indulgences. « un moine Tetzel, dirigeait cette vente avec beaucoup de sens commercial, et bien peu de sens religieux. » Luther relate qu’il passait des jours et des nuits à jeûner et à prier et pourtant il ressentait toujours la même angoisse d’être perdu et de na pas mériter le salut, jusqu’au jour où il a découvert dans la bible le verset qui va être pour lui une véritable révélation. Dans l’épître aux Ephésiens Paul dit ( ch. 2, verset 8) : « Vous êtes sauvés par la grâce, par le moyen de la foi, cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ».
Pour les Réformateurs, la grâce est un don gratuit et ne saurait être mérité par nos actions. En effet celles –ci ne pèsent pas lourd dans la balance face au poids du péché originel. La confession d’Augsbourg, qui est l’un des textes fondateurs de la Réforme, affirme : « Nous ne pouvons obtenir la rémission des péchés et la justice devant Dieu par notre mérite, nos œuvres et nos satisfactions, mais nous…recevons la rémission des péchés et devenons justes devant Dieu par grâce, à cause de Christ, par la foi. » Cela signifie que pour les réformés, nous sommes sauvés par nos œuvres et non par la foi. La conséquence de cette affirmation c’est la fin des indulgences et la fin de toutes les actions réalisées par les fidèles au bénéfice de l’Eglise. Dès 1530 les catholiques réagissent en publiant une confutatio qui réfute cette thèse et qui affirme : « Dieu nous donne une grâce initiale qui rend capable d’acquérir des mérites en vue de notre salut ». Donc, la grâce est un début de salut, qui doit être complétée par les actions, sans quoi elle reste sans effet. Le concile de Trente tente de concilier Foi et œuvres en déclarant que Dieu donne au départ sa grâce aux pécheurs « sans aucun mérite préalable en eux », mais qu’ensuite, ils doivent acquiescer et coopérer librement à cette grâce… l’homme n’est nullement inactif …il pourrait…la rejeter, et pourtant sans la grâce divine, il demeure incapable de se porter…vers cet état de justice devant Dieu ». On pourrait représenter cette synthèse, réalisée par le concile de Trente, par l’image suivante : Dieu fait la moitié du chemin vers l’homme en lui accordant gratuitement la grâce ; l’homme doit faire l’autre moitié du chemin pour gagner son salut.
Au sein de l’Islam la question s’est posée avec la même acuité et dans un contexte marqué aussi par les guerres de religion. Elle va, là encore, creuser une frontière interne à l’Islam. Permettez -moi de rappeler dans quel contexte historique la question s’est posée. Après l’assassinat de Othman, le troisième khalife, la communauté des musulmans s’est divisée entre les partisans de Ali, cousin et gendre du prophète, et Muawiya, gouverneur de syrie, descendant de la branche aristocratique des umayya. Une guerre civile5 éclate et les musulmans se divisent entre les partisans de Ali, chia`t Ali et les partisans de Muawiyya , chia`t Muawiyya. Sur fond de rivalité politique, les deux clans vont se diviser très vite sur des questions religieuses. Pour départager les deux rivaux, A`mr ibn el a`s, l’habile négociateur de Muawiyya, propose à Ali l’arbitrage du coran. Sûr de son bon droit, Ali accepte mais il perd à cause d’une manœuvre de A`mr. Une partie des partisans de Ali va alors se retourner contre lui, l’accusant d’avoir trahi sa mission en acceptant l’arbitrage. Ainsi, une nouvelle faction émerge, que Ali va devoir combattre et dont il finira par être assassiné, c’est celle des Kharijites. Cette troisième tendance de l’Islam regroupe une douzaine de sectes, qui ont en commun deux principes : 1. L’élection démocratique du khalife et 2. La subordination de la foi aux œuvres : tout péché grave est infidélité et apostasie.
C’est ce principe qui leur permet d’affirmer que Ali est infidèle pour n’avoir pas accompli son devoir. Il existe des nuances entre les kharijites sur cette question. Ainsi les Azraqîtes, partisans de Nafi `ben al Azraq (684-700) qui se sont développés en Iran, organisèrent des exécutions féroces (isti`rad), où le pécheur était mis à mort ainsi que toute sa famille. En revanche les Ibadhites, autre aile kharijite, partisans de Abdallâh Ibn Ibâdh, qui se sont installés en tripolitaine, en Tunisie et dans l’Est algérien , au VIIe., Condamnent la pratique de l’Isti’radh. Ils considèrent qu’en l’absence de guide pour la communauté, il ne saurait y avoir de jugement sur le pécheur croyant ou pas. Pour la majorité sunnite, les kharijites sont, contrairement aux chiites, des hérétiques qui ne font pas partie de la communauté islamique. Il est intéressant de noter que dans ce clivage émerge une troisième position qui était au départ une manifestation de tolérance, et sur laquelle va s’appuyer la sunna, c’est celle du murjiisme . Celle-ci s’inspire du verset 106 de la sourate 9( At-tawbah) qui dit : « Et d’autres sont laissés dans l’attente de la décision d’Allah, soit qu’il les punisse, soit qu’il leur pardonne. Et Allah est Omniscient et sage ».
A partir de ce verset les murji’a affirment que la foi est suffisante pour le salut, mais qu’elle doit aussi être accompagnée des œuvres. Il existe des péchés graves et des péchés véniels, mais que même les premiers ne peuvent pas exclure le croyant du paradis définitivement.
On peut d’ores et déjà observer que dans deux contextes historiques, politiques et géographiques différents, Islam et Christianisme sont traversés, de manière transversale, par une même ligne de fracture autour de la même question du lien entre la foi et les œuvres, que dans les deux cas cela entraîne des conséquences dramatiques, et que dans les deux cas nous avons une partie des chrétiens comme des musulmans, qui soumet la foi aux actions et une autre partie qui les dissocie.
La deuxième grande question qui va donner naissance à la Réforme constituant une balise dans la frontière interne au christianisme, c’est celle du libre arbitre. La querelle éclate lorsque le grand humaniste Erasme publie, en 1524, son ouvrage De libero arbitrio Essai sur le libre arbitre, qui développe l’un des thèmes majeurs de l’humanisme européen à savoir : l’homme est responsable de ses actes et par conséquent il est totalement libre de choisir entre le salut et la damnation. Sans liberté, il ne saurait y avoir, en effet, de responsabilité. Luther, pourtant proche des thèses évangélistes d’Erasme, réplique l’année suivante, par le Traité du serf arbitre. Comme le titre l’indique, Luther soutient l’idée que l’homme est serf c’est à dire esclave de la volonté divine. Il n’est donc qu’un jouet entre les mains du destin. Mais alors, s’il n’est pas libre de ses choix comment l’homme peut-il être responsable de ses actes. Calvin, l’autre grand réformateur de Genève, affirme dans l’Institution de la religion chrétienne :
« Dieu sait bien ce qu’il a délibéré de faire une fois de nous. S’il a déterminé de nous sauver, il nous conduira à salut en son temps ; s’il a déterminé de nous damner, nous nous tourmenterions en vain pour nous sauver ».
Calvin radicalise la pensée de Luther en inventant le concept de la , double prédestination. L’homme est totalement dépourvu de libre arbitre et ses bonnes actions ne sont pas un moyen pour atteindre le salut, mais plutôt le signe d’une élection que Dieu a décidée seul, gratuitement, et depuis toujours. L’homme n’a plus qu’à s’en remettre à Dieu.
La querelle du libre arbitre et son opposé la prédestination, divise aussi l’Islam en deux grandes familles appelées les qadriyya, (partisans de qadr : capacité à, pouvoir de) et les Jabriyya ( de jabr : obligation, contrainte)10. La qadriyya a engendré les Mu’utazila, grande école théologique qui représente, encore aujourd’hui, l’une des sources les plus fécondes et les plus riches au moyen âge. Les Mu’utazila ont voulu éclairer la religion par les lumières de la Raison. Ils ont rendu possible une lecture allégorique du coran qui permet de contredire les lectures littéralistes et les représentations anthropomorphiques de Dieu. Ils ont doté l’homme d’un pouvoir et d’une libre volonté qui le rendent maître de ses actes. En revanche la Jabriyya, est encore aujourd’hui fortement présente dans un islam populaire qui tend à tout expliquer par un décret absolu d’Allâh et qui trouve aussi ses arguments dans certains versets coraniques comme le verset 129 de la sourate 3 Al ‘Imran :
« A Allah appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Il pardonne à qui il veut et il châtie qui il veut. Et Allah est pardonneur et Miséricordieux ». Ce verset fait étrangement écho à l’affirmation de Calvin que Dieu sauve qui il veut et perd qui il veut, ce qui démontre clairement la forte proximité entre la conception calviniste chrétienne et jabriste islamique de la prédestination, indépendamment des frontières religieuses.
La troisième question qui traverse de la même façon Islam et Christianisme est celle de la matérialisation du sacré. Le catholicisme a mis l’accent à travers son histoire et peut être avec plus de fermeté à partir du concile de Trente sur la présence réelle de Dieu dans certains endroits comme les lieux de pèlerinage, dans certains objets comme les espèces eucharistiques, dans certaines institutions comme l’Eglise, dans certaines images comme les icônes ou les œuvres d’art. Le sacrement célébré par le seul homme d’Eglise, assure le lien entre Dieu et L’homme. Cette conception de la religion fut contestée et rejetée par la Réforme ou les Réformes en Europe au XVIème siècle. Celles-ci ont proposé une religion iconoclaste, qui brise les statues, qui rejette toute figuration et toute localisation de Dieu. Calvin rejette le ritualisme considéré comme une déviation vers le judaïsme, et veut épurer le christianisme de toute superstition par un retour aux sources du christianisme qu’il croit retrouver dans l’Eglise primitive chez Paul et Augustin. Il interdit à Genève les processions, les messes et toutes les célébrations autour des objets. Zwingli propose de supprimer tout ce qui s’oppose à l’enseignement biblique. Grebel, grande figure de la réforme radicale anabaptiste à Zurich, veut aller plus loin qu’une réformation et appelle à une véritable restitution. Il demande à ce que l’on célèbre la cène uniquement à la tombée de la nuit parce que Jésus l’a instituée le soir du jeudi saint.
L’islam lui aussi connaît l’émergence d’un puritanisme qui prend aujourd’hui la figure du wahabisme. Ses racines remontent à l’une des quatre grandes écoles théologiques sunnites : le hanbalisme. Cette doctrine est apparue en Arabie au XVIIIème siècle, et s’est répandue grâce à l’alliance entre son fondateur Muhammad Ibn Abdelwahab et un chef tribal Muhammad Ibn saoud qui se lance à la conquête du Najd puis du Hedjaz. La doctrine wahabite prône elle aussi un retour à la cité musulmane primitive idéalisée, indépendamment du cours de l’histoire. La vie du musulman d’aujourd’hui doit être en tout point calquée sur la vie du prophète. Sur le plan théologique cette doctrine prône un monothéisme pur et dur. Toute prière adressée à un saint est considérée comme associationnisme (chirk). Dès leur première conquête, toutes les coupoles édifiées sur les tombes des compagnons du prophète, dans le grand cimetière de Médine, le Baqî’, derrière la mosquée du prophète ont été rasées. Puritanisme calviniste et réformisme fondamentaliste wahabite ont en commun la même volonté d’une religion épurée par un mythique retour aux sources.
Alors peut parler de frontières étanches entre Islam et Christianisme. La réponse ne peut être que oui et non. Oui parce qu’il est évident que ce sont deux religions différentes avec des dogmes différents, des doctrines différentes et des principes différents. Mais, non, parce qu’il n’y a pas un Islam mais des islams comme il n’y a pas un christianisme mais des christianismes. Il existe sans doute plus de proximité entre le soufisme d’Ibn Arabi et le mysticisme chrétien, qu’entre certaines écoles sunnites et certaines sectes extrémistes chiites ou kharijites. Plutôt que de voir les frontières qui séparent les deux religions et qu’il ne s’agit pas de nier, peut être vaut-il mieux voir les frontières qui rapprochent ceux et celles qui , des deux rives, partagent la conviction que toutes les voies mènent à Dieu et que la Foi n’est pas incompatible avec la Raison, qu’elle peut se nourrir même de ses propres doutes, et qu’elle peut aussi s’enrichir de son ouverture sur la foi de l’autre. Enfin permettez-moi de conclure sur cette citation de Voltaire, qui , à mon avis, peut avoir sa place dans le cadre d’un dialogue islamo chrétien : « Après notre sainte religion, qui, sans doute est la seule bonne, quelle serait la moins mauvaise ? Ne serait-ce pas la plus simple ? Ne serait-ce pas celle qui enseignerait beaucoup de morale et très peu de dogmes ? Celle qui tendrait à rendre les hommes justes sans les rendre absurdes ? celle qui n’ordonnerait point de croire des choses impossibles, contradictoires, injurieuses à la Divinité et pernicieuses au genre humain, et qui n’oserait point menacer des peines éternelles quiconque aurait le sens commun ? Ne serait-ce point celle qui ne soutiendrait pas sa créance par des bourreaux, et qui n’inonderait pas la terre de sang pour des sophismes inintelligibles ? Celle dans laquelle une équivoque, un jeu de mots, et deux ou trois chartes supposées ne feraient pas un souverain et un dieu d’un prêtre souvent incestueux, homicide et empoisonneur ? Celle qui ne soumettrait pas les rois à ce prêtre ? Celle qui n’enseignerait que l’adoration d’un Dieu, la justice, la tolérance et l’humanité ? ».
Phttp://www.gric.asso.fr/gric-de-tunis/articles-21/entre-chretiens-et-musulmans/article/frontieres-entre-islam-
Aar Abderrazak SAYADI -
Ar-riddah signifie littéralement le retour en arrière. Elle a la même signification que al-irtidâd, sauf qu’elle concerne en général la dénégation de Dieu.
Dans le cas présent, elle signifie le détournement délibéré, sans contrainte aucune, du Musulman, mature et conscient, de l’Islam vers la dénégation. Cette définition est aussi bien valable pour l’homme que pour la femme.
En corollaire de cette définition, on peut indiquer que le détournement du malade mental et de l’enfant n’est pas considéré comme une apostasie, car ils ne sont pas responsables de leurs actes. Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — dit : « Trois catégories de personnes ne sont pas responsables de leurs actes : le dormeur jusqu’à ce qu’il se réveille, l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne la puberté et le malade mental jusqu’à ce qu’il reprenne conscience. » [1]
Par ailleurs, un Musulman qui renie l’Islam sous la contrainte n’est pas un apostat, tant que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi. Ainsi, `Ammâr Ibn Yâsir fut contraint malgré lui de renier l’Islam. Dieu révéla alors à son sujet : « Quiconque a renié Dieu après avoir cru... — sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi — mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à l’infidélité, ceux-là ont sur eux une colère de Dieu et ils ont un châtiment terrible. » [2] Ibn `Abbâs dit au sujet de `Ammâr : « Les idolâtres l’enlevèrent, avec son père, sa mère Sumayyah, Suhayb, Bilâl et Khabbâb puis les torturèrent. Sumayyah fut attachée entre deux chameaux. On lui amena une lance et on lui dit : « Tu t’es convertie à l’Islam pour les hommes. » Elle fut alors tuée ainsi que son époux. Ce sont les deux premiers martyrs de l’Islam. Quant à `Ammâr, il prononça malgré lui ce qu’ils voulurent entendre. Il se plaignit alors auprès du Prophète — paix et bénédiction sur lui — qui lui demanda : « Comment sens-tu ton cœur ? » `Ammâr répondit : « Plein de la sérénité de la foi. » Le Messager lui dit : « S’ils reviennent vers toi, reviens-y [3]. » »
A partir de quand le Musulman devient-il un apostat ?
Le Musulman n’est considéré comme étant sorti de l’Islam et n’est accusé d’apostasie que si son cœur s’ouvre à la dénégation, y devient confiant et y entre effectivement. Dieu dit en effet : « mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à l’infidélité » [1]. Le Messager — paix et bénédiction sur lui — dit : « Les actions sont jugées d’après les intentions, et il en sera tenu compte à chaque homme dans la mesure de son intention. » Ainsi, étant donné que ce qui est dans le cœur est un Inconnu (ghayb) que Seul Dieu connaît, il est nécessaire, avant de lancer une accusation d’apostasie, que ce qui prouve explicitement et de manière indubitable la dénégation d’un individu émane directement de celui-ci. On a rapporté d’après l’Imâm Mâlik l’avis suivant : « Quiconque émane de sa part ce qui implique la dénégation sous quatre-vingt-dix-neuf formes, et que la foi n’est impliquée que par une forme, sera considéré comme ayant la foi. »
Parmi les éléments susceptibles de prouver la dénégation :
Tout cela ne s’applique pas aux Musulmans récemment convertis qui ne connaissent pas encore les directives de l’Islam ni les limites qu’ils doivent observer. Si l’un d’eux nie par ignorance un élément de la religion, il n’est pas considéré comme un apostat. Par ailleurs, il existe des questions faisant le consensus des Musulmans mais que seuls quelques-uns connaissent. Celui qui nie une telle question n’est pas considéré comme un apostat : il est excusé à cause de son ignorance de ladite question qui n’est pas toujours portée à la connaissance du grand nombre. Parmi les exemples de ce type de questions, on peut citer l’interdiction pour l’homme d’épouser la tante paternelle ou maternelle de son épouse, le fait que le coupable d’homicide volontaire soit privé d’héritage, le fait que la grand-mère reçoive le sixième de l’héritage, etc.
N’entrent pas non plus en ligne de compte les doutes qui peuvent travailler l’âme. En effet, Dieu ne fait pas cas de ces doutes. Muslim a ainsi rapporté d’après Abû Hurayrah que le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — dit : « Dieu — Exalté soit-Il — a pardonné à ma Communauté les pensées qui travaillent son âme, tant qu’elle ne les concrétise pas ou qu’elle n’en parle pas. » Muslim a également rapporté que Abû Hurayrah dit : « Un groupe de Compagnons du Prophète — paix et bénédiction sur lui — vinrent le voir et lui dirent : « Nous avons dans nos fors intérieurs des pensées que nous trouvons sacrilège de prononcer. » Le Prophète demanda : « Et vous l’avez trouvé [ce doute qui entretient l’âme] ? » « Oui », répondirent-ils. « C’est cela la vraie foi », conclut le Prophète. » Muslim a également rapporté sur l’autorité de Abû Hurayrah que : « Le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — dit : « Les gens peuvent se demander : « Est-ce Dieu qui est à l’origine de la Création ? Dans ce cas, qui a créé Dieu ? » Quiconque est travaillé par ce genre de pensées doit dire : « Je crois en Dieu. » » »
Le jugement de l'apostasie
les différentes écoles sunnites, et par la suite les juristes contemporains, ont eu de multiple positions et opinions diverses en ce qui concerne les détails de la question de l’apostasie. Cependant, sur la sanction originale, on note un consensus : tous les juristes s’accordent sur la peine de mort. D’ailleurs, si on cherche le sujet de l’apostasie dans les références de la jurisprudence musulmane, on remarque que tous les juristes l’incluent dans les kitab hudûd [Chapitre des peines légales]. Les malikites, les hanbalites et les chaféites considèrent l’apostasie comme jinâyâ [crime d’homicide ou blessures corporelles]. Les hanafites eux, la classent dans le chapitre du jihâd [guerre], avec la rébellion.
On comprend donc par ce classement que l’apostasie est considérée comme un délit ou une infraction chez tous les juristes. Ainsi, tout musulman adulte quittant volontairement et publiquement sa religion est jugé apostat. Ce jugement conduit à une sentence et à une condamnation, selon les différentes écoles juridiques. La sentence est définie par la peine de mort pour l’apostat. Les juristes, que ce soient les juristes classiques ou les juristes contemporains, ont construit leurs jugements concernant la question de l’apostat sur les mêmes textes. Nous allons rapidement les passer en revue.
Regardons tout d’abord les textes coraniques :
« Et ceux parmi vous qui adjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. » Coran (2, 217).
« Ô les croyants ! Si vous obéissez à ceux qui ne croient pas, ils vous feront retourner en arrière. Et vous redeviendrez perdants. » Coran (3, 149).
« Ô les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie de sa religion… Dieu fera alors venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime. » Coran (5, 54).
« Ceux qui sont revenus sur leurs pas après que le droit chemin leur a été clairement exposé, le Diable les a séduits et trompés. » Coran (47, 25).
On trouve, également, d’autres versets n’ayant pas employé le verbe « apostasier » mais qui en contiennent le sens, comme par exemple :
« Quiconque a renié Dieu après avoir cru (…) - sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi - mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère de Dieu et ils ont un châtiment terrible. » (16,106)
« Dieu a promis à ceux d’entre vous qui ont cru et fait les bonnes œuvres qu’Il leur donnera la succession sur terre comme Il l’a donnée à ceux qui les ont précédés. Il donnera force et suprématie à leur religion qu’Il a agréée pour eux. Il leur changera leur ancienne peur en sécurité. Ils M’adorent et ne M’associent rien et celui qui mécroit par la suite, ce sont ceux-là les pervers. » (24,55).
Enfin, dans la sourate 9 verset 74, on lit :
« Ils ont professé l’incrédulité. Puis ils ont juré par Dieu, qu’ils n’avaient pas prononcé de telles paroles. Ils furent incrédules après avoir été soumis. Ils aspiraient à ce qu’ils n’ont pas obtenu et ils n’ont trouvé à la place que la faveur que Dieu et son Prophète ont bien voulu leur accorder. S’ils se repentaient, ce serait meilleur pour eux ; mais s’ils se détournent, Dieu les châtiera d’un châtiment douloureux en ce monde et dans l’autre, et ils ne trouveront, sur la terre, ni ami ni défenseur ».
Dans ce verset nous trouvons le mot châtiment contre l’apostat mais sans que la nature du châtiment soit précisée. En revanche, dans les autres versets où le sujet de l’apostat est abordé, le châtiment contre l’apostat y est prévu dans la vie au-delà sauf dans les hadiths du Prophète.
Les hadiths constituent, en effet, notre seconde source qui est aussi celle du droit musulman : si les hadiths sont plus explicites, ils ne sont pas aussi précis que nous pourrions le supposer. C’est pour cette raison que le texte suivant a donné diverses interprétations : « Celui qui change de religion, tuez-le. Il n’est permis d’attenter à la vie du musulman que dans les trois cas suivants : la mécréance après la foi, l’adultère après le mariage et l’homicide sans motif ». On lit ici, bien clairement, que la sanction de l’apostat est la mort : « tuez-le ». Mais le texte, qui a servi de base pour le jugement de la condamnation, n’explique pas si la sanction est identique pour l’homme comme pour la femme et si elle ne concerne que celui qui renie sa foi, qu’il soit de confession musulmane ou d’autres religions monothéistes. Ce texte ne précise pas non plus si la sanction englobe celui qui est né musulman ou seulement la personne qui a embrassé la foi musulmane par choix.
Toutes les réponses à ces questions ne se trouvent pas dans ces hadiths. Par conséquent, on relève des débats multiples et divers entre les juristes musulmans. Ce hadith est notamment montré du doigt tardivement par quelques penseurs musulmans, comme Djamel el-Banna par exemple, qui soulèvent le problème de son degré d’authenticité. Il semble ici que le problème du jugement de l’apostat est qu’il est basé sur un hadith ahad [47] alors que, dans le système juridique musulman, les sanctions pénales (hudud [48]) ne sont pas justifiables par les hadiths n’ayant pas bénéficié d’une large transmission (hadîth âhâd) [49].
Ces contradictions textuelles que nous venons de mettre en lumière montrent bien l’ambiguïté de leur utilisation comme références à des jugements rendus contre l’apostat.
En conclusion, rappelons que l’islam dans sa dimension littéraire, artistique, linguistique, son système de pensée et la mentalité des sociétés musulmanes est imprégné par la pensée juridique. Or, la problématique exposée ici n’est qu’un exemple de questionnement qui se pose à l’heure actuelle dans bien d’autres domaines de la société musulmane : on peut citer les recherches récentes concernant la relecture du Coran, par exemple, qui consiste à analyser la rhétorique du texte sacré.
Dans le monde musulman, il apparaît donc nécessaire à un certain nombre juristes, tels que M. Mokhtari par exemple, de repenser le système juridique musulman de façon à ce que les vides autant que les incohérences juridiques puissent être aplanis. Toutefois, les recherches dans ce domaine précis restent timides.
[1] Hadith rapporté par Ahmad et autres compilateurs de traditions ; le hadith est considéré comme fiable par At-Tirmidhî ; Al-Hâkim le considère comme authentique car répondant aux critères d’authenticité établis par Al-Bukhârî et Muslim.
[2] Sourate 16 intitulée les Abeilles, An-Nahl, verset 106.
[3] Le Prophète dit ici à `Ammâr que si les idolâtres remettent encore une fois la main sur toi et veulent que tu renies l’Islam, renie-le, sachant que ta foi est profondément ancrée dans ton cœur.
[4] Cette notion est explicitée dans l’article suivant : "Renier de la religion ce qui en est nécessairement connu".
http://www.islamophile.org/spip/Qu-est-ce-que-l-apostasie.html
http://www.gric.asso.fr/gric-de-paris/articles-18/article/la-conversion-ou-l-apostasie-entre
Dans ce magnifique hadith, le Prophète (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) parle d’actes d’adoration qui, bien qu’ils soient modestes, méritent une récompense énorme : se retrouver à l’ombre d’Allah au Jour où il n’y aura aucune ombre sauf la Sienne. Cela peut paraître comme une mince récompense à première vue, mais considérez un instant le hadith suivant : « Au jour de la Résurrection, le soleil se rapprochera tellement des gens qu’il ne sera plus qu’à une distance d’un mille. Les gens seront submergés dans leur propre sueur selon les actions qu’ils auront accomplies de leur vivant; certains jusqu’aux chevilles, certains jusqu’aux genoux, d’autres jusqu’à la taille et d’autres encore en auront jusqu’au menton. » (Et en disant cela, le Prophète fit un geste de la main devant sa bouche.) (Rapporté par al Miqdaad ibn Aswad et recueilli dans Sahih Mouslim)
On comprend donc qu’en ce Jour, rien ne sera plus souhaitable que de se retrouver sous l’ombre d’Allah, à l’abri du soleil.
Étudions maintenant les vertus et traits caractéristiques des personnes faisant partie de ces sept catégories qui se mériteront une telle récompense au jour du Rassemblement.
Le concept de justice, en islam, est très important; les musulmans, ceux qui dirigent comme ceux qui sont dirigés, doivent appliquer la justice en toutes circonstances, sans exception. La justice signifie de reconnaître et donner à chacun les droits qui lui reviennent, qu’il soit musulman ou non, qu’il soit un parent ou un étranger, un ami ou un ennemi. Allah dit, dans le Coran :
« Et ne laissez point votre haine pour un peuple vous inciter à être injustes. Soyez justes; cela est plus proche de la piété. » (Coran, 5:8)
Malheureusement, même si nous le reconnaissons en théorie, nous l’oublions rapidement dans la réalité. Souvent, lorsque nous parlons de nos amis ou de nos parents, nous les louons exagérément, mais lorsque nous parlons de ceux avec qui nous ne nous entendons pas, nous ne trouvons rien de bon à dire à leur sujet et nous nous concentrons sur leurs défauts. Cela est bien loin de la justice qu’Allah aime et qu’Il rétribue, tel que mentionné dans le hadith suivant : « Ceux qui auront appliqué la justice seront sur des trônes de lumière près de la main droite d’Allah – et les mains d’Allah sont toutes deux des mains droites – ceux qui étaient justes dans leurs sentences, envers leurs familles et envers tous ceux sur qui ils avaient autorité. »
Lorsque le Prophète (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) affecta Abdoullah ibn Mas’oud aux terrains de Médine situés entre les habitations et les palmeraies des Ansar, Banou abd ibn Zouhrah dit : « Éloigne de nous le fils de Oumm Abd (Ibn Mas’oud) ». Le Prophète répondit : « Pourquoi Allah m’a-t-Il donc envoyé? Allah ne bénit pas un peuple qui ne donne pas ses droits à un homme faible. » (Sharh as-Sounnah, sounan at-Tirmidhi)
Le concept de justice est encore plus important pour le dirigeant puisqu’il est responsable de son peuple et qu’il est le principal acteur de la justice dans son pays. Pour cette raison, le dirigeant qui sait se montrer juste fera partie des sept catégories de personnes qui auront l’honneur d’être abritées à l’ombre d’Allah.
Le savant musulman Ayoub as-Sakhtinyaani (mort en 131 de l’hégire) a dit : « Le fait qu’Allah le guide vers un savant versé dans la sounnah fait partie de la réussite d’un jeune. » (Rapporté dans Sharh Usoolis-Sunnah of al-Laalikaa’ee (no.30)
Qu’un jeune vive dans l’adoration d’Allah et fréquente des gens vertueux est une grande bénédiction d’Allah, car c’est dans sa jeunesse qu’une personne est la plus vulnérable aux tentations et la plus susceptible de s’égarer du droit chemin. Cela est évident lorsque l’on regarde la société qui nous entoure et que l’on constate que la plupart des activités comme la musique, les jeux, les boîtes de nuit, la mode, etc, s’adressent d’abord et avant tout aux jeunes. « On n’a qu’une seule jeunesse », entend-on souvent répéter, et c’est pourquoi tant de jeunes musulmans, de nos jours, s’imaginent qu’ils commenceront à prier, qu’ils feront le Hajj, qu’ils s’habilleront de façon modeste, etc, lorsqu’ils seront plus vieux, comme si Allah leur avait garanti qu’ils allaient vivre vieux! Comme nous serions avisés de tenir compte du conseil du Prophète (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) lorsqu’il a dit : « Profitez de cinq choses avant cinq autres : de votre jeunesse avant votre vieillesse, de votre santé avant que ne vienne la maladie, de vos richesses avant que ne vienne la pauvreté, de votre temps libre avant que vous ne soyez trop occupés, et de votre vie avant votre mort. » (Rapporté par Ibn Abbas et recueilli dans al-Hakim et autres)
La sounnah encourage fortement les hommes à prier à la mosquée, car une énorme récompense y est rattachée. Non seulement cela donne-t-il aux gens qui s’y rendent la possibilité d’être abrités à l’ombre d’Allah au jour du Jugement, mais un hadith rapporte « que chaque pas qu’il fait en direction de la mosquée l’élève d’un rang et lui efface un péché. Puis, lorsqu’il prie, les anges ne cessent de prier pour lui tant et aussi longtemps qu’il ne quitte pas sa place. Les anges disent : « Ô Allah, envoie-lui Tes bénédictions; ô Allah, soit miséricordieux envers lui… » (Rapporté par Abou Hourayrah et recueilli par al-Boukhari)
Il faut souligner, ici, que tous les hadiths encourageant les hommes à fréquenter assidûment les mosquées ne doivent pas nous faire croire que l’islam est une religion confinée aux mosquées, comme plusieurs l’imaginent. Néanmoins, la mosquée doit demeurer au cœur de la communauté musulmane et le rôle joué par les responsables de la mosquée est essentiel, car ce sont eux qui doivent faire de ce lieu un refuge accueillant pour les musulmans plutôt qu’un lieu de luttes de pouvoir et de débats politiques comme c’est trop souvent le cas de nos jours. Et nous cherchons refuge auprès d’Allah contre cela!
S’aimer mutuellement pour Allah est une des meilleures choses qui mènent au succès dans l’au-delà et qui nous font goûter à la douceur de la foi en ce monde. S’aimer mutuellement pour Allah signifie que le musulman aime une autre personne seulement et uniquement parce que cette dernière suit la bonne voie et la bonne religion. L’apparence de la personne, les vêtements qu’elle porte, sa fortune ou sa pauvreté, ses origines et la couleur de sa peau importent peu; peut-être même que vous détestez plusieurs choses chez cette personne, mais vous l’aimez tout de même pour sa foi et parce qu’elle suit la religion de vérité, et c’est justement cela, aimer pour Allah.
« Allah, le Puissant et Majestueux, dit : « Ceux qui s’aiment pour Ma gloire seront illuminés et seront enviés des prophètes et martyres. » (at-Tirmidhi et Ahmad)
Subhanallah! Imaginez être envié par les messagers élus d’Allah et par ceux qui sont morts dans Sa voie! Telle est la récompense de ceux qui s’aiment pour Allah.
Ce monde est plein de tentations qui peuvent nous mener au feu de l’Enfer et parmi elles, l’attirance pour les femmes. Combien d’hommes ont mené leur âme à la destruction pour une femme? C’est la raison pour laquelle le Prophète (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) a mis en garde les hommes de sa oummah lorsqu’il a dit : « Le monde est beau et vert et Allah va vous établir comme successeurs sur cette terre afin de voir comment vous allez vous y comporter. Alors évitez la séduction des femmes; en vérité, la première épreuve des enfants d’Israël avait trait aux femmes. » (Sahih Mouslim)
La seule chose qui puisse vraiment nous protéger contre le fait de succomber à cette tentation (et à toutes les autres tentations de ce monde) est la crainte d’Allah. C’est d’ailleurs écrit clairement dans le Coran :
« Quant à celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur et qui aura préservé son âme de ses (mauvaises) passions, il aura le Jardin pour refuge. » (Coran 79:40-1)
C’est là la description d’une personne qui fait tout son possible pour se protéger du riyaa (ostentation). Ar-riyaa signifie d’accomplir des actions dans l’intention d’être glorifié et reconnu par les gens. Ce péché détruit tout ce qu’une personne aurait pu retirer de ses bonnes actions en plus de lui mériter un châtiment que seul Allah connaît. L’ostentation est dangereuse parce qu’il est dans la nature de l’homme d’aimer recevoir des éloges. Il faut donc faire très attention à ce que son intention soit pure dès le départ et qu’elle ne se transforme pas au moment d’accomplir l’action. De nos jours, dans certaines mosquées, on voit parfois des tableaux où sont inscrits les noms de ceux qui ont fait des dons. Pourtant, Allah nous met en garde :
« Ô vous qui croyez! Ne rendez pas vaines vos aumônes en les faisant suivre d’un rappel ou d’un tort, comme celui qui ne dépense ses biens que pour être vu des autres et qui ne croit point en Dieu et au Jour dernier. » (Coran 2:264
Qu’Allah nous préserve de cela.
Le Prophète (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) a dit : « Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleureriez beaucoup. » (Rapporté par Abou Hourayrah et Anas et recueilli dans Sahih al-Boukhari)
Il ne faut pas croire que pleurer soit un acte efféminé. Le Prophète, qui était le meilleur homme de la création, pleurait, tout comme ses compagnons. Les larmes sont l’expression sincère de la crainte, du respect profond et de l’amour que l’on ressent envers Allah. Mais à quelle fréquence nous arrive-t-il de penser à Allah, dans la solitude, et d’en être émus aux larmes? À quel point rions-nous et à quel point nos larmes sont-elles rares? Le Prophète a dit : « Rien n’est plus cher à Allah que deux gouttes et deux traces : une larme versée par crainte de Lui et une goutte de sang versée pour Sa cause. Et une cicatrice récoltée dans la lutte pour Sa cause, de même qu’une trace laissée par l’accomplissement d’un des devoirs qu’Il nous a rendus obligatoires. » (at-Tirmidhi et al-Mishkaat)
Alhamdulillah, le hadith d’introduction nous indique clairement quels moyens sont à notre disposition pour obtenir la satisfaction d’Allah. Alors chers frères et chères sœurs en islam, déployez tous les efforts possibles pour faire partie d’au moins l’une de ces catégories, car heureux seront ceux qui profiteront de l’ombre d’Allah au Jour où il n’y aura aucune autre ombre que la Sienne.
http://www.whymuhammad.com/fr/contents.aspx?aid=4836
Le séparateur entre le bien et le mal, la justice et l'injustice.
Entre l'équité et l'iniquité, la légalité et l'illégalité, l'honneur et le déshonneur,
La vertu et le vice, l'honnêteté et la malhonnêteté, entre la dignité et l'indignité
Selon Abou Houreira qu'Allah l'agrée, le Messager d'Allah - Que la Paix et la Bénédiction soient sur lui - a dit :
« Parmi ceux qui vous ont précédés des fils d'Israël, il y eut des hommes qui n'étaient pas des prophètes, mais auxquels Allah a adressé la parole. S'il devait y en avoir dans ma communauté, ce serait Omar ! »
[ Rapporté par Al-Boukhari ]
Sa généalogie
Il est Omar Ibn Al-Khattab Ibn Noufail Ibn Abd Al-Ouzza Ibn iyah Ibn Abd-Allah Ibn Qourt Ibn Rizah Ibn Adi Ibn Kaâb Ibn Louâay- Ibn Ghaâlib Al-Qoreïchi Al-'Adwi.
L'imam An-Nawawi - qu'Allah ait son âme - a rapporté qu'il était né l'an 570-577 après Jésus Christ.
Omar - qu'Allah soit satisfait de lui - a dit pour sa part qu'il était né 4 ans après la grande guerre des mécréants. Donc on peut fixer l'année de sa naissance aux alentours de 581 après Jésus Christ que le salut soit sur lui.
Son père, Al-Khattab, était l'un des chefs les plus redoutés et les plus respectés, bien qu'il ne soit pas un riche notable.
Le prénom de sa mère était Hintima bent Hachim ben Al Moughira des Banou Makhzoum.
Il faisait partie des familles les plus illustres du clan des Banou 'Adi, qui avaient les charges d'arbitrage, de médiation et d'ambassade et cela au cours de la période préislamique.
Sa vie
Etant jeune, Omar faisait paître leur bétail et celui de ses tantes paternelles. Devenu grand, il s'occupa du commerce, déplacements fréquents au Cham (qui englobait la Jordanie, la Palestine, la Syrie et le Liban).
Il n'était pas riche, par contre sa sévère personnalité inspirait crainte et respect. Il fut un grand sportif réputé pour sa souplesse, cavalier émérite. Il participa à de nombreux tournois de lutte dans la foire d'Okaz. Il faisait partie de l'élite de Qoreich, sachant lire et écrire il était ambidextre, ayant une voix résonnante et puissante; Il était très sage et d'une lucidité surprenante.
Omar fut surnommé Abou Hafç "le père du lionceau", donc le lion, Omar a rapporté que c'était le Prophète lui-même, qu'il lui avait donné ce surnom. En effet, l'Envoyé d'Allah l'interpella un jour : «Tu veux tuer l'oncle de ton Prophète (Abou Lahab l'ennemi de l'Islam) ?» Omar lui répondit : " En effet, Ô Messager d'Allah !"
Alors le Prophète lui dit : «Non ! Je ne veux pas que l'on dise que Mohammed tue ses parents !»
C'est à cette occasion que le Messager d'Allah le surnomma "Abou Hafç." Le père du lionceau.
Grâce à son savoir, son intelligence, sa clairvoyance et son ouverture d'esprit, il créa une extraordinaire structure administrative qui marqua la genèse de la civilisation musulmane.
Sa physionomie
Son fils, Abd Allah raconte que son père était grand et fort, avec une peau claire, son visage d'un teint rosé.
Selon Oubayd ben 'Oumir, Omar fut d'une taille supérieure, d'une imposante carrure, chauve. Sa peau était blanche, il portait une moustache dégarnie de couleur rousse.
Anas ibn Malek rapporte que Omar se teignait les cheveux avec soit du henné, soit avec du katam (plante en provenance du Yémen, qui, mélangée à l'eau donne une couleur acajou foncée.)
On rapporte également, qu'il semblait sur un cheval, tant il dépassait les autres par sa taille.
Abou Malek ajoute : "il marchait d'un pas pesant."
La justice de Omar
Anas Ibn Malek rapporta que le Prophète d'Allah a dit:
« De toute ma communauté, c'est Omar qui est le plus ferme pour ce qui est de respecter les ordres d'Allah .» [ Rapporté par -Ibn Sa'd ]
Aîcha la mère des Croyants - qu'Allah soit satisfait d'elle - a raconté que l'Envoyé a dit:
«Par celui qui détient l'âme de Mohammed entre Ses Mains, je vois les diables, qu'ils soient de l'espèce des génies ou de l'espèce humaine, prendre la fuite devant Omar. » [ Rapporté par Termidhi.]
Aba Darr Al-Ghifari dit avoir entendu le Messager d'Allah dire :
« Allah a fait en sorte que la vérité coule facilement sur la langue de Omar. » [ Rapporté par Ibn Madja et Al-Hakim ]
Oubay ben Ka'b a rapporté que le Prophète a dit :
«Le premier homme qu'Allah saluera (le Jour du Jugement Dernier), sera Omar; et il sera le premier à qui Allah tendra la main pour le faire entrer au Paradis.» [ Rapporté par Ibn Madja ]
Selon Oqba ben 'Adr, d'Abou Saïd Al-Khoudri - qu'Allah les agrée - l'Envoyé d'Allah a dit :
«S'il y aurait un prophète après moi, ce sera Omar ben Al-Khattab.» [ Rapporté par Tirmidhi, Al-Hakim et Tabarani ]
Selon Qoudama ben Madoun , le Prophète d'Allah montrant Omar ben Al-Khattab du doigt, dit :
«Celui-ci est la clef de voûte qui vous sauvegardera de la discorde (fitna). Tant qu'il sera vivant parmi vous, il sera comme une porte bien fermée devant toute division !» [ Rapporté par Al-Bazar ]
D'après Al-Fadl ben Abbas (qu'Allah les agrée lui et son père), l'Apôtre d'Allah a dit :
«Omar ben Al-Khattab est avec moi là où j'aime être, et moi je serais avec lui là où il aimerait être. La Vérité, après moi, sera avec Omar ben Al-Khattab, où qu'il soit !» [ Rapporté par Al-Boukhari.]
Omar ben Al-Khattab et le Coran.
Après qu'Abou Bakr eut été convaincu du bien-fondé de la suggestion de Omar ben Al-Khattab de recueillir le Coran, après la mort de 70 Compagnons faisant partie de ceux qui mémorisaient le Coran en entier, au cours de la bataille d'Al-Yamama, menée contre l'imposteur Mousaylama. Il demanda à Zayd ben Thabit le secrétaire du Prophète de s'en charger. Le travail de Zayd consista à rassembler les Sourates et les versets coraniques qui étaient déjà enregistrés du temps du Prophète d'Allah mais écrits d'une façon éparse, sur des parchemins, des omoplates de chameaux, etc., et en faire un recueil complet, dans lequel les Sourates seraient réunies dans leur totalité.
Après la mort d'Abou Bakr son successeur Omar ben Al-Khattab ordonna que l'on regroupe l'ensemble du texte en un et unique volume, afin qu'il soit conservé. Ce Saint manuscrit fut conservée par Hafça bent Omar et mère des Croyants (qu'Allah les agrée).
Omar et le savoir
Houdaïfa a dit: "On aurait dit que la science de tous les hommes était dans la tête de Omar !"
Omar ben Al-Khattab illustrait le Hadih du Prophète dans lequel il a dit: «Qu'Allah bénisse celui qui a connu son époque, mais dont la conduite est restée comme il nous !'avait enseignée (c'est-à-dire : la Rectitude).»
Omar était un homme cultivé. Il savait lire et écrire aimait la poésie et apprenait des poèmes. De même, il connaissait les proverbes et les paroles de sagesse. Un jour, il recommanda à son fils Abd Er-Rahmane : "Mon fils, cherche à connaître tes origines, cela facilitera la reconstitution des liens de ta parenté. Apprends la meilleure poésie, tu amélioreras ton comportement et tes manières."
Omar recommanda de codifier les règles de grammaire. Il ajouta : "La grammaire est la base de la langue."
C'est pourquoi, Omar a dit : "La plus mauvaise des écritures est celle qui est difficile à lire et la meilleure écriture est la lisible. La mauvaise manière de lire, est celle de celui qui lit très vite ! "
Abd-Allah ben Mes'oud a dit: "Omar était le plus savant d'entre nous concernant le Coran. C'est lui qui fut le plus doué pour la compréhension de l'Islam. En cas de divergence sur la façon de lire un verset, on demandait de le lire de la manière dont le lit Omar."
Omar se distinguait entre tous les Compagnons du Prophète. Il éprouvait une passion pour toutes les sciences utiles. Il exigeait des gouverneurs d'avoir une connaissance parfaite de la géographie, surtout des régions qu'ils allaient gouvernaient. Lui-même, il s'y intéressait beaucoup, s'informant sur les us et coutumes des peuples, ainsi, il recommandait aux Musulmans d'apprendre les sciences de leur époque et d'en tirer profit pour leur bien-être. Il a dit entre autres : "Apprenez l'astronomie et la science des étoiles qui vous guideront en mer et sur terre; et, en ce domaine, limitez-vous à cela."
Omar ben Al-Khattab et le califat
"Ô Croyants ! Vous m'avez désigné, et si je ne prétendrais pas être le meilleur parmi vous et le plus qualifié à votre service, ainsi que tout ce qui touche à vos affaires, je n'aurais jamais consenti à prendre la charge. Car il me suffit à endurer le joug d'attendre le Jour du Jugement Dernier ! Comment puis-je vous garantir vos droits ? Comment dois-je les gérer au mieux et les mettre à exécution convenablement ? Quelle politique devrai-je choisir pour vous gouverner ?"
Omar se trouvait dans un état tel, qu'il ne pouvait plus se fier ni à sa force de caractère, ni à sa dextérité. A moins qu'Allah qu'Il soit exalté - ne lui vienne en aide, et ne lui porte assistance !
Omar ne faisait rien sans la consultation (choura) ligne de conduite pour la gestion de l'Etat. Il disait :
"L'avis d'une personne est comme un fil ténu. Deux avis comme deux fil tressés. Si les points de vue sont nombreux, cela donne une résistante corde." Il ajouta : "Une quelconque affaire traitée sans consultation (choura) ne ramène rien de bon."
Il ne décidait rien sans la consultation (choura). Il revenait sur sa décision, lorsque la consultation lui prouvait son erreur. Il fut entouré par les plus éminents Compagnons du Messager d'Allah (qu'Allah les agrée). Ceux dont la compétence et la notoriété scientifique étaient reconnues. Les membres de ce conseil furent : Al-Abas (l'oncle du Prophète), son fils Abd-Allah qui ne le quittait jamais même dans ses déplacements, 'Othman ben 'Affan, Abd Ar-Rahman ben 'Awf Ali ben Abi Talib et d'autres encore.
Omar et l'armée musulmane
Omar était le grand stratège de l'armée musulmane organisant les programmes logistiques de l'armée. Il installa pour cela des casernements dans différentes villes avec vivres et chevaux. Il établit à Koufa une caserne pour la logistique avec, en réserve, quatre mille cinq cents à cinq mille chevaux, sous la responsabilité de Salman ben Rabi'a Al-Bahili.
Il réorganisa l'armée, en la dotant d'un service administratif. Il fixa la solde et pris en charge les familles des combattants pendant leur absences. Il s'intéressa le plus, du moral des combattants, et de leur piété.
Omar ben Al-Khattab fut le premier à organiser l'armée musulmane pour la reconstituer en une armée régulière. Il établit le service des soldats qui tenait les registres des noms des militaires, de leur grade, et de leur affectation. Il planifia la hiérarchie militaire et les différents pouvoirs :
Al-khalifa commandait à ses soldats,Caïd avait les hommes sous ses ordres,Emir Al-kourdouç à la tête de 1 000 hommes,Emir Al-djaïch : le plus haut gradé était à la tête de 10 000 hommes ou plus. Il veillait lui-même à l'entraînement de la cavalerie à l'extérieur de Médine.
Omar mit sur pied le Conseil de guerre et fixa également la discipline militaire.
Il envoya à ses généraux cette "Note de service" :
"Vous ne devez en aucun cas maltraiter les guerriers musulmans car vous risquez d'engendrer par votre conduite le désordre et le découragement. Ne les privez pas de leur droit, car vous les rendrez ingrats. Ne les faites pas camper dans des lieux malsains et marécageux, c'est une négligence qui les perdra physiquement ! " Omar ben Al-Khattab était très strict et très sévère concernant la conduite des Musulmans vis-à-vis des habitants des différentes villes et régions conquises par les Musulmans. Il avait rédigé l'ordre suivant aux diverses troupes musulmanes :
"Si vous descendez dans un lieu et que vous fâites un geste ou que vous énoncez ne serait-ce qu'un mot que le non-Arabe comprend comme étant une promesse de votre part au sujet de quelque chose, vous êtes dans l'obligation de vous en acquitter même si vous objecterez votre ignorance des us et coutumes ou de la langue locale, cela ne vous dispensera pas de cette imputabilité."
Omar et les recommandations
Lorsque Omar désigna Sa'd à la tête de l'expédition contre les Perses (Al-Qadissya) il lui dit: "O Sa d ben Wouhayb ! Ecarte la prétention et l'orgueil de ton coeur, on dit que tu es de la famille des oncles maternels du Messager d'Allah ! En vérité, Allah n'efface pas le mal par le mal. Il efface le mal par le bien ! Allah n'a de lien de parenté avec personne, à l'exception du lien de l'adoration du serviteur vis-à-vis de son Créateur. Pour Allah, les riches et les pauvres, sont égaux. Il est leur Seigneur, et ils sont Ses serviteurs. S'ils se distinguent, c'est par leur abstinence, et ils ne peuvent atteindre ce qui est auprès d'Allah que par leur soumission totale. Alors rappelle-toi bien comment était le Messager d'Allah, depuis le commencement de sa mission jusqu'à ce qu'il rejoigne son Seigneur, et maintiens-toi fermement à lui. Voilà à quoi je t'incite ! Si tu l'omet et t'en écarte, ton action sera illusoire, et tu seras parmi les perdants !"
Omar et les provinces musulmanes
La superficie de l'Etat islamique s'agrandit grâce aux victoires musulmanes par les prises de l'Iraq, du Cham : (Jordanie, Palestine, Syrie, et le Liban) et de l'Egypte, pour des mobiles de planification, et de défense des intérêts des Musulmans le calife Omar ben Al-Khattab découpa les terres conquises en provinces, à la tête de chacune d'elle, il désigna un gouverneur (wali). Une grande partie des gouverneurs furent des Compagnons du Messager Al-Moughira ben Chou'ba, Abou 'Oubayd ben Al-Djarrah, selman Al-Farissi et Abou Moussa Al-Achâari.
La tâche des gouverneurs était de diriger les Offices, de prendre soin à l'application de la Loi d'Allah (cha'ria). De veiller sur intégrité territoriale et de combattre les ennemis de l'Etat musulman. De faire régner l'ordre et la sécurité entre les citoyens avec la coopération d'un juge (cadi) et du directeur du cadastre. Le gouverneur était seul responsable des affaires financières de la province, dont il était garant devant le Calife.
Omar et la Justice
Omar mit un service de surveillance des gouverneurs, concerné autant par leur méthode d'administrer que par les richesses qu'ils se procuraient. II nomma comme vérificateur (wakil) Mohammed ben Maslama. Un homme intègre dont la mission était de rendre compte au Calife de la véracité des plaintes que la population (musulmane où non) déposait contre son gouverneur.
L'exemple de la plainte déposée par un Copte d'Egypte contre le gouverneur 'Amr ben Al-'Aç et son fils. Ce fut lors d'une course de chevaux que le fils de 'Amr ben Al-'Aç perdit contre un Copte. Il flagella ce dernier et l'emprisonna, en justifiant cette iniquité par son rang, c'est-à-dire "fils de deux nobles." Le Copte réussit à s'échapper de sa geôle, se rendit à Médine où il présenta son cas à Omar qui rappela de toute urgence 'Amr ben Al-'Aç et son fils. S'étant attesté de l'exactitude des faits, il donna l'ordre au Copte de se faire justice lui-même en infligeant au "fils des deux nobles" le même châtiment que celui qu'il endura, puis il lui redonna le fouet pour qu'il fasse de même avec le père, ce que le Copte refusa, considérant qu'il avait obtenu satisfaction. C'est à cette occasion que Omar ben Al-Khattab énonça la mémorable allocution :
"Depuis quand vous attribuez-vous le droit de réduire en esclavage des hommes, alors que leur mère les a engendré libres ? "
Il libéra tous les esclaves, et décréta l'abolition de toute forme d'esclavage en Arabie. Il se réunit annuellement avec ses gouverneurs, durant la période du grand Pèlerinage, pour d'une part, un compte rendu par les gouverneurs et d'autre part trancher les litiges, si litige, il y avait. Le rigorisme de Omar en matière de justice était connu de tous.
On rapporta ceci : Le fils de Omar qui était en Egypte, commit un adultère. Le gouverneur 'Amr ben Al-'Aç n'a pas osé rapporté le fait au Calife, ce fut quelqu'un d'autre qui avisa Omar . Le Calife écrivit au gouverneur pour avoir le coeur net, 'Amr confirma le délit. Il convoqua et le gouverneur et son fils à Médine, où il flagella son fils en public conformément à la Loi d'Allah, jusqu'à ce que mort s'en suive. Son fils mourut au quatre-vingtième coup de lanière.
C'est Omar qui sépara le pouvoir exécutif du pouvoir judiciaire. La fonction du juge (cadi) fut totalement indépendante, libre de toute contrainte et d'éventuelles influences des gouverneurs.
Le Messager d'Allah a dit : «Sur trois juges (cadi) deux iront en Enfer et un au Paradis.»
Selon Chi'bi, Omar se mit d'accord avec le propriétaire d'un cheval qu'il voulait acheter. Il l'utilisa sans en avoir acquitter le prix, pour le transport de matériaux. Entre temps le dit cheval, lors de ce transport se blessa le pied. Son propriétaire demanda réparation à Omar. Le Calife demanda à son adversaire de choisir un homme pour trancher ce litige. Le belligérant choisit Chouraih Al-Iraqi . Les deux parties lui posèrent le cas.
Chouraih dit à Omar : "Vous avez pris le cheval en bonne santé, vous devez le rendre en cet même état à son propriétaire." L'exactitude du verdict rendu par Chouraih plut à Omar il le désigna au poste de juge (cadi) à Koufa.
Pour la surveillance des poids et mesures ainsi que la qualité des marchandises, Omar désigna une femme du nom de Ash-Shifa', afin d'inspecter, contrôler et supprimer les éventuelles exagérations publiques dans les marchés de Médine.
Il a été rapporté qu'un jour César dépêcha un agent vers Omar Ibn Al-Khattab pour s'enquérir de sa condition et de sa politique. Une fois à Médine, il demanda aux Musulmans : "Où puis je touver votre roi ?" On lui répondit : "Nous n'avons pas de roi, mais un Emir ! Il est quelque part, hors de la ville".
Il partit à sa recherche. Il le trouva couché à même le sable, et pour oreiller son bâton. L'apercevant dans cette posture, il fut impressionné et dit : "Cet homme, redouté de tous les rois par peur, mène une vie pareille ! C'est sûrement sa justice qui lui concède de jouir d'un sommeil aussi calme. Alors que notre roi, qui est inique, est toujours sur ses gardes."
Tabari rapporta que Omar ben Al-Khattab a dit :
"Si un pâtre, au bord du Tigre ou de l'Euphrate, (deux fleuves d'Irak, à plus de trois mille kilomètres de Médine) égarait un mouton, j'aurais la crainte qu'Allah ne m'en demande des comptes, pour ne pas veiller sur son bien."
On rapporte, un jour Bilal vint voir Omar Aslim son serviteur, l'informa qu'il dormait. Bilal en profita pour demander comment se conduisait Omar avec les siens et son entourage. Aslim lui répondit : "C'est le meilleur des hommes, mais quand il se met en colère, cela fait peur !"
Bilal lui dit : "Si chaque fois qu'il se mette en colère, tu lui lis le Coran, il s'apaisera et sa fureur disparaîtra." Parlant de la justice, Omar dit : "Cette responsabilité nécessite quelqu'un qui se comporte avec une sévérité sans coercition, et une bienveillance sans complaisance."
Ainsi fut Omar le calife juste. Al-Farouq : le séparateur entre le bien et le mal, la justice et l'injustice. entre l'équité et l'iniquité, la légalité et l'illégalité, l'honneur et le déshonneur, la vertu et le vice, l'honnêteté et la malhonnêteté et enfin entre la dignité et l'indignité.
Qu'Allah le Tout-Puissant l'enveloppe dans Sa miséricorde.
http://www.sajidine.com/vies/savants-pieux/Jurisconsultes/Omar-ibn-Khattab.htm
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité