"(L'islam) a substitué l'homme au moine. Il apporte l'espoir à l'esclave, la fraternité à l'humanité, et dévoile la quintessence de la nature humaine ".
Canon Taylor
Conférence au Church Congress de Wolverhampton, le 7 octobre 1887.
Texte cité par Arnold dans "The Preaching of Islam" pages 71,72.
"Une des plus belles aspirations de l'islam est la justice. En lisant le Coran, j'y rencontre une doctrine de vie dynamique, non pas des éthiques mystiques, mais une éthique pratique pour mener à bien une vie quotidienne, adaptable au monde entier".
Sarojini Naidu
Conférences sur "The Ideals of Islam" voir "Speeches and Writings of Sarojini Naidu", Madras, 1918, p. 167.
Le Coran établit une distinction claire entre les beautés naturelles et immatérielles : il parle ainsi de la beauté de la nature, et évoque notamment celle des bestiaux : « Ils vous paraissent beaux quand vous les ramenez, le soir, et aussi le matin quand vous les lâchez pour le pâturage. » (16 : 6) mais aussi de beautés intellectuelles et immatérielles, ainsi, le pardon ou encore la patience sont qualifiés de "beaux" : "Pardonne-[leur] donc d’un beau pardon." (15 : 85) ; "Supporte donc, d’une belle patience." (70 : 5). La beauté qualifie donc des réalités matérielles, mais aussi des actes, des sentiments, des réalités intellectuelles… Cet aspect immatériel de la beauté se retrouve dans des hadiths du prophète Mohammad qui a notamment dit : "Nulle beauté n’est meilleure que la raison." [2]
Le Coran insiste donc particulièrement sur l’importance de la beauté et sa présence dans l’ensemble de la création qui a été "ornée" de différents apparats par Dieu : "Nous avons décoré le ciel le plus proche d’un décor : les étoiles" (37 : 6) ; "Certes, Nous avons placé dans le ciel des constellations et Nous l’avons embelli pour ceux qui regardent." (15 : 16) Ainsi, la création n’a pas seulement une utilité matérielle, sa beauté vise également à procurer un plaisir à l’homme ainsi qu’à le conduire à réfléchir sur l’origine de cette beauté, c’est-à-dire à Dieu. Le Coran souligne aussi la beauté et l’harmonie présentes dans la création de l’homme : "Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite." (95 : 4) ; "C’est Dieu qui […] vous a donné votre forme, - et quelle belle forme Il vous a donnée !" (40 : 64). Enfin, Dieu rend beau certains actes et réalités comme la foi dans le cœur des hommes afin de les y guider : "Dieu vous a fait aimer la foi et l’a embellie dans vos cœurs" (49 : 7). A la fois extérieure et intérieure, la beauté telle que décrite dans le Coran couvre l’ensemble des aspects de la création. Ces beautés se confondent avec la notion de rappel, le Coran invitant sans cesse l’homme à ne pas se perdre dans les beautés extérieures, mais à dépasser les apparences pour réfléchir sur le but de leur création et arriver ainsi à la Source de toute beauté.
Les notions de beauté et de laideur sont donc des adjectifs venant qualifier soit des réalités matérielles extérieures, soit un acte en fonction du fait qu’il s’accorde ou non avec tel ou tel but fixé par un individu, une société, une religion, une idéologie donnée… Ainsi, la santé sera qualifiée de "bonne" en ce qu’elle est en accord avec un penchant naturel de l’homme qui consiste à vouloir rester en vie, tandis que la pauvreté, l’humiliation, la captivité… seront qualifiées de "mauvaises" en ce qu’elles empêchent l’homme de réaliser ses potentialités et de vivre une vie sereine.
Certains actes sont toujours qualifiés de beaux et de bons en ce qu’ils sont toujours en accord avec les objectifs à la fois de l’individu et de la société : c’est le cas de ceux qui permettent l’atteinte de la justice. Face à cela, la beauté et la laideur de certains actes ne sont pas fixées de façon permanente et dépendent au contraire de la situation et du contexte dans lesquels ils sont réalisés : c’est le cas du rire ou de la plaisanterie.
Par conséquent, le bon et le mauvais doivent toujours être évalués en fonction d’un objectif précis : aucune chose n’est donc en elle-même "bonne" ou "mauvaise". Ainsi, le lait en soi n’est ni bon ni mauvais, mais il peut être qualifié de "bon" dans le sens où il permet de nourrir le nouveau-né et de perpétuer l’existence de l’homme sur terre.
Les notions même de beauté et de laideur ne sont donc pas relatives : ce sont seulement les actes auxquels elles s’appliquent qui sont susceptibles de changer et d’évoluer. A titre d’exemple et comme nous l’avons évoqué, le concept de justice est unanimement considéré comme une bonne chose par toutes les sociétés ; seule la réalité extérieure de ce que ce concept recouvre est susceptible de variations. Ainsi, un parisien et un téhéranais considèrent tous deux l’idée de justice comme une chose désirable et un objectif à atteindre ; cependant, ce qu’ils entendent concrètement par ce concept n’est pas forcément la même chose : pour l’un, la justice pourra être synonyme d’égalitarisme, alors que pour l’autre, la justice sera basée sur la mise en place d’un système basé sur le mérite permettant le libre développement des capacités de chacun. Selon la même logique, ce qui pourra être considéré juste dans une société comme par exemple la peine de mort, pourra apparaître injuste dans une autre. Il ne faut donc pas encore une fois confondre le concept et la réalité extérieure qu’il recouvre : les valeurs sociales peuvent changer, mais aucune société ne déclarera que l’un de ses buts est d’atteindre ce qu’elle considère être de l’injustice.
Le critère général permettant de qualifier une chose de "belle" et de "bonne" qui dépend des objectifs que l’on s’est fixé, est lui-même intimement lié à la conception que l’on a du monde et de l’homme : si l’on considère ce dernier avant tout comme un être matériel, manger sera considéré comme bon en ce que cela contribue à garder son corps en vie. Si on considère au contraire que l’homme est avant tout un être spirituel doté d’une âme et devant se conformer à certains ordres divins, il faudra considérer des aspects autres que son corps physique avant de qualifier le fait de consommer de la nourriture comme "bon", notamment le fait qu’elle soit licite, et que l’argent ayant servi à se la procurer ait été gagné de façon honnête : "Que l’homme considère donc sa nourriture" (80 : 24). Cette injonction ne concerne donc pas seulement les caractéristiques nutritionnelles de la nourriture, mais invite également l’homme à se demander d’où elle provient, et la façon dont elle a été acquise, cela en vue d’atteindre d’autres buts, plus élevés et au-delà de son bien-être corporel immédiat. En résumé, si l’on considère que l’homme est avant tout un être dont l’horizon se limite à ce monde matériel, ce qui sera considéré comme "bon" sera de jouir au maximum des plaisirs de la vie terrestre ; au contraire, s’il est considéré comme une personne à l’image de Dieu dont le but est d’atteindre le plus haut degré de perfection spirituelle dans ce monde en vue de l’Au-delà, le fait de se priver de certaines jouissances matérielles en jeûnant, en donnant une partie de ses revenus aux pauvres, etc. sera considéré comme "bon" dans le sens où cela permettra le développement de sa dimension spirituelle.
Selon le Coran, Dieu est "celui qui a bien fait (ahsana) tout ce qu’Il a créé" (32 : 7). La beauté et le bon sont donc des attributs inséparables de la création. En reprenant la définition selon laquelle ce qui est beau et bon est ce qui permet l’atteinte d’un but particulier, nous voyons que l’ensemble des éléments de la création se complète harmonieusement et permet à la vie de se perpétuer ainsi qu’à l’homme de réaliser ce pour quoi il a été créé. Toute chose créée est donc "bonne" en ce qu’elle est issue de Dieu et de Son acte créateur – car d’un point de vue ontologique, tout ce qui est issu de la Bonté suprême ne saurait être que bon -, tandis que ce que nous qualifions de "mal" ne sont que les déficiences et l’"absence de perfection" de l’homme, et non pas une chose créée de façon indépendante : "Tout bien qui t’atteint vient de Dieu, et tout mal qui t’atteint vient de toi-même." (4 : 78-79), ou encore : "Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis. Et Il pardonne beaucoup." (42 : 30). Un autre verset vient également rappeler que l’octroi de faveurs et de grâces de la part de Dieu dépend des actes de l’homme lui-même : "C’est qu’en effet Dieu ne modifie pas un bienfait dont Il a gratifié un peuple avant que celui-ci change ce qui est en lui-même." (6:53) ; "Si les habitants des cités avaient cru et avaient été pieux, Nous leur aurions certainement accordé des bénédictions du ciel et de la terre." (7 : 96).
Il apparaît clairement ici que ce qui est qualifié d’ "épreuve", de "malheur" ou de "difficulté" ne dépend que de l’homme - ces notions ayant ici un sens plus large que celui de simple perte matérielle, et incluent le malheur ou la félicité dans l’Au-delà dont l’homme est le seul responsable. Ainsi, selon le verset précité, une intention pure et des bonnes actions favoriseront l’octroi de bienfaits divins, tandis que lorsque les intentions et les actes changent, les bienfaits de Dieu changeront à leur tour selon un rapport de cause à effet : "En vérité, Dieu ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes." (13 : 11) Ainsi, comme nous l’avons évoqué et selon la vision coranique, le mal en soi n’existe pas : ce qui est qualifié de "mal" n’est qu’une absence de miséricorde : "Ce que Dieu accorde en miséricorde aux gens, il n’est personne à pouvoir le retenir. Et ce qu’Il retient, il n’est personne à le relâcher après Lui. Et c’est Lui le Puissant, le Sage." (35 : 2). Le malheur n’est donc que privation, et non une réalité existentielle concrète.
En outre, c’est l’homme lui-même qui, selon l’état d’esprit dans lequel il se trouve, pourra ressentir comme étant "mal" une chose qui n’est pas en accord avec les buts qu’il s’est fixé, alors que la réalité est tout autre. Ainsi, le fait pour quelqu’un de perdre toute sa fortune pourra être considéré comme un mal selon le but qu’il s’est fixé, c’est-à-dire jouir de richesses matérielles sur terre ; cependant, du point de vue divin, ce ne serra en réalité que grâce et miséricorde : cela évitera par exemple à cette personne de commettre divers péchés avec son argent, et son retour à une vie plus simple sur cette terre lui permettra d’avoir une situation plus favorable dans l’Au-delà. En d’autres termes, ce qui est qualifié de "mal" selon un but et un horizon strictement matériel sera un "bien" d’un point de vue spirituel et au regard de la vie éternelle.
Dès lors et selon la vision du Coran basée sur l’unicité de Dieu et de l’ensemble de la Création (tawhid), rien ne peut être réellement qualifié de "laid" ou de "mauvais" car tout est ultimement le fruit de la volonté divine, qui n’est que pure bonté. Ainsi, la création du scorpion est en soi bonne ; elle n’est qualifiée de "mauvaise" que par rapport au fait que sa piqûre peut priver l’homme de sa santé ou de sa vie. Le Coran insiste aussi sur le fait que les dons de Dieu dépendent de la capacité de chacun et de chaque être : "Il a fait descendre une eau du ciel à laquelle des vallée servent de lit, selon leur grandeur." (13 : 17) ; "Et il n’est rien dont Nous n’ayons les réserves et Nous ne le faisons descendre que dans une mesure déterminée." (15 : 21). C’est pour cela que l’un des buts du croyant n’est pas d’être comblé de grâces sur cette terre, mais d’apprendre à changer le regard qu’il pose sur le monde extérieur, ainsi que de sortir de son horizon limité pour voir chaque événement comme un bien et comme le fruit de l’Infinie sagesse divine. C’est dans ce sens que les non-croyants sont souvent qualifiés d’aveugles ou de sourds : "Que ne voyagent-ils sur la terre afin d’avoir des cœurs pour comprendre, et des oreilles pour entendre ? Car ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’aveuglent." (22 : 46) Le but de la foi est donc de donner un regard plus profond et d’ouvrir le cœur du croyant afin qu’il voit le signe de l’infinie miséricorde divine dans chaque événement et dans chaque petit détail de son existence.
En outre, pour parachever cette vision unitaire du monde, le Coran souligne que le fait même de chercher à atteindre Dieu et à se perfectionner n’est que le fruit de la grâce de Dieu lui-même, l’homme ne pouvant rien s’attribuer à lui-même de façon totalement indépendante : "“Notre Seigneur […] est celui qui a donné à chaque chose sa propre nature puis l’a dirigée”." (20 : 50) ; "Et n’eussent été la grâce de Dieu envers vous et Sa miséricorde, nul d’entre vous n’aurait jamais été pur." (24 : 21). Toute beauté et bonté détenue par l’homme doit donc être ultimement ramenée et liée à Dieu dont l’un des Noms est le fait d’être beau (jamil), Nom divin dont l’homme doit à son tour se parer et actualiser dans tous les aspects de son existence. Ainsi, selon les mots du prophète Mohammad, "en vérité, Dieu est beau et Il aime la beauté ; Il aime que l’on perçoive les traces de Ses grâces sur Son serviteur." [3
]
Bibliographie :
Seyyed Mohammad-Hossein Tabâtabâ’i, Tafsir al-Mizân, Vol. 6, traduction persane de Seyyed Mohammad Bâqer Moussavi Hamedâni, Daftar-e enteshârât-e eslâmi, Qom, pp. 10-20.
« Rabeteh-ye motaghâbel-e din va honar » (L’interrelation entre la religion et l’art), site internet Tahour (www.tahoor.com)
« Zibâ’i dar manâbe’-ye dini-e eslâm » (La beauté dans les sources religieuses de l’islam), Ibid.
[1] Seyyed Mohammad Hossein Tabâtabâ’i Qâzi dit "Allâmeh" (1892-1981) est le plus grand penseur, philosophe et commentateur du Coran iranien contemporain. Pour une biographie plus détaillée, voir l’article "La notion de tawhid dans le Coran d’après le commentaire Al-Mizân de ’Allâmeh Tabâtabâ’i", La Revue de Téhéran, No. 64, pp. 62-67.
[2] Nahj as-Sa‘âda : 1/51
[3] Kanz al-‘Ummâl : 17166
http://www.teheran.ir/spip.php?article1379
La question de "la femme en Islam" fait toujours l'objet de la réflexion des penseurs musulmans qui cherchent à comprendre la personnalité de la femme et son rôle du point de vue de la pensée et de la Loi islamiques.
Cette réflexion a pour but de mettre en lumière l'originale conception que l'Islam propose de et à la femme. Conception qui représente les valeurs spirituelles et humaines de l'Islam, dans ce bas-monde ainsi que dans l’autre monde.
Il est possible d’isoler, dans cette question principale, plusieurs questions de détail comme celles de la personnalité de la femme, de sa nature, de sa foi, de son rôle actif dans l’activité religieuse et dans la ligne de l’Appel, c’est-à-dire dans le mouvement de lutte, sur le terrain de la confrontation et dans les domaines scientifiques et culturels, etc…
On part normalement, lorsqu'on aborde ces questions, de certains textes traditionnels ainsi que des avis en vigueur chez les jurisconsultes.
LE MEILLEUR MOYEN POUR ABOUTIR À DES RÉSULTATS ÉQUILIBRÉS
Il est nécessaire, avant de commencer l'examen de la question de s'interroger sur la méthode à suivre dans l'approche de certains aspects du problème. La question est de savoir si la voie qui mène à la connaissance de la personnalité de la femme, de sa raison et de sa foi part des textes religieux ou de l'étude des éléments constitutifs de la personnalité de la femme telle qu'elle se présente dans le mouvement de son existence dans la réalité vivante et au niveau de son ouverture sur les perspectives ouvertes par la connaissance. Cette seconde alternative touche à des aspects du problème en rapport avec la profondeur et la fécondité de la pensée de la femme, avec la nature de sa vision des choses qui l'entourent, avec la bonne qualité de ses opinions, de son adhésion intérieure à la doctrine et à la ligne de l'attachement à la foi en Dieu, en Ses messagers et en Ses lois. Elle touche aussi à son adhésion extérieure à la ligne de l'action, celle de l'engagement direct et du retour permanent à Dieu, en tout ce qui concerne la piétée spirituelle et intellectuelle et la capacité de faire face aux défis, dans la cadre de la lutte intellectuelle qu'exige l'appel à la religion, ou dans celui de la lutte proprement dite (jihâd) contre les problèmes de nature plus concrète.
Nous pensons donc que l'étude qu'on mène au niveau de la réalité humaine de la femme, considérée parallèlement à la réalité humaine de l'homme, est le meilleur moyen susceptible de conduire à des résultats équilibrés. Nous allons donc nous pencher, tout d'abord, sur l'étude de cet aspect du problème et nous passerons, par la suite, à son étude tel qu'il se présente dans les textes. Il nous sera nécessaire de connaître, de près, la nature des conditions et des circonstances de l'émission des textes, car il est parfois possible de trouver des indices qui empêchent d'adopter le sens apparent du texte et de chercher, par la voie de l'interprétation un autre sens qui ne contredit pas la réalité extérieure. Il est aussi possible que des hadith (Traditions prophétiques ou imâmiques) s'avèrent être faux en raison d'une contradiction manifeste avec les fondements stables de la doctrine, ce qui les rend incompatibles avec la nécessité religieuse telle qu'elle est enseignée par le Livre (le Coran) et la Sunna (actes et paroles du Prophète et des Imâms).
EXEMPLES DE LA SUPÉRIORITÉ DE LA FEMME
A la lumière de ce que nous venons de dire, nous constatons lorsque nous établissons une comparaison entre un homme et une femme vivant dans des conditions socioculturelles et politiques identiques, nous constatons donc qu'il est difficile de les distinguer l'un de l'autre. Il n'est aucunement nécessaire qu'une telle comparaison nous conduise à trouver que la conscience qu'a l'homme de la question socioculturelle et politique est plus développée que celle de la femme. Au contraire, il est possible –en observant certains éléments internes ou externes distinctifs de le femme particulièrement- de trouver des exemples multiples de sa supériorité, par rapport à l'homme, en matière de la fécondité des pensées, de la profondeur des connaissances et de la clarté des vues. Cela est manifeste dans certaines expériences historiques où certaines femmes ont vécu dans des conditions semblables à celles des hommes et favorables aux exigences de leur développement mental et socioculturel. Ces femmes ont pu affirmer leurs rôles actifs et leurs attitudes stables et fondées sur les règles de la pensée et de la foi. Dieu nous a signalé des cas semblables en la personne de Maryam (Marie, la mère de Jésus) (que la paix soit sur eux) et de la femme de Pharaon, et l'Histoire nous a signalé d'autres en la personne de la Grande Khadîja, la Mère des Croyants (que Dieu soit satisfait d'elle), de Fâtima az-Zahrâ' et de sayyida Zaynab Bint 'Alî (que la paix soit sur elles).
Les attitudes ayant caractérisé les vies de ces grandes femmes témoignent d'une conscience fertile et ouverte sur les grandes causes qui ont animé leurs existences et donné de la vigueur au mouvement de leur conscience, à leur sens de la responsabilité et à leurs confrontations avec les défis qui les entouraient dans le domaine public. Ainsi, il est peut-être impossible de trouver un fondement de nature rationnelle ou religieuse pour l'établissement, dans le domaine qui leur était encore ouvert, d'une distinction entre les femmes et les hommes ayant vécu à leurs époques.
Si certains parlent de particularités peu ordinaires dans la personnalité de ces femmes, nous ne trouvons autre particularité que les conditions normales de leur vie. Celles-ci leur ont assuré les moyens nécessaires pour un développement spirituel et mental et pour un engagement pratique où tous les éléments constitutifs de la personnalité se réunissent d'une manière normale et naturelle. On ne peut, non plus, faute de preuves péremptoires et reconnues par tous sur sa validité, évoquer l'explication de très grande valeur qui fait intervenir des facteurs d'origine surnaturelle qui élèvent ces femmes au-dessus du niveau ordinaire de la femme telle que nous la connaissons. On sait pourtant que Dieu –qu'Il soit exalté- nous a parlé de l'élection d'une femme, Marie –que la paix soit sur elle- en raison de sa grande spiritualité et de la droiture de sa soumission à Lui. Cela est clair dans le récit divin qui met ses qualités en évidence lorsqu'il parle de sa mise sous la tutelle de Zakariyâ2 et des difficultés qu'elle a dû confronter lors de la conception et de la naissance de Jésus – que la paix soit sur lui-.
Si Dieu l'avait dirigée et soutenue par l'Esprit qu'Il lui avait envoyée, cela ne constitue pas un cas surnaturel en soi, mais un don divin spécial (lutf) concrétisé au niveau de l'assistance pratique et l'affermissement spirituel et accordé en réponse à la mise en application, par Marie (p), des ses convictions dans ce domaine, à partir de ses seules ressources humaines dont la faiblesse est la caractéristique essentielle, exactement comme c'est le cas de l'homme lui-même, considéré dans des situations analogues… Cela veut dire que nous ne trouvons pas de différence entre l'homme et la femme lorsqu'ils sont soumis à une expérience difficile dans une situations où l'on se trouve face à l'opposition, sans raisons ou justifications valables, de l'institution sociale. Bien sûr, l'opposition sociale, n'est pas due dans ce cas précis, à une déviation morale de la personne concernée et qui serait considérée du point de vue de la valeur négative de ses actes.
LA REINE DE SABA', CAS EXEMPLAIRE
DANS LE RÉCIT CORANIQUE
Lorsqu'on étudie l'Historie dans le récit coranique, sous un aspect autre que celui en rapport avec la foi, nous trouvons l'exemple de la Reine de Saba' lorsqu'elle invita ses conseillers pour délibérer avec eux et demander leurs conseils au sujet de l'attitude à prendre face aux menaces que Sulaymân (Salomon) leur avait proférées, à son peuple et à elle, dans une lettre qu'il venait de lui envoyer. Ce recours à la consultation peut témoigner de la fécondité de sa pensée dans la mesure où elle ne prit une décision du genre qu'elle peut mettre à exécution à partir de son statut en tant que reine qu'après avoir consulté les gens d'esprit parmi ses sujets. Le Coran nous relate cet événement dans la Sourate "an-Naml" (les Fourmis):
(Elle dit: "O vous, les chefs du peuple! J'ai reçu une noble lettre. Elle vient de Sulaymân et il y est dit: 'Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux: ne soyez pas orgueilleux devant moi et venez vers moi tout en étant soumis"). Coran, les Fourmis (an-Naml), XXVII 29-32.
Ainsi, elle voulut que ses sujets lui donnent l'avis politique qui l'aiderait à prendre l'attitude convenable vis-à-vis de cette question de première importance. Mais, confiants en ses qualités en matière de réflexion, ils remirent la question entre ses mains, lui laissant ainsi le loisir de prendre, elle-même, la décision définitive. De la sorte, ils se contentèrent de lui obéir et d'exécuter ses ordres en déployant toute la force dont ils disposaient pour faire face aux défis des autres rois qui pourraient menacer le pouvoir de leur reine et les lieux de liberté dans leurs propres vies.
(Ils dirent: "Nous sommes forts et notre puissance est remarquable, mais c'est à toi de commander. Réfléchis donc au sujet de ce que tu dois nous ordonner". Elle dit: "Lorsque les rois pénètrent dans une cité, ils la corrompent et humilient les puissants parmi ses habitants; c'est ainsi qu'ils agissent. Mais je vais leur envoyer un présent et je verrai ce que les émissaires apporteront". Coran: "an-Naml" (les Fourmis) XXVII, 33-35.
Sage et mesurée, sa décision était fondée sur des calculs rigoureux qui conduisent à la meilleure solution du problème mais qui ne résidait nécessairement pas dans la force. La reine pensa donc qu'il fallait étudier la personnalité de Sulaymân et répondre aux questions suivantes: Est-il un roi qui cherche à étendre son pouvoir par la violence aveugle qui supprime l'existence des autres et leur liberté de prendre les décisions qu'ils veulent et qui détruit leur vie en les humiliant comme le font les autres rois ayant ce genre de défauts? Dans un tel cas, il serait nécessaire d'étudier la question du point de vue des possibilités d'une solution pacifique, ce qui permet d'évaluer sa force et de savoir si la confrontation avec Sulaymân est possible ou non. Il est bien sûr nécessaire de savoir s'il est un messager de vérité et de bonne direction et s'il est possible de discuter avec lui des questions qu'il cherche à faire prévaloir.
Elle finit donc par décider de lui envoyer un présent et de voir si sa réponse sera pacifique ou violente, forte ou faible. Pour un roi, le présent peut avoir de l'effet s'il est de grande valeur; il peut même l'irriter si les objectifs qu'il cherche à atteindre sont d'un genre différent de ce qu'on lui propose. Mais s'il est un roi qui appelle à la vérité, il ne peut faire de concessions sous l'influence de toute chose matérielle quoi qu'elle puisse être.
Ce fut ainsi qu'elle se comporta en prenant sa décision définitive. Celle-ci témoigne de la sagesse et de la mesure émanant d'une personnalité qui fait des calculs rigoureux avant de prendre une décision. Elle agit à partir d'une réflexion rationnelle et non à partir de la passion et de l'affectivité, et ce malgré le fait qu'elle possède bien les moyens qui lui permettent de conférer même à ses fortes émotions –compréhensibles quand il s'agit d'affaires pouvant menacer son trône- une influence sûre dans la mesure où son peuple possédait une force et une puissance redoutables.
Le Coran nous présente la femme, à travers le modèle qu'est la reine de Saba', comme une femme qui maîtrise sa raison, qui ne se soumet pas à son affectivité, car sa responsabilité a pu faire mûrir son expérience et rendre sa raison plus forte au point qu'elle a atteint un niveau lui permettant de gouverner les hommes qui ont trouvé en elle une personnalité assez forte et douée de sagesse pour diriger leurs affaires publiques.
L'analyse de ce modèle montre qu'il est possible, pour la femme, de vaincre les facteurs de la faiblesse féminine qui peuvent avoir une influence négative sur la manière avec laquelle elle pense et réfléchit. Elle montre aussi qu'elle peut prendre les décisions et diriger les affaires et cela veut dire que la faiblesse n'est pas une fatalité à laquelle la femme ne peut pas échapper.
En fin de compte, et assistant au miracle du transport de son trône, ou grâce à sa conversation avec lui, la reine fut convaincue et se convertit à l'Islam y rejoignant ainsi Sulaymân. Cela fournit une preuve supplémentaire de la validité de notre idée sur la femme capable de décider, de s'engager et de choisir son appartenance au moyen de la pensée régie par un calcul rigoureux qui peut manquer à beaucoup d'hommes.
LA FEMME DE PHARAON, UN AUTRE
EXEMPLE
Il est nécessaire, avant de passer à une question, et au lieu de nous contenter de passer en revue les exemples et les modèles, de s'arrêter devant la personnalité de la femme de Pharaon qui vivait au paroxysme de la grandeur de la félicité. Mais elle se révolta contre tout cela grâce à sa foi qui ne lui permettait pas de s'ouvrir à cette vie d'arrogance, de tyrannie et de distraction où l'égoïsme de ceux qui se divertissaient des souffrances de opprimés et de la faim des affamés cohabitait avec la révolte contre Dieu et le renoncement à toute action charitable dans la vie sociale…
La femme de Pharaon aimait vivre sa foi dans son humanité. Mais elle ne trouvait aucun moyen pour le faire, car son mari remplissait la vie qui l'entourait de tout ce qui n'était pas humain à travers ses mauvais agissements contre les opprimés… Ainsi, elle s'adressa à Dieu en lançant un cri exprimant son refus spirituel et intellectuel de tout ce qui l'entourait. Elle invoquait Dieu pour qu'Il lui accorde la force nécessaire pour continuer sa lutte dans l'exercice de son action et pour que le défi soit plus grand dans l'attitude qu'elle avait prise. Elle Lui demandait de lui construire une maison au Paradis afin qu'elle puisse y faire loger ses rêves de femme de foi, chaque fois où elle sentait la faiblesse envahir son être et menacer ses attitudes et ses options… Elle Lui demandait de la sauver de Pharaon et de ses agissements, car elle ne pouvait pas souffrir sa personnalité morbide et son action arrogante. Elle Lui demandait de la sauver des gens injustes qui entouraient Pharaon, qui le flattaient, qui le soutenaient dans ses injustices et qui tournaient dans son orbite, comme le font des petits injustes au service des grands injustes.
Ainsi, Dieu donna son histoire en exemple pour les Croyants et les Croyantes pour qu'elle leur serve de modèle et d'idéal de la puissance de la foi humaine révoltée contre le règne de l'injustice avec tout ce qu'il propose comme plaisirs et séductions. De même, Il donna Marie, après la femme de Pharaon, en exemple sur le plan des valeurs morales. Elle fut un modèle parfait qui croyait en la parole du Seigneur et en ses Livres. Elle fut un modèle dans l'humilité et la soumission à Dieu dans toute sa vie qui fut une prière continue… Dieu –qu'Il soit exalté- dit ce propos:
(Dieu donna la femme de Pharaon en exemple pour ceux qui ont cru. Elle dit: 'Seigneur! Construis pour moi, auprès de Toi, une maison au Paradis et sauve-moi de Pharaon et de ses agissements. Sauve-moi aussi des gens injustes'. Et Marie, la Fille de 'Imrân, qui préserva sa chasteté et Nous lui insufflâmes de notre esprit. Elle prêta foi aux paroles de Dieu et ses Livres et elle fut parmi les humbles). (Coran, "at-Tahrîm" (L'Interdiction) LXVI, 11-12).
LA FEMME CROYANTE, L'IDÉAL DE LA PUISSANCE HUMAINE
Nous savons que la considération de la femme croyante et puissante comme idéal pour les hommes croyants et les femmes croyantes à la fois indique clairement que le Coran reconnaît la possibilité, pour la femme, d'avoir la force suffisante pour se mettre à l'abri de tout ce qui peut conduire vers la chute et pour se révolter contre tout ce qui incite à accepter la faiblesse… Cela prouve que la femme, qui atteint le niveau idéal, peut être l'idéal de l'homme tout comme elle peut l'être pour la femme. L'appartenance commune à l'espèce humaine lui permet d'être une source de générosité humaine et morale, de sorte que les différences de sexe disparaissent pour céder la place à l'unité de la raison, de la volonté, du mouvement et des positions et attitudes.
Si l'on jette un coup d'œil sur certains exemples coraniques ou sur certaines personnalités historiques islamiques représentatives de grands rôles héroïques joués par des femmes, nous trouvons, dans une telle lecture de l'histoire, des femmes qui ont concrétisé la supériorité à travers ce qu'elles possédaient comme capacités et dons, et à travers les attitudes et les positions qu'elles adoptaient prouvant qu'elles pouvaient surmonter leurs faiblesses et les transformer en force pour atteindre un haut niveau de supériorité.
Nous trouvons qu'à l'époque moderne et, de nos jours en particulier, que l'expérience humaine connaît, dans les différents domaines de la science et de la culture aussi bien que dans ceux du mouvement politique et social, beaucoup de femmes qui ont pu s'affirmer et affirmer leurs expériences de pionnieres. Celles-ci expriment la puissance humaine et montrent que la femme est à même de défier, de résister et d'inventer dans tous les domaines publics et privés, ce qui suggère l'existence d'une sorte d'équilibre des capacités humaines dans les conditions communes à l'homme et à la femme.
Il s'agit là d'une représentation de la réalité vivante vécue par chacun de l'homme et de la femme, dans la réalité humaine. Elle prouve que la différence biologique, au niveau de la nature humaine, n'a pas empêché l'unité et la communauté au niveau de la puissance intellectuelle, de la volonté ferme et de la souplesse pratique des hommes et des femmes lorsque les conditions sont réunies pour donner naissance à la force, à l'équilibre et à l'invention.
Quel est donc le point de vue de l'Islam à ce sujet? Y a-t-il, en Islam, une attitude négative qui fait de la femme un être humain inférieur à l'homme du point de vue de sa raison, de sa foi et de son mouvement dans la vie? Et cette attitude qui peut caractériser la mentalité populaire ainsi que celle de certains savants et penseurs musulmans coïncide-t-elle avec l'attitude coranique ou bien la conformité de la première à la seconde n'est-elle pas assez stricte?
http://francais.bayynat.org/femme_en_Islam/personalite.htm#.VWtOt1JQAZw
Islam - L'épreuve de la maladie par al_ikhlas
Pour traiter ce sujet, nous avons trois sources, le Coran avec de nombreux versets sur la maladie, le hadith et traditions se rapportant au prophète ainsi que la pratique et traitements de l'époque ; Enfin, les oeuvres des savants musulmans sur la maladie, et principalement « ZAAD AL MAAD » d'IBN QAYYIM AL JAWZYYA ».
Ce livre rapporte les enseignements du prophète éclairant plusieurs domaines de la vie du croyant. Une grande partie de cette oeuvre traite des questions médicales : Les soins, le malade, et bien entendu, les recommandations du prophète à ces propos.
Le Coran évoque la maladie, et autres états en découlant, dans 25 versets. Il ressort de l'analyse de ces versets, qu'il y a deux catégories de maladies : Celles de la foi, citées 12 fois, dues à l'éloignement de Dieu ou l'égarement, et celles corporelles ou physiques, 13 fois.
IBN QAYYIM parle de l'intérêt des soins spirituels pour les perversités de la foi, et de la nécessité de soins médicaux pour les maladies du corps.
Dans la conception islamique, la maladie est considérée comme une épreuve divine. Or, l'épreuve est en fait une notion générale qui ne concerne pas uniquement la maladie. La vie de l'homme sur terre, n'est-elle pas justement la véritable épreuve ?
Il en découle que le musulman doit être patient. Le prophète n'a-t-il pas dit : « la patience est la moitié de la foie ». Mais cette patience ou compassion pour son prochain, ne doit pas exclure ou négliger la recherche du soin adéquat.
La nécessité des soins est indiquée dans plusieurs hadiths. Le prophète a répondu à des bédouins qui venaient lui demander : « Envoyé de Dieu, devons-nous nous soigner ? », « Oui, sujets d'Allah, soignez-vous car Allah, le puissant et le grand, n'a créé de maladie sans lui avoir associé un remède, à l'exception d'une seule ». Ils s'interrogèrent : « Laquelle ? » Le prophète répliqua : « c'est la vieillesse ».
Une deuxième hadith de MOSLIM rapporte : « pour chaque maladie il y a un remède. Quand le remède est compatible avec la maladie, il va la guérir, avec la permission de Dieu, Gloire et puissance à lui ».
Un troisième hadith : « A toute maladie un remède. Le traitement vaincra la maladie, et le souffrant se rétablira avec la permission de Dieu, à lui la puissance et la gloire ». Quand le remède est compatible avec la maladie, celui-là va la guérir avec l'aide de Dieu.
Un quatrième hadith dit : « Dieu n'a fait descendre une maladie sans avoir, en même temps, fait descendre son remède dont certains ont eu connaissance alors qu'il est demeuré inconnu pour d'autres ». Ainsi que l'homme arrive à connaître ou non ce remède, le remède existe.
Pour commenter ces hadiths qui contiennent beaucoup d'enseignements :
1ère Conclusion :
IBN QAYYIM rapporte que le fait de remettre à Dieu ne s'oppose pas à la nécessité de prendre tous les moyens de soins adéquats lorsqu'on est atteint d'une maladie. Au Contraire, il considère que le sens véritable de la confiance en Dieu est de se remettre à lui en prenant toutes les dispositions nécessaires pour atteindre ce qu'on cherche. Ainsi, en islam, il n'existe pas de contradiction entre la notion de remettre à Dieu et le fait de disposer de tous les moyens disponibles de la vie courante ( pas uniquement de se procurer les soins adéquats à sa maladie ».
2ème Conclusion :
Dans le hadith « A toute maladie, un remède ». Cela signifie pour IBN QAYYIM une incitation à chercher un remède, à commencer par le malade lui-même qui dans sa requête de soins va s'attacher à un traitement potentiellement existant et capable de le guérir, arrivera déjà à vaincre le désespoir et trouvera la force pour lutter contre la maladie. Dans ce hadith, le médecin doit être confiant puisque la maladie à son anti-dote, le remède. Lui aussi va déployer tous ses efforts à la recherche de ce remède.
3ème Conclusion :
la maladie 2éme partie ''islam'' par jamal61
Il ne suffit pas de trouver le remède et que celui-ci soit compatible avec la maladie. Il existe d'autres conditions supplémentaires pour aboutir à la guérison, notamment l'état du malade qui va recevoir ce remède et le dosage de ce dernier...
Le Coran accorde des dérogations pour aider le malade dans ses pratiques religieuses. Pour le jeûne ; « Celui, qui par suite d'une maladie ou d'un déplacement, aura manqué des jours de jeûne, devra les remplacer » verste 185, sourate 2 . Donc Dieu ordonne au malade d'accomplir son jeûne en cas de maladie.
Pour l'ablution, elle est remplacée par la purification sèche ou ablution pulvérale (taymmum) : « Si vous êtes malades ou en voyage, ou si vous venez de satisfaire un besoin, ou si avez eu des rapports avec vos femmes et que vous manquiez d'eau, cherchez de la terre propre » verset 6, sourate 5.
Pour les pèlerins, Dieu a permis au malade, ainsi qu'à celui qui souffre d'une affection de la tête ou autre de se raser durant l'Ihram : Celui qu'une maladie ou infection du cuir chevelu obligera à se raser, devra se racheter par temps de jeûne, une aumône ou un sacrifice » verset 197, sourate 2.
Commentant ces dérogations accordées aux malades, IBN QAYYIM dit que le principe de la médecine des corps se base sur trois fondements :
Préserver la bonne santé, la restriction pour ne pas aggraver la maladie, l'évacuation des substances nuisibles en ordonnant de couper les cheveux dans les cas d'infection dermatologique pour un pèlerin.
Il faut retenir également de ces versets que la religion musulmane considère que la préservation de la bonne santé et la nécessité de soins justifient une souplesse dans les prescriptions religieuses sans utiliser les substances interdites et illicites dans le traitement.
Le prophète a dit dans un hadith rapporté par EL BOUKHARI : « Dieu n'a pas mis votre guérison dans qu'il vous a interdit ».
IBN QAYYIM rapporte quelques règles pour préserver une bonne santé :
- Une alimentation saine, diversifiée, équilibrée, pas trop abondante et respectant les règles d'hygiène. En elle-même, c'est un traitement préventif.
- La prévention pour éviter la maladie.
- Pratique du sport qui permet de dégager les surplus entassés dans le corps. Le prophète a recommandé les activités sportives : La course à pied, la natation, l'équitation, le tir ...
Le statut du malade en islam
Le Statut du malade en islam doit répondre à 4 principes selon IBN QAYYIM :
- Le malade, dans le droit musulman, jouit de tous ses droits légaux. IBN EL KAUDAMA dit dans son livre EL MOUGHNI : « Celui qui ne perd pas sa raison, ses transactions et ses actions sont valables ».
- L'allègement des prescriptions religieuses.
- L'état psychique du malade.
- L'importance du médecin habile : Il ne doit pas se focaliser uniquement sur la maladie, mais prendre en compte l'environnement, les habitudes, l'âge et le pays du malade. Il doit adopter une stratégie ouvrant plusieurs possibilités de soins, et connaître l'autre partie de l'homme, qui est le côté psychique et mental.
Dr Ahmed JABALLAH
http://www.amaf-france.org/images/NotionMaladie.pdf
En plus des 5 piliers et des obligations essentielles dont le Musulman doit s’acquitter, l’Islam établit également des règles de conduite pour les Musulmans.
Les enfants doivent obéir à leurs parents et leur montrer de la bonté et du respect. Désobéir à ses parents et leur manquer de respect constituent un péché très grave. Bien qu’on doive respecter ses 2 parents, c’est la mère qui mérite le plus de respect car c’est elle qui a pris soin de son enfant lorsqu’il était petit."et ton Seigneur a décrété : "n'adorez que Lui; et (marquez) de la bonté envers les père et mère : si l'un d'eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi; alors ne leur dis point : "Fi ! " et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses, et par miséricorde abaisse pour eux l'aile de l'humilité; et dis : "Ô mon Seigneur, fais-leur; à tous deux; miséricorde comme ils m'ont élevé tout petit".
(Versets 23/ 24- Sourate 17)
Dieu ordonne aux hommes de faire preuve de gentillesse envers leurs femmes et de faire de leur mieux pour les traiter avec bonté.
« Et comportez-vous de manière convenable envers elles … » (Coran 4:19)
Le Messager de Dieu a dit : « Les meilleurs parmi les croyants sont ceux qui ont le meilleur tempérament. Et les meilleurs d’entre vous sont les meilleurs envers leurs femmes. »[1] Le Prophète de miséricorde nous a dit que la façon dont un mari traite son épouse est le reflet du bon caractère dont un musulman devrait faire preuve, et que ce caractère est lui-même le reflet de la foi de l’homme. Par quels moyens un mari musulman peut-il se montrer bon envers sa femme? Il devrait lui sourire, éviter de la blesser, veiller à faire disparaître ce qui pourrait lui nuire, la traiter avec gentillesse et faire preuve de patience envers elle.On doit aussi toujours essayer d’aider les autres et on ne doit jamais faire preuve de mauvaise conduite envers eux en leur causant du tort.
Aider les autres
Abū Hurairah (r.a.) rapporte que le prophète a dit : « Ô Abū Hurairah, sois pieux et tu seras le meilleur des adorateurs. Contente-toi de ce que tu possèdes et tu seras le plus reconnaissant d’entre les hommes. Aime pour les autres ce que tu aimes pour toi-même et tu seras un véritable croyant. Traite ton voisin de la meilleure façon qui soit et tu mériteras d’être appelé musulman. Ne ris pas trop car le trop de rire tue le coeur. » Ibn Majah Kitāb-Uz-Zuhd
La charité, en islam, est non seulement recommandée, mais obligatoire pour tout musulman qui est stable financièrement. Donner la charité à ceux qui sont dans le besoin fait partie de la nature du musulman et constitue un des cinq piliers de l’islam. La zakat est une « charité obligatoire »; en effet, il est obligatoire, pour ceux que Dieu a comblés de richesses, de venir en aide aux membres de la communauté musulmane qui sont dans le besoin. Certaines personnes, dépourvues de tout sentiment d’amour et de compassion envers autrui, ne savent qu’amasser les richesses et les faire fructifier encore en les prêtant à intérêts. Les enseignements de l’islam sont aux antipodes de ce genre d’attitude. L’islam encourage le partage des richesses et fait en sorte que les gens arrivent à se débrouiller et à devenir des membres productifs de la société.
Le Prophète a dit : « «Le fils d'Adam dit: «Mes biens! Mes biens!» Or qu'as-tu d'autre, ô fils d'Adam, de tes biens si ce n'est ce que tu as mangé et que tu as ainsi épuisé; ou ce que tu as porté comme vêtements que tu as ainsi usés; ou ce dont tu as fait aumône et que tu as fait parvenir à ses ayants-droit». (Rapporté par Mouslim)
Lorsque des musulmans se rencontrent, ils doivent se saluer. le premier doit dire:Assalamou Alaykoum (Que la paix d’Allah soit sur vous)
Et son interlocuteur doit répondre: Wa ‘alaykoum as-salaam ( que sur vous [aussi] soit la paix d’Allah)
Abū Yūsuf ‘Abdlāh Bin Salām (r.a.) raconte : « J’ai entendu le prophète dire : « Ô gens ! Répandez la salutation de paix parmi vous ; donnez à manger aux autres ; respectez vos liens de parenté ; suppliez Dieu quand les autres sont en train de dormir. Agissez ainsi et vous entrerez au Paradis en paix. » Tirmidhī Abwāb Sifat--Qiyāmah
Le terme « salam » signifie : être à l’abri et bien protégé contre le mal et les défauts. As-salam est aussi un grand nom d’Allah, le Puissant et Majestueux. Sur la base de cette explication, le fait de dire « as-salamou alaykoum » signifie «Allah vous observe et vous voit ». Ce qui implique une belle leçon. La phrase signifie encore : la bénédiction du nom du Très Haut vous profite.
Pour manger
le prophète (bénédiction et salut soient sur lui)quand il introduisait sa main, dans le récipient, il disait : au nom d’Allah » et donnait au mangeur l’ordre d’en faire de même et disait : « Si l’un de vous veut manger, qu’il mentionne le nom d’Allah le Très Haut. S’il oublie de mentionner le nom d’Allah au début, qu’il le fasse à la fin ». (Hadith authentique rapporté par at-Tarmidhi, 1859 et Abou Dawoud, 3767).
L’avis juste est que la prononciation de la tasmiyya (au nom d’Allah) est obligatoire quand on veut manger. Les hadith qui vont dans ce sens sont clairs et authentiques et ne souffrent d’aucune opposition.
b) quand le récipient était enlevé, il disait : « Nous louons Allah d’une louange bonne, abondante, bénie : nous ne pouvons pas compenser (Son bienfait), nous ne cesserons pas de Le louer ; nous ne pouvons pas nous passer de Lui. Car Il est notre Maître, le Puissant, le Majestueux. » Voir Boukhari, 5142.
c) Il ne critiquait jamais une nourriture. Au contraire, quand il en avait envie, il la mangeait, autrement, il la laissait et se taisait. (Rapporté par Boukhari, 3370 et Mouslim, 2064).
Parfois il disait : « Je n’en ai pas envie ou il ne suscite pas mon appétit ». (Rapporté par Boukhari (5076) et Mouslim (1946).
d) Parfois, il louait une nourriture. Quand sa famille lui demanda de la sauce (idam) et lui dit : « Nous n’avons plus que du vinaigre, il demanda à ce qu’on lui en apportât, puis en consomma et dit : « Quel excellent ingrédient qu’est le vinaigre ? (rapporté par Mouslim, 2052).
e) Il avait l’habitude de parler en mangeant,comme il a été dit dans le hadith précédent. C’est ainsi qu’il dit au cours d’un repas à Omar ibn Abi Salama dont il s’était chargé de l’éducation : « Mentionne le nom d’Allah et mange de ce qui se trouve de ton côté ». (Rapporté par Boukhari, 5061 et Mouslim, 2022).
f) Il lui arrivait d’insister auprès de ses hôtes pour les amener à manger à la manière des gens généreux. Cela est indiqué dans le hadith d’Abou Hurayra rapporté par Boukhari à propos du lait qu’il avait offert (à quelqu’un) en lui disant plusieurs fois : « Bois-en » et il n’avait cessé de le répéter jusqu’à ce que son interlocuteur répondit : « Au nom de Celui qui t’a chargé de transmettre la vérité, je ne lui trouve pas de place » (rapporté par Boukhari, 6087).
g) quand il avait mangé chez des gens, il ne sortait pas avant de prier pour eux. C’est ainsi qu’il formula la prière suivante chez Abd Allah ibn Bousr : « Mon Seigneur, bénis leur la subsistance que tu leur as accordée ; pardonne-lui et aie pitié d’eux » (rapporté par Mouslim, 2042).
h) Il ordonnait l’usage de la main droite pour manger et interdisait l’usager de la main gauche et disais « Satan mange avec la main gauche et boit avec la main gauche » (rapporté par Mouslim, 2020).
Ce qui implique l’interdiction de l’usage de la main gauche. Ceci est exact. En fait, celui qui mange avec sa main gauche est, soit un démon ou un assimilé à Satan.
Il a été rapporté de façon sûre qu’il a dit à un homme qui mangeait avec lui en employant sa main gauche : « mange avec ta main droite » et l’autre de répondre : « Je ne peux pas » et le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) lui dit : « Puisses-tu ne jamais pouvoir » Par la suite, l’homme ne put plus se mettre la main (droite) dans la bouche » (rapporté par Mouslim, 2021). S’il était permis d’utiliser la main gauche pour manger, le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) n’aurait pas prié contre cette personne... Son orgueil l’empêcha d’obtempérer. Ce qui constitue le plus grave acte de désobéissance et fait mériter une telle prière.
i) Il donna à des gens qui s’étaient plaints auprès de lui de leur incapacité de se rassasier, de manger ensemble, de ne jamais manger individuellement et de mentionner le nom d’Allah afin qu’Il leur bénisse leur nourriture » (rapporté par Abou Dawoud, 3764 et Ibn Madja, 3286) Voir Zad al-Ma’ad, 2/397-406).
k) Il a été rapporté de façon sûre qu’Il a dit : « Je ne mange pas couché du côté » (rapporté par Boukhari , 5083).
l) Il mangeait à l’aide de ses trois doigts. Ce qui est la plus utile façon de manger. Voir Zad al-Ma’ad, 220-222.
2. Quant à sa pratique relative à la prévention,en voici la substance :
a) Il tenait à bien connaître ce qu’il devait manger ;
b) Il se contentait des aliments utiles ;
c) Il se contentait de ce qui lui était nécessaire en matière de nourriture et ne cherchait pas à grossir. C’est ainsi qu’Ibn Omar (P.A.a) nous a rapporté que le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Le croyant mange de façon à ne remplir qu’un seul (ma’y) et le non croyant mange de façon à en remplir sept. » (rapporté par Boukhari, 5081 et Mouslim, 2060).
d) Il a appris à sa communauté une conduite leur permettant de se prémunir contre les maladies provenant de l’alimentation. A ce propos, il dit : « Le fils d’Adam ne remplit pas un récipient pire que son ventre. Que le fils d’Adam se contente du strict nécessaire. S’il ne peut pas ne pas le dépasser, qu’il réserve le tiers de son ventre au manger, un autre tiers au boire et un troisième à la respiration ». (Rapporté par at-Tarmidhi, 1381 et Ibn Madja, 3349 et vérifié par al-Albani dans As-Silsik as-Sahiha, 2265). Allah le Très Haut le sait mieux.
Etre toujours propre
"Allah est Pur, Il aime la pureté, Il est Propre ("nadhîf"), Il aime la propreté ("nadhâfah"), Il est Bon, Il aime la bonté, Il est Généreux, Il aime la générosité. Nettoyez donc autour de vous ("fanaddhifoû")- Dans une version, il est dit: "Nettoyez donc la cour de vos maisons."
(Tirmidhi: "Hadith Gharîb" - "Mousnad Bazzâr" - Dans la version du "Mousnad Abi Ya'la", le Hadith se termine par ces mots: "Nettoyez donc vos maisons.")
Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - dit : "Que celui qui croit en Dieu et au Jour Dernier dise le bien ou qu’il se taise." Le Très-Haut dit : "Il n’y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs conversations secrètes, sauf si l’un d’eux ordonne une charité, une bonne action, ou une conciliation entre les gens. Et quiconque le fait, cherchant l’agrément de Dieu, à celui-là Nous donnerons bientôt une récompense énorme." et aussi : "Mais entraidez-vous dans la bonté et la piété" .Or, les défauts de la langue dont le musulman doit se prémunir sont très nombreux savoir et un grand contrôle de soi.
La langue est, par excellence, l’instrument de l’expression. L’âme a de nombreux penchants et la langue est la voie la plus courte pour les exprimer. Les penchants sont tellement nombreux, mais il ne convient guère que la langue les exprime tous. L’âme est encline à l’orgueil, elle l’est aussi à l’insulte et à la chicane au moment de la colère ; elle verse dans les paroles plaisantes jusqu’à sombrer dans la futilité, elle est encline à rabaisser autrui et à lui faire ressentir ses propres mérites. Tout ceci, et j’en passe, fait partie des choses dont le musulman doit s’abstenir. Il doit apprendre à retenir sa langue de ce genre de travers et cela passe par le contrôle de la langue. Les prémices du contrôle de la langue résident dans l’entraînement au silence. Puis, il s’habitue progressivement aux paroles mesurées. Celui qui n’a pas l’habitude de se taire aura du mal à prendre l’habitude de mesurer ses propos avant de parler
Allah - que Son Nom soit glorifié- a loué ceux qui manifestent de la patience dans la difficulté, ceux qui manifestent de l’endurance dans les épreuves et ceux qui sont reconnaissants envers Dieu qui nous a comblé de bienfaits innombrables.
Les occurrences du mot patience, ou des mots qui en dérivent, sont très nombreuses dans le Coran. Dans certains passages, atteindre les rangs des valeureux est présenté comme un fruit de la patience et de l’endurance (32 :24) :
« Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les gens) par Notre ordre aussi longtemps qu’ils enduraient et croyaient fermement en Nos versets. »
et Il a dit (16 : 96) « Tout ce que vous possédez s’épuisera, tandis que ce qui est auprès d’Allah durera. Et Nous récompenserons ceux qui ont été patients en fonction du meilleur de ce qu’ils faisaient ».
Dieu accorde une récompense double à ceux qui ont enduré et patienté (28 : 54) : « Voilà ceux qui recevront deux fois leur récompense pour leur endurance, pour avoir répondu au mal par le bien, et pour avoir dépensé de ce que Nous leur avons octroyé ».
L’importance du savoir est élucidée dans les premier versets du Coran où Allah dit : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l'homme d'une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [le calame], a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas. ». (Coran 96/1-5)
L’Islam n’a jamais séparé l’adoration du savoir et à travers ce verset et bien d’autres, Allah le Très-Haut, nous montre que l’adorer ne se limite pas à une série d’inclinaisons et de prosternations quotidiennes ou à de simples paroles prononcées sur le bout des lèvres.
Et l’exemple de notre Prophète, , est encore plus explicite. Pendant 23 années, son seul but fut d’enseigner et d’éduquer des hommes qui étaient des adorateurs d’idoles. Allah dit : « C'est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre (les Arabes) un Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu'ils étaient auparavant dans un égarement évident » (Coran 62 / 2).
http://www.islam-ahmadiyya.org/hadith/63-le-savoir-vivre-en-islam.html
http://www.islamreligion.com/fr/articles/27/
http://islamqa.info/fr/ref/6503
http://www.islamophile.org/spip/Le-silence.html
l'art de l'Islam - Leili Anvar par 7jslp
Au fil des siècles, sur l’immense étendue du monde islamique, différentes conceptions de l’art se développèrent, de sorte qu’il est totalement impossible d’énoncer les principes qui détermineraient la nature de son Art. La thèse selon laquelle le texte fondateur de la religion, le Coran, aurait aussi déterminé la forme de l’art est parfaitement défendable puisqu’il comporte des passages consacrés à l’Art, et qu’il énonce des points de vue à partir desquels peuvent être, et ont été parfois, formulées des théories artistiques. Toutefois, ces passages ont été différemment interprétés au fil des siècles. Nous trouvons tout d’abord des textes consacrés à la réalisation ou à la construction d’oeuvres d’art. Un certain nombre d’exemples portent sur des cas concrets, des édifices particuliers, tout en relation avec Salomon, roi et prophète, célèbre pour ses exigences en nature artistique et dont les artisans auraient été des esprits (Djinns). D’après le verset 11 de la sourate 34, Dieu aurait fait couler à son intention une source de métal en fusion, adaptation musulmane de la célèbre mère de cuivre du temple de Salomon à Jérusalem, dont parle l’Ancien Testament. Les Djinns (sourate 34, 12) auraient également confectionné pour Salomon des "maharib" (sing. mihrab), statues, ainsi que de la vaisselle et des ustensiles de cuisine. La notion de mihrab se retrouve dans plusieurs significations avant de désigner la niche qui se trouve dans le mur arrière de la Mosquée, nous reviendrons sur ce point par la suite. Il désigne fondamentalement une place d’honneur, mais il est difficile de dire ce dont il s’agit exactement dans ce passage. On peut noter toutefois que les ouvrages de Djinns sont avant tout des objets utilitaires et même des ustensiles d’utilité quotidienne, ce qui permet de relier sans difficulté ce passage à des particularités ultérieures de l’Art islamique, à savoir l’embellissement d’objets utilitaires, assiettes, pots, lustres, écritoires, etc. Suivant l’exemple de Salomon, il était bon que l’homme accordât toute son attention à l’environnement qu’il s’était crée. La Mosquée de Kairouan Un autre passage du Coran qui traite également de Salomon, semble plus complexe. Au verset 45 de la sourate 27, il est question d’un "sarh", fait ou recouvert de plaques de cristal ou de verre. Salomon l’a fait confectionner pour mettre à l’épreuve la reine de Saba et lui prouver sa supériorité. La signification exacte du mot "sarh" est controversée, on peut traduire au mieux par "espace construit" sans préciser davantage. Le plus étrange est que la reine de Saba prend l’espace en question pour un cours d’eau, autrement dit pour autre chose que ce qu’il est réellement. La signification religieuse de cette parabole ne nous intéresse pas ici, l’important est pour nous de noter que l’édifice en question a été construit afin de créer une illusion de réalité. Deux aspects de cette histoire correspondent à des traits permanents de la conception de l’art selon l’Islam, aspects partiellement contradictoires. D’un côté, l’oeuvre d’Art doit susciter l’étonnement et l’admiration, elle relève de la catégorie des objets extraordinaires, les "ajaib" (pluriel de "ajib", merveilleux, étonnant) terme utilisé constamment pour faire l’éloge des oeuvres. D’un autre côté, les oeuvres d’Art sont des illusions, des mensonges, elles prétendent être autre chose que ce qu’elles sont. Ainsi, l’Art peut-il être considéré comme mauvais et nuisible, c’est même l’avis de plus d’un lettré de l’islam moderne. Behzad, Leïla et Mejnoûn à l’école, 1494. 22 × 14 cm. Khamsé de Nizamî (folio 106 verso). British Museum, Londres Un thème domine depuis toujours le débat sur l’Art islamique, le problème de la représentation des êtres vivants. Le Coran lui-même ne formule aucune interdiction directe en la matière. D’après l’opinion générale, le fameux "aniconisme" musulman, la réticence à l’égard de la représentation picturale (par opposition à "l’iconoclasme", destruction des images par la violence qui n’intervint pratiquement jamais dans le cadre de l’Islam, ou alors essentiellement à des époques plus tardives) fut essentiellement une réaction à la richesse des représentations picturales que les musulmans trouvèrent dans les pays du pourtour de la Méditerranée et en Iran, puis en Inde et en Asie Centrale. Au départ, cette réticence était d’ordre social et psychologique, mais non idéologique, au fil des siècles toutefois, le refus des images fut intellectuellement et théologiquement fondé et l’on rechercha à l’appui de cette attitude, différentes maximes du Coran et des Hadiths retraçant les faits et gestes de Muhammad . Cela vaut en particulier pour le verset 43 de la sourate 3 racontant que Jésus donna vie à un oiseau dessiné pour prouver à travers ce miracle que seul Dieu est capable de donner la vie. La toute-puissance unique de Dieu est un principe essentiel de l’Islam qui va de pair avec un rejet absolu des idoles. Il était possible de soupçonner dans la représentation artistique des êtres vivants l’amorce d’une idolâtrie, aussi, la plupart des théologiens la condamnèrent comme un péché. Selon différentes traditions, au jour du Jugement dernier, les artistes seraient sommés de donner vie aux créatures qu’ils auraient représentées, et comme ils en seraient incapables, ils seraient voués aux enfers. Cette interdiction des images fut toutefois interprétée avec assez de souplesse et un certain nombre de traités aboutissent à des conclusions différentes en la matière. Elle influença néanmoins de différentes manières l’Art islamique. La Foi elle-même ne pouvait être représentée par des images, la piété dut donc trouver d’autres formes pour s’exprimer visuellement, c’est-à-dire artistiquement au sens le plus étroit. On pense généralement que ce fut à travers l’écriture, et que la calligraphie devint ainsi la véritable forme artistique de l’islam. Cette attitude eut aussi pour conséquence que l’Art profane et en particulier l’artisanat d’Art occupèrent une place de premier plan, alors qu’à la même époque, l’art religieux dominait presque partout ailleurs. Mais la conséquence principale de l’interdiction des images fut que le livre sacré ne fournit pas la source d’inscription la plus riche et la plus durable de l’artiste. Il y eut des exceptions, surtout à partir du XIIIe siècle dans le domaine de l’Art iranien et dans l’Art populaire, mais furent rares : l’expression de la Foi ne joue pas un rôle très important dans l’Art islamique, mis à part l’architecture et la calligraphie. Lampe du XIVe siècle, destinée à être suspendue par les côtés. Il faut mentionner pour finir deux thèmes qui furent dès le départ déterminants. Tout d’abord, la description extrêmement vivante, toujours très précise du Paradis, avec ses jardins, ses jeux d’eau et ses pavillons. Sans doute ces descriptions exercèrent-elles une influence directe sur l’Art décoratif musulman. On pense par exemple que le décor de mosaïque de la grande mosquée de Damas, qui date du début du VIIIe siècle, comporte une représentation du jardin du Paradis. Et même les jardins aménagés sous le règne des Moghols en Inde au XVIIe siècle sont à l’image des visions islamiques du Paradis. Même si nous ne sommes pas toujours en présence de représentation du paradis là où tel ou tel chercheur a cru les découvrir, le thème est incontestablement récurrent dans l’Art islamique de tous les pays. A l’époque moderne, certains architectes et urbanistes du monde musulman se sont réclamés de la maxime religieuse selon laquelle Dieu avait fait de l’homme son représentant sur terre et lui avait ainsi confié le soin de ce monde. Ils considèrent donc la préservation et l’entretien de la pureté de la nature comme partie intégrante des impératifs de l’Islam et, guidés par leur Foi, ils ont conçu plusieurs projets de constructions d’immeubles, de quartiers, voire de villes entières en harmonie avec la nature. (Source : Extrait tiré de l’ouvrage : "Arts et civilisations de l’Islam", sous la direction de Markus Hattatein et Peter Delius, éditions Könemann, 2000) |
Sawsan R. |
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité