L’islam estime que toutes les religions procèdent d’une même source : Allah. De ce fait, elles conservent malgré les péripéties de l’histoire une morale et des valeurs communes. Quand bien même les voies et les moyens diffèrent, les religions - plutôt la religion car en principe il n’y a qu’une seule religion- ont essentiellement pour but d’assurer à l’homme le bonheur ici-bas et dans l’au-delà.
« Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu’Il avait prescrit à Noé, ce que Nous t’avons révélé à toi-même, ce que Nous avions prescrit auparavant à Abraham, à Moïse et à Jésus : « Etablissez la religion et n’en faites pas un sujet de divisions. » s42 v13
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Certaines personnes, parmi lesquelles des athés, affirment que les prophètes et messagers se trompaient comme tous les êtres humains, et ils citent à ce propos l'assassinat de Habil fils d'Adam par Qabil et l'audition par David de la déposition de l'un des deux anges « adversaires » sans entendre la déclaration de l'autre..l'histoire de Jonas avalé par le poisson , l'histoire du Messager (bénédiction et salut soient sur lui) avec Zayd ibn Haritha et sa dissimulation d'un sentiment qu'il devait manifester,son histoire avec des Compagnons à qui il avait dit: vous connaissez mieux vos affaires de ce bas monde: une reconnaissance de son erreur dans ce domaine,enfin son histoire avec l'aveugle évoquée dans ces versets: « Il s' est renfrogné et il s' est détournéparce que l' aveugle est venu à lui.. » (Coran,80 :1-2) Est-ce que les prophètes et messagers pouvaient se tromper réellement?
Oui,les prophètes et les messagers se trompaient.Mais Allah ne laissait pas passer leurs fautes.Il les corrigeait par pitié pour leurs communautés,leur pardonnait et acceptait leur repentir par Sa grâce et Sa miséricorde.Car Allah est pardonneur et clément.
L'imam Ibn Taymiya a dit: " Le propos qui assure que les Prophètes sont préservés de commettre les péchés capitaux sans être préservés des péchés véniels est le propos de la grande majorité des Oulémas et de toutes les communautés musulmanes ! C'est le propos des Achâariyines, des Oulémas du Tafsir, du Hadith et des Foukahas. Il ne nous a été rapporté de nos prédécesseurs - des imams, des Compagnons du Prophète et de leurs adeptes - que ce qui confirme ce propos. " Les preuves qu'ils peuvent commettre des péchés véniels sans être approuvés sont les suivantes :
1/ Allah dit à propos d'Adam: " Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s'égara. Son seigneur l'a ensuite élu, agréé son repentir et l'a guidé. " (Sourate 20/verset 121,122)
2/ Allah dit à propos de Moïse: " Il dit: " Seigneur, je me suis fait du tort à moi-même; pardonne-moi. " Et Il lui pardonna. C'est Lui vraiment le Pardonneur, le Miséricordieux. " (Sourate 28/verset 16)
3/ Allah dit à propos de David: " Et David pensa alors que nous l'avions mis à l'épreuve. Il demanda donc pardon à son Seigneur et tomba prosterné et se repentit. Nous lui pardonnâmes. Il aura une place proche de nous et un beau refuge. " (Sourate 38/verset 24,25)
Le péché de David était de s'être empressé dans son jugement avant d'avoir écouté la partie adverse.
Il y a aussi notre Prophète à qui Allah le Très Haut reproche des choses qu'Il a citées dans le Coran ! Parmi elles: Ce verset: "O Prophète ! Pourquoi en recherchant l'agrément de tes femmes, t'interdis-tu ce qu'Allah t'a rendu licite ? Et Allah est Pardonneur, Très Miséricordieux. " (sourate 66/verset 1)
Comme il lui a reproché le problème des prisonniers de " Badre " (8/66,67) et l'histoire d'Ibn Oummi Maktoum (80/1à11) !
Il se peut que certains gens désavouant cela, veuillent interpréter les textes du Coran et de la Sunna et les dénaturer. Ce qui les pousse à ce propos ce sont deux suspicions (présomptions).
La première : Allah nous a ordonné de suivre ces Messagers et de les prendre comme exemple. L'ordre de les suivre nécessite que tout ce qui émane d'eux soit sujet à suivre, et que tout acte ou croyance émanant d'eux soit une obéissance. Or s'il est permis au Messager de commettre un péché alors ce serait une contradiction! Car cela exigerait que se réunisse dans ce péché commis par le Messager l'ordre de le suivre et de l'accomplir - puisque nous sommes contraints de prendre exemple sur lui - et le fait qu'il nous soit interdit de l'admettre puisque c'est un péché !! Cette présomption est exacte si le péché était caché et non pas flagrant de sorte qu'il s'entremêlerait avec l'obéissance ! Néanmoins Allah Le Très Haut prévient chaque fois ses Messagers, leur éclaircit leur désobéissance et leur facilite le repentir sans le moindre retard.
La deuxième: Les péchés sont un défaut et réfutent la perfection. Ceci est vrai s'ils ne s'accompagnaient pas de repentir. Or le repentir efface le péché et ne contredit pas la perfection. Donc on ne peut adresser au fautif une quelconque réprimande. D'ailleurs l'homme dans la plupart des cas devient après son repentir meilleur qu'avant qu'il ne commette le péché.
L'un de nos pieux prédécesseurs disait: " David était meilleur (dans son obéissance) après le repentir qu'avant d'avoir péché. "
Un autre disait: " Si le repentir n'était pas la chose la plus aimable à Allah, Il n'aurait pas éprouvé par le péché la plus noble de Ses créatures."
Il est bien connu que chaque Prophète qui avait commis un quelconque péché, s'était empressé de se repentir et de demander pardon à Allah. Les Prophètes ne sont point approuvés dans leurs péchés et ne retardent point le repentir. Allah les a préservés de cela et ils sont après le repentir plus parfaits qu'ils ne l'étaient avant !
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Un peu d'histoire
Né le 15 août 1769 à Ajaccio (Corse), Louis Napoléon Bonaparte est le 2ème fils de Carlo Maria Buonoparte et de Letizia Ramolino. Son père, avocat au conseil supérieur de Corse, le reconnaît noble en 1771, assesseur de la juridiction royale des provinces et de la ville d'Ajaccio. Il fut aussi élu député de la noblesse de Corse auprès du roi en 1777. Il lutta pour l'indépendance de la Corse. Napoléon fut donc élevé dans le ressentiment vis-à-vis de la France. Le 1er janvier 1778, Napoléon et son frère Joseph entrent au collège d'Autum. Le 15 mai 1779, Napoléon est admis au collège militaire de Brienne. Il le quittera en 1784 pour l'école royale militaire de Paris.
En 1785, alors qu'il n'a que seize ans, il devient lieutenant en second dans l'artillerie et est affecté en garnison à Valence. Mais son père meurt la même année et il est contraint de soutenir les intérêts familiaux et d'entretenir ses frères et sœurs.
La nuit du 4 août 1789, l'abolition des privilèges ouvre toutes les portes d'une grande carrière militaire à Napoléon. Pourtant, comme son père, il s'engage dans les luttes politiques de l'île. Néanmoins il est réintégré dans l'armée royale et nommé capitaine tout en s'opposant, comme lieutenant-colonel de la Garde nationale d'Ajaccio, aux " paolistes " qui cherchent à établir l'indépendance de l'île avec l'appui des Anglais. En juin 1793, lors de la déclaration de l'indépendance de la Corse, il se rallie définitivement à la France.
Le 5 octobre 1795, il est chargé par Barras de réprimer l'insurrection royaliste de Paris dirigée contre le Directoire. En récompense, il est nommé général de division et commandant de l'armée de l'Intérieur. Le 11 mars 1796, Napoléon part pour l'armée d'Italie dont il a reçu le commandement le 2 mars 1796 en tant que général en chef de l'armée d'Italie ; et ce jusqu'au 5 décembre 1797, date de son retour à Paris.
Le 19 mai 1798, Napoléon Bonaparte s'embarque cette fois-ci pour l'Égypte. Il y restera jusqu'au 23 août 1799. Cette expédition achèvera de parfaire sa popularité. Les 9 et 10 novembre 1799 (18 et 19 brumaires de l'an VIII), les conjurés désignent un consulat provisoire à la tête duquel ils nomment le général Bonaparte assisté de Ducos et de Sieyès. Le 15 décembre 1799, Napoléon proclame la Constitution autoritaire de l'an VIII, pour ensuite devenir 1er Consul muni d'un pouvoir considérable.
En 1801, Napoléon signe le Concordat avec le pape Pie VII. Il obtient le droit de veto sur les nominations ecclésiastiques. Suite à ce rétablissement de l'Eglise et du culte catholique, Napoléon amnistie les émigrés le 26 avril 1802. Durant quatre ans, le 1er Consul pacifie le pays, réorganise l'administration, les finances, la Justice et l'Eglise, donne donc à la France de grandes institutions : il crée la Banque de France, affirme la liberté d'entreprise, introduit un livret de travail, ainsi que le Code d'honneur et promulgue le Code civil le 21 mars 1804. A l'extérieur du pays, Napoléon part de campagnes en campagnes (Italie, Allemagne, Angleterre, Hollande, Suisse, Autriche,...).
En 1802, assuré de tous les pouvoirs, la Constitution de l'an X le désigne Consul à vie. Jusqu'à son sacre d'Empereur en 1804, Napoléon ne cessera de s'investir dans sa fonction. Il deviendra d'ailleurs le médiateur de la Confédération suisse en 1803. Grâce à son prestige auprès du peuple et à son génie politique, le 18 mai 1804, le sénat vote à l'unanimité l'instauration du gouvernement impérial, proclamant ainsi Napoléon empereur héréditaire des Français. Finalement le 2 décembre 1804, Napoléon, désormais appelé Napoléon Ier, est sacré empereur par le pape Pie VII à Notre-Dame de Paris.
Napoléon Bonaparte était doté d'une intelligence exceptionnelle. Doué en mathématiques, il inventa même un problème qu'il exposa devant l'Institut. Cependant, il n'en dévorait pas moins des traités d'art militaire, lisait les philosophes (comme Montesquieu, Rousseau et Voltaire) et les grands penseurs politiques (dont Mirabeau et Necker).
Napoléon, soldat, lieutenant, capitaine, général, consul puis empereur, ses fonctions se sont sans cesse multipliées. Pourtant, ses qualités d'administrateur surpassaient celle de général.
Napoléon et l'Islam
NAPOLEON BONAPARTE ET L'ISLAM par tarchon54
NAPOLEON BONAPARTE ET L'ISLAM par tarchon54
Il aurait été intéressant de savoir qu'il a pris le temps, plusieurs fois, pendant sa campagne d'Egypte et surtout lors de son séjour final à Ste Hélène, d'écrire et de faire écrire ses vues sur la religion de l'Islam. Je signale que cette persistance de l'Islam chez Napoléon dans ces derniers jours, ruinent totalement l'hypothèse du mensonge politique ou stratégique en Egypte, comme avancée par certains historiens, pour justifier ses vues pro-islamiques. Il faut se rendre à cette évidence.
Mais cela, je ne l'ai jamais appris à l'école, et on ne trouve guère encore trace de ses vues, à prix exorbitants, chez quelques antiquaires spécialisés. J'ai eu cette chance. Je vous les livre, ci-dessous.
L'Empereur Napoléon Bonaparte, ayant une écriture illisible, faisait écrire par ses derniers amis et généraux son "journal intime"... Et dans celui-ci il a enregistré son évaluation du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam.
Il dit en substance :
-Moïse () a reçu de Dieu, un message pour guider les hébreux sur le droit chemin. Mais conséquemment, ces derniers ont gardé pour eux-seuls les merveilleux enseignements de Moïse (). Ils ont détourné ce message pour le confiner à "une race d'élus de Dieu", au lieu d'en faire profiter le monde.
-Puis vint Jésus (), dit-il. Jésus () a souligné une belle vérité sur Dieu. Il a dit que Dieu est Unique et que vous devez l'aimer de tout votre cœur, et aimer votre voisin comme vous même.
Mais, dit Napoléon, après la mort de Jésus (), un groupe de politiciens, de Rome, a vu dans cette religion, une possibilité de contrôler une masse importante de gens. Ils ont donc élevé Jésus () au rang de Dieu, et partie de Dieu Lui-même. Ils ont ensuite donné à Dieu des partenaires. Ils étaient maintenant trois en un.
Napoléon a dit : c'est de l'idolâtrie.
-Puis enfin, l'Empereur Bonaparte a enregistré ceci: à un certain moment de l'histoire, apparut un homme appelé "Mohamed" (Mohammad –Paix et bénédictions sur lui). Et cet homme a dit la même chose que Moïse (), Jésus (), et tous les autres prophètes: il n'y a qu'Un Dieu. C'était le message de l'Islam.
L'Empereur Napoléon Bonaparte a dit: "l'Islam est la vraie religion". Et il a ajouté que plus les gens liront et deviendront intelligent, plus ils se familiariseront avec la logique et le raisonnement. Ils abandonneront les idoles, ou les rituels qui supportent le polythéisme, et ils reconnaîtront qu'il n'y a qu'Un Dieu. Et par conséquent, j'espère que le moment ne tardera pas où l'Islam prédominera le monde, car ..... Il prédominera le monde.
Ainsi a parlé l'Empereur Napoléon Bonaparte.
Dans "Correspondance de Napoléon 1er", tome V, p 518"Correspondance et Mémoire sur l'administration intérieure 1798-1799", la pièce n°4287 du 17 Juillet 1799, Napoléon Bonaparte prononce aussi officiellement sa déclaration de foi à l'Islam. Et la même information figure aussi dans un autre ouvrage (Nakoula): sa profession de foi en arabe (j'ai le photostat), traduite et publiée par M. Desgranges aîné,secrétaire-interprète officiel, et imprimé en 1839 à l'Imprimerie Royale – p 130 et 131.
Dieu possède les secrets de l'âme, dit le Coran. Bonaparte devait être considéré comme musulman, puisqu'il l'a dit et écrit !
Réf. succinctes: -Correspondance de Napoléon 1er: tome V, p518
Correspondance de Napoléon1er: pièce N°3148
Journal inédit de Sainte Hélène, de 1815 à 1818 (Gal Baron Gourgaud)
Ce sont là des sources précises, vérifiables, sur l'évaluation de l'Islam par Napoléon Bonaparte, Empereur de France.
Extrait du livre de M. A. Alibhaye : Islam et Christianisme: Logique de rapprochement. Ramadhan 1416(1996) 1er édition.
L’image dépréciative des musulmans, des Arabes et des Turcs est ancienne, mais elle a pris des proportions alarmantes à cause d’inauthentiques musulmans.
Les peuples de la rive Sud, témoins d’une riche histoire et d’une humanité ouverte, souffrent, pris entre deux feux: l’hégémonie occidentale et les archaïsmes internes. En rive Nord, l’invention injuste et dangereuse d’un «nouvel ennemi» en la figure du musulman, est en train de prendre une dimension démesurée. C’est une diversion qui occulte les stratégies en cours et les enjeux de demain. Depuis des années, nous tentons de sonner l’alerte, d’éveiller les consciences, d’attirer l’attention de tous pour éviter le contresens. Mais des médias occidentaux préfèrent les pyromanes et, des musulmans, au lieu de raisonner, réagissent subjectivement.
La présence de l’Islam dans les pays européens suscite une crispation des opinions publiques. Des représentants du culte musulman demandent aux pratiquants de tenir compte du contexte. Pourquoi des Occidentaux ont peur des musulmans? Il n’y a pas de hasard. Ces délires infondés ou inquiétudes légitimes ont une pluralité de causes. L’image des musulmans est désastreuse. La responsabilité est partagée.
La responsabilité des musulmans
La première cause réside dans le fait qu’une minorité parmi les citoyens européens de confession musulmane et d’autres à travers le monde trahissent l’Islam et alimentent la diversion. Comme hier pour les chrétiens, quand les guerres de religion et l’Inquisition ont suscité un sentiment anticlérical et antireligieux, le terrorisme des faibles, l’apparition de courants fondamentalistes et la remise en cause de la liberté de conscience par des extrémistes, nourrissent le sentiment antimusulman.
Le monde musulman, par-delà son hétérogénéité et des exceptions encourageantes, a des difficultés à se réformer, à réaliser la ligne médiane qui lie authenticité et progrès. Il cherche rarement à se démocratiser, à remédier à ses contradictions et à mettre fin aux discriminations que subissent chez lui ses propres minorités. Sous prétexte que la question est politique ou mafieuse et non religieuse, il sous-estime les effets sur la mémoire collective occidentale de la peur du terrorisme des faibles, le poids des attentats du 11 septembre et d’autres.
Au cours du XXe siècle, jusqu’à nos jours, l’instrumentalisation de la religion sous forme d’idéologie comme arme et l’utilisation de la violence aveugle dans le cadre de la lutte pour le pouvoir, par tous les courants qui s’y rattachent, tracent le tableau d’une tragédie sans nom. 14 siècles d’une civilisation lumineuse sont déformés depuis une trentaine d’années par ceux qui, de l’intérieur, dévoient l’Islam.
La responsabilité occidentale
La deuxième cause a trait à la stratégie du système dominant occidental qui a besoin d’un épouvantail pour faire diversion, en vue de tenter de réaliser la totalité de son hégémonie pour le siècle à venir. Après la chute du mur de Berlin en 1989, la politique belliciste et le terrorisme des puissants, qui manipulent, se sont réinventés un ennemi, pour faire écran aux visées et injustices. Cela ternit l’image des musulmans et trompe les opinions. L’amalgame fonctionne sur le matraquage de médias et d’industries culturelles liées à des cartels qui diabolisent les musulmans.
Ce n’est pas une ruse difficile à mettre en pratique, car l’islamophobie et l’ethnocentrisme occidental sont anciens. Depuis 14 siècles l’Islam est déformé par des non-musulmans. Les xénophobes puisent dans l’imaginaire qui occulte le fait qu’entre l’Occident et l’Islam l’échange était plus décisif que les divergences. Il ne saurait y avoir d’entente avec celui que l’on traite, d’entrée de jeu, comme un ennemi potentiel, dont on regarde avec suspicion les signes d’appartenance, en commençant par se demander si on peut ou non l’accepter.
Les xénophobes prétendent que l’Europe va s’islamiser et stigmatisent les musulmans pour faire peur. Avec indécence, la propagande haineuse surfe sur l‘ignorance, la crise morale et économique. Goebbels le nazi, pratiquait le même type de propagande et d’amalgame. Il ciblait les juifs, propageait des fausses informations à leur sujet et flattait les pires instincts de tous les courants prêts à se conduire en loups. Les musulmans aujourd’hui, courent le même risque, alors que le vécu paisible et bien intégré de l’immense majorité est ignoré.
La stratégie mise en place il y a plus de vingt ans par les néoconservateurs, est dopée par les attentats qui donnent du crédit à la propagande du «choc des civilisations». Ce n’est plus le radicalisme qui est dénoncé, ce sont les références fondatrices, le Coran et le Prophète. L’extrême droite prolifère et les tenants du laïcisme sectaire considèrent que la religion est un asservissement. Des chefs d’Etat et de gouvernement occidentaux, avec virulence et cynisme, appréhendent les musulmans comme boucs émissaires et déclarent la fin du multiculturalisme. Dans le cinéma américain, les scénaristes ont fait du musulman le «méchant». Des journaux publient des opinions dignes des temps des croisades, de la colonisation et des années trente: «Je hais l’Islam», «la talibanisation des sociétés musulmanes se généralise», «la logique de violence de l’Islam» et «le choc des civilisations est en train de triompher...à cause des musulmans». Des intellectuels, notamment sionistes, tiennent des propos sur la manipulation politique des peurs, jadis propagande de fascistes. Des intellectuels d’origine musulmane, dénigrent de manière schizophrénique leurs racines. Des intellectuels conscients reconnaissent que c’est le surgissement d’une islamophobie qui formate la société européenne et, montrent que l’islamophobie est le prolongement de l’antisémitisme. Cependant, la propagande de ceux qui pratiquent l’amalgame l’emporte.
Il reste un avenir
Les musulmans sont pris comme contre-feux. D’autant que l’Islam reste le témoin de la spiritualité, l’autre version de l’humain, perçue comme concurrente, qui résiste. L’occidentalisation du monde est un pari impossible, car cela demande d’abandonner des valeurs qui ont fait leur preuve, pour une appartenance problématique.
Poser la question ne signifie pas qu’il faille amplifier la théorie du complot. Il est clair que la situation se complique lorsque les nostalgiques de la nuit coloniale, les religiophobes qui nient les valeurs abrahamiques et les sionistes œuvrent pour empêcher tout rapprochement. Insidieusement, depuis l’occupation par la force de la Palestine en 1967, puis ouvertement après la chute du mur de Berlin en 1989, et brutalement depuis le 11 septembre 2001, des puissances, par manipulations sophistiquées, déplacent les problèmes du monde, masquent leurs échecs par l’idée funeste d’un «nouvel ennemi».
Surfant sur l’exaspération face aux comportements fondamentalistes mis sur le devant de la scène, ils gomment la frontière entre Islam et extrémisme et sponsorisent ceux qui renient leur «origine». Le délire se répand avec la prolifération de partis qui font de la croisade contre les musulmans leur mot d’ordre. L’occupation de l’Irak, de la Palestine et les politiques qui manipulent, produisent des extrémistes et puis considèrent les musulmans comme les nouveaux ennemis. Les musulmans n’exigent pas seulement que leur différence soit tolérée. Ils demandent davantage qu’un simple «droit de survivre», mais le droit de vivre avec. Il faut penser à un ensemble commun et non à des substituts et projet de demi-mesures. L’ordre de la tolérance est insuffisant, seul l’ordre de la reconnaissance ouvre la possibilité d’une vie commune juste.
Est une grande hypocrisie que l’empressement avec lequel des responsables occidentaux condamnent des actes islamophobes et antisémites, alors qu’ils procèdent d’un climat de défiance auquel ils ont contribué. Des régimes islamiques et des fondamentalistes crient à l’offense alors que, de leur côté, ils ont peu fait pour présenter le vrai visage de l’Islam, ni défendu la dignité des musulmans et leur diversité. Au contraire, par leurs réactions irrationnelles, ils ont déformé son image.
Malgré des comportements inadmissibles chez une minorité de musulmans, la réalité sociologique des citoyens musulmans en Europe montre leur aptitude à vivre le progrès et la sécularité. Cela gêne les extrémistes de la laïcité, du libéralisme sauvage et du sionisme. Ces trois courants dogmatiques et populistes incitent à la chasse aux musulmans. Les xénophobes, qui contredisent les valeurs des Lumières, sont choyés au lieu d’êtres rappelés à l’ordre par les lois de la République.
Les chantres de la provocation basent leur carrière intellectuelle sur la haine des musulmans. Ils monopolisent les médias parce qu’ils vivent dans un monde cynique où c’est devenu banal de haïr l’autre pour ce qu’il est. Il serait temps que des Européens se souviennent des principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme et ceux du monothéisme et prennent conscience que l’islamophobie est une diversion.
Si la tendance à l’hostilité vis-à-vis de l’Autre différent se renforce, cela signifiera que l’humanité éprouve les limites extrêmes de sa tendance au vivre-ensemble, que la banalisation de la haine se généralise et que la diabolisation d’autrui a atteint des cimes, que le besoin de partage qui pousse les hommes à s’unir, s’est épuisé. On sort de l’humanisme et du christianisme si on laisse faire la xénophobie en Occident. On sort de l’Islam, si on laisse faire le fanatisme et la réaction aveugle. Cela devrait aller de soi que nul ne peut se prévaloir des religions pour légitimer des violences. L’arrogance que l’Occident a à s’approprier, de manière injustifiable, des valeurs comme la démocratie, la sécularité et la raison et sa politique des deux poids, deux mesures aggravent la situation. En Orient, l’arrogance avec laquelle des régimes despotiques et des groupes rétrogrades portent atteinte aux valeurs islamiques et universelles de liberté et de responsabilité, clôture le tout. En riposte, communiquer et instruire est la voie pour bien montrer que les musulmans, contrairement aux apparences, ne sont pas une menace. L’image dépréciative des musulmans, des Arabes et des Turcs est ancienne, mais elle a pris des proportions alarmantes à cause d’inauthentiques musulmans qui alimentent la confusion. L’Occident se forge une identité contre l’autre. Le leurre, le contre-feu, la diversion de la peur et du «choc des civilisations» fonctionnent. Pendant ce temps, la vraie bataille fait rage sur des fronts décisifs: l’éducation, la technoscience, la finance et l’économie. Les enjeux pour les rapports de force demain. Sur le plan moral, l’Islam ce méconnu, dont certains de ses adeptes ignorants et sous-développés lui nuisent, en même temps il avance et de nouveaux musulmans éclairés rejoignent ses rangs. Si 40% des Européens le considèrent comme une menace, cela signifie que la majorité des Européens ne confond pas Islam et fanatisme. C’est-à-dire que 60% ne le perçoivent pas négativement, malgré les manipulations, le matraquage et les mauvais exemples.
Le mauvais comportement d’une partie de ses adeptes, ne peut changer la réalité: le Message coranique est au-dessus des stratégies de domination. Il libère l’humain universel. Nul ne peut nier que la démocratie et l’Etat de droit sont faibles en rive Sud, mais c’est un problème politique et non spirituel. Des Occidentaux discernent, s’intéressent à l’Islam et se convertissent même, touchés par sa logique et déçus par l’immoralité, la sauvagerie du système consumériste et par les contradictions des autres religions. En ce XXIe siècle, nul ne pourra tout seul retrouver une nouvelle civilisation universelle. Il y a lieu de favoriser une implication plus forte des Etats, de la société civile et de l’Unesco dans les problématiques de l’interculturel et l’interreligieux. Il reste un avenir.
Source : lexpressiondz.com
La question des frontières entre Islam et Christianisme paraît a priori relativement simple. De nombreux travaux importants, ont été réalisés, certains sont exposés sur le site du GRIC, qui délimitent le territoire de chacune des deux religions. Les points qui jalonnent cette frontière sont même clairement recensés et répertoriés. Ils tournent essentiellement autour du statut de Jésus, fils de Dieu, mort sur la croix et ressuscité pour racheter les péchés de l’humanité pour les chrétiens, et simple prophète de Dieu, qui n’a pas été crucifié mais plutôt transfiguré par Dieu, et annonciateur de l’arrivée du prophète Muhammad, pour les musulmans. Le statut de celui-ci, semble être lui aussi une balise dans cette frontière. Sceau des prophètes, transmetteur de la parole divine consignée dans le coran pour les musulmans. Tandis les chrétiens ne lui reconnaissent aucun statut particulier dans la révélation divine. La frontière paraît simple et infranchissable. Pourtant dès que l’on quitte le terrain institutionnel et dogmatique, on s’aperçoit que les choses sont beaucoup plus complexes. C’est le constat établi par Bernard Heyberger qui a réalisé une enquête assez approfondie sur la cohabitation des minorités chrétiennes et musulmanes au moyen -orient et sur les rapports que chaque communauté entretient avec la religion de l’autre. Celui-ci affirme : « Le Proche Orient arabe appartient à cette bordure maritime qui s’étend à la Grèce et au sud de l’Espagne, où une familiarité entre gens des deux rives religieuses atténue l’impression de frontière infranchissable. La Méditerranée est jalonnée de lieux syncrétiques, « neutres », où les adeptes des grands systèmes monothéistes peuvent se côtoyer dans une même perception du sacré ».
Cela signifierait que, à l’instar de toutes les frontières qui délimitent les territoires, les frontières confessionnelles entre Islam et Christianisme sont assez ambivalentes et qu’elles représentent à la fois les lignes de démarcation qui éloignent et qui imposent la distance mais aussi les espaces communs qui rapprochent et qui permettent la proximité. Cette affirmation me paraît assez intéressante et elle mérite d’être explorée et appliquée, dans une démarche comparative, au Christianisme et à l’Islam. La question pour moi est de savoir ce qui, au delà des différences et des frontières, rapproche les deux religions dans une même perception du sacré. Pour répondre à cette question, je me propose d’explorer trois questions qui se sont posées quasiment dans les mêmes termes, au christianisme au moment de l’élaboration du dogme catholique lors du concile de Trente et à L’Islam au moment de l’élaboration du dogme sunnite sous les umeyyades et les Abbassides. La première est celle de la Foi et des Œuvres ; la seconde est celle du libre arbitre et la troisième est celle de la matérialisation du sacré.
Est-on sauvé par la Foi ou par les œuvres ? La réponse à cette question posée au XVI ème siècle va diviser le christianisme occidental et creuser une frontière interne entre la Réforme qui va donner naissance au Protestantisme et la Contre- Réforme qui verra la naissance du catholicisme post tridentin. Il faut d’abord rappeler que cette question a été posée par Luther, qui était un moine augustinien, en 1517, dans un contexte marqué par la vente des indulgences. Le pape qui avait besoin d’argent, a mis en vente des indulgences qui permettent d’acquérir le salut. La doctrine officielle était que, certes, nous sommes tous coupables et pécheurs et sur nos épaules pèse le poids du péché originel mais nous pouvons être sauvés par la réalisation de certains actes comme les prières, le jeûne ou les aumônes ou aussi l’achat des indulgences. « un moine Tetzel, dirigeait cette vente avec beaucoup de sens commercial, et bien peu de sens religieux. » Luther relate qu’il passait des jours et des nuits à jeûner et à prier et pourtant il ressentait toujours la même angoisse d’être perdu et de na pas mériter le salut, jusqu’au jour où il a découvert dans la bible le verset qui va être pour lui une véritable révélation. Dans l’épître aux Ephésiens Paul dit ( ch. 2, verset 8) : « Vous êtes sauvés par la grâce, par le moyen de la foi, cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ».
Pour les Réformateurs, la grâce est un don gratuit et ne saurait être mérité par nos actions. En effet celles –ci ne pèsent pas lourd dans la balance face au poids du péché originel. La confession d’Augsbourg, qui est l’un des textes fondateurs de la Réforme, affirme : « Nous ne pouvons obtenir la rémission des péchés et la justice devant Dieu par notre mérite, nos œuvres et nos satisfactions, mais nous…recevons la rémission des péchés et devenons justes devant Dieu par grâce, à cause de Christ, par la foi. » Cela signifie que pour les réformés, nous sommes sauvés par nos œuvres et non par la foi. La conséquence de cette affirmation c’est la fin des indulgences et la fin de toutes les actions réalisées par les fidèles au bénéfice de l’Eglise. Dès 1530 les catholiques réagissent en publiant une confutatio qui réfute cette thèse et qui affirme : « Dieu nous donne une grâce initiale qui rend capable d’acquérir des mérites en vue de notre salut ». Donc, la grâce est un début de salut, qui doit être complétée par les actions, sans quoi elle reste sans effet. Le concile de Trente tente de concilier Foi et œuvres en déclarant que Dieu donne au départ sa grâce aux pécheurs « sans aucun mérite préalable en eux », mais qu’ensuite, ils doivent acquiescer et coopérer librement à cette grâce… l’homme n’est nullement inactif …il pourrait…la rejeter, et pourtant sans la grâce divine, il demeure incapable de se porter…vers cet état de justice devant Dieu ». On pourrait représenter cette synthèse, réalisée par le concile de Trente, par l’image suivante : Dieu fait la moitié du chemin vers l’homme en lui accordant gratuitement la grâce ; l’homme doit faire l’autre moitié du chemin pour gagner son salut.
Au sein de l’Islam la question s’est posée avec la même acuité et dans un contexte marqué aussi par les guerres de religion. Elle va, là encore, creuser une frontière interne à l’Islam. Permettez -moi de rappeler dans quel contexte historique la question s’est posée. Après l’assassinat de Othman, le troisième khalife, la communauté des musulmans s’est divisée entre les partisans de Ali, cousin et gendre du prophète, et Muawiya, gouverneur de syrie, descendant de la branche aristocratique des umayya. Une guerre civile5 éclate et les musulmans se divisent entre les partisans de Ali, chia`t Ali et les partisans de Muawiyya , chia`t Muawiyya. Sur fond de rivalité politique, les deux clans vont se diviser très vite sur des questions religieuses. Pour départager les deux rivaux, A`mr ibn el a`s, l’habile négociateur de Muawiyya, propose à Ali l’arbitrage du coran. Sûr de son bon droit, Ali accepte mais il perd à cause d’une manœuvre de A`mr. Une partie des partisans de Ali va alors se retourner contre lui, l’accusant d’avoir trahi sa mission en acceptant l’arbitrage. Ainsi, une nouvelle faction émerge, que Ali va devoir combattre et dont il finira par être assassiné, c’est celle des Kharijites. Cette troisième tendance de l’Islam regroupe une douzaine de sectes, qui ont en commun deux principes : 1. L’élection démocratique du khalife et 2. La subordination de la foi aux œuvres : tout péché grave est infidélité et apostasie.
C’est ce principe qui leur permet d’affirmer que Ali est infidèle pour n’avoir pas accompli son devoir. Il existe des nuances entre les kharijites sur cette question. Ainsi les Azraqîtes, partisans de Nafi `ben al Azraq (684-700) qui se sont développés en Iran, organisèrent des exécutions féroces (isti`rad), où le pécheur était mis à mort ainsi que toute sa famille. En revanche les Ibadhites, autre aile kharijite, partisans de Abdallâh Ibn Ibâdh, qui se sont installés en tripolitaine, en Tunisie et dans l’Est algérien , au VIIe., Condamnent la pratique de l’Isti’radh. Ils considèrent qu’en l’absence de guide pour la communauté, il ne saurait y avoir de jugement sur le pécheur croyant ou pas. Pour la majorité sunnite, les kharijites sont, contrairement aux chiites, des hérétiques qui ne font pas partie de la communauté islamique. Il est intéressant de noter que dans ce clivage émerge une troisième position qui était au départ une manifestation de tolérance, et sur laquelle va s’appuyer la sunna, c’est celle du murjiisme . Celle-ci s’inspire du verset 106 de la sourate 9( At-tawbah) qui dit : « Et d’autres sont laissés dans l’attente de la décision d’Allah, soit qu’il les punisse, soit qu’il leur pardonne. Et Allah est Omniscient et sage ».
A partir de ce verset les murji’a affirment que la foi est suffisante pour le salut, mais qu’elle doit aussi être accompagnée des œuvres. Il existe des péchés graves et des péchés véniels, mais que même les premiers ne peuvent pas exclure le croyant du paradis définitivement.
On peut d’ores et déjà observer que dans deux contextes historiques, politiques et géographiques différents, Islam et Christianisme sont traversés, de manière transversale, par une même ligne de fracture autour de la même question du lien entre la foi et les œuvres, que dans les deux cas cela entraîne des conséquences dramatiques, et que dans les deux cas nous avons une partie des chrétiens comme des musulmans, qui soumet la foi aux actions et une autre partie qui les dissocie.
La deuxième grande question qui va donner naissance à la Réforme constituant une balise dans la frontière interne au christianisme, c’est celle du libre arbitre. La querelle éclate lorsque le grand humaniste Erasme publie, en 1524, son ouvrage De libero arbitrio Essai sur le libre arbitre, qui développe l’un des thèmes majeurs de l’humanisme européen à savoir : l’homme est responsable de ses actes et par conséquent il est totalement libre de choisir entre le salut et la damnation. Sans liberté, il ne saurait y avoir, en effet, de responsabilité. Luther, pourtant proche des thèses évangélistes d’Erasme, réplique l’année suivante, par le Traité du serf arbitre. Comme le titre l’indique, Luther soutient l’idée que l’homme est serf c’est à dire esclave de la volonté divine. Il n’est donc qu’un jouet entre les mains du destin. Mais alors, s’il n’est pas libre de ses choix comment l’homme peut-il être responsable de ses actes. Calvin, l’autre grand réformateur de Genève, affirme dans l’Institution de la religion chrétienne :
« Dieu sait bien ce qu’il a délibéré de faire une fois de nous. S’il a déterminé de nous sauver, il nous conduira à salut en son temps ; s’il a déterminé de nous damner, nous nous tourmenterions en vain pour nous sauver ».
Calvin radicalise la pensée de Luther en inventant le concept de la , double prédestination. L’homme est totalement dépourvu de libre arbitre et ses bonnes actions ne sont pas un moyen pour atteindre le salut, mais plutôt le signe d’une élection que Dieu a décidée seul, gratuitement, et depuis toujours. L’homme n’a plus qu’à s’en remettre à Dieu.
La querelle du libre arbitre et son opposé la prédestination, divise aussi l’Islam en deux grandes familles appelées les qadriyya, (partisans de qadr : capacité à, pouvoir de) et les Jabriyya ( de jabr : obligation, contrainte)10. La qadriyya a engendré les Mu’utazila, grande école théologique qui représente, encore aujourd’hui, l’une des sources les plus fécondes et les plus riches au moyen âge. Les Mu’utazila ont voulu éclairer la religion par les lumières de la Raison. Ils ont rendu possible une lecture allégorique du coran qui permet de contredire les lectures littéralistes et les représentations anthropomorphiques de Dieu. Ils ont doté l’homme d’un pouvoir et d’une libre volonté qui le rendent maître de ses actes. En revanche la Jabriyya, est encore aujourd’hui fortement présente dans un islam populaire qui tend à tout expliquer par un décret absolu d’Allâh et qui trouve aussi ses arguments dans certains versets coraniques comme le verset 129 de la sourate 3 Al ‘Imran :
« A Allah appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Il pardonne à qui il veut et il châtie qui il veut. Et Allah est pardonneur et Miséricordieux ». Ce verset fait étrangement écho à l’affirmation de Calvin que Dieu sauve qui il veut et perd qui il veut, ce qui démontre clairement la forte proximité entre la conception calviniste chrétienne et jabriste islamique de la prédestination, indépendamment des frontières religieuses.
La troisième question qui traverse de la même façon Islam et Christianisme est celle de la matérialisation du sacré. Le catholicisme a mis l’accent à travers son histoire et peut être avec plus de fermeté à partir du concile de Trente sur la présence réelle de Dieu dans certains endroits comme les lieux de pèlerinage, dans certains objets comme les espèces eucharistiques, dans certaines institutions comme l’Eglise, dans certaines images comme les icônes ou les œuvres d’art. Le sacrement célébré par le seul homme d’Eglise, assure le lien entre Dieu et L’homme. Cette conception de la religion fut contestée et rejetée par la Réforme ou les Réformes en Europe au XVIème siècle. Celles-ci ont proposé une religion iconoclaste, qui brise les statues, qui rejette toute figuration et toute localisation de Dieu. Calvin rejette le ritualisme considéré comme une déviation vers le judaïsme, et veut épurer le christianisme de toute superstition par un retour aux sources du christianisme qu’il croit retrouver dans l’Eglise primitive chez Paul et Augustin. Il interdit à Genève les processions, les messes et toutes les célébrations autour des objets. Zwingli propose de supprimer tout ce qui s’oppose à l’enseignement biblique. Grebel, grande figure de la réforme radicale anabaptiste à Zurich, veut aller plus loin qu’une réformation et appelle à une véritable restitution. Il demande à ce que l’on célèbre la cène uniquement à la tombée de la nuit parce que Jésus l’a instituée le soir du jeudi saint.
L’islam lui aussi connaît l’émergence d’un puritanisme qui prend aujourd’hui la figure du wahabisme. Ses racines remontent à l’une des quatre grandes écoles théologiques sunnites : le hanbalisme. Cette doctrine est apparue en Arabie au XVIIIème siècle, et s’est répandue grâce à l’alliance entre son fondateur Muhammad Ibn Abdelwahab et un chef tribal Muhammad Ibn saoud qui se lance à la conquête du Najd puis du Hedjaz. La doctrine wahabite prône elle aussi un retour à la cité musulmane primitive idéalisée, indépendamment du cours de l’histoire. La vie du musulman d’aujourd’hui doit être en tout point calquée sur la vie du prophète. Sur le plan théologique cette doctrine prône un monothéisme pur et dur. Toute prière adressée à un saint est considérée comme associationnisme (chirk). Dès leur première conquête, toutes les coupoles édifiées sur les tombes des compagnons du prophète, dans le grand cimetière de Médine, le Baqî’, derrière la mosquée du prophète ont été rasées. Puritanisme calviniste et réformisme fondamentaliste wahabite ont en commun la même volonté d’une religion épurée par un mythique retour aux sources.
Alors peut parler de frontières étanches entre Islam et Christianisme. La réponse ne peut être que oui et non. Oui parce qu’il est évident que ce sont deux religions différentes avec des dogmes différents, des doctrines différentes et des principes différents. Mais, non, parce qu’il n’y a pas un Islam mais des islams comme il n’y a pas un christianisme mais des christianismes. Il existe sans doute plus de proximité entre le soufisme d’Ibn Arabi et le mysticisme chrétien, qu’entre certaines écoles sunnites et certaines sectes extrémistes chiites ou kharijites. Plutôt que de voir les frontières qui séparent les deux religions et qu’il ne s’agit pas de nier, peut être vaut-il mieux voir les frontières qui rapprochent ceux et celles qui , des deux rives, partagent la conviction que toutes les voies mènent à Dieu et que la Foi n’est pas incompatible avec la Raison, qu’elle peut se nourrir même de ses propres doutes, et qu’elle peut aussi s’enrichir de son ouverture sur la foi de l’autre. Enfin permettez-moi de conclure sur cette citation de Voltaire, qui , à mon avis, peut avoir sa place dans le cadre d’un dialogue islamo chrétien : « Après notre sainte religion, qui, sans doute est la seule bonne, quelle serait la moins mauvaise ? Ne serait-ce pas la plus simple ? Ne serait-ce pas celle qui enseignerait beaucoup de morale et très peu de dogmes ? Celle qui tendrait à rendre les hommes justes sans les rendre absurdes ? celle qui n’ordonnerait point de croire des choses impossibles, contradictoires, injurieuses à la Divinité et pernicieuses au genre humain, et qui n’oserait point menacer des peines éternelles quiconque aurait le sens commun ? Ne serait-ce point celle qui ne soutiendrait pas sa créance par des bourreaux, et qui n’inonderait pas la terre de sang pour des sophismes inintelligibles ? Celle dans laquelle une équivoque, un jeu de mots, et deux ou trois chartes supposées ne feraient pas un souverain et un dieu d’un prêtre souvent incestueux, homicide et empoisonneur ? Celle qui ne soumettrait pas les rois à ce prêtre ? Celle qui n’enseignerait que l’adoration d’un Dieu, la justice, la tolérance et l’humanité ? ».
Phttp://www.gric.asso.fr/gric-de-tunis/articles-21/entre-chretiens-et-musulmans/article/frontieres-entre-islam-
Aar Abderrazak SAYADI -
1. Par islamiates le 02/07/2024
Salam Les sourates sont données à titre d'exemple. Merci pour votre réactivité