D’après un rapport de l’UNICEF, un enfant meurt toutes les cinq minutes dans le monde à cause de la violence qu’il subit. Une donnée alarmante qui nous incite à nous pencher dessus et à rappeler l’importance du bon comportement envers l’enfant en Islam.
5 minutes écoulées, 1 enfant décédé
Ces décès d’enfants à grande échelle ne sont ni dus à la famine, ni à la maladie mais uniquement à la violence. Une caractéristique propre à l’être humain et qu’il peut contrôler. Seulement voilà, il semblerait que la soif de violence et le désir ardent de nuire à autrui soient ancrés en l’homme et ce, depuis bien longtemps. Lorsque l’homme maltraite l’enfant, il se sent envahi d’un sentiment de toute puissance. En effet, faire du mal à plus faible que soit lui donne l’illusion de maîtriser la situation bien qu’il ne soit maître de quoi que ce soit, pas même de son propre Moi.
Cette violence entraîne donc la mort d’un enfant toutes les cinq minutes, soit 345 enfants morts chaque jour. Ce qui est navrant c’est que « 75% de ces 345 décès, soit 258 dus à la violence ont eu lieu dans des pays dits en paix », comme le rapporte le Daily Mail. Ainsi, ce ne sont pas les pays en guerre qui sont les plus « meurtriers » mais ce sont bien les pays qui se disent pacifiques.
La responsable mondiale de la protection de l’enfance Susan Bissell a déclaré : « Nous découvrons le fait que les enfants victimes de violence extrême dans la vie de tous les jours sont partout ». Cette dernière a ajouté que les chercheurs ont mis des décennies à trouver des vaccins afin d’éradiquer certaines maladies et diminuer ainsi le nombre d’enfants morts. Or, l’homme tue par ses propres mains ce petit bout d’homme qu’est l’enfant.
345 enfants morts chaque jour suite à la maltraitance physique : un chiffre choquant, d’autant plus que cette violence provient majoritairement des parents. Ce rapport de l’UNICEF est l’occasion pour nous de rappeler l’importance du bon comportement avec l’enfant.
Le bon comportement envers nos enfants
Au delà du fait que nous devons bien nous comporter avec tout un chacun, nous devons avoir une attitude des plus irréprochables avec nos enfants. En effet, chaque parent, chaque éducateur est un modèle de représentation pour l’enfant, d’où l’importance de transmettre des valeurs saines et d’adopter un noble caractère. Cela est bien connu, l’enfant reproduit ce qu’il voit : à nous de faire en sorte que nos enfants ne voient que le bien en nous.
Afin d’illustrer le comportement à avoir avec nos enfants, rappelons que le meilleur des hommes (‘alayhi salat wa salam) était doux et clément envers eux. C’est en ce sens qu’Abu Hurayra (qu’Allah l’agrée) raconte : « J’ai vu, de mes yeux vu, et entendu, de mes oreilles, le Messager d’Allah (‘alayhi salat wa salam) prendre la main de Al-Hassan (qu’Allah l’agrée) ou Al-Houssayn (qu’Allah l’agrée) et je crois qu’il s’agissait plutôt de Al-Houssayn : il lui mit les pieds sur les siens et commença à le hisser sur ses jambes et ses cuisses en disant : « Monte mes petits yeux (tarqqa ‘ayna baqqa) » . En s’exécutant, Al Hassan ouvrit la bouche, alors le Prophète (‘alayhi salat wa salam) l’embrassa puis dit : « Seigneur ! Je l’aime alors aime le et aime celui qui l’aime » (Al-Boukhari).
En plus d’aimer les enfants et de leur démontrer son amour pour eux, le Prophète (‘alayhi salat wa salam) jouait avec eux. En effet, bien que le Messager d’Allah (‘alayhi salat wa salam) était l’homme le plus digne de sagesse et de dignité avec les hommes, il jouait avec les plus jeunes afin de leur montrer qu’il les aime. C’est ainsi que Ya’la Ibn Oumayya raconte : « Nous fûmes invités une fois avec le Messager d’Allah (‘alayhi salat wa salam) à un repas. En chemin, nous vimes Al-Husayn (qu’Allah l’agrée) en train de jouer. Le Prophète (‘alayhi salat wa salam) s’empressa vers lui et ouvrit les bras en le faisant rire. L’enfant essayait de s’enfuir à gauche et à droite. Le Prophète (‘alayhi salat wa salam) l’attrapa finalement une main sur la tête et l’autre sur le menton puis le serra contre lui. » (Ahmed, Al-Boukhari et Ibn Maja).
Le Messager d’Allah (‘alayhi salat wa salam) était un exemple dans tous les domaines y compris dans la compassion et l’amour qu’il avait pour les enfants. Nous devons donc nous appliquer à lui ressembler dans tous ses traits de caractères. Cela sera bénéfique pour nous car quiconque suit la sunna du Messager d’Allah (‘alayhi salat wa salam) aura suivi la voie droite qu’Allah a tracé par son biais.
Par ailleurs, rappelons que celui qui adopte un bon comportement avec ses enfants et qui se montre clément envers eux, Allah le sera envers lui. N’est-ce pas là un bienfait dont chacun d’entre nous souhaiterait bénéficier ? En effet, Abu Hurayra (qu’Allah l’agrée) a dit : « Al-’Aqra' ibn Hâbis, ayant vu l’Envoyé d’Allah (‘alayhi salat wa salam) embrasser Al-Hasan, dit: « J’ai dix enfants et jamais je n’ai embrassé un seul d’entre eux ». Le Prophète (‘alayhi salat wa salam) dit : « On ne fera pas miséricorde à celui qui ne fait pas miséricorde ». (Muslim). Qui d’entre nous n’espère pas la miséricorde d’Allah ? Cette miséricorde est promise à celui qui se montrera miséricordieux envers les enfants. Appliquons nous afin de parfaire notre comportement avec les plus jeunes de la communauté, d’autant plus que le meilleur des hommes (‘alayhi salat wa salam) nous y a exhortés.
Qu’Allah préserve et protège tous les enfants de la Oumma. Qu’Il les comble de Ses infinis bienfaits ici-bas et dans l’au-delà. Qu’Il apporte son assistance à ceux qui sont éprouvés dans cette vie. Qu’Il les élève et les rassemble avec leurs parents dans Son Paradis.
http://www.ajib.fr/2014/10/des-enfants-maltraites-au-comportement-avec-lenfant-en-islam/
Les sociétés humaines ont connu différents types d’organisation sociale. Certaines ont connu une classe constituée des princes, une autre des soldats, une autre des cultivateurs, et une classe des esclaves. Ceci a donné lieu à beaucoup de pratiques injustes notamment l’esclavage, la domination, l’asservissement et la spoliation des droits des autres.
Quant à la loi d’Allah, elle ne connaît absolument pas cela. Bien au contraire, riches et pauvres, nobles et gens du commun ont tous les mêmes droits. La seule base qui permet d’établir une différenciation entre les gens est celle que mentionne le saint Coran dans la parole du Très Haut : «Ô hommes! Nous vous avons créés d' un mâle et d' une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d' entre vous, auprès d' Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur. » (Coran, 49 : 13) et la parole du Messager (bénédiction et salut soient sur lui) : « ô gens ! Votre Maître est un et votre père est un. En vérité, l’arabe n’est pas supérieur au non arabe ni le non arabe à l’arabe ni le rouge au noir ni celui-ci au rouge, si ce n’est grâce à la crainte d’Allah ». (rapporté par l’imam Ahmad, 22391 et cité dans as-silsila as-sahiha, 2700.
Voilà le fondement de l’organisation sociale en Islam. La société qui en résulte est la société humaniste et universelle que l’humanité a toujours essayé sans succès de réaliser. C’est parce qu’elle n’a pas voulu s’engager dans la seule voie droite qu’y conduit, celle tracée par Allah, le Puissant et Majestueux. C’est encore parce que l’humanité ne se range derrière l’unique drapeau rassembleur, celui d’Allah, le Très Haut.
Les gens vivent sur la terre et établissent entre eux différents liens dont chacun a un poids et un attrait dans leur vie ; ils impliquent la parenté, la force, l’argent et les échanges pratiques en termes économiques et autres qui résultent de la communauté basée sur ces liens … La situation des uns est inférieure à celle d’autres et les uns deviennent plus influents que les autres selon les balances en usage sur la terre (critères d’appréciation)… Et puis l’Islam vient dire : «Ô hommes! Nous vous avons créés d' un mâle et d' une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d' entre vous, auprès d' Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur. » (49 : 13). Il entend ainsi faire fi des valeurs qui pesaient lourds dans la vie des gens, et les a remplacées par de nouvelles valeurs fournies par la révélation (divine) qui sont les seules reconnues sur la balance d’Allah, le Puissant et Majestueux. Il s’agit en vérité de la crainte d’Allah, le Très Haut qui se traduit par Son adoration, Lui seul sans rien lui associer ni un enfant ni un égal et se traduit encore par l’obéissance à Ses ordres et l’abandon de Ses interdits dans le but d’obtenir Son agrément et l’accès à Son paradis, et se traduit enfin par la crainte de Son mécontentement et de l’entrer en enfer. Allah voit bien Ses fidèles serviteurs.
http://islamqa.info/fr/3793
L'Islam est une religion réaliste ne planant pas dans les airs de l'imagination et de l'idéalisme irréel. Il se tient au contraire avec l'homme sur la terre de la réalité vécue et ne traite pas les gens comme s'ils étaient des anges "aux ailes doubles, triples ou quadruples". Il les traite en tant qu'êtres humains consommant des aliments et circulant dans les marchés.
C'est pour cette raison qu'il n'exige pas des gens ce qu'il ne juge être de leur nature, à savoir ne parler que pour invoquer Dieu, ne se taire que pour méditer, ne prêter leur ouïe qu'au Coran et n'avoir leurs loisirs que dans la mosquée. Il les a uniquement reconnus selon leur propre nature et les instincts avec lesquels Dieu les a créés. Il les a créés sujets à la joie, à la distraction, au rire et à l'amusement, de même qu'Il les a créés mangeant et buvant.
Une heure suivie d'une autre heure
Les Compagnons du Prophète -sws- atteignirent une telle élévation d'esprit qu'ils jugèrent le sérieux le plus sévère et l'adoration permanente indispensables à leur religion. Ils se crurent tenus de tourner le dos à toute jouissance de la vie et à toutes les choses bonnes et pure de ce bas-monde. Ils ne connaissaient ni loisirs ni distractions, et leurs yeux et leurs pensées restaient plutôt pointées vers l'autre monde, vers ses notions éloignées de la vie et de ses loisirs.
Hanzala Al-Asidi était un éminent Compagnon du Prophète -sws- et l'un de ses secrétaires. Ecoutons ce récit qu'il nous a rapporté à son propre sujet :
"Abou Bakr m'a rencontré et m'a dit : "Comment te sens-tu ô Hanzala". Je dis : "Hanzala est devenu hypocrite". Il dit : "Qu'à Dieu ne plaise ! Que dis-tu là ?" Je dis : "Quand nous nous trouvons auprès du Messager de Dieu -sws-, il nous décrit l'Enfer et le Paradis au point que nous croyons les voir de nos propres yeux. Une fois sortis de chez lui, nous nous réjouissons de nos épouses, de nos enfants et de nos jardins, ainsi nous oublions beaucoup de choses !" Abou Bakr me dit : "Par Dieu ! C'est ce qui nous arrive à nous-mêmes". Hanzala ajouta : "Nous nous rendîmes, Abou Bakr et moi, chez le Messager de Dieu -sws- et je lui dis : "Ô Messager de Dieu ! Hanzala est devenu hypocrite". Il dit : "Comment donc ?" Je dis : "Ô Messager de Dieu ! Quand nous sommes chez toi, tu nous décris l'Enfer et le Paradis au point que nous croyons les voir de nos propres yeux. Une fois sortis de chez toi, nous nous réjouissons de nos épouses, de nos enfants et de nos jardins. Nous avons oublié beaucoup de choses". Le Messager de Dieu -sws- dit : "Par Celui qui tient mon âme entre Ses Mains, si vous persistiez dans l'état où vous êtes quand vous êtes chez moi et dans votre invocation de Dieu, les Anges viendraient vous serrer la main dans votre lit ou sur votre chemin. Mais ô Hanzala ! une heure suit une autre heure". Il répéta trois fois de suite : "une heure suit une autre heure". (Rapporté par Muslim)
Les coeurs finissent par se lasser
Ses Compagnons bons et purs étaient comme lui. Ils plaisantaient, riaient, s'amusaient et racontaient des histoires amusantes car ils savaient préserver la vie, répondre à l'appel de la nature et permettre aux coeurs d'avoir leur part légitime de repos et de distraction innocente, afin qu'ils soient mieux capables de poursuivre leur marche sur la voie du sérieux dont la route est bien longue.
'Ali Ibn Abi Talib (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : "Les coeurs finissent par se lasser comme se lassent les corps. Aussi recherchez pour les coeurs la rareté de la sagesse".
Il dit aussi : "Reposez les coeurs ; une heure de distraction après une heure de sérieux. Quand le coeur est astreint à ce qu'il n'aime pas, il devient aveugle".
Abou Ad-Darda' (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : "Je me détends avec ce qui est futile car la distraction m'aide dans le sérieux".
Il n'y a donc aucun mal à ce que le musulman plaisante ou se distrait avec ce qui détend le coeur. Il n'encourt aucun grief s'il repose son âme et celle de ses Compagnons par une distraction licite, à condition qu'il n'en fasse pas le but de sa vie, ni son caractère permanent. Il ne faut pas qu'il remplisse ses matinées et ses soirées de distractions, au point d'en oublier ses obligations et de plaisanter dans les situations sérieuses. Aussi a-t-on dit : "Que la quantité de l'esprit dans tes paroles soit celle du sel dans tes aliments".
De même, il n'est pas permis au musulman de faire de la dignité des gens et de leur honneur un objet de plaisanterie et de rire. Dieu Exalté a dit :
"Ô vous croyez ! Ne vous moquez pas les uns des autres, car il se peut que ceux qui sont tounés en dérision vaillent mieux que les railleurs" (Sourate 49, v.11)
Il ne faut pas non plus que son désir de faire rire les autres le pousse à dire des mensonges. Le Messager de Dieu -sws- a mis en garde contre cela en disant : "Malheur à celui qui tient des propos pour faire rire les gens et y mêle du mensonge. Malheur à lui ! Malheur à lui ! (Rapporté par At-Tirmidhi)
Cet article est extrait du livre "Al halal wa al haram" du sheikh Yûsuf Qaradhawi, aux éditions Al Qalam.
Le monde musulman a rencontré la science moderne, au XIXème siècle, sous la forme d’un double défi, à la fois matériel et intellectuel. La défense de l’empire ottoman face à la poussée militaire des pays occidentaux, puis le succès de la colonisation, ont rendu nécessaire l’acquisition de la technologie occidentale, et donc de la science qui en est la fondation. Cette pression de la science moderne sur l’islam demeure encore très forte.
L’Occident apparaît comme le modèle de progrès qu’il faut rattraper, ou au moins suivre, en formant techniciens et ingénieurs, et en assurant le transfert massif des technologies indispensables au développement. Mais la rencontre entre l’islam et la science moderne a surtout suscité une réflexion d’ordre philosophique et doctrinal, en quelque sorte provoquée par un événement inaugural, la fameuse conférence « L’Islamisme et la Science » donnée par Ernest Renan (1823—1892) à la Sorbonne en 1883. Dans la perspective positiviste qui était la sienne, Renan y critiquait l’incapacité radicale des musulmans à produire des découvertes scientifiques, et leur inaptitude supposée à la pensée rationnelle. Cette conférence fut ressentie comme une provocation par les intellectuels musulmans de l’époque qui étaient en contact avec l’intelligentsia occidentale.
Ces intellectuels, dont Jamâl-al-Dîn Al-Afghânî (1838—1897) fut le précurseur, défendirent alors l’idée que l’islam n’avait pas connu de rupture entre religion et science, alors que le christianisme, surtout le catholicisme, avait vécu une longue période de conflit avec celle-ci. Pour eux la science moderne n’est rien d’autre que la « science islamique » autrefois développée par le monde musulman de l’époque classique (celui des califats umayyade et abbasside), et finalement transmise à l’Occident, dans l’Espagne du XIIIème siècle, grâce à des traductions qui permirent ensuite la Renaissance et les Lumières. Pour ces intellectuels à l’origine du courant « moderniste » de l’islam, il n’y a rien de mauvais, en principe, dans la science. Seules les distorsions imposées à la science par la vision matérialiste et positiviste des philosophes et scientifiques anti-religieux de l’Occident demeurent inacceptables. La science moderne n’a pu naître dans le monde musulman, pourtant très avancé à une certaine époque, à cause des « superstitions » ajoutées à la religion d’origine, qui ont incité au fatalisme quiétiste plus qu’à l’action. A l’issue de cette prise de conscience de l’engourdissement (jumûd) des sociétés musulmanes, les modernistes appellent à la renaissance (nahdah), par la réforme (içlâh) de la pensée islamique.
Cette position, très répandue dans le monde musulman, pose un certain nombre de problèmes, que l’on peut résumer en disant qu’il s’agit de savoir si la réforme doit conduire à « moderniser l’islam » ou à « islamiser la modernité ».
Les intellectuels musulmans qui travaillent sur les rapports de la science et de la religion puisent leur réflexion dans l’épistémologie de l’islam. En effet, la tradition islamique insiste sur la recherche de la « connaissance » (‘ilm), un mot qui revient plus de 800 fois dans le Coran et dans de nombreuses traditions prophétiques comme « la recherche de la connaissance est une obligation religieuse », ou « cherchez la connaissance jusqu’en Chine ». Cette connaissance a trois aspects : le savoir religieux transmis par la révélation, la connaissance du monde acquise par l’investigation et la méditation, et enfin, le savoir d’ordre spirituel accordé par Dieu. Les différentes attitudes face au rapport entre science et religion procèdent des éclairages différents qui peuvent être donnés à ces trois aspects. C’est le même mot (âyât) qui désigne à la fois les signes de Dieu dans le cosmos et les versets du texte coranique. De nombreux passages, appelés « versets cosmiques » (âyât kawniyya) par les commentateurs, attirent l’attention du lecteur sur les phénomènes de la nature, où celui-ci doit apprendre à déchiffrer l’œuvre du Créateur. La perspective fondamentale de l’islam est celle de l’affirmation de l’unicité divine (tawhîd), qui assure l’unicité de la connaissance, dans la mesure où tout savoir véritable reconduit à Dieu. En conséquence, il ne saurait y avoir de désaccord entre les données produites par la connaissance du monde et celles qui sont apportées par la révélation, ni cette « double vérité » (duplex veritas) condamnée dans l’Occident médiéval et faussement attribuée aux philosophes musulmans.
L’idée fondamentale de l’unicité de la connaissance apparaît dans les positions de deux acteurs majeurs de l’histoire de la pensée musulmane, dont les œuvres sont encore très lues aujourd’hui. Abû Hâmid Al-Ghazâlî (1058—1111) défend, dans le Libérateur de l’erreur (al-Munqidh min ad-Dalâl), que la certitude rationnelle est accordée par don divin. S’il y a désaccord apparent entre les résultats de la falsafah (la philosophie et la science d’inspiration hellénique) et les enseignements de la tradition religieuse, c’est parce que les philosophes ont appliqué leur investigation en dehors de son domaine de validité, et ont été amenés à énoncer des propositions fausses. Abû-l-Walîd Muhammad Ibn Rushd (1126—1198) affirme, sous la forme du long avis jurisprudentiel (fatwâ) que constitue son livre Le Traité décisif (Kitâb Façli-l-Maqâl), que la pratique de la philosophie et de la science est une obligation religieuse canonique. Pour lui, s’il y a désaccord apparent entre philosophie et révélation, ce sont les textes religieux qui doivent être soumis à interprétation (ta’wîl), sous peine de tomber dans l’impiété en faisant dire à Dieu des choses manifestement fausses. Les différentes positions des musulmans contemporains face à la science se répartissent selon trois courants principaux, qui suivent toujours, d’une façon ou d’une autre, cette ligne de l’unité de la connaissance.
Le courant majoritaire considère, dans le sillage des réformistes des XIXème et XXème siècles, qu’il n’y a rien d’intrinsèquement mauvais dans la science. L’Occident, qui est actuellement le producteur des découvertes scientifiques, doit être blâmé seulement pour sa vision matérialiste et son indifférence à la morale. Ce que ce courant place sous le nom de science, ce sont essentiellement les sciences de la nature, et non les sciences humaines pénétrées des valeurs anti-religieuses de l’Occident. La science est considérée comme pourvoyeuse de « faits » qui, en eux-mêmes, sont complètement neutres. Ce qui manque à l’Occident, c’est le sens de l’éthique que certains scientifiques occidentaux ont manifesté de façon personnelle, mais qui n’apparaît pas assez, ou pas du tout, dans les sociétés occidentales. Ainsi de grands scientifiques, comme le prix Nobel de Physique (1979) Abdus Salam (1926—1996), ont-ils pu se faire les avocats du développement de la science moderne dans le monde islamique. Ces défenseurs de la science rappellent les heures glorieuses de la grande époque de la science en islam, énumèrent la longue liste des savants musulmans « oubliés de l’histoire », et cherchent à construire un futur en promouvant le rôle émancipateur de l’éducation. Ce courant connaît actuellement un essor considérable, tout en étant, en quelque sorte, détourné à des fins apologétiques. En 1976, un chirurgien français, Maurice Bucaille (1920—) publia La Bible, le Coran et la Science où il étudiait les écritures saintes « à la lumière des connaissances modernes », et concluait à l’authenticité du Coran, en raison « de la présence d’énoncés scientifiques qui, examinés à notre époque, apparaissent comme un défi à l’explication humaine ». L’intention initiale n’était pas d’aborder les rapports entre science et religion en islam, mais de prendre part au débat des orientalistes et islamologues contemporains sur le statut du Coran, en apportant des éléments en faveur de l’authenticité de celui-ci. Cette idée des « preuves scientifiques » de la vérité du Coran fut propagée dans le monde musulman par les nombreuses traductions du livre de M. Bucaille, et amplifiée au point d’occuper une place dominante dans l’apologétique actuelle, où le thème traditionnel de « l’inimitabilité du Coran » (i’jâz al-qur’ân) est complètement réinterprété dans cette perspective de la « science coranique ». Les « savants occidentaux » qui y sont mis en scène reconnaissent dans le Coran les dernières découvertes de la science moderne (cosmologie, embryologie, géophysique, météorologie, biologie), et affirment ainsi la vérité de l’islam. Ceux qui défendent cette position envisagent la science sans se préoccuper de sa vision du monde, ni de ses présupposés épistémologiques et méthodologiques. Certains vont même plus loin lorsque, en sollicitant le texte sacré pour produire des énoncés scientifiques quantitatifs, comme une mesure très précise de la vitesse de la lumière, ils prétendent fonder une « science islamique » sur des méthodes complètement nouvelles. Or, ainsi que le rappelle le physicien Pervez Hoodbhoy, dans son livre Islam and Science qui s’insurge contre un tel détournement, « specifying a set of moral and theological principles — no matter how elevated— does not permit one to build a new science from scratch ».Pour lui il n’y a qu’une seule façon de faire de la science, et la « science islamique » de la glorieuse époque n’était autre que la science universelle, pratiquée par des scientifiques appartenant à la civilisation arabo-islamique.
Le deuxième courant refuse cette idée de science universelle, et met l’accent sur la nécessité d’examiner les présupposés épistémologiques et méthodologiques de la science moderne d’origine occidentale, qui ne sauraient être acceptés en l’état par le monde musulman. Ce courant se fonde sur les critiques émanant de la philosophie et de l’histoire des sciences. Karl Popper (1902—1994), Thomas Kuhn (1922—1996), et Paul Feyerabend (1924—1994), ont contribué, chacun à sa manière, à questionner la notion de vérité scientifique, la nature de la méthode expérimentale, et l’indépendance des productions de la science par rapport à l’environnement culturel et social où celles-ci apparaissent. Dans un climat fortement marqué par le relativisme et l’anti-réalisme de la déconstruction post-moderne, les critiques musulmans de la science occidentale refusent l’idée selon laquelle il n’y aurait qu’une seule façon de faire de la science. Ils cherchent à fonder les principes d’une « science islamique », en enracinant la connaissance scientifique et l’activité technologique dans les idées de la tradition islamique et les valeurs de la loi religieuse (sharî’a), avec des nuances qui résultent des différences d’interprétation.
C’est ainsi que Isma’il Raji Al-Faruqi (1921—1986) a élaboré un programme d’islamisation de la connaissance, relayé par la fondation, en 1981, de l’International Institute of Islamic Thought, à la suite des expériences et réflexions de Musulmans travaillant dans les universités et les instituts de recherche d’Amérique du Nord. Ce programme est basé sur la constatation d’un malaise dans la communauté musulmane (umma), qui trouve son origine dans l’importation d’une vision du monde étrangère à la perspective islamique. Pour l’IIIT, l’islamisation de la connaissance est globale : elle part de la parole de Dieu qui peut et doit s’appliquer à toutes les sphères de l’activité humaine, dès lors que Dieu a créé l’homme comme son « représentant » ou « vice-régent sur terre » (khalîfat Allâh fî-l-ard). Les travaux de l’IIIT conçoivent un projet pour le développement de la pratique scientifique au sein d’une vision religieuse du monde et de la société. L’entreprise de l’IIIT vise d’ailleurs davantage les sciences humaines que les sciences de la nature, considérées comme plus neutres du point de vue méthodologique. D’autres intellectuels, comme Ziauddin Sardar (1951—) et les membres de l’école de pensée plus ou moins informelle dite ijmâlî (ainsi auto-désignée en référence à la vision « synthétique » qu’elle propose), sont aussi conscients de la « menace » que fait peser sur l’islam la vision du monde occidentale apportée par la science. Profondément influencés par l’analyse kuhnienne du développement scientifique, ils constatent que la science et la technologie venues d’Occident ne sont pas des activités neutres, mais participent d’un projet culturel, et deviennent un outil pour la propagation des intérêts idéologiques, politiques et économiques de l’Occident.
Pour importer la science et la technologie modernes en islam, il faut reconstruire les fondations épistémologiques de la science, dans la perspective d’interconnexion entre les différents domaines de la vie humaine qui est propre à l’islam. Sardar lui-même compare la position des ijmalis à celle d’Al-Ghazâlî. Le troisième courant de pensée islamique est marqué par une réflexion approfondie sur les fondements métaphysiques de la vision du monde proposée par la tradition islamique. Seyyed Hossein Nasr (1933—) y apparaît comme la figure la plus importante. Il défend le retour à la notion de Science Sacrée. Ce courant trouve sa source dans la critique du monde moderne proposée par le métaphysicien français René Guénon (1886—1951), puis par des auteurs dans le sillage de celui-ci, comme Frithjof Schuon (1907—1994) et Titus Burckhardt (1908—1984), tous musulmans d’origine occidentale. Guénon explique comment la civilisation occidentale moderne représente une anomalie, dans la mesure où elle est la seule civilisation de l’humanité à s’être développée sans se référer à la Transcendance. Guénon rappelle l’enseignement universel des religions et traditions de l’humanité, qui sont autant d’adaptations de la Tradition primordiale, d’essence métaphysique. La destinée de l’être humain est la connaissance d’ordre intellectuel des vérités éternelles, et non l’exploration des aspects quantitatifs du cosmos. Dans cette perspective, Nasr dénonce, non le malaise de la communauté musulmane, mais celui des sociétés occidentales, obsédées par le développement d’une connaissance scientifique ancrée dans une approche quantitative de la réalité, et par la domination de la nature qui aboutit à la destruction pure et simple de celle-ci. La position de Nasr et des autres défenseurs de ce courant traditionnel, que certains ont choisi d’appeler « pérennialiste » (par référence à la Sophia perennis dont ils sont les transmetteurs), s’ancre non seulement dans une critique de l’épistémologie occidentale, mais dans une remise en question profonde de la conception occidentale d’une réalité réduite à la seule matière. Les pérennialistes proposent une doctrine de la connaissance comme une succession d’épiphanies, où la vérité et la beauté apparaissent comme des aspects complémentaires de la même réalité ultime. Ils appellent de leurs vœux le rétablissement d’une vision spirituelle du monde, et la réhabilitation de la « science islamique » traditionnelle qui préservait l’harmonie de l’être dans la création. En revanche, les critiques de cette position radicale l’accusent d’un certain élitisme, et mettent en avant la difficulté à réaliser son programme dans les circonstances actuelles.
Les différents courants de la pensée musulmane contemporaine témoignent d’une activité de réflexion intense sur les rapports entre science et religion. Le monde universitaire musulman agit ici comme un melting pot où de nombreuses idées d’origine islamique ou occidentale sont ré-élaborées dans la recherche d’une synthèse. Les éléments fondamentaux restent ceux de la pensée islamique : l’affirmation répétée de l’unicité de Dieu qui unit à la fois la création et l’humanité, la nature ouverte du processus même d’acquisition de la connaissance du monde, qui est par essence illimité puisqu’il a pour origine et pour terme la connaissance de Dieu, l’étroite interconnexion de la connaissance et de l’éthique, enfin la responsabilité de l’homme sur terre en tant que vice-régent, qui doit user du monde sans en abuser et se comporter comme le bon jardinier dans le jardin. Par ailleurs, la métaphysique qui sous-tend l’épistémologie et l’éthique est profondément marquée par la dialectique du visible et de l’invisible. Les phénomènes y sont les signes de l’action divine dans le cosmos. Dieu est d’ailleurs présent dans le monde, dont il ne cesse de « renouveler la création » à chaque instant (tajdîd al-khalq). L’articulation de cette forme d’occasionalisme avec la causalité, dans le déterminisme et l’indéterminisme de la science moderne, reste encore à élaborer.
La réflexion critique sur l’élaboration même de la science, comme activité marquée par une culture, est maintenant bien inscrite dans le débat. En revanche, il faut constater que les derniers développements de la science contemporaine, notamment ceux qui concernent l’incomplétude en mathématique, l’incertitude en physique quantique, l’imprévisibilité en théorie du chaos, ainsi que les interrogations de la biologie sur l’évolution, et des neurosciences sur la conscience, n’ont sans doute pas été assez médités. Ces développements peuvent en effet fournir d’intéressantes pistes pour briser la vision réductionniste et scientiste du monde, et constituent une sorte de pierre de touche pour une métaphysique et une épistémologie qui puissent donner du sens à la science telle qu’elle se fait dans les laboratoires et instituts de recherche.
Il s’agit finalement de fournir un contenu au terme de « science islamique ». La question est la fois du domaine de l’éthique (personnelle et collective), de l’épistémologie, et de la Weltanschauung de nature métaphysique qu’elle présuppose. Chaque courant de pensée doit faire face, lors du passage de la théorie à la pratique, à des problèmes spécifiques qui résultent de sa position particulière, mais aussi des difficultés économiques et sociales du monde musulman. Il reste à savoir dans quelle mesure le projet le plus ambitieux, celui de la science islamique en tant que Science Sacrée, peut être plus qu’un regard nostalgique sur le passé, et passer au stade de la mise en œuvre effective par une élite intellectuelle et spirituelle. L’avenir de la contribution de la civilisation islamique au développement de la connaissance universelle dépend de la réponse qui sera donnée à cette question.
On interrogea un homme :
"Pourquoi souris-tu tout le temps, ris-tu beaucoup, et tu plaisantes souvent ?".
Il répondit :
"Pourquoi ne serais-je pas ainsi alors qu'Allah (qu'Il soit exalté) a dit :
{Dis : "[Ceci provient] de la grâce d'Allah et de Sa miséricorde ; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C'est bien mieux que tout ce qu'ils amassent"} [Jonas : 58].
Etant donné que nous vivons à chaque instant par la grâce d'Allah et Sa miséricorde, alors nous devons être joyeux et heureux tout le temps.
Le prophète (qu'Allah prie sur lui et le salue) n'a-t-il pas dit : (L'affaire du croyant est étonnante, toutes ses affaires sont un bien, et ce n'est pour personne sauf le croyant ; s'il lui arrive quelque chose qui le rend joyeux et qu'il remercie Allah, c'est un bien pour lui ; et s'il lui arrive un mal et qu'il patiente, c'est un bien pour lui).
Donc, le croyant vit dans le bien quelque soit ce qui lui arrive.
Et à quoi nous serviront la morosité et la tristesse ? Est-ce que cela nous ramènera quelque chose que nous avons perdu ? Est-ce que cela résoudra les problèmes dont nous souffrons ? Ou est-ce que cela nous fera vivre une vie idéale et nous allons nous promener dans des rêves roses qui ne sont présents que dans notre imagination ?!
Par conséquent, celui qui réfléchit avec sa raison ne sera jamais triste pour une chose à propos de laquelle la tristesse ne sert à rien, mais au contraire il réfléchira avec réalisme et positivisme à ce qu'il peut faire, et il ne sera pas entraîné par ses sentiments qui ne le conduisent que vers ce qui assouvit ses désirs et ses besoins temporaires.
Il est difficile que tu ne trouves pas quelque chose qui te rende joyeux, parce que chacun de nous a des bienfaits qu'il est incapable de remercier, alors ne sois pas parmi ceux qui sont distraits de ce qui est présent et recherchent ce qui est absent ; donc, ceux qui sont ainsi, ne seront jamais heureux, parce que quelque soit ce qu'ils prennent ou ce qu'ils possèdent, il y aura toujours quelque chose qui leur manque. Alors, la personne douée d'intelligence est contente de ce qui est présent et elle n'est pas attristée pour ce qu'elle n'a pas.
Et supposons que tu ne vois pas ce qui te rend joyeux, alors pourquoi ne serais-tu pas content de la joie des autres ? Tu purifieras ainsi ton cœur de la rancune et de la jalousie, et tu remplieras ton cœur de l'amour du bien pour les gens ; alors tu auras un cœur sain et une âme pure.
Lorsque tu es content de la joie et du bonheur des autres, tu augmentes les occasions d'être joyeux ; tandis que celui qui n'est content que pour lui-même, sa joie sera limitée.
Et celui qui est triste de la joie des autres, a besoin d'être soigné ; et il lui suffit comme traitement de savoir qu'en faisant cela, il s'est infligé à lui-même d'être toujours triste.
Et notre prophète (qu'Allah prie sur lui et le salue), malgré tous les soucis qu'il avait en appelant les gens à Allah (qu'Il soit exalté), souriait souvent, et plusieurs hadiths ont été rapportés dans lesquels il est mentionné : (Il rit jusqu'à ce ses dents apparurent).
Les malheurs ne sont pas résolus en pleurant sur le passé, en étant pessimistes sur l'avenir, en étant insouciants du présent dans lequel nous vivons, mais au contraire en tirant profit du passé, en étant optimistes et en ayant confiance dans l'avenir brillant, et en travaillant dans le présent et la réalité selon les capacités, en faisant l'équilibre entre l'idéalisme et la réalité, et entre ce qui est obligatoire et ce qui est possible ; donc, nous donnons de l'importance à l'idéalisme et nous ne sommes pas insouciants de la réalité, et nous faisons ce qui est obligatoire selon ce qui est possible de faire.
Et bénédictions et salutations d'Allah sur notre prophète Mohammed, sur les membres de sa famille et ses compagnons".
http://fr.islamtoday.net/node/18856
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité