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Histoire de L'Islam

L'Islam et les musulmans
La première chose qu'il convient de définir est le terme Islam. Nous pouvons affirmer que ce mot Islam n'est pas apparu après l'arrivée d'un homme ou l'accomplissement d'un phénomène. L'Islam est la véritable religion d'Allah (traduction en arabe du mot Dieu). En effet, c'est Dieu qui a choisit l'Islam, comme le montre le verset suivant :

Sourate 5, Verset 3
... Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. J'ai agréé l'Islam comme religion pour vous... Sourate 5, Verset 3

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L’Imâmat selon les croyances chiites


 

   Étymologiquement, "Imamat" en arabe désigne le fait que quelqu'un se met en avant pour que les gens le suivent et font ce qu'il fait ou l'imitent. L'imam est donc "l'imité" (moqtadâ) et ceux qui l'imitent s’appellent "moqtadî" ou "ma'moum".

l'Imamat, est comme la Prophétie, une Grâce (lutf) d'Allah. Par conséquent, il y a nécessairement, à toute époque, un Imam guidant qui succède au Prophète dans les fonctions de guider et d'orienter les gens vers la bonne Voie et la prospérité dans les deux mondes.

C'est pourquoi l'Imamat est la continuation de la Prophétie, et la preuve de la nécessité de l'envoi de Messagers et de Prophètes est la même pour succéder au Prophète.

Pour cette raison nous disons que l'Imam ne peut être désigné que par une Décret d'Allah communiqué par le Prophète . L'Imamat ne peut pas être le résultat d'une élection ou d'un choix fait par les gens.Alors que le Califat lui oui il peut etre choisis par éléction( l'Imamat et le Califat étant complémentaire)

Par conséquent, il n'est pas possible qu'une époque de l'histoire soit sans un Imam à qui les gens ont l'obligationt d'obéir et ce, peu importe qu'ils l'acceptent ou le refusent, qu'ils le soutiennent ou non, qu'ils lui obéissent ou non, qu'il soit physiquement présent ou en occulation, car de même qu'il est admis que le Saint Prophète Mohammad était demeuré hors de la vue des gens dans la grotte de Thawr ou dans le Chi`b (le passage montagneux) d'Abî Tâlib, de même il est admissible que l'Imam disparaisse de la vue des gens peu importe, rationnellement, que son occulation soit longue ou brève.

Nous croyons que l'Imamat est l'un des Principes fondamentaux de l'Islam et que le Musulman ne saurait compléter sa Foi sans croire en ce Principe. A ce sujet, il n'est pas permis qu'un Musulman se contente de suivre ses ancêtres, ses proches parents ou ses éducateurs, même s'ils jouissent d'une haute position de notoriété et d'honorabilité, car il est obligatoire pour le Musulman d'établir sa croyance en l'Imamat par des arguments et le raisonnement, exactement comme il le fait pour le Monothéisme et la Prophétie.


La philosophie de l’Imâmat selon les croyances chiites

"Si vous comptiez les bienfaits de Dieu, vous ne sauriez les dénombrer" (Coran ; 16:18)

Si le chiisme a fait l’objet d’attaques en tout genre au cours de son histoire, l’assaut le plus virulent qui lui fut adressé se situe sans doute au niveau du dogme : le rang qu’il accorde aux Imâms porterait atteinte à l’unicité et la seigneurie divines, tandis que le concept de wilâyat remettrait en cause le principe même de la fin de la prophétie scellée par Mohammad. Au sein des différentes écoles de l’islam, la critique est souvent formulée en ces termes : si Dieu a envoyé un prophète et révélé un livre qui se présente comme étant un "éclaircissement de toute chose" (16:89), pourquoi aurait-on besoin d’un Imâm ?

Au cours de cet article, nous allons évoquer plusieurs raisons qui, selon les chiites, justifient la nécessité de l’existence d’un légataire (wasî) et d’un successeur à la suite d’une révélation prophétique. Nous devons à ce titre rappeler qu’en tant que l’un des cinq principes fondamentaux du chiisme, l’Imâmat [1] n’est en premier lieu pas une affaire de foi mais d’intellect : le croyant doit d’abord accepter rationnellement la nécessité de l’existence d’un Imâm succédant à la prophétie avant de suivre une personne particulière revendiquant le titre d’Imâm. Cette dimension rationnelle à la source de l’existence de l’Imâmat a été évoquée dans l’article intitulé "Qu’est-ce que le chiisme ?" publié dans ce même numéro. Suivant une logique de complémentarité, le présent article vise à expliciter davantage les raisons justifiant l’existence des Imâms en nous basant notamment sur différents aspects de leur vie à la lumière du contexte historique de chaque époque.

Cette présentation permettra également de souligner l’ampleur du rôle dévolu à l’Imâm, couvrant des domaines aussi variés que l’exégèse, la cosmologie, la métaphysique mais aussi le droit, la politique, etc. ; cette diversité ne faisant que refléter les différentes dimensions de l’existence de l’Imâm, à la fois terrestre et extérieure (zâheri), mais aussi spirituelle et suprasensible (bâteni). Il faut enfin rappeler que selon un point de vue chiite, les Imâms sont des hommes parfaits et préservés de toute erreur, la plus haute manifestation des noms de Dieu sur terre. Toute pensée ou écrit à leur propos est donc condamné à ne saisir qu’un aspect limité de leur personnalité.


Rappeler et enraciner le message de la révélation

Après la mort d’un Prophète, l’une des premières missions de l’Imâm est de ne pas laisser dépérir l’élan spirituel de la jeune communauté musulmane, et de rappeler aux croyants l’esprit et les fondamentaux de la religion. Le but d’une religion est d’inviter l’homme à croire en l’invisible et à orienter l’ensemble de ses actes en vue d’un Au-delà imperceptible par les sens, élan qui demande à être accompagné, entretenu, pour ne pas retomber, et qui ne peut s’enraciner à l’échelle d’une société en seulement quelques décennies. D’un point de vue historique, avec l’arrivée de nouvelles générations n’ayant pas connu le Prophète, le message divin a connu de sérieuses déformations face aux nouveaux enjeux de pouvoir et à l’attrait des biens de ce monde, pour parfois n’être réduit qu’à une écorce vide. L’un des rôles fondamentaux de l’Imâm est donc de garder cet appel originel vivant, de l’enraciner dans l’esprit des gens, et de le préserver d’éventuelles déviations. Comme nous allons le voir, la mission des premiers Imâms ne fut pas seulement d’expliciter les principes fondamentaux de la religion tels que l’unicité de Dieu, l’existence d’un Au-delà… mais d’abord de les rappeler. [2] De nombreuses paroles de l’Imâm Sajjâd consacrées au simple rappel des principes de base de la religion tels que la résurrection et l’existence d’un Au-delà, laissent entendre à quel point les croyances étaient affaiblies moins de soixante ans après la mort du prophète Mohammad. A l’époque de l’Imâm Bâqer, les affaires religieuses demeuraient fortement négligées. Ibn ’Abbâs rapporte à ce propos qu’à la tribune de Basra, lors du sermon de la fin du mois de Ramadan, on rappela aux gens de donner l’aumône de leur jeûne (zakât al-fitra) [3], ces derniers ignorant ce principe essentiel scellant la fin de ce mois sacré. A la même époque, on rapporte que la majorité des croyants avait oublié les rites du pèlerinage à La Mecque , tandis que certains habitants de Shâm ignoraient le nombre de prières obligatoires.

Nous pouvons ici mieux cerner le rôle des Imâms comme "gens du rappel" et comprendre que sans eux, il ne serait sans doute pas resté grand-chose non seulement de l’esprit de l’islam, mais aussi des pratiques rituelles les plus élémentaires. Cette réalité a été confirmée par l’Imâm Bâqer, qui, à propos du verset suivant, "Nous n’avons envoyé avant toi que des hommes à qui Nous faisions des révélations. Interrogez les gens du Rappel, si vous ne savez pas." (21:7), souligne : "Nous sommes les gens du Rappel" , ou dit à propos de ce verset : "La permanence de Dieu est meilleure pour vous si vous êtres croyants" (11:86) : "Je suis la permanence de Dieu."

Outre le rappel du Coran, les Imâms ont également permis de revivifier différentes traditions du Prophète ayant été oubliées ou sciemment effacées par certains califes. Les Imâms Bâqer et Sâdeq ont aussi formé de très nombreux savants dans le domaine des sciences islamiques, permettant un enracinement et une diffusion sans précédent de la lettre et de l’esprit de la révélation. Ils eurent également un rôle essentiel dans l’explicitation des fondements du droit (usûl al-fiqh), lançant ainsi un vaste mouvement de recherche sur le plan juridique (ijtihâd) en donnant une assise solide au droit et en invitant ensuite les savants religieux à déduire par eux-mêmes des règlements de ces principes généraux.

Dévoiler les sens cachés du Coran et l’esprit de la révélation

La nécessité de l’existence d’un Imâm repose également sur une conception particulière de la révélation comme véhicule d’un message qui, loin de se limiter à sa seule signification apparente, comporte de multiples niveaux d’interprétation eux-mêmes fondés sur l’existence de sens ésotériques (butûn) allant jusqu’à soixante-dix ou plus, selon certains hadiths. D’un point de vue strictement rationnel, comment pourrait-on prétendre comprendre la parole de Dieu en quelques lectures et avec un intellect limité ? Comme le souligne Christian Bonaud en reprenant les propos de Mollâ Sadrâ, "la plupart des intellectuels sont déjà incapables de lire les livres d’Aristote et de Platon et de comprendre les propos de philosophes tels qu’Avicenne ou Farabi : comment pourraient-ils alors avoir la science du Coran, alors que c’est un Livre rempli de symboles, de significations ésotériques et de versets ambigus apparemment contradictoires et qui exigent d’être interprétés ?"  Le contenu du Coran demande donc à être interprété et son esprit profond dégagé par des êtres qui non seulement le connaissent parfaitement, mais dont l’existence est la manifestation même de ces significations.

Selon le chiisme, les Imâms sont les acteurs de cette interprétation, d’où leur qualificatif de "Coran parlant" (qor’ân nâteq). Après la période de la Révélation (tanzil), les Imâms sont désormais ceux qui assurent le ta’wîl , c’est-à-dire la reconduction du sens apparent du Coran aux sens originels et ésotériques. La présence de l’Imâm permet donc de faire une lecture à la fois juste et profonde du Coran, et de ne pas tomber dans le piège de certaines interprétations littérales pouvant aboutir à de l’anthropomorphisme (tashbih). Il préserve la vérité spirituelle de la religion sans laquelle cette dernière ne devient qu’une écorce vide se limitant à des rites extérieurs. La présence de l’Imâm comme "herméneute du Livre" permet ainsi de concilier l’aspect littéral et apparent (zâher) avec l’aspect profond et ésotérique (bâten) de la religion sans sacrifier aucune de ces dimensions  et en gardant un équilibre permanent entre les deux.

L’un des aspects important de cette mission est d’expliquer le sens profond de certaines obligations religieuses et légales. Concernant l’aumône légale (zakât), l’Imâm ’Ali souligne que loin de se limiter à un don matériel, la zakât embrasse en réalité l’ensemble des aspects de la vie humaine : la zakât de la puissance est l’équité , la zakât de la beauté est la chasteté, celle de la santé est l’effort dans l’obéissance à Dieu  tandis que la zakât du corps est le jeûne . L’Imâm Sâdeq rappelle également que la zakât savoir est de l’enseigner à ceux qui s’y consacrent. Les Imâms expliquent aussi les effets invisibles de certains piliers de la foi, tels que la prière : "Si à proximité de l’un de vous se trouvait un fleuve qui lui permettrait de s’y laver cinq fois par jour, resterait-il des souillures sur son corps ? En vérité, la prière est comme le fleuve qui purifie. Ainsi, à chaque fois que quelqu’un s’acquitte d’une prière, elle purifie des péchés, sauf le péché qui l’a éloigné de la foi et qu’il continue de perpétrer."  ; "Si celui qui prie savait ce qui l’enveloppe de la majesté de Dieu, il ne souhaiterait pas relever sa tête de la prosternation", ou le jeûne : "Le sommeil de celui qui jeûne est une adoration, son silence est une louange, son acte est agréé et son invocation est exaucée."  L’Imâm Sâdeq vient rappeler, selon le même principe que l’aumône, qu’il ne faut pas limiter le jeûne au simple fait de s’abstenir de nourriture : "Si tu jeûnes, fais en sorte que ton ouïe, tes cheveux et ta peau jeûnent." Il énuméra d’autres parties du corps puis dit : "Le jour de ton jeûne ne doit pas ressembler au jour où tu ne jeûnes pas."  Les Imâms viennent également éclaircir certaines raisons de son obligation : "C’est pour que le riche ressente la douleur de la faim et soit ainsi généreux envers le pauvre."

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Préserver l’islam des déviations multiples et distinguer le vrai du faux

Sous le règne des califes omeyyades puis abbassides, les Imâms eurent un rôle de premier plan pour préserver l’islam de multiples interprétations déviationnistes, alors que de vastes politiques de corruption étaient mises en place afin de favoriser l’apparition de diverses sectes destinées à semer la confusion dans les esprits ou à servir d’arme idéologique du régime. La majorité des califes s’efforçait de gagner la sympathie des personnalités religieuses importantes en leur offrant argent, biens… pour ensuite leur demander de forger des hadiths ou de décréter des fatwas en vue de justifier leur politique du moment. Dans ce contexte, les Imâms se virent conférer un rôle central dans la réfutation de ces différentes écoles au moyen de débats et controverses avec leurs savants , tout en mettant en garde des dangers issus de tout raisonnement personnel basé sur l’analogie.

Ces déviations concernaient les domaines juridique, exégétique, théologique… A titre d’exemple, le courant jabbarite, largement appuyé par les Omeyyades, prônait l’existence d’un déterminisme divin absolu – idée fondamentalement en désaccord avec la liberté de l’homme défendue par les chiites -, idéologie qui justifiait une soumission aveugle à tout pouvoir quel qu’il soit et décourageait toute idée de rébellion car sur cette base, le fait qu’un dirigeant injuste tienne les rênes du pouvoir n’est que le reflet d’une volonté divine implacable à laquelle il est inutile de s’opposer. Nous pouvons également citer la secte des Murji’ites apparue à l’époque de l’Imâm Sâdeq qui soutenait qu’il était impossible d’émettre le moindre jugement en ce monde et de savoir si telle personne irait au Paradis ou en Enfer. Cette logique, entraînant une absence totale de jugement à propos des pires agissements, permettait de justifier la débauche du pouvoir.

Les Imâms ont aussi mené une vaste entreprise de réfutation des faux hadiths, tout en donnant des critères généraux permettant à chaque croyant de distinguer lui-même le vrai du faux. S’ils sont un rappel, les Imâms ont également été comparés à l’arche de Noé ou à une ancre permettant de ne pas perdre totalement le cap dans la tempête. Dans ce sens, en commentant ce verset "Ainsi que des points de repères. Et au moyen des étoiles, [les gens] se guident." (16:16), l’Imâm Rezâ a dit : "Nous sommes ces points de repères, et l’étoile, c’est le Messager de Dieu."

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Pèlerins au sanctuaire de l’Imâm Hossein, Karbalâ

Distinguer ce qui est sacré de ce qui ne l’est pas en vivant l’islam à différentes époques

Une autre raison justifiant la présence des Imâms est de permettre au croyant d’apprendre à vivre sa religion dans différents contextes historiques, et de distinguer ce qui est inchangeable quel que soit le contexte de ce qui peut être sujet à adaptation. Ce rôle permet à la fois de ne pas sacraliser certaines pratiques qui ne le sont pas, et de ne pas réduire à un contexte historique, et donc mettre de côté, ce qui a une portée permanente. De par leur façon de vivre l’islam dans des conditions différentes – la liberté et l’oppression, l’opulence et la pauvreté, etc. -, les Imâms invitent à séparer l’essence de l’écorce, et à saisir l’esprit profond de certaines règles susceptibles d’être appliquées de différentes manières selon l’époque.

A titre d’exemple, on reprocha un jour à l’Imâm Sâdeq de porter de beaux vêtements, alors que l’Imâm ’Ali  portait en son temps des vêtements rudes et élimés. Il répondit : "’Alî, fils d’Abî Tâleb s’habillait ainsi à une époque où on ne protestait pas et s’il s’habillait ainsi aujourd’hui, il se ferait dénigrer. Le meilleur des vêtements de chaque époque est le vêtement des gens de l’époque." L’Imâm Sâdeq réfute ici l’idée d’une sacralité des vêtements humbles en soulignant que les croyants se doivent de vivre dans les mêmes conditions matérielles que la majorité des gens : son habillement peut donc évoluer lorsqu’une époque est plus prospère.

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Sanctuaire de l’Imâm ’Ali, Najaf

Cette même logique peut s’appliquer à propos de certains principes évoqués par le Coran, tels que le nécessité de se prémunir contre toute attaque éventuelle d’un ennemi : "Et préparez contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi de Dieu et le vôtre" (8:60) Ce verset pose le principe général de la dissuasion préventive destiné à éviter tout combat, et précise concrètement que cela passe par l’acquisition de chevaux. Selon la logique évoquée précédemment, nous comprenons que ce principe général, c’est-à-dire apparaître fort face à un ennemi pour le dissuader de toute attaque, est inaltérable. Néanmoins, sa mise en œuvre est susceptible d’évoluer selon les époques : les chevaux sont remplacés par des armes plus sophistiquées, etc.

En tant que Coran parlant, l’Imâm a ici un rôle essentiel pour dégager l’esprit d’un principe et permettre l’évolution harmonieuse de la religion au cours de l’histoire, en la préservant à la fois d’une fossilisation et d’ "adaptations" susceptibles de remettre en cause sa vérité profonde.

Poursuivre le but de la prophétie dans l’instauration d’une société islamique juste

Le Coran évoque clairement que l’un des buts de la prophétie est d’instaurer une société juste et équitable : "Nous avons envoyé Nos messagers avec des preuves évidentes, et nous avons fait descendre avec eux le Livre et la Balance afin que les hommes observent l’équité" (57:25). L’Imâmat n’étant que le prolongement de la prophétie, la mission des Imâms consiste aussi à réformer les gens ainsi qu’à préparer le terrain à l’instauration de la meilleure organisation possible de la société ; organisation devant offrir le meilleur cadre possible à l’épanouissement des potentialités spirituelles de chacun.

Le refus de l’Imâm Hossein de se soumettre à un pouvoir injuste a également enraciné un esprit révolutionnaire tout en insistant, contre les écoles déterministes qui fleuriront par la suite, que l’homme est maître de son destin : il lui appartient donc de se dresser contre l’oppression et d’édifier la société dans laquelle il souhaite vivre.

A chaque époque, les Imâms se sont efforcés chacun à leur manière d’opérer un redressement moral de la société face au développement de la débauche des dynasties omeyyade et abbasside en insistant sur l’importance du bon comportement, de la générosité, en rappelant les interdits… tout en menant eux-mêmes une vie basée sur la piété, le respect de l’autre, l’aide aux pauvres, et la bonté en toutes circonstances. Leur mode de vie est donc lui-même un rappel de l’ensemble de ces principes et de ce que doit être la vie d’un croyant. Par conséquent, outre le fait de donner une vision juste de l’islam sur le plan théorique, la mission des Imâms a également une dimension éminemment pratique, en rappelant le sens profond de chaque acte qui doit être orienté vers Dieu. Un grand nombre de hadiths nous sont rapportés à ce sujet. A titre d’exemple, lorsqu’un mendiant arrivait, l’Imâm Sajjâd s’exclamait : "Bienvenue à celui qui porte mes provisions pour l’Au-delà." , tout en invitant les gens à ne pas commettre d’injustice sur terre et à être satisfaits de ce qu’ils détiennent : "Celui à qui suffit ce que Dieu lui a imparti est le plus riche des hommes."  ; "Ne craignez pas l’injustice de votre Seigneur, craignez surtout votre propre injustice envers vous-même."  Dans cette optique, les Imâms invitaient également à se détacher de ce monde : "Considère le monde d’ici-bas comme une maison où tu as habité et de laquelle tu as déménagé, où comme de l’argent que tu as possédé dans un rêve et que tu as perdu à ton réveil. En vérité, je te donne ces exemples car chez les gens de savoir et de connaissance en Dieu, le monde d’ici-bas est comme l’ombre."

Mettre en relief un aspect de la religion et de la vérité divine à chaque époque

Si les Imâms sont une "lumière unique" ayant une même mission, les particularités existentielles de chacun d’entre eux alliées au changement des circonstances historiques ont permis la manifestation d’un aspect plus particulier de l’Imâmat et, partant, de la religion. Le califat de l’Imâm ’Ali a permis de mettre en relief la dimension politique de l’Imâmat fondé sur l’instauration de la justice, l’Imâmat de l’Imâm Hassan la patience face aux vicissitudes du temps, tandis que le martyre de l’Imâm Hossein a révélé la dimension révolutionnaire de l’Imâmat et son refus de toute compromission avec un pouvoir corrompu. La vie et les invocations de l’Imâm Sajjâd mettent quant à elles davantage en relief la dimension spirituelle de l’Imâmat, tandis qu’avec les Imâms Bâqer et Sâdeq, sa dimension intellectuelle, juridique et organisationnelle est affirmée. Ces différents aspects révèlent que certaines choses, comme par exemple l’opposition ouverte contre un pouvoir tyrannique, peut, selon les circonstances, être obligatoire, permise ou interdite. Le comportement de l’Imâm de chaque époque donne au croyant des clés lui permettant de saisir ces subtilités dans des contextes différents et d’agir au mieux selon les circonstances de sa propre époque.


La présence de l’Imâm comme Argument et Face de Dieu en ce monde

Selon le chiisme, le but visé par l’islam est actualisé dans ce monde même au travers d’une personne : celle de l’Imâm, qui est l’Argument de Dieu auprès de Ses créatures en ce qu’il leur montre ce à quoi doit mener l’ensemble des prescriptions de la religion. En outre, le principe de la justice divine exige que la terre ne soit jamais dépourvue d’un intermédiaire entre Dieu et les hommes qui les guide et par lequel l’erreur puisse être distinguée du vrai.  La prière de la lamentation (do’a-ye nodbeh) de l’Imâm Sâdeq résume parfaitement cette dimension de l’Imâmat : "A chacun [des prophètes] Tu [Dieu] donnas une Loi et traças une voie, et Tu choisis pour lui des Successeurs nommés, dépositaires vigilants succédant l’un à l’autre, époque après époque, pour maintenir Ta religion et servir d’Arguments envers Tes serviteurs, afin que la vérité ne cesse d’être établie, que sur ceux qui la suivent l’erreur n’ait point d’emprise et que nul n’aille dire : "Que n’as-Tu envoyé vers nous un messager venant [nous] avertir et établi pour nous un signe qui [nous] guide, de sorte que nous aurions suivi Tes [versets et Tes] signes avant que de connaître l’opprobre et l’infamie !"(Coran, 20:134)"

L’Imâm est un véritable lien entre le spirituel et le terrestre, "Lieu-tenant" (khalifa)  de Dieu en ce monde et manifestation des perfections divines à l’homme : "Le regard qui est simultanément Dieu regardant l’homme et l’homme regardant Dieu, c’est cela l’Imâm, comme pôle mystique, comme Face de Dieu vers l’homme et Face de l’homme vers Dieu. C’est la raison pour laquelle nos ésotéristes répètent que sans ce pôle mystique, l’humanité ne pourrait persévérer dans l’être. L’idée shî’ite révèle ici à la fois sa profondeur métaphysique et sa fructification immédiate en expérience spirituelle." [

L’Imâm comme source de la permanence de ce monde

Ainsi, outre son tutorat juridique et sur le plan des croyances (wilâyat tashri’i), la présence des Imâms sur terre a également une dimension ontologique appelée wilâyat takwini. Cette dimension permet la permanence même du monde et de ses habitants, car sans un Argument divin manifestant le but de la création et par lequel l’homme établit un lien avec son Créateur, ce monde n’aurait plus lieu d’être : "Si la terre se vidait de l’Argument, elle disparaîtrait avec tous ses habitants."  Pour reprendre les mots de Henry Corbin, "la Terre ne peut jamais être privée d’un Imâm, fût-il caché et invisible, parce qu’elle serait alors sans communication avec le Ciel ; l’Imâm est le pôle mystique ; s’il cessait d’exister, l’humanité se saurait persévérer dans l’être."

Cette dimension s’enracine dans la double réalité de l’Imâm à la fois comme personnage historique et réalité métaphysique : selon cette seconde dimension, les Imâms sont considérés comme étant les manifestations (mazhar) d’une théophanie primordiale divine créée de toute éternité – celle des Quatorze immaculés incluant le Prophète Mohammad, sa fille Fâtima, et les Douze Imâms – qui fut et constitue le support des Noms et Attributs divins. Leur réalité profonde a donc une dimension cosmique et révèle la correspondance étroite entre univers spirituels et visibles – les Imâms étant la manifestation de ces Noms en ce monde et ce qui lui donne sa raison d’être.

L’Imâm est donc, comme nous l’avons évoqué, un "pont entre ciel et terre" permettant à la miséricorde divine d’embrasser le monde. Cet aspect nous permet de saisir le sens de la réponse de l’Imâm Bâqer lorsqu’on lui demanda à quoi servait l’Imâm : "Pour que le monde reste en bon ordre ! Et cela parce que Dieu Tout-Puissant suspend le châtiment pour les habitants de la terre s’il s’y trouve sur terre un Prophète ou un Imâm. Dieu Tout Puissant a dit : "Mais Dieu ne veut pas les châtier alors que tu es au milieu d’eux" (8:3). […] Par eux Dieu pourvoit aux besoins de Ses serviteurs ; par eux Ses pays sont construits ; par eux descend la pluie du ciel ; par eux sortent les bénédictions de la terre ; par eux est accordé un délai aux pêcheurs et [par eux] n’est pas précipité contre eux le châtiment, ainsi que la torture."


De nombreux textes de ziyârat  adressés aux Imâms attestent de cette réalité : "Par vous, Dieu a commencé et par vous, Il va clore. Par vous, Il fait descendre la pluie et par vous, Il retient le ciel et l’empêche de tomber sur la terre, sauf avec Son autorisation. Par vous, Il dissipe les soucis et soulage de la misère, auprès de vous se trouve ce qu’ont révélé Ses Messagers et ce qu’ont descendu Ses Anges."

Selon la même logique, et comme le rappelle un hadith de l’Imâm Rezâ, les Imâms sont la clé de l’exaucement des prières : "Lorsque vous faites face à une difficulté, demandez de l’aide à Dieu par notre intermédiaire. C’est la parole même de Dieu qui a dit : "C’est à Dieu qu’appartiennent les noms les plus beaux. Invoquez-Le par ces noms" (7:180) ; J’en jure par Dieu, ce sont nous qui sommes les noms les plus beaux de Dieu, l’invocation d’une personne ne sera exaucée que par notre connaissance."

Approfondir sa connaissance de Dieu

Les enseignements légués par les Imâms regorgent d’explications subtiles sur des questions aussi complexes que celles de l’Unicité divine : "Celui qui L’a décrit L’a limité, et celui qui L’a limité l’a compté , celui qui L’a compté a infirmé Son éternité. Celui qui demande : "Comment est-Il ?" L’aura décrit, et celui qui demande : "Où est-Il ?" L’aura situé dans un lieu particulier." , mais aussi sur la prophétie, le lien unissant l’homme à Dieu… : "Celui qui veut avoir une idée de sa considération auprès de Dieu, qu’il observe la considération qu’il donne à Dieu en lui, car Dieu donne à son serviteur la même considération que le serviteur donne à Dieu dans son âme."  ; "Celui qui se connaît, connaît son Dieu."  ; "Vous êtes redevables de mille remerciements obligatoires à chacun de vos souffles, et même de davantage."

Ces enseignements permettent de faire prendre conscience à l’homme de l’infinie bonté divine, tout en lui donnant une vision du monde basée sur l’unicité (tawhid) ainsi qu’un cadre de pensée sur la base de laquelle fonder sa réflexion et agir. Dans ce sens, l’invocation de l’Imâm Hossein le jour de ’Arafat contient des trésors d’unicité mis à la disposition de tous les croyants, et exprime avec une subtilité extrême la relation de Dieu au monde : "Quand as-Tu disparu pour que Tu aies besoin d’un indice qui te signale ? Quand T’es-tu éloigné pour que ce soient les traces, elles, qui me conduisent à Toi ? Aveugle l’œil qui ne Te voit pas."

En tant que manifestation la plus parfaite des différents Noms de Dieu, l’existence même de l’Imâm permet aux hommes de mieux connaître leur Créateur : "Connaît Dieu Tout-Puissant et L’adore, celui qui connaît son Imam [venant] de nous, Ahl al-Bayt. Celui qui ne connaît pas Dieu Tout-Puissant ni ne connaît son Imâm de nous, Ahl al-Bayt, alors il connaît et adore un autre que Dieu".  Cette réalité ne remet pas en cause la transcendance divine, les Imâms insistant eux-mêmes dans de nombreux hadiths qu’ils sont avant tout des serviteurs (’ibâd) tenant l’ensemble de leurs perfections de Dieu et se situant dans une relation de dépendance absolue par rapport à Lui.

Apprendre au croyant à construire sa relation avec Dieu

Outre les milliers de hadiths qui constituent de véritables trésors spirituels, les Imâms, et plus particulièrement l’Imâm Sajjâd, ont légué un grand nombre d’invocations d’une beauté et d’une profondeur uniques. Ces invocations enseignent au croyant comment s’adresser à Dieu, ce qu’Il faut Lui demander, lui apprennent à construire une relation avec Dieu, tout en dévoilant certains mystères de la Création et du lien unissant le croyant à son Créateur. Certaines de ces invocations peuvent ainsi être considérées comme de véritables traités gnostiques.

De par leur comportement, les Imâms apprennent aux croyants l’état d’esprit qu’il faut s’efforcer d’atteindre lorsque l’on veut s’adresser à Dieu. On rapporte que lorsqu’il allait faire ses ablutions en vue de la prière, l’Imâm Sajjâd devenait jaune et se mettait à trembler. Quand on lui en demandait la raison, il disait : "Savez-vous devant Qui je m’apprête à me tenir debout ?"

De nombreux hadiths renouvellent le message de pardon et de miséricorde de l’islam, et invitent le croyant à sans cesse s’adresser à Dieu et revenir vers Lui : "[…] Si vous ne faisiez pas de péchés pour que vous demandiez pardon à Dieu, Dieu aurait créé des créatures pour qu’elles fassent des péchés, puis demandent pardon à Dieu. Dieu leur pardonnerait alors. Le croyant est celui qui est mis à l’épreuve, qui revient sans cesse [à Dieu]. Vous n’avez pas entendu la parole de Dieu "Dieu aime ceux qui reviennent sans cesse à Lui et Il aime ceux qui se purifient" (2:222) et "Demandez pardon à Dieu, puis revenez à Lui" (9:3)."  Dans ce sillage, l’Imâm Hossein évoque que "Si le serviteur savait à Qui il fait ses confidences, il ne cesserait pas."

Le rôle de l’Imâm pour le croyant d’aujourd’hui

On pourrait nous objecter que certains aspects abordés concernant le rôle des Imâms se raportent à une époque révolue, celle précédant l’occultation du Douzième Imâm et lorsque le croyant pouvait avoir un contact direct avec les Imâms. Or, il n’en est rien : tout d’abord parce que selon les croyances chiites, le Douzième Imâm demeure présent sur cette terre. Sur la base de sa wilâyat-e takwini  , il guide intérieurement les croyants désireux de se rapprocher de Dieu et peut parfois se manifester à eux en rêve ou, plus rarement, dans la réalité. En outre, bien qu’ils n’aient plus de présence physique en ce monde, les onze autres Imâms n’en sont pas moins considérés comme vivants, et la visite de leur sanctuaire demeure une source de vivification de l’âme et un "chemin" vers Dieu. Ainsi, même après leur mort apparente, la présence et l’amour envers les Imâms demeurent à la source d’effets spirituels intarissables, suscitant des élans uniques de générosité, de courage, d’abnégation… du don de sa personne pour défendre une noble cause à celui de ses biens sous forme de waqf  au bénéfice d’un sanctuaire, ou plus simplement au travers de la préparation d’un repas d’offrande en souvenir d’une naissance ou d’un martyre d’Imâm… Enfin, la portée des enseignements des Imâms, compilés dans de nombreux ouvrages, n’est pas limitée à une époque particulière : elle demeure une source de sagesse qui nourrit la pensée et la foi de tout croyant d’hier et d’aujourd’hui. L’ensemble de ces dimensions permet dès lors de mieux comprendre la portée du verset coranique révélé au sujet de la désignation de l’Imâm ’Ali comme successeur du prophète Mohammad qui ouvrit un nouveau cycle spirituel, celui de la wilâyat et de l’accomplissement du sens profond de la révélation : "Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait." (5:3)

http://www.islamopedia.fr/pages/qu-est-ce-que-l-islam/presentation-de-l-imamat.html

http://www.teheran.ir/spip.php?article1486

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LE CHANGEMENT DE KIBLAH

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         Lorsque Allah ordonna pour la première fois au Saint Prophète (s) et aux Musulmans de prier quotidiennement, Il demanda à ce qu’ils le fassent en se tournant face au Baytoul Moukaddass (Jerusalem). Cette pratique fut conduite à la Mecque et perdura à Médine jusqu’au 17ème mois après l’Hégire.

 

         A Médine, les Juifs aussi priaient face au Baytoul Moukaddass. Ils n’appréciaient pas le fait que les Musulmans aient le même Kiblah qu’eux, et utilisaient cet aspect pour discréditer l’Islam et le Saint Prophète (s).  Ils disaient aux Musulmans: “Mouhammad dit avoir une religion dont les lois surpassent toutes les lois précédentes, mais il n’a pas un Kiblah à part, et prie face au Kiblah des Juifs.”

 

         Après avoir eu écho de la chose, le Saint Prophète (s) avait l’habitude de sortir dans la nuit et d’observer le ciel attendant une révélation d’Allah sur la question. Le verset suivant naquit à cet instant: 

 

          Certes nous te voyons tourner le visage en tous sens dans le ciel. Nous te faisons donc orienter vers une direction qui te plaît...

                                                                          Sourate al-Baqarah, 2:144

 

         Le fait que le Kiblah fut le même que celui des Juifs était aussi un moyen de tester la foi des gens. La véritable foi des croyants apparaîtrait selon qu’ils acceptent ou refusent de se tourner vers le nouveau Kiblah choisi par Allah. Cela est confirmé dans le Saint  Coran au verset suivant :

 

          Et Nous n'avions établi le Kiblah vers lequel tu te tournais que pour savoir qui suit le Prophète et qui s'en retourne sur ses talons. C'était un changement difficile, mais pas pour ceux qu'Allah guide…

                                                                        Sourate al-Baqarah, 2:143   

 

 

         Un jour, alors que le Saint Prophète (s) et les autres Musulmans priaient ensemble, Allah ordonna à ce qu’on change d’orientation, du Baytoul  Moukaddass vers la Sainte Ka’ba à la Mecque. Alors que le Saint Prophète (s) avait fini ses deux rakà’at de la prière de midi, l’Ange Djibraïl (a) lui fit part de l’ordre d’Allah. 

 

         Il prit la main du Saint Prophète (s) et le tourna vers la Sainte Ka’ba, le Masdjidoul Haraam de la Mecque. Le Saint Prophète (s) changea aussitôt de direction au milieu de son Namaz. Imam Ali (a) fit aussitôt de même. Les autres Musulmans furent perdus et seuls certains suivirent l’exemple d’Imam Ali (a). 

 

         La mosquée où ceci eut lieu est appelée “Masdjidé Zoul Kiblatayn”, c’est-à-dire “La Mosquée aux deux Kiblas”. Cette mosquée existe encore à Médine de nos jours.

 

         Grâce aux instruments modernes et à la science, nous pouvons localiser précisément Médine à une latitude de 24° et une longitude de 39° ; le Kiblah se trouve donc à 45° au sud de Médine.

 

         Le Saint Prophète (s) se tourna vers le nouveau Kiblah sans hésitation. L’ancien et le nouveau Kiblah sont encore visibles de notre temps au Masdjidé Zoul Kiblatayn. C’est un miracle de la part du Saint Prophète (s) qu’il se soit tourné exactement vers la Sainte Ka’ba sans faire usage d’aucun instrument scientifique ni faire de calcul. 

 

         La Sainte Ka’ba qui sert de Kiblah à tous les Musulmans aujourd’hui a toujours été respectée par les Arabes, et ce, même avant le Saint Prophète (s). Ce Kiblah allait donc servir à attirer plus d’Arabes vers l’Islam.

http://www.albouraq.org/histoire/chgmnt_kibla.htm

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Omar Ibn Al-Khattab:le calife juste

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Le séparateur entre le bien et le mal, la justice et l'injustice.
Entre l'équité et l'iniquité, la légalité et l'illégalité, l'honneur et le déshonneur,
La vertu et le vice, l'honnêteté et la malhonnêteté, entre la dignité et l'indignité

Selon Abou Houreira qu'Allah l'agrée, le Messager d'Allah - Que la Paix et la Bénédiction soient sur lui - a dit :

« Parmi ceux qui vous ont précédés des fils d'Israël, il y eut des hommes qui n'étaient pas des prophètes, mais auxquels Allah a adressé la parole. S'il devait y en avoir dans ma communauté, ce serait Omar ! »

[ Rapporté par Al-Boukhari ]

Sa généalogie

Il est Omar Ibn Al-Khattab Ibn Noufail Ibn Abd Al-Ouzza Ibn iyah Ibn Abd-Allah Ibn Qourt Ibn Rizah Ibn Adi Ibn Kaâb Ibn Louâay- Ibn Ghaâlib Al-Qoreïchi Al-'Adwi.

L'imam An-Nawawi - qu'Allah ait son âme - a rapporté qu'il était né l'an 570-577 après Jésus Christ.
Omar - qu'Allah soit satisfait de lui - a dit pour sa part qu'il était né 4 ans après la grande guerre des mécréants. Donc on peut fixer l'année de sa naissance aux alentours de 581 après Jésus Christ que le salut soit sur lui.

Son père, Al-Khattab, était l'un des chefs les plus redoutés et les plus respectés, bien qu'il ne soit pas un riche notable.

Le prénom de sa mère était Hintima bent Hachim ben Al Moughira des Banou Makhzoum.
Il faisait partie des familles les plus illustres du clan des Banou 'Adi, qui avaient les charges d'arbitrage, de médiation et d'ambassade et cela au cours de la période préislamique.

Sa vie

Etant jeune, Omar faisait paître leur bétail et celui de ses tantes paternelles. Devenu grand, il s'occupa du commerce, déplacements fréquents au Cham (qui englobait la Jordanie, la Palestine, la Syrie et le Liban).

Il n'était pas riche, par contre sa sévère personnalité inspirait crainte et respect. Il fut un grand sportif réputé pour sa souplesse, cavalier émérite. Il participa à de nombreux tournois de lutte dans la foire d'Okaz. Il faisait partie de l'élite de Qoreich, sachant lire et écrire il était ambidextre, ayant une voix résonnante et puissante; Il était très sage et d'une lucidité surprenante.

Omar fut surnommé Abou Hafç "le père du lionceau", donc le lion, Omar a rapporté que c'était le Prophète lui-même, qu'il lui avait donné ce surnom. En effet, l'Envoyé d'Allah l'interpella un jour : «Tu veux tuer l'oncle de ton Prophète (Abou Lahab l'ennemi de l'Islam) ?» Omar lui répondit : " En effet, Ô Messager d'Allah !"
Alors le Prophète lui dit : «Non ! Je ne veux pas que l'on dise que Mohammed tue ses parents !»
C'est à cette occasion que le Messager d'Allah le surnomma "Abou Hafç." Le père du lionceau.

Grâce à son savoir, son intelligence, sa clairvoyance et son ouverture d'esprit, il créa une extraordinaire structure administrative qui marqua la genèse de la civilisation musulmane.

Sa physionomie

Son fils, Abd Allah raconte que son père était grand et fort, avec une peau claire, son visage d'un teint rosé.
Selon Oubayd ben 'Oumir, Omar fut d'une taille supérieure, d'une imposante carrure, chauve. Sa peau était blanche, il portait une moustache dégarnie de couleur rousse.

Anas ibn Malek rapporte que Omar se teignait les cheveux avec soit du henné, soit avec du katam (plante en provenance du Yémen, qui, mélangée à l'eau donne une couleur acajou foncée.)

On rapporte également, qu'il semblait sur un cheval, tant il dépassait les autres par sa taille.
Abou Malek ajoute : "il marchait d'un pas pesant."

La justice de Omar

Anas Ibn Malek rapporta que le Prophète d'Allah a dit:

« De toute ma communauté, c'est Omar qui est le plus ferme pour ce qui est de respecter les ordres d'Allah .» [ Rapporté par -Ibn Sa'd ]

Aîcha la mère des Croyants - qu'Allah soit satisfait d'elle - a raconté que l'Envoyé a dit:

«Par celui qui détient l'âme de Mohammed entre Ses Mains, je vois les diables, qu'ils soient de l'espèce des génies ou de l'espèce humaine, prendre la fuite devant Omar. » [ Rapporté par Termidhi.]

Aba Darr Al-Ghifari dit avoir entendu le Messager d'Allah dire :

« Allah a fait en sorte que la vérité coule facilement sur la langue de Omar. » [ Rapporté par Ibn Madja et Al-Hakim ]

Oubay ben Ka'b a rapporté que le Prophète a dit :

«Le premier homme qu'Allah saluera (le Jour du Jugement Dernier), sera Omar; et il sera le premier à qui Allah tendra la main pour le faire entrer au Paradis.» [ Rapporté par Ibn Madja ]

Selon Oqba ben 'Adr, d'Abou Saïd Al-Khoudri - qu'Allah les agrée - l'Envoyé d'Allah a dit :

«S'il y aurait un prophète après moi, ce sera Omar ben Al-Khattab.» [ Rapporté par Tirmidhi, Al-Hakim et Tabarani ]

Selon Qoudama ben Madoun , le Prophète d'Allah montrant Omar ben Al-Khattab du doigt, dit :

«Celui-ci est la clef de voûte qui vous sauvegardera de la discorde (fitna). Tant qu'il sera vivant parmi vous, il sera comme une porte bien fermée devant toute division !» [ Rapporté par Al-Bazar ]

D'après Al-Fadl ben Abbas (qu'Allah les agrée lui et son père), l'Apôtre d'Allah a dit :

«Omar ben Al-Khattab est avec moi là où j'aime être, et moi je serais avec lui là où il aimerait être. La Vérité, après moi, sera avec Omar ben Al-Khattab, où qu'il soit !» [ Rapporté par Al-Boukhari.]

Omar ben Al-Khattab et le Coran.

Après qu'Abou Bakr eut été convaincu du bien-fondé de la suggestion de Omar ben Al-Khattab de recueillir le Coran, après la mort de 70 Compagnons faisant partie de ceux qui mémorisaient le Coran en entier, au cours de la bataille d'Al-Yamama, menée contre l'imposteur Mousaylama. Il demanda à Zayd ben Thabit le secrétaire du Prophète de s'en charger. Le travail de Zayd consista à rassembler les Sourates et les versets coraniques qui étaient déjà enregistrés du temps du Prophète d'Allah mais écrits d'une façon éparse, sur des parchemins, des omoplates de chameaux, etc., et en faire un recueil complet, dans lequel les Sourates seraient réunies dans leur totalité.

Après la mort d'Abou Bakr son successeur Omar ben Al-Khattab ordonna que l'on regroupe l'ensemble du texte en un et unique volume, afin qu'il soit conservé. Ce Saint manuscrit fut conservée par Hafça bent Omar et mère des Croyants (qu'Allah les agrée).

Omar et le savoir

Houdaïfa a dit: "On aurait dit que la science de tous les hommes était dans la tête de Omar !"

Omar ben Al-Khattab illustrait le Hadih du Prophète dans lequel il a dit: «Qu'Allah bénisse celui qui a connu son époque, mais dont la conduite est restée comme il nous !'avait enseignée (c'est-à-dire : la Rectitude).»

Omar était un homme cultivé. Il savait lire et écrire aimait la poésie et apprenait des poèmes. De même, il connaissait les proverbes et les paroles de sagesse. Un jour, il recommanda à son fils Abd Er-Rahmane : "Mon fils, cherche à connaître tes origines, cela facilitera la reconstitution des liens de ta parenté. Apprends la meilleure poésie, tu amélioreras ton comportement et tes manières."

Omar recommanda de codifier les règles de grammaire. Il ajouta : "La grammaire est la base de la langue."
C'est pourquoi, Omar a dit : "La plus mauvaise des écritures est celle qui est difficile à lire et la meilleure écriture est la lisible. La mauvaise manière de lire, est celle de celui qui lit très vite ! "

Abd-Allah ben Mes'oud a dit: "Omar était le plus savant d'entre nous concernant le Coran. C'est lui qui fut le plus doué pour la compréhension de l'Islam. En cas de divergence sur la façon de lire un verset, on demandait de le lire de la manière dont le lit Omar."

Omar se distinguait entre tous les Compagnons du Prophète. Il éprouvait une passion pour toutes les sciences utiles. Il exigeait des gouverneurs d'avoir une connaissance parfaite de la géographie, surtout des régions qu'ils allaient gouvernaient. Lui-même, il s'y intéressait beaucoup, s'informant sur les us et coutumes des peuples, ainsi, il recommandait aux Musulmans d'apprendre les sciences de leur époque et d'en tirer profit pour leur bien-être. Il a dit entre autres : "Apprenez l'astronomie et la science des étoiles qui vous guideront en mer et sur terre; et, en ce domaine, limitez-vous à cela."

Omar ben Al-Khattab et le califat

"Ô Croyants ! Vous m'avez désigné, et si je ne prétendrais pas être le meilleur parmi vous et le plus qualifié à votre service, ainsi que tout ce qui touche à vos affaires, je n'aurais jamais consenti à prendre la charge. Car il me suffit à endurer le joug d'attendre le Jour du Jugement Dernier ! Comment puis-je vous garantir vos droits ? Comment dois-je les gérer au mieux et les mettre à exécution convenablement ? Quelle politique devrai-je choisir pour vous gouverner ?"

Omar se trouvait dans un état tel, qu'il ne pouvait plus se fier ni à sa force de caractère, ni à sa dextérité. A moins qu'Allah qu'Il soit exalté - ne lui vienne en aide, et ne lui porte assistance !

Omar ne faisait rien sans la consultation (choura) ligne de conduite pour la gestion de l'Etat. Il disait :

"L'avis d'une personne est comme un fil ténu. Deux avis comme deux fil tressés. Si les points de vue sont nombreux, cela donne une résistante corde." Il ajouta : "Une quelconque affaire traitée sans consultation (choura) ne ramène rien de bon."

Il ne décidait rien sans la consultation (choura). Il revenait sur sa décision, lorsque la consultation lui prouvait son erreur. Il fut entouré par les plus éminents Compagnons du Messager d'Allah (qu'Allah les agrée). Ceux dont la compétence et la notoriété scientifique étaient reconnues. Les membres de ce conseil furent : Al-Abas (l'oncle du Prophète), son fils Abd-Allah qui ne le quittait jamais même dans ses déplacements, 'Othman ben 'Affan, Abd Ar-Rahman ben 'Awf Ali ben Abi Talib et d'autres encore.

Omar et l'armée musulmane

Omar était le grand stratège de l'armée musulmane organisant les programmes logistiques de l'armée. Il installa pour cela des casernements dans différentes villes avec vivres et chevaux. Il établit à Koufa une caserne pour la logistique avec, en réserve, quatre mille cinq cents à cinq mille chevaux, sous la responsabilité de Salman ben Rabi'a Al-Bahili.

Il réorganisa l'armée, en la dotant d'un service administratif. Il fixa la solde et pris en charge les familles des combattants pendant leur absences. Il s'intéressa le plus, du moral des combattants, et de leur piété.

Omar ben Al-Khattab fut le premier à organiser l'armée musulmane pour la reconstituer en une armée régulière. Il établit le service des soldats qui tenait les registres des noms des militaires, de leur grade, et de leur affectation. Il planifia la hiérarchie militaire et les différents pouvoirs :

Al-khalifa commandait à ses soldats,Caïd avait les hommes sous ses ordres,Emir Al-kourdouç à la tête de 1 000 hommes,Emir Al-djaïch : le plus haut gradé était à la tête de 10 000 hommes ou plus. Il veillait lui-même à l'entraînement de la cavalerie à l'extérieur de Médine.

Omar mit sur pied le Conseil de guerre et fixa également la discipline militaire.

Il envoya à ses généraux cette "Note de service" :

"Vous ne devez en aucun cas maltraiter les guerriers musulmans car vous risquez d'engendrer par votre conduite le désordre et le découragement. Ne les privez pas de leur droit, car vous les rendrez ingrats. Ne les faites pas camper dans des lieux malsains et marécageux, c'est une négligence qui les perdra physiquement ! " Omar ben Al-Khattab était très strict et très sévère concernant la conduite des Musulmans vis-à-vis des habitants des différentes villes et régions conquises par les Musulmans. Il avait rédigé l'ordre suivant aux diverses troupes musulmanes :

"Si vous descendez dans un lieu et que vous fâites un geste ou que vous énoncez ne serait-ce qu'un mot que le non-Arabe comprend comme étant une promesse de votre part au sujet de quelque chose, vous êtes dans l'obligation de vous en acquitter même si vous objecterez votre ignorance des us et coutumes ou de la langue locale, cela ne vous dispensera pas de cette imputabilité."

Omar et les recommandations

Lorsque Omar désigna Sa'd à la tête de l'expédition contre les Perses (Al-Qadissya) il lui dit: "O Sa d ben Wouhayb ! Ecarte la prétention et l'orgueil de ton coeur, on dit que tu es de la famille des oncles maternels du Messager d'Allah ! En vérité, Allah n'efface pas le mal par le mal. Il efface le mal par le bien ! Allah n'a de lien de parenté avec personne, à l'exception du lien de l'adoration du serviteur vis-à-vis de son Créateur. Pour Allah, les riches et les pauvres, sont égaux. Il est leur Seigneur, et ils sont Ses serviteurs. S'ils se distinguent, c'est par leur abstinence, et ils ne peuvent atteindre ce qui est auprès d'Allah que par leur soumission totale. Alors rappelle-toi bien comment était le Messager d'Allah, depuis le commencement de sa mission jusqu'à ce qu'il rejoigne son Seigneur, et maintiens-toi fermement à lui. Voilà à quoi je t'incite ! Si tu l'omet et t'en écarte, ton action sera illusoire, et tu seras parmi les perdants !"

Omar et les provinces musulmanes

La superficie de l'Etat islamique s'agrandit grâce aux victoires musulmanes par les prises de l'Iraq, du Cham : (Jordanie, Palestine, Syrie, et le Liban) et de l'Egypte, pour des mobiles de planification, et de défense des intérêts des Musulmans le calife Omar ben Al-Khattab découpa les terres conquises en provinces, à la tête de chacune d'elle, il désigna un gouverneur (wali). Une grande partie des gouverneurs furent des Compagnons du Messager Al-Moughira ben Chou'ba, Abou 'Oubayd ben Al-Djarrah, selman Al-Farissi et Abou Moussa Al-Achâari.

La tâche des gouverneurs était de diriger les Offices, de prendre soin à l'application de la Loi d'Allah (cha'ria). De veiller sur intégrité territoriale et de combattre les ennemis de l'Etat musulman. De faire régner l'ordre et la sécurité entre les citoyens avec la coopération d'un juge (cadi) et du directeur du cadastre. Le gouverneur était seul responsable des affaires financières de la province, dont il était garant devant le Calife.

Omar et la Justice

Omar mit un service de surveillance des gouverneurs, concerné autant par leur méthode d'administrer que par les richesses qu'ils se procuraient. II nomma comme vérificateur (wakil) Mohammed ben Maslama. Un homme intègre dont la mission était de rendre compte au Calife de la véracité des plaintes que la population (musulmane où non) déposait contre son gouverneur.

L'exemple de la plainte déposée par un Copte d'Egypte contre le gouverneur 'Amr ben Al-'Aç et son fils. Ce fut lors d'une course de chevaux que le fils de 'Amr ben Al-'Aç perdit contre un Copte. Il flagella ce dernier et l'emprisonna, en justifiant cette iniquité par son rang, c'est-à-dire "fils de deux nobles." Le Copte réussit à s'échapper de sa geôle, se rendit à Médine où il présenta son cas à Omar qui rappela de toute urgence 'Amr ben Al-'Aç et son fils. S'étant attesté de l'exactitude des faits, il donna l'ordre au Copte de se faire justice lui-même en infligeant au "fils des deux nobles" le même châtiment que celui qu'il endura, puis il lui redonna le fouet pour qu'il fasse de même avec le père, ce que le Copte refusa, considérant qu'il avait obtenu satisfaction. C'est à cette occasion que Omar ben Al-Khattab énonça la mémorable allocution :

"Depuis quand vous attribuez-vous le droit de réduire en esclavage des hommes, alors que leur mère les a engendré libres ? "

Il libéra tous les esclaves, et décréta l'abolition de toute forme d'esclavage en Arabie. Il se réunit annuellement avec ses gouverneurs, durant la période du grand Pèlerinage, pour d'une part, un compte rendu par les gouverneurs et d'autre part trancher les litiges, si litige, il y avait. Le rigorisme de Omar en matière de justice était connu de tous.

On rapporta ceci : Le fils de Omar qui était en Egypte, commit un adultère. Le gouverneur 'Amr ben Al-'Aç n'a pas osé rapporté le fait au Calife, ce fut quelqu'un d'autre qui avisa Omar . Le Calife écrivit au gouverneur pour avoir le coeur net, 'Amr confirma le délit. Il convoqua et le gouverneur et son fils à Médine, où il flagella son fils en public conformément à la Loi d'Allah, jusqu'à ce que mort s'en suive. Son fils mourut au quatre-vingtième coup de lanière.

C'est Omar qui sépara le pouvoir exécutif du pouvoir judiciaire. La fonction du juge (cadi) fut totalement indépendante, libre de toute contrainte et d'éventuelles influences des gouverneurs.

Le Messager d'Allah a dit : «Sur trois juges (cadi) deux iront en Enfer et un au Paradis.»

Selon Chi'bi, Omar se mit d'accord avec le propriétaire d'un cheval qu'il voulait acheter. Il l'utilisa sans en avoir acquitter le prix, pour le transport de matériaux. Entre temps le dit cheval, lors de ce transport se blessa le pied. Son propriétaire demanda réparation à Omar. Le Calife demanda à son adversaire de choisir un homme pour trancher ce litige. Le belligérant choisit Chouraih Al-Iraqi . Les deux parties lui posèrent le cas.

Chouraih dit à Omar : "Vous avez pris le cheval en bonne santé, vous devez le rendre en cet même état à son propriétaire." L'exactitude du verdict rendu par Chouraih plut à Omar il le désigna au poste de juge (cadi) à Koufa.

Pour la surveillance des poids et mesures ainsi que la qualité des marchandises, Omar désigna une femme du nom de Ash-Shifa', afin d'inspecter, contrôler et supprimer les éventuelles exagérations publiques dans les marchés de Médine.

Il a été rapporté qu'un jour César dépêcha un agent vers Omar Ibn Al-Khattab pour s'enquérir de sa condition et de sa politique. Une fois à Médine, il demanda aux Musulmans : "Où puis je touver votre roi ?" On lui répondit : "Nous n'avons pas de roi, mais un Emir ! Il est quelque part, hors de la ville".

Il partit à sa recherche. Il le trouva couché à même le sable, et pour oreiller son bâton. L'apercevant dans cette posture, il fut impressionné et dit : "Cet homme, redouté de tous les rois par peur, mène une vie pareille ! C'est sûrement sa justice qui lui concède de jouir d'un sommeil aussi calme. Alors que notre roi, qui est inique, est toujours sur ses gardes."

Tabari rapporta que Omar ben Al-Khattab a dit :

"Si un pâtre, au bord du Tigre ou de l'Euphrate, (deux fleuves d'Irak, à plus de trois mille kilomètres de Médine) égarait un mouton, j'aurais la crainte qu'Allah ne m'en demande des comptes, pour ne pas veiller sur son bien."

On rapporte, un jour Bilal vint voir Omar Aslim son serviteur, l'informa qu'il dormait. Bilal en profita pour demander comment se conduisait Omar avec les siens et son entourage. Aslim lui répondit : "C'est le meilleur des hommes, mais quand il se met en colère, cela fait peur !"

Bilal lui dit : "Si chaque fois qu'il se mette en colère, tu lui lis le Coran, il s'apaisera et sa fureur disparaîtra." Parlant de la justice, Omar dit : "Cette responsabilité nécessite quelqu'un qui se comporte avec une sévérité sans coercition, et une bienveillance sans complaisance."

Ainsi fut Omar le calife juste. Al-Farouq : le séparateur entre le bien et le mal, la justice et l'injustice. entre l'équité et l'iniquité, la légalité et l'illégalité, l'honneur et le déshonneur, la vertu et le vice, l'honnêteté et la malhonnêteté et enfin entre la dignité et l'indignité.

Qu'Allah le Tout-Puissant l'enveloppe dans Sa miséricorde.

http://www.sajidine.com/vies/savants-pieux/Jurisconsultes/Omar-ibn-Khattab.htm

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Et si la solution était de ressusciter le Califat ?

Depuis plus de 80 années, le processus de colonisation du monde islamique s’est accéléré et la communauté musulmane est victime de nombreuses oppressions de la part des ennemis de l’Islam. Les pays musulmans connaissent des conditions de vie déplorables et ceci à différents niveaux : social, économique… Dans les pays occidentaux, les musulmans sont toujours considérés comme des corps étrangers, sont concentrés pour la plupart dans des ghettos, subissent la discrimination à l’emploi et sont l’objet de vagues successives de campagnes médiatiques agressives. En réalité, cette vague d’oppressions à pour cause l’absence d’un État qui leur serait propre, une forteresse qui défendrait l’Islam et les musulmans : le Califat. A son propos, Ibn Kathîr rapporte ces paroles d’Al-Qourtobî : « Il sauve les opprimés de leur bourreau. Il met en vigueur les sanctions pénales. Il condamne la pratique des perversités. Il assume encore d’autres responsabilités importantes qui ne peuvent être réalisées que par l’Imam. »


Qu’est ce que le Califat ?

Le Califat (khilafah) ou État islamique est l’appareil permettant l'application effective du système et des lois islamiques, ainsi que la propagation de l'islam à travers le monde. Il est le garant du règne de la loi islamique sur terre. La personne à la tête de l’État est généralement nommée : calife (khalifah) ou Imam. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre parler d’Imamat pour désigner l’État islamique, ces termes étant synonymes comme le confirment les savants :

L’Imam Nawawî a dit : « Ce qui est entendu par le terme Imam, c’est le chef suprême de l’État. Les termes “Imamat”, “Califat” et “Commandement des Croyants” sont interchangeables. Ils désignent le commandement général dans les affaires de la religion et la vie terrestre. Ibn Hazm considère que si le terme imam est prononcé, sans précision, il désigne par défaut le calife (khalifah) ».

Le Califat n'est ni un gouvernement fédéral, ni une royauté, ni un système démocratique, mais un État islamique unique et universel. De ce fait, il n'existe point de Califat national ou propre aux adeptes d'une école juridique quelconque. Le Califat n'est ni arabe, ni turque; il n'est pas non plus saoudien ou algérien; c'est un État où tous les musulmans se reconnaissent, abstraction faite de leur appartenance ethnique, régionale ou autre. C’est un Califat éclairé au sein duquel les musulmans du monde entier sont des citoyens à part entière.

Ibn Taymiyya a indiqué au sujet de la royauté : « Nous avons les preuves qu’elle n’est pas permise à la base, et que ce qui est obligatoire c’est le Califat prophétique, conformément à la parole du Prophète¹ : “Après moi, tenez fermement à ma sounna (voie) et à la sounna des khoulafah (califes) sur la voie droite, accrochez-vous y de toutes vos forces” (littéralement : mordez-la à pleines dents) ». Majmou’ al Fatâwâs


Bref historique

En 622, après 13 années d’efforts, le Prophète¹ a établi le premier État islamique à Médine. Durant la direction de l’État par le messager d'Allah lui-même, les territoires de l'État s'agrandirent pour englober toute la péninsule arabique. A la mort du Prophète¹ d'Allah, on pouvait dénombrer 7 millions de musulmans. Les quatre premiers califes (les Khoulafah rashidoun : Abou Bakr, Omar, Othmane et Ali) ont scrupuleusement suivi la voie du Prophète¹. Ensuite les califes se sont succédé au sein des grandes dynasties (les Omeyyades de 661 à 750, les Abbassides de 750 à 1517 et les Ottomans de 1517 à 1924). En 1924, les efforts conjoints des britanniques et des français leur ont permis de venir à bout d’un État devenu très faible. Les archives des tribunaux dans des pays comme la Turquie, l’Iraq et l'Egypte en attestent : L'Islam a été appliqué dans son intégralité jusqu'en 1924.

« Après cela, il se produisit des évènements de la plus haute importance au point où le système du Califat se déchira. C’est ainsi qu’apparurent dans chaque région islamique des commandants et des dirigeants. De nombreux petits États surgirent. A notre époque, ils sont encore plus nombreux et la situation est pire. » Fatâwâs Ibn Bâz – tome 4


Le jugement de l’islam

Ibn Taymiyya a dit : « Chacun doit savoir qu’assurer la direction politique des gens figure parmi les plus hautes obligations. Bien plus, elle est indispensable à l’accomplissement de la religion et des affaires terrestres. » Majmou’ al Fatâwâs – tome 28

Voici des preuves sur lesquels les savants se sont appuyés pour affirmer l’obligation du Califat.


Les versets :

« Et juge parmi eux selon ce qu'Allah a révélé » [Sourate 5-V49]

« Ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a révélé, voilà les incroyants. »
[Sourate 5-V44]

« Le pouvoir n'appartient qu'à Allah. Il vous a commandé de n'adorer que Lui. Telle est la religion droite; mais la plupart des gens ne savent pas. » [Sourate 12-V40]



Les hadiths
 :

Le Prophète¹ a dit
 : « Les enfants d’Israël étaient dirigés par des prophètes ; à chaque fois que l’un d’eux mourrait, un autre lui succédait. Il n’y aura pas de Prophète¹ après moi, il y aura des Khoulafah (califes) en grand nombre. Ils demandèrent : que nous ordonnes-tu ? Il répondit : Prêtez-leur serment d’allégeance à chaque succession et respectez leurs droits car Allah leur demandera des comptes sur ce qu’Il leur a confié en gestion. » Boukhari et Mouslim

Il a aussi dit : «Celui qui meurt sans avoir prêtez serment d’allégeance, meurt à la manière des gens de la Jahiliya » Mouslim


Le Idjma’ :

Le consensus des compagnons (Idjma’) est en Islam la troisième source de législation.

Ibn Khaldûn dit : « L’installation de l’Imam est une obligation qui a été stipulée par la Loi à travers le consensus des compagnons et de la génération qui les a suivis. » Al moukadima

‘Abd-ar-Rahman al-Jazîrî explique que les savants sont unanimes sur le caractère obligatoire de l’Imamat et sur la prohibition d’avoir à un même moment sur terre deux Imams, qu’ils soient unis ou séparés. Le fiqh suivant les quatre écoles

Ach-Chawkânî a dit : « Ils [les savants] sont unanimes sur l’obligation d’installer un califat» Nayl al awtar

Ibn Hadjar rapporte ces paroles de l’Imam Nawawî : « Il y a consensus sur : le caractère obligatoire de l’installation du califat, […]. Certains sont sortis de ce consensus comme al-‘Assam et une partie des Khawâridjs. » Fath al-Bârî - tome 13

Les apports pour les problèmes actuels

Al-Qourtobî a dit dans son tafsîr : « L’Imam est installé pour repousser l’ennemi, protéger le fragile et le précieux (littéralement l’œuf), mettre fin au dérèglement, garantir les droits, appliquer les sanctions pénales, percevoir les fonds des caisses de l’État pour les redistribuer aux ayants droits. »

Le Prophète¹ a dit : « L’Imam est un bouclier derrière lequel on combat et se protège » Sahih Mouslim

On peut également lire dans la deuxième sourate du Coran :

« Lorsque ton Seigneur confia aux anges : Je vais établir sur la terre un Khalifah. Ils dirent: Vas-Tu y désigner un être qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ? Il dit : « En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas ! ».

D’après Ibn Jarîr ce verset a pour sens l’établissement sur terre d’un Califat chargé par Allah de la gestion équitable des affaires des créatures. Il ajoute « Quant à ceux qui sèment le désordre et l’effusion de sang injustifiée légalement, ils ne sont pas ses Khoulafah. » Voir Tafsîr Ibn Kathîr

Ibn al ‘Uthaymîn dit : « Le Califat est une grande fonction et une responsabilité immense. Il consiste à assumer la gestion des affaires des musulmans de sorte que le calife soit le premier responsable en la matière. C’est une obligation à suffisance car il est indispensable à la réalisation des affaires des gens.» Majmou’ al fatawa wa rassâïl


Remarque :

L’argent de l’Arabie Saoudite et la population du Soudan ainsi que son potentiel agricole pourraient produire une agriculture florissante. Les finances des pays du Golf et les compétences de la population égyptienne donneraient le jour à des industries prospères, alors pourquoi n’est pas le cas ?


Le futur État Islamique restructurera l’économie des pays musulmans sur la base de l’Islam. Les ressources naturelles (le pétrole, le gaz…) seront utilisées pour le bien de la communauté et non pour enrichir les actionnaires des multinationales occidentales. La fin de l’exploitation économique capitaliste sonnera.

Durant le Califat de Omar, Médine connu une famine, le calife utilisa toutes les ressources de l’État pour y venir à bout. Il ordonna de creuser un canal, du Nil à la mer rouge, afin de faire acheminer des céréales.

 

Qu’est ce qu’Allah attend de nous ?

Le Prophète¹ dit :«Si l'un d'entre vous voit ce qui déplait à Dieu, qu'il le combatte de ses mains; si cela ne lui est pas possible, que ce soit par la langue, si cela ne lui est encore pas possible, que ce soit avec son cœur. Ceci est le minimum imposé par la foi». Mouslim

Chers frères et sœurs, il est du devoir de chaque musulman de porter l’idée du Califat, de la transmettre et de la défendre. Conformément à la parole du Prophète¹ : « …puis il y aura le Califat sur la voie de la prophétie », l’État Islamique sera établi à nouveau. Ceci est également une certitude pour les ennemis de l’Islam qui ne cessent de lutter contre sa réapparition. Ainsi, Vladimir Poutine expliquait que s’il ne continuait pas son combat contre les tchétchènes, ils établiraient un Califat. Donald H. Rumsfeld, lors d’un discours en date du 05 décembre 2005, déclarait que si l’armée américaine quittait l’Irak, elle serait remplacée par le Califat. Tony Blair, le 16 juillet 2005 affirmait que les mouvements islamiques au Moyen-Orient ont pour objectif le rétablissement du Califat et l’unité des musulmans. Le 5 septembre 2006, G. Bush déclarait que ce Califat serait un empire islamique totalitaire englobant tous les pays musulmans, et qui s’étendrait de l’Europe à l’Asie du Sud en passant par l’Afrique du Nord et le Moyen Orient.

Le Prophète ¹ a dit :

« La prophétie durera aussi longtemps qu'Allah le voudra, puis elle s’achèvera lorsqu’ Allah le décidera. Ensuite il y aura le Califat sur la voie de la prophétie pour une durée qu'Allah souhaitera, puis il prendra fin lorsqu’ Allah le voudra. Par la suite, il y aura un régime héréditaire sur une période qu'Allah déterminera, puis il se terminera lorsqu’ Allah le souhaitera. Ensuite, il y aura un régime tyrannique aussi longtemps qu'Allah le voudra, puis il s’achèvera lorsqu’ Allah le décidera.
Puis il y aura le Califat sur la voie de la Prophétie. C’est alors qu’il se tût.» Ahmad



¹ Sall-Allahou ‘alayhi wa sallam

 


  Source : Al Badil

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Qu'est-ce que la sharî'a ?

Par Tariq Ramadan

La référence à la sharî'a fait l'effet d'un épouvantail aujourd'hui en Occident. La voir appliquée, c'est commencer le décompte sordide des châtiments corporels, des mains coupées aux flagellations,

en passant par les coups de fouet... c'est, de surcroît, la répression moraliste des hommes par laquelle ils imposent aux femmes le "port du tchador" en même temps qu'elles se voient considérées comme des mineures sur le plan légal. Nourrie par cette imagerie, la référence à la sharî'a apparaît comme un enfermement obscurantiste, un entêtement moyenâgeux et, sans l'ombre d'un doute, fanatique. Et rien, somme toute, des exemples de l'Arabie Saoudite, de l'Iran ou autres, ne vient mettre à mal la portée de telles conclusions. Partout où le discours convoque la notion de "sharî'a", les acteurs semblent tourner le dos à la réalité contemporaine et refuser le progrès et l'évolution en s'armant contre les périls de l'avenir.

Il ne faut pas manquer d'ajouter qu'un certain nombre de rois et de présidents ne font rien pour faciliter la compréhension de cette notion. En mal de légitimité islamique, on a vu appliquer dans le Soudan de Nemeiry et dans la Libye de Kadhâfi, sur le modèle de la législation saoudienne, une sharî'a dont les premières concrétisations étaient toutes de l'ordre de la répression et de la sphère pénale. Ainsi, il apparaissait qu'appliquer la sharî'a islamique n'était rien d'autre qu'ajouter l'interdiction à l'interdiction et réprimer de la façon la plus exemplaire les transgresseurs. Le tout portant à croire que plus l'on diminue les libertés, plus l'on augmente les peines et les châtiments, et plus l'on s'approche du "modèle islamique". Tous les discours ne changeaient rien à l'expression de cette réalité.

Il convient pourtant de prendre très au sérieux cette interpellation sur une notion centrale de la pensée islamique et qui, aujourd'hui, souffre d'un formidable malentendu, quand il ne s'agit pas d'une coupable trahison. Aborder la question de la modernité suppose que nous ayons une idée précise de ce que recouvrent les orientations des sources islamiques qui sont l'essence de ce qu'en droit musulman on appelle la sharî'a.

Nous avons mis en évidence plus haut quelles sont les deux sources fondamentales du droit islamique et quel est le rôle de l'ijtihâd dans la formulation d'une législation en prise avec son époque. Il faut rappeler ici avec insistance que la sharî'a n'est pas réductible à la seule sphère pénale et que, a fortiori, cette réduction est de nature à mentir sur son essence.

"Al-Sharî'a" est un terme arabe qui veut dire littéralement "le chemin", plus précisément, c'est le chemin qui mène à la source. Dans le domaine de la réflexion juridique, on comprend par cette notion, l'ensemble des prescriptions cultuelles et sociales (au sens large) tirées du Coran et de la Sunna. Sur le plan du culte (ibadâte), lesdites prescriptions sont le plus souvent précises et pour l'essentiel les règles de pratique sont codifiées et fixées. Le domaine des "affaires sociales" (mu'âmalâte) est plus vaste et l'on trouve dans les deux sources un certain nombre de principes et d'orientations que les légistes (fuqahas) doivent respecter quand ils formulent les lois qui sont en prise avec leur époque et leur région. C'est bien l'ijtihâd, troisième source nominale du droit, qui va faire le lien entre l'absolu des références et la relativité de l'histoire et des lieux. Nourri à la source, et par la source, le juriste doit penser son époque avec la claire conscience du cheminement qui le sépare de l'idéal des prescriptions générales et orientées. Il devra tenir compte de la situation sociale spécifique afin de penser les étapes de sa réforme. Son pragmatisme doit être permanent.

Ainsi donc seul est absolu ce qui est tiré du Coran et de la Sunna dont nous avons déjà dit que cela recouvrait l'expression d'orientations générales. Au-delà, la réflexion est soumise à la relativité de la pensée humaine et de la rationalité. On pourra en deux lieux différents, à la même époque, produire deux législations différentes sur une même question et qui, toutes deux, resteront "islamiques" ; de la même façon, on pourra, dans une même région, à deux époques successives, instaurer deux réglementations différentes par lesquelles l'évolution socio-historique aura été prise en compte et qui, également, resteront "islamiques". Le fiqh est la façon dont les juristes, à la lumière du Coran et de la Sunna, ont pensé une législation qui soit en prise avec leur époque. Leurs efforts, pour très respectables qu'ils soient, restent des tentatives humaines qui ne peuvent convenir à toutes les étapes de l'histoire. De fait, chaque époque se doit de produire sa "compréhension" et user de l'intelligence des savants qui y vivent.

Relever cette confusion entre la sharî'a et le fiqh et rappeler que si le Coran et la Sunna traduisent l'expression de finalités absolues, il ne peut s'agir de sanctifier les décisions de tel ou tel juriste du VIIIème, IXème ou Xème siècle ; relever cela, disions-nous, n'est pas encore suffisant pour répondre à ce que peut recouvrir une application de la sharî'a aujourd'hui. Nous avons dit un mot plus haut du nécessaire pragmatisme des juristes musulmans et il est nécessaire d'être particulièrement précis en la matière. Pour le musulman, prononcer l'attestation de foi (Il n'est de dieu que Dieu et Muhammad est son envoyé), prier cinq fois par jour, donner l'impôt social purificateur (zakât), jeûner pendant le mois de Ramadan et faire le pèlerinage, c'est déjà appliquer la sharî'a. Au demeurant, il serait plus exact de dire que vivre, manger, dormir et répondre à tous les besoins naturels qui sont les siens, dans le rappel de la présence du Créateur, c'est déjà appliquer la sharî'a. Il importe d'appréhender cette notion sous cet angle et ce n'est pas là jouer sur les mots ou sur leur sens. L'homme porteur de la foi s'engage dans la concrétisation de l'orientation, de la pratique et de la législation individuelle et communautaire, privée et publique, dès lors qu'il donne à ses actions le sens de la reconnaissance du Créateur : clairement, il est sur le chemin de la source.

Cette application, tant sur le plan personnel que sur le plan social, fait l'objet d'une tension entre la visée idéale et la démarche de son actualisation au quotidien. C'est le lot de chaque homme comme de l'humanité tout entière : la vie est ce cheminement vers la proximité du mieux, dans l'amour du meilleur, avec la conscience de l'insuffisance. La foi devrait être la conscience de cette humilité. Le Coran, par sa révélation effectuée sur vingt-trois années, révèle l'essence de cette tension en ce qu'il se présente comme une véritable pédagogie divine. Il a formé les hommes de la péninsule arabique au rapprochement ; il les a initiés, d'une révélation à l'autre, d'une étape à l'autre, à la meilleure des pratiques tant sur le plan individuel que sur le plan communautaire. Engagés sur la voie, ils n'ont jamais trahi le sens de la sharî'a, bien plutôt ils ont vécu son accomplissement, son parachèvement jusqu'au jour où cette plénitude fut réalisée :

"...Aujourd'hui, J'ai rendu votre Religion parfaite ; J'ai parachevé Ma grâce sur vous ; J'agrée l'islam comme étant votre religion..."
  Coran 5/3

Ainsi, sur le plan individuel, chacun apprendra, au moyen de trois révélations successives (sur une période d'environ neuf ans) que la consommation d'alcool est interdite. De même, sur le plan communautaire, quatre révélations viendront progressivement confirmer et renforcer l'interdiction de l'intérêt et de l'usure (al ribâ) avant que le Prophète (                                 ) ne précise la portée impérative de cette prohibition lors de son pèlerinage d'adieu. Les ulémas, spécialisés dans l'étude des sources de la législation ('ilm usûl al fiqh), ont tiré de ce procédé pédagogique une règle de première importance pour l'élaboration du projet social : elle consiste à penser et à déterminer les étapes de son actualisation générale. Il convient donc de fixer des priorités, de planifier les étapes qui permettront de créer un contexte dans lequel l'application d'une règle resterait fidèle à l'objectif coranique (qasd).

A considérer l'état de nos sociétés aujourd'hui, prétendre appliquer la sharî'a en commençant par l'instauration du code pénal, c'est faire doublement fausse route : c'est commencer par la fin en ne tenant pas compte, d'abord, d'un contexte social profondément nouveau et perturbé ; c'est, ensuite, au comble de l'injustice, transformer les victimes les plus démunies en coupables. C'est, surtout, trahir la portée du message coranique qui fait de la justice sociale la priorité de toute activité législative. Ainsi donc, dès lors que nous avons reconnu que déjà nous sommes engagés, dans la mesure de nos capacités individuelles et communautaires, dans une actualisation de la sharî'a, il est nécessaire que nous nous fixions la priorité d'une plus grande justice sociale : toute démarche, toute mesure, toute réglementation, toute loi qui ira, en respect des sources, vers plus d'équité et vers la défense des droits fondamentaux dont nous parlions plus haut est une application concrète de la sharî'a. Impossible ici de se satisfaire d'un formalisme paresseux qui, pour apaiser les consciences, n'en serait pas moins une violation de la Révélation.

L'application de la sharî'a, c'est aujourd'hui la priorité donnée à l'actualisation d'un projet social fondé sur un principe de justice et de participation communautaires. C'est s'engager sur les voies de l'alphabétisation, de la formation, de la distribution des ressources, jusqu'à un meilleur aménagement du territoire. La législation doit, tout à la fois, accompagner et encourager cette dynamique et le pouvoir doit s'en porter garant à tous les échelons de la représentation politique : très explicitement, il existe entre la dictature et l'application de la sharî'a une contradiction dans les termes. On ne saurait mieux dire... et espérer être entendu.

De fait la sharî'a s'applique dans l'immédiateté du quotidien de chaque pratiquant, de façon plus ou moins complète, mais toujours en tension et en recherche. Chacun à la mesure de ses capacités, dans l'espoir d'aller toujours plus loin dans l'approfondissement de la spiritualité et de la pratique. Sur le plan social, la prière en commun, la zakât sont déjà un engagement dans la voie et chaque pas effectué vers une meilleure reconnaissance du droit des personnes est un pas de plus vers la réalisation d'un modèle. On ne saurait donc commencer par la sanction quand tout, sur le plan social, nous pousse à la transgression, au vol, au mensonge, à la délinquance. Une telle intervention sur le champ social impose que nous considérions les choses en amont, et en profondeur. La législation devient ici le support de la réforme sociale et, dans le jeu de leur interaction, l'une s'appuie sur l'autre pour donner naissance à un vrai changement. On pourrait penser, à cette étape de la réflexion, qu'il n'y a rien là de spécifiquement islamique. Il reste, somme toute, que les orientations dont nous avons déjà parlé demeurent la référence fondamentale et que, de fait, il ne saurait y avoir de volonté de réforme sociale ou politique islamique sans la traduction concrète de ses priorités. En d'autres termes, une action sociale, pour être islamique, doit d'abord témoigner de son respect à l'éthique : elle ne se justifie jamais par son formalisme.

Source:

Le livre " Introduction à l'Islam" de Tariq Ramadan

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